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Michelin, Auchan, Casino, Sanofi, Bayer... Les annonces de plans sociaux se multiplient partout en France. On dénombre 66.000 défaillances d'entreprises en un an, selon le cabinet Altares. Les TPE (très petites entreprises) sont particulièrement touchées, elles représentent 90 % des défauts de paiement. François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) est l'invité de RTL Soir.
Regardez L'invité de Yves Calvi avec Yves Calvi du 11 novembre 2024.

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Transcription
00:00Yves Calvi, Aude Vernuccio, RTL Soir, jusqu'à 20h.
00:04Il est 18h20, bonsoir François Asselin.
00:06Bonsoir.
00:07Merci beaucoup d'être avec nous dans RTL Soir, vous présidez la CPME, notre confédération
00:11des petites et moyennes entreprises.
00:13Alors, les annonces de plans sociaux se multiplient, Michelin, Auchan, Sanofi, le laboratoire Bayer.
00:19On évoque aussi le chiffre de 60 000 défaillances d'entreprises.
00:22Quand on en est à 66 000, on comprend que, bien entendu, des petites et des moyennes
00:28entreprises peuvent être touchées.
00:30La situation est-elle aussi grave que cela, François Asselin ?
00:34La situation est préoccupante.
00:36Nous ne sommes pas toutefois dans une crise systémique, mais nous sommes dans une évolution
00:41constante des défaillances d'entreprises.
00:44Et ce que l'on constate, alors d'abord, on va arriver à plus de 66 000 défaillances
00:49d'entreprises sur 12 mois glissants, nous craignons que nous dépassions la part des
00:5270 000 en quelques mois, donc ce n'est pas une bonne nouvelle.
00:56Et ce que nous constatons, c'est que le panier moyen, si j'ose m'exprimer ainsi, des entreprises
01:02défaillantes commence à augmenter, c'est-à-dire que ce sont plutôt des PME qui, aujourd'hui,
01:05en pourcentage, sont les plus fragilisées, et ça, bien évidemment, derrière, vous avez de l'emploi.
01:11Quand les gros vont mal, comment se portent les petites et moyennes entreprises ?
01:15Vous venez de nous répondre, puisqu'elles travaillent avec les gros, si je puis dire, c'est ça ?
01:19Complètement, si vous prenez, par exemple, toute la chaîne de la sous-traitance automobile,
01:25vous avez des grandes entreprises, on les connaît, nos grands constructeurs,
01:28vous avez, Michel en fait partie aussi, dans la partie pneumatique, et puis vous avez toute la chaîne
01:33de sous-traitance, parfois en premier, deuxième, troisième, voire quatrième rang,
01:36qui, elle aussi, va souffrir, pourquoi ? Parce que, tout simplement, il y a un manque de volume,
01:40d'une part, et puis, d'autre part, les coûts augmentent, voyez-vous, c'est-à-dire qu'on parle
01:45beaucoup du pouvoir d'achat, mais les salaires ont plus augmenté que l'inflation en 2024,
01:50et lorsque vous avez une concurrence qui devient de plus en plus farouche,
01:54vous devez baisser vos prix de vente, vos coûts augmentent, les volumes baissent,
01:57et bien, on est dans une espèce d'effet ciseau pas très agréable.
02:00François Asselin, quelles sont exactement les difficultés du moment, si on peut être
02:04encore plus précis ? Alors, les difficultés du moment, c'est d'abord un contexte qui n'est pas
02:09très porteur à la confiance. On a eu... Quoi, nos entreprises n'ont pas le moral ?
02:15Ben voilà, tout simplement, et vous savez, c'est très lié dans les PME, la personne morale,
02:19l'entreprise, la personne physique, la personne même du chef d'entreprise,
02:23les deux fonctionnent ensemble. Et si l'entrepreneur n'a pas le moral, à savoir qu'il
02:27ne voit pas trop vers où il va, et bien, il se restreint sur ses investissements,
02:32sur ses embauches, et finalement, ça ne participe pas au développement économique du pays.
02:36Alors, ça amène ma prochaine question, c'est, êtes-vous soutenu, ne serait-ce qu'entendu,
02:39j'ai envie de vous dire, entendu par le gouvernement et par le président de la
02:43République, même si c'est devenu un peu compliqué quand on a les deux qui ne sont
02:46pas dans le même parti politique ? Oui, le gouvernement a d'abord travaillé sur la partie
02:51recette, c'est-à-dire l'augmentation des taxes et des impôts, et là, bien évidemment,
02:54le massage, il est catastrophique pour les entreprises. Ce qu'on a besoin, c'est d'avoir
02:59de la visibilité, une vraie stratégie sur la réduction de la dette qui concerne la réforme
03:05de l'action publique, nos régimes sociaux qui sont à la corde. Nous avons toute l'action
03:09publique, bien évidemment, le nombre de fonctionnaires, il faut absolument réduire le
03:13train de vie de ce qu'on peut qualifier de l'État, mais c'est l'action publique en général. Et nous,
03:17ce que nous voyons, c'est avant tout l'augmentation du coût du travail immédiate,
03:20l'augmentation des taxes et des impôts, et ça, bien évidemment, ça ne participe pas à la
03:24confiance. Est-ce que vous comprenez que votre propos sur il faut réduire la taille de l'État
03:29ne soit pas immédiatement accessible à ceux qui nous écoutent en disant mais qu'est-ce que ça a
03:34à voir avec nos PME ? J'en suis parfaitement conscient, mais ce qu'il ne faut pas oublier,
03:38c'est que qui crée la richesse dans le pays ? Eh bien, ce sont les entreprises, c'est le secteur
03:44marchand, c'est le secteur privé. Et ces entreprises, si elles ne créent pas assez de
03:48richesse, eh bien, on ne peut pas financer toute l'action publique. Et on en a besoin,
03:51on a bien évidemment besoin de se soigner, on a bien besoin de se transporter, on a besoin d'être
03:56accompagné. Bref, on a besoin d'une action publique efficace. Mais aujourd'hui, eh bien,
04:01vous avez un déséquilibre croissant entre le coût de l'action publique et la richesse produite,
04:07créée par les entreprises. Et il ne faut pas oublier que 99% de l'utilité des entreprises,
04:11ce sont des PME, ce sont des TPE. Pendant que je vous tiens, les jours fériés, on en pense quoi
04:17dans nos petites et moyennes entreprises ? Vous savez, nous, on aime le travail. Donc,
04:23le fait qu'on puisse travailler un peu plus, ça ne nous dérange absolument pas,
04:26on sait très bien. Et ça, c'est un levier, voyez-vous, positif, même si ça ne fait pas
04:30tellement plaisir à entendre. Mais en attendant, nous avons une vraie marge de manœuvre dans notre
04:34pays, à savoir que nous sommes encore un pays qui, en Europe, travaille le moins en quantité
04:38de travail produit par l'ensemble d'une classe d'âge en âge de travaillé. Eh bien, le fait
04:43de travailler un jour en plus dans l'année, si ça peut « générer de la richesse », nous sommes
04:49tout à fait favorables. Vous faites partie de ceux qui estiment qu'on a un jour férié en trop.
04:52Oui, écoutez, travailler plus, c'est soit un jour férié en trop, c'est soit travailler plus en nombre
05:01d'heures étalées sur toute l'année. Oui, je pense qu'on peut le faire, on a de quoi le faire dans
05:05notre pays. Par ailleurs, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, affirme que nous sommes au
05:10début d'une violente saignée industrielle. Est-ce que vous partagez son avis ? Elle estime
05:16que 200 plans sociaux sont en préparation. Oui, il y a effectivement beaucoup de plans sociaux qui
05:22sont en préparation. Et puis, vous avez des licenciements qui ne se voient pas parce que dans
05:25les petites entreprises, eh bien, c'est au compte-goutte. Mais, mis bout à bout, ça représente
05:29quand même beaucoup d'emplois. Donc, il faut s'attendre effectivement à ce que la courbe du
05:32chômage augmente. Pour autant, si nous savons dans notre pays, eh bien, entamer une vraie réforme de
05:38l'action publique. Si, deuxièmement, nous pouvons revenir sur tout ce qui concerne la simplification,
05:42ça ne coûte pas un euro à l'État et ça peut libérer vraiment notre économie. Nous appelons au
05:46test OPME, par exemple, la CPME. Nous avons les moyens de faire redécoller la machine économique.
05:51Pour autant, eh bien, effectivement, on va passer quelques mois compliqués. Il faut s'attendre
05:57effectivement à ce que le chômage augmente dans notre pays. Les appels à la grève, en tout cas,
06:00se multiplient ces derniers jours. Le climat social, on l'a entendu et on le comprend. Ce
06:04temps, comme en témoignent d'ailleurs les propos de la secrétaire générale de la CGT. Vous êtes
06:08inquiet ? Vraiment inquiet ? Non, je ne suis pas inquiet. Je suis, comme beaucoup de chez l'entreprise,
06:14tout à fait réaliste. Notre pays a d'énormes marges de manœuvres, s'il veut s'en donner les
06:18moyens. Par contre, il y a une chose, effectivement... Mais il ne vous a pas échappé que, pardonnez-moi,
06:22la CGT réclame un moratoire pour interdire les licenciements économiques. Que lui répondez-vous,
06:27ce soir sur RTL ? Écoutez, là, ça reviendrait finalement à nationaliser toutes les entreprises,
06:32que ce soit leur taille. Parce que, vous savez, je ne connais pas un seul chez l'entreprise qui
06:36le gaieté de cœur va, entre guillemets, licencier du personnel. Ce que nous aimons, nous, dans
06:40l'entreprise, c'est embaucher, c'est d'avoir de l'activité. Quand l'activité commence à baisser,
06:44ben oui, des fois, il faut s'attaquer pour garder le bien commun qu'est l'entreprise. Pour éviter
06:48que toute l'entreprise ne périclite, il faut parfois, effectivement, se séparer de collaborateurs.
06:53Et j'aime mieux vous dire que, dans une petite entreprise, la charge émotionnelle est extrêmement
06:58importante sur les épaules du chef d'entreprise, tout en donnant le bien, évidemment, à nos
07:02salariés. Merci beaucoup, François Asselin, président de la CPME, la Confédération des
07:07Petites et Moyennes Entreprises. Merci d'avoir pris la parole en direct sur RTL. Dans un instant,
07:11le journal de 18h30, puis nous ferons un gros câlin à l'encolure des chevaux de la Garde
07:16républicaine. Ça vous plaît, ça, Louis Bonin. Pour la première fois, quatre d'entre eux reçoivent
07:21les honneurs militaires et une très belle décoration, la médaille de bronze de la
07:25Défense nationale. Bref, comme nos soldats les plus courageux. On va vous expliquer tout cela
07:29dans quelques instants.

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