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Dans C'est Excellent, Judith Beller reçoit Frank Tapiro, publicitaire et fondateur de "Diaspora Defense Forces" (DDF) & Youry Bilak, photographe ukrainien

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##C_EST_EXCELLENT-2024-11-17##

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News
Transcription
00:00SUD RADIO, c'est excellent, Judith Bélair.
00:04Bonsoir, bonsoir, c'est excellent le rendez-vous de l'excellence française dans toute sa diversité
00:08sur Sud Radio comme tous les dimanches.
00:10C'est un publicitaire et un communicant de renom dont les campagnes ont marqué l'histoire
00:15de la publicité en France.
00:16Franck Tapiro, on se souvient des campagnes emblématiques comme celle de Génération
00:19Mitterrand, tout comme celle en 2007 de Nicolas Sarkozy.
00:23Mais aujourd'hui, Franck, vous venez nous parler de la Défense Diaspora Force, la DDF
00:27que vous avez fondée.
00:28C'est une armée citoyenne pour défendre l'image d'Israël et des Juifs dans l'espace public
00:31et sur les réseaux sociaux.
00:32Et alors, vos fameuses anti-sèches dont j'ai dans la main celles destinées au Président
00:37de la République, on va en parler évidemment.
00:38Bienvenue sur Sud Radio.
00:40Merci Judith.
00:41Il a un parcours hors du commun de prothésiste dentaire à danseur au sein de troupes internationales
00:45comme celle de Jérôme Savary.
00:47C'est dans la photographie que Yuri Bilak a trouvé sa voie, en Ukraine, dans son pays
00:50d'origine.
00:51Yuri, vous utilisez votre art pour documenter la tragédie qui s'y déroule depuis le début
00:56de l'invasion russe.
00:57C'est cet italien que vous rendez hommage, notamment aux sportifs ukrainiens blessés
01:00qui symbolisent la résilience d'un peuple marqué dans sa chair, où quand la culture
01:04hait, il restera un acte de résistance.
01:06Bienvenue, Yuri Bilak.
01:07Merci de votre invitation.
01:08Avec plaisir.
01:09Chers auditeurs, c'est excellent.
01:10Bienvenue chez vous.
01:11Bon bah Franck, on va en parler un petit peu quand même.
01:15On commence par parler de ce match qui a eu lieu jeudi dernier.
01:20Ce que vous aviez tweeté, c'était s'il y a un match à aller voir dans notre vie,
01:25c'est celui-là.
01:26Si on l'emporte, c'est le terrorisme qui gagne.
01:28Mobilisons-nous.
01:29Alors, vous avez même affrété un bus pour y aller à ce match, même plusieurs bus,
01:34trois je crois, c'est ça ?
01:35Treize.
01:36Ça a augmenté.
01:37En trois jours.
01:38Ça a beaucoup augmenté.
01:39C'est hélas nécessaire au sein de cette France 2024, c'est pour ça que vous avez
01:43créé des DF avec un mot d'ordre, je vous cite à nouveau pour que les auditeurs sachent
01:47où on est.
01:48Éduquer, transmettre, agir, pour remporter la guerre de la vérité, nous mobilisons
01:52et fédérons tous les talents au sein d'une armée citoyenne de défense de la diaspora.
01:57Dites-nous en plus.
01:58En fait, juste après le 7 octobre, parce que je suis né le 7 octobre, c'est un peu
02:01le cumul de mandal, quelques temps après je suis allé en Israël pour essayer d'aider
02:05au mieux comme je le pouvais, et j'ai vu cette société qui avait été pourtant fracturée
02:10déjà avant le 7 octobre par la politique, et vraiment explosée ce jour-là avec ses
02:17victimes, avec ses otages, avec ses horreurs absolues, qui n'ont rien à voir même avec
02:21un acte terroriste classique, on a vécu une monstruosité, il n'y a pas de mots encore.
02:26Et je me suis dit, mais comment peut-on faire pour les soutenir ? Donc on a été là-bas
02:29avec un groupe, le KKL, qui est une vieille association, la plus vieille d'ailleurs, israélienne,
02:34la plus vieille association écologique au monde, qui date de 1901, et on a été là-bas
02:40et on s'est rendu compte finalement, on le savait, mais de la résilience absolue du
02:44peuple israélien, puisque quelques jours après, les ennemis d'hier se sont redevenus
02:48amis, tout le monde travaillait ensemble, tout le monde était au soutien, pour soutenir
02:52l'armée, pour soutenir la population, soutenir les blessés, soutenir les déplacés.
02:56On oublie qu'il y avait plus de 180 000 déplacés israéliens en Israël, c'est-à-dire que
03:00les gens de Béhéry et du Nord étaient à Tel Aviv dans les hôtels avec les femmes,
03:04les enfants, etc.
03:05Ça, bien entendu, ça a été invisibilisé comme les otages.
03:08Et en rentrant, sur le retour, je passe devant le cabinet de l'armée, il y a marqué « IDF
03:13» Israël Defence Force.
03:14Je me dis « mais moi je retourne en diaspora, et en diaspora, on n'a pas ça ».
03:18Donc l'idée m'est venue tout de suite, en me disant « je vais créer la diaspora
03:21Defence Force ».
03:22Une armée, bien entendu, une armée citoyenne, une armée militaire.
03:25Les armes sont des armes culturelles, éducatives aussi.
03:28Est-ce qu'il faut dire aussi ce que c'est que la diaspora ? Qu'est-ce que c'est
03:31la diaspora ? Il faut expliquer ça à nos auditeurs.
03:33La diaspora, c'est une population qui a été déplacée pour une raison en général
03:37qui est une raison de guerre, ou de pogrom, ou de violence, et qui a été obligée de
03:43se quitter, de se séparer, de s'éparpiller à travers le monde.
03:47Voilà pourquoi on parle de diaspora juive, parce que, bien entendu, il y a eu la Shoah,
03:52et après la Shoah, même s'il y a eu trois ans après…
03:54Et puis avant la Shoah, il y en a eu d'autres aussi.
03:56Oui, mais je parle de plus récent, il y en a eu tellement.
03:58En fait, il faudrait passer trop de temps malheureusement pour le dire, mais pour le
04:01plus récent, c'est qu'après la Shoah, ça a renforcé encore plus cet éparpillement.
04:06Et en 1948, il s'est passé le phénomène inverse, c'est que des gens qui avaient déjà
04:10commencé depuis le XIXe siècle sont revenus en Israël pour recréer cet été d'Israël
04:15en 1948.
04:16Et donc, la diaspora, c'est aussi une force pour Israël.
04:20Il y a une dialectique dans le peuple juif aujourd'hui, c'est pas forcément le retour
04:23absolu en Israël.
04:24Israël a besoin de la diaspora, la diaspora a besoin d'Israël.
04:27Pourquoi ? Parce que c'est un refuge dans un sens et dans l'autre, et dans l'autre.
04:30Ça ne nous a pas protégés, de toute façon, n'oublions pas de la Shoah, parce qu'il
04:33n'y avait pas Israël.
04:34S'il y avait eu Israël, ça serait peut-être passé autrement.
04:36Donc, après 1948, les Juifs du monde se sont dit qu'on aura toujours un foyer, ce qu'on
04:42appelait le foyer national juif, dans les prémices du sionisme du XIXe siècle, pour
04:47nous accueillir s'il y a un problème.
04:48Et finalement, cette dialectique s'est très bien imposée grâce à la Shoah.
04:52C'est terrible à dire, mais grâce à la Shoah, l'Europe s'est créée, on oublie
04:55que l'Europe s'est créée, que l'ONU s'est créée, ça s'appelait la Société
04:58des Nations Unies.
04:59Alors justement, je rebondis sur ce que vous dites, parce que vous avez dans ce...
05:01J'ai dans ma main ce petit pamphlet que vous avez créé, l'un d'eux d'ailleurs, parce
05:05qu'il en existe plusieurs.
05:06Celui-là, c'est Antisèche pour un Président de la République, et il est clairement destiné
05:10à M.
05:11Macron, suite à cette déclaration comme quoi l'ONU a créé Israël.
05:14Donc, vous lui expliquez pourquoi c'est une erreur absolue.
05:16Alors, voilà.
05:17À la base, on avait créé l'Antisèche...
05:18Par l'intelligence, par la transmission.
05:19Voilà.
05:20Pour toutes les personnes qui avaient besoin, on va dire, de faire des petits cours du soir
05:22ou des cours de rattrapage en histoire, face à la propagande.
05:25Parce que j'ai toujours pensé, en étant communicant, que communiquer contre la propagande,
05:28ça ne sert à rien, sauf à faire monter la propagande.
05:31Face à la propagande, qui pourtant, on le sait, prend l'ascenseur, donc ça va très
05:35vite, la vérité prend l'escalier.
05:37C'est très lent.
05:38Mais on n'a pas le choix.
05:39Uniquement les faits historiques, culturels, avérés, prouvables, donc ils peuvent être
05:45falsifiables mais ça ne dure pas longtemps, peuvent lutter à terme, dans le long terme,
05:49contre la propagande.
05:50C'est très compliqué, c'est injuste, parce qu'on entend parler de génocide...
05:53La propagande qu'on appelle la désinformation, je veux dire.
05:55Bien sûr.
05:56La désinformation, en fait, c'est pire que ça, pour moi, c'est le déni même de la réalité.
06:00C'est plutôt l'information elle-même.
06:01Bien sûr, parce que, n'oublions pas qu'aujourd'hui, c'est la désinformation qui est propagée
06:05d'abord par des journalistes, des journalistes aident la désinformation aujourd'hui à devenir
06:09une information.
06:10Donc on est dans une absence de sens absolu, c'est comme dans la magaine David, il y a
06:14deux triangles, un vers le haut, un vers le bas, là on est dans le triangle du bas, on
06:17a la tête à l'envers, tout est à l'envers, les victimes deviennent les coupables, les
06:22coupables deviennent les victimes, etc.
06:23Et l'information, finalement, c'est la désinformation qui aide une propagande, pourquoi ? Pour servir
06:28une idéologie.
06:29Rapidement, Yuri, on va passer à vous après, mais la mésinformation, c'est un fléau
06:33qui concerne aussi la guerre en Ukraine, dont vous êtes photographe spécialiste, votre
06:36pays d'origine, au Hibillac, je dirais même plus que c'est une action usuelle de la Russie,
06:39donc c'est une action usuelle en fait, c'est devenu une arme de guerre aujourd'hui, la
06:43mésinformation.
06:44Ça date depuis… ça date pas de maintenant, ça date de…
06:48Ça s'appelait la propagande avant.
06:49Ça s'appelait la propagande avant, ça fait, je dirais pas un siècle, mais presque.
06:52Et se battre contre ça, c'est très très compliqué, surtout quand vous avez en face
06:56de vous un rouleau compresseur tel que la Russie, où nous, comme vous dites, la propagande
07:05prend l'ascenseur et la vérité l'escalier, je me suis reconnu dans vos paroles, la diaspora,
07:15moi j'ai grandi dans la diaspora, donc je comprends ce que c'est, et je suis étonné
07:18même quand on me demande d'expliquer ce que c'est la diaspora, parce que pour moi,
07:22ayant grandi dedans, je pensais que c'était un acquis.
07:25Oui, la propagande c'est très compliqué, et c'est très compliqué de se battre militairement
07:31contre le récit, mais contre un pays qui met autant de moyens, des organes, des fermatrolles,
07:39ce qu'on appelle à Saint-Pétersbourg, montés pour générer des fausses informations, c'est
07:45très très compliqué.
07:46Oui, parce qu'on dit qu'ils essayent d'influer globalement sur l'Europe, sur la totalité
07:49du système mondial en fait, carrément, non ?
07:52Alors, ça je ne peux pas l'affirmer à 100%, mais c'est ce que je ressens moi en tout cas,
07:59et c'est ce qu'on ressent nous dans la diaspora.
08:00Et c'est ce que ressentent les Ukrainiens aussi, bien sûr.
08:02Allez, dans C'est excellent avec vous, ce soir, le publicitaire fondateur de la Défense
08:07Diaspora Force, la DDF, Franck Tapier-Ropil, photographe qui documente la guerre en Ukraine
08:13à travers ses individus, et c'est très touchant, vous allez voir, Youri Bilak, vous
08:15restez avec nous, surtout sur Sud Radio, à tout de suite.
08:18Sud Radio, C'est excellent, Judith Beller.
08:22Vous êtes bien sur Sud Radio, et nous aussi, on est bien avec vous, C'est excellent avec
08:25Franck Tapier-Ropil, le publicitaire qui a fondé la Défense Diaspora Force, la DDF,
08:29et puis Youri Bilak, l'artiste photographe qui éveille les consciences sur la guerre
08:33en Ukraine.
08:34Alors, Youri Bilak, vous avez récemment réalisé deux séries très puissantes, Titanium et
08:39Dawn.
08:40Dawn pour Oba, qui documente les effets de la guerre en Ukraine et la réalité infernale
08:45des Ukrainiens.
08:46Alors, à commencer par la série Titanium, qui rend hommage aux sportifs ukrainiens
08:50blessés, donc souvent en chaise ou dans des situations compliquées, dont une exposition
08:55qui a eu lieu cet été, au moment des paralympiques.
08:58Grosso modo, une ode au courage et à la résistance, mais aussi vous donner à voir,
09:03c'est important de marquer le coup pour vous.
09:05Oui, moi, ma démarche, c'est, alors, je ne suis pas du tout un photographe de guerre.
09:11Je suis plutôt photographe d'art, comme vous l'avez dit, ou de reportage, mais ethno.
09:21Quand le Maïdan est arrivé, déjà, j'ai commencé à… mes photos étaient différentes.
09:28Je suis allé sur le Maïdan, j'ai fait des portraits, j'ai vécu avec les gens,
09:33comprendre pourquoi ils étaient là.
09:34Ensuite, la guerre a commencé et puis je revenais avec des images de reportage pur
09:38et dur.
09:39Mais il y avait la Syrie à ce moment-là.
09:40On a parlé de l'Ukraine un tout petit peu et puis après, on n'en parlait plus.
09:44Et j'ai eu la chance, la Providence a fait que j'ai suivi un aumônier sur le front
09:52et c'était la période de Pâques et après la messe de Pâques, ils se sont assis derrière
09:57la table et là, j'ai vu la scène de Léonard de Vinci qui s'est créée devant mes yeux.
10:03J'en croyais… je ne pouvais pas mieux espérer.
10:07C'est des choses que je faisais en studio, avec des figurants, avec…
10:10Mais l'instantanéité, en fait, ce n'est pas un hasard non plus finalement.
10:14Oui, je crois que là, c'était…
10:16Un moment de grâce peut-être ?
10:18Oui, je pense ça pour un moment de grâce.
10:20J'avais même pas les conditions, j'avais une ampoule blafarde qui éclairait, j'avais
10:27pas de trépied et j'étais en… pour ceux qui s'y connaissent, j'étais obligé
10:30de monter la sensibilité de ma trice et d'ouvrir un maximum l'optique, le diaphragme
10:39et dans ces conditions-là, c'est compliqué.
10:41Le temps de pose était long et j'ai eu une photo relativement nette mais qui a donné
10:46un côté pictural.
10:47Plein de grains, pas beaucoup de grains ?
10:48Si, plein de grains, mais ça a donné un côté pictural et ça marchait, ça matchait.
10:52Et là, je me suis dit « waouh, j'ai quelque chose qui va faire… » parce que malheureusement,
10:56c'est un peu comme dans la publicité, malheureusement, les choses terminent trop rapidement dans
11:01la poubelle.
11:02À la radio, c'est pareil.
11:03Une actualité chasse l'autre, une publicité chasse l'autre et là, en ayant un projet
11:08« artistique » parce que c'est difficile de parler d'artistique lorsqu'on est sur
11:13le front.
11:14D'ailleurs, il a fallu que je fasse un travail sur moi-même et en parler avec les militaires
11:22et les civils que je photographiais dans ce projet qui allait devenir, qui s'appelait
11:26« projet sur… » excusez-moi, je fais une petite digression, parce que j'allais
11:30citiser la guerre.
11:31Et là, on est tous tombés d'accord sur le fait que ma photo allait devenir pérenne
11:37et j'allais pouvoir rentrer dans un musée, rentrer dans un livre.
11:40Donc, vous faites de l'art activiste en fait, parce que c'est comme ça que vous
11:46avez envie de définir ce que vous faites ?
11:47Oui, je pense qu'on est sur la même longueur donc.
11:48Oui, clairement.
11:49C'est pas pour rien que je vous ai rassemblés tous les deux.
11:51C'est-à-dire qu'il y a la notion de volontaire dans la diaspora et en Ukraine, volontaire
11:59sur le terrain où on va sauver des animaux dans un champ de bataille, on va amener de
12:04l'aide humanitaire, de l'alimentaire ou des médicaments sur des villages coupés.
12:09Oui, donc ça vous permet de ne pas être que regardant mais d'agir aussi.
12:13Oui, de porter un projet derrière.
12:15C'est-à-dire que même par la suite, lorsque je suis arrivé sur ces autres projets, Dawn
12:22et Titanium, je ne suis pas allé pour faire ce projet-là.
12:26Alors, j'explique ce que c'est Dawn quand même.
12:27Dawn, c'est donc « down » pour « aube ».
12:29L'aube, c'est-à-dire l'aube.
12:30Donc, vous capturez des portraits d'enfants qui vivent dans cette guerre, vous les photographiez,
12:34vous retranscrivez leur vécu.
12:36Alors, justement sur cette préparation dont vous parliez, comment est-ce qu'on se prépare
12:39émotionnellement, mentalement, quand on va à la rencontre de gens et de jeunes, d'enfants
12:44qui souffrent autant ?
12:46Alors, moi, je rongeais mon frein, parce que la guerre a commencé en 2014, mais il y a
12:51eu un sacré coup d'accélérateur après le 24 février 2022.
12:54Et moi, j'étais devant mon poste, c'est un peu comme pendant le Maïgan, où j'étais
12:58devant mon poste, sur mon divan, et je ne supportais pas ce divan, ce laxisme, cette
13:04position où j'étais non actif.
13:07Spectateur ?
13:08Spectateur !
13:09C'est terrible !
13:10Il y a des choses horribles qui se passent devant vous.
13:13Mais c'est une question qui se pose souvent dans le rôle du photographe de presse, qui
13:17est sur les conflits, etc., et qui se retrouve spectateur sans parfois pouvoir intervenir
13:21ou sans se mettre à cette place-là.
13:23Donc, c'est une question que vous vous êtes posée, ça ?
13:25Oui, mais je ne suis pas journaliste.
13:26Là, j'ai une latitude qui est quand même plus grande.
13:30C'est-à-dire que je peux apporter de l'aide.
13:32Vous pouvez intervenir ?
13:33Je peux intervenir.
13:34Alors, pas sur la chaîne que je photographie, oui, parce que dans ces deux projets, j'étais
13:39obligé de mettre en situation mes modèles.
13:42Si je peux me permettre, ne serait-ce que porter ces gens et les donner à voir aux
13:45autres, c'est une intervention de votre part ?
13:47Oui.
13:48Chacun peut l'interpréter à sa manière, mais c'est vrai, j'essaie de laisser quand
13:54même les gens… Ce qui était important dans ces projets, c'est dans un premier temps
14:00aller en Ukraine, porter un véhicule rempli d'aides humanitaires, et de laisser ce véhicule
14:06et en même temps de faire ce projet, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas juste photographier.
14:10La cause de l'enfance, j'ai travaillé dans le monde de l'enfance en tant que comédien,
14:14dans les hôpitaux, dans les centres handicapés, et c'est quelque chose que je me suis senti
14:20utile.
14:21Et j'avais envie, pas simplement de ramener des photos, mais qu'il y ait un échange.
14:26Et c'est ce que j'ai fait en amenant ce véhicule, en amenant cette aide humanitaire,
14:32en allant à la rencontre de ces familles, difficile à trouver dans son premier temps
14:36parce que je suis arrivé à Bucha, Irpin, Ostomel, où c'était une boucherie totale,
14:41les villes étaient fermées, on ne pouvait pas rentrer, et moi j'attendais de trouver
14:46des enfants qui n'étaient pas là, parce qu'ils avaient fui lorsque les Russes sont
14:50partis de ces régions, parce que je veux rappeler que les Russes sont arrivés jusqu'aux
14:55portes de Kiev, pendant un mois, ils sont restés, un peu plus d'un mois, et après
15:00ils sont repartis, et ils ont fait une retraite de cette partie nord de Kiev, et c'est à
15:08ce moment-là que moi je suis arrivé, mais il fallait attendre qu'il y ait ces documentations
15:14sur ces morts qui jonchaient les rues, je suis arrivé, j'ai rencontré des personnes
15:20qui m'ont aidé à trouver des familles, pour trouver des enfants, et là j'ai rencontré
15:25donc ces familles, et on a eu un échange, et j'ai commencé ce sujet.
15:28Alors je vous cite qu'il est essentiel pour vous de photographier les gens au plus près
15:33de leur âme, créez une intimité dans un contexte tel que celui-là, on imagine que
15:38ce n'est pas simple, ça vous prend du temps, comment ça fonctionne ?
15:40A chaque fois, je laisse le temps au temps, je ne suis pas…
15:46Vous n'êtes pas photographe de presse ?
15:47Exactement, la seule obligation que j'ai, c'est de porter après, j'ai une responsabilité
15:56de porter leur histoire, mais je prends le temps qu'il faut, j'attends le temps
15:59qu'il faut pour trouver les gens dont j'ai besoin, et de créer d'abord ce premier
16:04contact.
16:05J'ai besoin de leur histoire, dans ce projet avec les enfants, vu que j'allais les mettre
16:12en situation, là où ils ont vécu, là où ils ont leur maison détruite, leur rue détruite,
16:18le terrain de sport détruit, il fallait que j'aie cette information-là, et donc ça
16:22passe par la communication, des fois une heure, deux heures, une demi-journée, une journée,
16:26et ensuite, simplement, je vais les photographier.
16:28Franck Tapirot, quand on écoute Uribila, qu'on en vient finalement à ce qu'on disait
16:31tout à l'heure, c'est la guerre du narratif aussi.
16:34Moi j'aime beaucoup la façon dont vous avez pris ce projet, si je pense l'avoir
16:39bien compris, c'est en fait que vous arrivez à réhumaniser les personnes qu'on a tenté
16:44depuis le début de déshumaniser, d'invisibiliser, c'est-à-dire que les contextes sont assez
16:50proches entre ce qui se passe au Proche-Orient et ce qui se passe en Ukraine, où ceux qui
16:54sont les agresseurs deviennent les agressés et les offensés, et surtout, on invisibilise
16:59les victimes.
17:00Donc déjà réhumaniser par l'art, pour moi c'est merveilleux, et puis réanimer aussi,
17:04et animer au sens latin, au sens de l'âme, redonner de l'âme à quelque chose qui n'en
17:08a plus pour montrer quand même qu'il y a des barbares d'un côté et des gens de l'autre.
17:12Et il ne faut pas les confondre tous les deux, ce n'est pas, oui, finalement, chacun d'eux,
17:17ils l'ont bien cherché, comme ce qu'on a dit au lendemain du 7 octobre en Israël.
17:20C'est ça qui m'intéresse.
17:21Mais qu'est-ce que ça dit de l'humanité, ça, de prendre la part du fort ? Ça veut
17:27dire qu'on n'a pas beaucoup évolué finalement, Franck Taperie ?
17:29Ça veut dire qu'on a un problème aujourd'hui fondamental qui existe d'abord chez les politiques
17:34et dans les populations, un problème de peur et donc de courage.
17:38Le manque de courage est le seul responsable de ce qui se passe, et en Ukraine, et à Gaza,
17:46et au Liban, c'est le manque de courage.
17:48Le manque de courage, c'est le déni de ne pas vouloir voir les choses, la facilité
17:52d'inverser les victimes, etc.
17:55Et donc finalement, d'aller vers la facilité.
17:57Le courage, c'est se casser la tête, le courage, c'est d'essayer de rendre possibles les choses
18:01qui sont impossibles.
18:02Le courage, c'est justement de fuir la fatalité.
18:05Le courage, c'est d'aller contre ce que tout le monde dit, c'est une évidence, cette table
18:10est noire alors qu'elle est blanche, et de finir par croire que cette table est vraiment
18:14noire.
18:15Aujourd'hui, les politiques, la diplomatie, commencent à influencer les peuples qui eux-mêmes
18:20commencent à devenir comme chez George Orwell en 1984, qui a été écrit en 1948, exactement
18:28la même chose.
18:29Les cerveaux sont à l'envers et finissent par croire que cette paranoïa, cette réalité
18:33universelle, c'est la vérité, ce qui est faux.
18:35C'est excellent.
18:36Sur Sud Radio, on vous revient après une courte pause avec Franck Tapiro qui est fondateur
18:40de la DDF, la Défense Diaspora Force, et Youri Bilakin qui fait des photos coups de
18:45poing, des très belles photos, de la guerre en Ukraine, restez avec nous.
18:48Merci d'écouter Sud Radio, c'est excellent, votre rendez-vous du dimanche aujourd'hui
18:56avec Franck Tapiro, le publicitaire qui a fondé la Diaspora Défense Force, la DDF,
19:00et Youri Bilak, l'artiste photographe qui dévoile la violence de la guerre en Ukraine.
19:04Alors justement, pour continuer sur cet échange, messieurs, on parle de la guerre en Ukraine,
19:10on parle du Moyen-Orient.
19:11Parlons donc de l'ingérence russe dans ce conflit au Moyen-Orient.
19:16Franck, vous avez des choses à dire.
19:17Oui, parce qu'encore une fois, ça fait partie du travail de réécriture de la vraie
19:22histoire, puisqu'en fait, on semble l'avoir oublié.
19:24Moi, je me bats contre un phénomène, vous savez, au lendemain de la Seconde Guerre
19:27Mondiale, il y a eu ce qu'on appelle le révisionnisme.
19:28Mais aujourd'hui, il y a du révisionnisme.
19:31On est en train de réécrire une nouvelle histoire du sionisme, donc le sionisme est
19:34un nouveau nazisme.
19:35Ah ça, ça arrange tout le monde ! Les anciennes victimes deviennent les nouveaux bourreaux !
19:40Comme ça, voilà une façon de...
19:41Ça coûte totalement de nos fautes, évidemment, quand on est européen, pour cela, il faut
19:46combattre et combattre aussi sur un point, c'est ce qui nous relie, le rôle de la Russie,
19:50le rôle des Russes.
19:51Alors, je ne parle même pas du protocole, les sages de Sion, qui a été écrit par
19:54la police du Tsar et qui a encore jusqu'à aujourd'hui, depuis plus d'un siècle, donné
19:58l'idée que les Juifs, qu'ils n'appellent les enfants non juifs, les égorgeaient, buvaient
20:03leur sang, fabriquaient de la galette avec, etc.
20:05Aujourd'hui encore, dans tous les pays arabes, ça a été d'ailleurs republié et c'est
20:09devenu maintenant une nouvelle culture.
20:11Mais il y a pire que cela, d'un point de vue politique et géopolitique.
20:14On sait très bien la gérance des Russes un peu partout, on a vu ce qu'ils ont fait
20:18à Cuba, où ils ont transformé un jeune argentin, qui était Che Guevara, en un leader cubain.
20:23Vous demandez aujourd'hui à plein de jeunes, ils sont sûrs que Che Guevara est un cubain.
20:27Faux, il est né en Argentine, il a remonté en scooter, en mobilette, il est allé à
20:31Cuba pour faire la révolution.
20:32Et ils ont fait pareil au Moyen-Orient, l'OLP ! Mais regardez, est-ce qu'en 1948, il y a
20:37eu une autodétermination du peuple palestinien ? Jamais ! Est-ce que quelqu'un connaissait
20:42le peuple palestinien ? Jamais ! Il y avait en Palestine, dans la terre, des Arabes, des
20:47musulmans, des Druges, des Juifs, des Chrétiens, il n'y a aucun mouvement d'autodétermination
20:51du peuple palestinien.
20:52Et eux, ils ont trouvé l'idée.
20:53On est en pleine guerre froide, n'oublions pas, Israël est soutenu par les Etats-Unis,
20:58et ils ont inventé d'abord la cause palestinienne, et le leader de cette cause, avec l'OLP,
21:04l'Organisation de Libération de la Palestine, Yasser Arafat.
21:07Tout le monde est convaincu qu'Yasser Arafat est palestinien ! Eh bien non ! Il est né
21:12au Caire, et c'est un militaire égyptien, agent du KGB, qui a été instrumentalisé,
21:18et je ne vais pas faire que mes copains et les filles en disant « tout est documenté »
21:21parce que c'est une histoire, a été instrumentalisé pour créer ce mouvement de libération de
21:25la Palestine qu'il ne connaît pas, puisqu'il n'existe pas de peuple palestinien avec
21:29une autodétermination.
21:30En 1948, n'oublions pas que la fameuse résolution du mois de novembre 1947, c'était la séparation
21:41avec deux Etats, un Etat arabe, non pas palestinien, et un Etat juif.
21:46Bon, les juifs l'ont accepté, etc.
21:48Donc encore une fois, on doit l'OLP, on doit Yasser Arafat, on doit ce mensonge historique
21:53aux Russes.
21:54Donc vous voyez bien, on est assez proches.
21:55Et cette réécriture permanente du conflit ukrainien-russe, qu'est-ce qu'ils vous en
22:05disent les Ukrainiens ? Est-ce qu'ils le vivent de plein foie ? Est-ce qu'ils sont
22:09fatigués justement de ce mensonge global et relayé par les Européens ? Quelle est leur
22:16vision ?
22:17Alors déjà, ils ont du mal à comprendre qu'on puisse adhérer à une propagande qui
22:24dit que l'Etat ukrainien est un Etat nazi, avec un président juif, enfin un président
22:33juif.
22:34Et là maintenant, le Kremlin a compris que ça ne prend pas, et il a changé l'angle
22:45d'attaque sous « c'est l'OTAN qui nous attaque ». C'est pour ça que la Russie
22:51se défend.
22:52Et finalement, ils ne se battent pas contre les Ukrainiens, mais se battent contre l'Europe
22:57et l'Amérique, l'OTAN.
23:00Donc, eux, ils ne montrent pas à l'hameçon, ils trouvent que c'est une fourberie ce style
23:10de propagande.
23:11Mais ils comprennent que l'Europe marche là-dedans.
23:14Alors il y a un truc que dit Franck, qu'il tweet « Seuls mais ensemble » en fait, c'est
23:20ça ?
23:21Oui, c'est notre slogan.
23:22Est-ce que ce n'est pas un peu ça aussi, le peuple ukrainien, c'est la résistance
23:25globale ensemble, même s'ils sont tout seuls isolés, même s'ils sont aidés, ils sont
23:31quand même très isolés ?
23:32Oui.
23:33On parlait des volontaires tout à l'heure, il y a des volontaires à tous les niveaux.
23:37Il y a des volontaires qui aident à apporter de l'aide humanitaire, mais il y a aussi
23:43tous ceux qui travaillent dans les caves et qui fabriquent des drones.
23:46Et ça, c'est la société entière qui marche là-dedans.
23:50C'est la population qui fabrique les drones ?
23:52Maintenant, il y a des entreprises, mais au début, c'était des gens qui savaient
23:59bricoler plus que d'autres.
24:01Ils ouvraient des petites unités dans leurs caves et ils créaient dans la journée une
24:06dizaine de drones.
24:07Mais il y avait plein de petites unités comme ça, donc à détruire, c'était plus compliqué
24:10parce que ce n'était pas une grande usine.
24:12Et là maintenant, je crois qu'ils ont ouvert des usines.
24:15Je ne sais pas comment ils fonctionnent, mais je crois qu'ils ont produit plusieurs millions
24:20de drones.
24:21Et donc, ça, ça, ça fonctionne.
24:26Ceux qui n'aident pas physiquement, ils aident monétairement.
24:31Il y a une unité de drones qui s'appelle Madiar et lui, à chaque fois qu'il fait
24:39une levée de fonds, c'est en deux jours, il lève plusieurs milliers de dollars.
24:44Alors qu'en face, vous savez que les drones utilisés par les Russes sont fabriqués
24:47en Iran.
24:49Les drones iraniens, tous rejoints, tous rejoints, c'est curieux.
24:53Franck Tapiro, seuls mais ensemble, ne touche pas à mon fudge, c'est une réponse aussi
24:59pour rassurer ceux qui veulent partir, parce qu'il y en a beaucoup qui s'en vont.
25:02Le but, c'est de rester et de résister.
25:04On a créé Diaspora Défense Force pour montrer que les gens de Diaspora veulent rester en
25:09Diaspora.
25:10C'est un franco-israélien qui vous parle.
25:11Moi, je suis en France, je suis fier d'être français.
25:14Vous voulez rester là.
25:15Je veux rester là parce que d'abord, la France, c'est un pays qui a toujours été
25:18un pays qui a mis en avant, qui a protégé ses Juifs depuis toujours.
25:22En 1791, on est citoyen, ça fait depuis l'an 1000 que les Juifs sont intégrés dans
25:28la société.
25:29Il y a eu des débats, mais il n'y a jamais eu vraiment...
25:30Il y a eu la Shoah quand même.
25:31Oui, il y a eu la Shoah, mais la Shoah n'est pas du fait, attention, du fait des Français.
25:35Nous, on a quand même la Palme d'Or, c'est quand même la rafale du Vélodiv.
25:38Donc, ce qui est incroyable, c'est que la France, vous savez, pour moi, c'est un paradoxe
25:42paradise.
25:43On est les meilleurs dans le meilleur, on est les meilleurs dans le plus mauvais.
25:46Vous êtes bon dans la formule aussi, j'oserais le répéter.
25:50N'empêche que ça dit bien les choses avec la France, qui est un pays maniaco-dépressif.
25:53C'est un pays qui n'est jamais un long fleuve tranquille, où on est totalement en haut,
25:57on est totalement en bas et on ne fait qu'avoir un moral sinusoïdal.
26:01C'est pareil pour les Juifs et je pense que la diaspora en France est protégée et on
26:08fait tout pour...
26:09C'est plutôt qu'on travaille main dans la main avec l'État, avec le gouvernement, pour
26:12demander que nous, on veut rester.
26:13Maintenant, il faut nous aider à rester.
26:15Sur l'inclusif justement et le fait de partager à le plus grand nombre de personnes possible
26:20ce que vous nous dites l'an et l'août, Youri Bilak, vous sur l'inclusif, vous avez travaillé
26:24pour rendre vos photographies, alors ça, ça m'a vachement intéressée, accessibles
26:28aux personnes non-voyantes avec des images en relief et des enregistrements.
26:31Comment est-ce qu'on aborde la notion de voir, de donner à voir quand on est malvoyant ?
26:35Alors déjà, il fallait que je comprenne comment j'allais faire ça.
26:39On remonte à...
26:42Là, vous me parlez d'un projet qui est né en 2008.
26:45Oui, il était touchant parce que c'est vrai qu'on n'y pense pas à faire voir les photos
26:50aux malvoyants.
26:51Utiliser le mot touchant pour une photo en relief, c'est pas pour rien que je l'ai utilisé.
26:58Bravo.
26:59Je suis allé prendre des cours en France parce qu'il y avait déjà au Louvre, au musée
27:04d'Orsay, il y avait déjà des choses qui étaient accessibles aux non-voyants.
27:07Je suis allé voir ceux qui faisaient ça et j'ai pris des cours.
27:10Je comprenais déjà qu'il fallait faire abstraction de la lumière, de l'ombre, de la couleur,
27:17mais il y a un truc que je n'avais pas compris du tout, c'était la perspective.
27:20Les non-voyants, ils ne comprennent pas pourquoi un objet doit diminuer avec la distance.
27:24Je faisais mes photos, c'est une interprétation de l'image que je faisais sur ordinateur et
27:31après on utilisait un système d'impression particulier.
27:35Entre temps, je faisais des essais-erreurs et j'apportais ça sous les doigts d'un non-voyant
27:41ukrainien qui, en Ukraine, à cette époque-là, il n'avait aucun système pour voir de l'art
27:48quand on ne pouvait pas.
27:49Oui, il n'avait que le braille.
27:51Donc, quand je lui amenais quelque chose de figuratif, dans un premier temps, il était
27:55perdu.
27:56D'ailleurs, les visiteurs, la première œuvre ne la comprennent pas, ils la comprennent
28:01après par la suite.
28:02Donc, il a fallu que je comprenne ça et que je m'approprie avant de pouvoir transmettre.
28:07Et à partir du moment où je suis arrivé à trouver comment faire, j'ai rajouté une
28:12bande audio, parce que juste l'image par elle-même, quand vous représentez un cercle,
28:17parce que l'image est très épurée, quand vous représentez un cercle, un cercle peut
28:20être le soleil, peut être une route voiture, peu importe, donc il faut qu'il y ait une
28:24personne qui vous explique ce que c'est.
28:26Et j'ai eu l'idée de prendre des voix célèbres ukrainiennes pour raconter, pour
28:33narrer ce texte que j'avais écrit.
28:35Alors déjà, le kiff quand vous avez en face de vous la première dame d'Ukraine ou quand
28:39vous avez le speaker de l'Assemblée nationale ukrainienne, du Parlement, qui est dans le
28:44studio d'enregistrement et que je dis non, parle moins vite ! Là, c'est le kiff.
28:48Et ensuite, ce qui a été important et très fort pour moi, c'est que ce projet est devenu
28:54un projet social.
28:56Par exemple, dans le métro de Kiev, il y avait un son qui faisait touc, touc, touc,
29:01et ce son est tombé en panne depuis des années.
29:04Et lorsque l'exposition a commencé à prendre son ampleur, mais ça a été très rapide
29:09parce que la première semaine, j'ai eu je crois 15 émissions de télévision et une
29:13vingtaine d'articles dans les journaux, et très vite, le métro de Kiev a réparé le
29:20système.
29:21Et de nouveau, ça marchait et l'exposition a fait huit villes et souvent, il y avait
29:27des restaurants qui, avant que l'exposition arrive dans la ville, faisaient une carte en
29:31braille.
29:32Bravo.
29:33Sur Sud Radio, la radio du Parlons Vrai, vous êtes au bon endroit.
29:36On est avec Franck Tapiero, fondateur de la diaspora Défense Force, la DDF et Youri Bilak,
29:40le photographe qui résiste à l'invasion russe et en Ukraine avec ses images.
29:44Vous restez avec nous, c'est la fin de l'émission bientôt, mais surtout, on est encore là
29:48pour quelques dizaines de minutes, alors restez là.
29:51Sud Radio, c'est excellent, Judith Beller.
29:55C'est excellent et c'est bientôt la fin de votre émission autour de l'excellence française,
29:59on va y arriver, et de ses personnalités multiples.
30:01Ce soir, pour encore un quart d'heure, je suis en compagnie de Franck Tapiero, fondateur
30:04de la diaspora Défense Force, la DDF et Youri Bilak, le photographe qui documente la guerre
30:09en Ukraine à travers ses individus.
30:10Alors, Franck Tapiero, justement, orantelle, je vous disais qu'il y a un truc qui me marque,
30:15c'est que quand on devient américain, par exemple, quand on veut la carte verte, on a
30:19un stage pour apprendre à parler la langue et on doit connaître l'histoire des Etats-Unis.
30:25C'est-à-dire que si on répond par la négative à trop de questions, on n'a pas la carte
30:30verte.
30:31C'est la même chose en Israël, d'ailleurs, on peut prendre ça comme exemple, ils ont
30:34un oulpan, c'est-à-dire des cours dans des breux, pareil, des cours sur l'histoire du
30:38pays, afin de pouvoir, au moment où ils entrent dans la société elle-même, pouvoir mieux
30:43s'adapter, en fait, tout simplement, à la manière de vivre du pays.
30:47Et alors, en France, ça n'existe pas ?
30:48Alors, en France et en Europe, ça n'existe pas.
30:50Comment ça se fait, ça ?
30:51Pourquoi ? Parce qu'en fait, dans l'identité, vous savez, il y a deux points dans l'identité.
30:54Il y a la nationalité.
30:55La nationalité, franchement, n'importe qui, aujourd'hui, peut devenir français.
30:58Il suffit de naître ici, vous avez votre passeport, votre carte d'identité, sans
31:01effort.
31:02Et je rappelle toujours, à toutes fins utiles, que Mohamed Merah, les frères Kouachi, tous
31:06ces grands terroristes avaient la carte d'identité française.
31:09Et de l'autre côté, il y a une autre forme plus importante, c'est la citoyenneté et
31:13l'engagement citoyen.
31:14Pour ça, il n'y a pas de carte encore, il n'y a pas de passeport, il n'y a rien.
31:17Alors que, ce qui fait de nous des français aujourd'hui, on oublie que depuis 1789, on
31:21n'est plus français.
31:22On est des citoyens français, des droits de l'Homme, c'est les droits de l'Homme et
31:26du citoyen.
31:27Ça a été fait il y a bien longtemps.
31:28Mais on l'a oublié.
31:29Et c'est quoi l'être citoyen ? C'est quoi ? C'est l'engagement pour le bien commun.
31:32En plus, on a un bien commun qu'on est les seuls à partager au monde, c'est la laïcité.
31:35Le bien commun, c'est les droits, c'est les devoirs, c'est nos valeurs fondamentales.
31:38Et c'est l'action citoyenne.
31:40Si je vous demande aujourd'hui à tous les deux qui avez fait la démonstration, énormément
31:45d'actions citoyennes.
31:46D'abord, vous avez voté, sûrement fait des dons, travaillé pour les associations humanitaires.
31:49Est-ce que vous pouvez aujourd'hui me le prouver en deux secondes ? Non.
31:52Il n'y a rien pour consigner, collecter, certifier et valoriser l'action citoyenne.
31:58C'est ce que je vais lancer dans quelques petites semaines.
32:01C'est une start-up qui va justement créer le premier CV citoyen, qui va être validé
32:05par la technologie, qui va vous permettre à vous…
32:07Ça doit être validé par l'État aussi, j'ai envie de dire.
32:09Vous allez voir, l'idée, c'est d'en faire un label et que chacun ait ce petit
32:14CV citoyen pour pouvoir d'abord être fier de ce qu'on fait.
32:16Quand on est bénévole, on est bénévole dans son coin.
32:18Alors là, vous parlez des citoyens français, mais moi ce que je vous raconte, c'est la
32:24personne qui décide de résider en France, qui vient d'Italie ou du fond fond d'Afrique,
32:27ce n'est pas le problème, qui arrive sur le sol français et qui doit avoir un minimum
32:31de connaissances pour avoir la carte de séjour, par exemple.
32:35Je vous donne un exemple, quand on va dans un pays étranger, quand on va aux Etats-Unis,
32:38quand on va en Israël, un, il faut parler la langue, il faut connaître la culture.
32:41Comment ça se fait qu'on ne fait pas ça ici ?
32:42C'est ça le défaut.
32:44Voilà pourquoi aujourd'hui l'engagement citoyen est pour moi la seule parade par rapport
32:46à la société de violence dans laquelle nous vivons depuis 20 ans dans le monde entier.
32:50La seule parade à ce qui se passe aujourd'hui en Ukraine, en Israël, aux Etats-Unis, en
32:55Europe, c'est de revenir sur le fondamental de l'action citoyenne et de l'engagement
32:59citoyen.
33:00Si vous voulez éviter que des jeunes croient toutes ces thèses épouvantables, complotistes,
33:03islamistes, islamo-gauchistes, etc., remettez les laplos sur la citoyenneté, sur ce que
33:10c'est que la transmission de nos valeurs, le partage de nos valeurs.
33:12Et la laïcité aussi.
33:13Et la laïcité, on est les seuls, on est les inventeurs, on est les seuls à la partager.
33:17Et à la pratiquer aussi.
33:18Donc ça fait pas mal de bien commun.
33:19Et bien pourtant, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, quand certains parents ne
33:22sont pas d'accord avec notre histoire, ils ne la transmettent pas.
33:25Voilà d'où vient le problème.
33:26Alors que si on l'obligeait, mais pourquoi ? Parce qu'à un moment on ne peut pas donner
33:29la société française comme ça.
33:30Il y a des petits professeurs qui n'osent plus enseigner l'histoire.
33:33Ah bah oui, ils ont fait un choix, il faut dire, tout doucement à l'antenne, ça pourrait
33:37choquer certaines personnes de l'entendre.
33:39Donc tant que des professeurs qui sont là pour transmettre le savoir, tant que l'État
33:42français se laisse soumettre, dominer finalement par des gens qui choisissent ce que veut dire
33:47être français, alors vous mettez la laïcité de côté, le voile qui n'a rien d'islamique,
33:51on va quand même le mettre dedans, et puis ils commencent à choisir.
33:54Non.
33:55On dit que la nation est une et indivisible, notre histoire est une et indivisible.
33:59C'est ça, pour moi, l'engagement pour la citoyenneté, c'est ça la laïcité.
34:03Alors sur cette transmission, on a parlé tout à l'heure de la réaction des Ukrainiens
34:10face à vos œuvres et ce que vous leur proposez, parlons un peu du public français.
34:14Comment est-ce que c'est accueilli ici ? Qu'est-ce que vous avez comme retour sur votre travail
34:18en général ?
34:19J'ai beaucoup de remerciements.
34:21D'accord.
34:22De français ?
34:23De français.
34:24Parce que j'essaye autant que possible, lorsque je fais une exposition, qu'il y ait une conférence,
34:31parce qu'il y a quand même besoin d'une explication de texte, et souvent les gens
34:37me disent qu'ils ont... parce que mes photos, elles parlent, je me mets à la hauteur d'homme,
34:46de femme et d'enfant, et je sors ces gens des statistiques.
34:51Ça c'est intéressant ce que vous dites, vous sortez les gens des statistiques.
34:55J'essaye.
34:56J'essaye de donner une image, de donner une âme au pourcentage, à ces chiffres.
35:02On entend à la télévision qu'il y a eu tant de morts, tant de blessés.
35:05On ne sait pas ce que c'est un blessé, qu'est-ce que c'est un enfant blessé.
35:09C'est un enfant qui est amputé, un enfant qui toute sa vie va traîner ses stigmates.
35:14Donc, à partir de ce moment-là où on nie, par manque d'informations, cet état à cette
35:24personne-là, il y a une partie de l'information qui ne passe pas.
35:29Et lorsque j'amène, lors de mes conférences, cette information-là, ou par l'intermédiaire
35:34de mes photos, les gens reprennent contact avec cette réalité et ils s'identifient
35:39à ces personnes, à ce blessé, à ces enfants, cet enfant qui pourrait être leur enfant.
35:46Parce qu'ils vivaient de façon tout à fait européenne avant l'invasion russe.
35:52Ils étaient tournés vers l'Europe, ils n'attendaient qu'une chose, c'est d'être raccrochés à
35:58cette Europe.
35:59Et puis d'un seul coup, paf, ça s'est brisé.
36:02Et voilà.
36:04Et leurs problèmes viennent de là, puisque Poutine a beau dire, c'est vrai que pendant
36:0810 ans, 12 ans, il disait attention à l'OTAN, vous ne touchez pas l'Ukraine, vous ne touchez
36:12pas l'Ukraine.
36:13Ça, c'est vrai, il l'a dit.
36:14Mais pour autant, ça ne va pas justifier ce qu'il fait.
36:17C'est-à-dire qu'à un moment, il y a encore des phases politiques, des phases diplomatiques,
36:21géopolitiques.
36:22Mais lui, il a été à la guerre tout de suite pour s'imposer parce que c'est le nouveau
36:25tsar.
36:26Vous savez, Poutine, il faut voir, c'est une histoire.
36:28La seule chose qu'il veut aujourd'hui, c'est la Grande-Russie.
36:31Pour lui, la Grande-Russie, c'est l'Ukraine.
36:33Donc, dans le pire des cas, pour lui, il récupère le don Basse et l'a crémé.
36:38Il est bien dans le pire des cas, s'il ne pouvait pas le récupérer, ce serait très
36:40bien.
36:41Donc, il faut se mettre dans sa psychologie pour comprendre.
36:42Et c'est vrai que depuis le démarrage...
36:44Pas simple de se mettre dans la psychologie de Poutine, si je peux me permettre.
36:47Vous savez que je ne suis pas le seul à être né le 7 octobre.
36:49Là aussi, c'est une autre coïncidence.
36:50Poutine est né le 7 octobre aussi.
36:52C'est assez curieux.
36:53Il faut se mettre dans sa psychologie parce que sinon, encore une fois, c'est bien de
36:56lui opposer de la violence.
36:57C'est bien de lui opposer aussi une guerre.
36:59Mais c'est aussi bien de lui imposer une forme de négociation dans laquelle il ne pourra
37:02pas être totalement perdu.
37:03Messieurs, on ne va pas tarder à se quitter.
37:04J'ai encore deux ou trois petites questions.
37:05La première, c'est qu'est-ce que ça serait votre souhait, si vous aviez un petit génie
37:08là à Yomi-Bilak qui apparaît tout d'un coup ? C'est quoi votre souhait ?
37:11Que l'Ukraine gagne la guerre ? Il ne peut pas y avoir de paix sans que l'Ukraine ait
37:21le sentiment qu'il n'y ait que le fait d'une victoire.
37:26Parce que sinon, ça va être un bouton pause.
37:28On voit ce qui s'est passé.
37:30Ça recommencera après.
37:31Ça recommencera après.
37:32L'Ukraine s'est fait envahir, agressée par un pays qui était signataire du mémorandum
37:38de Budapest.
37:39La Russie devait garantir les frontières internationales, les frontières tout simplement
37:47de l'Ukraine.
37:48Elle renie tout cela maintenant.
37:51Les Ukrainiens savent qu'un accord avec la Russie, il ne tiendra pas.
37:56On voit l'alcool qu'il y a eu sur l'export de grains.
38:00Ils ont signé.
38:01Deux jours après, ils bombardaient les silos à Odessa.
38:03Donc, on a compris que votre souhait, c'est que l'Ukraine gagne la guerre.
38:07Dans l'intégralité.
38:08C'est un gros souhait.
38:09C'est-à-dire qu'elle récupère son Donbass, sa Crimée, etc.
38:11Sinon, ça ne sera pas pérenne.
38:13Mon rêve, c'est que le Moyen-Orient gagne la paix.
38:18C'est beau.
38:19Ça peut se faire d'une seule façon.
38:20Si demain, une jeune femme israélienne et une jeune femme palestinienne sont d'abord
38:27amies, parce que c'est la seule condition de la paix, parce que je ne crois vraiment
38:30mais ce n'est pas des mots, ça fait des mois que je travaille là-dessus, j'en ai
38:33même fait des conférences.
38:34Je ne crois pas possible la paix entre hommes dans cette région du monde.
38:39Pour plein de raisons culturelles, religieuses, l'environnement, au niveau de l'état
38:44d'esprit, c'est impossible.
38:45En revanche, deux femmes, la petite fille de Golda Meir, avec la petite fille d'une
38:49grande dame palestinienne, qui...
38:51Que vous avez en tête déjà ?
38:52Pardon ?
38:53Vous savez qui ?
38:54Quelques idées, mais pas encore.
38:55Vraiment, c'est un vœu, mais un vœu qu'il va falloir construire.
38:58Qui devienne chef d'un gouvernement ?
38:59Oui, c'est un rêve qu'il faut construire.
39:01Ce rêve-là, ce n'est pas juste des paroles en l'air, mais je suis convaincu que c'est
39:04la seule condition.
39:05Pourquoi ? Justement, culturellement, parce que ce peuple qui devient de plus en plus
39:11radical musulman, avec un peuple qui devient aussi de plus en plus radical juif, si c'est
39:15deux femmes, et on sait le problème avec les femmes dans chacune des deux religions,
39:19il y a une gêne, si ces deux femmes sortent en amitié, qu'on peut arriver à une paix,
39:23et bien à ce moment-là, on pourra vraiment penser à une paix qui se généralisera dans
39:26la région.
39:27Et ce que je disais d'ailleurs par rapport à votre travail, qui est admirable, parce
39:31que je l'ai vu à la pose, des photos sublimes, j'espère, et ça va vraiment pour vous,
39:35au lieu de construire des monuments aux morts, on construira comme vous des monuments aux
39:39vivants.
39:40Des monuments à la vie.
39:41Et bien, ce sera le mot de la fin.
39:43C'était excellent.
39:44Merci Yuri Tapirot, Yuri Bilak, merci à tous les deux pour cette très belle émission.
39:48Franck Tapirot, Diaspora Force, Défense Force, c'est ddfforce au pluriel.org, il y a toutes
39:56les infos dessus.
39:57Et puis Yuri Bilak, si on veut découvrir votre travail, c'est yuri avec un y, bilak
40:01avec un k, et c'est .com.
40:03Merci à tous d'avoir été là au rendez-vous, comme tous les dimanches à 19h sur Sud Radio,
40:07merci à Dési qui réalise pour vous aujourd'hui, vous pouvez tout retrouver évidemment sur
40:11sudradio.fr, vous le savez, les réseaux sociaux et tout le tintouin, je vous embrasse et je
40:14vous revois samedi à 13h30 pour Dessins de Femmes, bye.

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