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Lundi 18 novembre 2024, SMART IMPACT reçoit Sylvain Le Bon (directeur général et des ventes, Startin'Blox) et Patricia Abraham (Directrice générale, CoopVenture)

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00:00Quand le modèle coopératif s'engage pour la souveraineté des données, c'est le thème de notre débat avec Patricia Abraham. Bonjour, bienvenue, vous êtes directrice générale de Coop Venture, Sylvain Legon, bonjour et bienvenue.
00:19Directeur générale, directeur des ventes de Starting Blocks. Question de présentation pour démarrer, Coop Venture, en quelques mots.
00:26Coop Venture, c'est un fonds d'investissement d'un nouveau genre qui a été créé par le mouvement coopératif et des collectivités territoriales de la région de Grenoble.
00:36Et l'objectif, c'est de venir en fonds propres auprès des entreprises, donc de les financer en fonds propres, mais on ne leur impose aucune clause de liquidité.
00:47Alors dans le jargon, ça veut dire qu'on ne leur demande pas de se revendre pour valoriser le capital qu'on a mis.
00:54On a un autre mécanisme. Le mécanisme, c'est qu'une fois qu'elles se sont développées, qu'elles ont créé de la richesse, on leur demande de réinvestir dans notre fonds.
01:02Une fois que c'est fait, on sort de leur capital. D'accord. Le modèle, effectivement, est simple et se démarque des modèles classiques de capital risque, on peut dire ça comme ça.
01:14C'est vraiment un modèle différent. Starting Blocks, en quelques mots.
01:16Starting Blocks, c'est une technologie de partage de données qui permet aux entreprises de rendre leurs données accessibles et trouvables à leurs clients sans être dépendant des plateformes.
01:26Elle existe depuis quand, cette entreprise ?
01:27Ça fait 5 ans.
01:29Et vous en êtes où de votre développement aujourd'hui ?
01:31Ça fait 5 ans qu'on s'est lancé. Aujourd'hui, on a une trentaine de clients. On vient de faire une levée de fonds avec Coventure.
01:42Aujourd'hui, le marché est vraiment en train de s'ouvrir avec la dynamique européenne sur les data space. On a une phase de croissance qui démarque avec des nouveaux partenaires.
01:55Et donc, ce financement, effectivement, de Coventure, à hauteur de 300 000 euros, c'est ça ?
02:01Tout à fait.
02:02Pourquoi cet engagement ? Alors, on a bien compris la logique de l'entreprise, mais pourquoi spécifiquement Starting Blocks ? Qu'est-ce qui vous a intéressé ?
02:09En fait, il y a trois raisons pour lesquelles on a souhaité, non seulement financer, mais maintenant accompagner au long cours Starting Blocks.
02:17Tout d'abord, il y a un marché. Un marché, un enjeu politique. Je vais m'enfoncer un peu des portes ouvertes, mais il y a une hégémonie sur la donnée côté US et Chine,
02:28enfin, plutôt ces deux blocs. Et en fait, l'Europe investit massivement pour que des entreprises européennes retrouvent souveraineté sur leurs données avec des technologies de type Starting Blocks.
02:41Déjà, nous, on voyait un intérêt côté marché et côté contexte politique porteur. La deuxième raison, c'est que, Sylvain va être content d'entendre ça, il y a de véritables rock stars dans cette techno,
02:55dans leur équipe, c'est-à-dire vraiment des experts mondiaux pour arriver à faire discuter différentes banques de données qui restent au sein des entreprises.
03:05Et la troisième raison, c'est que c'est une entreprise coopérative et c'est pas un vain mot. Chez eux, il y a une vraie sincérité dans leur engagement, dans leur façon de fonctionner.
03:16Beaucoup de débats. Ils procèdent par consentement et pas par consensus. Donc, on a vu vraiment ces valeurs pour lesquelles on s'est reconnus.
03:24Donc, c'est les trois raisons pour lesquelles on a souhaité les accompagner.
03:27Alors, il y a des rock stars dans votre équipe. Vous en faites peut-être partie, d'ailleurs.
03:31Je ne sais pas qui il y a.
03:33Non, mais alors expliquez-moi un peu plus en détail comment vous participez effectivement à ce défi qui est majeur de souveraineté des données au niveau français et européen.
03:43Aujourd'hui, les entreprises, pour se partager des données, elles ont besoin de passer par une plateforme. Et donc, du coup, elles sont dépendantes de cette plateforme pour être en contact avec le marché.
03:52Par exemple, sur le marché des hôtels, il y a quelques grosses plateformes, Booking, Hotels.com, Airbnb.
03:58Et les entreprises doivent passer par ces plateformes pour avoir accès à leurs clients.
04:03Et ça, ça fait qu'elles perdent le contrôle sur leurs données commerciales, leurs données de clients.
04:08Ça fait aussi qu'elles sont dépendantes d'acteurs qui leur coûtent de plus en plus cher et qui, du coup, restreignent leur accès au marché.
04:15Et ça, ça fait aussi qu'elles perdent leur toute capacité d'innovation parce qu'elles n'ont plus la main libre sur les leviers qui leur permettent d'interagir avec leurs clients.
04:24Et alors donc, vous proposez quoi ? Vous proposez à... Moi, ce que j'ai cru comprendre, c'est que des entreprises de divers secteurs vont pouvoir mutualiser leurs données d'une certaine façon.
04:33Alors, ce n'est pas mutualiser au sens technique, dans le sens où, justement, les gens gardent leurs données dans leur système.
04:38Ça leur permet de ne pas avoir besoin d'envoyer ces données sur une plateforme, mais plutôt de garder les données en interne complètement dans leur système sur lequel elles ont la main
04:47et de choisir avec qui elles vont partager les données et de quelle manière.
04:50Donc, nous, on a une technologie qu'elles peuvent utiliser en interne pour rendre ces données accessibles et, de l'autre côté, pour les trouver.
04:56Et du coup, ça permet à des gens de trouver les données qui les intéressent sans avoir besoin de passer par la même plateforme.
05:01À quel point c'est innovant technologiquement, ce que vous proposez ? Parce que quand je vous entends, je me dis bah oui, c'est du bon sens.
05:09Pourquoi on ne fait pas ça depuis des années ?
05:11C'est du bon sens et c'est même la philosophie du web depuis ses origines.
05:15Et c'est sûr que quand on réalise qu'aujourd'hui, on a centralisé le web autour de plateformes, ça choque par rapport à ce que devrait être le web depuis 30 ans.
05:26Mais le fait est qu'aujourd'hui, on doit passer par la même plateforme pour s'échanger des données quand on veut acheter des choses en ligne,
05:33quand on veut réserver un hôtel ou quand on veut s'envoyer des messages.
05:36Et du coup, c'est un nouveau paradigme qui est en train d'émerger sur le web qui, du coup, est vraiment une révolution par rapport à ces pratiques-là,
05:46mais qui est effectivement en phase avec la philosophie et les fondamentaux d'Internet depuis le début.
05:52Sur le modèle coopératif, je veux bien qu'on revienne là-dessus, Patricia Abrams. Peut-être déjà le vôtre.
05:58Vous appliquez parce que vous financez les entreprises qui ont adopté ce modèle, mais vous l'appliquez à vous-même ?
06:04Alors tout à fait, on est aussi une coopérative. En fait, on finance des coopératives et aussi des non coopératives,
06:11donc des entreprises classiques, mais qui ont une vision commune sur ce qu'on va appeler le partage du pouvoir et de la valeur.
06:18Ça veut dire quoi ? Que l'actionnariat n'est pas dans les mains d'une seule personne, mais réparti entre plusieurs fondateurs et voire des salariés,
06:29et que les décisions sont prises de manière les plus démocratique possible. Et nous, on se l'applique à nous-mêmes en tant que fond.
06:38On a un conseil d'administration où une personne égale une voix, donc on fonctionne selon ce type de valeurs.
06:46Ça veut dire que les valeurs dont vous parlez, pour des sociétés qui ne sont pas des coopératives, c'est presque aussi important que les critères dont vous parliez tout à l'heure,
06:54c'est-à-dire le marché, les défis à relever ?
06:57Oui. En fait, nous, on s'est aperçus, ce sont des études qui sont aperçues qu'en fait, le modèle coopératif permet une résistance à 5 ans de 10 points supérieurs aux entreprises dites conventionnelles.
07:12Donc, on sait que la force d'une équipe apporte cette résistance, cette résilience sur des marchés qui sont très exigeants.
07:19Donc, nous, on croit à l'équipe, on croit au partage, je le répète, du pouvoir et de la valeur dans les structures économiques.
07:26Si on est cynique, ça veut dire qu'en plus, les projets sont plus viables et plus efficaces, si je vous entends bien.
07:32Il y a quand même des principes de réalité. On pilote des projets qu'on pense économiquement viables, ambitieux et qui atteindront une rentabilité relativement rapidement.
07:44Pourquoi vous avez choisi ce modèle ?
07:46Nous, on est sur un business qui est d'écosystème par nature parce que les gens doivent s'échanger de la donnée à plusieurs.
07:54Et du coup, la notion écosystémique, elle est très importante pour nous d'un point de vue de valeur, mais aussi, dans ce cas-là aussi, d'un point de vue très pragmatique.
08:03Parce que le modèle qu'on a choisi, qui est un modèle de coopératif collectif, il permet d'impliquer non seulement des investisseurs financiers au capital,
08:12mais aussi des clients, des salariés, les contributeurs et tous les gens qui sont partie prenante du projet.
08:18Et ça, c'est un levier d'engagement pour ces gens-là qui est extrêmement fort.
08:22Et ça crée un engagement des équipes, un engagement des clients, puis un engagement des investisseurs.
08:27Mais ça, c'est plus traditionnel qu'on ne trouve pas dans d'autres types de structures.
08:32Et sur l'engagement des équipes, je reviens au rockstar de tout à l'heure, est-ce que c'est aussi un argument ?
08:38Parce que vous êtes dans un secteur qui est très concurrentiel.
08:41Les talents, ils s'arrachent d'une entreprise à l'autre.
08:44Donc, ce n'est pas le seul, mais peut-être particulièrement dans le vôtre.
08:46Est-ce que c'est aussi un moyen de les garder ou de les recruter ?
08:49Complètement, oui.
08:50Et alors, ce n'est pas uniquement le biais coopératif, c'est la cohérence globale de l'entreprise.
08:54Oui, bien sûr.
08:55C'est la manière dont on s'organise.
08:57C'est toute la structure de relations entre les gens.
09:02Mais effectivement, on a des gens qui sont extrêmement impliqués,
09:05qui demandent à revenir travailler quand ils ont déjà travaillé avec nous.
09:09Et on a vraiment un niveau d'engagement qui est assez exceptionnel.
09:12En fait, on a vraiment beaucoup de chance avec nos équipes.
09:14Donc, il y a Cobventure qui vous accompagne, il y a le crédit coopératif aussi, c'est ça ?
09:17Oui, qu'on peut remercier.
09:18À quelle hauteur ?
09:19À hauteur de 200 000 euros.
09:20D'accord.
09:21Donc, 500 000 euros, avec quelle stratégie derrière ?
09:23600 000 au total.
09:24600 000, ok.
09:25Ils m'en manquaient 100 et ils sont importants.
09:28Avec quelle stratégie derrière ?
09:29Alors, notre stratégie, c'est de…
09:31En fait, là, il est justement en train de se passer quelque chose sur le marché,
09:34parce que la stratégie européenne des données est en train d'arriver à maturité.
09:37On a eu toute une phase qui était plus politique et de recherche
09:41sur comment ces échanges de données peuvent se passer.
09:43Et aujourd'hui, on arrive dans une phase de déploiement
09:45dans laquelle les entreprises commencent à mettre ça en œuvre.
09:47Et donc, nous, on a besoin d'à la fois faire évoluer notre technologie
09:52pour la rendre au plus près des besoins de nos clients
09:55et aussi de rencontrer tous ces acteurs qui ont ces besoins
10:00et de développer, d'un point de vue commercial, notre action
10:04pour être capable d'aller les servir au mieux.
10:07Oui, Patricia Abraham, le modèle, votre modèle que vous nous avez décrit tout à l'heure,
10:11il donne plus de temps aux startups pour générer de l'autofinancement, par exemple ?
10:15Qu'est-ce que ça change ?
10:17Traditionnellement, dans le monde du capital risque,
10:19on a cette fameuse clause de liquidité qui parfois stresse un peu les entrepreneurs
10:23et à juste titre, qui est, à 5 ans, il va falloir commencer à réfléchir
10:27à revendre votre entreprise soit à un autre fonds, soit, on va dire, à un industriel.
10:33Nous, en fait, on s'engage dans une aventure qui peut durer jusqu'à 15 ans.
10:36Avec les entreprises.
10:38En fait, on a envie de projets patients, avec des croissances adaptées, raisonnables
10:44et ça fait vraiment partie de notre modèle.
10:47La patience, c'est vraiment un mot-clé, en fait, dans notre modèle.
10:5015 ans, c'est...
10:52Oui, c'est pour ça qu'effectivement, c'est de l'accompagnement, c'est pas seulement du financement.
10:57Je reviens au point de départ sur ce défi de souveraineté.
11:01A quel point elle nous échappe aujourd'hui ?
11:03A quel point nos données partent aux États-Unis, peut-être prioritairement, ou en Chine ?
11:09C'est du quoi ? Du 95 %, du 90 %, est-ce que c'est chiffrable ?
11:13Je ne sais pas si c'est chiffrable.
11:14En tout cas, ce qui est sûr, c'est que quand on regarde les marchés de consommateurs
11:19pour trouver un taxi, pour s'envoyer des messages en famille ou pour réserver ses vacances,
11:25on passe systématiquement par des applications, par des plateformes
11:28et ces applications sont quasiment systématiquement américaines et parfois un peu chinoises.
11:32Et ça, ça fait que les acteurs qui sont sur ces marchés, ils sont complètement dépendants
11:36et la valeur, en fait, elle part vers les États-Unis ou un peu vers la Chine.
11:39Et ce qui s'est passé sur ces marchés-là, c'est un peu primordial que ça ne se produise pas aussi
11:44sur les marchés B2B, parce qu'il ne faut pas que l'entreprise automobile
11:49ou que l'entreprise agroalimentaire deviennent de la même manière dépendantes d'acteurs américains
11:54pour la mise en relation entre les acteurs.
11:56Pardon de vous interrompre. Sur le B2C, c'est trop tard ?
11:58Sur le B2B, l'Europe le réveille suffisamment tôt ou pas ?
12:01Moi, je ne crois pas que c'est trop tard. Je crois que le numérique, c'est quelque chose qui évolue en permanence,
12:05qu'il y a des acteurs qui sont dominants aujourd'hui, que demain, les acteurs qui seront dominants ne seront pas les mêmes.
12:09Je pense que la Commission européenne a vraiment une stratégie et qu'elle a compris ces enjeux
12:13et du coup, les acteurs de demain qui seront dominants seront peut-être européens
12:17et il y a vraiment des choses à jouer aujourd'hui.
12:20Et je pense qu'en Europe, il est vraiment en train de se passer quelque chose,
12:22qu'il y a beaucoup d'acteurs qui comprennent cet enjeu et qui voient la difficulté à se partager des données
12:28et le risque de se mettre en dépendance de gros acteurs.
12:31Et donc aujourd'hui, il y a des acteurs qui investissent des sommes assez considérables sur ces questions-là,
12:35donc il y a une dynamique sur le secteur.
12:38Dernier mot ?
12:39Et si je peux me permettre, un des secteurs privilégiés, c'est le secteur des médias.
12:43Très bien. Génial. Il n'y a plus qu'à alors.
12:47Merci beaucoup. Merci d'être venu présenter ce partenariat entre Cobb Ventures et Starting Blocks.
12:53On passe tout de suite à notre rubrique Startups.

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