Avec Sarah Knafo, députée européenne Reconquête
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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-12-06##
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00:00SUDRADIO, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:06Il est 8h36, c'est une première, c'est la première fois que je reçois Sarah Knafo, qui est députée européenne reconquête.
00:13Bonjour. Bonjour M. Bourdin. Et merci d'être avec nous ce matin. Sarah Knafo, vous avez regardé Emmanuel Macron hier soir ?
00:19Absolument. Bon. Et qu'en avez-vous pensé ? Comme d'habitude. Sauf que cette fois, il a réussi à faire court, mais il a le talent de parler
00:27pour ne rien dire, c'est-à-dire qu'il a fait une émission uniquement pour nous dire qu'encore une fois, il prenait pas du tout en compte
00:33ce que le reste de la classe politique avait pu dire, que tout le monde était coupable à part lui, qu'il ne démissionnerait pas.
00:40On pouvait s'y attendre. On pouvait s'y attendre. C'était le message n°1. Le message n°2, peut-être. — Je resterai jusqu'au bout.
00:46— Exactement. Je resterai jusqu'au bout, peu importe ce que vous faites. Moi, de ce que je comprends... — Vous demandez sa démission, vous, Sarah Knafo ?
00:53— Bah j'aimerais vous dire oui, mais c'est du cirque. Oui, voilà, on aimerait qu'il démissionne. On n'aime pas Macron.
00:57On condamne Macron. On ferait mieux que lui. — Marine Le Pen, le dit sans le dire tout en le disant. Enfin du moins, c'est pas elle qui le dit,
01:03c'est Jean-Philippe Tanguy qui le dit. Vous avez aussi... J'allais dire Éric Zemmour. Non, mais vous vous rendez compte de ce que j'allais dire.
01:11— Vous pensez à lui tout le temps. — Jean-Luc Mélenchon. — Jean-Luc Mélenchon, qui a appelé à la démission. Mais c'est du cirque, tout ça.
01:16Alors on demande à Emmanuel Macron de démissionner. Il nous répond que je démissionnerai pas. On a compris le caractère d'Emmanuel Macron.
01:22Il est du genre à nous dire il peut y avoir 1 million de personnes devant l'Élysée, je resterai là, je suis sur mon fauteuil, j'ai été élue pour 5 ans.
01:27C'est ce qu'il a dit hier en réalité. Donc ça, c'est un... — C'est la vérité, remarquez. — C'est absolument la vérité.
01:32C'est pour ça que je trouve que c'est un peu du cirque. C'est un peu infantilisant. On est là à réclamer d'Emmanuel Macron.
01:37Moi, ce que je trouve paradoxal avec cette censure, c'est qu'on a des partis politiques à l'Assemblée qui ont voulu mettre une claque à Macron.
01:43Et le résultat, c'est qu'ils ont remis Macron au centre du jeu. On est tous là, hier, à attendre la déclaration de Macron à 20 h,
01:50puis à se demander qui va nommer comme Premier ministre. Est-ce que ça va être un Premier ministre de droite ? Est-ce que ça va être
01:55un Premier ministre de gauche ? Un Premier ministre technique ? C'est lui qui a toutes les décisions en main, toutes les cartes en main,
02:01alors qu'avant-hier encore, c'était le RN en grande partie qui avait les cartes en main. Et on est venu rendre à Emmanuel Macron les plans pouvoir.
02:09— C'est pour ça que vous n'auriez pas voté la censure ? — C'est pour ça, parce que si vous voulez, la capacité de pouvoir censurer le gouvernement,
02:17c'était pour moi une sorte d'arme nucléaire qui était à la main du RN. Il avait pas le pouvoir, mais il avait un pouvoir. C'était celui de dire à Michel Barnier
02:24« Si vous ne faites pas ça, on peut vous censurer ». Et pour moi, la définition de l'arme nucléaire, à la fin, c'est quand même de ne pas l'utiliser
02:31une fois qu'on obtient ce qu'on veut obtenir. Donc de travailler d'arrache-pied en disant « Voilà ce qu'on veut » dès le début, en étant très clair
02:37sur les conditions qu'on fixe, en disant « Si ce budget... » Par exemple, moi, ce que j'aurais dit, c'est « Si ce budget n'est pas voté à l'équilibre,
02:43alors on vous censurera », de dire ça depuis le premier jour. Et quand vous utilisez l'arme nucléaire, ce qu'elle a fait, puisqu'elle a décidé de voter la censure,
02:51qu'est-ce qui reste à la fin ? Il reste un champ de ruines. Vous voyez ce que je veux dire ? On n'a plus Michel Barnier. À mon avis, Michel Barnier,
02:57on pouvait le faire plus. — C'est une frotte politique de Marine Le Pen. — Je peux pas exagérer sur les termes. Moi, j'attaque personne.
03:01Pourquoi je vous dis ça ? C'est que pour le prochain... — « J'ai été victime de misogynie », dit-elle. Vous avez vu cela ? Vous y croyez, vous ? Non, vous...
03:08— C'est pas trop mon genre, moi, ce genre de... — Ah bon ? — Non. Mais je sais pas si c'est vrai ou faux. J'étais pas dans la pièce avec elle.
03:14Si elle a ressenti ça, bon, voilà, on est dans l'ère des ressentis. Donc si elle l'a ressenti, elle l'a ressenti. Mais ce que je veux vous dire,
03:19c'est que pourquoi c'est utile de dire ça aujourd'hui ? C'est qu'on va sans doute avoir aujourd'hui ou demain un Barnier 2, un Barnier jeune, un Barnier de gauche...
03:27— Vous n'en voulez pas de Michel Barnier. — Mais non. Moi, si vous voulez, ce que j'estime aujourd'hui, c'est que...
03:32— Vous ne l'auriez pas censuré, mais vous n'en vouliez pas. C'est cela. — Oui, exactement. Si vous voulez, dans la situation politique actuelle,
03:39vu l'état de l'Assemblée nationale, qu'est-ce qu'on peut avoir de mieux ? Cases neuves ? Le corps nu ? Qu'est-ce qu'on peut avoir de beaucoup mieux ?
03:47Est-ce qu'on peut espérer un changement radical ? Vous le savez, non. Faut pas être enfantin. Vous voyez ce que je veux dire.
03:52— Mais qui pourrait-on avoir ? — Ce que je veux, c'est une nouvelle élection présidentielle. Là, on a bien compris que dans l'état actuel des choses,
03:58on devait attendre... Voilà. On doit attendre la prochaine élection présidentielle pour changer radicalement de bord.
04:04— Mais je comprends pas. Vous ne voulez pas que le président de la République démissionne. Et vous voulez une nouvelle élection présidentielle.
04:08— Mais il faut garder la tête froide. Exactement. Il faut avoir la tête froide. On a 3 ans pour préparer le débat, pour préparer les Français,
04:14pour faire avancer des sujets. Entre temps... Exactement. Entre temps, il faut travailler. Et là, l'occasion que le RN a, que l'Assemblée nationale
04:24dans son ensemble... Il y a Éric Ciotti. Il y en a d'autres qui peuvent faire plier un gouvernement. L'occasion qu'ils avaient avec Barnier,
04:30qu'ils auront demain avec un autre, c'est de réussir à imposer des mesures claires, des baisses de dépenses, des baisses d'impôts.
04:37Ils peuvent le faire parce qu'ils ont assez de députés. Moi, j'aurais adoré être dans leur situation et être en capacité de faire plier le gouvernement.
04:43Ils l'ont pas fait avec Michel Barnier ou ils l'ont pas fait à temps. À la fin, ils l'ont censuré. Et c'est utile de le dire aujourd'hui,
04:49parce que demain, il y aura un autre gouvernement. Il y aura un Barnier 2. Il y aura peut-être un Barnier plus jeune. Il y aura peut-être un Barnier plus à gauche
04:55avec Cazeneuve. Peu importe. Ce sera un autre Barnier. Et cette nouvelle personne, là, il va falloir travailler en face pour lui dire
05:01« Voilà ce qu'on veut. Voilà ce qu'on demande. Et sinon, on censure ». Et le but, quand même...
05:05— Est-ce que Marine Le Pen a offert une victoire à Jean-Luc Mélenchon, selon vous ?
05:09— Bah incontestablement. Incontestablement. — Elle triomphe depuis mercredi.
05:13— Bien sûr. D'ailleurs, vous voyez que les LFI sont beaucoup plus heureux que les députés du RN. Ils sont heureux. Ils jubilent sur les plateaux.
05:21Vous avez vu que tout de suite après le vote de la motion de censure, qui était la motion de censure de LFI, à laquelle le RN a apporté ses voix –
05:29on vous l'avait dit en long, en large et en travers – alors que la motion de censure les insultait, insultait leurs électeurs, insultait les viles
05:35obsessions du RN, elle a été votée. Dès que cette motion de censure a été votée, qui on voit sur toutes les chaînes ? Mathilde Panot.
05:43Mathilde Panot qui jubile parce que cette motion a été adoptée. Donc le grand paradoxe, c'est qu'on entend Mathilde Panot qui dit
05:49« On a voté cette motion de censure parce que c'était un budget de casse sociale », donc il n'était pas assez socialiste.
05:56On entend à côté Marine Le Pen qui dit « On a voté contre ce budget parce qu'il était trop socialiste ». Et on se demande mais c'est la victoire
06:02de qui en fait ? Qu'est-ce qu'on a gagné ? À la fin, qui a perdu ? C'est la France. C'est la France, c'est les Français.
06:07– Une responsabilité générale ? – Générale. Toute la classe politique est responsable de ce chaos. Parce qu'en réalité, le débat aujourd'hui
06:14dans le pays, c'est pas tant est-ce qu'on est pour la censure, contre la censure ? Je sais qu'il y a plein de sondeurs qui demandent ça,
06:18la majorité n'est pas très claire, etc. Le vrai débat au sein du peuple français aujourd'hui, c'est qu'on n'en peut plus de leur chaos.
06:25Ils ne sont pas capables de se mettre d'accord pour un budget. On est dans un pays du tiers monde, on ne va pas avoir de budget.
06:30C'est possible, ça, d'imaginer la France qui va censurer Premier ministre après Premier ministre, qui n'est pas capable de s'entendre
06:36sur des mesures de bon sens. Est-ce que c'est normal, par exemple, qu'aucun parlementaire n'ait demandé un budget à l'équilibre ?
06:42Ça fait 50 ans, depuis 1974, qu'on vote des budgets en déficit. C'est-à-dire que l'État, qui donne des leçons à tout le monde,
06:49chaque année dépense beaucoup plus que ses recettes. C'est environ chaque année 450 milliards de dépenses pour seulement 350 milliards de recettes.
06:58Vous imaginez une famille qui ferait ça ? – Michel Barnier voulait faire un effort budgétaire. Il a demandé un effort budgétaire.
07:05Mais il n'y a pas eu de discussion jusqu'au bout sur le budget. On a discuté des recettes. On n'a même pas discuté des dépenses.
07:11– Bravo. C'est ce que j'allais vous répondre. – Mais non. Mais c'est pas bravo. C'est la réalité des choses.
07:15– C'est la réalité des choses. – Et la censure a été votée sur le budget de la Sécurité sociale et non pas sur le budget général.
07:22Ce que j'allais vous répondre, Michel Barnier n'a pas voulu faire un effort. Il a voulu demander des sacrifices aux Français.
07:28Ça s'appelle pas un effort. Faire un effort, c'est regarder dépense par dépense, ministère par ministère, mission par mission, et se dire...
07:35– Il y avait un effort. Il y avait un effort. – Je vous donne un exemple. Est-ce que vous savez que chez France Travaille,
07:40c'est le nouveau pôle emploi, il y a 54 000 personnes qui travaillent ? 54 000, Jean-Jacques Bourdin.
07:45Est-ce que vous avez déjà trouvé un emploi grâce à France Travaille, vous ? Non. Est-ce que des gens qui nous écoutent
07:51ont déjà trouvé un emploi grâce à France Travaille ? 54 000 personnes. – Oui, grâce à Pôle emploi, oui.
07:56Maintenant, ça s'appelle France Travaille. – Vous savez qu'en 2024, on a inventé quelque chose qui s'appelle LinkedIn,
08:00qui permet tous les jours aux gens de trouver un emploi dans le monde entier. Ils ont 900 millions d'utilisateurs.
08:05Ils ont seulement 16 000 personnes qui travaillent chez eux, LinkedIn. Est-ce que France Travaille est tellement plus important
08:11que LinkedIn, qui doit avoir autant de fonctionnaires qui travaillent chez eux ? Vous vous rendez compte ?
08:16Chez France Travaille, vous avez 1 300 personnes qui travaillent à l'impact des restructurations économiques.
08:22– Pour vous, c'est clair. Les efforts doivent être partagés avec l'État qui, effectivement, doit réduire ses dépenses.
08:29On est bien d'accord. À la MiniI, un peu. – Bien sûr. Les efforts ne doivent pas être partagés.
08:35L'effort doit être porté par l'État. Il faut supprimer ces gabegies. Moi, je ne suis pas d'accord dans un système...
08:40– Partagé par les très riches ? – Non, pas du tout. Je m'explique. On a un système où le Premier ministre
08:47ne demande pas des efforts aux Français, il leur demande des sacrifices. Faire un effort, vous savez, à la fin,
08:52on obtient quelque chose. Faire un effort, c'est ce qu'a fait le général de Gaulle.
08:55Le général de Gaulle, en 1945, dit voilà, on a un pays qui a été abîmé par la guerre.
08:59On va devoir reconstruire notre économie. Ce que je vais vous demander, à vous les Français,
09:03c'est de vous retrousser les manches. On va se retrousser les manches et ensemble,
09:06on va créer les Trente Glorieuses. Et vous verrez, vous en tirerez les fruits de votre travail.
09:10Ça, moi, c'est mon rêve. J'aimerais avoir un jour un président, quelqu'un à la tête de l'État,
09:14qui nous dise on va se retrousser les manches ensemble, mais vous allez y gagner quelque chose.
09:18– De Gaulle avait réussi à réunir les communistes, avait réussi à réunir les socialistes,
09:24avait réussi à réunir la droite de l'époque, la droite conservatrice. – Absolument.
09:29– Vous rêvez de cela ? Vous rêvez d'un Premier ministre ou d'un président de la République
09:34qui réussirait à réunir une coalition comme cela ?
09:38– Quand vous voyez l'État aujourd'hui de l'extrême-gauche, c'est évident que ça n'ira pas jusqu'à eux.
09:44Vous voyez ce que je veux dire ? C'est tellement antagoniste.
09:46– Il n'y a pas que l'extrême-gauche à gauche.
09:48– À l'époque, qu'est-ce qui réunit les communistes et De Gaulle ?
09:50C'est la lutte contre le régime de Vichy, c'est la lutte contre le nazisme, c'est ça qui les réunit.
09:55Et à l'époque, d'ailleurs, le général De Gaulle donne aux communistes, malheureusement d'ailleurs,
10:00l'éducation, une partie de la culture, c'est ce qui explique ensuite,
10:03il a dû faire des concessions puisqu'ils étaient au pouvoir ensemble,
10:06c'est ce qui explique ensuite où on a penché.
10:08Mais quand on relie le général De Gaulle, on s'aperçoit à quel point sa philosophie économique
10:12est complètement à rebours de ce que certains ont voulu retenir.
10:15Vous savez le fameux gaullisme de gauche, gaullisme social, etc.
10:18Le général De Gaulle, c'était un partisan de l'effort.
10:20Et ce que je vous dis, Michel Barnier, ce n'est pas le général De Gaulle,
10:23mais il ne demande pas des efforts aux gens, il demande des sacrifices.
10:26Il dit vous, on va vous tondre, vous, il vous reste encore un petit peu,
10:29on va vous prendre ce que vous avez.
10:30Vous, les grandes entreprises, vous faites des gros profits, on va vous les prendre.
10:33Donc aucun effort demandé aux grandes entreprises.
10:35Pas un effort, encore une fois, c'est un sacrifice.
10:37Aucun sacrifice à demander aux très grandes entreprises.
10:40Aucun, aucun. Il faut leur dire, travaillez, travaillez, grâce à vous,
10:44les Français ont de l'emploi, grâce à un Bernard Arnault, par exemple.
10:47Vous êtes une adepte du ruissellement, si j'ai bien compris.
10:49Moi, je suis une adepte du travail et je suis une adepte de la liberté économique.
10:52C'est-à-dire que ce n'est pas en taxant les rares qui marchent encore
10:55qu'on arrivera à quoi que ce soit en Française.
10:57Ce que disait Nicolas Sarkozy, il disait la différence entre François Hollande et moi,
11:00c'est que moi, je veux moins de pauvres et lui, il veut moins de riches.
11:03Franchement, tout est dit.
11:04Vous voulez plus de riches ?
11:06Bien sûr que je veux plus de richesses, plus de prospérité, plus de riches.
11:09Plus de riches. Je ne parle pas de la richesse, plus de riches.
11:12Mais tout à fait, je veux que tous les gens qui vous écoutent aujourd'hui
11:14se disent que demain, ils peuvent devenir riches.
11:16Vous savez qu'aujourd'hui, on vit dans un monde où il y a plus de riches,
11:18où les riches s'enrichissent et où les pauvres s'appauvrissent.
11:22Et c'est absolument ce qu'il faut changer.
11:24Notre économie est en train de s'écrouler sur elle-même.
11:26Pendant ce temps-là, on a une classe politique qui pense à faire des coups,
11:29qui pense à censurer le prochain,
11:31qui se dit que quand on aura Barnier 2, on le censura,
11:33alors que l'urgence pour la France, c'est d'avoir un budget.
11:36Je vous disais tout à l'heure, dans le pays, le débat, ce n'est pas pour ou contre la censure.
11:40C'est quand est-ce qu'on retrouvera enfin une stabilité ?
11:43Quand est-ce que la France pourra enfin avancer ?
11:45Parce que je veux bien qu'on censure, je veux bien qu'on appelle à la démission,
11:48mais aucun Français n'y verra un seul effet positif.
11:51Il n'y a pas d'effet positif concret pour les gens.
11:53– Quand je regarde les propositions de Marine Le Pen,
11:56vous êtes aux antipodes de ses propositions,
11:58de ses propositions économiques et sociales, aux antipodes.
12:02Elle est de gauche pour vous, Marine Le Pen, c'est une femme de gauche.
12:05– Quand j'entends « il faut taxer les super profits »,
12:08c'est quelque chose qui me fait peur.
12:09Moi je me dis, mais d'abord, qu'est-ce qu'un super profit ?
12:11Comment on fait ?
12:13À partir de quand est-ce qu'un profit devient super ?
12:17– Mais quand la famille Muliez, chez Decathlon,
12:24dégage un milliard d'euros de dividendes à distribuer,
12:29que parallèlement, dans le même groupe,
12:31il y a 2000 suppressions de postes chez Auchan.
12:34Vous dites quoi ? Vous dites que c'est logique ce milliard distribué ?
12:38– On est déjà dans une situation économique catastrophique,
12:40mais vous savez quand ce sera encore pire ?
12:42C'est quand on n'aura plus aucun Muliez, ni aucun Arnaud,
12:44qui aura des dividendes à distribuer.
12:46Là par exemple, l'année dernière, EDF,
12:48qui est dans une situation terrible,
12:50parce que les mauvais choix politiques l'ont conduit à sombrer,
12:54ne fait plus assez de profits.
12:55Est-ce qu'on est content de se dire que EDF n'a plus de dividendes à distribuer ?
12:58Est-ce qu'on est content de se dire que demain,
13:00Bernard Arnault, on l'aura tellement taxé,
13:02qu'il se sera dit finalement pourquoi rester en France ?
13:04Est-ce que ça nous fait plaisir ?
13:06Est-ce que ça flatte un instinct de se dire,
13:08demain il n'y aura plus de grands groupes en France ?
13:10Moi pas du tout, ça ne flatte aucun mauvais instinct chez moi.
13:13Au contraire.
13:15Il s'agit de répartir les richesses, justement.
13:17Donc il faut que des gens créent des richesses et les donnent à d'autres ?
13:20Pourquoi ne pas se dire ?
13:22Il ne faut pas infantiliser les gens.
13:24Les gens aiment.
13:25C'est chrétien, le partage.
13:27Dans la chrétienté, ce n'est pas l'État qui vient en fonctionner.
13:30C'est le partage.
13:32C'est une volonté personnelle.
13:34Je suis tout à fait pour la philanthropie.
13:36J'aime beaucoup le partage moi aussi.
13:38Il ne s'agit pas de forcer, ce n'est pas très chrétien.
13:41Les gens, il ne faut pas les infantiliser.
13:43Ça nous fait plaisir, c'est anthropologique.
13:45On aime recevoir ce qu'on a mérité.
13:47C'est clair.
13:48On n'aime pas se dire qu'on est assisté par quelqu'un d'autre.
13:51Vous parlez à des agriculteurs, qu'est-ce qu'ils vous disent ?
13:53Ils ne vous disent pas, je veux plus d'aide.
13:55Ils vous disent, je veux vivre de mon travail.
13:57Je me réveille à 5h le matin, je me couche à minuit le soir.
13:59Mon seul objectif, c'est de vivre de mon travail.
14:01Ça ne leur fait pas du tout plaisir de vivre d'aide.
14:04Vous êtes pour le libre-échange alors ?
14:06Le libre-échange, quand ça nous favorise, oui.
14:08Vous êtes favorable au libre-échange, si je comprends bien.
14:11Parce que tous les grands patrons sont favorables au libre-échange.
14:15Vous le savez bien.
14:16Moi, je ne suis pas un grand patron.
14:18Je ne suis pas du tout l'avocat des grands patrons.
14:20Moi, je suis une fille de commerçant.
14:22Je défends aussi l'épicier du coin de la rue
14:25qui doit remplir de la paperasse,
14:27qui doit se transformer soudain en expert comptable
14:29et en juriste au barreau de New York alors que ce n'est pas son métier.
14:31Je vous parlais de l'agriculteur.
14:33D'ailleurs, aujourd'hui, pendant que nous parlons,
14:35il y a la coordination rurale à Rungis
14:37qui font une très belle action et j'espère que les médias en parleront.
14:39Passons.
14:40Je défends aussi les agriculteurs
14:42qui sont soumis à des normes tellement extravagantes
14:44alors que le reste du monde...
14:46On parle du libre-échange.
14:47Par exemple, je suis complètement opposée au Mercosur.
14:49Vous voyez ce que je veux vous dire ?
14:51La liberté économique,
14:52ce n'est pas la liberté de mettre en concurrence
14:55nos travailleurs chez nous,
14:57nos agriculteurs, nos entrepreneurs,
14:59avec le monde entier,
15:00alors que dans le monde entier,
15:01ils sont libres à l'intérieur de leurs frontières.
15:03Ils ont moins de normes.
15:04Ils ont moins de régulations.
15:05Par conséquent, ils sont beaucoup plus compétitifs.
15:07Nous, on met des gens
15:09qu'on a soumis aux normes les plus élevées du monde,
15:11qui sont le peuple le plus taxé du monde,
15:13et soudain, on les met en concurrence.
15:15Plus de normes.
15:17Vous êtes d'accord ?
15:18Il faut supprimer les normes.
15:19Un maximum de normes.
15:20Entre la tyrannie et l'anarchie,
15:22il y a un monde.
15:23On n'est pas obligé d'avoir plus du tout de normes.
15:25D'accord, mais moins de normes.
15:26Beaucoup moins de normes, absolument.
15:27Beaucoup moins de normes
15:28avec, finalement, un libre-échange général et mondial.
15:31Alors, d'abord, il faut savoir,
15:32si on prend le sujet de l'agriculture,
15:34vous prenez le code rural,
15:35il y a 3300 pages dans le code rural.
15:37Pas un seul député ne l'a lu.
15:39Pas un seul.
15:40Et on va dire aux agriculteurs
15:41qui se lavent à 5h du matin
15:42et qui se couchent à minuit,
15:43nul n'est censé ignorer la loi.
15:45Ça, typiquement, il faut se fixer un objectif.
15:47Il faut une obligation de résultat pour le Parlement.
15:49Il faut dire, on veut que ce code rural
15:51diminue de moitié, par exemple.
15:53Et il faut se fixer un objectif.
15:55Que les parlementaires se disent que leur objectif,
15:57ce n'est pas de créer tous les jours plus de normes,
15:59mais déjà d'évaluer celles qui sont déjà là,
16:02de les supprimer,
16:03de réussir à voir avec les professions concernées
16:06en quoi ça leur pourrit la vie.
16:07Est-ce que c'est nécessaire ou pas nécessaire ?
16:09Est-ce que c'est trop ou pas ?
16:10Maintenant, pourquoi c'est la double peine
16:12d'être un agriculteur français aujourd'hui ?
16:14Parce que vous avez, je vous l'ai dit,
16:16les normes les plus élevées du monde.
16:17Mais vous avez aussi, au sein de l'Union Européenne,
16:19le pays le plus ailé de tout le continent
16:22pour les appliquer.
16:23Les surtranspositions, vous savez,
16:25à chaque fois qu'il y a une norme européenne
16:26qui arrive en France,
16:27les ministères français vont charger la barque
16:31encore ajouter des normes,
16:32encore ajouter des règles.
16:33Les contrôleurs vont être plus durs que partout ailleurs
16:36et donc notre pauvre agriculteur va se retrouver
16:38avec la concurrence la plus déloyale possible.
16:41Donc pour ces raisons,
16:42je finis juste parce que vous m'avez posé
16:44une question intéressante.
16:45Je pense que nos agriculteurs ont le talent,
16:48la capacité, la terre, la plus belle du monde,
16:51c'est une patriote qui vous dit ça,
16:53mais le monde entier est d'accord.
16:54On le pense tous.
16:55On le pense tous et même à l'étranger,
16:56ils le pensent tous.
16:57On est capables d'être les plus compétitifs du monde.
16:59Les agriculteurs français n'ont pas peur du libre-échange.
17:01Mais on est capables de beaucoup, pardon,
17:03de réussir les Jeux Olympiques d'une manière parfaite,
17:07de réussir une reconstruction de Notre-Dame
17:12exceptionnelle en 5 ans et demi.
17:14Magnifique, on est capables de beaucoup.
17:16On est un grand peuple.
17:17C'est la grandeur de la France.
17:18C'est la grandeur de la France.
17:19On est un grand peuple
17:21et ce qui est frappant,
17:22c'est que malgré tous les bâtons dans les roues,
17:24malgré toutes les contrariétés du quotidien,
17:26on reste un grand peuple.
17:27Quand on voit l'intelligence française,
17:29on prend le sujet de l'intelligence artificielle.
17:31Quand vous voyez à quel point aujourd'hui,
17:33je vous l'ai dit,
17:34on est le peuple le plus taxé du monde,
17:35on a les cerveaux qui veulent partir
17:37et pourtant on arrive à créer des génies,
17:40vraiment des génies.
17:41Vous regardez Mistral.ai,
17:42vous regardez ce qu'on arrive à faire en France
17:43et vous vous dites,
17:44c'est quand même fou ce peuple
17:45à qui on met des bâtons dans les roues tout le temps
17:47et qui arrive.
17:48Donc ils ne sont pas tous partis.
17:49Donc ils ne sont pas tous partis
17:50et le risque c'est qu'ils partent,
17:51vous voyez Mistral.ai typiquement.
17:52Ils sont en train de se rattacher à Microsoft
17:54et ça c'est dommage.
17:55Ils ne sont pas tous partis
17:56mais ils sont en train de le faire.
17:57Quand on voit aujourd'hui
17:58qu'on n'arrive pas à voter un budget,
17:59pardonnez-moi, j'y reviens une dernière fois,
18:01est-ce que ça donne envie aux gens de rester ?
18:03Est-ce que ça donne envie ?
18:04– Sarah Knafo,
18:05le pape ne vient pas à Notre-Dame.
18:07Est-ce que le pape aujourd'hui
18:09c'est finalement le porte-parole du Sud global ?
18:12– On a l'impression.
18:13– En quelque sorte.
18:14Face à l'Occident, face à…
18:16– C'est une bonne question.
18:17– Oui, c'est une bonne question.
18:19Notre-Dame c'est peut-être l'église d'avant pour lui.
18:21– C'est une bonne question.
18:22On a même l'impression que l'Europe,
18:23c'est le monde d'avant pour lui.
18:25On a un pape qui est d'Amérique latine
18:27et c'est vrai qu'on a parfois l'impression
18:29qu'il trouve l'Europe dépassée,
18:31que l'Europe n'est plus à son goût,
18:33qu'il veut miser sur d'autres continents.
18:37Je ne sais pas vous l'expliquer.
18:39Je pense que si je connaissais mieux sa vie,
18:42son enfance, ses lectures, je comprendrais mieux.
18:45Mais on a tous cette impression en effet
18:47qu'il déconsidère l'Europe.
18:49– Le pape c'est la charité.
18:51– Ça devrait.
18:53– Ça ne l'est pas.
18:55– Pour l'Europe, non.
18:57– Aujourd'hui, le pape ce n'est pas la charité chrétienne.
19:00– La charité, y compris dans le christianisme,
19:02ça n'est pas le suicide.
19:04Et quand vous voyez que l'Europe est charitable…
19:06– Le pape participe au suicide de l'Occident.
19:08– Le pape ne participe pas au relèvement de l'Europe.
19:10En effet, vous le disiez tout à l'heure.
19:12– Et de la civilisation européenne.
19:14– Tout à fait.
19:15– Le pape est en train de participer au suicide
19:17de la civilisation européenne, c'est ce que vous dites.
19:19– Il ne participe pas à son relèvement.
19:21– Mais il ne participe pas à son relèvement,
19:24je renverse la question.
19:26Il participe à son suicide.
19:28– Non, je n'irai pas jusque-là.
19:30– Ah bon, c'est un peu ce que vous laissez entendre.
19:32– Il ne participe pas à son relèvement, non.
19:34Mais regardez, quand vous avez une situation
19:36qui est tellement grave aujourd'hui sur le sol européen,
19:38c'est-à-dire que ça fait des décennies
19:40qu'on accueille le monde entier,
19:42qu'on aide le monde entier, à l'extérieur
19:44comme à l'intérieur de nos frontières.
19:46La France, c'est devenu la cave du monde entier.
19:49– On ne va pas entrer dans ce débat,
19:51parce qu'on n'a pas le temps malheureusement.
19:53– On regarde l'aide publique au développement
19:55de tout le continent européen, et on se dit,
19:57c'est vrai que l'Union Européenne, l'Europe, la France,
19:59a tendance à beaucoup aider le reste du monde.
20:01Et quand on regarde ce qui se passe chez nous,
20:03je vous donne un exemple, la France est trois fois
20:05plus endettée que tout le continent africain.
20:07Exemple frappant.
20:09Et pourtant, on continue de les aider.
20:11Au bout d'un moment, est-ce qu'il ne faudrait pas se dire,
20:13maintenant, on va se focaliser sur nous.
20:15On a un devoir de puissance nationale.
20:17Il faut se reconstruire avant de prétendre
20:19à aider le monde entier, à rayonner sur la planète entière.
20:22Est-ce qu'on ne se dirait pas, maintenant,
20:24c'est un grand moment de reconstruction.
20:26Je vous parlais tout à l'heure du général De Gaulle.
20:28Est-ce que ce n'est pas le moment de dire aux Français,
20:30on va se retrousser les manches, on va redevenir
20:32la première puissance du continent européen.
20:34On en a tous les moyens. Vous avez parlé de Notre-Dame.
20:36Je vous ai parlé de l'intelligence artificielle.
20:38On a l'intelligence chez nous.
20:40On a une énergie nationale qui est impressionnante.
20:42Des gens qui continuent de travailler,
20:44qui continuent de se lever le matin,
20:46qui continuent d'innover. Est-ce qu'il ne s'agirait pas
20:48de les aider ? Et ça, ce n'est pas libéral.
20:50C'est du bon sens.
20:51J'ai quand même une dernière question, Sarah Knafo.
20:53Je reviens sur le pape, parce que ça m'a frappé ce que vous disiez.
20:55Est-ce que le pape est un adversaire
20:57de la civilisation occidentale ?
20:59Non, pas du tout. Moi, je répondais à votre question
21:01qui disait, est-ce qu'il a pris le parti du Sud ?
21:03Non, pas du tout. D'ailleurs, c'est vous
21:05qui parliez du pape en disant, il prend le parti du Sud global.
21:07Je vous dis que c'est une très bonne question.
21:09C'est une bonne question, mais j'ai pas envie
21:11d'attaquer le pape. Vous voyez ce que je veux dire ?
21:13Moi, je vous dis aujourd'hui,
21:15une autorité morale comme celle du pape,
21:17ça serait d'un soutien précieux
21:19pour tout le relèvement
21:21de l'Europe. Je remarque qu'il n'est pas
21:23ce soutien précieux. Ça ne veut pas dire
21:25qu'il veut tuer l'Europe. Vous voyez ce que je veux dire ?
21:27On peut avoir un tout petit peu de mesure quand même dans ses propos.
21:29Merci Sarah Knafo.
21:31Merci Jean-Jacques Bourdin.
21:33Sur l'antenne de Sud Radio, il est 8h57.
21:35Patrick Roger, juste après les infos.