Avec Frédéric Dabi, directeur général de l'IFOP
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##LES_GRANDES_PREOCCUPATIONS_DU_MATIN-2024-12-23##
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NewsTranscription
00:00C'est l'heure de retrouver Frédéric Dhabi, directeur général Opinion de l'IFOP.
00:08Bonjour Frédéric.
00:09Bonjour Maxime.
00:10Bonjour à tous.
00:11On vous retrouve pendant toutes ces vacances pour s'intéresser aux grandes préoccupations
00:14des Français.
00:15Et pour commencer la semaine, on ne peut pas ne pas s'intéresser à ce qui a monopolisé
00:19la vie politique française ces derniers mois, c'est-à-dire finalement les nouveaux gouvernements,
00:24la potentielle crise parlementaire, est-ce que c'est la fin de la cinquième ? Toutes
00:28ces questions qui reviennent en boucle, deux premiers ministres en très très peu de temps,
00:31une motion de censure, est-ce qu'on est à fond dans une crise politique Frédéric Dhabi
00:36et qu'en pensent les Français surtout ?
00:37Oui, clairement on est dans une crise du politique jamais vue sous la Ve République où traditionnellement
00:42Maxime, nos institutions étaient un élément de réassurance fort.
00:46Quand on interroge les Français, c'était une enquête IFOP West France sur les événements
00:49qui les ont les plus marqués en 2024, la dissolution arrive en tête, devant même
00:54les Jeux Olympiques.
00:55Il n'y a pas de crise politique…
00:56Avant les Jeux Olympiques.
00:57C'est vraiment très fort.
00:58Avant les Jeux Olympiques.
00:59Alors, c'est vrai qu'il n'y a pas de crise politique à travers sa manifestation
01:03traditionnelle, c'est-à-dire l'abstention.
01:04Les Français, vous vous en souvenez, ont voté assez fortement aux élections européennes.
01:09Ce sont des procords de participation pour eux des européennes.
01:12Depuis très très longtemps, peut-être pas les années 70, mais en tout cas on avait
01:15inversé le phénomène abstentionniste aux élections législatives.
01:18Bien sûr, événement de l'année pour les Français, cette dissolution qu'est
01:22l'acte peut-être de rupture absolue entre les Français et Emmanuel Macron, ils n'ont
01:25pas compris cette décision.
01:26Les Français, par inquiétude, par mobilisation, pour soutenir telle ou telle force, pour empêcher
01:31le RN, le NFP ou le bloc central de gagner, ont voté fortement.
01:35Mais la crise politique, qu'est-ce que c'est aujourd'hui Maxime pour moi ? C'est
01:38que, moins que jamais, les Français ont le sentiment que le politique, à l'échelle
01:43nationale, a la capacité de changer la vie, de transformer le quotidien, de résoudre
01:49les problèmes.
01:50Traditionnellement, le vote, c'est une sorte de contrat entre des représentants
01:54et des représentés.
01:55En échange de mon vote, au national, un élu, un premier ministre, un président,
02:00un gouvernement.
02:01Et ce contrat s'effrite en ce moment.
02:02Ce contrat s'est même effondré.
02:03Moi, j'ai théorisé depuis le 7 juillet ce que j'appelle l'éclipse du politique.
02:08C'est-à-dire que les Français ont vu cette chambre introuvable, il y a eu les vacances,
02:12les Jeux Olympiques, un moment très long de formation du gouvernement Barnier, un gouvernement
02:18qui est arrivé assez tardivement, je fais tout le film, qui a été renversé au bout
02:22de trois mois.
02:23Les Français vivent bien sans politique.
02:25Ils ont l'impression que le politique à l'échelle nationale n'existe plus.
02:28Ils connaissent à peine les ministres.
02:30Alors, la nature, Maxime, ayant horreur du vide, les Français s'intéressent surtout
02:35aux politiques locaux, aux élus locaux, aux maires qui, eux, parviennent à réenchanter
02:40cette promesse du politique.
02:41Avec des actions concrètes dans la vie du quotidien.
02:43Exactement, du concret.
02:44Je change la vie, je transforme votre quotidien.
02:46On est, dans notre livre avec Brice Socol, on le montre, on est sur une étanchéité
02:51absolue entre sphère politique nationale, le théâtre de l'impuissance, des promesses
02:57non tenues, de la déconnexion entre le national et les préoccupations des Français, et une
03:02sphère locale qui est célébrée comme jamais.
03:05On le voit dans les enquêtes de l'IFOP, notamment celle qui a été publiée pendant
03:08le congrès des maires.
03:09Mais Frédéric David, directeur général opinion de l'IFOP, sur ce sujet de la crise
03:12politique, on l'entend souvent sur les plateaux, y compris ici, à ce micro-dessus de radio,
03:16personne n'a gagné les élections.
03:17Est-ce que c'est vraiment quelque chose qu'on peut dire ? On a l'impression que les politiques
03:20justifient ça pour, on va dire, ajouter du chaos au chaos.
03:24Or, les Français, vous l'avez rappelé, se sont mobilisés en masse, 11 millions pour
03:27le Rassemblement National, près de 8 millions pour le NFP.
03:30Alors, est-ce que cet argument, dans l'opinion, tient, marche, l'idée de dire que personne
03:34réellement a gagné ?
03:36J'ai envie de dire que oui, le narratif qu'a imposé, avec beaucoup d'habileté, l'FI, le
03:42Nouveau Front Populaire, dès le 8 juillet, le NFP a gagné l'élection, est en droit
03:48de former un gouvernement, ça n'a jamais pris dans une majorité de Français.
03:52Le NFP est arrivé en tête, mais il lui manque, excusez-du-peu, 90 sièges pour avoir une majorité
03:57absolue.
03:58Le RN a gagné le premier tour, comme il avait gagné les élections européennes, mais il
04:03a été, je dirais, submergé par le Fonds Républicain.
04:06Il y a peut-être un perdant réel, c'est le Bloc Central, même si, quand on se met
04:10loin de la big picture, comme on dit, on voit des trois blocs qui sont relativement équivalents,
04:15mais c'est vrai que le drame est tout par-delà.
04:17C'est pour ça que les Français citent la dissolution comme « Momentum » majeur de 2024.
04:23Le drame, c'est cette Chambre introuvable qui est sortie des urnes le 30 juin et surtout le 7 juillet.
04:29Et pour le mot de la fin sur ce sujet de la crise politique, Frédéric Dhabi, est-ce
04:32que les Français veulent de nouvelles élections impérativement ou est-ce qu'ils veulent changer
04:36de régime ?
04:37C'est-à-dire qu'est-ce qu'ils veulent impérativement retourner aux urnes ?
04:39On parle beaucoup de présidentielle anticipée, potentiellement de dissolution dans les semaines,
04:43dans les mois à venir, ou en tout cas d'ici l'été, est-ce que ça c'est ce que veulent
04:46les Français ?
04:47J'ai envie de dire non.
04:48Les Français veulent de la stabilité, sortir de cette incertitude de gouvernements qui
04:52sont formés, qui tombent aussi vite qu'ils sont arrivés.
04:54Quatre premiers ministres, Maxime, en 2024, c'est du jamais vu, soit à cinquième voire
04:59soit à quatrième république et surtout, en dépit du rejet très fort d'empathie
05:03Emmanuel Macron, jamais ou très rarement les Français spontanément évoquent sa démission.
05:07Merci beaucoup Frédéric Dhabi.
05:09Je rappelle que pour poursuivre la conversation, on peut vous retrouver en librairie aux éditions
05:13de l'Aube.
05:14Parlons-nous tous la même langue avec votre co-auteur Brice Socol, comment les imaginaires
05:18transforment la France et on vous retrouve demain, même heure, même antenne.