• il y a 11 heures
Avec Benjamin Morel, politologue et maître de conférences en droit public à l'Université Paris II

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Benjamin Morel, politologue, maître de conférences en droit public à l'Université Paris 2 à Sasse.
00:09Bonjour, exactement.
00:11Benjamin Morel est avec nous, notre invité ce matin.
00:13Benjamin, vous avez attentivement suivi l'intervention de François Bayrou.
00:18Alors, évidemment, François Bayrou essaie d'avancer en évitant tous les écueils, il essaie d'avancer politiquement.
00:27On reviendrait sur le fond, sur la réforme des retraites.
00:29Mais il essaie d'avancer politiquement, c'est ce qu'il a fait hier.
00:32Il essaie d'avancer, et pour tenter d'avancer, il doit essayer de maintenir une forme de majorité.
00:37Cette majorité, il faut arriver à la fois à bétonner son socle commun, autrement dit les macronistes et les LR,
00:42et de l'autre côté à l'élargir.
00:44D'où les mains tendues par socialistes, d'où les mains tendues au RN.
00:47Mais ces mains, et on reviendra sur le fond, ces mains ont été excessivement floues.
00:51Et donc aujourd'hui, tant pour le Rassemblement National que pour les socialistes ce matin,
00:55il est compliqué de dire qu'on ne censurera pas, tout bêtement,
00:58parce que les promesses n'engagent que ceux qui y croient.
01:00Et quand les promesses qui plus est sont floues, il n'y a pas grand monde qui y croit.
01:03– Oui, il n'y a pas grand monde qui y croit.
01:05Le RN ne censurera pas dans un premier temps.
01:08Le RN attend le budget, donc pas de censure demain.
01:12Demain, il y a motion de censure qui sera discutée,
01:15motion de censure de lfi qui sera discutée à l'Assemblée.
01:18– Je vous reprends, pas que de lfi, et c'est ça qui est peut-être intéressant.
01:20– Ah, pas que de lfi.
01:21– Exactement, quand on va discuter tout à l'heure de la gauche,
01:23c'est-à-dire que si jamais ça avait été une motion de censure à lfi,
01:26on aurait lfi, on aurait le PS qui tend la main,
01:28et entre les deux, une forme de marée.
01:30Là, la motion de censure, c'est une motion lfi, PC, vert.
01:33Et donc on voit que les socialistes sont particulièrement isolés
01:36dans leur démarche de tendre la main.
01:38Et ça, ça veut dire qu'électoralement,
01:40si jamais ils devaient repartir pour les municipales
01:44ou pour une dissolution seuls, ils sont morts.
01:46Et donc vous comprenez la pression aujourd'hui sur les socialistes.
01:49– D'ailleurs, j'en ai prévention, mais la pression !
01:51– Exactement.
01:52Si demain, à Montpellier, à Nantes, à Rennes, à Marseille,
01:55dans des mairies socialistes, vous avez uniste, gauche, unie,
01:58lfi, PS, PC, et de l'autre côté des socialistes,
02:01ça veut dire que ces mairies peuvent tomber.
02:03Or, il faut voir la pression électorale aujourd'hui sur le parti socialiste.
02:06On explique les positions très rétibles d'Olivier Faure ce matin,
02:09par également ce point.
02:10– Oui, parce qu'il y a des municipales qui se profilent,
02:12et peut-être des législatives à l'été.
02:14– Exactement.
02:15– Bien, ça c'est une chose politique.
02:17Mais les Français veulent des réponses pratiques.
02:20Dans la politique, ils s'en éloignent.
02:22Et les réponses pratiques sur les retraites, on n'en a pas vraiment eu.
02:26Il a envoyé la patate chaude,
02:28si ce que disait Jean-François Aquilier tout à l'heure,
02:30qui est avec nous, aux partenaires sociaux.
02:32Bon, c'est à eux de se débrouiller.
02:35– C'est à eux de se débrouiller, mais dans un cadre
02:37qui est un cadre qui peut difficilement satisfaire la gauche et les syndicats.
02:40Pourquoi ?
02:41Parce qu'en fait, vous donnez trois mois pour négocier.
02:43Au bout de ces trois mois, qu'est-ce qui se passe ?
02:45Soit vous débouchez, auquel cas vous avez une nouvelle réforme des retraites
02:48qui serait peut-être plus consensuelle.
02:50Soit vous ne débouchez pas et on revient à la position et à la réforme borne.
02:54Que va faire le patronat ?
02:55Il va dire, j'ai rien à perdre à l'échec de ces négociations.
02:58Que vont dire les syndicats ?
03:00En fait, les négociations sont déséquilibrées.
03:02Que disent les socialistes ?
03:03Vous nous demandez de ne pas censurer sur le budget,
03:06de faire passer votre budget pour des négociations
03:08qui nécessairement vont échouer parce qu'il y a un parti
03:11qui n'a absolument pas intérêt à céder quoi que ce soit,
03:13en l'occurrence les syndicats patronaux.
03:15Donc par définition, c'est un jeu de dupe.
03:17Et ce jeu de dupe, l'habilité de la ficelle est modérée
03:21parce qu'en fait, elle se voit quand même très très fort.
03:23Oui, elle se voit bien la ficelle.
03:25Bon, on est en moins, il essaie d'avancer.
03:27Il faut que le pays avance maintenant.
03:29Le fond du problème, et on parlait de natalité tout à l'heure,
03:32le fond du problème, c'est que comme les Françaises et les Français
03:36font de moins en moins d'enfants, il y aura de moins en moins de cotisants
03:39pour payer les retraites futures.
03:41Et ça, c'est une réalité.
03:43La dénatalité va peser sur toutes ces questions sociales.
03:47C'est une réalité et on court en matière de retraite, je dirais, contre le temps.
03:51Parce que plus vous rentrez, je dirais, plus vous avancez,
03:55plus vous avez un déséquilibre qui va être inhérent à ce régime de retraite.
03:58Et ça, tout le monde le reconnaît, à gauche ou à droite.
04:00La question, c'est quelle solution ?
04:01Et donc vous avez augmenté les cotisations,
04:03augmenté le temps de travail, etc.
04:05Et l'objectif de François Bayrou hier,
04:07qui fait un peu un cours au début,
04:09qui explique qu'il y a un déficit, etc.
04:11Il est d'accord sur le montant du déficit,
04:13mais malgré tout, il essaye comme ça de poser le problème
04:16pour ensuite envisager les solutions.
04:18C'est de prendre les Français à témoin de cette question-là.
04:21Et ça, pédagogiquement, ça peut être assez intéressant,
04:23c'est le prof qui parle.
04:24Le problème, c'est que François Bayrou n'est pas responsable devant l'opinion,
04:27que de toute façon, l'opinion s'est cristallisée contre lui
04:30et contre cette réforme depuis bien plus longtemps.
04:33Il est responsable devant les députés.
04:35Ces députés, on l'évoquait, ils ont des intérêts électoraux
04:37et c'est ça qui peut le faire tomber.
04:38Qu'est-ce que vous en pensez, Jean-François Kélly ?
04:41Je vous dirais que dans 5 jours, nous avons l'arrivée,
04:44on va dire, tonitruante d'un monsieur Trump
04:47et son ami Elon Musk.
04:49Ça y est, ils prennent les rênes de l'Amérique.
04:51Une Amérique qui va devenir de plus en plus attractive.
04:53Elle est redevenue attractive en termes d'investissement,
04:57d'industrie et tout le reste, et d'influence mondiale.
04:59Et nous, nous sommes là, de façon minuscule,
05:02à batailler pour des, on va dire, des descrutins
05:07qui sont là dans 2 ans, dans 1 an, dans 2 ans.
05:10Est-ce que la France peut se permettre, au sein de l'Europe,
05:12de tenir encore 2 années comme ça,
05:15dans un immobilisme qui est mortifère ?
05:17C'est-à-dire qu'il faut que ce pays avance.
05:19Les Français attendent, c'est ce qu'a dit François Bayrou hier,
05:21il avait raison pour le coup, de la stabilité.
05:23Et les formations politiques se refusent à, on va dire,
05:26céder un pouce de terrain parce que, vous l'avez si bien dit,
05:29les calculs électoraux sont là.
05:31Ils priment, le pays est immobile pendant ce temps.
05:33– Benjamin Morel, vous êtes d'accord ou pas ?
05:36– Benjamin Morel qui est un peu oiseau de mauvaise augure.
05:38– Oui voilà, j'ai un côté un petit peu oiseau de mauvaise augure.
05:40Je suis à la fois d'accord et en même temps…
05:41– Mais vous décrivez une situation en fait.
05:42– Exactement, et en même temps c'est complexe, c'est-à-dire que,
05:44on dit beaucoup, les partis politiques ne veulent pas s'entendre.
05:47Mais en fait, c'est l'opinion qui est clivée.
05:49C'est leurs propres électeurs, les partis suivent leurs électorats.
05:51Je cite souvent une enquête, qui était une enquête au DOXA,
05:54avant le premier tour des législatives.
05:5547% des Français voulaient voter contre le NFP, 44% contre Emmanuel Macron,
06:0041% contre le RN.
06:01Bilan de ces élections, c'est un concours d'épouvantail.
06:04Aujourd'hui, vous interrogez les centristes et vous disent,
06:06on veut l'Union Nationale, mais pas avec les mélenchonistes
06:08et pas avec les lupénistes.
06:09Vous interrogez l'électorat RN, pas la gauche, et puis pas les macronistes.
06:14Vous plaisantez, vous interrogez la gauche, les macronistes,
06:16ces gens qui ont porté la réforme des retraites, jamais.
06:18Le RN, évidemment non.
06:20Et donc, on a trois pays, et ces trois pays conditionnent
06:23un paysage politique qui est fondamentalement clivé.
06:25Si les macronistes, demain, tendaient la main aux mélenchonistes,
06:28ils seraient électoralement morts.
06:30Comme les mélenchonistes, qui tendraient la main aux macronistes.
06:32– Mais reconnaissez que ça manque de vision, tout ça.
06:34– Ça manque de vision.
06:35– Oui, d'accord, oui, les politiques sont à l'image de ceux qui les élisent,
06:38mais ça manque de vision globale.
06:39– Et de l'autre côté, si jamais vous êtes, on dit beaucoup,
06:42les socialistes sont dans des calculs électoraux,
06:44mais si demain, vous êtes le parti socialiste,
06:46et que vous tendez la main aux macronistes, qu'est-ce qu'il se passe ?
06:49– Oui.
06:50– Vous faites Harakiri, et qui incarne la gauche de main ?
06:53Jean-Luc Mélenchon.
06:54Et donc, vous sacrifiez le court terme pour vous,
06:57vous sacrifiez au court terme, le long terme.
07:00Et donc, c'est cette situation stratégique,
07:02c'est des vrais dilemmatiques qui se posent aujourd'hui aux politiques,
07:05et qui fait qu'on n'avance pas.
07:06– Bien, Benjamin Morel, vous restez avec nous,
07:08Jean-François Kélly aussi, il est déjà 8h21, à tout de suite.

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