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Avec Maitre David Metaxas, avocat en droit pénal

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2025-02-04##

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Transcription
00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04— Avec nous, maître David Métaxas, qui est avocat en droit pénal. Maître Métaxas, bonjour. — Bonjour.
00:10— Merci d'être avec nous. Vous êtes notamment l'avocat d'Edgardo Greco, membre présumé de la puissante mafia calabrèse.
00:18Greco avait fui octobre 2006 après s'être échappé lors d'une garde à vue en Italie. Il vivait en France.
00:26On se souvient de l'histoire. Sous le nom d'emprunt Paolo Dimitrio, il avait ouvert une pizzeria... Vous m'arrêtez.
00:33Si je dis des bêtises, il a été arrêté à Saint-Étienne le 2 février 2023 après 16 ans de cavale. C'est bien cela, maître Métaxas ?
00:40— C'est tout à fait ça. Ça fait 2 ans qu'il est incarcéré dans les environs de Lyon en vertu du mandat d'arrêt européen
00:47délivré par l'Italie. — Bien. Il est incarcéré dans les environs de Lyon. Il pourrait, s'il était transféré en Italie,
00:56rejoindre le centre pénitentiaire de Rebibia près de Rome, là où se trouvait Gérald Darmanin hier. Alors ce centre... Oui, allez-y.
01:05— C'est même quasiment une certitude. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il est impliqué dans 3 homicides
01:12qu'ils contestent, hein, mais peu importe. Il a été condamné pour cela. Et effectivement, c'est le lieu de destination.
01:17Et c'est pour ça que l'Italie réclame à corps et à cri depuis 2 ans son extradition. — Voilà. Son extradition.
01:23C'est vrai que son arrestation avait fait grand bruit. On se souvient, hein. À Saint-Étienne, il travaillait tranquillement
01:28dans cette pizzeria quand on a découvert qu'il était un ancien de la mafia calabrèse qui domine le marché de la vente de cocaïne en Europe,
01:41dite maître Metaxas. Est-ce que vous connaissez cette prison de Rebibia, ce centre pénitentiaire ?
01:48— Alors moi, j'ai jamais eu l'occasion d'y aller, mais j'en ai entendu parler par des clients et par des confrères italiens.
01:53C'est un enfer carcéral. — Un enfer carcéral, c'est-à-dire ? — Un enfer carcéral. Disons que les détenus sont soumis à un isolement complet.
02:03Ils ont droit à 1 heure de sortie pour respirer dehors par jour. Ils n'ont aucun contact pour certains avec l'extérieur.
02:13À quelques exceptions près, ils ont des parloirs hygiaphones filmés, enregistrés. Ils ont des coups de téléphone une fois par mois enregistrés.
02:23Ils sont soumis donc à un isolement absolu. Et ils deviennent fous. Pour ce que j'ai pu constater, après des années d'isolement,
02:32l'homme qui est rentré en prison n'est évidemment pas le même que celui qui en sort. — Oui. 2 heures à l'air libre dans un groupe
02:40ne pouvant pas dépasser 4 détenus soigneusement choisis. Vous le disiez, un seul entretien par mois avec des membres de leur famille
02:47derrière une paroi de verre. Et cet entretien est enregistré par les autorités carcérales. Un appel téléphonique par mois.
02:56Les sommes d'argent et autres biens que les détenus peuvent recevoir, c'est extrêmement limité. Et les gardes sont choisis.
03:04— Les surveillants pénitentiaires appartiennent à un groupe spécial de la police pénitentiaire. — Avec des rotations régulières tous les 3-4 mois
03:15pour éviter que les détenus puissent créer des liens avec ces surveillants-là, étant précisé, bien sûr, qu'il n'y a plus d'inhumanité.
03:24En fait, moi, je comprends les exigences de répression pénale. Mais la contrepartie, c'est qu'on crée des prisons qui sont absolument inhumaines.
03:33— Il s'agit aussi de les convaincre, en raison de ces conditions bien pénibles, de devenir des collaborateurs de justice, des repentis.
03:42— C'est exactement ça. En fait, l'objectif, c'est de les faire craquer. Mais entre nous, entre nous, je sais que les ONG dénoncent le traitement.
03:51À juste titre, ça ressemble à une forme de torture psychologique. Sincèrement, c'est comme ça que moi, je perçois les choses.
03:58Et ça, dans nos déclarations des droits, c'est pas prévu. Bien sûr qu'il faut de la réinsertion, favoriser la collaboration.
04:06Mais la dérive majeure pour moi, c'est qu'en Italie, la drangheta que je connais bien, puisque c'est pas le premier gréco que je défends,
04:15ce sont des institutions qui sont créées avec... C'est culturel, avec un mode de fonctionnement. J'ai tendance à penser qu'en France,
04:23on n'a pas besoin de fantasmer les choses. On n'en est juste pas encore là. On parle de jeunes de banlieue, hein, en France.
04:30Ce sont des gamins. Ils ont une vingtaine d'années, certes armés de Kalachnikov. Et je parle notamment de l'attaque d'Amra.
04:37Ce sont des jeunes. — Oui, qui a tué deux surveillants pénitentiaires, je le rappelle, hein.
04:41— Bien sûr. Et toute la difficulté... — Lorsqu'il a été libéré. — On n'est pas dans la même culture. On n'est pas dans la même culture.
04:49— Sauf que, pardon, au-dessus de ces jeunes, il y a de gros narcotrafiquants. Ça existe, M. Metaxas, qui inondent la France de cocaïne.
04:59— M. Bourdin. M. Bourdin. C'est faux. C'est faux. On voudrait se représenter des choses comme en Italie.
05:05Là, vous prenez exemple sur le modèle italien. Je vous assure, par expérience, 22 ans de pratique judiciaire, ça a été vrai, ce que vous dites.
05:12Mais la DZ mafia, puisqu'on parle énormément de ça, la DZ mafia, ce sont des jeunes de 20 ans.
05:18Regardez le profil des caïds de la DZ mafia incarcérés. Vous allez tomber de votre chaise. Ce sont des jeunes de 20 ans.
05:26C'est fini, les caïds, comme Darmanin le présente. Ça, c'est terminé. Ils sont tous tombés. Soit ils sont morts – et je sais de quoi je parle –,
05:34soit ils sont en détention. Les jeunes qui tiennent le haut du pavé, ce sont des jeunes. Et je pense que la réponse italienne n'est pas appropriée.
05:43— Il n'y a aucun réseau conduit de l'étranger, aucun réseau criminel de trafiquants en France conduit de l'étranger, Dubaï ou ailleurs. Vous êtes formel.
05:55— Alors je suis formel. Et je vous explique. En fait, les réseaux étrangers servent à alimenter les réseaux français, qu'il s'agisse d'armes ou de produits stupéfiants.
06:05Là-dessus, vous avez raison. Il y a des connexions avec l'étranger. Mais ceux qui tiennent les réseaux sont obligés d'être corps présents.
06:12Vous pouvez pas tenir un réseau sans être présents. Je vous assure que c'est pas possible. Alors par contre, il y a des personnes exilées à Dubaï, aux Émirats arabes unis,
06:20qui, elles, ont tiré des gains substantiels du trafic de produits stupéfiants mais qui, généralement, se sont mis au vert, mais qui ont du mal à tenir les réseaux
06:30sans être présents. Quand vous êtes sur des réseaux de quartier – parce que généralement, c'est ça avec des territoires de stupéfiants –,
06:36croyez-moi, si vous tenez pas le territoire, on vous l'enlève. Ça se passe comme ça dans le banditisme. Donc ils peuvent pas gérer ça de loin.
06:44Ils tirent des subsides. Il peut y avoir des accords. On se cède les terrains de stupéfiants. C'est comme ça qu'ils arrivent à construire des patrimoines
06:52et par la suite à partir. Mais tenir le terrain, il faut être sur place. — Maître Metaxas, dernière question. Gérald Darmanin veut transposer
07:00l'exemple italien en France. Il veut ouvrir un centre pénitentiaire semblable. Un centre pénitentiaire semblable, est-ce que vous savez où ?
07:09— Non. Pour l'instant, c'est un secret. Mais c'est quelque chose qui effraie beaucoup, qui effraie ceux qui vont être concernés par ça, leurs familles.
07:17Moi, je dis pourquoi pas. Qu'on s'inspire de l'exemple italien, d'accord. Je pense qu'il y a des bonnes choses à prendre, notamment couper les relations
07:24entre ces personnes-là et leur environnement extérieur. Ça, je pense que c'est bien. Mais pas tout. Pas tout. C'est pas notre culture.
07:33— Bien. Merci beaucoup, maître Metaxas. Merci. C'est passionnant. On pourrait discourir des heures.

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