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00:00Bonjour Marie-Lise Léon, il semble acquis ce matin, depuis quelques secondes, la confirmation
00:11avec ces dernières déclarations du Rassemblement National, que le gouvernement ne sera pas censuré
00:16après de longues négociations sur le budget, le déclenchement du 49-3 hier sur les deux
00:22budgets de l'État et de la Sécurité Sociale, est-ce que c'est une bonne nouvelle que le
00:28gouvernement de François Bayrou poursuive son parcours, est-ce que c'est une bonne
00:32nouvelle pour la France d'abord ? Je pense que c'est une attente de beaucoup de travailleurs
00:36et de travailleuses, moi j'en rencontre régulièrement qui me disent mais qu'est-ce qui se passe
00:40politiquement, depuis la dissolution on n'y comprend plus rien et surtout on n'a pas l'impression
00:44que les responsables politiques s'occupent de nos problèmes, donc oui qu'il y ait une
00:48stabilité c'est une bonne chose, qu'il y ait un budget également, même si il ne répond
00:53certainement pas aux attentes et aux ambitions qu'il faudra avoir aujourd'hui. On va en parler
00:55en tout cas la France, selon vous, ne pouvait pas se permettre une nouvelle censure ? Alors moi je
01:00ne suis pas une responsable politique, moi en tant que syndicaliste ce que j'observe sur les
01:04lieux de travail c'est que la situation politique elle génère énormément d'inquiétudes et ça a des
01:09impacts économiques sur la façon dont les entreprises fonctionnent, donc c'est une bonne
01:16chose effectivement, je pense qu'il y ait une continuité politique et qu'on puisse sortir de
01:23cet immobilisme parce qu'il y a quand même des attentes énormes du côté du monde du travail
01:27auquel il n'y a pas encore de réponse et il y a beaucoup d'impatience. Et sur le fond ce budget
01:33vous le jugez, comment vous dites, c'est un bon budget, vous dites c'est du bricolage, vous dites
01:38c'est un mal nécessaire ? C'est un mal nécessaire qu'on ait un budget, il faut un budget puisqu'on
01:42voit que l'immobilisme il passe aussi par le fait qu'il y a beaucoup de choses en suspens, je pense
01:47à des milliers de jeunes qui sont en service civique, qui au mois de janvier se retrouvent
01:51sur le carreau parce qu'on leur dit il n'y a pas de budget, on ne peut pas vous rémunérer alors
01:55que vous avez rempli votre part du contrat. Socialement c'est un budget qui est injuste et
02:01c'est un budget qui n'a aucune ambition écologique et je pense que ça c'est un problème pour les
02:07années à venir parce qu'on sait que ce qu'on n'investit pas aujourd'hui en matière écologique
02:11on le paiera plus cher plus tard, donc c'est un budget qui répond d'abord à des arrangements
02:19politiques qui n'a pas pu faire l'objet véritablement de discussions et de partages de
02:27visions de ce que les différentes forces politiques veulent pour le pays et ça je pense que c'est un
02:32problème, un grand problème parce que moi depuis quelques mois, depuis la dissolution, tout le
02:37monde en appelle à la responsabilité mais tout le monde est d'accord pour que ce soit la
02:40responsabilité des autres qui soit engagée et ça c'est une grande difficulté aujourd'hui. Vous dites
02:45qu'il est socialement injuste, les socialistes disent en tout cas avoir obtenu des concessions,
02:50la non suppression des 4000 postes à l'éducation nationale, la hausse, des hausses même dans
02:56certains budgets dont la santé et même tout ça a un coût financier, ce coût financier c'est
03:045 milliards d'euros, c'est François Bayrou lui-même qui l'a évalué alors qu'on a un déficit abyssal.
03:10Je ne dis pas que les discussions n'ont pas permis d'avoir un certain nombre d'avancées,
03:14vous soulignez la question des 4000 postes d'enseignants qui sont maintenus, moi je pense
03:19que c'est une bonne nouvelle et pour les membres de cette communauté éducative c'est un soulagement
03:25parce que c'est plus de marge de manœuvre pour l'encadrement des classes, c'est plus de marge
03:29de manœuvre pour des remplacements, c'est extrêmement important au quotidien pour les
03:33personnes qui vont être directement concernées. Néanmoins il y a quand même des mesures qui
03:38sont dures, il y a des mesures qui sont difficiles, la baisse de l'indemnisation des arrêts maladie
03:43par exemple, donc il y a quand même des choses qui vont peser sur le monde du travail et moi je
03:49pense qu'il y aurait pu y avoir un partage des efforts un peu plus équilibré. Il y en a un autre
03:53qui pense que le partage des efforts aurait pu être plus équilibré, c'est Bernard Arnault qui
03:59avec d'autres grands patrons français estime que, comme il le dit, la douche est un peu froide
04:06concernant les hausses d'impôts sur les grands groupes et notamment le sien. Oui mais c'est ce
04:13qu'on appelle faire des efforts et je pense que ce sont des responsables de grandes entreprises
04:18qui ont peut-être un peu la mémoire courte sur tout ce qui a pu être engagé pour les entreprises
04:23et leur maintien au moment du Covid et qui a eu des efforts conséquents, des aides aux entreprises
04:29massives et qu'à un moment quand il faut partager ses efforts et bien oui quand on n'en a pas
04:34l'habitude ça fait un drôle d'effet. Mais comment avez-vous reçu cette déclaration ? Est-ce qu'elle est vraie
04:39dans le fait qu'à force de ne rien faire contre notamment la hausse des coûts du travail,
04:46c'est ce que lui dénonce en tout cas, il y a un risque pour l'emploi en France ? Il y a deux
04:50choses. Moi j'ai trouvé cette intervention indécente au regard de la situation budgétaire
04:53et que depuis la dissolution on sait que la question du budget elle va être compliquée et
04:57donc que chacun l'appelle. Indécente celle de Bernard Arnault ? Oui la déclaration qu'il a faite je
05:02trouve qu'à un moment donné, sachant qu'il y a des choses qui sont prévues, notamment
05:07des impôts, une taxe exceptionnelle qui va être pour une année. Il paie aussi des impôts, 3 milliards
05:13d'impôts en France, il a 40 000 salariés, 95 % de CDI, des salaires moyens autour de 5 780,
05:20ça a quand même de la vertu. Il fait tourner l'économie française. Sauf qu'il sait exactement
05:25que lorsqu'il fait ce type, quel est l'impact de ce type de déclaration. Je pense que dans la
05:29situation exceptionnelle dans laquelle on se trouve, qu'il y ait des efforts partagés, c'est
05:35la moindre des choses. Parce qu'on est dans une situation où le budget a été adopté ou va l'être
05:41dans des conditions exceptionnelles et qu'il y a un moment où il faut que chacun prenne sa part de
05:46responsabilité et se dise ok, exceptionnellement, je fais un effort et je participe à l'effort
05:53global. Et ça je pense qu'on a besoin. Parce qu'aujourd'hui on parle de milliards d'euros,
05:58mais moi quand je rencontre des salariés, des travailleurs, des agents des fonctions publiques,
06:02moi je rencontre des personnes qui tous les jours me disent comment je termine les fins de mois.
06:06Vous entendez quand même Marie-Lise Léon, la petite musique de beaucoup de patrons,
06:12Bernard Arnault c'est pas le seul, c'est le même état d'esprit pour le patron de Système U,
06:16Dominique Schellcher, qui estime que les grandes sociétés pètent déjà beaucoup d'impôts,
06:20que ce n'est pas possible d'en rajouter et le risque, le risque est-ce qu'il n'est pas tout
06:25simplement la délocalisation de certaines entreprises ? Alors ça, ça se regarde de près,
06:29effectivement il peut y avoir, mais c'est pas la faute du budget, la France, je pense que ce qui
06:35est pointé par ces entrepreneurs, c'est la question de la situation géopolitique. Et qu'on
06:39se retrouve dans une situation tout à fait exceptionnelle, avec un nouveau président des
06:43Etats-Unis qui a une politique fiscale extrêmement agressive, mais du coup c'est à l'échelle de
06:49l'Europe qu'il faut s'interroger sur ces questions, sur l'ensemble de ces points. C'est pas pointer la
06:55responsabilité d'un gouvernement qui essaye de boucler un budget et d'expliquer que rien n'est
07:00possible et que tous les efforts sont insurmontables. Vous dites comme la patronne de la CGT, Sophie
07:05Binet, les rats qui plaignent l'avion. Je dis pas du tout la même chose, c'est pas du tout ce que j'ai
07:09dit, je dis qu'il y a un moment, quand on en appelle à la responsabilité de tous, on n'attend pas que
07:14ce soit les autres qui fassent les efforts. C'est ce que je dis. Sur un point précis, parce qu'on a
07:18parlé de Bernard Arnault, il y a un autre patron qui a fait parler de lui ces derniers jours,
07:23c'est le patron de Michelin, Florent Ménégaud, qui devant le Sénat a dit que l'employeur aujourd'hui
07:28paye 142 euros quand au bout du compte le salarié touche net 77 euros après cotisation et impôts.
07:35D'abord, selon la CFDT, ces chiffres sont-ils justes, exacts ? Oui, mais parce qu'on est dans
07:43un pays qui a fait le choix d'une protection sociale. La protection sociale, c'est un amortisseur,
07:49c'est, son nom l'indique, c'est là pour protéger les salariés, les agents des fonctions publiques,
07:54et forcément ça a un coût. Et moi je le vois pas forcément comme, certains, comme une dépense,
08:01je le vois comme un investissement. Lui ne dit pas forcément le contraire, il dit attention,
08:05dans cette compétition internationale dont vous parlez, ça nous pénalise, nous entreprises.
08:10Ça pénalise, je pense que c'est aussi un critère d'attractivité, donc on peut regarder les deux
08:18revers de la médaille, je pense qu'il y a aussi des investisseurs mondiaux qui voient la France
08:24avec son système de protection sociale, non pas comme un handicap, mais comme une richesse qui
08:31peut déterminer un certain nombre d'investissements. Mais aujourd'hui, et on va probablement aborder la
08:37question des retraites puisque c'est le sujet qui monopolise beaucoup l'actualité, aujourd'hui on est
08:43à un moment où il y a des investissements massifs à faire, on a des besoins croissants de financement
08:49de la protection sociale, et la CFDT, ça fait des années qu'elle dit qu'il faut pouvoir remettre à
08:54place cette question du financement. Mais je vous ai bien entendu tout à l'heure quand on a prononcé
08:57le mot délocalisation, vous avez dit oui il faut regarder ce sujet de près, ça veut dire que le
09:02coût du travail peut être, dans certains cas, un motif de délocalisation, vous comme syndicaliste,
09:09vous l'observez, vous le reconnaissez ça ? Je pense que ça peut être un des sujets qui peut être
09:16regardé quand on est investisseur mondial et qu'on se dit, voilà, le coût du travail est un des
09:22critères pour placer effectivement ces investissements, mais je pense que ça ne doit
09:28pas être le seul, ça ne peut pas être, sinon c'est la course au low cost et forcément la France
09:34toute seule et l'Europe sera pernante, il faut travailler sur l'économie de la qualité, sur la
09:39question des compétences, la capacité et la richesse que les salariés ont sur la qualité de
09:45nos services publics, tout ça, ça doit pouvoir rentrer en compte, et je pense que les employeurs
09:50ont une part de responsabilité à ne pas être eux-mêmes que dans cette analyse uniquement du
09:56coût du travail, sachant que quand même on est dans une stratégie low cost depuis de nombreuses
10:01années, puisque les employeurs bénéficient de beaucoup d'exonération de cotisations et quand
10:07on leur dit mais c'est pas forcément efficace, ce sont les premiers à dire bah oui mais si vous
10:11nous les enlevez, on va plus pouvoir faire fonctionner nos entreprises, donc je trouve que
10:17c'est assez paradoxal qu'ils soient critiques sur un certain nombre d'éléments dont ils bénéficient
10:23quand même largement. Hier le budget a subi un 49.3, c'est pas le seul texte puisque le projet de
10:29loi de finances de la sécurité sociale a lui aussi fait son retour à l'assemblée nationale avec
10:34également des 49.3, c'est sur ce texte on le rappelle que le gouvernement Barnier était tombé,
10:39il n'y a plus les mesures qui fâchent, notamment la désintoxication des pensions de retraite,
10:44est-ce qu'aujourd'hui ce texte vous semble acceptable ? Non, je l'ai dit, il est socialement
10:50injuste, il y a encore des choses qui sont extrêmement dures. Un milliard d'euros supplémentaires pour
10:55les hôpitaux, la suppression des tickets modérateurs, le triplement du fonds d'urgence
10:58pour les EHPAD, c'est 6 milliards de coûts des opérations, c'est un chiffre qui est avancé par
11:05le député socialiste Jérôme Guedj, c'est quand même des avancées. Il y a eu des efforts, il y a eu
11:10des avancées parce que des formations politiques ont eu le courage de rentrer dans la discussion
11:14et de faire avancer concrètement, de faire des propositions et de pouvoir obtenir des avancées.
11:22Ça reste un budget extrêmement dur, parce que la situation est difficile et on connaît l'ampleur du défi.
11:31Je rappelle juste, Jérôme Guedj dit que c'est 6 milliards, or le défi de la sécurité sociale va s'élever
11:38à 23 milliards cette année, c'est pas de la folie de faire 6 milliards d'économies alors qu'il y a
11:43cette dette. Mais je pense que la question elle est sur la répartition des efforts. 6 milliards,
11:51c'est 6 milliards, ils sont importants pour que socialement ça soit tenable. Aujourd'hui,
11:55lorsque l'on demande aux travailleurs de faire des efforts, d'avoir une baisse de l'indemnisation de
12:01leurs indemnités journalières, ça a un coût énorme, ça a un coût énorme. Vous l'avez pas
12:06souligné mais on a eu la suppression de passage à 3 jours de carence, ça avait un impact extrêmement
12:12important au quotidien pour les personnes concernées. Donc moi je pense que ça reste un
12:17budget dur, avec des avancées qui ont été obtenues, et je pense que la trajectoire elle
12:25doit pouvoir être poursuivie. Ça n'est qu'une étape pour la CFDT, il est urgent, on l'avait
12:32demandé d'ailleurs qu'il y ait une conférence des finances publiques, il est urgent de la mettre en
12:35place parce que le budget 2026 risque d'être encore plus difficile.
12:40L'étape du budget 2025 elle est quasiment franchie et la prochaine étape pour le gouvernement et pour
12:45vous, c'est les retraites, vous l'évoquiez Marie-Lise Léon, on va en parler juste après le
12:48Filinfo 8h45. Maureen Sueniar.
12:51La Fondation pour le logement des défavorisés dénonce l'attentisme et le renoncement du
12:57gouvernement. L'ex-Fondation Abbé Pierre publie son rapport annuel aujourd'hui. 350 000 personnes
13:02sont sans domicile fixe dans notre pays, ils sont deux fois plus nombreux qu'en 2012. C'est une
13:08information que la cellule Investigation de Radio France vous dévoile ce matin. Dans l'affaire des
13:13eaux contaminées et traitées inégalement par Nestlé, l'Elysée savait et a autorisé l'entreprise
13:18à conserver dans ses usines certains filtres interdits. Sur France Info ce matin, le rapporteur
13:23de la commission d'enquête parlementaire demande l'audition du secrétaire général de l'Elysée,
13:27Alexis Kolar. L'un des tout derniers fabricants français de panneaux solaires va fermer. L'entreprise
13:33PhotoWatt à Bourgoin-Jallieu en Isère n'a pas retrouvé de repreneur, elle est déficitaire depuis
13:38plusieurs années. PhotoWatt emploie 162 salariés sur ce site. Et puis le renoncement de Martin
13:44Fourcade est un bol d'oxygène, affirme le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Le quintuple
13:50champion olympique de biathlon renonce à présider le comité d'organisation des JO 2030 pour, dit-il,
13:56ne pas sacrifier ses convictions, notamment des convictions écologiques. Renaud Muselier estime
14:01lui que Martin Fourcade est un solitaire qui ne peut pas travailler en collectif.
14:15Nous sommes toujours avec Marie-Lise Léon, secrétaire générale de la CFDT. François Bayrou avait annoncé
14:21qu'il vous enfermerait avec les autres partenaires sociaux jusqu'à ce que vous trouviez une solution
14:26sur les retraites. C'était le sens du mot conclave, alors qu'on n'entend plus du tout en ce moment,
14:30qu'est-ce que ça veut dire ? Est-ce que ça veut dire que le projet est enterré ou juste que la
14:35méthode a changé ? Non, la méthode, c'était une idée qu'a eu le Premier ministre. On lui a tous
14:39expliqué que s'enfermer pendant trois mois, ce n'était pas forcément un gage de réussite et
14:46qu'on n'aurait pas forcément... On pourrait avoir, je pense, le même résultat en étant... en ayant
14:52des rendez-vous réguliers, donc c'est ce qui est connu. Ce sera tous les jeudis après-midi ? Tous les
14:55jeudis après-midi, après le 19 février, puisqu'on attend le rapport de la Cour des Comptes qui
15:00devrait être remis à cette date. Et voilà, la question c'est... Alors il nous a dit que c'était
15:06une proposition. L'objectif ne change pas, ça veut dire qu'au mois de juin, il faut qu'il y ait un
15:09projet sur la table du Premier ministre qui puisse être soumis au Parlement et qui,
15:14financièrement, ne soit pas pénalisant pour le budget. Exactement, donc ça fait partie de
15:22l'aide de cadrage que la CFDT a posée également, qu'on puisse avoir tous les sujets sur la table,
15:29la question de l'âge, la reconnaissance de la pénibilité, la question des retraites des femmes,
15:34et donc on va rentrer en discussion après avoir eu un diagnostic clair de la part de la
15:41Cour des Comptes, notamment sur l'ampleur du déficit. Et alors, pardon, mais précisément sur ce
15:44diagnostic, qu'est-ce que vous pouvez apprendre que vous ne sachiez déjà ? Alors, on a un différent
15:49avec le Premier ministre, puisqu'il, lui, considère que le déficit n'est pas de 15 milliards à
15:55horizon 2030, mais qu'il y a 30 milliards de plus de déficit. Il a parlé de 45 milliards. Donc,
16:02c'est quand même pas une petite affaire. Et donc, pour la CFDT, c'est clair que si l'enveloppe
16:07globale est à hauteur de 45 milliards, ça sera sans nous. Ça sera sans nous parce que c'est
16:12une présentation fausse de l'État financier du régime des retraites, du régime de base,
16:20et qu'on est prêt à rentrer en discussion et on est prêt à prendre nos responsabilités.
16:24Alors, c'est très compliqué. Il y a, en gros, des modalités différentes de financement des
16:32retraites dans le secteur privé et pour les fonctionnaires, de façon très schématique.
16:37Les choses ne peuvent pas se fondre l'une dans l'autre.
16:42Et en fait, ce que fait François Bayrou, c'est qu'il additionne les deux.
16:45Oui, il considère que c'est un grand tout et que, d'un côté, il y a 15 milliards,
16:48de l'autre, il y a 30 milliards. Il dit, ben, regardons les 45 milliards. C'est
16:52absolument faux comptablement et ce n'est pas l'objet puisque, je le rappelle, la réforme de
17:002023 des retraites, elle n'avait pas du tout pour ambition de traiter ces deux sujets. Donc,
17:06on prend les choses une par une. Pour la CFDT, ça sera le déficit à hauteur de 15 milliards à
17:12horizon 2030 qui doit être sur la table. Il y a quand même un petit problème. Qu'est-ce
17:15qui se passe si la mission Flash, le 19 février, dit, elle conclut que le montant réel du déficit
17:21est autour de 55 milliards ? Vous avez déjà dit que vous contesterez cette conclusion.
17:25On contestera et on dira.
17:27Donc, ça veut dire qu'il n'y aura plus les négociations. C'est fini. Vous quittez la table.
17:32On fera part de notre vision des choses, qu'il y ait quand même unanime côté organisation
17:40syndicale et organisation patronale. Et donc, l'idée, elle sera d'avoir cette base de dialogue
17:48avec le rapport de la Cour des comptes. Mais on a déjà expliqué...
17:51Est-ce que vous claquez la porte ? Est-ce que vous dites le conclave ? Le fameux conclave,
17:54pour nous, c'est fini.
17:55On va dire que la négociation ne peut pas se dérouler avec cette base et ce diagnostic. Et
18:01donc, on reprendra la discussion avec le Premier ministre en disant, lorsque vous nous avez dit,
18:06vous nous renvoyez la balle, vous impliquez à la responsabilité des organisations syndicales
18:10et patronales. La CFDT, elle dit oui. La CFDT, elle dit oui, on va discuter parce que ça fait
18:15partie des attentes des millions de personnes qui ont défilé en 2023 de dire, on veut pouvoir être
18:21entendues sur nos conditions de travail, sur moi en tant que femme, la façon dont les 64 ans ont un
18:26impact sur ma retraite. Donc, on redira à François Bayrou que la donne a changé et que, dans ces
18:35conditions, on ne rentre pas en discussion. Mais il le sait déjà.
18:38Pardon, mais que je vous comprenne, qu'on comprenne bien, pour vous, il ne s'agit de
18:41discuter que des retraites du secteur privé.
18:45Du financement du secteur privé, après les 64 ans, concerne l'ensemble des travailleurs, publics comme privés.
18:53Mais la question dont on compte le déficit est tout à fait distincte et donc, nous, le sujet, c'est avoir un
19:01diagnostic clair, partir sur les travaux qui sont unanimement aussi portés au sein du Conseil d'Orientation
19:09des Retraites, qui est un lieu de consensus démocratique où l'ensemble des organisations discutent de ces
19:15questions, où des spécialistes, des économistes contribuent et tout le monde est d'accord pour dire que la
19:20question, ce n'est pas 45 milliards, mais bien 15 milliards.
19:23Mais les retraites de la fonction publique, du secteur public, elles produisent un déficit au bout du
19:27compte. Et donc, de la dette qui s'accumule.
19:30Et donc, de la dette. Mais pour le coup, dans le cadre des discussions, lorsqu'on en a eu l'occasion d'en
19:37échanger avec le Premier ministre, il n'a jamais été question d'aborder cette question du financement des
19:42retraites.
19:43Mais lui, il a dit dans sa déclaration de politique générale, il a mis carte sur table pour le coup.
19:45Il a joué carte sur table.
19:46La CFDT l'a toujours fait aussi et c'est un homme de conviction.
19:51La CFDT a aussi de grandes convictions sur cette question.
19:55Et c'est dans cet état d'esprit qu'on ira discuter à condition que le cadre et le diagnostic soient extrêmement
20:01clairs.
20:02Si le cadre était clair et si vous poursuivez les discussions, on sait que l'âge légal pour partir la retraite est
20:07aujourd'hui de 64 ans.
20:08Vous défendez, vous, depuis toujours, un retour aux 62 ans.
20:12Est-ce que vous pourriez accepter un texte qui ne toucherait pas à l'âge, mais qui reviendrait sur, par exemple,
20:19certaines dispositions ?
20:20Vous avez évoqué la pénibilité, les carrières longues, la problématique des femmes.
20:26Est-ce que pour vous, l'âge légal, le faire bouger, c'est un totem, c'est un impératif ?
20:31Ou vous pourriez, effectivement, vous contenter, entre guillemets, de grosses avancées sur d'autres secteurs ?
20:37Vous avez la réponse dans la question.
20:39Est-ce qu'on se contentera d'avoir quelques ajustements ?
20:41La réponse est non.
20:42La réponse est non.
20:43On a trois sujets essentiels.
20:45C'est 62 ou rien ?
20:47C'est un bouger sur l'âge.
20:49C'est un bouger sur les 64 ans.
20:5163, possible.
20:52On ne va pas faire la négociation entre nous.
20:53Vous êtes très sympathiques, mais je ne pense pas que ça soit ici que ça se joue.
20:56Non, mais tout le monde sait bien qu'entre 64 et 62, il y a 63.
20:59Il y a un bouger sur l'âge qui est impératif.
21:01Il y a une prise en compte des métiers pénibles.
21:03Qu'est-ce qu'on dit aujourd'hui aux agents de caisse, aux carreleurs, aux peintres en bâtiment, aux aides-soignantes ?
21:12Les aides-soignantes, je vous donne juste ce chiffre qui est extrêmement frappant.
21:1633% des aides-soignantes qui ouvrent leur droit à la retraite sont en invalidité ou en incapacité.
21:23C'est-à-dire que le travail use le corps, use l'esprit également en fonction de ce à quoi on est exposé et ça doit être reconnu.
21:31Je pense que c'est une attente extrêmement forte et donc il faut pouvoir en parler.
21:37Donc, réintégrer des critères.
21:39Il faut réintégrer les quatre critères concernant les troubles musculosquelétiques.
21:45Lorsque vous avez des ports de charge lourdes, lorsque vous êtes en posture pénible, lorsque vous avez des gestes répétitifs,
21:52lorsque vous êtes exposé aujourd'hui à des produits chimiques, ça n'est absolument pas intégré dans votre carrière professionnelle
22:00et donc vous n'avez aucun impact sur votre retraite.
22:03Le dernier point qui est aussi extrêmement important pour la CFDT, c'est la question des carrières des femmes qui sont...
22:1038% l'écart de pension entre les femmes et les hommes, c'est 38% ?
22:14C'est vrai que c'est un gouffre mais concrètement comment on le comble ?
22:17Un, il faut travailler sur les carrières professionnelles.
22:20C'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est pour ça que la CFDT a dit qu'il faut ouvrir la discussion retraite
22:26mais il faut surtout ouvrir la concertation et la discussion sur le travail, sur le pouvoir d'achat.
22:31Aujourd'hui, s'il y a des écarts de pension entre les hommes et les femmes à la retraite,
22:35c'est qu'il y a des inégalités salariales entre les hommes et les femmes au travail.
22:39Il y a des inégalités d'accès à des contrats à durée indéterminée, sur du temps complet.
22:45Tout ça, ça doit pouvoir être travaillé en amont et puis il faut imaginer, créer des dispositifs
22:52qui concernent directement les femmes qui vont ouvrir des droits à la retraite
22:56qui n'ont pas pu bénéficier de ces déroulées de carrière.
22:58Donc des modalités de rectification de ces inégalités au travail.
23:02Tout ce que vous nous décrivez là, c'est-à-dire les critères de pénibilité,
23:06la réduction des écarts entre les pensions des femmes et des hommes,
23:11tout cela coûte de l'argent, surtout si en parallèle, l'âge légal est abaissé.
23:18Encore une fois, se pose la question du financement.
23:21Absolument.
23:21Comment on fait ?
23:22Absolument.
23:23Alors, ça fera partie aussi des discussions.
23:26Nous, on a eu des projections en 2000, parce que ça fait quand même plusieurs années qu'on le pointe.
23:32On a un élément majeur sur lequel il faut pouvoir travailler, c'est la question de l'emploi des seniors.
23:36Alors, ça ne va pas être la recette miracle qui va permettre d'avoir une réponse à toutes les questions financières,
23:42mais 10 points de plus d'emploi des seniors en France,
23:46c'est qu'on règle 10 milliards d'euros de déficit dans le régime des retraites.
23:52Donc en fait, c'est un sujet majeur.
23:54Comment ?
23:55On ne règle pas tout, parce qu'on rappelle que c'est 15.
23:56Je dis que ce n'est pas la recette magique,
23:58mais c'est quand même un sujet sur lequel il faut que les employeurs s'engagent
24:02de façon beaucoup plus volontariste qu'aujourd'hui.
24:06Je pense que tout le monde dans son entourage connaît des personnes qui ont le sentiment de ne plus être bienvenue dans l'entreprise
24:13quand on arrive à 50, 55 ans, et ce sont des personnes qui n'accèdent plus à la formation professionnelle.
24:19Il y a un vrai sujet culturel sur la question de l'emploi des seniors et des engagements des employeurs à dire
24:25« Ok, je vous garde jusqu'à la retraite ».
24:28On a eu des avancées dans un accord en fin d'année dernière sur l'emploi des seniors.
24:33Un, il faut le mettre en œuvre.
24:34Deux, il faut accélérer cette volonté de pouvoir avancer concrètement.
24:41Concernant les salaires, François Bayrou a mis son veto à une hausse du SMIC de 1% en juillet,
24:46mais aussi à une hausse de la prime d'activité.
24:49Pour lui, c'est trop coûteux.
24:51Est-ce que vous souhaiteriez aussi une grande consultation sur les salaires ?
24:55C'était un petit peu dans l'air à un moment.
24:59On a déjà eu, ça a un petit air de déjà-vu.
25:01On a eu une concertation sur les salaires en octobre 2023 avec la première ministre de l'époque qui était Elisabeth Borne.
25:08Ce qui est intéressant, c'est qu'entre l'augmentation du SMIC et l'augmentation de la prime d'activité,
25:13tout le monde aura remarqué qu'on ne prend pas l'argent dans la même poche.
25:17Lorsque l'on augmente le SMIC, ce sont les employeurs qui le font, la prime d'activité c'est le budget de l'État.
25:22La question fondamentale, c'est qui paye le travail ?
25:25Aujourd'hui, je pense qu'on a un sujet de responsabilisation aussi des employeurs et ça rejoint la question du budget.
25:32Nous, on est favorable à la négociation collective.
25:35Je suis convaincue que c'est par la négociation collective des salaires dans les entreprises,
25:40dans les branches professionnelles qu'on obtient les meilleures avancées,
25:43la meilleure reconnaissance du travail qui est fournie par les salariés
25:48et dans les fonctions publiques, c'est une revalorisation du point.
25:54Mais cette dynamique de négociation, elle ne fonctionne pas partout pareil.
26:00Il y a des branches qui ne jouent pas du tout le jeu.
26:01Il y a des branches comme par exemple les jardineries où on a 14 coefficients sous le SMIC.
26:07Et donc, de notre point de vue, il faut stimuler la négociation
26:10et conditionner par exemple des exos de cotisation, des exonérations de cotisation
26:15au fait qu'il y ait des vraies négociations dans les branches et dans les entreprises.
26:19Merci Marie-Lise Léon, secrétaire générale de la CFDT.
26:21Vous étiez l'invité de France Info ce matin.
26:23Ne bougez pas, on vous retrouve dans quelques instants pour les informer sur France Info.