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00:00 Ravie de vous retrouver pour les informer.
00:09 On est ensemble en direct jusqu'à 9h30 sur France Info avec évidemment tous les matins
00:13 Renaud Delis.
00:14 Bonjour Renaud.
00:15 Bonjour Sadia.
00:16 Et nous informer ce matin Agathe Lambret, journaliste politique à France Info, le
00:18 8.30 du week-end, vendredi, samedi, dimanche.
00:21 Bonjour et à vos côtés Georges-Jérôme Bertholus, éditorialiste politique.
00:26 Renaud Delis, on commence évidemment par l'Europe face au défi de l'immigration
00:29 après l'arrivée de milliers de migrants sur l'île de Lampedusa.
00:32 Oui, environ 10 000 migrants en quelques jours qui sont arrivés sur cette île italienne
00:38 de Lampedusa, cette petite île au large de la Tunisie.
00:40 Une nouvelle crise migratoire qui se concentre sur ce hot spot de Lampedusa.
00:47 Résultat, d'ailleurs, un certain nombre de responsables politiques s'y sont précipités.
00:50 Et puis Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, s'y est rendue
00:54 elle aussi hier et elle a annoncé un nouveau plan d'urgence de l'Union pour gérer cette
01:00 crise.
01:01 Premier ministre, Mélanie et moi-même, nous sommes là aujourd'hui pour offrir une réponse
01:07 coordonnée aux autorités italiennes et européennes.
01:10 Et je veux être très clair, nous avons une obligation en tant que membres de la communauté
01:15 internationale.
01:16 Nous l'avons remplie dans le passé et nous le ferons aujourd'hui et à l'avenir.
01:23 Mais nous déciderons qui vient à l'Union européenne et dans quelles circonstances.
01:30 Alors, qui peut entrer sur le territoire de l'Union européenne ?
01:33 Ça, c'est l'annonce d'Ursula von der Leyen.
01:35 Mais en même temps, elle appelle les pays membres à de la solidarité, à prendre leur
01:39 part, notamment des migrants qui sont déjà arrivés à Lampedusa.
01:44 Mais est-ce que l'Europe peut encore mettre en place une vraie politique de solidarité
01:49 commune, harmonieuse et efficace ?
01:51 Quand on sait que l'Union discute depuis déjà près de trois ans de l'adoption d'un
01:56 pacte migratoire européen qui, pour l'instant, n'a pas vu le jour.
01:58 Et ce matin même, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui annonce que la France,
02:04 pour ce qui est des migrants déjà présents alors qu'il est à Lampedusa, se contentera
02:08 d'étudier au cas par cas et qu'elle, a priori, n'accueillerait que les réfugiés
02:14 susceptibles d'obtenir l'asile en tant que réfugiés politiques.
02:18 Agathe Lambret, c'est la bonne réponse de Gérald Darmanin ce matin ?
02:21 De se rendre sur place ?
02:23 Écoutez, oui, il y a quand même un certain malaise au gouvernement.
02:26 Depuis une semaine, ça fait une semaine qu'ils sont arrivés ces migrants.
02:29 Ils sont un peu plus de 10.000.
02:31 Et toute la semaine, Emmanuel Macron a essayé de jouer sur le "en même temps" fermeté
02:36 d'un côté, Gérald Darmanin a renforcé les contrôles à la frontière avec l'Italie
02:40 et "solidarité" de l'autre.
02:41 Ce mot "solidarité" brandit à plusieurs reprises par Emmanuel Macron.
02:46 Et pour autant, aujourd'hui, Gérald Darmanin dit qu'on n'en accueillera pas, ou alors
02:49 sauf ceux qui sont éligibles à l'asile.
02:51 Mais l'exécutif voit bien qu'il y a un problème.
02:53 D'un côté, Emmanuel Macron ne veut pas répondre à la surenchère des extrêmes et
02:57 tente de montrer les faiblesses et l'inefficacité de ses propositions de ce qu'il appelle les
03:03 nationalistes.
03:04 Et en même temps, il voit bien qu'il y a un raidissement dans l'opinion, qu'il y a
03:08 des tensions dans certaines communes en France, que les centres d'accueil sont saturés.
03:11 Donc, il ne peut pas faire totalement ce qu'il veut non plus.
03:15 Donc, on sent bien le gouvernement un peu gêné sur ce sujet.
03:18 Jean-Jérôme Berthelus ?
03:19 Aujourd'hui, on a, et depuis quelques jours malheureusement, on a le sentiment que le
03:24 terme de solidarité rime avec impuissance.
03:26 Ça veut dire effectivement que dès le début, dès pratiquement les premières heures, le
03:33 chef de l'État, Emmanuel Macron, a indiqué qu'il y avait un devoir de solidarité avec
03:37 l'italice, qui pour lui était une sorte de volte-face, puisqu'on sait que ses rapports
03:43 avec Giorgia Meloni sont mauvais, que la France, ces dernières années avec l'Italie, il y
03:50 a eu vraiment des dissonances.
03:52 Et tout d'un coup, effectivement, il a dit que la France devait prendre sa part.
03:55 Et on voit aujourd'hui que pour que la France prenne sa part, c'est vraiment au compte
04:02 goût de ne voir pas du tout.
04:03 Et ça pose un deuxième problème.
04:06 C'est que la France est un pays essentiel au niveau européen.
04:09 Et qu'on voit bien que justement, puisqu'elle ne fait pas grand-chose, on voit bien que
04:14 ça met vraiment un coup de projecteur sur l'impuissance européenne.
04:19 Et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui était effectivement
04:25 hier sur l'île de Lampedésura, a annoncé un nouveau plan d'action.
04:29 Et on voit bien que ce nouveau plan d'action, en quelque sorte, est la réplique des anciens
04:35 plans d'action qui ne marchent pas.
04:36 En un mot, on passe des accords avec beaucoup de pays, comme la Libye, comme la Tunisie,
04:44 d'où viennent les pays d'origine.
04:46 On leur donne de l'argent et ils devraient contrôler les migrants.
04:50 Ça ne marche pas.
04:51 On parle d'un renforcement de Frontex.
04:54 Le patron de Frontex a démissionné l'année dernière parce qu'il y a eu une conduite
04:59 de Frontex qui était incompatible avec les valeurs européennes.
05:02 Donc, il y a un vrai problème.
05:03 Alors, comment remédier à l'impuissance des pays européens face aux vagues d'immigration
05:07 qui viennent d'Afrique et aussi de Libye ?
05:10 Renaud Delis, vous nous direz tout à l'heure ce que vous en pensez.
05:13 On passe d'abord au Fil info à 9h11.
05:15 Maureen Simiard.
05:16 La question du harcèlement au cœur d'une réunion entre les recteurs et le ministre
05:21 de l'Éducation nationale.
05:22 Aujourd'hui, Gabriel Attal veut lancer un audit pour reprendre tous les signalements
05:26 faits l'année dernière.
05:28 Décision après la publication de la lettre du rectorat de Versailles, jugée choquante
05:32 par le ministre en réponse à un ado en détresse qui s'est ensuite sifidé juste après la
05:38 rentrée.
05:39 Direction l'Italie pour Gérald Darmanin.
05:41 Rome.
05:42 Le ministre de l'Intérieur affirme notamment que la France veut aider le pays à tenir
05:46 sa frontière.
05:47 11 000 personnes sont arrivées par bateau la semaine dernière sur l'île de Lampedusa.
05:52 Les secouristes français ont pu mettre sur pied un hôpital de campagne en Libye, dans
05:56 la ville sinistrée de Derna, après le passage de la tempête Daniel.
06:00 Au moins 3 200 personnes sont mortes et les autorités recherchent encore des milliers
06:04 d'habitants.
06:05 Monaco, Brest et Marseille sur le podium après la cinquième journée de Ligue 1.
06:10 Tout en bas du classement, Lyon n'est plus dernier mais l'OL n'a toujours pas gagné.
06:14 Match nul face au promu Le Havre hier soir 0-0.
06:18 Le nouvel entraîneur de l'OL, Fabio Grosso, prend ses fonctions aujourd'hui.
06:22 De retour sur le plateau des informés, toujours avec Agathe Lambret, journaliste politique
06:37 à France Info, Jean-Jérôme Berthelus, éditorialiste politique.
06:40 Jean-Jérôme qui disait juste avant le Fil info, qui soulignait l'impuissance de l'Europe
06:44 face aux vagues migratoires.
06:45 Est-ce que la France doit coopérer avec l'Italie pour aider à réguler ?
06:50 Elle devrait, me semble-t-il, pour au moins deux raisons.
06:53 D'abord, parce que pour gérer effectivement ce problème, cette question, ce dossier migratoire,
06:59 cette coopération, elle doit fonctionner d'une part entre la France et l'Italie.
07:02 La France étant évidemment un des principaux pays de l'Union européenne.
07:06 Mais au-delà, dépasser évidemment ce couple-là.
07:09 Donc sur le fond, tout simplement en termes d'efficacité, il faut mettre en œuvre cette
07:12 vraie solidarité qui pour l'instant ne fonctionne pas.
07:14 Comme l'ont très bien dit à l'instant Agathe Lambret et Jean-Jérôme Berthelus.
07:18 Et puis politiquement, je pense que la France y aurait intérêt aussi et que ce serait
07:21 l'intérêt d'Emmanuel Macron.
07:22 Pourquoi ? Parce qu'on voit bien que sur le plan politique, quel est le gouvernement,
07:27 la chef de gouvernement qui a le plus bougé depuis un an ? C'est justement Giorgia Melloni,
07:31 la chef de file, la présidente du Conseil italien, qui est d'extrême droite, qui lorsqu'elle
07:37 était dans l'opposition et pour conquérir le pouvoir, a tenu des propos ou fait des
07:41 promesses mirobolantes à son électorat et qui parlait notamment d'un blocus naval unilatéral
07:46 donc des côtes italiennes et qui arrivait au pouvoir, ne s'est pas convertie d'un
07:50 seul coup à une politique migratoire généreuse, mais qui d'une part a abandonné évidemment
07:56 ses propos belliqueux qui étaient inapplicables au pouvoir.
08:00 Et elle a été contrainte par simplement le réel de se tourner vers l'Union européenne.
08:05 Donc, c'est elle qui s'est tournée vers l'Europe, qui s'est tournée vers Ursula
08:07 von der Leyen.
08:08 Elle a même accompagné Ursula von der Leyen à Tunis, justement pour passer cet accord
08:13 avec la Tunisie qui, certes, ne fonctionne pas.
08:14 Jean Jarron avait raison de le rappeler.
08:16 Mais en tout cas, essayer de mettre en œuvre aussi une coopération avec les pays dits
08:21 de départ.
08:22 Et donc, on le voit bien d'ailleurs, ce qui a conduit Georgia Meloni à être critiqué,
08:26 y compris au sein de la grande famille des extrêmes droites européennes, si j'ose
08:29 dire, et d'abord par Marine Le Pen.
08:31 Et donc, c'est aussi l'intérêt, me semble-t-il, d'un point de vue politique de la France
08:37 et de l'ensemble des gouvernements européens, de coopérer avec l'Italie, de prendre aussi
08:42 leur part de ce dossier, bien sûr, de coopérer avec l'Italie.
08:45 D'ailleurs, c'est ce qu'a répété Ursula von der Leyen hier.
08:49 Elle a dit "l'Europe ne laissera pas tomber l'Italie".
08:52 Donc maintenant, il faut passer aux actes.
08:54 L'importance de l'Union européenne dans cette affaire, même si Jean Jérôme évoquait
08:58 une certaine impuissance.
08:59 Agathe Lambret, Marine Le Pen, elle tient toujours le même discours.
09:02 Elle dit "non, c'est pas au niveau européen que ça se joue, c'est au niveau de nos frontières
09:04 nationales".
09:05 Oui, et c'est pour ça que les événements parlent un peu pour elle, ou disons qu'elle
09:09 joue sur du velours en ce moment.
09:10 Elle n'a même pas besoin de se déplacer à Lampedusa.
09:13 Ce qui se passe aujourd'hui, c'est ce qu'elle dénonce et ce sur quoi elle alerte depuis
09:18 des années.
09:19 Marine Le Pen, qui fait coup double, elle peut d'un côté, en ce moment, dénoncer
09:23 l'impuissance publique, l'impuissance de l'État et l'impuissance de l'Union européenne.
09:27 Donc, critiquer Emmanuel Macron et l'Union européenne, ce qu'elle a toujours fait, et
09:30 en même temps, critiquer aussi sa rivale, Georgia Melloni.
09:33 Moi, je pense que l'image que renvoie Georgia Melloni aujourd'hui, c'est celle d'une femme
09:39 qui n'a pas tenu ses promesses et qui a été dans l'incantation, qui avait promis qu'elle
09:44 ferait un blocus naval et qui finalement, aujourd'hui, vient réclamer l'aide et le
09:47 soutien de l'Union européenne, qui est même prête à signer des accords de l'Union européenne
09:50 que d'autres pays ne veulent pas signer.
09:52 Donc, ça permet à Marine Le Pen de comparer Georgia Melloni à un enfant qui va pleurer
09:56 dans les bras de sa maman quand il a un problème.
09:59 Alors maintenant, sur le fond, ça ne dit pas que les mesures de Marine Le Pen sont
10:03 efficaces.
10:04 Et quand on analyse ce que propose Marine Le Pen, on voit bien qu'elle est confrontée
10:07 à ses limites.
10:08 Mais en tout cas, c'est une période sur laquelle elle espère surfer et elle avait
10:12 de toute façon prévu de tout miser sur l'immigration comme thème central de sa campagne des européennes.
10:18 Donc là, elle démarre parfaitement avec cet exemple qui vient illustrer ces thèmes
10:22 de campagne.
10:23 Georgian Bertolus ?
10:24 Oui, un petit mot, effectivement, sur ce qui vient d'être dit par Renaud Delis.
10:28 Oui, c'est essentiel que la France, comment dire, acte le changement de pied de Georgia
10:34 Melloni.
10:35 C'est essentiel que la France prenne sa part.
10:37 Comme l'a dit le président de la République lui-même.
10:39 Pourquoi ? Parce que depuis des années, effectivement, en Europe, c'est chacun pour soi sur la question
10:46 migratoire.
10:47 Et qu'est-ce que ça a provoqué finalement ?
10:49 Ça a provoqué effectivement le basculement de l'Italie dans l'extrême droite.
10:53 Donc ne pas que des pays comme la France et l'Allemagne qui l'a acté en disant non,
10:58 nous, maintenant, on n'a plus effectivement d'accord avec l'Italie sur la relocalisation
11:05 des migrants.
11:06 Et c'est parce qu'ils en ont accueilli beaucoup plus l'année dernière, le double des Italiens.
11:10 Donc c'est pour ça qu'ils freinent là cette année.
11:11 Oui, mais au titre individuel, là on parle de quoi ? Pour l'Allemagne qui dit non, on
11:15 parle de quelques centaines de migrants.
11:17 Enfin, encore une fois, pour un pays de plusieurs dizaines de millions d'habitants et surtout
11:21 pour un pays qui est moteur en Allemagne, dire vraiment non aujourd'hui à l'Italie,
11:28 c'est vraiment acter le chacun pour soi.
11:30 Et alors, pourquoi l'Allemagne le fait ? Parce que l'Allemagne a un parti d'extrême droite
11:34 très fort qui s'appelle l'AFD, qui est d'ailleurs partenaire du Rassemblement National en Europe.
11:39 Mais c'est comme si un peu en fonction d'un feu majeur qui serait l'Italie confrontée
11:45 aux vagues de migrants, l'Italie qui bascule dans le populisme, eh bien on préfère éteindre
11:49 son petit feu chez soi.
11:50 Donc c'est vraiment une vision très court terme.
11:52 Et c'est pour ça que la France doit avoir quand même une vision un tout petit peu plus
11:56 à moyen terme en se disant là, comme l'a dit Ursula von der Leyen, c'est l'avenir
12:00 de l'Union européenne qui se joue.
12:02 Parce que si sur la question migratoire, c'est chacun pour soi, c'est la politique du chacun
12:07 pour soi, c'est un risque pour l'Union européenne.
12:09 C'est pourtant pas ce que dit Gérald Darmanin ce matin.
12:10 Lui, il dit au cas par cas, il n'est pas sur un dispatch des migrants.
12:14 Il le dit au cas par cas, effectivement.
12:16 Je pense qu'il y a aussi une raison de politique intérieure, c'est que cette crise migratoire
12:20 actuelle tombe mal pour le gouvernement général et pour le ministre de l'Intérieur en particulier,
12:25 parce qu'il est en pleine négociation du projet de loi sur l'immigration et qu'on peut redouter
12:30 de nouveau que la création d'un titre de séjour pour les sans-papiers travaillant en France
12:35 dans les métiers dits en tension, dans les métiers qui manquent de main d'œuvre,
12:38 eh bien soit plus difficile à faire admettre à une frange, notamment des parlementaires,
12:44 dans ce contexte-là, même si ça n'a rien à voir.
12:46 Les deux sujets n'ont rien à voir, mais nul doute que certains démagogues vont en profiter
12:50 pour agiter justement la menace des flux migratoires et de l'homédoxie, pour essayer d'enterrer
12:56 à nouveau ce titre de séjour.
12:57 Juste un mot sur Marine Le Pen, parce que je ne suis pas persuadé que cette crise la serve vraiment,
13:04 parce qu'en même temps, l'attitude qu'elle adopte, une fois de plus sur ce sujet,
13:08 souligne l'inconséquence de son programme.
13:10 Marine Le Pen, elle l'a fait tout le week-end, en s'affichant notamment avec Matteo Salvini,
13:16 le patron de la Ligue du Nord, tape effectivement un bras raccourci sur l'Union européenne,
13:20 moque Georgia Melloni qui se tourne vers l'Union européenne pour essayer d'avoir une politique
13:27 de coopération pour que l'Union européenne lui vienne en aide.
13:30 Elle a aussi moqué au passage d'ailleurs Marion Maréchal, qui s'est rendue la tête
13:35 de liste de reconquêteuse européenne à Lampedusa, en disant "l'Europe, c'est une catastrophe,
13:41 il ne faut pas se tourner vers elle, il ne faut pas qu'émander l'aide de l'Europe sur
13:45 ce dossier-là et tout se joue à nos frontières, etc."
13:48 Donc, la logique, vous me direz, c'est que Marine Le Pen préconise la sortie de l'Union
13:52 européenne.
13:53 Ce n'est pas le cas.
13:54 Ce n'est pas le cas.
13:55 Il y a un angle mort dans son programme.
13:56 Et une fois de plus, on voit, on mesure qu'un certain nombre de postures démagogiques pour
14:00 flatter l'électorat sont faciles à prendre, mais qu'au moment de passer aux actes, puisqu'on
14:04 sait qu'elle a abandonné la sortie de l'Union européenne, ce qui était le cas en 2017 avec
14:08 le succès électoral que ça avait produit, en particulier au second tour, elle a changé
14:13 de pied.
14:14 Donc, elle continue d'adopter une posture effectivement qui consiste à dire "l'Union
14:18 européenne, c'est le mal absolu" et quand vous lui demandez "donc, vous voulez en sortir?"
14:21 "Ah ben non, non, elle ne veut pas en sortir."
14:22 Donc, il est impossible.
14:23 C'est la lumie du discours.
14:24 Si vous êtes membre de l'Union européenne, vous devez participer de solutions communes
14:29 qui sont négociées, de compromis, etc.
14:31 Mais vous ne pouvez pas imposer de vous-même la fermeture de vos frontières tout en restant
14:35 membre de l'Union européenne.
14:36 Renaud Delis, juste après le Fil info, on parlait d'un autre sujet, la conférence
14:41 sociale qui va s'ouvrir le mois prochain, la question des salaires.
14:43 On en parle juste après le Fil info de Maureen Suignard à 9h20.
14:47 Le gouvernement espère une baisse des prix.
14:49 Avec cette mesure, les distributeurs de carburant seront autorisés dès le 1er décembre à
14:54 vendre à perte, annonce souvent accueillie avec scepticisme.
14:58 Le gouvernement se défausse de ses responsabilités sur les entreprises privées, réagit sur
15:03 France Info, l'association 40 millions d'automobilistes.
15:06 Le gouvernement, qui refuse de nouvelles, restourne à la pompe, notamment pour des
15:10 raisons écologiques, dit-il.
15:12 La première ministre présente aujourd'hui ses mesures de planification écologique du
15:17 changement attendu sur le bonus malus pour les voitures, notamment.
15:20 La majorité recule sur les VPN.
15:23 Elle ne va plus proposer son amendement pour interdire ces logiciels qui permettent aux
15:27 utilisateurs de rendre leurs connexions plus difficiles à tracer.
15:31 Le projet de loi sur la sécurisation de l'espace numérique doit être examiné cette semaine
15:35 par l'Assemblée nationale.
15:37 Deux départements sont en vigilance orange aux orages et aux risques de pluie et inondation.
15:41 La Drôme et l'Ardèche.
15:43 Météo France prévoit une centaine de millimètres de précipitations, voire plus par endroit.
15:47 Hier, c'est une tornade qui a frappé le nord-ouest de la Mayenne.
15:51 Les toits de bâtiments agricoles se sont envolés, mais heureusement sans faire de
15:54 blessés.
15:55 Toujours avec Agathe Lambret, journaliste politique à France Info, Jean-Jérôme Bertollus,
16:10 éditorialiste politique.
16:11 Renaud, on en vient à l'autre actualité, c'est cette conférence sociale qui se prépare.
16:15 Cette conférence sociale a a priori programmée pour le mois prochain.
16:18 C'était une annonce issue des fameuses rencontres de Saint-Denis, ce très long groupe de parole
16:23 réuni par Emmanuel Macron, le chef de l'État face au chef de parti.
16:26 C'était le 30 août dernier.
16:27 Une conférence sociale d'ailleurs que la CFDT a demandé de longue date et la CFDT
16:32 y participera.
16:33 On n'a pas encore l'ensemble des participants au menu de cette future conférence sociale.
16:38 La question des salaires et surtout des bas salaires et notamment de ceux qui sont dans
16:43 un certain nombre de branches en dessous du SMIC et puis l'évolution des carrières.
16:46 Comment tordre le bras, comment faire pression aux chefs d'entreprise pour qu'ils augmentent
16:51 les salaires ? Faut-il aller jusqu'à les menacer de remettre en cause un certain nombre
16:56 d'allègements de cotisations sociales dont ils ont bénéficié ? C'est la position
17:00 de la CFDT qui expliquait il y a quelques minutes sur ce plateau la nouvelle secrétaire
17:03 générale du syndicat, Marie-Lise Léon.
17:06 On est dans un système de protection sociale qui a besoin de recettes.
17:10 Donc l'équation, elle ne peut pas être de dire on exonère de plus en plus les entreprises
17:14 de ces cotisations.
17:16 Donc il faut remettre à plat, je pense, tous ces éléments.
17:21 Et puis il faut que les employeurs prennent leur responsabilité.
17:24 Quand à un moment, avec ces augmentations salariales, de dire c'est pas possible,
17:29 les entreprises ne peuvent pas, on se tourne vers l'État, il faut plus d'exonération
17:34 de cotisations, c'est irresponsable.
17:35 Irresponsable.
17:36 Donc il faut que les employeurs prennent leur part, qu'ils augmentent les salaires.
17:39 Et sinon, il faut que le gouvernement n'ait pas peur de remettre en cause un certain nombre
17:43 d'allègements qu'ils ont accordés aux patronats ces dernières années.
17:46 Agathe Lambret, on a une chance d'aller vers cette position-là, du côté du gouvernement.
17:51 Déjà sur le principe de la conférence sociale, on peut dire que c'est quand même une rupture
17:55 avec la philosophie du macronisme.
17:57 Emmanuel Macron, les syndicats, c'était très bien, mais dans l'entreprise.
18:00 Donc là, on voit qu'il y a quand même beaucoup de bougées du président.
18:03 Avec sa majorité relative, il a dû discuter avec les partis.
18:06 Et maintenant, il associe les syndicats.
18:09 On avait plutôt l'habitude de ça sous François Hollande, dans les grandes conférences sociales.
18:13 Maintenant, l'enjeu pour le chef de l'État aujourd'hui, c'est de cantonner au maximum
18:17 le champ de cette conférence sociale.
18:18 Et quand Marie-Elise Léon demande, par exemple, de conditionner les aides que reçoivent les
18:23 entreprises parce que ça peut être des trappes à bas salaires, parce que plus on augmente
18:28 les salaires, plus le chef d'entreprise augmente les salaires, moins il bénéficie de ces
18:32 aides.
18:33 Conditionner les aides pour ceux qui ne joueraient pas le jeu, eh bien ça, le gouvernement,
18:36 pour l'instant, l'exclut totalement.
18:38 Il s'agit uniquement de parler des branches dans lesquelles les minimas sont sous le SMIC.
18:43 Il s'agit, Olivier Dussopt a dit qu'il était prêt à parler des trappes à bas salaires
18:46 en général, mais il a exclu deux choses et pas des moindres.
18:50 L'indexation de tous les salaires sur l'inflation.
18:52 Les syndicats vont être déçus.
18:54 Et il a exclu aussi, dans l'opinion cette semaine, en tout cas, de conditionner ces
18:59 aides que reçoivent les entreprises.
19:01 Pour des raisons juridiques, dit-il.
19:04 Il dit que techniquement et juridiquement, c'est compliqué.
19:08 Donc, en fait, on va voir si le débat se cristallise sur cette proposition.
19:11 Mais le gouvernement avance quand même de façon très fermée.
19:13 Alors, si j'écoute Agathe Lambret, cette conférence sociale, elle ne sert à rien
19:16 puisque les syndicats ne vont pas être écoutés.
19:19 C'est bien ça, Georges-Jérôme Berthelus ?
19:20 Avec une petite nuance quand même.
19:21 Moi, je trouve que c'est assez bien joué de la part de l'exécutif.
19:24 D'abord, c'est pour l'instant la seule chose concrète qui est sortie, effectivement,
19:29 des entretiens de Saint-Denis.
19:30 Mais surtout, ça permet, dans un premier temps, que l'exécutif ne soit pas absent
19:36 de la question de cette rentrée quid des classes populaires.
19:39 Ça a été martelé par Gérald Darmanin, ça a été souligné encore vendredi par
19:46 Édouard Philippe.
19:47 Il faut s'adresser aux classes populaires.
19:49 Et avec, effectivement, ces thèmes qui seront mis sur la table par la première ministre,
19:55 ça veut dire la trappe à bas salaire.
19:56 La trappe à bas salaire, un petit mot, ça pénalise les travailleurs.
20:00 Parce que dès qu'on est augmenté, on est pénalisé par l'impôt sur le revenu,
20:06 on perd éventuellement la prime sur l'emploi.
20:08 Et puis, effectivement, ça pousse les chefs d'entreprise à maintenir tout le monde
20:11 au SMIC, voire rendre ça.
20:13 Donc, mettre ça sur la table, c'est bien joué de la part du gouvernement.
20:19 Maintenant, Agathe Lambret a raison.
20:21 Le petit problème, ça va être la sortie de ça.
20:23 D'ores et déjà, sur les négociations, dans les minimas, dans les branches, la moitié
20:28 des branches sont en position illégale aujourd'hui.
20:30 Les syndicats, ils disent quoi ?
20:31 Ceux qui ne veulent pas négocier dans les branches, il faut leur retirer, effectivement,
20:36 les aides.
20:37 Donc, il ne s'agit même pas seulement de l'augmentation des salaires.
20:39 Il s'agit seulement de pousser les entreprises à négocier.
20:41 Et là, qu'est-ce que va faire ce gouvernement qui est quand même dans une doxa économique
20:46 relativement libérale ?
20:47 Est-ce que le gouvernement va vouloir s'en prendre aux entreprises ?
20:51 Donc, l'entrée, bien joué pour le gouvernement.
20:54 Maintenant, effectivement, la sortie sera plus problématique.
20:56 C'est vrai que c'est le problème auquel se heurte le gouvernement.
20:59 C'est qu'aller vers une suspension, par exemple, des exonérations de cotisations sociales,
21:04 c'est quasiment blasphématoire au regard de la philosophie du macronisme sur le plan
21:09 économique et la politique qui est conduite depuis 2017.
21:11 Même avant d'ailleurs, parce qu'en l'occurrence, Emmanuel Macron a plutôt mis ses pas dans
21:15 ceux de France Hollande, qui était celui qui avait inauguré cette politique dite de
21:19 l'offre en offrant des premiers allègements de charges au patronat.
21:23 Pour autant, hier, dans Le Parisien, Elisabeth Born disait à propos de cette demande de
21:29 la CFDT de suspendre éventuellement les exonérations de cotisations sociales aux chefs d'entreprise
21:34 qui ne joueraient pas le jeu des salaires.
21:35 Elle disait "c'est sur la table".
21:36 Alors, c'est sur la table, c'est un constat, puisqu'effectivement, la CFDT va amener cette
21:39 proposition sur la table.
21:41 On verra ce qui en sort.
21:42 Juste un tout dernier point sur cette conférence sociale aussi, c'est quels seront les participants.
21:47 A priori, tous les syndicats n'iront pas.
21:49 En tout cas, la CGT jusqu'à présent laissait entendre qu'elle n'irait pas.
21:52 On verra si elle y va finalement.
21:54 Si tous les syndicats n'y allaient pas, il y a aussi peut-être une forme de cynisme
21:57 du côté de l'exécutif, ce serait aussi une façon d'enfoncer un coin dans la fameuse
22:01 inter-syndicale qui a été aussi unie, solidaire et puissante depuis le début de l'année
22:06 à l'occasion du conflit sur les retraites.
22:08 Rendez-vous dans un mois.
22:09 On attend toujours la date de cette fameuse conférence sociale.
22:11 Merci à tous les trois.
22:12 Agathe Lambret, journaliste politique à France Info, on vous retrouve dans l'8.30 France
22:16 Info, tous les week-ends, vendredi, samedi et dimanche, aux côtés de Jean-Rémi Baudot.
22:20 A bientôt Jean-Jérôme Bertholdiste, éditorialiste politique et puis Renaud Delis, j'ai envie
22:24 de vous dire à demain.
22:25 A bientôt en effet, sûrement demain.
22:27 Les informés sont de retour ce soir à 20h avec Bérangère Mente et Jean-François Aquilli.
22:32 [Musique]

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