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00:00Et bienvenue dans Les Informés de France Info, votre rendez-vous de décryptage de l'actualité jusqu'à 9h30 en votre compagnie.
00:06Renaud Dely, bonjour.
00:07Bonjour Benjamin.
00:08Et avec nous ce matin Christian Cheneau, journaliste à la rédaction internationale de Radio France,
00:13Julie-Marie Lecomte, chef du service politique de France Info et Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvelle Obs.
00:18Bonjour.
00:19Avant de parler immigration, à l'occasion du déplacement de Michel Barnier et Bruno Rotaio à la frontière franco-italienne,
00:25Renaud, on revient tout de suite sur la mort de Yahya Sinwar, le chef du Hamas.
00:28Et oui, le chef du Hamas, Yahya Sinwar, qui a donc été éliminé par l'armée israélienne.
00:32Il est considéré, rappelons-le, comme le cerveau des massacres commis le 7 octobre 2023 par les terroristes islamistes du Hamas.
00:401 200 morts, 5 400 blessés et 250 otages.
00:43Une centaine resterait aujourd'hui détenus dans la bande de Gaza par le Hamas.
00:47Il a donc été tué par une opération de l'armée israélienne.
00:51Qu'est-ce que cette disparition peut changer au Hamas, à la situation dans la bande de Gaza et au-delà d'ailleurs au conflit ?
00:58Toujours en courant entre Israël et le Hamas, voici ce qu'en disait ce matin sur l'antenne de France Info,
01:02Shimon Mercerwood, qui est le porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien.
01:07Aujourd'hui, on est dans un moment où il y a de nouveau une opportunité pour que la bande de Gaza vive en paix à côté de l'État d'Israël.
01:15Mais pour que cela se fasse, il faut que le futur ne ressemble pas au passé.
01:20Ça veut dire que les Palestiniens utilisent leur territoire et leur gouvernance,
01:24ce n'est pas pour s'armer et pour faire la guerre contre Israël, mais pour développer leur propre société.
01:30Et le premier pas de cela doit être la libération immédiate des otages, des civils qui ont été enlevés de chez eux il y a plus qu'un an.
01:37Alors, est-ce que la mort de Yahya Sinouar, ça peut être le début de la fin, comme l'a dit Benyamin Netanyahou en utilisant cette expression ?
01:44Mais le début de la fin de quoi ? Le début de la fin du Hamas ? Le début de la fin du conflit ?
01:48Et le premier Israélien a aussi d'ailleurs tendu la main en quelque sorte aux preneurs d'otages en disant qu'ils auraient la vie sauve
01:54s'ils libéraient aujourd'hui les otages toujours détenus et que le conflit, selon Benyamin Netanyahou, s'arrêterait dès lors, aussitôt.
02:01Et bien justement, Christian Chennault, je me tourne vers vous pour commencer.
02:03Est-ce que la mort de Yahya Sinouar, c'est la fin du Hamas ? Forcément ?
02:06Non, pas forcément, parce qu'il reste encore 10 000 combattants, le frère de Yahya Sinouar est toujours en vie,
02:15c'est quelqu'un qui était dans la chambre des opérations, il y a le Hamas à l'extérieur.
02:18Donc non, pour l'instant, c'est un coup très dur, sévère, comme a dit Benyamin Netanyahou.
02:22Mais évidemment, on va voir, on est un peu sur un moment de crête, un moment peut-être de bascule ou pas,
02:26qu'on a dit, est-ce que c'est le début de la fin ? Voilà, il y a des otages.
02:32Est-ce qu'il y aura peut-être une période de latence un petit peu, parce qu'il va falloir reprendre le fil des négociations ?
02:37Avec qui ? Comment ? Est-ce que justement le Hamas à l'extérieur, on parle de Khaled Meshal,
02:41un des chefs du Hamas à Doha, qui pourrait être le nouveau, j'allais dire, chef par intérim ?
02:46Il faut quand même quelqu'un sur place.
02:48Il faut savoir aussi que le Hamas détient des otages, mais aussi le djihad islamique détient des otages.
02:53Donc il y a plusieurs groupes. Voilà, donc il peut y avoir une période un petit peu d'entre-deux.
02:57On a évoqué un homme sanguinaire qui n'avait pas beaucoup de retenue.
03:00Est-ce que cette ligne-là, cette doctrine-là peut être suivie aujourd'hui ?
03:04On va voir, on l'appelait le boucher de Ranunais, Sinouar.
03:08On peut avoir deux options.
03:10Effectivement, le scénario un peu où j'ai une espèce de fuite en avant des gens du Hamas,
03:16qui pourraient vraiment, voire même scénario horrible, liquider tous les otages.
03:21Ou effectivement, avoir des points d'inflexion venus d'extérieur.
03:25Parce qu'encore une fois, Khaled Meshal, le bureau politique à l'extérieur est très proche du Qatar.
03:30Et là, évidemment, on va rentrer peut-être dans une deuxième phase où il va falloir conclure.
03:34Mais pour conclure, il n'y a pas que les otages.
03:36Ça serait trop simple.
03:38Il y a aussi un cessez-le-feu, retrait de l'armée israélienne.
03:41Il y a tout ce phasage qu'il faut négocier.
03:44Donc pour l'instant, on est vraiment au tout début, un petit peu dans une période un peu trouble.
03:50Sylvain Courage, on a entendu Benyamin Netanyahou dire hier soir,
03:53c'est le début de la fin, sans vraiment savoir, c'est ce que disait Renaud, de quelle fin on parle.
03:57On sait que Benyamin Netanyahou se maintient aujourd'hui au pouvoir grâce à la guerre.
04:00On a du mal à imaginer une fin de tous ces fronts qui ont été ouverts ces derniers mois.
04:06Tous les fronts ne vont pas se refermer en même temps.
04:08Et puis, il faut rappeler qu'il y a aussi des conflits en Cisjordanie.
04:11Et ça, on n'en parle pas beaucoup, mais ça continue.
04:13Il y a le Liban. Le début de la fin, c'est une formule très ambiguë.
04:17C'est même un oxymore, c'est-à-dire que si c'est la fin, c'est la fin.
04:20Si c'est le début, c'est le début.
04:21Donc, c'est vraiment une formule pour se laisser les mains libres.
04:24C'est aussi pour cranter, pour dire, regardez ce que j'ai accompli.
04:28On sait que Yassin Noir était quand même l'homme à abattre, l'ennemi public numéro un en Israël.
04:34Donc, c'est aussi pour faire valoir cette réussite.
04:37Maintenant, tout reste ouvert.
04:38Il espère la libération des otages.
04:40Évidemment, ce serait pour lui triomphal de ramener, même si beaucoup d'otages sont déjà morts,
04:44mais d'en ramener un certain nombre.
04:46Mais on voit mal ce qui reste du Hamas lâcher les otages.
04:50Et puis, comme le soulignait à l'instant Christian Chennault,
04:54c'est aussi le djihad qui tient aussi des otages.
04:57Donc, c'est très compliqué.
04:58Et Christian, comment Netanyahou peut capitaliser sur cette victoire, ce trophée dont certains parlent ?
05:02Justement, s'il arrivait à voir, effectivement, sauver des otages, ramener des corps,
05:07ça serait pour lui une victoire.
05:09On sent qu'il avance et pionce jusqu'au 5 novembre.
05:11Il y a quand même derrière l'élection américaine.
05:13Il pousse au maximum.
05:15Hassan Nasrallah au Liban, hier Sy Noir.
05:18L'idée, c'est de pousser au maximum.
05:19Mais après, effectivement, ce n'est pas simplement une libération d'otages, c'est tout le reste.
05:24Et c'est énorme, tout le reste, parce qu'on parlait tout à l'heure des différents fronts.
05:28Mais le front libanais est en train de monter très fort en pression.
05:31Le Hezbollah a dit que maintenant, ils veulent escalader le conflit.
05:37Donc là, on est dans une phase un petit peu...
05:38Et puis, on oublie l'Iran.
05:41Netanyahou n'a pas oublié qu'ils vont certainement frapper l'Iran très prochainement.
05:44L'Iran qui dit que ça n'arrêtera rien à la révolution.
05:46Exactement.
05:46Donc, on a une période un petit peu...
05:48Evidemment, ils ont eu un trophée, un double trophée, Nasrallah et Sy Noir.
05:53Le problème, comment ils peuvent capitaliser là-dessus ?
05:55Effectivement, s'ils arrivent à ressortir des otages et peut-être engager un processus de retrait, de négociation,
06:01on serait peut-être sur le début de la fin.
06:03Mais si, effectivement, c'est un one-shot, un seul coup, c'est vrai que ça va pas aller loin.
06:07Renaud Delis.
06:07Je pense qu'il faut essayer, effectivement, de distinguer ces différents fronts qui sont ouverts en même temps.
06:11Pour ce qui est du Hamas et de la situation dans la bande de Gaza,
06:14c'est d'abord un succès considérable de Benyamin Netanyahou qui vient, qui en suit d'autres,
06:19puisque, en gros, l'état-major du Hamas a été décimé et donc, désormais, il y a Sy Noir.
06:23On sait à quel point le Hamas a été affaibli avec la perte de milliers ou de dizaines de milliers de terroristes du mouvement islamiste.
06:35Donc, on voit bien que l'objectif de Benyamin Netanyahou, ensuite, et il le dit très clairement, l'objectif d'Israël,
06:40c'est que le Hamas ne gère pas, quel que soit son nouveau chef, son nouvel organigramme, ne gère plus la bande de Gaza à l'issue du conflit.
06:47Donc, ça, on voit qu'on en prend cette voie.
06:49En tout cas, je ne sais pas à quel moment ça interviendra, mais ça, c'est un objectif d'Israël, très clairement,
06:54c'est de trouver un autre interlocuteur, est-ce que ce sera le Fatah, est-ce que ce sera un autre interlocuteur palestinien
06:59qui, à terme, prenne en charge la gestion de la bande de Gaza, mais plus le Hamas.
07:03Et c'est vrai que la situation est très différente, me semble-t-il, le Hamas est quand même très considérablement affaibli,
07:07ce qui n'est pas forcément le cas du Hezbollah, y compris après l'élimination de Nasrallah,
07:11mais le Hezbollah est une autre force, une autre puissance, a une autre puissance de frappe,
07:16ce qui explique que le Hezbollah continue de bombarder le nord d'Israël.
07:18Et puis face à la mort de Yahya Sinwar, il y a les réactions occidentales,
07:22on a vu Joe Biden féliciter Benyamin Netanyahou, la réaction aussi de Marie Lecomte d'Emmanuel Macron,
07:29qui appelle aujourd'hui à aller de l'avant, finalement.
07:31Oui, Emmanuel Macron, il veut que cet événement-là puisse être considéré comme un tournant,
07:37mais il n'est pas le seul, il est dans la roue notamment des Américains,
07:40qui disent, voilà, à partir du moment où le chef du Hamas est mort,
07:45maintenant, avançons, saisissons cette opportunité.
07:49Il en appelle à Benyamin Netanyahou, il en appelle aussi, vous le disiez Christian, à l'Iran,
07:54et il en appelle aussi aux Etats-Unis en leur disant,
07:59si on veut un cessez-le-feu, maintenant soyons sérieux, il faut effectivement arrêter les ventes d'armes.
08:04Emmanuel Macron qui a rappelé son soutien à Israël aussi, pour aller…
08:07Son soutien indéfectible, c'est ce qu'il a dit, tout en précisant que ce n'est pas parce qu'on soutient un pays
08:12qu'on est forcément d'accord avec la politique que mène son Premier ministre.
08:17Christian Cheneau, pour terminer, est-ce que Benyamin Netanyahou continue de jouer la montre, selon vous,
08:21en attendant l'élection américaine, justement, parce qu'il attend de voir le résultat de cette élection ?
08:25Il pousse jusqu'au bout, mais pour rebondir, c'est-à-dire que là, il y a un moment, un momentum, comme on dit,
08:30pour effectivement avancer, il y a une opportunité à saisir.
08:34Est-ce qu'elle va être saisie ou pas par Benjamin Netanyahou ?
08:36Est-ce que lui a d'autres agendas ? Parce que derrière, encore une fois, il y a l'ESBOLA, il y a l'Iran.
08:41C'est saisi par le Hamas aussi. Est-ce que le Hamas va faire un geste pour les autres ?
08:45Est-ce que ça va bouger là ? En tout cas, lui, il a le 5 novembre en ligne de mire, et il va quand même pousser à son avantage.
08:52Parce qu'il sait qu'une élection de Donald Trump jouerait en sa faveur, sans doute.
08:57Il serait plus conciliant avec lui, tout simplement.
08:59Oui, et puis, encore une fois, là, lui, il essaie de remuer tous les fronts, de se débarrasser de tous ses ennemis.
09:05Hamas, ESBOLA, Iran. Le Hamas, très affaibli. Le ESBOLA, très compliqué.
09:11La mer des batailles, c'est l'Iran. Et là, c'est une autre paire de manches.
09:14Plein de questions qui s'ouvrent à nous maintenant, et on les suivra bien évidemment sur France Info.
09:17On va poursuivre les informer dans quelques instants avec un autre débat.
09:21On évoquera la politique migratoire en Europe à l'occasion d'un déplacement de Michel Barnier et Bruno Retailleau à la frontière franco-italienne.
09:28Ce sera juste après le Fil Info de 9h15 avec Claire Checaghini.
09:33La mort de Yahya Sinouar doit être le moment de tourner la page de la guerre à Gaza,
09:38comme le veut formuler ce matin par Jean-Noël Barrault, le ministre des Affaires étrangères,
09:41qui a rappelé les exigences de Paris, incessé le feu, l'acheminement massif d'aides dans l'enclave palestinienne et la libération de tous les otages.
09:50Les Franciliens, usagers du RERE, priaient de trouver un plan B.
09:54Aucune rame en circulation aujourd'hui en raison des intempéries.
09:57Toujours sur le front des inondations, améliorations ce matin en Lozère, en Ardèche et dans la Loire.
10:02Sur les Cévennes et dans le bassin d'Hannonay, les précipitations de ces dernières 48h
10:07ont correspondu à six mois de pluie.
10:09Le coup de pression d'Agnès Pannier-Runacher ce matin concernant le budget.
10:14« Si je n'ai pas les moyens de mon action, j'en tirerai les conclusions », avertit la ministre de la Transition écologique.
10:20Aucun téléguidage de Bercy.
10:21Le ministre de l'Industrie assure que la dernière offre de rachat du fabricant de Doliprane n'a pas été soufflée par ses services.
10:29Marc Ferracci réaffirme qu'il imposera des engagements au potentiel acquéreur de la filiale de Sanofi.
10:35Un fonds français vient de faire une nouvelle proposition face à celle de son concurrent américain.
10:52Et avec nous autour de la table ce matin, Julie Marie-Lecomte du service politique de France Info
10:56et Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvelle Ops.
11:00On remercie Christian Chenault qui était avec nous à l'instant pour ce premier débat.
11:03On passe à notre deuxième débat de la matinée.
11:05On va parler immigration, Renaud, et on se demande si, en la matière,
11:08Georgia Melloni est un modèle pour Michel Barnier et Bruno Retailleau.
11:11Et oui, visiblement, la présidente du Conseil italien,
11:14chef de file de l'extrême droite en Italie, semble être une source d'inspiration pour le gouvernement français
11:18puisque Michel Barnier et son ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau
11:21se rendent aujourd'hui à la frontière franco-italienne à 20 milles d'un côté de la frontière
11:25et puis à menton de l'autre pour notamment des réunions de travail
11:29avec deux ministres du gouvernement de Georgia Melloni,
11:31ministre des Affaires étrangères et ministre de l'Intérieur.
11:33Un déplacement qui survient d'ailleurs au lendemain du sommet européen de Bruxelles
11:38où les 27 se sont mis d'accord pour réclamer, disent-ils en urgence,
11:42une nouvelle loi de nouvelles dispositions pour accélérer les expulsions de migrants illégaux.
11:48Et la semaine où les premiers migrants afghans venant d'Italie sont arrivés en Albanie,
11:54on sait que Georgia Melloni a conclu un accord avec l'Albanie
11:57afin que les migrants illégaux arrivant en Italie qui demandent en tout cas l'asile,
12:03qui revendiquent le droit d'asile, que leur dossier soit étudié en Albanie.
12:07Donc les premiers migrants qui ont été transférés, c'est survenu en début de semaine.
12:12Une situation dont se félicitait justement devant le parlement italien Georgia Melloni
12:16qui s'oppose quasiment en modèle pour l'Europe.
12:19Je suis fière que de ce point de vue, l'Italie soit devenue un modèle à suivre.
12:26C'est une voie nouvelle, courageuse, inédite, mais qui reflète parfaitement l'esprit européen
12:31et est en règle pour être entreprise aussi par d'autres pays hors de l'UE.
12:36Alors est-ce qu'effectivement le modèle de politique migratoire extrêmement restrictif de Georgia Melloni
12:41peut devenir, est en train de devenir une source d'inspiration pour d'autres gouvernements d'Europe,
12:45et y compris d'ailleurs le gouvernement français ?
12:46On sait que Bruno Retailleau voudrait bien ouvrir des discussions avec un certain nombre de pays tiers,
12:53éventuellement à terme, pour nouer des accords susceptibles de valider un certain nombre d'expulsions
12:59de migrants illégaux qui ne peuvent pas retourner dans leur pays d'origine.
13:02Julie-Marie Lecomte sur cette question, décidément j'y arrive pas ce matin sur cette question justement.
13:07Est-ce que cet accord pourrait faire école et inspirer la France selon vous ?
13:12Alors ça dépend exactement de quoi on parle, parce qu'en fait il y a plusieurs modèles.
13:19Ce que fait l'Italie là notamment c'est instruire des demandes d'asile en dehors de son sol,
13:28et ça a priori c'est un modèle qui est exclu par la France, je parle sous le contrôle de Renault,
13:36mais y compris je crois pour des raisons de droits constitutionnels.
13:42Emmanuel Macron l'a dit, l'asile, la demande d'asile instruite sur le sol français,
13:49ça pour lui ça fait partie des lignes rouges.
13:52En fait la question c'est de savoir si on parle d'où on instruit les demandes d'asile,
13:56en dehors ou pas du sol français, où est-ce qu'on renvoie éventuellement des migrants,
14:03ça c'est plutôt la question de ce que les Européens mais aussi les Français de plus en plus appellent les hubs extérieurs.
14:12Là on parle de centres de rétention à l'extérieur de l'Europe, des pays concernés,
14:18et puis il y a enfin la question de savoir, et il me semble que c'est plutôt ça auquel réfléchit Bruno Retailleau,
14:25c'est de savoir si on peut renvoyer des migrants qui ne peuvent pas rester sur le sol français
14:32dans des pays qui ne sont pas leur pays d'origine, et c'est plutôt ce genre d'accord qui est négocié.
14:37On parle notamment d'accords avec l'Irak, le Kazakhstan ou l'Egypte pour envoyer justement des étrangers.
14:42Le ministère de l'Intérieur ne confirme qu'un mot en disant que ce sont des pistes de réflexion,
14:48mais que pour l'instant rien n'est cranté, on en saura peut-être un peu plus
14:56quand Bruno Retailleau détaillera ce qu'il conçoit dans son futur projet de loi.
15:03Et puis Emmanuel Macron va probablement reprendre la main sur ce dossier-là,
15:07puisqu'il est question qu'il le voit en tête à tête, et pour la première fois la semaine prochaine Bruno Retailleau le ministre de l'Intérieur.
15:12Sylvain Courage, Ursula von der Leyen a proposé lundi soir une nouvelle loi, des solutions innovantes dites-elles,
15:18pour faciliter l'expulsion de migrants en situation irrégulière, elle veut elle aussi s'inspirer de Mélanie ?
15:23Oui alors le modèle Mélanie, c'est-à-dire les fameux centres qui sont construits en Albanie,
15:28ça n'a pas convaincu grand monde, les dirigeants européens étaient sceptiques hier,
15:31parce que d'abord tout simplement sur un plan pragmatique ça porte sur un très petit nombre d'individus,
15:39ensuite c'est quand même dans des conditions qui sont très contestables,
15:43donc pour l'instant ça ne suscite pas vraiment une adhésion, on cherche des moyens effectivement,
15:50d'essayer d'accomplir les reconduites dans des pays tiers, de faire des hubs pour retenir les gens,
16:02mais on ne voit pas pour l'instant vraiment quel est le dispositif,
16:05mais la volonté de durcir la législation elle est là, et ça probablement c'est devant nous.
16:11On a le sentiment malgré tout Renaud que Georgia Mélanie qui était infréquentable à ses débuts devient de plus en plus écoutée ?
16:17C'est assez frappant en tout cas, elle est arrivée au pouvoir en octobre 2022,
16:21comment son statut aux Unions Européennes a changé,
16:25d'ailleurs sous la Wunderland elle-même, c'est affiché à plusieurs reprises avec elle,
16:28elles ont fait des déplacements communs, y compris d'ailleurs pour négocier des accords,
16:31enfin pas que lorsque l'Italie voulait négocier des accords avec des pays de départ ou des pays de passage de migrants,
16:36je pense à la Tunisie, un régime tunisien dont on connaît la nature fort peu démocratique d'ailleurs,
16:42mais avec lequel l'Italie a conclu un accord, donc c'est vrai qu'il y a une évolution,
16:45mais qui tient aussi, Georgia Mélanie, elle fait aussi énormément de com' et de ce point de vue-là,
16:50sur la communication, elle est effectivement assez habile, assez efficace,
16:53parce qu'il faut rappeler qu'au départ elle avait, pour se faire élire présidente du Conseil,
16:57une proposition choc, une proposition phare, à laquelle elle a renoncé rapidement,
17:01le blocus naval des côtes italiennes qui était impossible, illégal, c'est là-dessus qu'elle s'est fait élire.
17:07Donc elle-même, elle a reculé sur sa proposition la plus spectaculaire pour lutter contre l'immigration illégale disait-elle à l'époque,
17:15pour effectivement signer cet accord avec l'Albanie, mais comme Sylvain Courage le relevait très justement,
17:20qui arithmétiquement de toute façon est un accord plus symbolique que quelque chose qui peut résoudre évidemment
17:27la question migratoire en Italie, ça ne peut concerner qu'un petit nombre de personnes,
17:31et puis pour mettre en œuvre effectivement des mesures plus restrictives,
17:34qui portent leurs fruits de façon arithmétique, c'est incontestable,
17:37c'est-à-dire que le nombre d'entrées illégales en Italie a considérablement fléchi,
17:43c'est considérablement réduit de plus de 40% cette année, sauf qu'on constate, si on prend un peu de recul,
17:50qu'en fait les routes migratoires changent, c'est-à-dire que les migrants qui passaient par l'Italie
17:53passent là désormais beaucoup plus par l'Espagne par exemple.
17:56Donc on voit bien la nécessité d'une réponse européenne, qui ne soit pas d'ailleurs uniquement évidemment
18:00dans le rejet et la fermeture des frontières, qui est la question migratoire,
18:04elle nécessite d'être prise dans ces dimensions globales, et le fait que Giorgia Meloni s'impose un peu,
18:09visiblement quand même inspire un peu Bruno Retailleau,
18:12ce qui explique d'ailleurs le déplacement d'aujourd'hui, Bruno Retailleau et Michel Barnier,
18:15ils vont chercher des images d'abord en allant s'afficher du côté de 20 milliers de mentons,
18:19et ils veulent montrer à leur électorat qu'ils sont en première ligne sur ce dossier
18:25et que les solutions mises en avant par Giorgia Meloni ne les rebutent pas.
18:29Mais ça peut fonctionner un certain temps d'un point de vue de communication
18:33et même peut-être d'un point de vue électoral,
18:35ça ne contribue pas à résoudre évidemment l'ampleur de ce dossier migratoire
18:40qui doit être pris sous des facettes multiples et beaucoup plus générales à l'échelle du continent.
18:44Julie-Marie Lecomte, vous nous le disiez, on attend de voir ce que Bruno Retailleau va proposer en termes d'immigration,
18:49on sait déjà que le gouvernement envisage de prolonger dans la future loi de 90 à 210 jours
18:54le délai maximum en centre de rétention pour les étrangers dangereux,
18:59mais après finalement on ne sait pas trop ce qui est prévu,
19:01comment par exemple obtenir plus de laissés-passer consulaires dans les pays d'origine, c'est un peu flou encore ça ?
19:06En fait la mise dans l'atmosphère de cette nouvelle loi qui serait une loi Retailleau un an à peine après la loi d'Armanin,
19:14cette mise en atmosphère-là, elle est pour l'instant plus politique que technique,
19:20elle est politique pour deux raisons,
19:22d'abord parce qu'on est dans un moment où en gros la question budgétaire
19:27est à fagociter à peu près l'intégralité de la bande passante comme on dit.
19:31Ce que fait le gouvernement là, c'est mettre dans l'atmosphère un autre sujet
19:37pour montrer qu'il est aussi capable de s'occuper d'autres choses malgré la situation financière jugée désastreuse de la France.
19:46Et puis il me semble qu'à la frontière italienne aujourd'hui il va se passer quelque chose d'intéressant
19:50parce que cette frontière-là c'est un trait d'union entre la France et l'Italie,
19:53mais aujourd'hui ça va aussi être un trait d'union entre le gouvernement français et un gouvernement italien
19:59qui quand il est à Giorgia Meloni, alors qu'elle ne sera pas là, mais deux de ses ministres,
20:05dans un gouvernement d'une Giorgia Meloni présentée comme post-fasciste,
20:10donc là on a quand même une articulation, un contact qui est quasiment un trait d'union sur l'union des droites.
20:17Et au passage si je me souviens bien c'est le genre de déplacement qu'on a vu pendant la campagne,
20:21la dernière campagne avec Jordan Bardella notamment, c'est un endroit...
20:24Cette frontière c'est devenu effectivement un décor ultra-politique.
20:32Gérald Darmanin juste avant le début des débats sur la précédente loi sur l'immigration,
20:40c'était lui aussi rendu à menton.
20:43Sylvain Courage, je vous voyais acclécer.
20:45Oui, mais ça peut aussi poser un problème politique intérieur,
20:48parce qu'on voit bien qu'Emmanuel Macron n'est pas forcément sur la même ligne.
20:51Cet affichage à la frontière symbolique entre la France et l'Italie,
20:56où parfois il y a eu des vives tensions d'ailleurs entre Giorgia Meloni et Emmanuel Macron,
20:59on s'en souvient, on voit bien qu'il va y avoir un débat à l'intérieur de l'exécutif.
21:05Puis la question de la loi immigration, c'est évidemment un débat entre le gouvernement,
21:11Bruno Retailleau, Michel Barnier, et puis le Bloc central,
21:15déjà qui a fait savoir qu'il ne voulait pas d'une loi qui durcirait encore les conditions.
21:20Donc, finalement, Michel Barnier a répondu qu'il allait s'en tenir
21:25aux éléments qui n'avaient pas été votés lors du dernier débat.
21:29Mais on voit bien que c'est quand même très tendu, effectivement politiquement très difficile.
21:32Et puis il y a un autre calcul, les deux débats sont liés,
21:34c'est-à-dire que Michel Barnier espère une abstention du Rassemblement national
21:40à l'occasion du 49.3 sur le budget,
21:43et donc il programme une loi immigration qui est réclamée par Marine Le Pen.
21:46Donc on voit tous ces calculs politiques,
21:47bien difficile de dire quel texte sortira de ce jeu de force.
21:50On va devoir s'arrêter là, merci les informés.
21:52Julie-Marie Lecomte, chef du service politique de France Info,
21:55Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvelle-Aube,
21:57c'est merci à vous, Renaud Delis.
21:58Merci à vous, Benjamin.
21:59Les informés reviennent ce soir à 20h avec Victor Mathé.
22:02En attendant, l'info continue sur France Info. Bonne journée.