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00:00Et c'est avec grand plaisir que je vous retrouve pour les informer en direct tous les matins jusqu'à 9h30 sur France Info.
00:14Avec toujours, et c'est une chance, Renaud Delis. Bonjour Renaud.
00:16Bonjour Salia.
00:17Bonjour à nous. Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas vues. Une petite semaine où vous m'aviez manqué.
00:23Bonjour à nos informés du jour, Myriam Mankawa, présentatrice de l'émission.
00:27Ça vous regarde tous les soirs du mardi au vendredi de 19h30 à 19h30 sur LCP. Bonjour Myriam.
00:33Bonjour Salia. Bonjour à tous.
00:34Et bonjour à Jean-Jérôme Berthollus, éditorialiste politique à France Info Télé. Bienvenue Jean-Jérôme.
00:39Bonjour Salia.
00:40Renaud Delis, dans moins d'une heure maintenant, s'ouvre le procès pour l'assassinat de Samuel Paty.
00:47Effectivement, ouverture à 10h devant la cour d'assises spéciale de Paris du procès de 8 individus majeurs
00:53pour leur implication présumée dans l'attentat qui a coûté la vie à Samuel Paty.
00:56Rappelons que cet enseignant professeur d'histoire et de géographie a été assassiné par un terroriste islamiste
01:01à la sortie de son collège de Conflans-Saint-Honorin. C'était en octobre 2020.
01:05A l'origine de cette affaire, on se souvient, un mensonge. Le mensonge d'une élève qui n'avait pas assisté
01:10au cours de Samuel Paty, qui avait été mis en cause. Mensonge exploité ensuite par le père de cette élève,
01:16par un militant islamiste qui avait aussi diffusé des vidéos.
01:20Bref, un réseau comme un engrenage, en quelque sorte, qui s'était constitué jusqu'au drame.
01:26Avec d'ailleurs deux individus qui sont aussi accusés de complicité avec le terroriste Tchétchène
01:31qui lui a été abattu par la police peu après les faits. Pourquoi est-ce que l'école avait été visée en octobre 2020 ?
01:39On se souvient que depuis en octobre 2023, Dominique Bernard a été un autre enseignant, tué, lui, à Arras.
01:44Voici l'analyse d'un autre enseignant, lui-même professeur d'histoire et de géographie,
01:48directeur de l'Observatoire d'éducation à la Fondation Jean Jaurès, Yanis Rohdeur,
01:52qui était votre invité il y a quelques minutes.
01:54Certains encore n'ont toujours pas compris que nous sommes face à des gens
01:59qui ne sont pas forcément très bien organisés, qui ne sont pas tous en réseau, bien sûr,
02:04mais qui ponctuellement peuvent nous faire extrêmement mal et qui, dans leur esprit, nous mènent une guerre.
02:09Et je crois que le procès de cette affaire terrible peut nous servir,
02:15peut-être, je l'espère en tout cas, à comprendre ce qui nous arrive.
02:17C'est l'école qui a été visée, elle n'est pas visée par hasard.
02:21Alors, est-ce que ce procès peut-on espérer qu'il nous aide, justement, à comprendre ?
02:24Et peut-être qu'il aide un peu l'ensemble de l'université française à comprendre ce qui se passe.
02:27Et pourquoi est-ce que l'école, et à travers elle, évidemment, la laïcité, est attaquée, visée, ciblée ?
02:34Est-ce que c'est toujours le cas aujourd'hui ? Dans quelles proportions ?
02:36Et est-ce qu'un tel drame, aujourd'hui, pourrait être évité ?
02:39Ou au contraire, est-ce que la menace est toujours là et qu'un tel assassinat pourrait se reprenir ?
02:44Myriam Ankawa, d'abord, sur les leçons qu'il faudra en tirer de ce procès qui s'ouvre aujourd'hui.
02:49D'abord, c'est un procès très important, parce que c'est un procès sur un lien.
02:53Le lien entre l'islamisme, et particulièrement l'islamisme 2.0,
02:59et le passage à l'acte avec le terrorisme islamisme en tant que tel.
03:04Et ça, c'est très important parce qu'aujourd'hui, on n'a pas souvent, si j'ose dire,
03:11quelque part, un laboratoire de ce continuum de violence.
03:14Ça, c'est inédit que les réseaux sociaux...
03:16C'est inédit qu'on jette en pâture, en tout cas que ça aboutisse à une décapitation,
03:22qu'on jette en pâture un nom sur les réseaux sociaux, avec des données personnelles,
03:26avec l'adresse de l'école, avec une viralité, et ça c'est très important, des réseaux sociaux.
03:32Il faut se rappeler qu'il y a eu un signalement, à partir de Twitter,
03:36d'une personne qui a vu un des messages, et qui a dit
03:40« Attention, je préviens la plateforme Faos avant même le passage à l'acte. »
03:43Donc il faut bien mesurer ce terreau, ce continuum de violence.
03:47Et c'est très important, ça, parce que l'islamisme, ça n'est pas le terrorisme islamiste.
03:52Mais il y a un lien, et ça, je pense que c'est l'occasion de le comprendre.
03:57Il y a la mise en danger de la vie d'autrui à travers ces personnes qui sont jugées,
04:02certaines pour complicité, d'autres pour association de malfaiteurs.
04:06Il y a le sanctuaire qui est l'école.
04:08L'école n'est pas attaquée par hasard, Yanis Roder le disait très bien.
04:11L'école de la République.
04:13Ce qui échappe aux parents.
04:15Elle échappe aux parents, en France, l'école de la République.
04:18Pourquoi ? Parce qu'on y enseigne les valeurs de la République.
04:21On les transmet. Il le disait, Yanis Roder, c'est l'article 111-1 du Code de l'éducation.
04:26Ça n'est pas uniquement des connaissances, une transmission de savoir.
04:30C'est aussi un modèle, c'est aussi l'esprit critique, apprendre à penser par soi-même.
04:35Évidemment, c'est le modèle qui est visé à travers, malheureusement, le décès et le meurtre de Samuel Paty.
04:43C'est fondamental qu'on se replonge dans les faits pour prendre conscience de ce qui nous arrive,
04:51même si, il faut le dire aussi, des progrès ont été faits, des référents de laïcité ont été mis en place,
04:56des formations, 650 000 formations aux enseignants, aux valeurs de la République.
05:02650 000 sur un million d'enseignants, c'est déjà ça.
05:05On va revenir sur les mesures qui ont été décidées à la suite de l'assassinat de Samuel Paty,
05:10les mesures dès 2021 par l'Education nationale.
05:13Mais quand même, Jean-Jérôme Bertholleux, sur ce qui est visé, effectivement, par ces actes, lors de ces drames,
05:19c'est les valeurs de la République, c'est la laïcité, à la française aussi, qui est visée.
05:24Oui, c'est les valeurs de la République, mais disons, ça n'est pas quelque chose de conceptuel, les valeurs de la République,
05:31puisque, effectivement, ça vient d'être appelé également par Myriam Mankawa,
05:35l'objectif de l'école, c'est de transformer les élèves en citoyens de la République.
05:41Donc, ça veut dire de leur faire, en quelque sorte, digérer ces valeurs, de leur faire toucher du doigt ces valeurs.
05:49Et clairement, aujourd'hui, les islamistes qui font de l'islam une idéologie, eh bien, ils sont à l'inverse de ça.
05:57Pourquoi ? Parce que, simplement, ils estiment que l'islam est la première loi, l'islam est le véritable système de valeurs.
06:03Et depuis quelques années, quand on voit cette guérilla que mènent certains islamistes, guère, quand on voit les deux victimes,
06:13bien sûr, Samuel Paty et Dominique Bernard, à l'école, c'est aussi parce que l'école diffuse un savoir qui, au-delà même de la République,
06:24donne à penser le monde. Par exemple, on sait que les professeurs, on sait que le terroriste, quand il s'en est pris à Dominique Bernard,
06:31il cherchait, il l'a dit lui-même, je cherche un prof d'histoire. Mais il y a d'autres matières qui sont touchées,
06:36comme SVT, par exemple, les matières de sciences de la vie. Pourquoi ? Parce qu'on y apprend, effectivement, la théorie de l'évolution.
06:43Et ça, les islamistes ne veulent pas en entendre parler. Donc, on voit que c'est aussi l'institution républicaine,
06:51mais c'est aussi une institution qui diffuse un peu de raison. Et ça a été dit par Renaud, et ça a été dit également par Myriam.
07:01Il y a eu des vidéos, et notamment celle de ce militant islamiste, qui est aujourd'hui parmi les huit prévenus à ce procès.
07:09Et dans cette vidéo, qu'est-ce qu'il y avait ? Il y avait le fait que Samuel Paty aurait relayé un message de haine du président de la République,
07:19Emmanuel Macron, envers les musulmans. Il y avait le lien entre la fake news entourant Samuel Paty et le massacre de Srebrenica en 1995, le massacre de musulmans.
07:32Donc, on voit que c'est un espèce de discours gloubi-glouba, et que l'école, justement, c'est l'école à la fois de la République et de la raison.
07:42Et c'est pour ça que les islamistes s'en prennent à cette institution dont je ne suis plus tout à fait sûr que ce soit un sanctuaire.
07:48Alors, face à cette menace, Renaud Delis, face aux atteintes à la laïcité qui interviennent quotidiennement dans les établissements scolaires, que fait l'école ?
07:56Il y a un certain nombre de mesures qui ont effectivement été prises depuis l'assassinat de Samuel Paty.
08:00Il y a effectivement l'institution, le développement de référents dits valeurs de la République.
08:05Il y a davantage des dispositifs d'alerte qui semblent fonctionner un petit peu mieux.
08:09Il y a aussi la loi séparatisme, qui a notamment visé un centre d'association culturelle, remis en cause, supprimé un centre de subvention publique à ces associations lorsqu'elles n'adhéraient pas à la charte de la laïcité.
08:21Il y a eu la dissolution aussi du CCIF, le comité contre l'islamophobie, qui a joué dans l'ensemble d'affaires un rôle particulièrement néfaste.
08:29Bref, il y a des mesures qui ont été prises, mais on voit bien que tout ça ne suffit pas probablement.
08:33En tout cas, c'est une action de longue date, qui est effectivement une action d'éducation, d'émancipation.
08:37C'est-à-dire que la vraie nature de l'école de la République et du message laïc qu'elle porte, c'est celui-là.
08:41Et il faut faire attention juste sur un point.
08:43Indéniablement, la laïcité est visée au premier chef parce qu'elle est symbolique de tout ce que haïssent les islamistes et les terroristes islamistes.
08:53Et ça, Mireille Mankawa et Jean-Jérôme Berthelus l'ont très bien dit.
08:56Et c'est vrai, on l'a vu malheureusement à Confluence Saint-Honorin, comme on l'a vu à Arras avec l'assassinat de Dominique Bernard.
09:02Et comme on continue de le mesurer dans de nombreuses écoles, on reviendra, j'imagine, sur les atteintes à la laïcité de ces derniers mois.
09:07Et en même temps, parfois, certains disent, justement, puisque la laïcité est visée, la laïcité dite à la française, il faudrait peut-être s'interroger sur ce concept-là.
09:17Mais pas du tout.
09:18Ce n'est pas l'école qui doit se retrouver sur le banc des accusés.
09:21Ce n'est pas l'école qui a à s'expliquer.
09:23L'école, c'est un menu unique, si j'ose dire, pour tout le monde.
09:26C'est-à-dire la laïcité, ça s'impose à tout le monde, quelle que soit sa confession, si on en a une d'ailleurs.
09:30Que ce soit des athées, des musulmans, des juifs, des chrétiens, etc.
09:33Tout le monde est soumis à la même règle commune.
09:37Ce n'est pas un menu à la carte où, sous prétexte de respecter le fameux respect de telle ou telle opinion individuelle, il faudrait aménager la laïcité.
09:45Et d'ailleurs, il n'y a pas seulement l'école, encore une fois, et la laïcité qui sont aux premiers chefs, qui sont des cibles éminentes des terroristes islamistes.
09:52Mais les terroristes islamistes portent une idéologie totalitaire qui tue indifféremment des athées, des musulmans, des juifs, des chrétiens, etc.
10:02Donc ça n'est pas, et on en entend trop souvent dans une partie aujourd'hui du monde politique,
10:06et malheureusement dans une partie de la gauche, et plus précisément de la gauche radicale,
10:10une remise en cause, voire un abandon de la laïcité.
10:14C'est cette logique-là, une forme d'abandon ou de lâcheté, qui est extrêmement pernicieuse et qu'il faut combattre.
10:19Je pense que l'un des arguments qui est porté par une partie de cette gauche, c'est justement de dire,
10:23c'est bien beau, on utilise la laïcité désormais comme arme pour faire de l'islamophobie.
10:29Ça devient ça, en fait. Vouloir faire respecter la laïcité, en fait, c'est s'attaquer aux musulmans.
10:33Alors attention, l'attaque aux musulmans et l'islamophobie, c'est peut-être deux choses différentes.
10:39Dans l'islamophobie, on entend le mot islam, l'islam est une religion.
10:42L'attaque aux musulmans, la haine anti-musulmans, c'est du racisme.
10:46En mélangeant un peu les deux, on se rend compte aussi qu'on ne fait pas forcément oeuvre de pédagogie
10:50sur ce que c'est que la laïcité, ce que c'est aussi que le blasphème.
10:53Et ça, on entend souvent, quand on parle du blasphème, cet abandon, cette espèce de...
11:00On rend les armes en disant, on n'y arrivera jamais, la laïcité, ça ne passera pas à l'heure du 2.0,
11:07à l'heure de la mondialisation.
11:09Le blasphème, en France, n'est pas un délit, le blasphème est un droit.
11:15Et là, c'est un énorme défi, c'est un énorme défi.
11:17Parce qu'aujourd'hui, les jeunes, ils sont sur Instagram, ils sont sur TikTok,
11:22et cette question-là, voilà, il faut le reconnaître,
11:26on n'est pas aidés par le monde et par la culture mondialisée.
11:31Mais vous entendez quand même qu'il faut dire la partie de la gauche qui dit,
11:34mais arrêtons d'utiliser la laïcité contre une communauté en particulier.
11:37Mais ça, c'est une gauche qui a abandonné la laïcité, qui a trahi son message et sa vocation.
11:41Et donc, quand l'extrême droite, et en l'occurrence Marine Le Pen, s'empare de la laïcité,
11:44elle ne met pas dans ce terme-là ce que mettent les vrais défenseurs de la laïcité, évidemment.
11:48Donc, ce n'est pas parce qu'une gauche a abandonné sa mission,
11:52qui devrait être, historiquement, depuis la fondation de la République,
11:54et même bien avant, c'est un héritage des Lumières,
11:56la défense de la laïcité avec le fait que la laïcité,
12:00c'est la liberté absolue de conscience, c'est le respect par définition,
12:02c'est la tolérance, c'est l'émancipation.
12:05L'extrême droite s'en est saisie, pourquoi ?
12:07Parce que cette gauche-là a l'abandonné, elle l'a transformée, effectivement,
12:10elle l'a instrumentalisée.
12:11Mais ce n'est pas parce que l'extrême droite et Marine Le Pen déforment la laïcité
12:14dans une direction, effectivement, xénophobe,
12:17voire professent des intentions racistes à l'endroit des musulmans,
12:20en détournant ce terme-là,
12:22que la laïcité authentique, la vraie, doit être abandonnée.
12:24Au contraire, là, ce serait une démission terrible.
12:26Donc, il faut bien, encore une fois, la laïcité n'a pas à être accusée.
12:29Elle n'est pas sur le banc des accusés, ni la laïcité, ni l'école.
12:32Et toute la gauche qui, malheureusement, se livre à ce jeu-là,
12:36participe de cette lâcheté, ne fait, au contraire, qu'aggraver le problème.
12:40La laïcité, ce n'est pas la négation des religions.
12:42Oui, je voudrais juste revenir un tout petit peu en arrière
12:45sur ce qui a été fait par l'Education nationale.
12:47Il y a une mesure qu'on n'a pas citée et qui est très, très importante,
12:50c'est la protection fonctionnelle.
12:52Samuel Paty, il a tenté de se défendre tout seul.
12:57Il a été déposé plainte avec, effectivement, l'approviseur du lycée,
13:00mais il était un peu seul par rapport à l'institution.
13:03Et depuis, cette institution a quand même permis à tous les profs,
13:07c'est valable pour tous les fonctionnaires,
13:09d'accélérer le mouvement pour les profs, d'avoir une protection juridique,
13:12qu'il y ait quelqu'un qui leur permette de se défendre.
13:15Pourquoi je dis que c'est important ?
13:16Parce que, d'une part, les chiffres explosent.
13:18La protection fonctionnelle, il y a eu plus de 5000 profs qui l'ont demandé.
13:22Et pourquoi je dis ça ?
13:23C'est parce qu'à l'inverse, la ministre de l'Education nationale
13:26a indiqué que les chiffres en matière d'atteinte à la laïcité baissaient.
13:29Donc on voit que les profs, ils se sentent quand même très, très seuls.
13:32Et je ferai juste un petit pas de côté.
13:34En revanche, ce qu'il ne faut jamais perdre de vue,
13:37c'est que s'il faut enseigner à la République,
13:39il ne faut pas que la République ait elle-même trop de failles.
13:42Et on sait qu'il y a des profs qui, dans des BAU, dans des quartiers prioritaires,
13:46se sentent vraiment très seuls, avec des ados qui n'ont jamais quitté leur quartier,
13:51qui n'ont vu que leur supermarché du coin.
13:53Donc il faut aussi que l'intégration, les valeurs de la République,
13:58ne soient pas un 20 mots, parfois.
14:009h20 sur France Info, les informés continuent après le Fil Info de Maureen Sunière.
14:05Un navire militaire vient d'arriver dans le port de Valence.
14:08En Espagne, plus de 100 soldats à bord.
14:10Et aussi de la nourriture, de l'eau, des camions et deux hélicoptères.
14:13De l'aide après les violentes intempéries de la semaine dernière.
14:16217 morts au moins dans la région.
14:18Les secours recherchent encore de nombreux disparus.
14:21L'avocat de Noël Legrette fait part du soulagement de son client.
14:24L'enquête pour harcèlement moral et sexuel est classée sans suite.
14:27L'ex-président de la Fédération française de football a démissionné il y a deux ans.
14:31L'avocat évoque des plaisanteries qui ne constituent pas la moindre infraction pénale.
14:35Le président ukrainien Volodymyr Zelensky salue la victoire de Maya Sandou à la présidentielle en Moldavie
14:41et appelle à une Europe unie.
14:43Maya Sandou qui se félicite du triomphe de la démocratie face à toutes les interférences.
14:48Son adversaire était soutenu par les socialistes pro-russes.
14:52Et puis on apprend la mort de Kinsey Jones,
14:54le compositeur, trompettiste et producteur américain.
14:57Avec 91 ans, il a travaillé avec les plus grands,
15:00Frank Sinatra, Ray Charles et Michael Jackson.
15:03C'est lui qui avait produit l'album Thriller en 1982.
15:17Toujours avec Myriam Mankawa, journaliste présentatrice sur LCP
15:20avec Jean-Jérôme Bertolus, éditorialiste politique à France Info TV.
15:24Un autre sujet qui inquiète Renaud Delis,
15:26le trafic de drogue gangrène les villes moyennes
15:28et marque l'actualité récente par de l'ultra-violence.
15:31En quelques jours, une succession d'événements dramatiques sur fond de trafic de drogue.
15:36Parfois des fusillades dans des quartiers difficiles.
15:39Un jeune de 15 ans tué à Poitiers.
15:42Un autre de 19 ans mort de coup de couteau samedi à Rennes à proximité d'un point d'île.
15:46Un enfant de 5 ans qui avait été blessé par balle quelques jours plus tôt dans la même ville de Rennes.
15:51Les cas se sont multipliés.
15:53C'est un événement, vous le disiez, dans des villes moyennes
15:56ou dans des petites villes jusque-là plutôt réputées tranquilles.
15:59Alors est-ce que face à cette ultra-violence générée par le trafic de drogue,
16:03les pouvoirs publics sont à la hauteur ?
16:05Certains politiques, en tout cas, renchérissent de propositions spectaculaires
16:08pour combattre la gangrène du narcotrafic.
16:11Certains évoquent une amélioration de la coopération internationale.
16:14Ou encore un député renaissance.
16:16Carl Olive a lui carrément suggéré hier d'envoyer l'armée
16:19dans ces quartiers rongés par le trafic de drogue.
16:21Est-ce que c'est une bonne idée ?
16:22La réponse de Fabrice Rizoli, spécialiste du crime organisé,
16:24co-fondateur de l'association Criminal,
16:26qui était l'invité de France Info ce matin.
16:29Une chose, quand on ne sait pas quoi faire dans les partis politiques,
16:33et j'y ai travaillé,
16:35on vous dit qu'il faut améliorer la coopération internationale.
16:37On ne sait pas ce qu'il y a derrière.
16:39Et la deuxième chose, quand on est un politicien de terrain
16:41et qu'on ne connaît même pas la coopération internationale,
16:43on dit qu'il faut envoyer l'armée.
16:44Bon, ça n'a aucun sens.
16:46On n'est pas dans une guerre légitime.
16:48Ce ne sont pas des victimes collatérales
16:50d'une armée qui se bat pour libérer son pays
16:53et qui, quand elle bombarde, tue des civils.
16:55Non, ce sont des victimes innocentes
16:57d'une guerre totalement illégitime.
17:01Justement, pour éradiquer ce narcotrafic,
17:04le ministre de l'Intérieur, Bruno Taillau,
17:05a décrété la mobilisation générale.
17:07Il annonce un nouveau plan de lutte.
17:09Et il évoque carrément le spectre, je le cite,
17:11d'une mexicanisation du pays,
17:13c'est-à-dire de l'abandon de part entière de l'économie,
17:15voire du fonctionnement de certains pouvoirs publics
17:17à des cartels de la drogue.
17:19Pourquoi un constat aussi alarmant est-il juste
17:21et quelle réponse y apporter ?
17:23Alors, il y a les mots et il y a la réalité.
17:25La mexicanisation, c'est bien de parler de menace ou de spectre
17:29parce qu'on n'en est pas là quand même.
17:30Il faut quand même rappeler que le Mexique,
17:32ce sont des emprises territoriales massives
17:35avec des maires de plusieurs villes
17:38qui sont kidnappés, qui sont assassinés.
17:40Il y a une économie parallèle qui irrigue l'économie légale
17:43et il y a une corruption à tous les étages.
17:45Donc, les cartels mexicains, ce n'est pas encore la France.
17:47Mais c'est vrai qu'il faut tirer la sonnette d'alarme
17:50et dire que ça commence par endroits irressemblés.
17:53Les gangs mafieux, la corruption, les dizaines et dizaines de milliards.
17:58Il y a un rapport très important du Sénat.
18:00Les deux sénateurs sont reçus aujourd'hui par le ministre de la Justice
18:03qui disent qu'il y a un chiffre d'affaires globale de la drogue
18:06qui est colossal.
18:08La France est le premier consommateur de cannabis en Europe
18:12et la France a la législation la plus dure,
18:16la plus prohibitive avec l'Italie.
18:18Il y a beaucoup de travaux qui ont été faits à l'Assemblée nationale.
18:21Je crois qu'il faut regarder le sujet en face.
18:23Il faut regarder aussi cette violence débridée
18:25avec des narcotrafiquants de plus en plus jeunes,
18:27les fameux shooters,
18:29des tireurs à gage recrutés sur Internet
18:31avec un marché de la mise à prix.
18:33C'est assez délirant.
18:35Des zones rurales qui ne sont plus épargnées.
18:37Mobilisation générale, oui,
18:39mais avec des moyens efficaces.
18:41PlaceNet, ça ne marche pas.
18:43Il faut rester sur place.
18:46Les opérations PlaceNet XXL
18:48où on envoie les forces de l'ordre
18:50quelques jours dans un quartier,
18:52elles repartent, les trafics reviennent.
18:54On a l'impression qu'on a mis les amendes
18:56pour les consommateurs.
18:58On dit aussi qu'un joint, c'est à goût du sang.
19:00Ça ne marche pas.
19:02La bonne solution, finalement.
19:04Jean-Luc Tanguy du Rassemblement national
19:06dit qu'il faut envoyer les consommateurs
19:08de trois jours en prison,
19:10sachant que les prisons sont déjà pleines.
19:12Il y a la guerre des mots, clairement.
19:15Envoyer l'armée dans les quartiers,
19:17c'est les favelas.
19:19On tire sur tout ce qui bouge.
19:21C'est un peu n'importe quoi.
19:23Ce qui est vrai, c'est qu'il faudrait
19:25évaluer cette politique de tout répression
19:27qui dure depuis des années en France
19:29et qui ne cesse de monter crescendo.
19:31Manifestement,
19:33ces effets ne semblent pas...
19:35Il y a des victimes, de plus en plus.
19:37Une mère de famille a perdu sa fille
19:39il y a un an à Marseille,
19:41tuée d'une balle dans la tête
19:43de son appartement.
19:45Les villes moyennes sont de plus en plus
19:47gangrénées.
19:49Des élus sont touchés par la corruption.
19:51Il y a une pression dans certaines villes.
19:53Il y a un point d'interrogation.
19:55Deuxièmement, il y a des maires.
19:57Je ne comprends pas qu'on ne leur réponde pas.
19:59Eric Piolle, le maire de Grenoble,
20:01dit qu'il voudrait savoir combien il y a
20:03de flics dans sa ville.
20:05On sait combien il y a d'hôpitaux
20:07qui ferment chaque année dans les hôpitaux
20:09publics, mais on ne sait pas
20:11l'évolution des forces de police nationale.
20:13Ce n'est pas normal.
20:15Dernièrement, je rebondis un peu sur ce qu'il a dit
20:17à Yankawa, il n'y a pas de solution.
20:19La Hollande dépénalise
20:21et elle est l'une des mafias
20:23les pires au monde.
20:25Les ports sont pris d'assaut.
20:27En revanche, qu'on ait une évaluation
20:29ou une réévaluation
20:31de cette politique, me semble
20:33quand même effectivement
20:35une urgence aujourd'hui.
20:37On ne peut pas toujours aller de l'avant.
20:39Sur la consommation,
20:41je ne suis pas tout à fait d'accord.
20:43Je pense qu'au contraire, il y a dans certains
20:45milieux favorisés, bourgeois,
20:47une forme d'indulgence
20:49à l'endroit de la consommation.
20:51On le voit dans un centre d'affaires,
20:53ce sont effectivement
20:55des jeunes bourgeois qui vont acheter
20:57de la drogue dans des quartiers difficiles.
20:59Lorsqu'il y a des règlements de compte, les gamins
21:01qui se font tuer, comme on l'a vu là,
21:03qui ne sont parfois pas du tout liés
21:05avec un quelconque graphique,
21:07sont plutôt des gamins issus
21:09de quartiers populaires, justement, de ces cités difficiles
21:11qui tombent sous les balles
21:13des réseaux de trafiquants. Je pense qu'il y a une forme
21:15de déresponsabilisation
21:17d'une frange, encore une fois,
21:19des milieux bourgeois
21:21favorisés, etc. Ce qui va
21:23d'ailleurs jusqu'à
21:25un député qui a été
21:27arrêté en train d'acheter des drogues de synthèse
21:29en plein grand délit et qui ne s'interroge pas
21:31sur le fait de... Enfin, qui a répondu
21:33à la question de savoir s'il devait ou pas
21:35conserver son mandat, qu'il ne souhaite pas remettre
21:37en cause sa présence à l'Assemblée nationale.
21:39Ça, ça participe, si vous voulez,
21:41je trouve, d'une mentalité collective
21:43dont finalement, ceux qui payent
21:45tragiquement les conséquences,
21:47ce sont ces gamins tués dans des
21:49quartiers difficiles. Ensuite, c'est vrai que les opérations
21:51spectaculaires, coups de poing,
21:53placenet ou autres, c'est-à-dire tout ce qui relève de la
21:55communication, ça vise sûrement à
21:57faire prendre conscience à l'opinion, une prise de
21:59conscience collective de l'importance
22:01du problème, parce qu'on a franchi un cap, c'est vrai,
22:03on a franchi un cap, y compris dans des villes moyennes,
22:05des villes petites, dans des zones rurales,
22:07le narcotrafic s'étend, mais on le sait,
22:09ça nécessite un effort de très
22:11longue durée, une mobilisation transpartisane,
22:13et évidemment à l'échelle internationale,
22:15il n'y a pas de solution au miracle, ça c'est clair, je rejoins
22:17Jean-Jérôme Berthelus, mais
22:19il y a une vraie prise de conscience aujourd'hui
22:21qui est urgente au regard de
22:23l'extension de ce fléau. – Merci beaucoup,
22:25merci à tous les trois, d'ailleurs,
22:27le ministre de l'Intérieur et le garde des Sceaux
22:29doivent faire un déplacement ensemble...
22:31– Vendredi à Marseille.
22:33– Tout à fait, et le ministre de la Justice,
22:35le garde des Sceaux, sera notre invité demain à 8h30
22:37sur France Info, merci à tous les trois.
22:39Myriam Mankawa, présentatrice de l'émission
22:41« Ça vous regarde » tous les soirs du mardi au vendredi
22:43à 19h30 sur LCP, on rappelle aussi
22:45lundi c'est politique, tous les lundis
22:47à 19h30, ce soir l'invité est...
22:49– Marie-Elise Léon de la CFDT.
22:51– Émission en partenariat avec France Info,
22:53merci à vous Jean-Jérôme Berthelus, éditorialiste politique
22:55à France Info Télé, merci Renaud.
22:57– Merci, salut. – Les informés du soir
22:59arrivent à 20h avec Jean-Yves Maudeau
23:01et Agathe Lombrey.