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00:00Ravis de vous retrouver pour les Informer du matin, votre rendez-vous de décryptage
00:05de l'actualité sur France Info tous les matins jusqu'à 9h30.
00:07Nous revenons sur deux événements d'actualité du jour.
00:10France Info TV, France Info Radio.
00:12Bonjour Renaud Delis.
00:13Bonjour Jérôme.
00:14Avec ce matin Sophie Dravinel.
00:15Bonjour.
00:16Chroniqueuse politique à Public Sénat, Gilles Bornstein, éditorialiste politique à France
00:21Info TV, Canal 27.
00:22Bonjour Gilles.
00:23Bonjour Jérôme.
00:24Et avec nous, Nicolas Teilhard, journaliste à la rédaction internationale de Radio France
00:28pour parler évidemment avec vous, Renaud, de cette déclaration, cette nuit de Donald
00:32Trump.
00:33Déclaration spectaculaire effectivement du président américain la nuit dernière
00:35au cours d'une conférence de presse à Washington avec à ses côtés d'ailleurs Benjamin Netanyahou,
00:39le premier ministre israélien qui est en visite aux Etats-Unis.
00:42Une déclaration spectaculaire, Donald Trump annonçant que les Etats-Unis entendent prendre
00:48le contrôle de la bande de Gaza.
00:50Je vois une prise de contrôle à long terme, je vois ça apporter une grande stabilité
00:56à cette partie du Moyen-Orient et peut-être à tout le Moyen-Orient.
01:00Et tout le monde à qui j'en ai parlé, ce n'est pas une décision prise à la légère,
01:04tout le monde à qui j'en ai parlé aime l'idée que les Etats-Unis prennent le contrôle
01:08de ce territoire, le développent et créent des milliers d'emplois pour en faire quelque
01:11chose qui sera magnifique.
01:13Je ne veux pas faire de l'esprit, je ne veux pas faire le malin, mais la côte d'azur
01:19du Moyen-Orient, ça pourrait être quelque chose qui pourrait être vraiment magnifique.
01:24Et voilà donc Donald Trump qui évoque la bande de Gaza comme un chantier de démolition
01:28à reconstruire en quelque sorte, ce qui passerait évidemment, il l'a répété, par le déplacement
01:33de 2 millions, au moins 2 millions de Gazaouis qui pourraient selon le président américain
01:37aller vivre en Égypte, en Jordanie ou ailleurs.
01:40Ces déclarations sidérantes ont semé évidemment la stupeur, notamment dans le monde arabe
01:45avec déjà des réactions extrêmement négatives de l'Arabie Saoudite, le Hamas aussi qui
01:49dénonce une déclaration raciste.
01:52Alors que penser de ces déclarations du président américain ? Faut-il d'ailleurs les prendre
01:55au sérieux ? Et puis qui parle à travers Donald Trump ? Est-ce que c'est d'ailleurs
01:58le président des États-Unis ou est-ce que c'est le promoteur immobilier ? On sait que
02:02l'immobilier est à l'origine de sa fortune.
02:05Il y a cette première question, est-ce qu'il faut prendre cette déclaration au sérieux
02:08Nicolas Tayhère ?
02:09C'est sans doute la question la plus vertigineuse et qui dépasse d'ailleurs la question de
02:13Gaza.
02:14Elle est valable depuis l'élection de Trump et son arrivée à la Maison-Blanche parce
02:18qu'on est noyé ces dernières semaines derrière les déclarations plus fortes les unes que
02:23les autres, derrière les initiatives aussi qui ont lieu en ce moment même aux États-Unis
02:28ou sur l'échelle internationale.
02:30Il y a encore trois semaines, on parlait d'éventuelles annexions du Groenland, du canal de Panama
02:36sur des éléments plus tangibles.
02:37Pour vous répondre, est-ce qu'on doit prendre au sérieux la première puissance mondiale ?
02:41Oui, par principe, parce qu'il y a de l'argent, parce qu'il y a une armée, il y a une puissance
02:47phénoménale et parce qu'on a appris aussi dans l'histoire récente qu'il fallait prendre
02:52les dirigeants autoritaires au sérieux quand ils s'exprimaient.
02:55On l'a vu avec Vladimir Poutine il y a presque trois ans.
02:57Mais la question derrière, c'est est-ce qu'il faut prendre au sérieux l'hypothèse des
03:01GIs qui poseraient le pied sur Gaza ?
03:03Et là, on en revient à quelque chose qui est beaucoup moins imaginable de manière
03:08très concrète parce que c'est tout simplement l'inverse de ce qu'il a promis aux électeurs
03:12américains.
03:14aux Etats-Unis, arrêter d'intervenir à l'étranger.
03:17Là où il y a une dimension peut-être sérieuse, c'est dans la suite de la déclaration de
03:21Donald Trump.
03:22C'est forcément une aperçue par rapport à l'ampleur de ce qu'il dit sur Gaza.
03:26Il dit avec juste à côté de lui Benjamin Netanyahou, on va se prononcer dans les prochaines
03:31semaines, quatre semaines au plus, sur l'annexion de la Cisjordanie.
03:35Il prononce le mot annexion comme si la question était déjà tranchée.
03:40Et il y a une manière, une stratégie rhétorique qu'on commence à connaître chez Donald
03:45Trump, c'est d'aller dans l'exagération, dans ce qui paraît impossible, dans l'excès
03:51le plus total.
03:52Et il l'a fait aussi bien sur ses affaires intérieures que sur l'international pour
03:55qu'ensuite un projet qui est bien réel paraisse quasiment acceptable et banal.
04:00Pour installer un état de fait.
04:01Pratiquement, en tout cas pour installer l'idée que quand il revient en arrière, il est raisonnable
04:07et qu'en fait il a entendu, il négocie alors que c'était sans doute sa volonté première.
04:11Sophie Dravinel.
04:12Oui, évidemment.
04:13Et d'ailleurs, on l'a vu récemment, je vous l'expliquais très bien avec le Canada, dans
04:16les négociations sur les frontières, sur les douanes, etc.
04:20Il était parti dans quelque chose d'extrêmement offensif, d'extrêmement fort, d'extrêmement
04:24choquant à 100%.
04:26Il est revenu avec 20%.
04:27Ça fait tout de même 20% de plus, sauf que ces 20% là paraissent acceptables et passent
04:32comme une lettre à la poste.
04:33Et finalement, l'annexion effectivement de la Cisjordanie, qui était quelque chose de
04:37déjà très engagé et déjà sur le terrain, c'est une validation de ce que souhaite le
04:44gouvernement de Benjamin Netanyahou, de l'extrême droite, aussi bien d'ailleurs dans le vocabulaire
04:48que dans les faits.
04:49Et là, on sent bien que c'est ça peut-être qui est en finale.
04:53Nicolas.
04:54L'immobilier, c'est pas rien pour Donald Trump qui a une culture de manière immobilier,
04:57mais pas lui seulement.
04:59Jared Kushner, son gendre, qui s'occupait du Moyen-Orient lors de son premier mandat,
05:03a levé des fonds, on parle de 2 milliards de dollars avec un fonds saoudien.
05:08Donc, il est en affaires aujourd'hui dans cette région et son envoyé spécial aujourd'hui
05:12pour le Proche-Orient, Steve Witkoff, c'est un ancien promoteur, c'est un ancien mania
05:16de l'immobilier.
05:17Donc, cette vision-là, elle infuse bien au-delà de Donald Trump aujourd'hui dans son administration.
05:22Ça forge le regard, Gilles Bernstein.
05:24Oui, c'est vrai qu'on a du mal à analyser ces premières semaines de l'administration
05:28Trump.
05:29On disait au début, avant qu'il arrive, de toute façon, il est complètement impulsif,
05:33il fait n'importe quoi, on ne peut pas lui faire confiance.
05:35Moi, je faisais partie de ceux qui ont trouvé que, finalement, les premiers jours du mandat
05:38montraient un Trump beaucoup, beaucoup mieux préparé et rationnel que lors de son premier
05:43mandat.
05:44On a vu qu'il a mis à profit la période de transition pour préparer des choses à
05:47telle enseigne que le jour de l'investiture, il y a eu les décrets dont on a parlé, les
05:52nominations dont on a parlé, il faisait plusieurs choses à la fois.
05:55Enfin, ça montrait.
05:56Et sur les droits de douane, les allers-retours avec le Canada et le Mexique, les uns ont
05:59dit « il fait n'importe quoi ». Non, j'ai le sentiment qu'il allait loin pour
06:04obtenir des choses, enfin qu'il allait loin, qu'il revenait pour obtenir des choses
06:07et que c'était plutôt assez rationnel et bien préparé.
06:10Il y a un objectif et de la rationalité dans le propos de cette nuit ?
06:14Justement, jusqu'à cette nuit, je pensais que oui, là, franchement, on ne sait pas
06:20trop.
06:21Est-ce que c'est l'hypothèse qui me paraît de Nicolas, qui me paraît assez probable
06:25que ça soit encore une fois une position, de demander beaucoup pour une position de
06:29négociation ?
06:30Et là, quand il s'agit quand même de parler d'un million de personnes, un autre mot, si
06:35vous le permettez, il a fait l'inverse de ce pour quoi il a été élu.
06:38C'est vrai qu'on est frappé par cette volonté expansionniste des États-Unis.
06:42La différence, c'est que jusqu'à présent, ça se faisait par les armes au Vietnam, en
06:46Corée, voire en Irak, ou par ce qu'on appellerait maintenant des proxys, c'est les révolutions
06:50en Amérique latine.
06:52Les États-Unis avaient installé Pinochet ou d'autres.
06:54Et là, effectivement, il le fait plutôt par l'argent, sauf qu'à Gaza, on ne sait pas
07:00si ça serait par les armes, par l'argent.
07:02Pour l'argent, en un mot, on pense à l'Ukraine avec les métaux rares et la négociation
07:09qui se fait sur la base d'un échange commercial.
07:11Ce qui est frappant, effectivement, dans cette méthode, c'est ce qu'évoquait Nicolas
07:14Taillière à l'instant, c'est que ce n'est pas demander beaucoup pour avoir peu, en fait,
07:17c'est demander énormément pour avoir beaucoup.
07:20C'est-à-dire que si effectivement, derrière cette annonce absolument farfelue, d'un point
07:26de vue militaire, d'un point de vue diplomatique, d'un point de vue politique, imaginez que
07:29les États-Unis demain prennent le contrôle militairement de la bande de Gaza et déplacent
07:34deux millions de personnes, c'est évidemment impossible pour toutes les raisons évoquées.
07:39Mais si derrière, il y a effectivement la validation de l'annexion de la Cisjordanie,
07:43c'est déjà énorme.
07:44Et évidemment, de fait, ça fait disparaître l'hypothèse à terme d'un État palestinien
07:48indépendant et donc de la fameuse solution politique à deux États.
07:52Nicolas Taillière.
07:53Ça fait deux semaines qu'il est à la Maison-Blanche, Donald Trump, et il pose déjà un défi majeur
07:59à la fois démocratique dans la manière pour les médias de réagir à cette nouvelle donne,
08:05cette nouvelle stratégie, aux dirigeants du monde entier, parce qu'on a un silence assez
08:10saisissant, par exemple, ce matin, de dirigeants européens, que dire face à cette situation ?
08:14Certains sont tentés de laisser passer l'orage d'une certaine manière.
08:18Il y a un brouillard, clairement, qui est aussi adopté par Donald Trump en multipliant
08:23les déclarations.
08:24Ça veut dire que dans le même temps, il y a des dossiers qui avancent les uns en même
08:28temps que les autres.
08:29Là, au moment où on se parle, on parle tous de Gaza, c'est Elon Musk qui a les clés
08:32du trésor américain avec une bande de stagiaires quand même de l'ATEC, on parlait des loups
08:37de Wall Street, là c'est plutôt les loups de la Silicon Valley, qui se promènent.
08:41Il faut quand même imaginer ce que ça représente, c'est comme si on avait une bande de stagiaires
08:45à Bercy qui détenait les clés d'administration qui distribuent des milliards de dollars
08:49tous les jours.
08:50Ça, c'est ce qui est en train de se passer aux États-Unis et dans la région.
08:53Il n'a pas sollicité l'avis des pays arabes qui sont quand même présents autour.
08:58Moi, je pense qu'on peut parler d'une forme de coup d'État, je ne sais pas si c'est
09:02le terme.
09:03Administratif.
09:04Le mot est utilisé par des démocrates américains.
09:06Hillary Clinton, notamment.
09:07Absolument.
09:08Et moi, je pense que là, on est à un changement historique qui peut ouvrir toutes les perspectives
09:13en interne comme en externe.
09:15Et cette bascule-là l'interroge aussi justement sur la suite parce que, de fait, il crée
09:19aussi une nouvelle donne et une nouvelle manière de faire de la politique.
09:22On le savait depuis son premier mandat, là, ça a atteint des proportions que peu imaginaient
09:26sans doute.
09:27Avec juste des effets, parce qu'il y a une autre déclaration qui passe relativement
09:29inaperçue ce matin, alors qu'elle est extrêmement importante, c'est celle du président Zelensky
09:33hier, quand il évoque la perspective de discussions prochaines avec Vladimir Poutine, avec la
09:40Russie.
09:41Tout ça, c'est probablement lié aussi d'une façon ou d'une autre, même si c'est lié
09:43d'abord à la situation militaire et politique en Ukraine, mais c'est aussi lié par ricochet
09:47à cet espèce d'effet de souffle que produit Donald Trump sur la planète entière.
09:52Et à l'absence de contre-pouvoir en ce moment, parce qu'il a une « voie royale » pour
09:57agir aux Etats-Unis.
09:58Et ça nous pose un défi, à nous autres journalistes, pour y voir clair et pour arriver
10:02à rendre compte de tous ces événements qui se succèdent à grande vitesse.
10:05C'est d'ailleurs l'heure de récapituler l'actualité, il est 9h16, Le Fil Info, Maureen
10:09Suynard.
10:10En appel au dialogue avec Washington, les Etats-Unis et la Chine se livrent déjà une
10:14guerre commerciale à coup de hausse de droits de douane.
10:17Il y a quelques heures, la Poste américaine a indiqué ne plus accepter les colis venant
10:21de Chine.
10:22Les Etats-Unis qui pourraient prendre le contrôle de la bande de Gaza, c'est en tout cas la
10:26volonté exprimée par Donald Trump.
10:28Le chef d'Etat américain dit vouloir expulser les 2 millions d'habitants pour ensuite développer
10:32économiquement la zone et en faire la « côte d'azur » du Moyen-Orient.
10:36Le Hamas dénonce un plan raciste visant à éradiquer la cause palestinienne.
10:41Plusieurs cas de méningite détectés à Rennes.
10:44Une jeune fille de 18 ans en est morte, une quarantaine de cas contacts signalés.
10:47La méningite à Méningo-Cocque donne de la fièvre, d'intenses maux de tête, des vomissements
10:52et aussi des douleurs articulaires.
10:54La star du film, Emilia Perez, écartée de la grande campagne de Netflix pour les Oscars,
11:00l'actrice Sofia Gascón sous le feu des critiques, des messages racistes islamophobes qu'elle
11:04avait publiés, refont surface le film de Jacques Audiard, concours pour 13 statuettes
11:09aux Oscars le 2 mars prochain.
11:22Et autour de moi, dans le studio des informés, Sophie Dravinel, chroniqueuse politique à
11:25Public Sénat, Gilles Bernstein, éditeur réaliste politique à France Info TV et Renaud
11:30Asseli.
11:31Le deuxième débat des informés ce matin, il n'y aura pas de censure, en tout cas pas
11:35tout de suite.
11:36Discussion aujourd'hui effectivement de la première motion de censure déposée par
11:38les Insoumis.
11:39Il va y en avoir plusieurs dans les jours qui viennent, pourquoi ? Parce qu'il y a plusieurs
11:4249.3 qui ont été engagés par le Premier ministre afin de faire adopter les deux textes
11:48budgétaires, le projet de loi de finances d'une part et puis le budget de la sécurité
11:51sociale d'autre part.
11:52Mais les socialistes ont d'ores et déjà annoncé qu'ils ne voteraient pas les motions
11:56de censure sur ces deux textes budgétaires.
11:59L'Assemblée nationale devrait lui aussi ne pas le faire pour ne pas priver le pays
12:04d'un budget, ça c'est la position des socialistes.
12:06Est-ce qu'au-delà, cette nouvelle configuration politique peut augurer d'une forme de stabilité,
12:12peut-être même d'un nouveau parlementarisme basé sur la recherche du compromis dans les
12:16temps qui viennent et bref peut-être d'une assurance vie pour François Bayrou à Matignon
12:19jusqu'en 2027 ? Voici ce qu'en disait il y a quelques minutes sur ce plateau votre
12:23invité Boris Vallaud, le patron du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.
12:26D'abord la stabilité elle est loin d'être acquise.
12:28Nous ne changeons pas d'alliance, nous ne sommes pas à la recherche de coalition, nous
12:31ne sommes pas au gouvernement et nous combattrons à toute force ce gouvernement dans chacune
12:36des régressions qui seront les siennes et ce n'est pas à monsieur Bayrou que nous
12:41donnons un budget, c'est au pays.
12:43Il n'empêche que les socialistes ont engagé dans une opposition dite constructive on va
12:47dire et qu'ils ont de fait rompu avec les insoumis, l'inverse est vrai aussi d'ailleurs
12:50c'est largement les insoumis qui ont rompu avec eux avec un certain nombre de déclarations.
12:53Donc est-ce que quand même la configuration politique n'a pas changé, est-ce qu'on va
12:57vers une période un peu plus de stabilité qui d'ailleurs arrange à la fois évidemment
13:02le gouvernement et François Bayrou mais aussi peut-être les socialistes ?
13:05Gilles Bornstein.
13:06Tout cela est affaire d'opportunité politique, de toute façon on voit bien que les forces
13:10politiques décident ce qu'elles font en fonction des échéances électorales à prévoir,
13:14de la possibilité ou non d'une dissolution.
13:17C'est sûr que pour l'instant le PS n'a pas tellement intérêt à précipiter les
13:21échéances pour qu'il y ait des législatives quand elles seront redevenues possibles.
13:25Mais il va quand même déposer une motion de censure la saison prochaine.
13:27Oui, ils vont déposer une motion de censure la semaine prochaine, il n'y a peu de risques
13:30ou de chances selon votre point de vue que le RN la vote, quoique il y en a au RN qui
13:37veulent sauter.
13:38Tout à l'heure Boris Vallaud ici-même disait, il pointait le cynisme du RN comme s'il imaginait
13:43que le RN puisse avoir envie de se rallier à la motion de censure du PS.
13:47Il y a 50 nuances au RN, il y en a qui pensent qu'il faut être plutôt raisonnable, on l'a
13:52entendu chez Jordan Bardella, il y en a mené par Jean-Philippe Tanguy ou Sébastien Chenu
13:55qui pensent que ce gouvernement est mauvais, que de toute façon il faut tout faire pour
13:59déstabiliser le gouvernement.
14:01Mais je réponds à votre question sur la stabilité, ce n'est pas certain parce que là ils ont
14:04tous des fourmis dans les jambes.
14:05Les mêmes qui voient là au PS, on a entendu Boris Vallaud, ils ne veulent pas censurer
14:09au RN non plus.
14:10Mais enfin, ils sont quand même très très très embêtés et aussitôt qu'ils ont pris
14:13une position, ils se disent quand même on est dans l'opposition.
14:15Il va y avoir en juin une discussion sur les retraites.
14:19On sait tous qu'elle n'aboutira pas à l'abrogation de l'âge de départ à 64 ans.
14:25Il peut y avoir à ce moment-là une motion de censure spontanée des insoumis disant
14:29le pays a voté massivement pour une abrogation de la réforme des retraites.
14:32Elle n'est pas proposée, une motion de censure que là, le RN pourrait voter.
14:37Oui parce que c'est sa position.
14:39Parce que c'est sa position, ça ne veut pas dire que le PS la voterait.
14:43Mais finalement, il peut, oui ça va mieux, oui il y a une sorte de discussion qui s'ouvre.
14:49Pour autant, les occasions de censurer resteront nombreuses.
14:53Est-ce que Sophie Dravinel se surcite François Bayrou ? Il se compte en jours, en semaines, en mois ?
14:58Je pense qu'il se compte en mois.
14:59C'est-à-dire qu'effectivement, on a un point important avant l'été.
15:03Alors évidemment, on peut être surpris aujourd'hui, tout est possible.
15:07Vous me parlez rationnellement, je vous fais une réponse rationnelle.
15:10Mais évidemment qu'on n'est pas dans les espèces de mouvements un peu irrationnels
15:15qu'il peut y avoir chez certains et qui ont été très bien décrits, notamment à l'occasion
15:21de la censure votée par les socialistes, enfin de la censure déposée par les socialistes.
15:25Parce qu'on sait très bien que le RN est capable de voter n'importe quoi en matière de texte de censure.
15:30Parce qu'il faut savoir que cette censure, elle est complètement, elle est absolument à l'inverse de...
15:36Enfin, le RN voterait quelque chose qui...
15:39C'était le cas d'ailleurs dans le texte qui avait été déposé et voté.
15:43Il y avait des éléments qui pouvaient être apparentés à des critiques du RN.
15:48Ils s'en moquent complètement, ça n'a aucune espèce d'importance pour eux.
15:50Donc il ne faut pas le prendre en compte.
15:51Mais moi, ce que je pense, c'est qu'effectivement, c'est avant l'été,
15:54au moment où une nouvelle dissolution sera envisageable, c'est-à-dire début juillet,
15:59que la gauche ou le RN vont essayer de faire bouger les choses pour François Béroux.
16:06J'entends réforme des retraites, le 8 juillet...
16:10C'est quoi la prochaine échéance ?
16:11Déjà, je pense qu'il ne faut pas entretenir un faux suspens sur la future motion de censure
16:14que vont déposer les socialistes.
16:15Il faut rappeler d'abord que c'est une motion de censure dite sur les valeurs.
16:18Et en l'occurrence, ça va être un texte qui va dénoncer, selon les socialistes,
16:24la l'eupénisation de François Béroux, notamment à travers l'usage de la formule
16:29« Sentiment de submersion migratoire »
16:31et un certain nombre de prises de position de Bruno Retailleau sur l'immigration, etc.
16:35Le RN ne la votera pas.
16:37Il ne faut pas confondre ce texte-là, qui va être un texte totalement anti-RN,
16:40avec la formule qui était effectivement la motion de censure qui a fait chuter Michel Barnier,
16:44mais où il y avait, sur le plan budgétaire en tout cas,
16:48un certain nombre de choses qui fâchaient le RN à l'époque.
16:51De surcroît, Gilles a raison, il y a cinquante nuances de...
16:55Je ne sais pas de quelle couleur, mais cinquante nuances.
16:58J'ai quelques idées, mais au groupe RN, mais il y a une seule chef.
17:01Il y a une seule chef et il n'y a pas de discussion, il n'y a pas de débat démocratique.
17:04C'est-à-dire que si Marine Le Pen appuie sur le bouton, tout le monde votera ?
17:06Non, mais je pense plutôt à l'inverse.
17:10Je pense qu'elle ne votera pas sur le bouton parce qu'elle a vu ce qu'elle payait,
17:14son erreur d'avoir fait chuter Michel Barnier.
17:15Ça a été une erreur assez considérable.
17:17C'est-à-dire qu'elle a fait chanter Michel Barnier et obtenu beaucoup pendant des jours et des jours.
17:21Et plutôt que d'empocher la mise, elle l'a fait chuter, elle l'a fait tomber.
17:25Les résultats, on s'aperçoit.
17:26Certes, ce ne sont que des modestes indicateurs,
17:28mais que dans les récentes élections partielles, législatives ou municipales,
17:32certes, les Insoumis, on en a beaucoup parlé, ont subi des défaites extrêmement cuisantes.
17:39Mais les résultats du RN ne sont pas bons.
17:40Et c'est la droite qui, en quelque sorte, reprend des couleurs,
17:42parce qu'on voit bien que la droite, justement, au nom de la responsabilité
17:46et de ses positions sur le sujet régalien,
17:48est en train peut-être de récupérer une partie des électeurs l'EPI.
17:50Donc, elle sait très bien, Marine Le Pen, qu'elle n'a pas intérêt à apparaître
17:54comme l'agent du chaos de nouveau et à refaire tomber le gouvernement.
17:57Mais en revanche, c'est vrai que la principale échéance qui vient,
18:00ce sera probablement l'issue de la discussion sur les retraites,
18:04avec notamment un point au-delà même de l'abrogation ou pas, de l'âge à 64 ans,
18:09ce qui semble effectivement une issue très peu probable,
18:11c'est l'engagement pris par François Bayrou de donner le dernier mot au Parlement.
18:15Ça, il s'y est engagé, d'une façon ou d'une autre...
18:17Sur la base du texte qui aura été...
18:19Voir des textes, voire des textes,
18:21même s'il n'y a pas d'accord de consensus à l'issue des discussions entrepreneurs sociales.
18:24Donc, c'est évidemment le rendez-vous qui sera le plus délicat pour lui.
18:26Sophie de Ravinel.
18:27Absolument, le rendez-vous qui sera le plus délicat,
18:29sachant que ce qui va se passer, quand même, aussi avant l'été,
18:32c'est la prise de conscience qu'il y aura des municipales,
18:35des élections municipales qui vont se lancer à partir de la rentrée.
18:38Et ça, je pense que les parlementaires,
18:40aussi engagés soient-ils dans leur parlementarisme,
18:42sont aussi tenus par leur parti, par les difficultés qu'ils savent compter.
18:45Et des législatives, au moment d'un lancement des élections municipales,
18:53en tout cas à gauche, ça risque d'être compliqué.
18:55Ils savent très bien les écologistes qui ne veulent pas perdre les villes
18:59qu'ils ont engrangées aux dernières municipales,
19:02et qui sont quand même assez importantes.
19:04Il y a des tensions très fortes autour d'une réforme de la loi Lyon-Paris-Marseille
19:09qui aurait des conséquences électorales importantes à Lyon-Paris-Marseille.
19:13Tout ça va beaucoup occuper les esprits.
19:15Vous voulez dire qu'ils n'ont pas intérêt, même cet automne,
19:18à provoquer éventuellement des élections législatives ?
19:21Je pense que ça peut donner du temps de plus à François Bayrou,
19:25qui encore une fois a la chance de passer derrière Michel Barnier,
19:28qui a en tout cas essuyé les plâtres d'une sorte de défoulement,
19:32comme Renaud Delisle a très bien dit, qui était aussi sans doute une erreur,
19:36mais en tout cas une volonté d'en découdre,
19:38et que lui, il passe derrière et qu'on se dit « soyons un peu raisonnables ».
19:41Et Gilles Bernstein ?
19:43En même temps, on finit toujours par être compliqués,
19:46on finit toujours par payer sa schizophrénie,
19:48et Boris Vallaud lui-même disait « oui, on avait besoin d'un budget,
19:52mais on ne pourra pas soutenir ce gouvernement pendant trois ans ».
19:55Donc il y a un moment où chacun va être face à...
19:58Quand on assume une position, en assumant les contradictions de cette,
20:02c'est ce que font les PS, ils assument une certaine forme de contradiction.
20:05Mais j'essaie de comprendre depuis tout à l'heure,
20:07parce qu'il y a plusieurs échéances, il y a les retraites,
20:09il y a le moment où l'Assemblée peut être de nouveau dissoute,
20:11et il y a les municipales, à quel moment...
20:13Il y a le budget.
20:14Comme possibilité de censure, il y a effectivement les retraites,
20:17comme Renaud, je ne crois pas que ça puisse se faire avant,
20:19première possibilité en juin, deuxième possibilité en octobre,
20:23dans un an très exactement, quand il y aura un nouveau budget.
20:26Il y a un moment où, si les socialistes sont dans l'opposition,
20:29le discours « on est dans l'opposition, mais on est dans l'opposition,
20:33mais on veut promouvoir la stabilité »,
20:35il y a un moment où peut-être ils vont devoir le renverser,
20:38faire passer l'opposition avant la stabilité.
20:40Je pense qu'il y a juste un point très précis,
20:42monsieur, qu'il faut avoir en tête, parce que ça va se produire
20:44dans les mois qui viennent.
20:45Il faut distinguer censure éventuelle et renversement du gouvernement
20:49de rejet d'un texte, d'un projet de loi présenté par le gouvernement.
20:52Ça, ça va se produire.
20:53Il y a des textes où le gouvernement n'aura pas la majorité,
20:56où les socialistes voteront contre ces textes,
20:59avec l'ensemble de la gauche, peut-être d'ailleurs,
21:01pourquoi pas des éléments du Bloc central ou du groupe Liott,
21:04et puis l'URN, et des textes, des projets de loi qui seront rejetés.
21:07Ce qui ne se voit pas traditionnellement,
21:09lorsqu'un gouvernement est en place.
21:10Mais pour autant, ça ne provoque pas la chute du gouvernement.
21:13En revanche, est-ce que les socialistes joindront leur voix
21:17à une motion de censure, à un moment ou à un autre,
21:19susceptible de faire chuter le gouvernement ?
21:21C'est peut-être possible sur les retraites,
21:23mais ça n'est pas effectivement à long terme, me semble-t-il,
21:25leur intérêt politique.
21:26Ils sont engagés dans une stratégie d'opposition, clair,
21:30mais dite constructive au nom de la défense de la stabilité des institutions,
21:34dont s'ils veulent tirer profit de cette stratégie-là,
21:38ils ont plutôt intérêt à la conduire sur le long terme.
21:41Et un dernier point, d'ailleurs, ceux qui les y aident,
21:43en quelque sorte, ce sont les insoumis.
21:44La violence des insoumis pour marquer le divorce avec les socialistes
21:48les incite évidemment à persister dans cette stratégie.
21:51Quelques secondes, le mot de la fin, Sophie Drabinelle.
21:53Alors, le mot de la fin, je pense aussi que la stabilité,
21:55ce qui va plaider en faveur de la stabilité pour François Rubéroux,
21:57c'est le sujet que nous avons évoqué en première partie,
22:00c'est-à-dire l'actualité internationale.
22:02Et je pense que les parlementaires sur ce point-là
22:04seront assez raisonnables pour essayer, sans doute,
22:07au vu de ce qui nous arrive dessus,
22:09de permettre à un gouvernement de tenir encore un peu.
22:13Sophie Drabinelle, éditorialiste politique, pardon,
22:15chroniqueuse politique à Public Sénat,
22:17Gilles Bernstein, éditorialiste politique à France Info TV,
22:20Canal 27 et Renaud Delis, merci d'avoir été avec nous.
22:23Merci d'avoir été avec nous.
22:24Les informés reviennent ce soir autour de Jean-Rémi Baudot à 20h.