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00:00Et bienvenue dans Les Informés, on est ensemble jusqu'à 9h30 en direct.
00:06Bonjour Renaud Delis.
00:07Bonjour Salia.
00:08Avec nous autour de la table ce matin, Victoria Coussa, journaliste politique à France Info.
00:11On vous retrouve tous les matins pour le Brief politique à 7h24.
00:15Bienvenue Victoria.
00:16Merci.
00:17A vos côtés Paul Quignot, directeur délégué de la rédaction de Libération.
00:20Bonjour Paul.
00:21Renaud Delis, c'est un constat qui peut faire peur, mais la guerre en Europe demain, c'est
00:26possible ?
00:27C'est un constat qui a été évoqué, dressé hier par le Premier ministre François Bayou.
00:30On regarde la nouvelle configuration géopolitique en train de se dessiner.
00:33Emmanuel Macron, lui, répète que la Russie est une menace existentielle.
00:39Il tiendra d'ailleurs aujourd'hui une deuxième réunion avec plusieurs Etats européens et
00:41non européens à l'Élysée après la première tenue avant-hier dans une autre configuration,
00:48tenue hier pardon, dans une autre configuration.
00:49Et puis hier aussi, de premières discussions ont commencé à Riad entre Russes et Américains.
00:55Les deux parties d'ailleurs affichant leur satisfaction, notamment Sergueï Lavrov, le
01:00ministre des Affaires étrangères russe, à l'issue de ces premières discussions visant
01:04à renouer le lien entre les Etats-Unis et la Russie.
01:07Et puis Donald Trump qui s'est exprimé la nuit dernière en reprenant quasiment l'argumentaire
01:13russe d'ailleurs pour critiquer Volodymyr Zelensky, qu'il dépeint quasiment comme étant
01:18un fauteur de guerre, bref, l'agressé deviendrait l'agresseur aux yeux du président des Etats-Unis,
01:23pour contester aussi la popularité de Zelensky, s'inquiéter qu'il n'y ait toujours pas eu
01:28d'élection en Ukraine, au passage il n'y a pas eu vraiment d'élection libre en Russie
01:32mais ça chagrine moins visiblement Donald Trump, bref, il semble s'aligner sur les
01:37positions de Moscou, ce qui fait dresser le constat inquiétant suivant par Jean-Yves
01:42Le Drian, l'ancien ministre des Affaires étrangères qui était votre invité il y
01:45a quelques minutes.
01:46La réalité de la situation c'est qu'on est en train d'assister à une espèce de
01:52quittus donné par les Etats-Unis à l'agression russe en Ukraine, tout se présente comme
01:59si nous étions dans une espèce de renversement d'alliance, les mots sont forts mais je le
02:07ressens comme ça, nous n'y sommes pas encore, mais quand je remarque depuis que le président
02:13Trump est arrivé aux responsabilités, d'abord toutes les piques qui ont été envoyées s'adressent
02:20uniquement aux amis historiques des Etats-Unis.
02:22À l'endroit par exemple du Canada évidemment ou encore du gouvernement allemand il y a
02:27quelques jours lorsque les Trumpistes et le vice-président J.
02:31Evans font ouvertement campagne pour l'extrême droite, la FD a quelques jours des élections
02:35législatives en Allemagne et puis surtout des attaques permanentes d'ailleurs à l'endroit
02:39de l'Europe.
02:40Alors est-ce qu'on assiste effectivement à un renversement d'alliance ? Quel rôle
02:43peut jouer l'Europe dans ce cadre-là ? Est-ce qu'elle peut encore essayer d'assurer
02:47sa défense seule donc sans le soutien de son ex, futur ex peut-être allié américain
02:53et puis est-ce que cette nouvelle configuration effectivement planer la menace d'une guerre
02:59potentielle à terme au cœur même du sol européen au-delà du conflit en Ukraine qui
03:04continue ?
03:05Emmanuel Macron qui parle d'une menace existentielle que représentent les Russes pour les Européens
03:10aujourd'hui, Victoria Koussa, que peuvent faire les Européens dans ce moment de bascule
03:16géopolitique ?
03:17On peut s'unir, Emmanuel Macron tente justement d'être toujours ce liant, ce qu'il fait
03:24depuis sa première élection en 2017, ça a toujours été son ADN et là encore plus
03:29et même on peut même assister à comme un retour en grâce d'Emmanuel Macron, de ses
03:34positions depuis 2017 au sein de ceux qui ne sont pas forcément tendres avec lui puisque
03:39c'est vrai que lui parle de défense européenne depuis des années et que la situation aujourd'hui,
03:45cette nouvelle alliance commence à lui donner raison, donc oui il y a cette unité européenne
03:50à retrouver et c'est ça qui va évidemment compter face à Trump et Poutine qui sont
03:56en train de faire les choses à leur sauce.
03:59Parce que Jean-Yves Le Drian utilise des mots durs, Paul Quignot il parle de renversement
04:03d'alliance, sous-entendu les Américains ne sont plus nos alliés, ce sont les alliés
04:08des Russes.
04:10On est en train quand même d'assister à un moment, c'est toujours difficile d'utiliser
04:15des grands mots mais quand même assez historique, même si la lecture de ce que fait Donald
04:20Trump reste compliquée puisqu'un jour il dit ça, le lendemain il y a une nuance, le
04:27surlendemain...
04:28Il se contredit lui-même parfois.
04:29Parfois il se contredit mais clairement, ce qui a été dit tout à l'heure sur les
04:33phrases qui ont été prononcées cette nuit sur Zelensky, sur le fait effectivement que
04:38c'est l'agressé qui devient l'agresseur.
04:42Il dit que c'est l'Ukraine qui a provoqué la guerre.
04:45Il reprend grosso modo le langage de Poutine depuis trois ans, un petit peu plus même.
04:51Donc on est effectivement dans un renversement d'alliance.
04:55Alors est-ce qu'il est complet ? Non, c'est encore trop tôt pour le dire.
04:58Donc les Européens, qu'est-ce qu'ils doivent faire ? C'est compliqué parce qu'il faut
05:03aller très vite et les processus démocratiques sont évidemment plus complexes que dans un
05:10pays comme la Russie, ou que ce qu'est en train de faire Donald Trump qui effectivement
05:17est sur des houkasses quasi quotidiens.
05:20Et c'est le problème des démocraties, c'est pour démarrer une guerre ou de démarrer
05:25des processus de préparation, de défense, etc., c'est beaucoup plus compliqué pour
05:28une démocratie.
05:29Mais il faut qu'ils aillent vite.
05:30Il y a des choses qui existent déjà.
05:32Et c'est d'autant plus compliqué que les systèmes de défense européens dépendent
05:37aussi en grande partie des États-Unis.
05:39Si on rentre dans le détail des arsenaux militaires, il y a des interactions qui sont
05:45très complexes.
05:46Mais il faut s'unir et sur l'union politique, c'est aussi compliqué parce qu'il y a aussi
05:53des pays européens.
05:54Il y a des divisions effectivement.
05:55Il y a des divisions.
05:56Renaud ?
05:57C'est vrai que ce qui est frappant, mais on en parlait déjà hier, c'est le retard
05:59à l'allumage des Européens.
06:00Effectivement, ce n'est pas le seul, mais c'était l'un des pionniers en la matière.
06:03Emmanuel Macron parle de cette nécessité de s'unir, de bâtir une forme d'autonomie
06:07stratégique depuis 2017.
06:09Même la défense européenne, c'est un serpent de mer qui remonte bien en amont.
06:13Jean-Yves Le Drian lui-même depuis 2015.
06:14Bien en amont, bien sûr.
06:15Et même avant d'autres, évidemment, avaient mis ce sujet sur le tapis, si j'ose dire.
06:20Et rien ou presque n'a avancé depuis, à cause en particulier des divisions européennes,
06:24y compris la question d'ailleurs de la préférence européenne en matière de livraison d'armes
06:28a été écornée à de nombreuses reprises, notamment d'ailleurs par les Allemands, qui
06:32ont préféré parfois se faire livrer des armes par les Américains plutôt que de faire
06:36jouer cette préférence européenne.
06:38Bref, il ne s'est pas passé grand-chose depuis 2017, alors que Vladimir Poutine à l'époque
06:43avait déjà agressé l'Ukraine, il avait déjà eu l'annexion de la Crimée et que Donald
06:46Trump avait déjà été élu une première fois à la Maison-Blanche.
06:49Cette fois-ci, on voit que Donald Trump semble beaucoup mieux, en quelque sorte, organisé,
06:54soutenu et qui a un vrai projet, une vraie croisade idéologique d'une part, on en a
06:59entendu les échos amniques la semaine dernière, et puis géopolitique d'autre part.
07:02Jean-Yves Le Drian met en garde, il ne dit pas que le renversement d'alliance est conclu
07:06aujourd'hui, qu'il a eu lieu, il dit qu'il est en cours et que donc il faut envisager
07:10d'abord voir comment l'empêcher, c'est-à-dire est-ce qu'on peut encore empêcher ce processus
07:16d'aller à son terme, c'est-à-dire que les Etats-Unis ont effectivement conclu une alliance
07:20avec la Russie sur le dos des Européens et d'abord des Ukrainiens, il est possible
07:25aussi que Donald Trump, à un moment ou à un autre, soit susceptible de reculer, peut-être
07:30par rapport à son opinion publique, c'est-à-dire que si les Etats-Unis, et pour l'instant
07:34ils en prennent le chemin, très clairement, et on a encore entendu avec les déclarations
07:38cette nuit du président américain ou avec la tonalité de cette entrevue hier à Riad
07:42entre en particulier Marco Rubio et Sergei Lavrov, si les Etats-Unis s'alignent totalement
07:48sur les positions de Vladimir Poutine et si Donald Trump doit expliquer à l'opinion
07:53américaine, finalement les Russes c'est des gentils, ils ont raison sur tout et on
07:56va leur donner qui-tu-s sur tout, etc., il y a quand même peut-être des conséquences
08:01en termes d'opinion sur le plan électoral pour Donald Trump à mesurer, c'est-à-dire
08:05que les Etats-Unis restent alors qu'il a une démocratie, lui a des comptes à rendre
08:09à son opinion, ce qui n'est pas le cas de Vladimir Poutine évidemment, d'autre part
08:12il a peu de temps, ce que rappelait Jean-Yves Le Drian tout à l'heure, il a un mandat
08:16limité à 4 ans, ce qui n'est pas le cas non plus de Vladimir Poutine qui est en place
08:20depuis maintenant bientôt 25 ans.
08:22Donc est-il encore possible d'empêcher ce renversement d'alliance d'aller à son
08:27terme et puis dans le même temps de se préparer au cas où effectivement il se conclut, qu'il
08:33se concrétise, et d'abord encore une fois sur le dos des Ukrainiens et du président
08:36Zelensky, donc se préparer ça signifie effectivement investir d'abord massivement pour assumer
08:43de façon autonome sa défense, pour que l'Europe puisse assumer de façon autonome sa défense,
08:48mais ça le problème c'est qu'on a déjà en quelque sorte du retard à l'allumage,
08:52d'abord pour soutenir davantage les Ukrainiens si les Américains font des faux et ensuite
08:56pour assurer notre propre défense, les investissements militaires ça ne se fait pas d'un claquement
09:00de doigts, ça nécessite de sortir d'un certain nombre de règles économiques notamment
09:05liées aux critères de Maastricht quant au fonctionnement de l'Union Européenne, d'être
09:09totalement unis en accord entre tous les membres de l'Union Européenne, et là on sait qu'il
09:13y a aussi des alliés potentiels de Donald Trump au cœur même de l'Union Européenne.
09:15C'est ça, est-ce qu'on peut douter de l'unité des Européens aujourd'hui sur cette question, Paul ?
09:18On peut en douter mais il y a aussi des atouts quand même du côté de l'Europe, il y a
09:22quand même deux puissances nucléaires, la Grande-Bretagne et nous, la Pologne est un
09:28pays crucial dans cette partie diplomatique, elle consacre plus de 2% de son PIB je crois
09:37à ses dépenses de défense, elle est évidemment géographiquement stratégique, proche des
09:43pays du Nord aussi, donc ça c'est plutôt la partie européenne qui peut être des alliés
09:50en tout cas dans la stratégie présidentielle française de mise en place d'une résistance.
09:54Il y a des points faibles, il y a un enjeu important qui pourra se jouer aussi ce week-end
09:58en Allemagne, puisque en fonction du résultat de l'élection, le discours ne sera pas le
10:05même sur ces questions précisément de défense, il y a des points faibles du côté
10:09évidemment de l'Italie, même si pour l'instant Mélanie essaie de jouer sur les deux tableaux,
10:15elle affiche à la fois sa proximité avec Trump et sa solidarité européenne, jusque
10:18quand, ça va être compliqué, enfin voilà, on est dans un jeu très très complexe.
10:23Dans un instant, on revient en France avec les auditions de Richard Ferrand pour le conseil
10:27constitutionnel, ça se passe en ce moment et c'est compliqué, on va vous expliquer
10:30pourquoi, juste après le Fil Info à 9h16, Maurenne Suniar.
10:35Trois personnes sont mortes dans l'incendie d'une maison à Faisun, près de Lyon, la
10:38nuit dernière, toutes âgées d'une soixantaine d'années, deux autres personnes intoxiquées.
10:43L'incendie est a priori accidentel selon la préfecture.
10:46L'envoyé de Donald Trump pour l'Ukraine vient d'arriver à Kiev pour sa première
10:50visite en Ukraine.
10:51Les Etats-Unis veulent négocier la fin de la guerre entre Kiev et Moscou, directement
10:56avec la Russie.
10:57De son côté, Emmanuel Macron organise une nouvelle réunion sur la guerre et la défense
11:01européenne.
11:02Le nom des invités n'est pas encore connu.
11:04Avant ce nouveau rendez-vous, le président français a fait savoir que la France ne s'apprêtait
11:08pas à envoyer de troupes au sol belligérante.
11:11France Info vous dévoile ce matin le baromètre annuel de la précarité de la Fage, la fédération
11:16des associations générales étudiantes.
11:18Plus de 6 étudiants sur 10 bénéficiaires des épiceries solidaires n'ont droit à aucune
11:23bourse.
11:24L'alimentation reste la première variable d'ajustement des budgets précaires.
11:28Les autorités ont tenté de remettre les spécimens à l'eau.
11:31Plus de 150 dauphins se sont échoués sur une plage de Tasmanie en Australie.
11:35Les agents de protection de l'environnement vont devoir euthanasier.
11:38En euthanasie 90, les scientifiques observent de plus en plus ce type de phénomène.
11:43Sans l'expliquer, mais l'activité humaine est tout de même pointée du doigt.
11:58Et les informés continuent avec Victoria Koussa, journaliste au service politique de
12:02France Info avec Paul Quignot, directeur délégué de la rédaction de Libération et Renaud
12:07Dely.
12:08Richard Ferrand, au moment où l'on parle, passe sur le gris.
12:10Et oui, deux auditions à haut risque successivement pour l'ancien président de l'Assemblée
12:15nationale, pressenti par Emmanuel Macron pour prendre les règnes du Conseil constitutionnel.
12:18La commission des lois de l'Assemblée nationale, c'est en ce moment même, puis suivra à
12:21partir de 11h une audition devant la commission des lois du Sénat.
12:25A l'issue de ces deux auditions, la candidature de Richard Ferrand pour la présidence du
12:30Conseil constitutionnel sera soumise au vote des 122 parlementaires, membres de ces deux
12:35commissions des lois.
12:36Pour que cette candidature soit retoquée, il faut qu'une majorité des 3 cinquièmes
12:41vote contre, ce qui signifie, si tout le monde vote, majorité des 3 cinquièmes des suffrages
12:45exprimés, ce qui signifie 74 voix sur 122.
12:49Il y a déjà sur le papier 44 voix qui sont hostiles à la nomination de Richard Ferrand.
12:54C'est pourquoi c'est l'addition des voix de l'ensemble de la gauche dans les deux
12:58assemblées et puis celle des députés LR, parce qu'hier, le président du groupe LR
13:03à l'Assemblée nationale, Laurent Wauquiez, a fait savoir que les 6 députés LR, membres
13:08de la commission des lois de l'Assemblée nationale, voteront contre la nomination de
13:12Richard Ferrand.
13:13C'est une personnalité qui pose un problème d'éthique, qui pose un problème d'impartialité
13:19et qui pose un problème parce qu'il n'a pas d'expertise juridique.
13:22Le risque, c'est qu'avec Richard Ferrand se reproduise ce qu'on a connu avec Laurent Fabius,
13:28c'est-à-dire tout simplement un conseil constitutionnel qui ne juge plus en droit,
13:33mais avec une dérive idéologique.
13:34Ce que reproche Laurent Wauquiez implicitement à Laurent Fabius, ce n'est pas la validation
13:39de la réforme des retraites, ce qu'une bonne partie de la gauche a reproché au conseil
13:43constitutionnel, c'est d'avoir vidé en grande partie de sa substance la dernière loi sur
13:46l'immigration en retoquant un certain nombre de dispositions qui avaient été intégrées
13:51par la droite ou par l'ORN lors du débat à l'Assemblée.
13:54Bref, tout le monde fait des procès au conseil constitutionnel et de plus en plus d'ailleurs
13:59ces dernières années selon les décisions du conseil.
14:01Est-ce que dans ce contexte d'ailleurs, la nomination de quelqu'un comme Richard Ferrand
14:05ne risque pas d'aggraver ce climat de contestation de la légitimité du conseil constitutionnel ?
14:10Et puis est-ce que Richard Ferrand peut effectivement être retoqué ?
14:14Et quelles seraient les conséquences d'un tel rejet inédit ?
14:17Ça ne s'est jamais produit, mais rappelons que cette procédure de validation par les
14:21deux commissions des lois des deux assemblées n'est en vigueur que depuis la réforme constitutionnelle de 2008.
14:25Alors comme on vient d'entendre Laurent Wauquiez, le président du groupe des députés
14:28à l'Assemblée nationale des LR, on a envie de se demander à quoi jouent les LR, justement Victoria Coussin ?
14:33Alors à quoi jouent les LR, il faut déjà comprendre le contexte interne aux LR en ce moment.
14:39Il y a une course pour la présidence du parti qui est en pleine refondation et il y a deux candidats,
14:45Laurent Wauquiez et Bruno Rotaillot, le ministre de l'Intérieur, qui est arrivé un peu par surprise,
14:49mais qui a une côte de popularité énorme.
14:51Laurent Wauquiez n'a pas beaucoup de cartes à jouer, si ce n'est celle-ci, c'est-à-dire celle de sa liberté de ton.
14:59Il dit, voilà, moi, en tant que patron du groupe de la droite à l'Assemblée, je peux me prononcer,
15:06notamment sur Richard Ferrand, en disant ce qu'on vient d'entendre, alors que Bruno Rotaillot, lui,
15:10est sur la réserve et semble soutenir, notamment avec Gérard Larcher, le patron LR qui tient le Sénat.
15:18Donc, il s'en sert aussi comme argument pour montrer sa liberté face à Bruno Rotaillot,
15:23qui reste pièges et points liés dans cette coalition gouvernementale, puisqu'il appartient au gouvernement.
15:29Donc, il y a cet enjeu-là, mais il faut aussi savoir que tous les groupes politiques sont,
15:34enfin, il y a très peu de groupes d'opposition qui veulent faire un cadeau à Emmanuel Macron.
15:37Là, l'idée, au contraire, c'est de ne pas faciliter l'accès à cette institution suprême
15:45qui est le Conseil constitutionnel, à un très proche d'Emmanuel Macron.
15:48C'est ce qu'on lui reproche à Richard Ferrand, son hyper proximité avec Emmanuel Macron.
15:51Et toutes les décisions qu'il prendra derrière risquent, dans tous les cas, s'il était validé aujourd'hui par le Parlement,
15:58risquent d'être mises en cause à chaque fois.
16:00Et c'est ce qui peut se passer.
16:03Et les groupes politiques comptent bien appuyer dessus, à leur propre fin aussi.
16:07Bruno Delis l'a dit, ce serait inédit si la candidature de Richard Ferrand était rejetée.
16:12J'ai noté les arguments de Laurent Wauquiez, problème d'éthique, d'impartialité et problème de compétence juridique sur le papier.
16:18Il a raison, Laurent Wauquiez ? Paul Quignon ?
16:21Alors, quand il fait référence au problème éthique, il fait évidemment référence à l'affaire de Miquel de Bretagne,
16:25qui a été soldée par la Cour de cassation, mais pas sur le fond, sur la forme et sur des histoires de délai de prescription.
16:33Donc, c'est vrai que ce n'est pas complètement terrible.
16:36Même si, encore une fois, juridiquement, la justice s'est prononcée, mais ce n'est pas prononcée sur le fond, c'est la prescription.
16:44L'impartialité, oui, ce n'est pas une première.
16:49Il y a plein de présidents du Conseil constitutionnel ou de membres du Conseil constitutionnel qui ont été des proches.
16:57Bras droit, à ce point, comme l'a été Richard Ferrand, Emmanuel Macron,
17:02je pense que ça a existé, mais c'est vrai que là, je trouve que c'est un tout petit peu inédit.
17:09Je nuancerais ce propos-là en disant qu'il y a aussi des gens qui ont été, je pense à Jean-Louis Debré,
17:14je pense à, même y compris Laurent Fabius, ou Badinter, qui était très proche de Mitterrand.
17:20Mais est-ce que Richard Ferrand a les mêmes qualités que Robert Badinter ? Je ne suis pas sûr.
17:24C'est là qu'on est sur les compétences juridiques.
17:29Donc voilà, je serais assez nuancé sur les qualités de Richard Ferrand pour exercer cette fonction.
17:35Ce qui est certain, c'est que les reproches faits par Laurent Wauquiez, ils ne sont pas totalement faux,
17:39ils sont même assez justes, sur le fond, et en même temps, ils ne sont pas nouveaux.
17:43Par le passé, plusieurs candidats à la présidence de l'Assemblée nationale, on pouvait leur faire exactement le même reproche.
17:48C'est un manque de compétences juridiques, en tout cas de compétences juridiques connues au regard de leur CV,
17:53une proximité trop étroite avec le président de la République.
17:58C'est donc un problème d'impartialité.
18:00Et puis, même une question d'éthique, il faut rappeler qu'il avait purgé sa peine,
18:04mais Alain Juppé a été condamné avant de devenir lui-même membre du Conseil constitutionnel.
18:09Il y a d'autres cas comme ça, mais il avait purgé sa peine.
18:11Ce qui a changé, ce n'est pas nouveau, c'est le contexte.
18:16Dans le contexte qu'on connaît, et on l'a entendu aussi dans l'extrait de Laurent Wauquiez,
18:19et on l'entend dans la bouche de nombreux responsables politiques, de toutes étiquettes,
18:23à fortiori du côté du RN et de Marine Le Pen,
18:26il y a une contestation de plus en plus forte de la légitimité des décisions du Conseil constitutionnel.
18:32Et ça, ça pose un vrai problème d'ailleurs au regard de la nécessité
18:35que nous soyons tous d'accord sur les règles communes qui doivent régir la démocratie,
18:39c'est-à-dire que le Conseil constitutionnel est là pour juger la conformité des textes à la Constitution,
18:44des lois à la Constitution.
18:46C'est sûr que le profil de Richard Ferrand donne des armes à ceux qui contestent le Conseil constitutionnel.
18:52Il y a une prise de risque qui est assez déraisonnable de la part d'Emmanuel Macron.
18:59Parce que le procès derrière, c'est de dire que si Richard Ferrand devient président du Conseil constitutionnel,
19:03les décisions qui vont être endues, elles seront plus politiques que juridiques, c'est ça ?
19:06Très clairement, ça donne des armes à Marine Le Pen qui va activer encore plus ce procès permanent
19:12en légitimité du Conseil constitutionnel.
19:14Il n'y a pas de profil parfait, parfaitement neutre, impartial et ultra compétent qui apparaissent,
19:20mais il y a des profils qui sont plus susceptibles que d'autres de donner des armes aux adversaires du Conseil.
19:25Il y a même des profils qui se sont révélés, en fait.
19:27Quand Jean-Louis Debré a été nommé président du Conseil constitutionnel,
19:30Debré, c'était quand même le grognard par excellence de Jacques Chirac à l'époque.
19:34Et dans la fonction, il s'est plutôt révélé, en fait.
19:38Donc il faut faire un tout petit peu attention.
19:40Mais ce que dit Renaud est important, c'est qu'au-delà de la fragilisation d'Emmanuel Macron,
19:45que si Ferrand est retoqué, ça va évidemment fragiliser le président de la République,
19:50mais ça va surtout fragiliser nos institutions.
19:52Et dans le moment que l'on vit, ce n'est pas bon du tout.
19:55Après, il y a un point aussi qui inquiète les constitutionnalistes,
19:58c'est que Richard Ferrand s'est positionné dans la presse il y a quelques temps
20:01sur son opposition à ne faire que deux mandats pour un président.
20:07Aujourd'hui, Emmanuel Macron ne peut faire que deux mandats consécutifs.
20:11Et la crainte des constitutionnalistes, c'est qu'en cas de validation de Richard Ferrand à la tête du Conseil constitutionnel,
20:16qu'ils puissent de l'intérieur faciliter cette possibilité d'ouvrir une voie pour pouvoir faire trois mandats consécutifs.
20:24Puisqu'à l'intérieur de ce Conseil constitutionnel, il n'y aura pas que Richard Ferrand.
20:28Il y a aussi Jacqueline Gourault qu'Emmanuel Macron a nommé,
20:31Véronique Malbec qui est proche de Richard Ferrand,
20:34ou encore Jacques Mézard, sachant qu'Emmanuel Macron deviendra, après 2027,
20:38membre de droit de l'institution, ce qui risque aussi, d'après des constitutionnalistes,
20:43de faire un bloc pro-Macron au sein de l'institution.
20:47Donc vous en doutez, Renaud ?
20:48Oui, parce que par définition, d'ailleurs, si Emmanuel Macron devient membre du Conseil constitutionnel après 2027,
20:52ça veut dire qu'il ne fera pas un troisième mandat.
20:54Cette hypothèse-là, j'en doute un peu, mais c'est effectivement un argument qui a été mis en avant
20:57parce que Richard Ferrand s'est exprimé à titre personnel de façon maladroite sur l'hypothèse d'un troisième mandat.
21:02Parce qu'il faudrait effectivement convaincre d'abord une majorité du Conseil,
21:05ensuite ça déclencherait une crise politique, des réactions de l'opinion, etc.
21:08Mais sans aller jusque-là, comme le disait Paul Quignot,
21:12le fait que Richard Ferrand soit peut-être retoqué aujourd'hui fragiliserait le Conseil constitutionnel,
21:15mais s'il ne l'est pas, ça peut fragiliser aussi le Conseil constitutionnel.
21:17C'est bien le problème, c'est que ce profil-là donne des armes à ceux qui contestent.
21:21Ensuite, je pense que ceux qui paieraient politiquement les conséquences d'un rejet de la candidature d'Richard Ferrand,
21:30c'est Emmanuel Macron, bien sûr, au premier chef, parce que c'est un choix du chef de l'État, etc.
21:35Si j'ose dire, il n'en est plus là sur la scène politique intérieure,
21:37il ne pèse plus bien lourd Emmanuel Macron aujourd'hui.
21:40Donc, ça serait un camouflet de plus, mais on voit bien qu'il n'a plus aucune marge de manœuvre sur la scène politique intérieure, j'entends.
21:46Je pense que les conséquences seraient extrêmement lourdes aussi au sein du fameux socle commun et donc du gouvernement.
21:51Parce que ça voudrait dire que la droite a rompu l'accord qui était passé de fait avec les macronistes.
21:55Quand on entend certaines voix au sein du gouvernement plaider pour une primaire éventuellement interne au centre et à la droite
22:03pour désigner un candidat commun à l'élection présidentielle,
22:05on mesure à quel point, au vu des haines recuites et des divisions internes à ce socle commun,
22:09on en est loin, très très loin.
22:11On va suivre les auditions de Richard Ferrand, on va voir ce qu'il va dire,
22:14on va voir aussi les décisions des députés qui vont devoir voter dans chacune des commissions des lois.
22:18Merci beaucoup à tous les trois, Victoria Coussa, journaliste politique à France Info,
22:22on vous retrouve pour le Brief Politique tous les matins à 7h24.
22:24Merci Paul Quignot, directeur délégué de la rédaction de Libération, Libé,
22:28qui fait sa une aujourd'hui sur François Bayrou, la diagonale du flou.
22:32Vous dites qu'il est passé maître dans la gestion de la confusion, dossier à lire dans Libé ce matin.
22:38Merci à vous Renaud, à demain les informés du soir, c'est à partir de 20h.

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