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00:00Les Informes et France Info, on est ensemble en direct pendant une demi-heure pour décrypter l'actualité.
00:07Bonjour Renaud, et avec nous ce matin, autour de la table, Alex Bouyague, éditorialiste politique à France Info Télé,
00:13vous présente aussi l'interview politique chaque matin à 7h45. Bienvenue Alex.
00:17Bonjour Salia, bonjour à tous.
00:18A vos côtés Thomas Hoffnung, chef du service Monde à la Croix. Bonjour.
00:22Bonjour Salia.
00:22Et Nicolas Teilhard est là aussi, journaliste à la rédaction internationale de Radio France.
00:27Bienvenue Nicolas, parce que Renaud Delis, on commence tout de suite par ces réunions importantes qui se tiennent aujourd'hui à la fois en France,
00:33mais aussi à Jeddah, en Arabie Saoudite, pour une sortie du conflit en Ukraine.
00:37Effectivement, une première rencontre aujourd'hui en Arabie Saoudite entre le président ukrainien Zelensky et des officiels américains,
00:43notamment le secrétaire d'État Marco Rubio, afin de commencer à nouer un dialogue peut-être sur une éventuelle, vous le disiez, sortie du conflit en Ukraine.
00:51Au même moment d'ailleurs, l'Ukraine qui a lancé une vaste attaque de drones sur la Russie.
00:56Près de 70 drones ont atteint Moscou. Au total, la Russie affirme avoir éliminé 337 drones.
01:04Alors sans doute, le président Zelensky veut-il montrer aussi aux Russes que lui aussi est capable de frapper dans les airs,
01:10au moment où il avance justement une première proposition du président Zelensky, celle d'une trêve dans les airs et sur les mers,
01:17à l'adresse de son adversaire russe. Et puis dans le même temps, Emmanuel Macron réunit lui aujourd'hui à Paris des chefs d'état-major des armées.
01:27Une trentaine de pays seront représentés, certains de l'Union Européenne, d'autres de l'OTAN, d'ailleurs notamment la Turquie, ou des deux.
01:33Mais évidemment, l'absence des États-Unis au menu notamment l'éventuel déploiement de troupes européennes qui,
01:40après un cessez-le-feu, après une trêve conclue sur le terrain en Ukraine, viendraient s'assurer justement du respect de ce cessez-le-feu.
01:47Est-ce que cette hypothèse d'envoyer des troupes européennes est envisageable dans ce contexte-là ?
01:53Est-ce que la Russie l'accepterait ? Ce n'est pas le cas pour l'instant. Et quel pays accepterait d'y participer ?
01:58Je vous propose d'écouter Lars Locke-Rasmussen, qui est le ministre danois des affaires étrangères, l'un des pays qui se dit prêt à participer à cette opération.
02:05Si on arrive au point où, pour qu'un cessez-le-feu ou un accord de paix soit conclu, une présence européenne est nécessaire, alors le Danemark est en principe disposé à y participer.
02:18C'est un des sujets essentiels au menu de la réunion d'aujourd'hui, au-delà d'ailleurs la simple configuration de cette réunion bien particulière,
02:27donc ces chefs d'état-major réunis autour d'Emmanuel Macron.
02:30Qu'est-ce qu'elle dit de ce nouvel ordre géopolitique avec l'OTAN, notamment, qui semble affaibli, évidemment, par l'absence des Etats-Unis ?
02:39Nicolas Teilhard, pour répondre à cette question ?
02:40C'est comme une famille brouillée à Noël. Il suffit de regarder la liste des invités et de voir le Grand Absent pour comprendre tout le problème qui se pose aujourd'hui.
02:49La chaise vide américaine, c'est l'éléphant dans la pièce, évidemment, de cette discussion,
02:52parce que tout le système de l'OTAN depuis la création de l'Alliance Atlantique repose sur la solidarité entre ses membres, sur la confiance et la fiabilité de ses alliés.
03:03Si l'un des pays est attaqué, on sait que les autres viendront à la rescousse.
03:06Qu'est-ce qui se passe depuis trois semaines ? Cette confiance est rompue, et pas avec n'importe qui, avec la principale puissance de l'Alliance Atlantique, les Etats-Unis.
03:15Donc ça oblige évidemment tout le monde à réagir.
03:18On a aujourd'hui effectivement 30 pays autour de la table, sans les Américains, pour savoir comment s'organiser,
03:24parce que dans une alliance où l'essentiel des équipements, des matériaux ont des composantes américaines,
03:30ça impose énormément de questions très concrètes, très urgentes,
03:34et qu'au-delà d'une opération de maintien de la paix en Ukraine qui viendrait dans un deuxième temps,
03:39c'est tout simplement l'hypothèse d'un soutien immédiat à l'Ukraine en cas d'arrêt total de l'aide américaine.
03:45Elle est suspendue pour l'instant, on en a déjà vu les effets en seulement quelques jours, qui se pose évidemment à tous les alliés de Kiev.
03:52Parce qu'il faut rappeler quand même le but de cette réunion avec effectivement une trentaine de chefs d'état-major européens et des membres de l'OTAN.
03:59Il y a effectivement cette question de garantie de sécurité avec l'envoi de troupes, si besoin pour assurer que tout se passe bien.
04:08Les Américains ne sont pas là, mais ils peuvent se dire aussi, c'est normal, on est en Arabie Saoudite,
04:13nous on essaie de trouver la paix, de la chercher, avant de penser à la suite.
04:17Thomas ?
04:18Oui, c'est vrai que les Européens, de toute façon comme l'a dit Nicolas, les Européens et leurs alliés,
04:23il y a aussi les Australiens par exemple qui sont là, c'est intéressant de voir qu'ils se préoccupent de la sécurité européenne,
04:28ils veulent y participer, il faut remplir ce vide d'une certaine manière.
04:33Je ne pense pas que les démarches soient forcément complémentaires, les Américains avancent de leur côté,
04:37les Européens et leurs alliés se disent qu'il faut donc combler ce vide.
04:40Envoyer un signal à Vladimir Poutine, à la Russie, pour montrer que même si les Américains sont sur le reculoir,
04:46et on sait bien depuis des années que leur but c'est de se désengager de l'Europe pour pivoter vers l'Asie,
04:51les Européens sont mobilisés, sont là, c'est Kerst Armer, le Premier ministre britannique, et Emmanuel Macron qui sont à la manœuvre.
04:57Alors ils ont un renfort quand même de poids maintenant avec le futur chancelier allemand Merz, Frédéric Merz.
05:03Mais voilà, il faut aller vite parce qu'il y a ce vide qui se fait jour.
05:09Mais est-ce que ça a vraiment un sens, je pose cette question, parce qu'on voit que les négociations depuis plusieurs semaines maintenant,
05:15depuis l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, ça se passe entre Américains et Ukrainiens, entre Américains et Russes, nous on est hors-jeu ?
05:21Non, pas tout à fait.
05:23Non, là honnêtement on ne peut pas dire que la France soit hors-jeu, au contraire elle est plutôt un moteur au sein de l'Europe.
05:28L'idée de cette réunion de ce matin...
05:29Dans la solution de paix pour l'Ukraine, à quel moment, nous, on intervient dans les négociations de paix ?
05:35Là effectivement, il y a deux négociations qui sont un petit peu parallèles.
05:39Mais je pense que pour que l'une aboutisse, il faut aussi préparer l'autre.
05:46Et l'autre, c'est qu'est-ce qui se passe une fois qu'on a signé ce cessez-le-feu.
05:51Et ça c'est ce qui joue ce matin, l'idée c'est qu'effectivement, qu'on ne parle que d'une seule voie,
05:56ça va être exclusivement sur ces fameuses garanties de sécurité.
05:59Quelle troupe en fait, ce matin, tout le monde va se compter.
06:02Tout le monde va dire, moi je peux envoyer 3 000 hommes, je peux en envoyer 4 000.
06:05Donc ça va être tout l'objectif de cette réunion, savoir sur qui on peut compter.
06:09Or, on sait déjà qu'effectivement, c'est quand même mal parti, puisque les Russes ont dit niet.
06:13Oui, ils ne veulent pas de troupe.
06:15Ils ne veulent pas de troupe.
06:15Mais alors après, il y a des contradictions, c'est-à-dire que dans le bureau Oval,
06:19Donald Trump, il disait si si, il y a 10 jours, si si c'est possible, grosso modo,
06:25ils vont finir par l'accepter.
06:26Or, on sait qu'effectivement, c'est mal parti.
06:28Donc ça veut dire quoi ?
06:29Ça veut dire qu'il va falloir être inventif.
06:30C'est-à-dire que ce qui doit naître de cette réunion aujourd'hui,
06:36c'est au-delà de la mobilisation des troupes éventuelles,
06:39après le cessez-le-feu, pour ne pas être en ligne de front,
06:42mais plutôt être en garantie de sécurité,
06:44il faut être inventif, trouver aussi autre chose.
06:46La question que vous posez, elle ramène aux racines du problème.
06:49Est-ce que la guerre en Ukraine est une question européenne ?
06:51Pour les Américains, non.
06:52Pour la Russie, ça ne doit pas l'être,
06:54parce qu'il est hors de question que l'Ukraine rentre,
06:57on va dire, dans la sphère d'influence européenne,
06:59et encore moins une entrée dans l'OTAN.
07:02Pour les Européens, ce qui se joue aujourd'hui en Ukraine,
07:05c'est une question de sécurité pour l'Europe.
07:07Donc il y a une divergence qu'on retrouve dans la manière de traiter les négociations aussi.
07:11Et puis, il y a une deuxième question qui apparaît de façon de plus en plus flagrante,
07:15c'est que contrairement à ce qu'a prétendu Donald Trump ces dernières semaines,
07:18et notamment au moment de ce clash avec le président Zelensky
07:22dans le bureau Oval de Washington,
07:24les Américains veulent la paix en Ukraine,
07:27pour diverses raisons, peut-être d'ailleurs d'abord pour des raisons de business
07:30que des raisons idéologiques, mais en tout cas ils la veulent, c'est clair.
07:33Le président Zelensky la veut très clairement, il l'a dit,
07:36et c'est d'ailleurs lui qui avance une première proposition,
07:39c'est le feu partiel dans les airs et sur les mers.
07:43Les Européens agissent en ce sens aussi, y compris avec la réunion d'aujourd'hui,
07:47envisageant un dispositif de sécurité piloté par les troupes européennes,
07:51une fois le cessez-le-feu conclu, de façon à le faire respecter.
07:54Ceux qui ne la veulent pas pour l'instant la paix, ce sont les Russes.
07:57C'est-à-dire que c'est très clairement que Vladimir Poutine n'a donné aucun signe,
08:00il n'y a pas de négociation de paix pour l'instant,
08:03y compris entre les États-Unis et la Russie, sur le conflit en Ukraine.
08:06Les premiers contacts qu'il y a eu il y a quelques semaines,
08:09les Américains l'ont dit eux-mêmes, n'étaient pas l'enclenchement d'une discussion
08:12quant à la paix en Ukraine.
08:13Donc il y a un décor, il y a un récit qui a été manipulé d'abord au premier chef par Donald Trump,
08:20qui explique que c'est plus facile de discuter, paraît-il, avec Moscou qu'avec Zelensky,
08:25sauf qu'à priori, selon nos informations, alors qu'il est,
08:28il n'a fait l'état d'aucune négociation de fait sur la paix en Ukraine avec la Russie,
08:34et les Russes n'ont manifesté, n'ont avancé aucune proposition qui irait dans ce sens-là.
08:39Alors du coup, juste Thomas, sur ce qui se passe en Arabie Saoudite aujourd'hui,
08:42ça sert à quoi, entre Américains et Ukrainiens ?
08:45C'est pour les Ukrainiens, c'est reprendre le dialogue,
08:49le fil du dialogue avec les Américains, c'est très important.
08:51Apparemment, les Ukrainiens sont prêts à faire des concessions quand même de taille
08:54sur la question des métaux rares, et arrivent avec ce cessez-le-feu,
08:58et comme l'a dit Renaud tout à l'heure, les attaques de drones ne sont pas anodines,
09:01bien sûr, elles s'inscrivent dans ces négociations.
09:03Mais côté européen, ce qui est très important, c'est que les Européens vont avoir un rôle fondamental
09:07quand le cessez-le-feu sera signé, c'est effectivement ces garanties de sécurité.
09:10Déployer des troupes, même si les Russes pour l'instant sont contre,
09:13c'est quand même le plan, c'est les Ukrainiens sur la ligne de front après le cessez-le-feu,
09:17les Européens en second rideau, et on a quand même besoin des Américains
09:21comme garantie de sécurité ultime.
09:23Ça faudra les embarquer, et ça ne va pas être simple.
09:26Bon, c'est vrai que Volodymyr Zelensky, il n'a pas beaucoup de cartes dans sa main,
09:32comme l'a gentiment souligné Donald Trump dans le bureau Valls,
09:35mais il en a quand même quelques-unes.
09:37Il y a cette histoire de terres rares, et puis il y a aussi Kourts,
09:40c'est-à-dire cette poche qui est en territoire russe,
09:43qui est aujourd'hui occupée par les Ukrainiens,
09:46et qui peut être quand même une bonne monnaie d'échange.
09:48Ce qui est intéressant, c'est effectivement de remarquer que les Russes,
09:51c'est vrai que l'Ukraine n'intègre pas l'OTAN,
09:55ils veulent garder les territoires conquis,
09:57ils ne veulent pas de troupes européennes,
09:58et en fait c'est le discours qu'ils tiennent depuis des années.
10:01Sauf que c'est là qu'on voit, si on ne s'en tient pas aux déclarations mais aux faits,
10:06le poids américain des derniers jours.
10:08En arrêtant le renseignement, ils ont rendu aveugles les Ukrainiens,
10:11ça a eu un effet presque immédiat avec une avancée russe dans la région de Kourts,
10:15c'est la seule région russe qui est tenue par les Ukrainiens,
10:18qui en font une sorte de monnaie d'échange.
10:20Elle s'est très largement réduite depuis l'été dernier,
10:22il n'y a presque plus rien, on parle de quelques villes seulement,
10:26et en quelques jours les Russes ont avancé,
10:28parce qu'il n'y a plus de renseignement américain.
10:30Donc ça on le voit, sur les garanties de sécurité,
10:33c'est un terme qui est peut-être un peu vague aussi pour ceux qui nous écoutent.
10:36Pourquoi c'est important ?
10:37Parce que ça rejoint l'idée que les Russes ne veulent pas faire la paix.
10:40La paix qu'ils voudraient éventuellement,
10:42ça serait une paix instable qui permettrait de reprendre les hostilités à tout moment,
10:46en tout cas qui empêcherait l'Ukraine d'être une puissance démocratique,
10:50souveraine, et de se rapprocher de l'Europe à une échelle qui est plus de 10-20 ans.
10:55Si jamais il y a un cessez-le-feu de ce genre,
10:57et que la Russie n'attend qu'une chose, c'est de pouvoir reprendre les hostilités,
11:00si les Américains disent « bon bah maintenant nous c'est plus notre problème »,
11:03c'est là que forcément une force européenne sera déterminante
11:07pour qu'on ne se retrouve pas dans un scénario qu'on a connu en Géorgie,
11:11en Crimée ou dans le Donbass il y a quelques années.
11:13On va suivre les pourparlers en Arabie Saoudite
11:15et ce qui se dit lors de la réunion avec les chefs d'état-majors.
11:17Dans un instant on va évoquer la situation en Syrie,
11:19mais d'abord le Filinfo à 9h18 avec Maureen Swiniard.
11:24L'incendie provoqué par la collision en mer du Nord
11:26est toujours en cours, annoncent à l'instant les autorités portuaires.
11:29Collision entre un cargo et un pétrolier au large des côtes anglaisières.
11:33Une personne est portée disparue
11:35et les ONG s'inquiètent des conséquences environnementales.
11:37Il est soupçonné de crimes contre l'humanité.
11:40L'ancien président des Philippines, Rodrigo Duterte,
11:43vient d'être arrêté à l'aéroport de Manille.
11:45C'est un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale qui est appliqué.
11:48Il a lancé une guerre meurtrière contre la drogue.
11:51Les organisations de défense des droits humains
11:53estiment que des dizaines de milliers de personnes
11:55ont été tuées par des policiers ou des groupes d'autodéfense.
11:58Le pronostic vital du pape n'est plus réservé, annonce le Vatican
12:02quasiment un mois après le début de son hospitalisation pour pneumonie.
12:05Plus 15% en un an en France.
12:08Les alertes de sécurité concernant les systèmes informatiques en forte hausse.
12:12Une information de nos confrères de France Inter.
12:14Il s'agit de signalements et d'incidents avérés,
12:17des vols, des tentatives d'extorsion,
12:19mais aussi des opérations de déstabilisation et d'espionnage.
12:24France Info
12:28Les informés, Renaud Dely, Saliha Brakia
12:33Et les informés continuent avec Alex Bouyagui,
12:35éditorialiste politique à France Info TV,
12:37avec Thomas Hoffnung, aussi chef du service Monde de la Croix,
12:41Nicolas Teilhard, journaliste à la rédaction internationale de Radio France.
12:44L'actualité internationale chargée, Renaud,
12:47puisqu'en Syrie, des civils ont été massacrés ces derniers jours.
12:50Un cycle de violences sans précédent dans l'ouest du pays,
12:54sans précédent depuis la chute de Bachar al-Assad,
12:57ça c'était au début du mois de décembre,
12:59un bilan d'un peu plus de 1000 morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
13:02Dans leur écrasante majorité, les victimes sont des membres de la minorité halawide,
13:06qui était celle dont était issu le clan al-Assad, Bachar al-Assad.
13:10Il y a eu des exécutions en masse de civils.
13:14L'ONU, Washington, Pékin, Paris, d'autres capitales,
13:18ont condamné ces violences.
13:21Voici ce qu'en disait hier le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud.
13:25J'ai eu l'occasion hier, lorsque je l'ai eu au téléphone,
13:30d'exprimer au ministre des Affaires étrangères syrien
13:33notre très profonde préoccupation,
13:36notre condamnation des exactions qui ont visé les civils,
13:41et notre appel à ce que les responsables de ces massacres
13:46soient jugés et punis,
13:49pour que ces crimes ne restent pas impunis.
13:52C'est l'avenir de la Syrie qui est en jeu,
13:56et nous ne voulons pas que la Syrie puisse retomber dans le chaos.
14:00Le nouveau dirigeant syrien, Ahmed al-Shara, celui qui a fait chuter Bachar al-Assad,
14:04a promis de poursuivre les responsables de ces tueries.
14:06Il a aussi annoncé la formation d'une commission d'enquête indépendante
14:10sur ces massacres.
14:12Et puis, un accord inédit a été annoncé hier,
14:15conclu entre ce nouveau pouvoir syrien et les forces kurdes,
14:18le chef des forces démocratiques syriennes,
14:21pour que les Kurdes intègrent les institutions civiles et militaires de l'état syrien,
14:26ce qui est une configuration inédite.
14:28Est-ce que ces massacres, d'abord, ont dépassé le pouvoir syrien ?
14:33Est-ce qu'il a été lui-même dépassé par des formations djihadistes plus radicales ?
14:38Est-ce qu'il peut punir les responsables de ces massacres ?
14:41Et puis, est-ce que la transition syrienne est en péril ?
14:45Ou pourrait-elle être relancée par cet accord inédit,
14:49signé et conclu hier avec les Kurdes ?
14:51Nicolas Teilhard, d'abord sur les faits,
14:53que sait-on de ces tueries qui ont eu lieu ces derniers jours ?
14:55Alors, on n'en sait pas forcément beaucoup.
14:57On sait que c'est partie d'une opération qui a été menée par le pouvoir syrien
15:01contre des responsables al-Awid.
15:03C'est une sorte de poche qui est dans l'ouest syrien.
15:07On sait que c'est effectivement la communauté dont était issue Bachar al-Assad.
15:11Il y a forcément des plaies après des années de guerre civile,
15:16après tout ce qui s'est passé ces dernières années.
15:18Il y a aussi beaucoup de colères qui ont peut-être été un petit peu mis au second plan
15:21ou effacées par l'euphorie des premières semaines, mais qui existait.
15:26Et ces opérations ont dégénéré.
15:28Parce qu'il y avait aussi une préparation côté al-Awid, manifestement, de défense.
15:32On parle d'anciens généraux, de l'armée de Bachar al-Assad.
15:35Le problème pour le pouvoir aujourd'hui, c'est ce qu'il a non seulement légitimé,
15:39mais encouragé une partie de ces violences.
15:42Il y a sans doute eu une forme d'aveuglement d'armée d'al-Sharif
15:46parce qu'inquiets de voir aussi ressurgir comme ça éventuellement
15:52des partisans du pouvoir déchu qui pourraient se réorganiser.
15:55L'inquiétude, c'est la partition du territoire syrien.
15:58Il est dans une logique de redonner une unité nationale et une souveraineté
16:02à un pays qui n'en a pas connu, en tout cas avec une certaine forme de liberté
16:07depuis très longtemps.
16:09Donc c'est ce qui s'est passé.
16:10C'est pour ça, sans doute, qu'il a réagi aussi vite
16:12parce qu'il y avait une inquiétude de toutes les chancelleries.
16:15C'est pour ça que l'accord signé hier soir avec les Kurdes est majeur aussi
16:18parce qu'il offre une image d'unité qui est recherchée par le nouveau pouvoir.
16:23Réaction rapide du président qui dit, moi je vais trouver les responsables.
16:27En gros, ça va se payer.
16:29Voilà, il va mettre de l'ordre.
16:31Il faut lui faire confiance, Thomas Hofnug ?
16:33Il est sincère quand il dit ça ?
16:35Moi, je pense que oui.
16:37Mais je pense qu'il n'avait aucun intérêt à encourager des violences
16:39contre la minorité alaouite.
16:41Je pense que ça lui a échappé.
16:43Ça a échappé au nouveau pouvoir qui est quand même assez fragile,
16:46qui n'a pas d'expérience, qu'une expérience de gouvernance dans le nord de la Syrie,
16:50dans la poche d'Idlib.
16:51Mais là, c'est autre chose.
16:53Maintenant, il faut réunir ce pays mosaïque.
16:56Et je pense qu'il y a une vendetta, il y a une vengeance.
16:58Comme l'a dit Nicolas, il y a des frustrations, de colère.
17:00Il y a eu des crimes massifs qui ont été commis pendant des années
17:03avec le clan alaouite au pouvoir.
17:05Donc, Ahmed Al-Sharaa, maintenant, il faut qu'il réussisse à unifier ce pays.
17:09Je pense qu'il y a aussi un enjeu très important, c'est la levée des sanctions.
17:12La Syrie est un pays ruiné.
17:14Il y a 90% de la population qui vit sous le seuil de pauvreté.
17:17Donc, il a absolument besoin d'une aide extérieure.
17:19Il ne l'aura que s'il donne des gages à la communauté internationale,
17:22notamment aux Occidentaux.
17:23Mais là, du coup, ça complique un peu les choses, justement,
17:25quand on voit la position française qui marche sur les yeux, maintenant.
17:28Même les Américains, c'est vrai qu'ils sortent affaiblis.
17:31Lui, il disait, je veux obtenir de la stabilité.
17:34En fait, il a été aussi dépassé par ses troupes,
17:36parce qu'il y a beaucoup de ses soutiens qui sont beaucoup plus conservateurs,
17:40beaucoup plus islamistes que lui,
17:42qui ont déjà un long parcours d'exaction.
17:44Et puis, il a beaucoup de djihadistes,
17:46qui sont des djihadistes syriens,
17:49mais aussi des djihadistes étrangers,
17:51qui viennent des Ouïgours, des Tchétchènes, des Jordaniens, des Turcs.
17:55Et donc, c'est vrai que certains spécialistes se posent la question.
17:58Certains disent, ben non, en fait,
18:00Ahmad al-Sharaa, il veut mettre en place une république islamiste,
18:05centralisée, autoritaire.
18:07Et qu'en fait, il noie un petit peu le discours pour avoir du soutien.
18:14Mais en fait, il a cet objectif-là.
18:15Et puis d'autres qui disent, non, il faut lui faire confiance.
18:17Mais effectivement, dépassé aussi par des troupes plus radicales.
18:21Question d'autant plus ultime qu'il faut regarder son CVAU et son parcours.
18:25Évidemment, il a été formé, il est issu de ses formations djihadistes les plus radicales,
18:30al-Qaïda et autres.
18:31Donc, on sait qu'il a mis en scène, y compris sa métamorphose,
18:35à partir du moment où il a fait chuter Bachar el-Assad et où il a pris le pouvoir.
18:38Mais on voit, là, il y a une autre question qui se pose.
18:41D'abord, elle demeure cette question.
18:43Jusqu'où cette métamorphose est vraie ou mise en scène, justement ?
18:49Jusqu'où peut-on lui faire confiance, comme vous le disiez ?
18:51Et puis, on voit la question qui se pose, c'est aussi celle du contrôle du territoire.
18:54C'est-à-dire, jusqu'où contrôle-t-il le pays ?
18:57Est-ce qu'il est en mesure, effectivement, de contrôler le pays,
19:00fracturer avec ses minorités, ses cycles de vengeance et autres ?
19:05Et tout ça, il a encore, en quelque sorte, des preuves à faire.
19:09Et c'est vrai qu'un dernier point, c'est aussi un enjeu pour les Occidentaux.
19:12Parce qu'on peut aussi les accuser assez rapidement,
19:15et ces accusations légitimes commencent à poindre,
19:17d'avoir fait preuve, peut-être, d'une forme de naïveté à son endroit,
19:20un peu rapidement, si jamais ce nouveau dirigeant syrien
19:24est lui-même incapable d'assurer une transition
19:27vers une certaine idée de la démocratie en Syrie, à terme.
19:30C'est là où l'accord préalable signé avec le mouvement kurde hier soir,
19:36il est intéressant, parce que les Kurdes, ce sont eux qui se sont battus contre Daesh,
19:39qui ont été en première ligne.
19:41Aujourd'hui, on a un dirigeant syrien qui signe et qui tape dans la main
19:44avec des gens qui ont combattu Daesh sur le terrain,
19:46et notamment les djihadistes français,
19:49qui sont retenus dans les prisons du Rojava,
19:51qui sont gérés par les Kurdes.
19:53L'autre aspect, puisqu'on parlait des Occidentaux,
19:55c'est que ça s'est fait sous l'égide des Américains,
19:57qui ont participé à ces discussions,
19:59qui ont aussi encouragé l'idée que les Kurdes et le pouvoir central
20:03puissent discuter, parce que dans le territoire,
20:05il faut s'imaginer que les Kurdes, cette partie autonome,
20:08c'est un tiers du territoire syrien, donc c'est considérable,
20:10c'est là où il y a des champs de pétrole, c'est là où il y a des champs de gaz,
20:12c'est là où il y a du blé.
20:14Donc la richesse aussi du territoire syrien,
20:16elle repose sur cette région kurde autonome.
20:20Le fait qu'ils s'intègrent, en tout cas dans le processus national,
20:23ce qui est par ailleurs inédit dans l'histoire du pays,
20:27c'est un événement de nature aussi, peut-être,
20:30à remettre sur les rails ce qui a déraillé ces derniers jours.
20:33Il faut aussi réveiller à ce que cet accord se concrétise dans les faits.
20:36Donc il y a l'accord avec les Kurdes,
20:38il faut voir ce qu'on va faire les Occidentaux dans la levée des sanctions.
20:40Et puis le Président de la République Française, Emmanuel Macron,
20:43a décidé d'inviter prochainement, alors on ne sait pas quand,
20:46et on va voir en fonction de ce qui s'est passé, si ça va bouger,
20:48a décidé d'inviter le Président Ahmed al-Sharaa, le Président syrien,
20:52vous en doutez, là, Nicolas Teilhard,
20:54prochainement à Paris.
20:56Le calendrier est chargé en ce moment.
20:58Il est un peu chargé, c'est vrai.
21:00On va voir ce qui va se passer évidemment, on le suit sur France Info.
21:03Merci beaucoup à tous les quatre.
21:05Merci Alex Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info Télé,
21:08sur le canal 27.
21:10On vous retrouve pour l'interview politique tous les matins à 7h45.
21:13Merci à vous Thomas Hoffnug, chef du service Monde de La Croix.
21:16On en profite pour jeter un coup d'œil au journal du jour,
21:19La Une, Etats-Unis, Europe, une alliance menacée.
21:22Effectivement, on l'a développé dans Les Informés aujourd'hui,
21:25c'est-à-dire dans La Croix ce matin.
21:27Merci à vous Nicolas Teilhard, journaliste à la rédaction internationale de Radio France.
21:30Renaud, on se retrouve demain.
21:33C'est enthousiaste.
21:35Toujours, toujours.
21:37Très heureux de me retrouver tous les matins.
21:39N'essayez pas de se remettre les dizainies, je vous reconnais bien là.
21:42Vous êtes un couple solide, je le sais.
21:4420h, Les Informés du soir.