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00:00Ravi de vous retrouver dans les informés du matin. Votre demi-heure de décryptage de l'actualité à la radio, bien sûr, et sur le Canal 27 en votre compagnie, Renaud Dely, bonjour.
00:14Bonjour André.
00:15Et avec nos trois informés ce matin. Bonjour Victoria Coussin.
00:19Bonjour.
00:20Journaliste de service politique de France Info, on vous retrouve tous les matins dans le brief politique à 7h24. Et bonjour Sylvain Courage, vous êtes directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Obs.
00:31Bonjour.
00:32Et notre troisième informé, Nicolas Taillard. Bonjour Nicolas.
00:34Bonjour.
00:35Journaliste à la rédaction internationale de Radio France. Parce que, parce que, Renaud, nous allons commencer avec l'actualité internationale marquée par ces nouvelles menaces de Vladimir Poutine.
00:46Une nouvelle montée de tensions sur la guerre entre l'Ukraine et la Russie, avec la Russie qui a donc utilisé un missile balistique hypersonique non nucléaire.
00:57C'est ce qu'a confirmé Vladimir Poutine, donc après des accusations d'ailleurs de l'Ukraine qui évoquait un missile intercontinental.
01:05Vladimir Poutine qui a pris la parole hier justement pour justifier le recours à cette arme.
01:10Et puis pour évoquer les nouvelles perspectives ouvertes selon lui par la décision américaine d'autoriser l'Ukraine à utiliser des missiles longue portée livrés par les États-Unis.
01:23On écoute Vladimir Poutine.
01:26A partir de ce moment, comme nous l'avons souligné à plusieurs reprises, le conflit régional en Ukraine provoqué par l'Occident a pris les éléments d'un conflit à caractère mondial.
01:36Nous avons toujours été prêts et nous le sommes toujours à résoudre tous les problèmes par des moyens pacifiques.
01:41Nous sommes également prêts à faire face à toute évolution des événements.
01:45Si quelqu'un doute encore de nous, c'est inutile. Il y aura toujours une réponse.
01:54Toujours une réponse dit donc le maître du Kremlin qui n'exclut pas dans son propos de frapper y compris les pays qui autorisent les Ukrainiens à utiliser leurs missiles de longue portée pour toucher le territoire russe.
02:07Comment analyser déjà le recours hier à ce tir balistique, à cette nouvelle arme par la Russie ?
02:14Et puis quel sens donner aux propos de Vladimir Poutine et à ces nouvelles menaces exprimées à l'encontre de l'Occident ?
02:21Nicolas Taillard, je commence avec vous. Déjà peut-être un rappel des faits, en tout cas de ce qu'on en sait des versions ukrainiennes et des versions russes sur ce qui s'est passé hier, cette attaque de missiles sur l'Ukraine.
02:33On n'en sait plus ce matin parce que dans un premier temps, l'Ukraine parlait d'un missile intercontinental.
02:38C'est finalement un missile balistique à portée intermédiaire qui a été tiré hier. La différence c'est quoi entre les deux ? C'est la portée.
02:44On parle dans le cas de la portée intermédiaire de 3000 à 5000 kilomètres. Dans le cas d'un missile intercontinental de plus de 5000 kilomètres, c'est fait pour frapper un autre continent.
02:53Alors on pourrait dire que c'est un détail, ça dit quand même quelque chose parce qu'hier, la cible était à environ 1000 kilomètres.
02:59C'est un missile qui aurait été tiré des bords de la mer Caspienne et donc a priori, ce n'est pas du tout le genre de missile qui était utile pour toucher la ville de Dnipro.
03:08C'est en ça où on se dit que c'est bien davantage un message qui a été envoyé qu'une utilité vraiment opérationnelle.
03:15Parce que ce missile qui a été utilisé pour la première fois sur un théâtre d'opération, il n'était visiblement ni chargé de tête nucléaire, ni chargé du tout de charge explosive.
03:25C'est pour ça que le bilan est très relatif. Il y a eu deux blessés hier et on peut tirer deux enseignements sur cette incohérence.
03:31Cette incohérence, ça renforce l'idée d'un message qui est envoyé à Kiev.
03:35Ce qui fait dire d'ailleurs à Volodymyr Zelensky le côté essai militaire qu'il a critiqué.
03:39Mon pays est un laboratoire, c'est ce que dit en somme Volodymyr Zelensky.
03:43Et il y a une disproportion entre l'ampleur de ce message, parce que tout de même, utiliser un missile qui est capable de porter des têtes nucléaires, qui fait plus de 1000 kilomètres,
03:52c'est quand même clairement un message qui n'avait jamais été envoyé jusqu'ici, même si les Américains ont été prévenus.
03:59Et l'ampleur très limitée des dégâts lors d'une journée où il y a eu ailleurs en Ukraine des dizaines de blessés et même des morts.
04:06Ce qui est intéressant, vous le disiez, c'est aussi que les Américains ont été prévenus.
04:0930 minutes avant, à peu près. Il y a des canaux qui existent aujourd'hui.
04:14Et ça dit aussi quelque chose de la prudence de Vladimir Poutine et de cette sorte de partie de poker.
04:20C'est l'escalade, mais...
04:22C'est difficile d'utiliser cette expression parce qu'il y a une réalité de terrain. Il y a des morts, il y a des blessés, il y a des dégâts, il y a des victimes.
04:28Mais la réalité, c'est que chacun pousse un petit peu ses cartes aujourd'hui.
04:31Et Vladimir Poutine ne va pas trop loin parce qu'il craint aussi une réaction occidentale.
04:36Et c'est à celui, j'allais dire, qui teste un petit peu le plus loin.
04:40Il y a tout un côté théâtralisation. Vous avez vu les images de Vladimir Poutine il y a quelques instants.
04:45Ce sont quasiment les mêmes que le 24 février 2022.
04:48On a vu ces deux petits téléphones blancs qui étaient installés derrière le bureau du président russe.
04:54On a vu ces drapeaux. C'est exactement le même cadre qu'à chaque grande déclaration pour un président qui était quasiment porté disparu depuis dix jours.
05:01On n'avait pas une seule déclaration, pas un mot de Vladimir Poutine qui a ressurgi, évidemment, quelques jours après le changement de doctrine américaine sur les missiles à longue portée.
05:12En tout cas, Nicolas, réaction ukrainienne très forte par ailleurs aussi.
05:15Réaction ukrainienne, évidemment, parce que c'est aussi tout l'intérêt de Volodymyr Zelensky de montrer à ses alliés que la menace est très forte, qu'elle ne concerne pas que son pays.
05:26Volodymyr Zelensky a tout intérêt à ce que les Occidentaux, que ce soit les États-Unis ou les Européens, sentent une menace russe très importante et donc décident de renforcer leur soutien.
05:38Le risque, c'est si la réaction européenne est inverse, c'est-à-dire peur de l'engrenage, peur d'une escalade.
05:44Et dans ce cas-là, on freine notre soutien.
05:46Et ça, c'est la carte qui est activée, j'allais dire, depuis plus de deux ans maintenant par Vladimir Poutine, qui espère toujours.
05:52Et d'ailleurs, c'est lui qui a tendance à décider un petit peu des termes du contrat depuis le début de ce conflit, de faire peur aux Occidentaux et à leurs opinions pour, d'une certaine manière, imposer ses termes dans cette guerre.
06:07Est-ce que, Sylvain Courage, à vos yeux, alors je sais bien que vous n'êtes pas devin, mais est-ce que c'est justement cet acte posé, ces mots de Vladimir Poutine et cette menace, quand même, très claires, de plus en plus claires,
06:17ça peut avoir l'effet escompté qu'expliquait Nicolas, de faire peur non seulement aux opinions publiques, mais aussi aux classes dirigeantes européennes et singulièrement françaises qu'il y a de l'Ukraine ?
06:27On voit ressurgir tous les codes de la guerre froide, les téléphones, les avertissements, les coups de semence, la pression psychologique, et dans la guerre froide, il y a quand même le mot guerre.
06:37Et on sait très bien qu'on peut passer assez facilement de la guerre froide à la guerre chaude, donc oui, c'est quand même très inquiétant, et je pense que, même si le missile n'était pas chargé,
06:47même si on comprend que c'est une manière pour Vladimir Poutine de dire « je suis là, je suis prêt, je ne me serais pas impressionné », c'est quand même un échelon qui est franchi dans une possible escalade, donc le monde entier devrait s'en inquiéter.
07:03Emmanuel Macron d'ailleurs est le premier à s'en inquiéter, on sait qu'il prend toujours les devants sur le dossier ukrainien, il est en Amérique latine, il a participé au G20 en début de semaine, et du G20, il a aussi tenté de faire passer des messages, il a condamné évidemment les derniers propos de Vladimir Poutine,
07:19et il s'est appuyé sur son homologue chinois Xi Jinping pour parler à Vladimir Poutine puisqu'il sait que c'est aussi la seule façon de pouvoir influer sur ce qui est en train de se passer.
07:32Avec toujours, c'est vrai, effectivement le rôle très important de la Chine, Renaud Delis.
07:35Il y a un élément qui est peut-être rassurant, mais qui peut devenir inquiétant peut-être dans un peu moins de deux mois, c'est le calendrier, c'est une date en particulier, évidemment c'est la date du 20 janvier,
07:43parce qu'on voit aussi qu'il y a un certain nombre de décisions qui ont été prises par Joe Biden, d'autorisation accordée aux Ukrainiens de pouvoir utiliser les missiles longue portée pour frapper le territoire russe,
07:53en particulier s'il y a cette réplique, cette riposte de Vladimir Poutine réelle avec ce tir, même si c'est un tir en quelque sorte de test de missile, et puis ses propos,
08:02c'est parce que tout le monde a en perspective évidemment ce calendrier le 20 janvier, l'intronisation de Donald Trump à la Maison Blanche.
08:08Donc on peut imaginer aussi, on peut imaginer bien sûr, et je ne suis pas plus de 20 qu'il va encourager, comme vous le savez Adrien,
08:13mais on peut imaginer aussi que cette montée de la tension reste dans un cadre, on va dire, relativement supportable jusqu'au 20 janvier, puisque la donne va changer à ce moment-là,
08:25mais ce sera de fait un nouveau saut dans l'inconnu, parce qu'on ne sait pas exactement ce que fera Donald Trump.
08:30Un dernier mot Nicolas Teilhard.
08:31Il y a une évidence, c'est que les lignes ont bougé depuis l'élection de Trump, et elles ont bougé partout, c'est-à-dire qu'à la fois l'administration Biden a pris des décisions qu'elle n'avait pas prises jusqu'ici,
08:39les Européens se disent, si la stratégie américaine change, si le soutien américain évolue dans trois mois, il va falloir que nous on s'organise différemment,
08:50et du côté de Moscou, on joue sur cette sorte de brouillard qui entoure la stratégie de Trump pour pousser au maximum ses pions,
08:57c'est-à-dire qu'en cas de négociation, et l'Ukraine, et la Russie tentent d'arriver dans la position la plus favorable possible,
09:02mais on n'a pas la moindre idée de ce que va décider Trump, parce qu'il serait faux de se dire que parce que c'est Trump, c'est forcément favorable à la Russie.
09:09Il y a un certain nombre de logiques de l'América First qui peuvent être destructrices pour Moscou, au niveau économique comme au niveau militaire.
09:19Merci à vous, merci Nicolas Teilhard, rédaction internationale de Radio France, d'être passé nous voir pour ses explications sur ces derniers développements autour de la guerre en Ukraine,
09:30et bien sûr, de ces dernières menaces de Vladimir Poutine, on va passer à la politique plus franco-française.
09:36Dans une minute, d'abord le Filinfo 9h15, Magali Oumou.
09:41200 000 foyers toujours privés de lumière et de chauffage ce matin, les techniciens d'Enedis sont mobilisés pour rétablir le courant,
09:49la neige et le verglas provoquent la pagaille sur les routes, une partie de l'A28 fermée, 150 camions bloqués sur l'A36,
09:57les trains sont à l'arrêt également ce matin en Normandie et en Aquitaine, l'événement météorologique a été correctement estimé, assure François Durouvray, le ministre des Transports.
10:08Invité de France Info ce matin espère un retour à la normale à la mi-journée.
10:13Un mandat d'arrêt ou pas, le premier ministre hongrois Victor Orban se dit prêt ce matin à recevoir son homologue israélien dans son pays,
10:21Benjamin Netanyahou visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale tout comme son ex-ministre de la Défense accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
10:31Qui pour occuper le poste d'attorney general ministre de la justice aux Etats-Unis ?
10:36Le choix de Donald Trump s'est porté sur Pam Bondi, ancienne procureure générale de Floride.
10:42Le président élu avait d'abord annoncé le nom de Matt Gaix, un élu républicain controversé qui s'est finalement retiré.
10:50Le Vendée Globe, les skippers avancent lentement mais sûrement.
10:54C'est le français Charlie Dalin qui a repris la tête de la course cette nuit, juste devant un autre français Thomas Rian.
11:02France Info.
11:05Les informés. Adrien Becq, Renaud Delis.
11:10Et toujours avec Victoria Coussa, journaliste au service politique de France Info et Sylvain Courage du Nouvel Observateur.
11:19Renaud Delis, nous allons passer à notre deuxième débat qui concerne la politique nationale et cette épée de Damoclès qui pèse au-dessus de Michel Barnier.
11:29Michel Barnier, la censure, mais Michel Barnier semble-t-il n'en a cure.
11:35Cette menace effectivement de motion de censure qui se précise.
11:38Pourquoi ? Parce que d'abord les insoumis, la gauche, ont annoncé le dépôt d'une motion de censure
11:43si le Premier ministre recourt, comme c'est très probable, à l'article 49.3 pour faire valider le projet de loi de finances
11:49et que Marine Le Pen, ces derniers jours, fait monter la pression en expliquant de plus en plus fortement
11:55qu'elle pourrait bien, et donc forcément ses troupes aussi, voter cette motion de censure au nom, dit-elle, de la défense du pouvoir d'achat des Français.
12:03Même si le RN n'est pas, à lui seul d'ailleurs, le détenteur de la possibilité de faire chuter le gouvernement.
12:09Que feront les députés socialistes le moment venu s'il y a une motion de censure ? C'est une autre question.
12:13Mais bref, cette menace se précise et Michel Barnier l'a évoquée publiquement hier devant le congrès des maires de France.
12:21Et comme vous le disiez à l'instant, Adrien, quand on écoute le Premier ministre, on se dit, même pas peur.
12:28C'est assez motivant, quelque part, de se dire qu'on peut partir demain matin.
12:33Mais de se dire que ce n'est pas sûr. Je ne sais pas le temps que j'ai devant moi.
12:39Ça dépend d'une éventuelle coalition des contraires, si je puis dire, à l'Assemblée nationale.
12:46Je ne sais pas si ça se produira. J'y suis prêt. Je sais que ce n'est pas ce que souhaitent les Français.
12:52Qu'ils souhaitent aujourd'hui de la stabilité, de la sérénité.
12:55« Je ne sais pas le temps que j'ai devant moi », dit Michel Barnier.
12:58C'est notre cas à tous d'ailleurs, mais c'est un autre sujet qui n'est pas lié à Matignon.
13:03En tout cas, pour ce qui est de la perspective d'une motion de censure, Michel Barnier s'y dit prêt.
13:09Et puis il évoque, dit-il en tout cas selon lui, le souci de stabilité des Français.
13:15Alors pourquoi le Premier ministre affiche-t-il un tel flègme ?
13:18Pourquoi Marine Le Pen, elle, se fait-elle de plus en plus menaçante ?
13:22Qui bluffe et qui livrait ?
13:25Victoria Coussin, on sait que Michel Barnier est un habitué des négociations européennes.
13:29Donc c'est assez peu de cris et beaucoup de calme.
13:33Est-ce que néanmoins ce flègme ne vous apparaît pas un peu surjoué quand même ?
13:37Surjoué ? Je ne sais pas.
13:40Ce qui est sûr, c'est que Michel Barnier a accepté sa mission en ne sachant pas la durée qu'aurait son gouvernement.
13:47Et je pense qu'en partant de ce principe-là, il y a forcément un principe qui est d'accepter le jour où ce moment arriverait.
13:58Ce qui est sûr, c'est que la menace est réelle.
14:00Puisque Marine Le Pen menace de déposer et de voter la motion de censure,
14:05et tous les groupes de gauche, même les socialistes, même François Hollande est aujourd'hui pour voter une motion de censure en 4-49-3 sur le budget.
14:13Donc la menace est réelle, elle est prise très au sérieux, notamment au sein du gouvernement de Michel Barnier.
14:18Et ce qui peut nous laisser penser ça, c'est l'interview dans Le Parisien du ministre de l'économie Antoine Armand.
14:24Puisque dans cette interview, il dit « je suis ministre et je fais surtout partie des ex-renaissances qu'on appelle aujourd'hui Ensemble pour la République ».
14:32Ce qui veut dire qu'il se prépare aussi à la suite.
14:34Et ça, ça donne quand même un indice sur le moral des troupes au sein du gouvernement Barnier.
14:40C'est dans ce contexte, Sylvain Courage, que Michel Barnier va rencontrer la semaine prochaine l'ensemble des présidents de groupe.
14:46Il commence d'ailleurs avec Marine Le Pen lundi matin.
14:49Est-ce que, on imagine que concernant Mathilde Panot ou Cyril Chatelain, ça ne va pas servir à grand-chose.
14:55Est-ce que sa rencontre avec Marine Le Pen, ça va être en gros le moment où va se décider l'avenir de Michel Barnier ?
15:00Et ça se pourrait bien parce qu'on voit très bien que Marine Le Pen fait ce chantage parce qu'elle espère obtenir quelque chose.
15:08D'autres sont passées avant et ont obtenu des révisions du projet budgétaire pour pouvoir afficher une victoire vis-à-vis de leur électorat.
15:16Et c'est ça que recherche Marine Le Pen.
15:19Si elle ne l'a pas, elle prendra un autre avantage.
15:22C'est de se poser en défenseuse du pouvoir d'achat des Français.
15:29Avec les risques que ça comporte quand même.
15:32C'est un pari à deux entrées.
15:34A chaque fois, il y a des avantages et des inconvénients.
15:36Et donc effectivement, ce rendez-vous est très important.
15:38Le problème, c'est que Michel Barnier ayant déjà beaucoup renié sur son projet de budget, qu'est-ce qu'il lui reste à distribuer ?
15:46On sait que Marine Le Pen voudrait qu'il renonce à la surtaxe sur l'électricité.
15:52Mais c'est à nouveau des recettes qui pourraient manquer pour équilibrer le budget et réussir la réduction du déficit.
15:58Donc les enjeux symboliques, psychologiques, politiques et économiques se mêlent.
16:03Et on ne sait pas très bien ce qui va sortir de tout ça.
16:05Renaud ?
16:06En fait, la motion de censure, ce n'est pas un problème pour Michel Barnier.
16:08C'est un problème pour les opposants éventuels susceptibles de la voter.
16:11Je m'explique, Michel Barnier, il le dit, il le répète, il a 73 ans, il n'a aucune ambition présidentielle.
16:17Ce n'est pas l'évolution de sa code de popularité actuellement qui va le faire changer d'avis en l'occurrence.
16:22Il sait que sa présence à Matignon n'est pas forcément extrêmement longue, ça ne dépend pas de lui.
16:27C'est le gagnant du loto, Michel Barnier.
16:29Il se retrouve à Matignon alors qu'il n'a pas de majorité.
16:32Il n'a même pas joué, effectivement.
16:34Et il est issu d'une famille politique à l'ère qui a fait moins de 5% à la dernière élection présidentielle.
16:38Donc il n'a absolument rien à perdre et tout à gagner, quelle que soit la durée de son bail.
16:44En revanche, un certain nombre d'opposants peuvent s'interroger sur, d'abord, la nécessité de voter ou pas une motion de censure.
16:50Et ensuite, le moment où le faire.
16:52Si on met à part Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis, dont la stratégie est claire,
16:55Jean-Luc Mélenchon l'a dit le week-end dernier, il veut une présidentielle anticipée.
16:58Donc il veut le chaos, il veut bloquer la situation politique
17:01pour inciter Emmanuel Macron à démissionner de l'Elysée
17:05pour pouvoir imposer sa candidature, Jean-Luc Mélenchon, à toute la gauche en cas de présidentielle anticipée.
17:10Il l'a expliqué chez nos confrères de France 3 dimanche dernier.
17:12On s'en doutait, mais c'est clair.
17:14Les autres opposants, en revanche, ne sont pas forcément dans cette disposition d'esprit.
17:19Marine Le Pen, jusqu'à présent, a joué plutôt affecté une forme d'esprit de responsabilité
17:24faisant mine de laisser sa chance à Michel Barnier.
17:27A-t-elle vraiment intérêt à bloquer la situation politique à la fin de l'année,
17:31à créer une crise politique à un moment où la France, de fait, n'aurait même pas de budget voté ?
17:36Donc peut-être financière, d'ailleurs.
17:38Est-ce que ça contredit par un peu plus cette fameuse stratégie dite de notabilisation
17:42qu'elle menait jusqu'à ce qu'elle change de ton ?
17:45On l'a vu à l'endroit des juges, des magistrats,
17:47dès lors que les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants fictifs ont été défavorables.
17:52Quant aux socialistes, la question va quand même se poser.
17:55Peut-être que François Hollande a changé d'avis.
17:56Il y a 15 jours, François Hollande était hostile à la censure.
17:58Il expliquait que ce n'était pas du tout l'intérêt des socialistes de censurer dans ces circonstances-là.
18:03Il est possible qu'il ait changé d'avis, ça lui est déjà arrivé.
18:06Mais il n'empêche que, pour les socialistes, ils vont être à la croisée des chemins.
18:10Voter la censure par opposition à un gouvernement, c'est très bien, ça paraît légitime.
18:14Sauf que la censure, c'est aussi normalement la possibilité d'incarner une alternative à ce pouvoir.
18:18Et le problème de cette majorité de circonstances qui peut se construire entre la gauche et l'extrême droite,
18:23c'est qu'elle peut faire chuter le gouvernement Barnier, mais elle ne peut pas le remplacer.
18:26Et cette question, peut-être que les socialistes vont se la poser à un moment ou à un autre,
18:29c'est que cette situation de blocage politique, elle servirait évidemment Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis.
18:34Serviraient-elles les socialistes ? C'est moins évident.
18:37Je vous pose la question, Victoria Koussa, est-ce que ça fosse fort chez les socialistes
18:40ou est-ce que la position est arrêtée ?
18:42Ce qui est compliqué à gauche, c'est qu'ils n'ont pas de plan pour la suite.
18:45Ils ont trouvé un nom pour Matignon l'été dernier, Lucie Casté, et aujourd'hui, Lucie Casté n'est plus d'actualité.
18:52En plus, même Lucie Casté, ils ne sont plus alignés.
18:57Les Insoumis et les écologistes prétendent toujours officiellement soutenir cette candidate figure de la société civile,
19:03sauf que les socialistes sont vraiment en train de dire qu'il faut vraiment solder cette option et trouver quelqu'un d'autre.
19:08Maintenant, même Bernard Cazeneuve ne fait pas consensus au sein même des socialistes,
19:12puisqu'ils savent très bien que mathématiquement, ils pourraient être censurés.
19:15Effectivement, comme dit Renaud, le souci ne sera que proposé ensuite.
19:20C'est d'ailleurs ce sur quoi appuie LFI qui dit qu'il n'y a pas de solution.
19:25La seule solution, c'est la destitution d'Emmanuel Macron, qui n'arriverait pas.
19:29Ou sa démission.
19:31C'est aussi ce sur quoi Jean-Luc Mélenchon appuie, puisque lui cherche à précipiter une présidentielle.
19:38Oui, alors c'est exactement la situation.
19:41Est-ce qu'on empoisonne le réveillon des Français avec une situation d'incurie, sans gouvernement, sans budget ?
19:48Pardon, j'allais vous dire, vous le dites en souriant, mais il y a effectivement l'effet d'Inde de Noël qui est quand même très absurde.
19:54Il y a des discussions politiques.
19:56On se pose toujours la question, y aura-t-il de la neige à Noël ? Y aura-t-il un gouvernement ?
19:59C'est un problème de calendrier, parce qu'on sait que la nouvelle dissolution ne peut intervenir qu'à partir du mois de juillet prochain.
20:10Donc les partis n'ont pas de solution.
20:13Et les solutions qui sont avancées sont des fausses solutions.
20:16Bernard Cazeneuve est une fausse solution, puisque Mélenchon ne le soutiendra jamais.
20:20Mélenchon n'est pas une solution pour une éventuelle présidentielle anticipée,
20:25parce que les autres membres de la gauche ne veulent pas de lui comme candidat.
20:29En fait, il y a beaucoup de faux semblants, et c'est ça qui pourrait finalement...
20:33La seule unité, c'est peut-être faire tomber Michel Barnier.
20:36Ou alors ne pas le faire tomber, parce que finalement, on n'est pas encore prêt.
20:40On a du mal à croire que toute une partie de la gauche assez large ne veuille plus faire tomber Michel Barnier.
20:47En tout cas, l'objectif, c'est de passer à autre chose.
20:50Mais sachons que Michel Barnier peut être renommé à Matignon.
20:53Ce qui est simple, peu probable, mais c'est aussi une possibilité.
20:56Il y a plein de choses qui sont sur la table.
20:58Qui d'autre que Michel Barnier ?
21:00C'est son principal atout, c'est qu'il n'y a pas de solution de rechange pour l'instant.
21:03Y compris d'abord dans son camp, puisqu'il y a une foultitude de présidentiables,
21:06on le sait, de Gabriel Attal, Édouard Philippe, en passant par Laurent Wauquiez et bien d'autres,
21:09qui passent leur temps à tirer dans les pas du Premier ministre
21:11et à avoir leurs propres revendications les uns ou les autres.
21:13On a vu cette interview d'Antoine Armand, le ministre de l'Économie,
21:16au nom de l'ensemble des macronistes d'ailleurs,
21:19chargeant le budget dont il est de fait lui-même co-responsable en tant que ministre de l'Économie.
21:22Une situation assez hurlissante, sauf que tous ont intérêt à ce que Michel Barnier reste en place un certain temps.
21:27Parce qu'un Premier ministre politiquement faible, esselé et impopulaire,
21:32ça les arrange pendant un certain temps, le temps de préparer l'élection présidentielle.
21:36À part Jean-Luc Mélenchon, qui veut absolument une présidentielle anticipée pour imposer sa première candidature,
21:41il n'est pas évident que les autres forces politiques aient intérêt à une vraie situation de blocage politique à la fin de l'année.
21:46Merci Renaud Delis d'avoir été avec nous comme chaque matin dans les infos.
21:51Merci à vous Adrien !
21:53Merci Victoria Koussa, service politique de France Info,
21:57et bien sûr le brief politique tous les matins à 7h24.
22:00Et merci Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Obs.
22:04Quelle est votre une cette semaine ?
22:06C'est la une de notre 60e anniversaire, le pouvoir de la joie.
22:09Ça paraît paradoxal, mais si on réfléchit bien, c'est le seul remède.
22:12Et joyeux anniversaire au Nouvel Obs.
22:15Merci à vous d'avoir suivi les informés qui reviennent évidemment ce soir sur France Info.