Jean-François Achilli : "Soit l’Europe fait l’Histoire, soit elle part à la poubelle"

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##L_EDITO_POLITIQUE-2025-02-17##

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00:00— Jean-François Aquilli, Jean-François, bonjour d'abord. — Bonjour, Jean-Jacques.

00:03— Vous venez d'entendre Bruno Hallomar. Bon, on avait des problèmes de liaison. Ça m'énerve, d'ailleurs, ces problèmes de liaison.

00:08C'est insupportable, parce qu'on peut pas faire la radio comme on en vit. — Oui, mais ça n'est pas si grave.

00:13— Qu'elle soit, mais on a compris le fond. Et le débat qui est ouvert, c'est un débat essentiel. Vous ne vous rendez pas compte.

00:19On est toujours en train de s'intéresser à notre quotidien à juste raison. Mais là, le monde est en mouvement en ce moment.

00:27Intéressez-vous à la politique étrangère. C'est indispensable. C'est peut-être notre avenir, l'avenir de nos enfants qui est en jeu.

00:34Il faut se rendre compte de ça. C'est pas un hasard, cette réunion aujourd'hui à Paris, informelle. Vous vous rendez compte ?

00:40Même les Britanniques, qui sont en dehors de l'UE, viennent. Et vous vous rendez compte que vous avez Mélanie qui est là.

00:47Ils sont pas du même bord politique. Vous avez Pedro Sanchez, qui est un socialiste, et Mélanie, qui disent la même chose.

00:55Est-ce que vous vous rendez compte de la situation et du danger qui existe ? Alors dites-moi, le discours vendredi à Munich de James David Vance

01:04a laissé des traces. — Oui. Oui, le vice-président américain qui est venu nous donner la leçon. Alors il y a une citation que plus j'apprécie.

01:12— Oh, la leçon des Américains. Pardonnez-moi, mais je m'en passe. — Non mais justement, venons-en à la leçon entre guillemets.

01:18Que nous dit Nathalie Loiseau, qui est quand même une spécialiste, qui est députée européenne horizon, qui était présente à Munich

01:25lors du discours de M. Vance ? Elle dit que c'était une gifle à la face des Européens et en pleine figure. C'est le ressenti après ce discours.

01:35— C'est sûr. — C'est à tel point que Emmanuel Macron a senti l'urgence d'organiser très vite cette réunion aujourd'hui, parce qu'il faut donner

01:44au moins l'affichage d'une réponse à ce qu'a été dit par les Américains. Qu'est-ce qu'il nous a dit, Vance, en substance ?

01:51Jean-Jacques, il nous a dit, grosso modo, « Faites du Trump ». C'est ça qu'il nous dit, M. Vance. Sur la liberté d'expression,

01:57il dit que les Européens doivent cesser de vouloir réguler les plateformes au premier rang desquelles, évidemment, X, qui est propriété d'Elon Musk...

02:04— Ah, voilà. Le fond du problème, c'est ça, quoi. — Oui. Bras droit de Donald Trump. Arrêtez de réguler. Cela signifie laisser libre cours

02:09à toutes les manipulations, les fausses informations, toutes les tentatives de déstabilisation, notamment celles en provenance de la Russie

02:16de M. Poutine. Alors Vance a dénoncé le consensus à ses yeux autour d'un cordon sanitaire, dit-il, contre l'extrême-droite européenne.

02:29Vous voyez même que M. Vance est allé rencontrer Alice Weidel, la dirigeante de l'AfD, Alternative für Deutschland,

02:38partie d'extrême-droite allemande, ce qui est perçu comme une ingérence, si t'as eu du serré-la-main, dans la campagne électorale allemande,

02:44puisque M. Olaf Scholz joue son avenir, sa survie politique, le week-end prochain. Donc un discours très mal perçu, Jean-Jacques.

02:50— Vance qui a soutenu... Pardon, je fais une petite remarque. Qui a soutenu publiquement l'AfD. Vance qui défend les héritiers du nazisme

02:57contre lequel sont venus mourir des milliers de jeunes Américains. Pardon, pardon, mais ça bouge, le monde. Ça change.

03:04— Quel aurait été le message de Trump aux Européens à travers son vice-président ?

03:08— En substance, que la présence de l'Amérique n'est pas éternelle. C'est-à-dire que l'OTAN, le parapluie américain, c'est peut-être terminé.

03:15Vous évoquiez Emmanuel Macron. Il avait raison. Il était visionnaire quand il parlait d'un OTAN en mort cérébrale.

03:24Notre président en exercice aussi. Et lui-même qui, depuis 2017, défend l'idée d'une Europe de la défense qui n'existe pas, Jean-Jacques,

03:34puisque – je vous rappelle – c'est une Europe fédérale qu'il nous faudrait si nous voulions avoir une défense unique. Ça n'existe pas.

03:40Nous n'avons même pas les moyens, pays par pays, de nous offrir, mis à part l'effort polonais qui est passé à 4,8%, bientôt 5% sur le réarmement,

03:48les autres démocraties européennes qui sont confrontées à des difficultés économiques n'y arrivent pas.

03:53Il y a une piste qui est évoquée, qui est mise sur la table. C'est celle d'Urzula von der Leyen, de renoncer au 3%, de peut-être passer

04:01à 4, 5, 6% de déficit pour pouvoir se réarmer face à la Russie de Poutine. Donc le message de M. Trump, c'est de dire « Moi, je négocie avec Poutine en prise directe.

04:11Vous, les Européens, si vous vous réarmez, vous faites le job, vous pouvez éventuellement vous asseoir à la table des négociations ».

04:18Voilà le message. Et voici ce qu'aujourd'hui pourraient dire les Européens. C'est « Message reçu. Nous verrons bien. »

04:25— Il va rien se décider de très concret aujourd'hui. Mais il faut envoyer un signal très fort. Sinon, c'est la montre d'Europe.

04:31— Pour l'Europe, c'est un moment fort. — Oui, c'est le moment historique. Soit l'Europe fait l'histoire, Jean-Jacques, soit elle part à la poubelle.

04:38— Eh bien j'en parlerai avec Laurent Jacobelli tout à l'heure à 8 h 40. Et député de Moselle, 8 h 30, député de Moselle, porte-parole du RN

04:48et vice-président du groupe RN à l'Assemblée. Le RN est très prudent sur ces questions. Que pense-t-il de tout cela ? On ne sait pas.

04:56On ne sait pas. Marine Le Pen ne s'exprime pas. Jordan Bardella, lui, va voir les conservateurs aux États-Unis.

05:04Va-t-il faire allégeance là-bas à Trump et à l'administration de Trump ? Je parlerai de tout cela à Laurent Jacobelli tout à l'heure.

05:12Il est 7 h 53. Vous êtes sur Sud Radio.