Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00:0019h, c'est une édition spéciale ce soir puisqu'on aura un témoignage hors normes.
00:00:05Charles, 42 ans, atteint de la maladie de Charcot, qui a fait le déplacement pour partager avec nous son témoignage.
00:00:13D'abord, les infos avec Maureen Vidal. Bonsoir ma belle Maureen.
00:00:17Bonsoir Christine, bonsoir à tous.
00:00:19À la ligne de l'actualité, Mohamed Hamra est arrivé en France.
00:00:22Il sera présenté bientôt à des magistrats parisiens au vu de sa mise en examen et de son placement en détention provisoire.
00:00:28L'ennemi public numéro 1 a été rapatrié depuis la Roumanie où il a été arrêté samedi après 9 mois de cavale.
00:00:34Au deuxième jour du procès de Joël, le square-nec, sa personnalité est étudiée, sa famille est entendue.
00:00:39L'enquêteur décrit un personnage dans le contrôle en permanence.
00:00:43L'un de ses fils a pris la parole. À la barre, il a décrit un père présent au comportement normal.
00:00:47Son ex-femme doit également s'exprimer. L'ex-chirurgien de 74 ans est jugé pour viol et agression sexuelle sur 299 patients.
00:00:55Il faut que chacun accepte de concéder du terrain. Ce sont les mots de Fabien Roussel concernant la guerre en Ukraine.
00:01:00Le patron des communistes appelle à la paix mais aussi à entendre ce que demande la Russie, soit la non-intégration de l'Ukraine dans l'OTAN.
00:01:06Interrogé au Salon de l'agriculture, Fabien Roussel a décrété que la première menace pour les agriculteurs est l'Ukraine
00:01:11et demande au président de la République d'envisager qu'elle ne rentre pas dans l'OTAN.
00:01:15Et au sommaire ce soir, merci beaucoup Mabelle Morin.
00:01:18Au sommaire ce soir, c'est un épisode d'importance que nous sommes en train de vivre avec ce déplacement d'Emmanuel Macron à Washington.
00:01:25Afin de peser dans l'avenir de l'Europe.
00:01:28Sauf que, malgré les embrassades hier entre Donald Trump et le président français,
00:01:33n'est-ce pas un fossé, peut-être insurmontable, qui se creuse en ce moment entre les Etats-Unis et l'Europe occidentale ?
00:01:40Qu'est-ce qui est au cœur de cette fracture ?
00:01:43La paix en Ukraine signera-t-elle la fin de l'unité en Occident ?
00:01:47L'édito de Mathieu Bocoté.
00:01:50Vous vous souvenez de l'attaque meurtrière dans la basilique de Nice en octobre 2020 ?
00:01:55Trois personnes ont été tuées, dont deux quasi décapitées.
00:01:59Le procès du meurtrier présumé est en cours et pour la première fois,
00:02:03Brahim Aouissaoui, le Tunisien de 25 ans, en situation illégale, a reconnu l'effet hier.
00:02:09Et a expliqué à la cour qu'il a voulu venger des musulmans tués par des occidentaux.
00:02:14Mais de quoi parle-t-il ?
00:02:16En quoi est-ce une reprise de toute une rhétorique victimaire de certains intellectuels et politiques en France ?
00:02:22L'analyse de Gabrielle Cluzel.
00:02:25Féministes, écologistes, procès sans justice.
00:02:29Mélangez tout cela et vous avez l'affaire Julien Bayou.
00:02:33L'ancien patron des écologistes accusés de violences conjugales avait été écarté de ses fonctions
00:02:37et avant même tout procès, suite à une mystérieuse cellule d'enquête interne.
00:02:42Un procès a finalement eu lieu. L'affaire a été officiellement classée sans suite.
00:02:46L'ancien patron des écologistes, remplacé alors par Marine Tondelier,
00:02:50regrette que son ex-famille politique ne reconnaisse pas son innocence
00:02:54alors que les investigations n'ont pas permis d'établir sa culpabilité.
00:02:58Le regard de Marc Meunier.
00:03:01Nous vous avions parlé de la sortie d'affaires Pélico.
00:03:04Nous vous avions parlé de Philippines.
00:03:06Louise Lola, ce soir nous allons vous parler d'une sortie d'affaires
00:03:09d'un réseau de pédocriminalité qui vient d'être découvert en Loire-Atlantique
00:03:13par les enquêteurs de l'Office des mineurs, un organisme créé en 2023
00:03:17pour répondre à la hausse des atteintes faites aux mineurs.
00:03:20Et l'histoire a de quoi glacer le sang.
00:03:22Un homme, depuis radié par LFI, serait à la tête de ce réseau sordine,
00:03:28militant associatif le jour, pédocriminel la nuit, comme le disait le Parisien,
00:03:32l'effarant double visage de Pierre-Alain Cotineau,
00:03:36l'homme assistant familial engagé en politique,
00:03:41est dans le monde associatif et suspecté d'avoir mis des enfants en très bas âge
00:03:46dont il avait la responsabilité à la disposition de pédocriminels.
00:03:50Le décryptage de Charlotte Dornelas.
00:03:53Et puis, tenez-vous bien Manel Vasse, en Nouvelle-Calédonie,
00:03:56pleine pour l'indépendance des peuples premiers,
00:04:00c'est-à-dire les Kanaks.
00:04:02Le ministre a sans doute raison, mais est-ce vrai également pour la France ?
00:04:06Y a-t-il un peuple premier en France ?
00:04:08L'édito de Mathieu Bocoté.
00:04:10Une heure pour tout se dire et sans tabou, avec nos mousquetaires.
00:04:13C'est parti pour l'édition spéciale ce soir.
00:04:15...
00:04:28On va commencer par un témoignage très particulier.
00:04:31Alors, Charlotte, vous êtes priée de ne pas pleurer.
00:04:34Vous avez déjà les yeux rouges, moi j'ai des palpitations.
00:04:37Et Charles, on est de tout cœur avec vous,
00:04:39et on est très, très, très honoré que vous soyez là.
00:04:43On a voulu avoir votre témoignage,
00:04:45puisque cette année, ce sont les 20 ans de la loi Léonetti, Charles Becta.
00:04:49Une loi que beaucoup ignorent,
00:04:51mais c'est la première loi spécifique à la fin de vie
00:04:54et qui introduit l'interdiction de l'obstination des raisonnables,
00:04:58et qui permet donc déjà d'abréger ces souffrances
00:05:01et de mourir, comme on dit, entre guillemets, dans la dignité.
00:05:05Le 4 mars, ce mardi prochain,
00:05:07à la maison de la Chimie à Paris seront célébrés
00:05:11les 20 ans de cette loi en présence,
00:05:13notamment du ministre délégué à la Santé, Yannick Neuder.
00:05:17C'est dans ce cadre-là qu'on a voulu entendre le témoignage de Charles,
00:05:20atteint de la maladie de Charcot depuis de nombreuses années.
00:05:23Il sait qu'il est condamné, il se bat pour vivre,
00:05:27il ne veut pas capituler face à la mort,
00:05:29il ne veut pas non plus de la loi pour l'aider à mourir.
00:05:33Charles, que vous voyez ici sur ce plateau,
00:05:35veut se battre jusqu'à son dernier souffle.
00:05:37Il lui a fallu des efforts monstres
00:05:39pour arriver jusqu'ici sur notre plateau.
00:05:42Depuis Nancy, le train, le taxi, les déplacements,
00:05:47le courage physique et psychologique,
00:05:50le combat avec lui-même pour oser affronter la caméra.
00:05:54Charles, je le sais, mais vous êtes avec nous ce soir
00:05:57et merci infiniment pour votre présence.
00:06:00Je disais que vous êtes atteint de la maladie de Charcot,
00:06:02on l'appelle la sclérose latérale amyotrophique.
00:06:05Vous êtes malade depuis 2007, c'est-à-dire depuis 18 ans.
00:06:08Une maladie qui affecte 8000 patients par an
00:06:11et elle conduit inéluctablement à la mort en moyenne
00:06:13dans les 3 à 5 années qui suivent le diagnostic.
00:06:16Première question, Charles,
00:06:18est-ce que vous êtes bien avec nous ce soir déjà
00:06:20et est-ce que vous aimez nos mousquetaires ?
00:06:26Merci Christine, merci à tous de me recevoir sur votre plateau.
00:06:30J'apprécie écouter régulièrement les analyses de Mathieu Bocoté,
00:06:34vu de l'autre rive de l'Atlantique.
00:06:37Ma soirée Navy au Québec, à Chambly,
00:06:40à une demi-heure de Montréal.
00:06:44Alors, je précise que depuis que vous êtes malade,
00:06:47vous ne pouvez plus marcher, vous ne pouvez plus parler,
00:06:50mais vous avez ce système qui vous permet de communiquer
00:06:53avec l'œil et avec une reconnaissance vocale.
00:06:56Charles, partagez avec nous comment tout a commencé.
00:07:03Comment tout a commencé ?
00:07:06C'est en février 2007 que j'ai vu les premiers signes.
00:07:10J'étais très sportif, c'est en jouant au tennis
00:07:13que je suis tombé sans savoir pourquoi.
00:07:16Un autre jour, en voulant jamber un obstacle sur le trottoir,
00:07:20je suis tombé sur le menton sans m'expliquer pourquoi.
00:07:23En dehors du sport, je ne rencontrais pas de difficultés.
00:07:27Puis, au début de l'été, j'ai remarqué que mes doigts
00:07:30bougeaient avec moins de dynamisme.
00:07:33Je n'arrivais plus à tenir ma raquette de tennis en main
00:07:36ni à réaliser des accords à la guitare.
00:07:39Ma motricité fine était touchée.
00:07:41Face au miroir, j'ai noté quelques mouvements étranges,
00:07:44comme si j'avais des vers sous la peau.
00:07:47C'était des fasciculations, des mouvements musculaires liés à la maladie.
00:07:51J'ai alors consulté mon médecin généraliste,
00:07:54qui m'a prescrit une IRM du cerveau et une de la moelle épinière.
00:07:58Les deux étaient bonnes.
00:08:00J'ai eu le droit également à une ponction lombaire, qui était normale.
00:08:04Mais ce sont deux EMG, électromyogrammes,
00:08:07examens qui étudient le signal entre les nerfs et les muscles,
00:08:11qui ont été décisifs.
00:08:13C'est en s'appuyant sur cet examen
00:08:15que les neurologues établissent le diagnostic.
00:08:17Et c'est la maladie de Charcot.
00:08:20Comment avez-vous vécu l'annonce de la maladie ?
00:08:24Vous l'êtes encore, vous étiez jeune.
00:08:312. L'annonce de la maladie ?
00:08:34Après l'ultime examen,
00:08:36j'imagine que les médecins ont tiré à la courte paille
00:08:39pour savoir qui aurait le privilège de m'annoncer cette funeste nouvelle.
00:08:43C'était lors d'une hospitalisation de jour,
00:08:46dans ma chambre d'hôpital, sur un coin de table.
00:08:49Je n'ai retenu qu'une chose,
00:08:51les mots maladie dégénérative.
00:08:53J'avais du mal à y croire,
00:08:55j'ai voulu une confirmation par un neurologue en libéral.
00:08:58Il m'a confirmé le diagnostic.
00:09:01Il était au bord des larmes.
00:09:03J'avais 25 ans.
00:09:05En plus de l'injustice subie,
00:09:07je me suis senti vexé,
00:09:09vexé que cette maladie me tombe dessus à l'aube de ma vie.
00:09:12Car sur le plan santé,
00:09:14je menais une vie réprochable.
00:09:16J'étais sonné, mais pas abattu,
00:09:18j'avais le niaque et je l'ai toujours.
00:09:22Comment avez-vous vécu le champ de la maladie ?
00:09:27Comment avez-vous vécu ce changement de vie ?
00:09:37Comment j'ai vécu mon changement de vie ?
00:09:40Un jour de septembre 2007,
00:09:42j'ai eu mon diagnostic et c'est là.
00:09:44Puis le lendemain,
00:09:46je recevais les résultats favorables de ma candidature
00:09:49au bataillon des marins pompiers de Marseille,
00:09:52en qualité d'informaticien.
00:09:54J'aurais dû diriger une équipe.
00:09:56De lettre en main,
00:09:58l'une m'offrait une carrière dans la marine,
00:10:00l'autre m'annonçait une mort probable
00:10:02dans les trois ans à venir.
00:10:04En une fraction de seconde,
00:10:06ma vie prenait un tout autre chemin.
00:10:08Ce fut la douche froide, bien entendu.
00:10:10J'ai continué à travailler
00:10:12dans le développement de sites internet,
00:10:14en collaboration avec un ami.
00:10:16J'ai eu peur de déprimer,
00:10:18seul à la maison.
00:10:20Mais finalement, j'ai bien encaissé.
00:10:22Très progressivement,
00:10:24je me suis vu diminuer physiquement,
00:10:26ma famille l'a également constaté.
00:10:28Neuf mois après le diagnostic,
00:10:30j'ai commencé à parler du nez,
00:10:32avec les troubles de la déglutition.
00:10:34J'ai perdu la parole définitivement en 2019.
00:10:36Je tiens à rendre hommage
00:10:38à mes parents
00:10:40qui m'ont toujours soutenu activement.
00:10:42Mes parents ont pris la décision
00:10:44d'aménager la maison,
00:10:46côté jardin,
00:10:48en créant une pièce de vie pour moi
00:10:50et une salle de bain,
00:10:52le tout relié par un ascenseur
00:10:54à la partie commune de la maison.
00:10:56Ils ont fait appel à un architecte,
00:10:58car c'était des travaux de grande ampleur.
00:11:00Les aides humaines se sont mises en place
00:11:02progressivement grâce à la maison départementale
00:11:04des personnes handicapées de Mortemoselle,
00:11:06qui permet ce financement énorme.
00:11:08Certaines personnes
00:11:10sont devenues de bons amis.
00:11:12Je sais pouvoir compter
00:11:14sur le soutien de mon ami,
00:11:16Younes Elenawi,
00:11:18de tennis, 13e mondial,
00:11:20qui agit comme un frère.
00:11:24Comment est-ce que vous vivez aujourd'hui,
00:11:26au quotidien, Charles,
00:11:2818 ans après le diagnostic,
00:11:30entouré de votre famille ?
00:11:324.
00:11:34Comment je vis aujourd'hui au quotidien ?
00:11:36Ma journée débute à 8 heures
00:11:38avec l'arrivée de mes auxiliaires
00:11:40et le départ de l'aidant de nuit.
00:11:42Durant la matinée,
00:11:44ces séances d'étirement,
00:11:46j'ouvre mon laboratoire
00:11:48pour vider mes bronches des sécrétions
00:11:50accumulées durant la nuit.
00:11:52Ensuite, c'est la douche.
00:11:54Durant l'après-midi,
00:11:56je suis accompagné par un aidant.
00:11:58Ce sont pour la majorité
00:12:00des étudiants en médecine.
00:12:02En effet, je suis rarement seul.
00:12:04Je suis à mon bureau,
00:12:06face à une belle vitre donnant
00:12:08sur le jardin.
00:12:10Je observe les chats du voisinage,
00:12:12les oiseaux,
00:12:14je suis sur mon ordinateur
00:12:16ou mes tablettes,
00:12:18je fais des parties d'échecs en ligne
00:12:20ou je regarde des vidéos ou des films.
00:12:22J'ai parfois des séances de kiné
00:12:24qui me font beaucoup de bien.
00:12:26En début de soirée,
00:12:28je retrouve souvent Margot,
00:12:30ma chérie et complice au quotidien.
00:12:32Nous passons du temps ensemble
00:12:34jusqu'à l'arrivée de l'aidant de nuit
00:12:36à 22 heures.
00:12:38Margot passe également des nuits
00:12:40à mes côtés, mais pas tous les jours.
00:12:42J'ai un temps de repos.
00:12:44Il m'arrive de faire des sorties,
00:12:46cinéma, concerts
00:12:48ou des activités diverses
00:12:50avec mes neveux et nièces
00:12:52quand ils viennent en vacances à Nancy.
00:12:54Je suis très bien entouré.
00:12:56Je suis nourri via une gastrostomie,
00:12:58un tube est relié directement
00:13:00à mon estomac.
00:13:02Cela ne m'empêche pas de goûter
00:13:04aux délicieuses sauces que cuisine ma mère.
00:13:06En résumé, je mène une vie paisible,
00:13:08au calme,
00:13:10en sécurité et d'amour.
00:13:12Quel formidable témoignage de courage, mon cher Charles.
00:13:14Vous n'avez pas le même regard
00:13:16que beaucoup, par exemple,
00:13:18comme Charles Biettri,
00:13:20sur la fin de vie.
00:13:22C'est important d'avoir aussi celui de Charles Biettri
00:13:24qu'on a beaucoup entendu sur ses news,
00:13:26mais aussi le vôtre.
00:13:28Pourquoi vous n'avez pas le même regard
00:13:30sur la fin de vie ?
00:13:325. Charles Biettri,
00:13:34tout d'abord, je le salue.
00:13:36Bonjour Charles,
00:13:38vous avez un magnifique prénom
00:13:40et de belles initiales.
00:13:42J'ai regardé son reportage,
00:13:44je respecte son point de vue,
00:13:46mais je vois que la maladie lui permet encore
00:13:48de se déplacer, de bouger ses mains,
00:13:50et je lui souhaite encore de belles années
00:13:52à vivre parmi les siens.
00:13:54Pourquoi anticiper sa mort par le suicide assisté
00:13:56alors qu'il existe la loi Leonetti ?
00:13:58Loi qui permet d'être endormi
00:14:00et de partir en quelque sorte
00:14:02dans son sommeil,
00:14:04sans souffrance.
00:14:06Mais, si dans quelque temps,
00:14:08il ne changera pas d'avis ?
00:14:10Dans notre famille, deux personnes ont été
00:14:12sédatées sans notre accord,
00:14:14nous n'avons pas eu le temps de nous dire au revoir.
00:14:16En 1994,
00:14:18on s'avait déjà libéré
00:14:20des lits d'hôpitaux.
00:14:22Avec le vieillissement des baby-boomers,
00:14:24le projet de fin de vie permettrait
00:14:26de réaliser des économies face
00:14:28à un système de santé défaillant.
00:14:30Soyons vigilants.
00:14:32Charles,
00:14:34ce déplacement, je le disais,
00:14:36n'a pas du tout été facile
00:14:38pour vous, et pour venir jusqu'à notre plateau,
00:14:40je tenais absolument
00:14:42à vous remercier. En quoi la loi
00:14:44Leonetti suffit-elle, selon vous ?
00:14:56En effet, ce déplacement
00:14:58n'a pas été simple.
00:15:00Je suis venu de Nancy,
00:15:02en train. Il faut imaginer
00:15:04que je dois déménager toute ma chambre,
00:15:06car je dors à l'hôtel ce soir.
00:15:08J'ai dû transporter mes différents
00:15:10appareils médicaux,
00:15:12j'en ai trois différents dont je me sers au quotidien.
00:15:14Transporter également
00:15:16mon sac d'alimentation,
00:15:18mes divers coussins pour bien me positionner
00:15:20la nuit. Et tout ça ne rentre
00:15:22pas dans une petite valise,
00:15:24ni dans une seule valise d'ailleurs.
00:15:26Le déplacement, prendre le train,
00:15:28le taxi, être en fauteuil
00:15:30dans la rue, c'est fatigant.
00:15:32Mais je suis heureux d'être sur votre
00:15:34plateau, heureux de pouvoir m'exprimer
00:15:36sur les sujets d'actualité,
00:15:38et remercier mes proches, ma famille
00:15:40et amis.
00:15:44J'ai encore trois, quatre questions,
00:15:46et pour ne pas vous prendre trop d'énergie
00:15:48non plus, mais en quoi, je disais, la loi Leonetti
00:15:50est-elle suffisante pour vous ? Ensuite, je vous demanderai
00:15:52les messages que vous avez envie de faire passer.
00:15:587. Outre l'accès aux soins palliatifs,
00:16:00la loi Leonetti permet aux malades
00:16:02de rédiger leurs directives anticipées
00:16:04et la désignation d'une personne
00:16:06de confiance.
00:16:08C'est une décision réfléchie
00:16:10sur laquelle il est toujours possible
00:16:12de revenir.
00:16:14Cette loi,
00:16:16si elle est bien expliquée
00:16:18et bien appliquée,
00:16:20est-elle suffisante
00:16:22pour vous ?
00:16:247.
00:16:26Cette loi, si elle est bien expliquée
00:16:28et bien appliquée, permet de partir
00:16:30dans des conditions moins brutales
00:16:32que le suicide assisté.
00:16:34Quant au Premier Ministre,
00:16:36j'aimerais lui demander de sursoir
00:16:38à ce projet.
00:16:40Il est impensable que les malades
00:16:42n'aient pas été concertés.
00:16:44Ce projet de loi m'inquiète énormément.
00:16:46Parler de la mort des autres est une chose aisée
00:16:48lorsque l'on est bien portant.
00:16:50Monsieur le Premier Ministre,
00:16:52parmi les malades qui souhaitent en finir,
00:16:54nous devons leur donner
00:16:56les moyens de vivre décemment
00:16:58avant de les engager
00:17:00sur une voie de non-retour.
00:17:02Deux dernières questions,
00:17:04mon cher Charles.
00:17:06Quel message
00:17:08voulez-vous faire passer aux malades ?
00:17:10On a parlé un peu de Charles Biettry,
00:17:12on a beaucoup d'autres patients
00:17:14qui sont atteints de la maladie de Charcot,
00:17:16qui sont en fin de vie, qui sont atteints d'un cancer,
00:17:18qui sont porteurs de handicap.
00:17:20Quel message voulez-vous leur faire passer ?
00:17:248. Un message aux malades.
00:17:26L'euthanasie ou le suicide assisté
00:17:28est une porte ouverte aux dérives.
00:17:30Les malades et les personnes handicapées
00:17:32seront peut-être incitées à y recourir
00:17:34par la pression de leur famille
00:17:36ou en dépit d'autres solutions,
00:17:38de moyens.
00:17:40Les personnes concernées par ce protocole
00:17:42auront-elles un choix libre et éclairé ?
00:17:44Je suis très étonné
00:17:46et surtout très inquiet
00:17:48de voir que ce projet de loi
00:17:50ait été adopté.
00:17:52De voir que ce projet de loi
00:17:54est porté par des personnes bien portantes
00:17:56et que les malades premiers concernés
00:17:58n'ont pas été conviés
00:18:00à intégrer la Convention citoyenne
00:18:02sur la fin de vie.
00:18:04Je voudrais dire aux malades que la vie
00:18:06est belle même lorsque l'on est atteint
00:18:08par une lourde maladie.
00:18:10Il est primordial d'être bien entouré,
00:18:12de mettre à disposition des équipes d'aidants
00:18:14et de personnes bienveillantes.
00:18:16Et je sais que tout le monde n'a pas cette chance.
00:18:18C'est plutôt sur ce point
00:18:20qu'il faudrait travailler,
00:18:22offrir aux malades et aux personnages
00:18:24une vie décente et digne, un accompagnement humain,
00:18:26un accès aux soins,
00:18:28plutôt que de les pousser vers une mort certaine.
00:18:30Une malade de Charcot
00:18:32se sent aidée laissée, sans aide humaine,
00:18:34elle a déclaré,
00:18:36« Avant de nous donner le droit de mourir,
00:18:38laissez-nous le droit de vivre. »
00:18:40Je sais que j'ai beaucoup de chance.
00:18:42Je pense ici à mes parents,
00:18:44à l'équipe d'aidants qui se renouvelle régulièrement,
00:18:46à mon cher ami Lounesley,
00:18:48et bien évidemment,
00:18:50à ma chère Margot qui m'accompagne aujourd'hui.
00:18:54Et dernière question, mon cher Charles,
00:18:56quel message aux Français qui vous regardent
00:18:58ou qui avaient fait, je rappelle,
00:19:00ce déplacement qui a été très difficile pour vous ?
00:19:02Merci encore une fois.
00:19:04Une dernière question,
00:19:06quel message aux Français qui vous regardent ?
00:19:10Neuf, je m'adresse
00:19:12aux Français qui nous écoutent.
00:19:14Je sais que personne ne voudrait
00:19:16vivre ma vie.
00:19:18Les gens qui me regardent
00:19:20imaginent certainement une existence
00:19:22douloureuse, ennuyeuse, monotone,
00:19:24frustrante, dénuée de tout objectif.
00:19:26Peut-être que
00:19:28certains diront que ce n'est même pas
00:19:30une vie. Pourtant,
00:19:32c'est ma vie. Et je suis heureux
00:19:34d'être en vie. Pour rien au monde
00:19:36je ne voudrais partir.
00:19:38Il y a des jours plus durs que d'autres,
00:19:40c'est vrai. Mais je suis fort.
00:19:42Et j'ai plein de projets.
00:19:44Jamais je n'aurais imaginé vivre
00:19:46cette nouvelle vie, rêver d'être
00:19:48un jour un époux, un père,
00:19:50aux côtés d'une femme qui me correspond
00:19:52totalement. Ma santé s'est
00:19:54stabilisée, Margot et moi sommes
00:19:56ensemble depuis plus de trois ans.
00:19:58Nous sommes heureux tous les deux
00:20:00et nous n'avons pas l'intention d'arrêter
00:20:02un si bon chemin. Ce soir,
00:20:04c'est un cri pour la vie que je veux
00:20:06partager. Je vous remercie
00:20:08pour votre écoute.
00:20:10Merci à mon cher Charles. Je rappelle
00:20:12que mardi prochain,
00:20:14le 4 mars, vont être
00:20:16célébrés la loi Léonetti
00:20:18dont vous venez de parler. Ce sera la
00:20:20maison de la chimie à Paris, avec
00:20:22le ministre délégué à la santé Yannick
00:20:24Neuder. Et c'était important d'entendre
00:20:26votre témoignage. Merci infiniment pour
00:20:28votre déplacement.
00:20:30Je vous demanderais peut-être juste un petit mot avant qu'on lance
00:20:32la pub et que Charles puisse s'en aller.
00:20:34Merci aussi à toutes
00:20:36les équipes de CNews qui se sont mobilisées
00:20:38depuis plusieurs jours pour que ce témoignage puisse
00:20:40être possible. On ne voit pas toutes ces
00:20:42petites mains à Charles. Je sais que vous en êtes témoins, vous.
00:20:44Mais les téléspectateurs ne savent pas toutes ces petites mains
00:20:46qui se mettent en place pour pouvoir
00:20:48leur proposer un témoignage
00:20:50tel que le vôtre. Merci
00:20:52infiniment. Charlotte Dornelas,
00:20:54peut-être juste un mot pour conclure. Je sais
00:20:56que cette maladie,
00:20:58vous la connaissez bien.
00:21:00Elle vous touche particulièrement.
00:21:02On vous voit émue. On vous voit en
00:21:04larmes depuis le début. Quel
00:21:06message, vous aussi ? Je sais que vous avez beaucoup travaillé
00:21:08sur cette question de fin de vie.
00:21:10Face à l'info, on se dit
00:21:12tout et sans tabou. J'en ai des frissons.
00:21:14Moi aussi, je me retiens
00:21:16et je retiens mes larmes. Quel message
00:21:18vous avez envie de dire ce soir,
00:21:20avant le départ de Charles ?
00:21:22Ce que je retiens de ce témoignage, c'est
00:21:24le fait de parler d'abord
00:21:26qu'il y a une véritable joie
00:21:28dans la manière dont vous parlez de votre vie.
00:21:30Que c'est une vie qui
00:21:32n'est pas à moitié, c'est pas un huitième
00:21:34de vie, c'est pas une vie un peu moindre.
00:21:36C'est une vie très différente.
00:21:38Douloureuse, évidemment.
00:21:40Ça, c'est certain.
00:21:42Mais c'est une vie et j'aimerais simplement
00:21:44que votre témoignage soit dans la tête
00:21:46de tout le monde quand on parle de ça, en fait.
00:21:48Tout simplement.
00:21:50Que cette joie et le fait que
00:21:52vous disiez aussi que
00:21:54vous êtes bien entourée et que vous avez
00:21:56beaucoup d'amour autour de vous et que c'est peut-être ça
00:21:58qu'il faut qu'on travaille à mettre en place
00:22:00de manière urgente. Ça, c'est vrai parce que
00:22:02vous l'avez dit, il y a beaucoup de gens qui n'ont pas
00:22:04cet entourage et pas cet amour autour
00:22:06d'eux et que c'est une force
00:22:08irremplaçable, je crois.
00:22:10Ils sont isolés ou abandonnés lorsqu'ils sont
00:22:12malades. Charles, merci
00:22:14encore infiniment. Je vous aime. Je sais que vous êtes
00:22:16fiancé, mais je vous aime quand même. J'ai le droit.
00:22:18Je vous embrasse très fort.
00:22:20Merci encore. Bon retour.
00:22:22Nous, on va marquer une pause.
00:22:24On va permettre à Charles de s'en aller
00:22:26tranquillement et on va attaquer les chroniques
00:22:28de nos mousquetaires. C'est parti.
00:22:30...
00:22:32Retour sur le plateau
00:22:34de Face à l'Info. Le témoignage
00:22:36de Charles a été extrêmement
00:22:38émouvant et vraiment
00:22:40je le remercie encore
00:22:42mille fois. Gabriel Cluzel, j'ai un petit
00:22:44message de SMS que j'ai reçu pour vous.
00:22:46Je vous la laisse pendant que j'en commence.
00:22:48Mathieu, pardon.
00:22:50Pardon, on fait tout en direct.
00:22:52Voilà. Lisez-les
00:22:54tranquillement. C'est pour votre chronique.
00:22:56Mathieu, on commence
00:22:58par vous. Malgré
00:23:00les embrassades hier entre Donald Trump
00:23:02et Emmanuel Macron,
00:23:04on sent bien qu'il y a un fossé.
00:23:06Un fossé peut-être insurmontable qui se creuse
00:23:08en ce moment entre les États-Unis et l'Europe
00:23:10occidentale. Vous n'avez vu pas
00:23:12les images en direct hier sur CNews,
00:23:14mais qu'est-ce qui est au cœur de cette fracture,
00:23:16Mathieu ? La paix en Ukraine ?
00:23:18Est-ce qu'elle signera la fin
00:23:20de l'unité de l'Occident ?
00:23:22C'est une scène parce que moi, c'est le grand contraste
00:23:24qui m'a frappé depuis hier.
00:23:26D'un côté, on célèbre
00:23:28les embrassades, la réconciliation,
00:23:30le bonheur retrouvé,
00:23:32la bromance, comme on dit en anglais,
00:23:34de Donald Trump
00:23:36et d'Emmanuel Macron qui se seraient compris.
00:23:38Et là, on se dit, finalement, ça va bien.
00:23:40Nous sommes réconciliés, nous nous entendons
00:23:42bien. Et moi, ce qui me
00:23:44frappe à travers cela, c'est que
00:23:46derrière les embrassades
00:23:48probablement sincères,
00:23:50la scène des derniers jours,
00:23:52des dernières semaines, c'est quand même globalement
00:23:54l'effacement géopolitique de l'Europe
00:23:56au moment où l'Europe veut exister à tout prix.
00:23:58L'Europe veut exister,
00:24:00on ne sait pas sous quelle forme. Je constate,
00:24:02et c'est nécessaire de le redire,
00:24:04que lorsque les États-Unis veulent parler à l'Europe,
00:24:06ils parlent à la France. Ils ne parlent pas
00:24:08à la France par simple prédilection esthétique
00:24:10particulière, mais parce que la France
00:24:12demeure une puissance militaire
00:24:14et nucléaire. Elle a la puissance.
00:24:16J'ajoute que je lisais aujourd'hui je ne sais quel socialiste
00:24:18qui disait, n'est-ce pas l'occasion
00:24:20de mutualiser l'arme nucléaire à la grandeur
00:24:22de l'Europe? Ces gens-là ne sont jamais
00:24:24une trahison près. Une fois que c'est dit,
00:24:26derrière l'illusion
00:24:28de la réconciliation, ce qu'on doit
00:24:30voir, en fait, c'est l'accélération
00:24:32de l'élargissement de la
00:24:34faille atlantique, la fracture atlantique.
00:24:36C'est un thème qui remonte au début des années 2000
00:24:38quand on se disait, se pourrait-il que l'Occident
00:24:40soit désormais cassé en deux
00:24:42et soit irréconciliable entre l'Amérique
00:24:44d'un côté et l'Europe occidentale de l'autre,
00:24:46que le désaccord ne soit plus un désaccord
00:24:48de politique, mais un désaccord de
00:24:50vision du monde. Avons-nous encore,
00:24:52finalement, sommes-nous de la même civilisation?
00:24:54Ça peut sembler un peu vague, vaporeux,
00:24:56mais c'est très concret sur une série d'enjeux
00:24:58politiques. J'en donne quelques-uns.
00:25:00Le premier élément, c'est tout simplement
00:25:02le rapport à la puissance.
00:25:04Les Américains ont la puissance
00:25:06et les Américains ont décidé
00:25:08d'exposer clairement leur rapport de force.
00:25:10Ils protégeaient l'Europe
00:25:12depuis 1945. Dans leur esprit,
00:25:14ils ont libéré l'Europe depuis 1917.
00:25:16Et qu'est-ce qu'on voit chez eux aujourd'hui?
00:25:18Ils veulent expliciter le rapport
00:25:20de protectorat militaire à l'Europe.
00:25:22C'est très particulier. Donc, on n'est plus
00:25:24sur le mode de la grande alliance des démocraties.
00:25:26On est sur le mode de nous sommes le maître
00:25:28et vous êtes les faibles, et nous allons désormais
00:25:30vous le faire savoir. Et ça,
00:25:32je pense que le rapport à la puissance, on peut
00:25:34pendant longtemps se faire croire qu'on est des grands égaux,
00:25:36mais quand on a finalement des rapports de force
00:25:38complètement disproportionnés,
00:25:40le réel nous frappe et le réel nous a frappés.
00:25:42Donc, les États-Unis sont dans le culte de la puissance
00:25:44et l'Europe, sur un siècle, a été
00:25:46dans un effacement d'elle-même, après
00:25:48une forme d'autodestruction qui culmine
00:25:50dans l'effacement vertueux.
00:25:52Deuxième élément,
00:25:54qui est le rapport à la puissance, mais sur un mode économique.
00:25:56Les Américains renouent
00:25:58aujourd'hui, vous le noterez, avec un capitalisme
00:26:00assez conquérant. Alors, je sais, capitalisme,
00:26:02c'est pas un beau mot aujourd'hui en France, mais quoi qu'il en soit,
00:26:04ça a quand même permis de sortir de la planète de la pauvreté.
00:26:06Donc, il y a un capitalisme conquérant
00:26:08qui se donne dans le visage d'Elon Musk
00:26:10aujourd'hui. Pourquoi je parle d'Elon Musk?
00:26:12Parce qu'au-delà de
00:26:14ses pitreries sur les réseaux sociaux,
00:26:16si on veut le tourner en ridicule,
00:26:18c'est quand même l'homme qui dit la prochaine étape, c'est les étoiles.
00:26:20La prochaine étape, c'est la Lune.
00:26:22La prochaine étape, c'est Mars. La prochaine étape,
00:26:24c'est la conquête des étoiles. Donc, on retrouve
00:26:26ici l'esprit prométhéen.
00:26:28L'esprit d'innovation propre aux
00:26:30Européens. Cet esprit d'innovation qui,
00:26:32il fut un temps, en 1492, a permis
00:26:34à l'Europe, en fait, de se lancer à la conquête
00:26:36du monde, et de s'étendre, et de faire
00:26:38les cinq derniers siècles, en fait.
00:26:40Il y a eu un génie européen d'exception pensé à
00:26:42des hommes qui, de Christophe Collomb, Jacques Cartier,
00:26:44Samuel de Champlain, Magellan, tant d'autres,
00:26:46qui sont partis à la conquête du monde,
00:26:48et ça, aujourd'hui, cet esprit est porté
00:26:50en bonne partie par ce capitalisme américain,
00:26:52cet esprit d'entreprise, cet esprit d'initiative.
00:26:54Et de l'autre côté, ce qui frappe en Europe,
00:26:56le vocabulaire qui s'impose.
00:26:58Le désir de sobriété
00:27:00qui masque la quête de la pénurie,
00:27:02qui masque bien mal le désir
00:27:04de décroissance. Vous connaissez ça, vous, une civilisation
00:27:06qui dit que notre objectif, c'est de décroître?
00:27:08Eh bien, au point même, on le disait hier,
00:27:10que certains nous disent, pour diminuer
00:27:12notre trace, notre impact écologique,
00:27:14en 2050, l'objectif, c'est tous en colocation.
00:27:16Au terme,
00:27:18au nom de la transition planétaire,
00:27:20renonçons à la vie privée, renonçons à l'innovation,
00:27:22renonçons à l'esprit de conquête.
00:27:24Il y a quelque chose de mort, en fait,
00:27:26dans ce désir de décroissance.
00:27:28Troisième élément, j'irai rapidement sur ça,
00:27:30parce qu'on en parle souvent, le rapport à la liberté d'expression.
00:27:32Les Américains, plus que jamais, disent
00:27:34que la liberté d'expression est absolument essentielle.
00:27:36Et en Europe, on le constate, on nous dit,
00:27:38il faut la réguler, la réguler,
00:27:40la réguler jusqu'à l'étouffer.
00:27:42Il y a quelque chose d'assez triste aujourd'hui.
00:27:44Et le dernier élément, me semble important,
00:27:46c'est le rapport à l'identité collective.
00:27:48Et je fais le lien avec mon 1492.
00:27:50Quand Trump a été élu, rappelez-vous,
00:27:52ça m'avait frappé, il dit, nous devons célébrer
00:27:54les pionniers, même pas les pères fondateurs de l'Amérique,
00:27:56les pionniers, ceux qui se sont lancés
00:27:58un jour, ont fondé ce pays, sont partis
00:28:00à la conquête du monde et l'ont fondé, et nous devons
00:28:02en être fiers, dit-il. Aujourd'hui,
00:28:04l'Europe traite son expansion européenne,
00:28:06du 1492 à aujourd'hui, à la manière
00:28:08d'un passé honteux, d'un passé
00:28:10dont on doit s'excuser. Donc, ce dont
00:28:12l'Europe s'excuse, l'Amérique le célèbre.
00:28:14De ce point de vue, nous sommes
00:28:16devant des logiques irréconciliables,
00:28:18définitivement irréconciliables, j'en sais rien,
00:28:20mais nous ne sommes pas que devant des désaccords politiques.
00:28:22— Mais n'a-t-on pas
00:28:24l'impression, ces dernières années,
00:28:26Mathieu Bocoté, d'assister à un mouvement inverse?
00:28:28L'Amérique n'était-elle pas
00:28:30engagée dans une révolution rouge et mondialiste?
00:28:32— Ah oui, vous avez tout à fait raison.
00:28:34On le voyait, et c'est de ce point de vue
00:28:36qu'il y a un mouvement contre-révolutionnaire qui s'est engagé.
00:28:38Alors, je sais que c'est un gros mot pour certains,
00:28:40mais pour moi, ça n'en est pas un.
00:28:42Donc, c'est un mouvement contre-révolutionnaire qui s'est engagé
00:28:44en Amérique, et il est noté
00:28:46comme tel par une partie des élites européennes.
00:28:48Je vais noter, je vais citer un personnage
00:28:50qui est connu dans la vie publique, Gérard Harrault,
00:28:52qui est l'ancien ambassadeur de France à Washington.
00:28:54Et qu'est-ce qu'il dit à propos de la
00:28:56contre-révolution Trump,
00:28:58Vance, et ainsi de suite? Je résume.
00:29:00Parlant de Vance et de Trump,
00:29:02il est porteur d'une contre-révolution réactionnaire,
00:29:04le retour d'une certaine
00:29:06civilisation chrétienne, masculine,
00:29:08hétérosexuelle et blanche.
00:29:10Je note que ces quatre termes, pour lui,
00:29:12sont péjoratifs.
00:29:14Donc, si vous êtes, en gros, chrétien, masculin,
00:29:16hétérosexuel et blanc, franchement, vous accumulez
00:29:18des défauts. Mais prenons
00:29:20les termes par un. Chrétien.
00:29:22Dans un monde qui a basculé dans
00:29:24une espèce de grand vide moral
00:29:26et ensuite une inversion morale, est-ce que la référence
00:29:28au christianisme est nécessairement négative?
00:29:30Ou, de ce point de vue, est-ce qu'il n'y a pas dans le patriotisme
00:29:32occidental la réappropriation
00:29:34légitime de cet héritage?
00:29:36Peut-être que ce n'est pas si mal.
00:29:38Masculin. Effectivement, avec la diabolisation
00:29:40du masculin depuis 50 ou 60 ans,
00:29:42et plus encore, c'est les années récentes,
00:29:44et avec l'espèce de célébration
00:29:46aujourd'hui du trans comme la figure
00:29:48qui dépasse justement les sexes, peut-être
00:29:50effectivement, l'idée de réaffirmer
00:29:52une identité masculine n'est pas que mauvaise
00:29:54dans notre monde. Hétérosexuel.
00:29:56J'y reviens dans la figure du trans aujourd'hui, c'est-à-dire
00:29:58hétérosexuel, les gens font ce qu'ils veulent
00:30:00de leur vie, mais ils ont aussi le droit d'être
00:30:02hétérosexuel s'ils le veulent, du moins j'espère.
00:30:04Et blanc, dans un pays
00:30:06qui est effectivement un monde qui a
00:30:08associé le blanc à tout ce qui est plus négatif
00:30:10depuis quand même quelques décennies,
00:30:12et bien effectivement, simplement la réaffirmation
00:30:14de la légitimité de cette part de l'humanité,
00:30:16ensuite je précise que l'américain ne parle pas dans ces termes-là,
00:30:18il parle d'américain, il parle pas de blanc, il parle de nation,
00:30:20il parle pas de blanc. Peut-être est-ce qu'effectivement ça fait
00:30:22partie d'une espèce d'élan. Et ce que je note,
00:30:24donc cette contre-révolution diabolisée
00:30:26dans les faits aujourd'hui, c'est peut-être
00:30:28l'autre nom de l'esprit européen qui a migré de l'autre
00:30:30côté de l'Atlantique.
00:30:32Très rapidement, l'Europe n'est-elle pas traversée
00:30:34elle-même par cette dynamique contre-révolutionnaire?
00:30:36Ben justement, j'ai l'impression qu'il y a un esprit
00:30:38européen qui existe. Il était en Europe,
00:30:40il est passé en Amérique. Est-ce qu'il peut revenir
00:30:42aujourd'hui en Europe? Ce qu'on appelle les fameux
00:30:44mouvements populistes. Ne sont-ils pas les porteurs
00:30:46de cette espérance aujourd'hui, pour le meilleur
00:30:48et pour le pire? Pour le meilleur, effectivement,
00:30:50c'est cette idée de se déwokiser.
00:30:52Pour le pire, c'est la logique impériale,
00:30:54on en a souvent parlé, mais ce qui est certain,
00:30:56c'est qu'il y a tout un système aujourd'hui. Le système
00:30:58qui a poussé l'Europe vers la mort. Le système
00:31:00qui a poussé l'Europe, en fait, vers l'agonie.
00:31:02Ce système veut se défendre à tout prix
00:31:04et va utiliser ses dernières forces
00:31:06et ses dernières énergies pour empêcher l'Europe
00:31:08de connaître son propre mouvement de sursaut.
00:31:10Je le redoute.
00:31:12Merci pour votre analyse. Dans un instant,
00:31:14vous allez analyser également les propos de Manuel Valls
00:31:16sur le peuple premier.
00:31:18Si le peuple premier existe pour les Kanaks,
00:31:20est-ce qu'il peut exister aussi pour les Français?
00:31:22L'analyse de Mathieu Bocoté à suivre
00:31:24dans un instant. Vous vous souvenez de l'attaque
00:31:26meurtrière dans la Basilique
00:31:28de Nice. C'était en octobre
00:31:302020. Trois personnes ont été tuées,
00:31:32dont deux quasi décapitées.
00:31:34Les victimes sont Nadine
00:31:36de Villers, 60 ans, paroissienne,
00:31:38Simone Barito,
00:31:40mère de famille, et Vincent Lucas,
00:31:42sacristin. Le procès du meurtrier
00:31:44présumé est en cours.
00:31:46Et pour la première fois, Brahim
00:31:48Aouissaoui, le Tunisien de 25 ans
00:31:50en situation illégale, a reconnu
00:31:52hier les faits. Il était
00:31:54resté plutôt mutique jusque-là,
00:31:56et il a expliqué à la cour qu'il a voulu
00:31:58venger des musulmans.
00:32:00Question de Gabrielle Cluzel,
00:32:02comment analyser cette rhétorique ?
00:32:04Est-ce qu'on ne reconnaît pas quelque part
00:32:06une certaine
00:32:08rhétorique victimaire développée par
00:32:10certains intellectuels, certaines personnalités,
00:32:12certains politiques ?
00:32:14Oui, alors il faut quand même
00:32:16suivre ce qu'il a dit parce que c'est
00:32:18évidemment emblématique.
00:32:20Ce terroriste, donc, a dit
00:32:22« L'Occident tue aveuglément
00:32:24les musulmans innocents
00:32:26et se venger est un droit
00:32:28et une vérité. »
00:32:30C'est très emblématique parce que ce n'est pas la première fois
00:32:32que les terroristes justifient
00:32:34leurs actes par l'islamophobie
00:32:36de l'Occident.
00:32:38C'est très récurrent, donc ils voient leurs
00:32:40actes comme une vengeance.
00:32:42Et la politologue
00:32:44Myriad Benrad,
00:32:46qui est spécialiste du monde arabe,
00:32:48qui connaît très bien l'État islamique,
00:32:50a expliqué que la vengeance,
00:32:52je cite, « était son ressort mobilisateur. »
00:32:54Donc on voit le fil
00:32:56qui se dessine. Et les motifs de la vengeance,
00:32:58c'est un continuum qui va
00:33:00de la croisade
00:33:02à Gaza, en passant
00:33:04par Charlie Hebdo,
00:33:06en passant, évidemment, par la
00:33:08colonisation, en passant
00:33:10par la présence de la France au Mali.
00:33:12Et tout cela sont
00:33:14les éléments constitutifs
00:33:16de cette
00:33:18rancœur. Et puis, évidemment, il faut rajouter
00:33:20les supposées discriminations
00:33:22et stigmatisations
00:33:24en France que ferait subir
00:33:26la France aux immigrés.
00:33:28Alors au Bataclan,
00:33:30on peut dérouler, on se souvient que
00:33:32l'État islamique avait parlé de croisés.
00:33:34Cela aussi, c'est récurrent.
00:33:36Il y a eu un attentat un peu similaire
00:33:38pendant un concert à
00:33:40Manchester en 2017.
00:33:42Il y avait une petite fille de 8 ans
00:33:44qui est morte parmi les victimes.
00:33:46L'État islamique l'a traité de
00:33:48croisée également.
00:33:50Les assassins du Père Hamel, eux, ils ont
00:33:52justifié ça. Ils ont justifié
00:33:54avoir tué le Père Hamel
00:33:56en raison des morts en Syrie.
00:33:58Intéressant
00:34:00sur ce plan-là aussi,
00:34:02à Rambouillet, je ne sais pas si vous vous souvenez,
00:34:04de Stéphanie
00:34:06Montfermé, qui est
00:34:08agente administrative, qui a été prise sans doute pour un policier,
00:34:10d'ailleurs, parce qu'elle travaillait au commissariat.
00:34:12Là aussi, le fait de la rhétorique
00:34:14autour de la police qui tue n'est pas neutre.
00:34:16Eh bien, il était
00:34:18obnubilé par l'islamophobie.
00:34:20Il suivait notamment le CCIF,
00:34:22Mélenchon, Mediapart, Edoui Plenel,
00:34:24Yassine Belattar, etc.
00:34:26Et donc, il y avait une vraie
00:34:28détestation de la police, qui est marquée par certains
00:34:30terroristes. On l'a vu aussi avec le couple
00:34:32de Magnanville, qui a été assassiné.
00:34:34Vous vous souvenez que Samuel Paty a été assassiné
00:34:36parce qu'il était jugé islamophobe.
00:34:38Même certains de ses collègues
00:34:40n'avaient pas été loin de le dire.
00:34:42Donc, c'était aussi une vengeance.
00:34:44Et point intéressant aussi, l'assaillant de la gare de Lyon.
00:34:46Vous vous souvenez, il y a tout juste un an,
00:34:48Kassog S, c'est un malien
00:34:50qui en voulait à la France pour son intervention
00:34:52au Mali et qui disait, je cite,
00:34:54en faisant référence au passé
00:34:56colonial, que l'Afrique ne devait
00:34:58jamais pardonner à la France.
00:35:00Et il voulait, à ce titre, s'en prendre à des
00:35:02Français, des vrais Français, pas des naturalisés.
00:35:04Vous voyez, des Français historiques.
00:35:06Ils disent que ça n'existe pas, mais lui, il pensait que ça existe.
00:35:08Donc, on voit que la vengeance
00:35:10est à la fois la matrice et le
00:35:12carburant de la plupart
00:35:14des passages à l'acte terroriste.
00:35:16Ce désir de vengeance
00:35:18naît dans des
00:35:20accusations portées contre la France.
00:35:22Islamophobie, crime
00:35:24contre l'humanité pendant la colonisation, racisme.
00:35:26En quoi l'effet de ces
00:35:28accusations est-il décuplé
00:35:30quand elles émanent de Français ?
00:35:32Oui, il y a en effet une immense
00:35:34responsabilité de ceux qui, sur notre
00:35:36sol, en étant eux-mêmes Français,
00:35:38alimentent toute cette argumentaire.
00:35:40Alors que ce soit des fins idéologiques
00:35:42ou électoralistes, mais
00:35:44c'est gravissime. Je vais vous dire pourquoi.
00:35:46C'est parce que si
00:35:48moi, je vous dis que les
00:35:50Italiens trouvent que les Français sont arrogants, vous pouvez me croire ou pas,
00:35:52mais si un Italien vous dit
00:35:54que les Italiens pensent que les Français sont
00:35:56arrogants, vous le croirez, parce que vous vous direz qu'il est
00:35:58italien lui-même, donc ça vient de l'intérieur.
00:36:00La parole de ces personnalités
00:36:02françaises qui conspuent
00:36:04la France est extrêmement forte et
00:36:06porte évidemment une lourde
00:36:08responsabilité. Alors encore,
00:36:10quand il s'agissait, parce que moi
00:36:12j'ai été à l'école il y a un petit
00:36:14moment, et c'était déjà le cas dans les
00:36:16années 90, 80,
00:36:1870, de profs de gauche,
00:36:20d'idéologues de gauche qui conspuaient l'histoire de France,
00:36:22qui lui tordaient le bras,
00:36:24qui la racontaient à leur façon
00:36:26et pas à la gloire de la France, on pouvait dire
00:36:28que l'environnement était paisible.
00:36:30C'est vrai que ça modelait les esprits
00:36:32pour longtemps, ça on ne va pas se mentir,
00:36:34mais il n'y avait pas de
00:36:36répercussions immédiates, il n'y avait pas
00:36:38de dangers autour de nous,
00:36:40de craintes terroristes autour de nous,
00:36:42il n'y avait pas de nitroglycérine
00:36:44autour de nous. Mais là,
00:36:46il en va autrement de ce qui
00:36:48se passe évidemment aujourd'hui,
00:36:50c'est-à-dire que tous ceux qui propagent
00:36:52cette détestation
00:36:54de la France, ces crimes
00:36:56qu'elle aurait commis, et bien évidemment
00:36:58ils peuvent être à l'origine
00:37:02d'un passage concret à l'acte meurtrier.
00:37:04Ils fournissent des outils
00:37:06sémantiques, voilà, c'est tout à fait
00:37:08un autre contexte, et ils
00:37:10fournissent des armes intellectuelles
00:37:12qui contribuent à cette haine
00:37:14qui va être le carburant de la vengeance.
00:37:16Cracher sur la France,
00:37:18lui faire porter
00:37:20tous les malheurs du monde,
00:37:22n'a pas les mêmes conséquences dans un contexte
00:37:24paisible et dans un contexte
00:37:26terroriste, c'est ce que vous êtes en train de nous expliquer.
00:37:28Exactement, alors,
00:37:30et ceux qui aujourd'hui accusent
00:37:32la France de tous les maux,
00:37:34et bien ne peuvent pas ignorer qu'il y a
00:37:36aujourd'hui une cinquième colonne dans notre pays,
00:37:38qu'on a du mal à circonscrire,
00:37:40et que parfois quand on l'identifie,
00:37:42on a du mal à faire partir, nous sommes d'accord,
00:37:44et donc ils devraient prendre
00:37:46en considération la responsabilité
00:37:48énorme
00:37:50qu'ils portent, et ne pas exciter
00:37:52ce sentiment anti-français,
00:37:54qui relève de la pyromanie.
00:37:56Vous voyez, quand Manon brille par
00:37:58l'après Mulhouse de l'obsession xénophobe
00:38:00de Retailleau, qui cible les Algériens,
00:38:02et bien elle devrait se demander
00:38:04ce qu'elle est en train de faire.
00:38:06Quand Dominique de Villepin, le 7 octobre,
00:38:08parlait de tentation française de faire
00:38:10de l'Algérie un bouc émissaire,
00:38:12elle devrait se demander,
00:38:14il devrait se demander ce qu'il est en train de faire.
00:38:16Quand la députée éléphie Sophia Chikirou
00:38:18accuse l'État hébreu d'être née d'une
00:38:20colonisation, d'un apartheid et d'un génocide,
00:38:22elle ne peut ignorer
00:38:24les conséquences possibles pour les Juifs
00:38:26de France. Et quand
00:38:28un journaliste sur RTL
00:38:30que je ne citerai pas, fait une
00:38:32comparaison hasardeuse,
00:38:34c'est le moins qu'on puisse dire entre la
00:38:36colonisation française, sans doute
00:38:38que la conquête coloniale ne s'est pas faite sans
00:38:40brutalité, c'est évident,
00:38:42mais qui compare cela
00:38:44au régime nazi, parce que
00:38:46c'est cela dont il s'agit, qui dit même que
00:38:48les nazis ont imité les français.
00:38:50Voyez ? Comme si la France
00:38:52avait inspiré Hitler. Et bien
00:38:54évidemment, c'est une
00:38:56lourde responsabilité.
00:38:58Également, je serais intéressée
00:39:00de savoir si l'Arkham va réagir.
00:39:02C'était sur RTL.
00:39:04Merci beaucoup
00:39:06Gabrielle pour cette
00:39:08analyse pointue. Dans
00:39:10un instant avec Charlotte Dornelas, on
00:39:12parlera de
00:39:14l'affaire, une affaire de pédocriminalité
00:39:16très sordide.
00:39:18On est avec vous, et dans un instant, les propos
00:39:20de Manuel Valls sur le peuple premier
00:39:22en Nouvelle-Calédonie, Mathieu,
00:39:24on a hâte de vous entendre, et Charlotte aussi,
00:39:26Marc, maintenant on a hâte de vous entendre aussi, puisque
00:39:28je disais en titre, vous prenez
00:39:30dans un checker, vous mettez
00:39:32féministe, vous mettez écologiste,
00:39:34vous mettez procès sans justice, c'est-à-dire
00:39:36procès interne sans justice, vous mélangez
00:39:38tout ça, vous avez l'affaire Julien
00:39:40Bayou. Mais l'histoire ne s'arrête pas là.
00:39:42C'est-à-dire qu'une fois qu'il est,
00:39:44et qu'il y a, comment dirais-je,
00:39:46un classement sans suite.
00:39:48Un classement sans suite, j'ai cherché un mot.
00:39:50Merci. Une fois qu'il y a un classement sans suite,
00:39:52l'affaire ne s'arrête pas là.
00:39:54Expliquez-nous tout. Alors il y en a
00:39:56une quand même qui s'est amende
00:39:58honorable, c'est Madame
00:40:00Tondelier. Elle dit
00:40:02oui, j'ai des regrets.
00:40:04Apparemment, elle aurait même pleuré
00:40:06quelques nuits en pensant
00:40:08aux sorts sinistres subis
00:40:10par Julien Bayou.
00:40:12Alors, ce qu'il faut savoir quand même,
00:40:14c'est que l'histoire
00:40:16commence avec
00:40:18un site, c'est-à-dire
00:40:20ils ont une cellule au parti des verts.
00:40:22Là, on voit un côté
00:40:24maoïste. C'est-à-dire que
00:40:26il faut dénoncer.
00:40:28Il faut entrer également dans
00:40:30l'auto-culpabilisation. Bref,
00:40:32vous avez la cellule interne des verts
00:40:34sur les violences sexistes
00:40:36et sexuelles. C'est-à-dire
00:40:38qu'il y a une suspicion légitime
00:40:40sur le comportement
00:40:42des hommes
00:40:44vis-à-vis des femmes.
00:40:46L'homme a cette détestation
00:40:48qui est induite.
00:40:50Et alors,
00:40:52en cette cellule,
00:40:54en 2022,
00:40:56il y a un mail qui arrive,
00:40:58un courriel pour utiliser
00:41:00une expression un peu plus française
00:41:02pour faire plaisir à Mathieu,
00:41:04défendons la langue. Eh bien,
00:41:06c'est l'épouse,
00:41:08la compagne de Julien Bayou
00:41:10qui, apparemment, reproche
00:41:12non pas des comportements
00:41:14sexuels, mais apparemment,
00:41:16d'avoir une sorte de tyrannie
00:41:18psychologique. Mais ça s'arrête là,
00:41:20elle ne porte pas plainte.
00:41:22Et néanmoins, eh bien, Sandrine Rousseau
00:41:24reporte ça, rapporte ça
00:41:26dans les médias, sur La 5,
00:41:28ça prend une ampleur incroyable
00:41:30et là, forcément, là, on a
00:41:32devant nous la dogmatique,
00:41:34celle qui ne peut pas supporter
00:41:36qu'un homme puisse croiser
00:41:38dans son entourage, obligatoirement,
00:41:40c'est un prédateur.
00:41:42Et d'ailleurs, aujourd'hui...
00:41:44Oui, il était patron des écologistes.
00:41:46Alors, elle a
00:41:48ses propos extrêmement
00:41:50détestables et qui sont
00:41:52nocifs pour lui, il est obligé
00:41:54de démissionner, c'est un effondrement,
00:41:56c'est une salissure,
00:41:58il ne peut plus se présenter nulle part,
00:42:00il devient l'ordure, on imagine
00:42:02presque qu'il est là,
00:42:04guetté dans les couloirs à mettre des mains
00:42:06à je ne sais trop qui. Et,
00:42:08Mme Tondelier, qui lui succède,
00:42:10demande à ce qu'il y ait deux enquêtes.
00:42:12Et ces deux enquêtes,
00:42:14concluent, il y a 12 000 personnes
00:42:16qui sont interrogées. On demande
00:42:18à des gens, à tous les adhérents,
00:42:20ex-adhérents, dites-nous
00:42:22s'il y a quelque chose
00:42:24à reprocher au petit père Beyou.
00:42:2612 000 ?
00:42:2812 000 ! Vous imaginez,
00:42:30il y a parfois des rancœurs
00:42:32dans les comportements entre les individus
00:42:34et là, il suffit d'une langue
00:42:36vipérine, quelqu'un qui a envie
00:42:38de se venger d'un mauvais regard
00:42:40ou je ne sais trop quelle
00:42:42attitude considérée
00:42:44comme délétère, et sa parole
00:42:46est prise en compte. Et bien,
00:42:48malgré tout cela, l'enquête conclut
00:42:50qu'il n'y a rien, et maintenant
00:42:52il y a ce classement sans suite.
00:42:54Par la justice.
00:42:56L'enquête sans justice.
00:42:58Voilà. Donc par deux fois
00:43:00quand même, on peut dire que cet homme
00:43:02a le droit à la réhabilitation. Ah ben non !
00:43:04Pas du tout, Sandrine Rousseau.
00:43:06Elle dit l'absence d'infraction
00:43:08l'absence d'infraction
00:43:10ne met pas un terme,
00:43:12le classement sans suite
00:43:14fait de lui un présumé innocent
00:43:16fait de lui un présumé
00:43:18innocent des faits visés
00:43:20par ses plaintes.
00:43:22Donc pour elle,
00:43:24il n'est pas question de passer
00:43:26le chiffon, d'oublier
00:43:28et d'être dans une sorte d'excuse.
00:43:30Non, non, non.
00:43:32Au contraire, il faut reprendre
00:43:34l'attaque, et elle espère bien que
00:43:36la compagne portera
00:43:38l'affaire en appel
00:43:40pour que
00:43:42les droits de la femme soient
00:43:44valorisés. Alors c'est quand même extraordinaire.
00:43:46Ça signifie que
00:43:48pour Mme Rousseau, un
00:43:50homme ne peut pas être simplement
00:43:52le bon confrère.
00:43:54Celui qui a une bienveillance
00:43:56vis-à-vis de vous. Cela dit, on m'a
00:43:58apporté un propos. Vous savez maintenant,
00:44:00par exemple, sur un tournage,
00:44:02avant, dans un film,
00:44:04on convoque les comédiens, ils doivent
00:44:06paraître devant un psychologue. On fait un test
00:44:08pour savoir si vous êtes compatibles
00:44:10avec les comportements
00:44:12sexistes ou non.
00:44:14Et parmi les questions qui ont été posées
00:44:16à une comédienne que je connais très bien,
00:44:18eh bien, on lui a demandé
00:44:20quelle serait
00:44:22votre attitude s'il y avait
00:44:24alors la question elle va aussi pour les hommes,
00:44:26si vous étiez à côté d'une
00:44:28femme et qui porte une charge,
00:44:30c'est-à-dire que je suis
00:44:32à côté de Charlotte Dornelas,
00:44:34elle est en train de porter son sac,
00:44:36ou comme il m'arrive parfois de vous dire
00:44:38est-ce que je peux t'aider pour
00:44:40descendre à ta voiture et porter des sacs,
00:44:42eh bien c'est du sexisme.
00:44:44C'est un comportement qui est
00:44:46à bannir à tout jamais,
00:44:48car je ne vous prends pas en considération
00:44:50vos petits baisers très forts
00:44:52et l'entraînement que vous suivez
00:44:54au quotidien, je vous dénigre
00:44:56en quelque sorte.
00:44:58Tout ça pour tuer l'homme, tout ça pour tuer le masculin,
00:45:00tout ça pour tuer le mâle.
00:45:02On oublie quand même les rapports
00:45:04entre les uns et les autres,
00:45:06le désir de séduction.
00:45:08Il y a un sondage que j'ai retrouvé
00:45:10qui a été mené par Paris Panthéon
00:45:12Sorbonne et le cabinet Technologia.
00:45:14C'est d'octobre
00:45:16à décembre 2023.
00:45:18Il en ressort
00:45:20que 46% des salariés,
00:45:2246% des salariés
00:45:24ont eu des relations
00:45:26avec un collègue
00:45:28et que
00:45:3017% se sont
00:45:32mariés. C'est-à-dire que, bah oui,
00:45:34il se trouve que la séduction
00:45:36existe et la belle histoire tout à l'heure
00:45:38contée par Charles avec Margot.
00:45:40Est-ce que l'on va dire
00:45:42qu'il y a une emprise qui est celle
00:45:44de Charles sur cette jeune femme
00:45:46qui lui accorde aujourd'hui
00:45:48cet amour resplendissant,
00:45:50cette pureté du cœur ?
00:45:52Eh bien, chez Madame Sandrine Rousseau,
00:45:54ça ne peut pas exister.
00:45:56Vous ne pouvez être qu'un salopard
00:45:58si vous êtes un homme.
00:46:00Cette histoire est passionnante.
00:46:02Rapide tour de table.
00:46:04Comment vous réagissez-vous à cette double justice
00:46:06et à cette volonté d'exterminer,
00:46:08si vous permettez l'expression,
00:46:10l'homme ?
00:46:12Le problème, c'est qu'en fait,
00:46:14Sandrine Rousseau,
00:46:16c'est l'incarnation de cette tentation,
00:46:18quand même, oui,
00:46:20et puis il faut passer par la justice
00:46:22et on doit absolument mener ça devant la justice,
00:46:24mais la réponse de la justice n'a aucune importance.
00:46:26En fait, il n'y a plus de normes
00:46:28sur lesquelles nous puissions nous entendre.
00:46:30Donc ça devient très problématique
00:46:32pour la vie en société.
00:46:34Moi, je n'ai pas de sympathie
00:46:36particulière pour M. Bayou,
00:46:38mais je constate qu'il est probablement
00:46:40détruit sur le plan professionnel.
00:46:42C'est terminé.
00:46:44Et c'est quand même un pouvoir exorbitant
00:46:46et qui dépasse celui de la justice
00:46:48et c'est en cela que ça fait peur.
00:46:50C'est assez terrifiant.
00:46:52D'ailleurs, Marine Tendelier a dit que c'était un processus révolutionnaire,
00:46:54mais elle avait l'air de trouver ça bien.
00:46:56Moi, je sais que la révolution dévore ses enfants
00:46:58et que ça se termine toujours mal.
00:47:00Vous avez fait une chronique là-dessus.
00:47:02Oui, absolument, je me rappelle très bien ici.
00:47:04L'homme est coupable en tant qu'homme
00:47:06et même s'il prouve qu'il n'est pas coupable,
00:47:08il demeure un homme, donc il est coupable.
00:47:10Par ailleurs, les révolutionnaires sont toujours convaincus d'une chose,
00:47:12on ne fait pas de révolution sans casser les oeufs
00:47:14Merci beaucoup, Marc Menon.
00:47:16Faire le tri élimine l'homme.
00:47:18Merci, les petits loulous.
00:47:20On est obligés d'accélérer.
00:47:22Il n'y a plus de respect, les petits loulous.
00:47:24J'aimerais bien qu'on en parle encore pendant des heures,
00:47:26mais sinon, Charlotte,
00:47:28on n'aura pas le temps pour votre chronique
00:47:30et celle de Mathieu,
00:47:32donc merci en tout cas pour votre enquête.
00:47:34Alors, ma Charlotte,
00:47:36un sordide
00:47:38réseau
00:47:40de pédocriminalité
00:47:42vient d'être découvert par les enquêteurs
00:47:44de l'Office des mineurs.
00:47:46Un organisme créé en 2023
00:47:48pour répondre
00:47:50à la hausse des atteintes faites aux mineurs
00:47:52et l'histoire
00:47:54a de quoi glacer le sang.
00:47:56Pourquoi ?
00:47:58À l'origine, ces enquêteurs
00:48:00dont vous venez de parler repèrent des diffusions
00:48:02de photos et de vidéos en nombre
00:48:04dans le dark web, vous savez, cet océan clandestin
00:48:06sur Internet qui est un repère
00:48:08de pédocriminalité
00:48:10et ils repèrent des vidéos de viols et de sévices
00:48:12sur de très très très jeunes enfants
00:48:14voire des nourrissons.
00:48:16Toute l'Europe s'y met, tous les services enquêteurs de l'Europe
00:48:18s'y mettent, ils établissent assez
00:48:20rapidement que les images sont authentiques
00:48:22et récentes et
00:48:24l'analyse d'images, donc poussée
00:48:26vraiment assez loin, oriente
00:48:28les enquêteurs vers la France et en particulier
00:48:30vers un petit coin de Bretagne
00:48:32et vers un homme qui s'appelle
00:48:34Pierre-Alain Cotineau, il a 32 ans, cet homme
00:48:36et il est repéré parce que l'une
00:48:38des victimes sur les vidéos
00:48:40qui subit des sévices décrits par
00:48:42les enquêteurs comme d'une violence exceptionnelle
00:48:44est atteinte d'un handicap
00:48:46lourd, or il se trouve que cet homme
00:48:48qui est père séparé
00:48:50d'un enfant de 4 ans, ancien bénévole
00:48:52de la Croix-Rouge, militant LGBT
00:48:54engagé contre les violences familiales
00:48:56candidat LFI au départemental
00:48:58à l'époque, a obtenu un agrément
00:49:00de l'aide sociale à l'enfance via le département
00:49:02et qu'il a justement
00:49:04depuis quelque temps une toute petite fille
00:49:06de 4 ans qui est lourdement handicapée
00:49:08et qu'il accueille chez lui, c'est comme ça
00:49:10que les enquêteurs remontent jusqu'à lui
00:49:12il est interpellé en septembre dernier
00:49:14alors qu'il s'apprête à fuir vers la Tunisie
00:49:16et c'est la sidération absolue
00:49:18les enquêteurs parlent même d'un degré
00:49:20de dissimulation hallucinant qu'a sidéré
00:49:22absolument tout le monde chez cet homme
00:49:24ils font des perquisitions chez lui
00:49:26et l'histoire est pire encore, non seulement
00:49:28cette petite n'est pas la seule victime mais il n'est pas
00:49:30le seul bourreau, il viole
00:49:32torture, filme, publie ses vidéos
00:49:34et attire ainsi d'autres pédocriminels
00:49:36et il leur offre
00:49:38à lui comme à ses
00:49:40compagnons qu'il ne connaît pas autrement que par la
00:49:42pédocriminalité, les enfants
00:49:44qui sont confiés à lui
00:49:46et il y a
00:49:48parfois par le biais de ses vidéos
00:49:50une suspicion de soumission chimique
00:49:52je le note parce que c'est quelque chose qui a su faire
00:49:54parler beaucoup et on se rend
00:49:56compte que ça dépend des affaires apparemment
00:49:58pour l'instant il y a 4 victimes qui sont identifiées
00:50:005 bourreaux présumés
00:50:02peut-être beaucoup plus dans les deux cas
00:50:04nous disent les enquêteurs et si 4
00:50:06des bourreaux sont inconnus des services de police
00:50:08le cinquième a été lui déjà condamné
00:50:10en Belgique, donc il faisait des centaines de kilomètres
00:50:12pour venir jusqu'à la Bretagne
00:50:14il avait déjà été condamné en Belgique
00:50:16pour homicide et abus sexuels sur mineurs
00:50:18Charlotte, ce sont des sujets
00:50:20dont personne n'ose vraiment parler
00:50:22on a même hésité nous à en parler
00:50:24alors que les victimes ne peuvent pas
00:50:26se défendre seules, comment
00:50:28expliquer ça ? Mais souvent quand on
00:50:30ne veut pas en parler ou en tout cas quand
00:50:32certains en parlent avec beaucoup de pincettes on prend le prétexte
00:50:34du complotisme pour ne pas parler de ce sujet là
00:50:36c'est à dire que
00:50:38défendre des victimes bien réelles
00:50:40et elles existent en nombre
00:50:42n'oblige absolument personne à basculer
00:50:44dans des théories qui sont plus ou moins
00:50:46aussi sordides que le contenu de ces affaires là
00:50:48et vraiment le passage
00:50:50de l'un à l'autre n'est pas obligatoire, on peut dénoncer
00:50:52des victimes bien réelles
00:50:54essayer de défendre des enfants qui ne peuvent pas se défendre
00:50:56sans nous, sans le faire
00:50:58l'inverse taire devant ces horreurs
00:51:00alimente de légitimes questions
00:51:02on le redit sans cesse mais sur la question du
00:51:04complotisme, le meilleur moyen c'est de donner
00:51:06des réponses et il ne peut y avoir
00:51:08de silence qui ne soit pas coupable
00:51:10quand il est possible
00:51:12de faire cesser
00:51:14ce que subissent ces petites victimes
00:51:16innocentes, en l'occurrence dans cette affaire
00:51:18jusqu'à ce stade de l'enquête, personne
00:51:20ne savait quoi que ce soit et personne n'a couvert
00:51:22en l'occurrence cet homme
00:51:24mais oui il existe des réseaux pédocriminels
00:51:26même si l'immense majorité
00:51:28et souvent c'est un argument qui est avancé aussi
00:51:30des violences sur mineurs se font
00:51:32dans la sphère familiale et
00:51:34en particulier de mineurs sur d'autres
00:51:36mineurs, les mineurs sont essentiellement
00:51:38enfin pas essentiellement mais très largement
00:51:40victimes d'autres violences
00:51:42mais pour des raisons diverses, notre jeune
00:51:44est palpable à en parler, pourquoi ? Surtout sur
00:51:46la notion de réseau
00:51:48d'abord un, il y a deux affaires
00:51:50récentes qui nous le prouvent
00:51:52et on peut se souvenir du dossier Pellico pour voir
00:51:54c'est pas la question anisexuelle, c'est pas la question
00:51:56de la soumission chimique, c'est simplement qu'on ne sait
00:51:58pas trop quoi en dire et qu'on est très gêné aux entournures
00:52:00il y a eu l'affaire Epstein
00:52:02où il y avait énormément de grands noms
00:52:04qui sont sortis sans qu'on sache leur implication
00:52:06etc. Personne n'a voulu
00:52:08on nous dit oui il y a eu un suicide, en fait on n'est pas sûr
00:52:10que ce soit un suicide mais fermez le banc il n'y a plus rien à faire
00:52:12il y en a eu un là-bas de lui, il y en a eu un
00:52:14en France de cet ami qui était
00:52:16impliqué et dès lors que
00:52:18quelqu'un pose une question, la seule question
00:52:20est jugée illégitime et c'est le meilleur
00:52:22moyen d'enfermer les gens
00:52:24dans une lecture que
00:52:26l'on va derrière qualifier de complotiste
00:52:28il n'y a évidemment pas pire
00:52:30le deuxième exemple qui n'a rien à voir
00:52:32en apparence mais qui montre notre gêne
00:52:34c'est la question des viols en Grande-Bretagne
00:52:36dont nous a beaucoup parlé Mathieu, cette fois-ci
00:52:38c'était par peur de l'accusation de racisme que
00:52:40certains se sont tus, mais à la fin
00:52:42dans les deux histoires ce qui est vrai
00:52:44c'est que quand on s'empêche d'en parler ce sont
00:52:46potentiellement des milliers de gamins
00:52:48qui sont victimes de l'horreur absolue
00:52:50sans que personne n'ait osé les défendre
00:52:52et donc la question
00:52:54qui se pose c'est est-ce que nous sommes simplement
00:52:56sérieux de ne considérer ces sujets
00:52:58que comme ça
00:53:00et il est vrai que l'accusation
00:53:02de sacrifice d'enfants
00:53:04traverse la littérature avec l'accusation
00:53:06gratuite, d'accord, une fois que c'est dit
00:53:08Interpol recense 18 300
00:53:10pédocriminels et 42 300
00:53:12victimes identifiées
00:53:14dans 70 pays
00:53:16peut-être que cette réalité
00:53:18ne doit pas disparaître parce qu'on a peur
00:53:20de ce qui traverse la littérature
00:53:22et en décembre dernier
00:53:24un vaste réseau mondial était
00:53:26stoppé net, 95
00:53:28français étaient identifiés dans ce réseau
00:53:30la protection de l'enfance
00:53:32n'est pas un demi-sujet qui mérite qu'on le balaye
00:53:34parce que certains ont des
00:53:36théories plus ou moins fumeuses
00:53:38Dernière question, il y a eu un travail
00:53:40Charlotte Donnella, ce travail
00:53:42de fait sur l'inceste, sur les violences
00:53:44intrafamiliales, nous avons
00:53:46quand même évolué sur la considération
00:53:48de l'impossible consentement de jeunes
00:53:50mineurs, est-ce que ça ce n'est pas une bonne chose ?
00:53:52Si, il était temps qu'il y ait un retour de
00:53:54balancier qui réaffirme cette
00:53:56évidence de l'absence de consentement
00:53:58d'un mineur de moins de 13 ans ou de moins de 15 ans
00:54:00il n'est jamais trop tard pour
00:54:02ouvrir les yeux sur les erreurs commises
00:54:04à l'égard des enfants, en se
00:54:06focalisant, et j'insiste là-dessus, et c'était la seule
00:54:08raison pour laquelle le fait par exemple
00:54:10parce que dans tous les papiers ça a été noté qu'il avait
00:54:12été candidat à l'FI, il a été viré par
00:54:14l'FI dans la seconde où on a appris
00:54:16évidemment ce qu'il faisait, simplement
00:54:18c'est une manière de rappeler à tous
00:54:20qu'un minimum d'humilité quand ce genre d'affaire arrive
00:54:22elle traverse absolument tout
00:54:24et simplement si on veut se focaliser sur la protection
00:54:26des mineurs, on évite de se servir
00:54:28des mineurs victimes pour tenter d'atteindre
00:54:30une autre cible que la lutte contre la
00:54:32pédocriminalité, et ça vaut pour absolument
00:54:34tout le monde, et cette affaire
00:54:36implique encore l'aide sociale à l'enfance
00:54:38alors que les choses soient très claires, elle n'est absolument pas
00:54:40en cause, ni dans l'agrément qui a été donné
00:54:42encore une fois les enquêteurs parlent d'une dissimulation
00:54:44ahurissante, mais c'est simplement
00:54:46une piqûre de rappel, que faisons-nous
00:54:48des enfants qui nous sont ainsi confiés
00:54:50et que nous prétendons protéger
00:54:52l'aide sociale à l'enfance au-delà de cette question
00:54:54s'inquiète, avertie du
00:54:56manque de contrôle qu'ils peuvent
00:54:58mettre en place, du manque d'accompagnement
00:55:00des enfants eux-mêmes, on parle de violence, de prostitution
00:55:02d'abus sexuels, de fugues
00:55:04et que sommes-nous devenus exactement
00:55:06pour ne pas faire de cette cause
00:55:08une urgence absolue
00:55:10le silence est l'arme des bourreaux
00:55:12il est important d'en parler
00:55:14merci Charlotte, vous êtes
00:55:16penchée sur ce dossier
00:55:18Mathieu, bon côté, Manuel Valls nous a
00:55:20rappelé ces derniers jours que la question
00:55:22néo-calédonienne demeure
00:55:24entière en France et
00:55:26il s'est permis une déclaration plutôt étonnante
00:55:28alors je la cite, il y a un peuple
00:55:30premier, il y a un peuple
00:55:32canaque qui doit aller
00:55:34jusqu'au bout de son émancipation
00:55:36et nous devons terminer
00:55:38la décolonisation
00:55:40et sur cette déclaration que vous vouliez
00:55:42souhaiter revenir sur votre
00:55:44second édito
00:55:46oui, parce que c'est intéressant de la part de
00:55:48Manuel Valls qui est un homme de gauche
00:55:50mais normalement estimé avec raison, c'est un homme estimable
00:55:52mais qui révèle ici probablement
00:55:54l'angle mort de sa pensée
00:55:56alors je résume, je vais reprendre la déclaration
00:55:58elle est importante, il y a un peuple premier
00:56:00il y a un peuple canaque
00:56:02qui doit aller jusqu'au bout de son émancipation
00:56:04et nous devons terminer la décolonisation
00:56:06concrètement, il nous dit la Nouvelle-Calédonie
00:56:08doit devenir indépendante parce qu'il s'agit
00:56:10de l'état-nation
00:56:12du peuple canaque
00:56:14concrètement c'est ce qu'il nous dit
00:56:16mais il va un peu plus loin, parce qu'on sait quel est l'obstacle
00:56:18sur le chemin de cette indépendance, c'est la composition
00:56:20du corps électoral, c'est la présence
00:56:22de français de souche en guillemets qui sont présents
00:56:24sur le territoire depuis longtemps
00:56:26donc qu'est-ce qu'il nous dit par là, est-ce qu'il faut hiérarchiser
00:56:28entre les citoyens présents
00:56:30en Nouvelle-Calédonie, entre
00:56:32le peuple premier et ceux qui ne sont pas le peuple
00:56:34premier, j'en sais rien donc je pose une série de questions
00:56:36une statistique technique
00:56:38alors premièrement, est-ce qu'il existe des peuples
00:56:40premiers, ah donc il existe des peuples premiers
00:56:42et on comprend que les peuples premiers
00:56:44donc une nation n'est pas qu'une entité
00:56:46administrative et juridique, il y a
00:56:48des peuples premiers qui ont droit
00:56:50à l'indépendance, qui ont droit de l'obérité majoritaire
00:56:52chez eux, premièrement, qui ont
00:56:54droit à l'indépendance et qui ne se définissent
00:56:56pas que par le droit mais par la culture
00:56:58la mémoire, la filiation, les lointaines origines
00:57:00donc ces peuples existent, il reste à savoir
00:57:02quel peuple en fait partie
00:57:04deuxième élément, ces peuples, un peuple
00:57:06si je comprends bien Manuel Valls, peut être
00:57:08entravé si une population venue de l'extérieur
00:57:10le submerge
00:57:12et l'empêche d'être maître chez lui
00:57:14ce que pensait aussi Fabien Roussel
00:57:16à sa manière, ne l'oublions pas, donc c'est une constante
00:57:18à gauche, moi je note que la gauche est très inquiète
00:57:20quand il y a une pression migratoire telle
00:57:22qui vient de l'extérieur qu'elle met en minorité
00:57:24un peuple en son propre pays
00:57:26je suis de raisonnement
00:57:28Ah ça j'en sais rien, moi je regarde ça
00:57:30de manière distante
00:57:32troisièmement, ces populations nouvelles
00:57:34qui se sont installées avec le temps, mais ça peut faire longtemps
00:57:36ça peut être plus d'un siècle
00:57:38ne sont jamais vraiment du territoire
00:57:40où ils sont installés, ça fait une, deux, trois générations
00:57:42mais ils ne sont toujours pas du pays
00:57:44et ils vont peut être devoir repartir
00:57:46s'ils continuent d'entraver
00:57:48l'aspiration à l'indépendance
00:57:50à l'autonomie dans ce cas là
00:57:52du peuple kanak, donc ils vont être là depuis
00:57:54longtemps, ils vont peut être devoir dégager
00:57:56un peu comme les pieds noirs, on avait pris la méthode dure
00:57:58avec eux, ils vont devoir dégager
00:58:00des gens qui se sont installés
00:58:02sur un siècle, un siècle et demi, au revoir néanmoins
00:58:04vous n'êtes pas d'ici, c'est ce que je comprends de son analyse
00:58:06je ne pense pas de l'avoir trahi
00:58:08Alors, en quoi cette analyse prête-t-elle à Souréa?
00:58:10Alors, Marion Maréchal sur Twitter
00:58:12On peut-elle prêter à Souréa?
00:58:14En effet, Marion Maréchal s'en est étonnée, je la cite sur Twitter
00:58:16elle dit, je m'étonne que le souci des peuples premiers
00:58:18et de leur identité s'applique manifestement
00:58:20pour la Nouvelle Calédonie, mais pas
00:58:22pour la métropole. Par souci de cohérence
00:58:24Manuel Valls va-t-il venir tenir
00:58:26ces mêmes propos devant l'Assemblée nationale
00:58:28et qualifier les Français de souche de peuple premier?
00:58:30Alors, c'est une question qu'on peut se poser
00:58:32Est-ce que les peuples premiers, il y en a seulement à l'extérieur
00:58:34et en Europe, il n'y en a aucun? Est-ce que les Européens
00:58:36sont condamnés à ne pas être des peuples historiques
00:58:38enracinés dans leur territoire
00:58:40mais simplement des populations administratives
00:58:42neutres et sans contenu identitaire?
00:58:44Alors, est-ce que le peuple historique français
00:58:46appelons-le ainsi, a le droit
00:58:48de demander la même chose chez lui
00:58:50que les Canaques chez eux? C'est une question qu'on peut poser
00:58:52ça peut que la réponse soit non, mais j'aimerais savoir
00:58:54sur quelle base on peut dire oui
00:58:56chez les Canaques, non en métropole.
00:58:58De la même manière, est-ce qu'on doit comprendre
00:59:00toujours selon sa logique
00:59:02qu'en France même, entre le peuple historique français
00:59:04ensuite des Français naturalisés
00:59:06mais pas assimilés culturellement, il y a une distinction
00:59:08à faire selon sa logique. Je ne le sais pas.
00:59:10Et finalement, puis-je savoir pourquoi Manuel Valls
00:59:12qui est pour l'indépendance des peuples privés d'État
00:59:14s'est engagé il y a quelques années contre l'indépendance
00:59:16des Catalans qui de leur côté en Espagne
00:59:18voulaient construire leur propre État indépendant.
00:59:20Il a changé de pays pour aller se battre contre les Catalans
00:59:22qui voulaient devenir indépendants
00:59:24parce que simplement les Catalans ne devaient pas
00:59:26en tant que peuple premier de Catalogne avoir droit à l'indépendance.
00:59:28Devant cela, j'ai tout mon estime pour Manuel Valls
00:59:30mais je crois qu'il y a quelques failles logiques
00:59:32dans son raisonnement.
00:59:36Merci Mathieu.
00:59:38Merci à tous. Mohamed Amra, on apprend
00:59:40qu'il arrive à l'instant au tribunal judiciaire
00:59:42de Paris. Encore une fois,
00:59:44merci à toutes les équipes pour ce témoignage
00:59:46très fort que nous avons vécu en début d'émission.
00:59:48Jean-Marc, Jean-Luc,
00:59:50Pascal, toutes les équipes qui ont permis
00:59:52que ce soit possible.
00:59:54France, Lola, etc.
00:59:56Merci à CNews.
00:59:58A tout de suite à l'heure des Prode 2 avec Pascal Praud.