Face à l'Info (Émission du 01/04/2024)

  • il y a 5 mois
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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Transcript
00:00 Bonsoir à tous, ravie de vous retrouver sur CNews pour Face à l'Info.
00:04 Avec moi ce soir pour m'accompagner Mathieu Boccote.
00:07 Bonsoir Mathieu.
00:07 Bonsoir.
00:08 Dimitri Pavlenko, bonsoir.
00:09 Bonsoir Élodie.
00:10 Marc Menand, bonsoir cher Marc.
00:12 Bonsoir ma chère Élodie.
00:13 Et Gabriel Cluzel, bonsoir.
00:14 Gabriel évidemment, on commence dans un instant mais tout de suite le rappel de l'actualité avec Simon Guillin.
00:19 Bonsoir Simon.
00:20 Bonsoir cher Élodie et bonsoir à tous.
00:22 L'Iran promet une réponse décisive à l'attaque en Syrie.
00:25 Selon un média iranien, au moins 5 gardiens de la révolution seraient morts dans des frappes israéliennes à Damas qui ont visé l'ambassade iranienne.
00:32 L'Observatoire syrien des droits de l'homme fait état de 8 morts au total lors de ce raid.
00:37 En Allemagne, il est désormais possible de consommer du cannabis de manière encadrée.
00:40 L'usage récréatif et la culture de cette plante sont désormais légales chez nos voisins.
00:45 Des clubs de cannabis commenceront à distribuer le produit à partir de juillet à hauteur de 25 grammes maximum par personne et par jour.
00:53 Et puis à quelques mois maintenant des Jeux Olympiques, la RATP se met au rythme de la compétition.
00:58 Regardez ces images, plusieurs stations ont changé de nom à Paris.
01:01 La station Alexandre Dumas a été renommée Alexandre du Marathon.
01:05 Nation s'appelle désormais Natation ou encore Trocadéro transformée en Trocanoé.
01:09 Cher Élodie.
01:12 Merci à vous Simon.
01:13 Et voilà maintenant pour le programme de Face à l'info.
01:15 On commencera avec vous Mathieu.
01:17 On parlera de violence en politique.
01:19 Vous avez peut-être entendu parler de cet humorisme au drama lors d'une conférence de presse organisée par Mediapart.
01:24 Elle s'interroge sur les réponses en cas de victoire du Rassemblement National et elle dit ceci, je la cite.
01:30 Qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce que nous aussi on aura des factions armées ?
01:33 On se prépare à leur répondre.
01:34 Est-ce qu'on doit être radicaux jusqu'à ce point-là ?
01:36 Est-ce qu'on doit faire la révolution ?
01:38 Fin de citation.
01:38 Même la ministre Aurore Berger qui était notre invitée hier disait que ces propos devaient être condamnés.
01:43 Or on voit ces peu de réactions dans la classe politique.
01:46 Vous en parlerez avec Mathieu.
01:48 Avec vous Dimitri, on reviendra sur la légalisation du cannabis en Allemagne, en France aussi.
01:52 Certains prônent cette solution qui serait un moyen selon eux de réguler la consommation de cette drogue.
01:57 Pourtant cela semble être une fausse bonne idée.
02:00 Même l'ONU s'inquiète de cette défaite face à la drogue.
02:03 Avec vous Gabriel Cluzel.
02:05 On reviendra sur la découverte tragique hier par une promeneuse des ossements du petit Émile.
02:09 Ce petit garçon qui a disparu il y a 9 mois alors qu'il était en vacances chez ses grands-parents.
02:14 L'enquête jusque là a été au point mort.
02:15 Vous reviendrez bien sûr sur l'émotion suscitée par cette nouvelle
02:19 mais aussi par le traitement de l'affaire par certains médias
02:22 qui jugent un peu trop facilement le profil de la famille.
02:25 Avec vous Marc, on reviendra sur Pâques, la fête de Pâques.
02:30 Pourquoi est-ce l'une des célébrations, voire la célébration la plus importante pour la religion catholique ?
02:35 Et puis toujours sur ce thème, on parlera avec vous Mathieu,
02:38 d'une polémique avec la une hier du journal du dimanche.
02:41 Ils souhaitent simplement de joyeuses Pâques.
02:43 Et bien Jean-Michel Apathy déclare sur le réseau social X
02:46 « J'ai ri, étonnant non ! »
02:48 Il ajoute même qu'il rit de cette « je cite fainéante »
02:51 « une et de titre le plus tarte de la décennie ».
02:53 Alors que cachent ces tweets ? On en parle face à l'info, c'est tout de suite.
03:10 Et on commence avec vous Mathieu, avec cet appel donc lancé par une humoriste de France Inter
03:14 à la prise des armes en cas d'arrivée au pouvoir.
03:17 Ça en a surpris certains, même s'il faut bien reconnaître que les salles de rédaction
03:20 ne sont pas remuées pour autant.
03:22 Mais la violence politique à gauche n'est pas nouvelle.
03:25 Elle est aussi d'ailleurs souvent revendiquée.
03:27 C'est ce que vous voulez explorer pour ce premier édito.
03:29 Oui, alors la déclaration est assez frappante parce que
03:32 ce sont de fond des choses que nous dit la dame.
03:33 Dans son univers mental à elle, qui ne correspond manifestement pas avec la réalité,
03:38 le pays est habité, traversé, occupé par des milices d'ultra-droite.
03:44 Et elle se demande « est-ce que nous devrions avoir nos propres milices ? »
03:47 Donc voilà l'état d'esprit de cette dame.
03:49 Ça en dit déjà beaucoup sur sa lecture, son rapport au réel.
03:53 Ensuite, elle parle de la possibilité de prendre les armes.
03:56 L'insurrection en cas…
03:58 Si Marine Le Pen prenait le pouvoir, si le RN prenait le pouvoir,
04:01 elle dit « qu'est-ce qu'on doit faire ? »
04:03 Et elle envisage, elle se cache derrière des points d'interrogation,
04:07 mais sur le fond des choses, elle nous dit « c'est une solution légitime,
04:10 c'est une solution raisonnable, j'y reviendrai dans le détail. »
04:13 Donc elle envisage la prise des armes, tout en avouant à la fin
04:16 ne pas avoir le courage nécessaire elle-même pour décider de prendre les armes
04:20 s'il fallait s'insurger avec la baïonnette et je ne sais quel fusil de Belle
04:24 ou autre arme disponible pour l'étant présent, contre un régime RN.
04:28 Une fois que c'est dit, bon, il y a un étonnement parce qu'on vit dans une société
04:31 qui a à ce point plaqué une censure légitime sur la violence,
04:35 qu'on est chaque fois étonné quand quelqu'un décide de revendiquer l'appel aux armes,
04:40 ne serait-ce que dissimulé derrière un point d'interrogation.
04:43 Mais cela dit, si on décide d'avoir une vision un peu plus large,
04:47 nulle surprise, nulle surprise, la violence politique est la norme dans l'histoire
04:51 et la conversation démocratique est l'exception.
04:54 Nous avons eu ce bonheur immense de vivre pendant ce temps d'exception,
04:58 mais les hommes et les femmes, lorsqu'ils se jettent dans l'espace public,
05:02 le font rarement avec cette idée d'une conversation démocratique équilibrée
05:06 où j'écouterais le point de vue de l'autre, il écoute le mien,
05:09 il gagne, je perds, je gagne, il perds, et on accepte simplement le résultat des élections.
05:14 Ça, c'est véritablement l'exception démocratique moderne
05:17 qui n'a pas duré si longtemps que ça, il faut le garder à l'esprit.
05:21 Alors, vous connaissez la formule de Clausewitz, probablement,
05:23 qui dit « la guerre et la poursuite de la politique par d'autres moyens ».
05:27 Lénine, pour me permettre de le citer, l'avait corrigée en disant
05:31 « la politique, c'est la poursuite de la guerre par d'autres moyens ».
05:34 Et de ce point de vue, ça nous dit quelque chose sur l'imaginaire
05:37 d'un certain progressisme, d'une certaine gauche,
05:40 qui nous dit qu'on est bien prêts à débattre tant qu'on est certain de gagner.
05:43 On est bien prêts à jouer aux élections tant qu'on est certain
05:46 de voir les pires de nos adversaires vaincus.
05:49 Mais si les élections permettent aux camps adverses, aux ennemis,
05:52 parce que la gauche aime avoir des ennemis, de l'emporter,
05:56 dès lors, il sera légitime de suspendre le jeu démocratique
05:59 et de frapper directement l'ennemi. Premier élément.
06:03 Situons-ça dans les... J'ajoute une chose dans la modernité révolutionnaire,
06:06 mais quand même sur une violence politique revendiquée,
06:09 qu'il s'agisse du régicide, qu'il s'agisse de la terreur,
06:12 qu'il s'agisse... La violence est à l'origine d'une partie de la modernité
06:16 et on a tendance à le neutraliser, à l'oublier.
06:19 Et pourtant, pourtant, à 93, à l'échelle de l'histoire,
06:22 ensuite, on pourrait parler aussi des massacres de Vendée,
06:25 certains disent même le génocide de Vendée.
06:28 Il y a une dimension, il y a une violence exterminatrice là-dedans.
06:31 Cela dit, qu'en tant qu'onou des 50 dernières années,
06:33 et je ne parle même pas des islamistes qui, eux, sont sur le mode de l'agression extérieure,
06:37 même si lorsqu'ils réussissent à faire passer certains délats pour des citoyens français,
06:41 il s'agit néanmoins d'une agression extérieure.
06:44 Mais je parle des 50 dernières années.
06:46 Le gauchisme des années 70 et début 80, en Europe occidentale,
06:51 était un gauchisme qui croyait à la violence légitime,
06:54 qui croyait à la violence révolutionnaire,
06:56 qui croyait que pour réveiller un ordre bourgeois
06:59 enfermé dans ses certitudes tranquilles,
07:01 il fallait provoquer les violences légitimes,
07:04 les violences nécessaires pour sortir la société de sa torpeur.
07:08 C'est l'histoire de la bande à Bader, c'est l'histoire de la fraction armée rouge,
07:11 c'est aussi l'histoire d'Action Directe en France,
07:14 qui, soit dit en passant, je me permets de le dire,
07:17 s'inscrivait sous le signe de la violence antifasciste.
07:19 La violence antifasciste.
07:21 On voit comment l'antifascisme est une fraude intellectuelle depuis longtemps
07:25 pour justifier toutes les violences.
07:27 Ça passe en lien, évidemment, avec l'écriture du dernier siècle,
07:32 où à partir du moment où on dit que le fascisme est le point culminant du mal,
07:35 non pas le totalitarisme, le totalitarisme c'est le fascisme et le communisme,
07:38 mais seulement le fascisme, dès lors on se dit
07:40 que tout est permis pour empêcher le retour de la bête immonde.
07:43 Mais quoi qu'il en soit, un petit détail,
07:45 Jean-Marc Rouillant, figure qui compte d'Action Directe,
07:48 il y a quelques années, 2022 ou 2023, a été acclamé
07:51 dans le cadre d'une occupation illégale d'une université à Bordeaux.
07:54 On voyait un homme qui était lié à Action Directe
07:56 et dont le parcours est quelque peu, on pourrait dire complexe pour le dire poliment,
08:00 quelque peu contestable, quelque peu sulfureux,
08:03 et pourtant on l'acclamait.
08:05 Voilà un homme qui revendiquait pourtant la violence politique,
08:08 même la pire, comme étant légitime.
08:11 Les années plus récentes, depuis les années 90,
08:13 de quelle manière la violence politique s'est-elle présentée à nous à gauche?
08:17 Il y a la mouvance antifa qui est revenue.
08:19 Encore une fois, l'antifascisme fraude intellectuel des temps présents.
08:22 L'antifascisme, les antifas nous disent,
08:25 certains adversaires sont peut-être des conservateurs officiellement,
08:28 mais dans les faits, ce ne sont pas des conservateurs,
08:30 ce sont des... le conservatisme n'est rien d'autre que le masque bourgeois du fascisme.
08:34 Et il faut interdire la parole conservatrice dans l'espace public,
08:38 parce qu'à travers elle s'exprimerait la haine des minorités,
08:41 du progrès et de l'émancipation.
08:43 Donc les antifas, d'abord dans la mouvance des alters mondialistes,
08:46 dans les années 90, mais plus largement,
08:49 se sont permis la violence politique contre leurs adversaires.
08:53 Et avec la complicité la plus grande du régime,
08:56 qui normalement disait, vous savez, la violence au nom de l'antifascisme,
08:59 oui, c'est excessif, mais l'antifascisme, c'est une cause noble, n'est-ce pas?
09:03 Encore une fois, on voyait comment l'antifascisme,
09:05 la définition du fascisme a été étendue,
09:07 parce qu'en gros, tout ce qui est à droite de Michel Rocard,
09:09 pour ces gens-là, le fascisme commence avec François Bayrou.
09:12 Mais bon, ces dernières années, à la présidentielle 2022,
09:17 on se souvient des antifas, notamment, décident de menacer
09:21 de manière très violente la campagne d'Éric Zemmour à ce moment-là.
09:24 Et je me souviens d'un candidat à la présidentielle,
09:26 de la gauche que l'on veut républicaine,
09:28 nous dire, oui, oui, c'est condamnable, mais on peut comprendre néanmoins
09:31 le désir d'en finir avec un homme qui alimente la haine.
09:34 Donc, violence légitimée, car elle ne serait qu'une contre-violence.
09:38 Jean-Luc Mélenchon, il y a à peine deux ans,
09:41 un an en fait, qui nous dit, il y a des milices fascistes
09:44 un peu partout dans le pays, il faut donc créer des milices progressistes
09:47 en fait, sur le mode de l'autodéfense révolutionnaire.
09:49 Un candidat à la présidentielle se permet de dire ça
09:52 sans que ça ne dérange personne.
09:54 C'est sûr que quand on a le service public avec soi,
09:56 ça permet de faire passer quelquefois des préférences idéologiques
09:58 pour des petits dérapages.
10:01 Aux États-Unis, pensez au mandat Trump, et surtout 2020,
10:05 au moment de la Black Lives Matter.
10:07 Alors, autant ce qui est arrivé à Georges Floyd est absolument condamnable,
10:10 tout le monde le sait, tout le monde le dit avec raison,
10:12 autant les insurrections qui ont suivi, les émeutes ethniques qui ont suivi,
10:15 les émeutes violentes alimentées par les antifas, par les Black Blocs qui ont suivi,
10:19 ça je m'excuse, c'est pas la même chose.
10:21 Or, les médias présentaient ça comme des manifestations pacifiques
10:24 et non pas comme des émeutes absolument violentes.
10:27 Vous aviez ces scènes, ces scènes quelquefois loufoques,
10:29 qu'on voyait à la télévision, qui étaient assez drôles.
10:31 Vous aviez un reporter d'une chaîne d'info américaine,
10:33 et derrière lui, ça brûlait, tout partait en sucette,
10:36 comme dirait notre ami Charlotte,
10:38 et derrière ça, on voyait que tout brûlait,
10:40 et le reporter disait, dans ces manifestations calmes et sans violence,
10:43 nous avons des protestations naturelles des minorités contre l'ordre américain.
10:47 Donc, encore une fois, violence tolérée, violence acceptée,
10:50 et même au jour le jour, quand vous avez sur des campus,
10:53 quand Mme Bergeau-Blaclair se voit, devait faire une conférence,
10:57 et là, pour un temps, elle a été permise ensuite,
10:59 elle est suspendue à cause des menaces contre la conférence.
11:03 Et là, le responsable du campus, je pense que c'était Sciences Po,
11:07 si je ne me trompe pas, ou la HSS, dit,
11:09 c'est pas possible parce que les menaces à la sécurité sont telles
11:12 qu'on doit suspendre la conférence.
11:14 C'est arrivé aussi pour Geoffroy Lejeune, notre collègue du JDD et de CNews.
11:18 Donc, la menace suffit pour ensuite justifier la censure d'un événement.
11:22 Donc, la violence, quoi qu'on en dise,
11:23 elle est partout présente dans une certaine gauche,
11:26 et elle est tolérée, elle est acceptée, elle est revendiquée,
11:29 elle est valorisée, et elle n'est même pas nommée,
11:31 ce qui lui permet de se poursuivre.
11:33 - Revenons au temps présent.
11:34 Comment il faut comprendre, justement, l'appel de cette humoriste,
11:36 par exemple, Sandrine Rousseau s'est exprimée,
11:38 et elle nous invite à n'y voir qu'une blague.
11:40 - Bon, alors, Sandrine Rousseau n'en est pas elle-même à sa première blague.
11:43 Peut-être est-elle elle-même un peu une blague politique.
11:47 Je dis ça méchamment, évidemment, mais je ne pense pas que
11:49 Madame Sandrine Rousseau ait une blague, c'est une bien plus mauvaise nouvelle que ça.
11:52 Un élément qui me semble important, donc il y a la stratégie, c'est de l'humour.
11:58 C'est de l'humour. Alors, il suffit d'entendre la vidéo,
12:00 il faut aller partout sur les réseaux sociaux, sur Twitter,
12:02 vous allez comprendre, c'est pas le début d'un quart de huitième de blague.
12:05 Premier élément. Si cette femme-là fait une blague à ce moment-là,
12:08 moi, je suis une patineuse artistique, et je ne le suis pas.
12:11 - A priori, pas en tout cas. - Et a posteriori non plus.
12:14 Alors, soit on dit que c'est de l'humour,
12:17 ou alors on décide de passer sous silence ou de banaliser.
12:20 Ce n'est qu'une phrase lancée ainsi, qui n'a pas de portée, d'ailleurs,
12:24 pourquoi lui donner autant d'intérêt.
12:26 Et là, on va même nous dire, dans les faits, pourquoi?
12:28 Pourquoi parler de cette déclaration, alors que dans les faits, c'est mineur,
12:32 cette personne maudrama n'est pas importante,
12:36 c'est une figure mineure et sans importance,
12:38 et d'un intérêt intellectuel limité. Je ne le conteste pas.
12:41 Mais le fait est que lorsqu'on décide publiquement d'en appeler à la violence
12:45 dans le cadre d'élections d'un gouvernement démocratiquement élu,
12:48 c'est quand même le scénario dont on parle, un président démocratiquement élu,
12:51 c'est qu'il y a un moment de bascule qui a eu lieu.
12:53 Et ça nous en dit beaucoup, je crois, sur l'imaginaire d'une certaine gauche aujourd'hui,
12:58 qui considère, j'y reviens, je pense que c'est fondamental,
13:00 si Marine Le Pen ou Éric Zemmour ou un autre candidat de la droite nationale
13:04 prenaient le pouvoir demain, eh bien, peu importe que ce soit validé par les élections,
13:09 ce qui est quand même l'élément central, ce serait en soi antidémocratique.
13:13 Parce que pour une certaine gauche, la démocratie,
13:15 ce n'est pas l'expression de la souveraineté populaire et la protection des libertés publiques.
13:19 C'est un sens de l'histoire dont elle a le monopole de l'interprétation.
13:22 Donc, même si la procédure électorale était légitime, même si elle était légale,
13:26 même si tout se passait comme ça doit se passer, ça serait illégitime.
13:29 Donc, qu'est-ce que ça nous dit, a-t-elle, sa déclaration?
13:32 Ils sont nombreux à penser la même chose que si la droite nationale prend le pouvoir,
13:36 eh bien, les manifestations les plus violentes seront permises.
13:39 Les antifas auront le droit de casser.
13:41 Il y aura une violence légitime, politique, pour contrer l'accession au pouvoir.
13:45 Donc, on va nous ressortir le mythe de Weimar en ce moment,
13:48 en nous disant, vous voyez, par mythe de Weimar, j'entends la reproduction
13:51 de l'expérience de Weimar et de l'arrivée des nazis au pouvoir,
13:54 comme si ça nous concernait aujourd'hui, alors que c'est une tout autre histoire
13:57 qui n'a rien à voir avec les temps présents.
13:59 Il y a un problème, cela dit.
14:01 Imaginons, Marine Le Pen n'en porte avec 52 %, ou je ne sais pas, Éric Zemmour avec 50,6 %.
14:07 Trouvez votre candidat qui n'en porte qu'avec un pourcentage de ce camp.
14:11 Jusqu'à la transition, c'est Emmanuel Macron qui est au pouvoir à ce moment-là.
14:17 Donc, si ça tire un peu partout, si les antifas brûlent tout,
14:20 s'il y a des émeutes, s'il y a une insurrection, s'il y a un appel à la violence,
14:24 c'est le président en place qui va devoir assurer le maintien de l'ordre légal
14:28 pour assurer la transition démocratique vers la candidate ou le candidat qu'il remplacerait.
14:32 Donc ça, je pense que c'est la variable que nos amis de la gauche radicale ont oubliée.
14:36 C'est que s'ils décident de provoquer ça, ça provoque un sursaut légaliste
14:39 au service de la « droite nationale », qui se ferait élire et qui serait,
14:44 dans le résultat électoral, se serait défendue par les institutions en place.
14:49 À moins qu'elles décident de faire autre chose, mais je ne peux l'imaginer.
14:52 C'est donc la violence qui menace la démocratie,
14:54 mais est-ce que ces menaces parfois ne sont pas un peu plus subtiles ?
14:57 Oui, c'est souvent que j'ai envie de me critiquer moi-même pour ce que j'ai dit ces dernières minutes.
15:00 N'hésitez pas.
15:01 Vous allez voir, c'est une autocritique subtile.
15:04 Bon, on parle de tout ça, on parle de cet humoriste qui dit finalement
15:08 « faut-il prendre un jour aux armes, révolution, révolution ».
15:11 Mais est-ce que la véritable menace à la démocratie aujourd'hui,
15:15 c'est vraiment ces groupuscules de gauche radicale qui rêvent d'excitation,
15:18 qui érotisent la violence politique sur le mode de l'antifascisme parodique ?
15:23 Ou est-ce que ce n'est pas une partie de l'extrême centre qui a sa propre tentation antidémocratique ?
15:28 Quand j'entends dire, j'ai cru le ressent dans les journaux récemment,
15:30 que toute forme, tout ce qui relève de la droite nationale ou populiste au niveau européen,
15:34 pour les européennes dans quelques semaines,
15:36 en fait ce ne serait que manipulation russe,
15:38 ce ne serait que des agents de l'étranger pour la Russie.
15:40 Là, on a envie de rire, on est dans la théorie du complot étranger.
15:44 Donc nos adversaires de l'intérieur ne sont rien d'autre que les échos d'un complot de l'étranger.
15:47 C'est ce qu'on pourrait appeler, si on était un journaliste du monde,
15:50 la théorie conspirationniste de la manipulation moscovite et venant du Kremlin.
15:55 On est qu'il y ait que le Kremlin décide de chercher à influencer la politique ici,
16:00 tout comme les Américains cherchent à influencer la politique ailleurs dans le monde,
16:03 tout comme tous les pays cherchent à influencer d'une manière ou de l'autre, certes.
16:06 Mais réduire le RN, réduire Reconquête, réduire, et là faites la liste, la bande à Salvini en Italie,
16:12 réduire, à que des agents russes, mais c'est d'un ridicule absolu.
16:15 Mais quand on décide de réduire l'adversaire au statut d'espion de l'étranger ou d'agent de l'étranger,
16:20 on le délégitime et on le chasse à l'avance de la légitimité démocratique.
16:24 Donc moi je veux bien qu'il y ait des gens qui servent aujourd'hui à une autre capitale que la leur,
16:28 mais il faut éviter de réduire ou de caricaturer tout le mouvement de protestation contre le pouvoir en place
16:34 en le présentant comme un écho de l'étranger. Premier argument.
16:37 Deuxième argument, quand on nous annonce que, imaginons que la droite nationale emporte les élections,
16:42 ou les populistes, ou imaginons M. Mélenchon à la rigueur, mais qu'est-ce qu'on verrait?
16:46 Eh bien l'État profond, pour reprendre la formule un peu conspire, mais l'État profond,
16:50 ou à tout le moins les autorités administratives et les tribunaux et l'administration,
16:54 feront tout pour empêcher ce gouvernement élu d'appliquer son programme au nom de la défense de l'État de droit,
16:59 ça aussi c'est une menace contre la démocratie.
17:01 C'est pas Mme Mahaud-Ramah qui l'exprime dans de telles circonstances,
17:04 mais ce sont des autres figures de l'État qui expliquent que si les électeurs décident de porter au pouvoir
17:08 un programme qu'ils n'approuvent pas, ils feront tout pour le bloquer.
17:12 Quand on cherche à frapper d'inéligibilité des candidats, en disant pour les empêcher de se présenter,
17:17 quand certains, je sais que ça n'arrivera pas, mais imaginons si on décidait de persécuter
17:20 les médias qu'on associe à l'opposition, en cherchant à les fermer ou les faire taire,
17:24 ou les réformer de telle manière qu'ils sont condamnés au silence,
17:26 parce qu'on n'aime pas la ligne éditoriale qui est la leur, je sais que ça n'arrive pas,
17:30 c'est inimaginable ailleurs qu'au Kyrgyzstan, mais imaginons qu'une telle chose soit possible,
17:34 ça aussi ça relève de négation de la démocratie.
17:37 Il y a les persécutions bancaires contre ceux qui d'une manière ou de l'autre sont mal étiquetés politiquement,
17:42 ça aussi c'est un élit de la démocratie.
17:44 Donc oui il y a Maho Drama et compagnie qui disent des propos absolument condamnables,
17:48 il n'y a pas de doute là-dessus, mais il faudrait affiner notre lecture de l'antidémocratie aujourd'hui,
17:52 il se pourrait qu'elle ait le visage non pas d'une humoriste égarée chez nos amis de Mediapart ou ailleurs,
17:58 mais qu'elle ait quelquefois le visage rassurant de l'extrême-centre cravaté
18:02 qui ne croit peut-être pas autant à la démocratie qu'il ne le dit.
18:04 Merci beaucoup Mathieu, et évidemment on vous retrouve à la fin de cette émission pour votre deuxième édito.
18:09 Dimitri, on va parler avec vous de l'Allemagne, puisque depuis minuit le pays a rejoint le club
18:14 des pays qui ont légalisé le cannabis pour un usage récréatif.
18:17 Plusieurs centaines d'Allemands se sont réunis devant la porte de Brandenburg à Berlin hier soir
18:21 pour célébrer l'événement en substances illicites à la main.
18:24 Et l'argument mis en avant par la coalition Adela Fscholz,
18:27 c'est que la légalisation devrait permettre de mieux lutter contre les trafics
18:31 et de réguler la consommation de cannabis.
18:34 Alors, qu'en pensez-vous ? Et en tout cas, ce qui nous intéresse aussi en France,
18:37 c'est parce qu'ici le narcotrafic ne cesse de monter en puissance.
18:40 Oui, oui, je vous ai dit qu'on allait parler de l'Allemagne, on va surtout parler de la France.
18:43 Parce qu'on entend ici à peu près les mêmes arguments qui ont fini par aboutir là-bas.
18:48 Le premier argument, c'est qu'il faudrait légaliser parce que la prohibition serait un échec.
18:53 Alors, ce n'est pas tout à fait faux si on considère que l'objectif de la prohibition,
18:56 c'est d'éradiquer complètement la consommation, le trafic, le commerce de la drogue.
19:01 Si on regarde les chiffres de l'Office français des drogues et des tendances addictives,
19:05 l'OFDT, on a en France 5 millions de personnes qui, dans l'année,
19:09 déclarent avoir fumé du cannabis, enfin consommé du cannabis,
19:14 parce que ça ne fait pas que se fumer.
19:17 5 millions, c'est plus qu'en Allemagne, qui a pourtant une population supérieure.
19:21 Donc le ratio de Français qui déclarent avoir consommé du cannabis dans l'année
19:25 est plus important chez nous qu'outre-Rhin.
19:29 Et on voit que le cannabis, dans les chiffres, ce ne sont que des déclarations.
19:33 Le cannabis, c'est de loin la substance illicite qui est la plus consommée dans le pays.
19:37 Il y a un adulte sur 10 environ qui déclare en fumer régulièrement,
19:42 et un adulte sur 2, donc c'est entre les 18 et 64 ans,
19:45 qui déclare en avoir utilisé au moins une fois dans sa vie.
19:49 Donc c'est très prégnant.
19:51 Et sur les 22 millions d'Européens qui déclarent fumer du cannabis,
19:55 vous en avez 5 millions qui sont Français.
19:57 Donc plus d'un Européen sur 4 qui fume du cannabis est Français.
20:00 Donc c'est un sujet qui nous concerne.
20:02 Et pour vous dire, parce qu'il y a une base culturelle assez large,
20:06 assez réceptive à ce qui se passe en Allemagne,
20:09 à ce qui s'est passé déjà en Espagne, au Luxembourg,
20:13 dans de nombreux pays qui ont assoupli la législation,
20:16 enfin qui ont levé en tout cas la prohibition qui est en vigueur chez nous,
20:20 depuis les années 70.
20:22 Alors en revanche, il y a quand même une grosse différence avec l'Allemagne.
20:25 C'est que nous n'avons pas les mêmes structures politiques
20:28 qui ont permis en Allemagne, à la cause de la légalisation, d'aboutir.
20:33 Pourquoi ? Parce qu'ils ont un système parlementaire de gouvernement par coalition,
20:37 et en l'occurrence, qui portait le thème de la légalisation du cannabis ?
20:41 C'était les écologistes et les libéraux.
20:44 Les Allemands, globalement, il y en a un sur deux qui est quand même
20:47 de manière assez virulente, contre, hostile à l'idée de la légalisation.
20:51 Donc c'est un vrai sujet, encore chez eux.
20:54 Ceux que vous avez vus en Allemagne, à la porte du Brandebourg,
20:57 c'est loin d'être la majorité.
20:59 Mais en revanche, en France, regardez, on a franchi des étapes.
21:02 Depuis 2019, si vous vous faites attraper par les policiers dans la rue
21:06 en train de fumer un pétard, vous avez une amende.
21:08 Une amende de 200 euros, que vous pourrez bientôt payer par carte bleue
21:11 auprès des policiers.
21:13 Vraiment la banalisation du geste, alors qu'on voit déjà que le cannabis
21:16 est partout dans la rue, il n'y a qu'à sentir, vous le sentez fréquemment
21:20 si vous vous baladez dans toutes les rues des grandes villes,
21:22 c'est aujourd'hui complètement décomplexé.
21:25 Et le mois dernier, regardez un autre aspect de ce relâchement,
21:28 petit à petit, l'Agence du médicament a annoncé que des traitements
21:32 à base de cannabis médicinal seraient disponibles en France,
21:35 donc à partir de l'an prochain, 2025.
21:37 Et la légalisation nous est présentée comme le prochain grand progrès social.
21:42 Après les législations sur la fin de vie, sur l'avortement,
21:46 il va falloir se pencher sur la question du cannabis.
21:48 Ce serait le sens de l'histoire, c'est en tout cas comme ça que c'est présenté.
21:51 Et quels seraient alors les avantages, si j'ose dire, de cette légalisation ?
21:54 J'aime bien la manière dont vous tournez la question,
21:56 parce qu'effectivement c'est comme ça qu'on nous la présente.
21:58 Moi je vais vous la reformuler.
22:00 Que valent les arguments des promoteurs de la légalisation du cannabis ?
22:04 On va un peu neutraliser quand même le sujet.
22:06 Parce qu'on a plus de 10 ans de recul sur la légalisation.
22:09 Le premier pays à l'avoir fait, c'était l'Uruguay en 2013,
22:12 et puis d'autres ont suivi.
22:13 On en est à une trentaine de pays aujourd'hui.
22:15 Et apparemment tous les promoteurs de la légalisation du cannabis
22:18 ne lisent pas les études sérieuses qui sont menées sur le sujet.
22:22 Alors le premier argument qui nous est présenté,
22:24 c'est que la vente et la production du cannabis
22:27 réduiraient le trafic de stupéfiants et la criminalité associée.
22:31 Vous savez, c'est la phrase d'Éric Dupond-Moretti
22:33 qui disait "le pétard a le goût du sang séché sur le trottoir".
22:37 Donc légaliser, en gros, permettrait de libérer Marseille de narcovilles.
22:44 Alors c'est vrai que la légalisation du cannabis réduit le marché noir.
22:49 Mais elle ne l'éradique pas.
22:50 Prenons l'exemple du Canada, où le cannabis est légal depuis 6 ans.
22:54 Dans certains états, vous allez dans l'Ontario,
22:57 il y a plus de magasins qui proposent du cannabis que de l'alcool aujourd'hui, par exemple.
23:00 Pour vous dire à quel point c'est devenu banal.
23:03 On estime que le marché noir détient toujours entre 25 et 40% du marché total du cannabis.
23:09 Entre 25 et 40%. Pourquoi ?
23:11 Parce qu'il n'est pas fiscalisé, il est donc moins cher,
23:14 parce que les produits sont aussi plus forts.
23:16 Et à ce titre, regardez, ça ce sont les qualités de produits saisies en France.
23:22 On voit notamment sur l'herbe de cannabis.
23:24 Regardez, il y a 10 ans, on avait un taux moyen de THC,
23:27 le principe actif du cannabis, qui était de l'ordre de 10% de la masse totale du produit.
23:31 Aujourd'hui, on est à 30%. Limite drogue dure, 30%.
23:36 Voilà, et donc au Canada, on a exactement les mêmes cours de progression de concentration du produit.
23:42 Deuxième argument, on nous dit que la légalisation du cannabis ferait baisser la consommation.
23:47 En tout cas, ça permettrait de la réguler avec des produits plus sains, etc.
23:51 Et on contrôlerait mieux, notamment, la consommation auprès de la jeunesse.
23:55 Deux arguments à cela, on nous dit que c'est parce que la drogue est plus facilement disponible,
24:00 mais elle est interdite à la vente aux mineurs, et puis on peut mener des campagnes de prévention.
24:04 Alors écoutez, moi j'ai regardé les chiffres de ce qu'on appelle la prévalence,
24:07 c'est-à-dire la quantité de population qui fume du cannabis.
24:11 En moyenne, dans les pays où c'est officiel, où c'est dépénalisé ou légalisé,
24:16 on a 20% de la population qui consomme du cannabis. Donc c'est beaucoup.
24:20 En France, je vous ai dit 1 sur 10, un adulte sur 10.
24:23 Quand vous regardez sur la population des 18-24 ans, donc les jeunes adultes, à Montréal,
24:28 vous avez 38% des 18-24 ans qui fument régulièrement du cannabis,
24:34 quand en France, on est à 23,5%, 15 points de moins.
24:38 Donc, en l'occurrence, sur la consommation des jeunes, légalisation 0, prohibition 1.
24:44 Voilà, je continue après.
24:46 Voilà, exactement. Vous êtes parfait, vous avez regardé le tamis, vous êtes habitué.
24:49 Mathieu m'a discrètement informé qu'il était temps de marquer une pause.
24:52 On va marquer une courte pause, et restez bien avec nous, parce que vous avez encore beaucoup d'arguments
24:55 à démonter justement sur la légalisation du cannabis. On marque une pause, à tout de suite.
24:59 De retour pour la deuxième partie de Face à l'Info.
25:04 Pardon Dimitri, vous avez été interrompu par la pause.
25:07 J'ai l'habitude.
25:08 Mais justement, vous étiez en train de battre en brèche l'idée que légaliser le cannabis
25:11 ferait baisser la consommation.
25:12 Oui, et je vais vous donner l'exemple de la tranche des 18-24 ans.
25:16 C'est l'âge, généralement en fait, on s'initie au cannabis avant la majorité.
25:23 Et en fait, la pratique s'intensifie au début de la vie d'adulte.
25:28 Donc les 18-24 ans, je vais vous montrer qu'à Montréal, on a une prévalence,
25:32 c'est-à-dire un niveau de consommation de l'ordre de 38% de la classe d'âge,
25:35 c'est énorme, c'est plus d'un sur trois.
25:37 Tandis qu'en France, en régime de prohibition, on est à 23,5%.
25:43 Évidemment, avec la petite incertitude que génère la prohibition,
25:46 ou la déclaration, elle est peut-être sujette à plus de caution, mais enfin quand même.
25:50 Voilà, c'est pour montrer que le régime de prohibition,
25:52 qui est pointé du doigt comme totalement inutile,
25:54 bah écoutez, moi je trouve que si le but, c'est que les jeunes ne fument pas,
25:57 Montréal, le Canada, ne nous montre pas la voie, absolument pas.
26:02 Autre chiffre, regardez, c'est celui qui concerne les moins de 17 ans.
26:05 Enfin, à 17 ans, les adolescents de 17 ans en France.
26:08 On leur pose la question "as-tu déjà testé le cannabis ?"
26:12 Vous avez aujourd'hui 29,9% des adolescents de 17 ans qui répondent
26:16 "oui, j'ai déjà fumé du cannabis".
26:17 Vous allez me dire "c'est énorme, ça fait presque un sur trois".
26:19 Mais regardez, comparé avec les chiffres de 2002, c'est-à-dire en fait, moi, ma génération,
26:23 autant de 45 ans, les enfants des années 80-85,
26:26 eh bien en 2002, vous avez 47% des élèves de 17 ans qui disaient
26:31 "oui, j'ai déjà testé le cannabis".
26:32 C'est-à-dire qu'on a une baisse de 20 points en 20 ans.
26:34 En 10 ans, cette baisse, elle est de l'ordre de 10 points.
26:36 Donc vous voyez, c'est à se demander si quelque part, le cannabis n'est pas un truc générationnel,
26:41 et que les anciens jeunes, qui ont 50 ans aujourd'hui,
26:45 et qui prennent le pouvoir dans de nombreux pays,
26:47 ne sont pas en train de réaliser leur rêve de gosse, leur rêve de jeunesse,
26:50 d'une légalisation du cannabis.
26:51 Vous voyez, on peut se poser la question comme ça.
26:53 Alors l'autre argument qui est souvent avancé,
26:56 les finances publiques.
26:57 "Ah, c'est génial, la légalisation, ça va nous régler le problème du déficit public".
27:01 Bon, on va calmer tout le monde.
27:03 Rapport de 2018 en France, qui estimait que la légalisation du cannabis,
27:07 ça rapporterait, sous forme de rentrée fiscale,
27:09 entre 380 millions et 1 milliard 200 millions d'euros par an de rentrée fiscale.
27:15 Soit entre 0,1 et 0,3% du budget de l'État.
27:19 Enfin, je veux dire, c'est complètement dérisoire,
27:21 à comparer au coût social du traitement de la drogue en France,
27:24 qui avoisine les 8 milliards d'euros.
27:27 Donc je ne suis pas sûr que ce soit une si bonne affaire.
27:29 Enfin, la santé, je vais aller vite sur la santé,
27:31 parce qu'on connaît les effets du cannabis.
27:32 Mais enfin, l'ONU nous dit qu'entre 2000 et 2018,
27:35 les admissions médicales mondiales liées à la dépendance au cannabis, x8,
27:39 les admissions pour troubles psychotiques, x4.
27:43 Au Colorado, on sait que les statistiques montrent que les accidents de la route mortelle,
27:48 sous l'effet du cannabis, ont presque doublé en l'espace de moins de 10 ans.
27:53 Donc vous voyez, ça relativise beaucoup l'argumentaire classique
27:56 qu'on nous prône, légalisation du cannabis.
27:59 On entend vos arguments, mais pourtant la légalisation, justement,
28:02 progresse dans le monde, et la preuve, encore par l'Allemagne,
28:04 on le disait au début de cet édito.
28:06 Mais bien sûr, et la musique qui monte en France, par-delà tout ce que je vous dis,
28:08 mais on n'écoute pas la science, on est au-delà de ça,
28:10 on est dans l'idéologie, c'est qu'est-ce qu'on attend ?
28:12 Regardez, on est en retard, il y a déjà 30 pays dans le monde qui l'ont fait !
28:16 Mais regardez, d'abord c'est que des pays occidentaux, par exemple,
28:19 et la culture de la drogue, globalement, se banalise.
28:23 Alors, sous l'effet, on va dire post-68-art, effectivement,
28:26 le petit pétard, c'est super, ça détend la libération de l'esprit.
28:30 Oui, d'accord, il n'y a pas que ça aussi.
28:32 Il y a aussi, je pense, tout un discours qui nous vient aujourd'hui
28:36 de la pointe avancée du progrès, qui est en l'occurrence la Silicon Valley.
28:40 On est moins sensible à ça, parce que nous, on a deux arguments en France qui marchent beaucoup.
28:44 D'abord, il y a celui de la force des choses, c'est celui que je vous ai exposé,
28:47 regardez, tous les voisins le font, qu'est-ce qu'on attend ?
28:49 La relativisation, on vous dit que c'est récréatif, le cannabis,
28:53 et puis c'est soi-disant un produit naturel, alors qu'on sait que la plupart du cannabis
28:57 est bourré de pesticides et d'engrais.
28:59 Et puis, il y a cet argument, je vous dis, un peu New Age, modernisé, façon Silicon Valley.
29:06 Regardez, il y a deux ou trois mois, quand Elon Musk révèle,
29:10 enfin plutôt l'information sort, qu'il consomme de la drogue,
29:13 LSD, kétamine, amphétamine, allez voir sur Internet à quoi ça ressemble ces drogues-là,
29:20 c'est un peu plus costaud que du cannabis.
29:22 Le cours de bourse de ces entreprises tangue un peu, mais on passe très vite.
29:26 Pourquoi ? Parce que la Silicon Valley aujourd'hui,
29:29 donc la pointe avancée du progrès de la technologie,
29:32 tourne aux champignons hallucinogènes, au LSD, etc., avec des pratiques qui aujourd'hui
29:36 passent pour la pointe avancée du progrès, micro-dosing, donc le micro-dosage,
29:41 je prends quantité infinitésimale de telles drogues pour être meilleur au travail,
29:44 pour ma créativité, pour me relaxer, pour être en forme, pour la sociabilité, etc.
29:49 On parle de "smart drugs", les "drugs intelligentes".
29:53 Donc vous imaginez bien que si vous êtes contre, c'est forcément que vous êtes un idiot ou un attardé.
29:57 Merci à vous, Dimitri. On va maintenant passer à votre édito, Gabrielle,
30:01 parce que c'est donc hier, alors que la France était dans l'insouciance des fêtes de Pâques,
30:05 en train de partager un moment en famille, où des chocolats, que la terrible nouvelle est tombée.
30:09 Une randonneuse a donc découvert des restes non loin du lieu de la disparition.
30:13 Et il s'agissait malheureusement de ceux d'Émile.
30:15 Une petite vie courte, Gabrielle, mais une grande leçon de vie.
30:18 Oui, deux ans, c'est court. C'est une toute petite vie.
30:21 Et pourtant, l'image de ce petit blondinet, tout mignon,
30:25 avec son piss en lit au coin de l'oreille, je pense que vous voyez à quelle photo je fais allusion,
30:29 restera pour longtemps gravée dans les mémoires.
30:32 Et en ces temps utilitaires, on se demande ce qu'au vaut une vie,
30:35 où même les personnes âgées, parfois, se sont amenées à douter de servir à quelque chose.
30:39 Eh bien, on constate la valeur immense de cette toute petite vie.
30:42 Alors, pas seulement parce qu'elle a fait le bonheur de sa famille pendant deux ans,
30:46 mais aussi parce qu'elle a réussi un petit proj'diche le jour de Pâques.
30:51 Le jour de Pâques, elle a attendri le cœur des plus endurcis dans une France fracturée.
30:56 J'ai été frappée de voir que, quels que soient les drapeaux arborés sur les comptes X,
31:01 anciennement Twitter, de chacun, eh bien, il y avait une unanimité dans la tristesse.
31:07 Émile, le jour de Pâques a réussi à faire communier ensemble une France
31:11 qui, parfois, se demande ce qui l'unit encore.
31:13 Et en ce jour de Pâques, il y avait, comme dit Aragon, la rose et le réséda,
31:16 ceux qui croient et ceux qui ne croient pas.
31:18 Et cette peine commune était belle parce qu'on se dit que nous sommes encore
31:22 ouf capables collectivement d'humanité autour d'un petit enfant.
31:26 Alors, merci Émile. C'est le miracle d'Émile, le jour de Pâques.
31:29 On dit souvent qu'il y a un mot, le mot d'orphelin, pour désigner les enfants
31:32 qui ont perdu un parent. Mais en revanche, il n'y en a pas, pour l'inverse,
31:35 pour les parents qui perdent malheureusement un enfant.
31:37 Oui, il n'y en a pas. Et peut-être parce que c'est indissible,
31:40 au sens littéral du terme. On ne peut pas le dire tellement c'est violent et contre nature.
31:47 Et vous savez, nous sommes un pays gâté avec les progrès de la médecine,
31:50 la baisse drastique de la mortalité infantile. Nous avons oublié le prix de la vie d'un enfant.
31:54 On a l'impression que c'est un dû et pas un don.
31:57 Et c'est l'heure de nos kids, c'est à la mode.
32:00 Il ne se passe pas un mois sans qu'une certaine presse de gauche progressiste
32:04 dénigre le fait d'être parent, vante les milliers d'inconvénients des enfants,
32:08 ou même ses nouveaux. Alors, ça, j'ai découvert ça avec un livre en 2021.
32:12 Le mal de mère. Dix femmes racontent le regret d'être mère.
32:15 On nous vante le regret maternel. C'est quand même assez violent pour les enfants concernés.
32:20 Et bien, Emile nous remet les idées en place.
32:23 Et l'église au milieu du village, avec une évidence, ce n'est pas d'avoir un enfant qui est un malheur,
32:29 c'est de perdre un enfant qui en est un.
32:31 Et ce malheur, quand il vous frappe, vous le portez comme une plaie ouverte tout au long de votre vie,
32:36 même si vous continuez à vivre.
32:39 Et je me souviens de cette phrase très touchante de Christine Villemin,
32:42 qui avait répondu à un entretien il y a quelques années au sujet du petit Grégory.
32:46 Vous vous souvenez bien sûr de l'affaire du petit Grégory.
32:49 C'est une famille qui est impressionnante parce qu'ils sont restés unis ensemble.
32:52 On voit avec l'affaire Lola, par exemple, quel point les drames peuvent faire éclater les couples.
32:57 Et ils sont restés ensemble, ils ont eu d'autres enfants.
33:00 Mais elle dit "nous vivons des moments de bonheur, mais je ne serai plus, et je ne suis plus pleinement heureuse".
33:07 Et justement, vous en parlez, on peut voir un parallèle, malheureusement, entre les parents du petit Grégory,
33:11 les parents d'Émile, c'est aussi la manière dont ils ont été parfois malmenés.
33:15 Exactement. Alors les affaires ne sont pas similaires, évidemment,
33:18 parce que Grégory a été de façon certaine assassiné, alors que pour Émile, la piste accidentelle reste explorée.
33:24 Mais de fait, les parents ont été malmenés.
33:26 Ils avaient aussi un autre point commun, c'est qu'ils étaient très jeunes, on en reparlera.
33:29 Donc l'émotion générale suscitée par la disparition d'Émile ne s'est pas étendue aux parents.
33:34 C'est comme si l'empathie n'avait pas, en tout cas dans toutes les catégories de la société,
33:38 n'est pas élargie aux parents dans l'affliction, et pour eux c'était vraiment la double peine.
33:44 Alors c'est vrai que bien sûr, dans toutes les affaires judiciaires médiatisées,
33:48 il y a les commentaires d'anonymes charriés par les réseaux sociaux.
33:51 On n'y peut rien, ils désignent péremptoirement tel ou tel qu'ils ont vu à la télé comme pas net,
33:56 parce que la tête ne leur revient pas.
33:59 Ils jettent l'opprobre, un peu comme ils miseraient sur le colonel Moutard dans une partie de "Cluédo"
34:05 sans voir les conséquences. Mais de journaliste professionnel, on est censé attendre mieux,
34:09 vous en conviendrez avec moi.
34:11 Alors il n'y a pas eu d'accusation directe des parents, comme celle de Christine Villemin
34:15 par Marguerite Durest dans "Libération". Vous vous souvenez qu'il y avait dix sublimes,
34:18 forcément sublimes, qui voyaient la BD des temps modernes,
34:21 puisqu'ils n'étaient pas sur les lieux de la disparition, donc on ne pouvait pas les accuser.
34:24 Mais on se souvient le 11 juillet, cette question surréaliste d'un journaliste au procureur
34:29 lors de la conférence de presse. Je cite "Le passé militant d'extrême droite des parents,
34:34 est-ce qu'il est étudié ?" Vous voyez, alors je n'ai toujours pas compris ce que sous-entendait
34:38 cette question. Quel est le rapport ? En quoi étudier ce passé supposé ou réel apporterait
34:44 des éléments sur cette disparition ? Et ils auraient été candidats, éléphi ou élus,
34:49 étudiants dans leur jeunesse à l'UNEF ou militants antifas. Quelle aurait été la différence ?
34:54 Et est-ce que dans ce cas, un journaliste aurait osé poser la question ? Non, bien sûr.
34:59 Et dans ce cas-là, seule contrer la détresse des parents, et ce serait bien normal.
35:04 À vrai dire, tout le monde se fiche éperdument de savoir pour qui votent les parents
35:08 dont un enfant a été enlevé ou dont un enfant a disparu. Mais pour eux, c'était différent.
35:15 Et puis il y a eu aussi ces médias qui ont tronqué une citation de la mère,
35:21 une catholique pratiquante qui, dans une prière, demandait qu'on prie pour son fils
35:27 avec une prière particulière. Vous pouvez chercher sur Internet, il y a mille fois
35:31 cette demande étrange de la mère. Alors pardon, en 2024, apparemment,
35:35 demander une prière pour son enfant, c'est étrange, ça dérange.
35:41 Toujours ces fameux braves gens, vous savez, George Brassens, il n'aime pas
35:46 que l'on suive une autre roue de queue. Et de toute façon, sur les catholiques,
35:49 il est facile de tomber à bras raccourcis. Je ne vais pas faire du teasing pour l'édito
35:54 de Mathieu, mais il n'y a qu'à voir la réflexion de Jean-Michel Apathy
35:58 sur les nouveaux baptisés d'hier. Ils sont à peine baptisés,
36:00 ils sont déjà méprisés. Bienvenue dans l'Église catholique.
36:04 Et pourtant, ces jeunes parents, par leur dignité, eux aussi ont donné une vraie leçon de vie.
36:09 Oui, ils sont vraiment très jeunes. Pour les parents que l'on sait croyants,
36:14 le fait que cette terrible nouvelle tombe le jour de Pâques, ce n'était pas neutre.
36:19 Ils ont été prévenus alors qu'ils se rendaient à la messe. Dans un texte transmis par leur avocat,
36:25 Maître Jérôme Triomphe, les parents évoquent une nouvelle déchirante et redoutée.
36:29 Forcément, ils voulaient croire, ils voulaient toujours espérer,
36:32 tout le monde espérait avec eux, espérait qu'ils soient vivants quelque part.
36:35 Mais c'est vrai que cette nouvelle qui est tombée le jour de la résurrection,
36:39 pour eux, ça signifie l'espérance d'une vie éternelle.
36:42 Ils se disent que c'est un message de leur petit garçon, un petit bonhomme,
36:44 qui leur a dit "Bien, il y a un arrivé là-haut, je vous attends".
36:48 Et ça n'enlève pas la peine, mais c'est quelque chose de particulier.
36:53 Donc, je crois qu'il est important de s'arrêter sur eux, parce qu'on l'a peu fait.
36:57 Colomban est né en 1996 et est marié en 1998.
37:01 Beaucoup de jeunes de leur âge ont encore une vie insouciante d'étudiants.
37:05 À une époque où on appelle des jeunes trentenaires, des trentenaires d'ailleurs, des jeunes,
37:10 vous savez, les émeutiers ou les antifas tardés, on les appelle volontiers les jeunes,
37:15 et bien à cet âge-là, on peut dire qu'ils sont pour ainsi dire des enfants
37:19 et ils ont perdu leur premier enfant.
37:23 Et je ne sais pas si vous vous souvenez, mais en août dernier,
37:26 ils étaient restés dans le silence jusque-là et ils avaient fait appel à un journaliste de famille chrétienne
37:30 qui s'appelle Samuel Prouvaud, pour lui accorder un entretien
37:35 et revenir répondre à toutes ces contre-vérités qu'ils avaient vues,
37:38 qu'ils portaient sur leur compte dans les médias.
37:41 Et j'ai eu ce journaliste qui m'a dit avoir vraiment été édifié par leur maturité.
37:45 Et le 23 novembre dernier, c'était l'anniversaire du petit Emile qui aurait eu 3 ans,
37:51 ils avaient fait un message, ils étaient revenus vers ce journaliste pour faire un message
37:56 et pour s'adresser, je cite, à "ceux qui, ou celui ou ceux qui savent ce qui lui est arrivé".
38:03 Alors j'avais été là aussi très frappée parce que c'était la voix de Marie.
38:06 C'était le 24 novembre, donc 2023, Marie c'est la jeune mère, c'était le Black Friday,
38:12 vous savez le Black Friday, les jeunes femmes de l'âge de Marie,
38:15 elles couraient les boutiques, mais pour Marie c'était aussi un vendredi noir,
38:20 mais un vrai, un calvaire du vendredi saint, vous voyez.
38:23 Et comme l'a connu, la piéta dont elle porte le nom, et avec un vrai courage,
38:27 vraiment je me dis pour une femme aussi jeune,
38:29 elle s'était adressée dans un face-à-face à son bourreau,
38:32 et lui faisant la grâce d'imaginer qu'il avait une conscience,
38:35 donc c'était montré finalement qu'elle le considérait encore faisant partie de l'humanité,
38:39 elle lui avait dit "par pitié, s'il est vivant, ne nous laissez pas vivre sans lui,
38:44 rendez-le-nous, par pitié, si le mort, dites-nous où il se trouve,
38:48 rendez-le-nous, ne nous laissez pas sans une tombe pour nous recueillir".
38:54 Alors elle continuait "s'il s'agit d'un accident, peut-être avez-vous paniqué,
38:58 si vous avez commis l'irréparable, peut-être le regrettez-vous,
39:01 peut-être craignez-vous les conséquences et ne savez comment vous en sortir,
39:04 tout cela nous pouvons le comprendre, mais nous en appelons à votre cœur,
39:08 comprenez notre détresse, dites-nous où est Émile".
39:11 Alors est-ce que pour Pâques, son bourreau l'a entendu,
39:16 ou bien est-ce le hasard, ce hasard dont Einstein disait que c'est Dieu qui se promène incognito,
39:22 mais enfin Colomban et Marie pourront enterrer Émile,
39:26 ils auront une tombe pour se recueillir.
39:28 Alors vous savez, souffrir et pleurer c'est encore vivre,
39:31 disait Dostoevsky, ils vont donc continuer à vivre.
39:33 Merci Gabrielle pour cet édito très émouvant évidemment aussi.
39:37 On va ouvrir maintenant une page où on va parler de Pâques,
39:40 le côté historique avec vous Marc Menand,
39:42 le côté plus polémique avec vous Mathieu.
39:45 Marc, pourquoi, vous allez nous expliquer,
39:47 Pâques est la célébration la plus importante pour les chrétiens ?
39:51 Je dirais que c'est même la justification de la foi, c'est le mystère incarné.
39:57 Alors il faut savoir qu'il y avait déjà la Pâques,
40:00 mais sans S, c'était une fête de la religion juive.
40:05 À quoi correspondait-elle ?
40:06 Eh bien au départ et à l'exil de Moïse allant vers l'Égypte,
40:11 la traversée de la mer rouge, la mer qui s'ouvre devant lui,
40:16 et tous les ans donc on célébrait cet événement.
40:21 Il est juif, Jésus.
40:24 Alors certains disent, comme notre ami Michel Onfray,
40:28 il n'a jamais existé.
40:30 Alors c'est vrai que les traces côté historien,
40:33 elles ne sont pas si nombreuses.
40:35 Il y a au moins trois personnes, trois écrivains,
40:39 qui nous rapportent des petits faits,
40:42 justifiant ou disons crédibilisant la vie de Jésus.
40:47 Il y a Flavius Joseph, qui par deux fois dans ses textes parle de Jésus.
40:53 On a Suétone, qui évoque Jésus au moment où à Rome,
40:59 il y a les expulsions des Juifs et des Chrétiens.
41:05 Et là, il parle de Christos.
41:08 Christos, donc le Christ.
41:09 De la même façon, on a Tacite.
41:12 Pourquoi les Juifs se trouvent en Palestine sous l'emprise des Romains ?
41:19 Il faut bien sacher qu'il y a la Pax Romana qui s'est établie
41:23 sous la férule de Pompée.
41:26 Quand je dis la férule, c'est un mot qui est inadéquat,
41:29 car il y a véritablement la Pax Romana.
41:32 Alors que la situation est plutôt une sorte de guerre civile,
41:36 grâce aux Romains, il y a cette paix.
41:38 Quand Jésus émerge, il sont nombreux ceux qui se disent prophètes.
41:42 On n'a pas beaucoup d'éléments sur toute sa jeunesse.
41:45 C'est pratiquement les trois dernières années de sa vie
41:48 qui sont connues.
41:49 Il y a cette semaine sainte.
41:51 Cette semaine sainte, elle commence par l'arrivée de Jésus
41:55 à Règes, Jérusalem, lors du dimanche des Rameaux.
41:59 Avec ses douze disciples, vous savez, ils sont là.
42:01 Ils sont en bande.
42:03 On l'appelle le prophète nomade.
42:07 Et il cherche à montrer aux gens qu'il y a un espoir,
42:12 c'est celui offert par Dieu.
42:16 Le jeudi saint, il organise le banquet avec les douze.
42:23 D'abord, alors là, il y a un seul évangile qui évoque cela.
42:28 C'est le dernier évangile qui est écrit bien des années
42:31 après la mort du Christ.
42:33 Le premier évangile écrit, c'est celui de saint Marc.
42:36 C'est une quinzaine, vingtaine d'années après la disparition du Christ.
42:41 Mais là donc, il y a Jean qui dit qu'il lava les pieds de ses disciples.
42:45 Et puis après, on fait ripaille.
42:47 Mais attention, ce sont des ripailles où néanmoins,
42:51 le verbe tient lieu d'apothéose.
42:56 Et que dit-il à un moment ?
42:58 Il prend le pain et il casse le pain.
43:02 Et il dit, mangez ceci.
43:05 Et mon corps ensuite, dans une coupe, il fait couler le vin.
43:09 Et il dit, buvez.
43:10 Ceci est mon sang.
43:13 C'est le sang de l'Alliance versé pour la multitude,
43:18 pour le pardon du péché.
43:21 Et puis là, à un moment donné, il se tourne vers les uns et les autres.
43:26 Il dit, l'un d'entre vous me trahira.
43:29 Parmi ceux qui se trouvent à la table, il y a le fameux Judas,
43:33 dont tout à chacun a entendu parler.
43:35 Et Judas finit par se lever et s'éclipse.
43:38 Ensuite, il se tourne vers Pierre et il lui dit,
43:43 tu me renieras par trois fois avant que le coq ne chante.
43:48 Le repas terminé, on se retire dans le jardin des oliviers pour dormir.
43:54 Une petite nuitée que les uns et les autres pourraient penser
43:57 la nuit de l'amitié.
43:59 Et pour autant, apparaîtra quelques temps plus tard
44:03 une sorte de cohorte armée à la tête de laquelle on trouve Judas.
44:09 Et on interpelle, ce sont des gardes romains,
44:13 on interpelle Jésus et on lui dit, tu es le Messie,
44:17 tu te prends pour le roi du ciel.
44:20 Il ne répond pas à cela.
44:23 Il dit, c'est vous qui le dites.
44:25 Et il insiste et c'est Judas qui vient de l'embrasser
44:29 pour bien montrer qu'il est, de tous ces hommes réunis,
44:33 celui que l'on accuse d'être l'homme se prenant pour le Messie.
44:41 Ce qui est un blasphème terrible.
44:43 C'est pour ça que lui, le juif, n'est pas bien admis par la société,
44:49 par ceux qui représentent l'autorité de la religion.
44:53 Car il se met en rupture, il se veut être l'incarnation,
44:57 la réincarnation, c'est l'appel du Messie, c'est intolérable.
45:01 Voilà comment on finit par le conduire à Ponce Pilate.
45:06 Ponce Pilate, c'est le gouverneur, celui qui représente la loi romaine.
45:12 Et il n'est pas très enclin à jouer l'exécuteur.
45:19 Il essaie de chipoter, si je puis dire.
45:22 Et il dit, puis en plus, j'ai le droit, enfin, on a le droit en la PAC,
45:26 une grâce, eh bien accordons-lui la grâce.
45:30 Non, non, non, il faut le crucifier.
45:33 Et c'est comme ça qu'il finit par céder, mais c'est très, très long.
45:37 Ponce Pilate est celui que l'on retient dans l'histoire,
45:41 et pour autant, ce n'est pas véritablement le bourreau de l'importe.
45:46 Le Christ, on lui met la croix, la croix d'épines sur la tête,
45:51 et puis il y aura le long chemin de croix monté vers le Golgotha,
45:56 cette montagne où l'on crucifie tous les brigands.
46:01 Derrière lui, on a Marie, sa mère, avec l'éponge.
46:06 Il y aura 14 points, 14 points pour essayer de reprendre son souffle
46:12 alors qu'il porte cette lourde croix.
46:15 Il y a aussi Marie Magdala.
46:18 Et puis, le moment où l'on le dresse sur la croix,
46:23 ce moment de douleur terrible à imaginer,
46:26 Marie qui vit là, cette situation dont elle connaissait un jour la révélation,
46:34 puisque ça lui avait été annoncé dès le jour où elle portait,
46:38 on lui a dit qu'elle porterait par l'ange Gabriel, qu'elle porterait le Christ.
46:43 On envisage de briser les jambes du Christ,
46:47 comme on fait avec les deux bandits qui sont à côté de lui, c'est la tradition,
46:51 mais il meurt et par conséquent, il est descendu de la croix
46:56 en étant dans l'intégrité de sa chair.
47:00 Il est conduit au tombeau et le lendemain,
47:03 alors que Marie et Marie Magdala se retrouvent devant le sépulcre,
47:09 il a été ouvert, il n'y a plus rien.
47:13 Et c'est là la grande révélation de la résurrection.
47:17 Il reviendra apparaître devant ceux qui l'ont trahi,
47:22 ceux qui ne voulaient surtout pas, devant les gardes romains,
47:26 admettre qu'ils étaient ses disciples.
47:29 Il réapparaîtra du côté d'Emmaüs, fera jaillir les souvenirs.
47:34 Et c'est ainsi que toute cette force pour le chrétien,
47:38 aujourd'hui encore, et la légitimation même de la foi,
47:42 sans la Pâque, il n'y aurait pas cet élan
47:48 qui permet à certains de croire en l'espoir de la résurrection.
47:53 Tout un symbole.
47:55 Alors, ce n'est pas tous les ans la même année,
47:57 parce que c'est le jour de la pleine lune après les équinoxes.
48:04 Merci beaucoup. Et justement, le lien est tout trouvé avec votre édito,
48:09 puisqu'on parlait effectivement de l'importance de cette fête.
48:12 Mais ça a fait rire certains.
48:14 Jean-Michel Apathy qui a fait scandale en se moquant justement de Pâque,
48:18 cette fête chrétienne, la première des fêtes chrétiennes,
48:20 et Marc a rappelé pourquoi.
48:21 Alors ça le fait rigoler.
48:23 La question que j'ai envie de vous poser, c'est est-ce qu'il n'est pas simplement dans son droit ?
48:26 Est-ce qu'il n'est pas permis en France de se moquer de toutes les religions ?
48:29 Mathieu, c'est ça le thème de votre second édito.
48:31 Tout tient dans une formule de votre question, toutes les religions.
48:35 Alors moi, je reconnais un droit complet à Jean-Michel Apathy de se moquer,
48:39 comme il le souhaite, de Pâque, des catholiques, des chrétiens, des croyants,
48:44 de trouver que ces histoires sont farfelues, de trouver que ces histoires n'ont aucun sens,
48:48 que ces histoires sont loufoques, que ces histoires relèvent des superstitions
48:51 pour grand-mères héritées des temps anciens.
48:54 Je lui reconnais tous les droits à l'incroyance, tous les droits à la moquerie.
48:58 Il peut en rire, il peut faire des caricatures, il peut se moquer,
49:01 il peut traiter les croyants de débilementaux s'il le souhaite,
49:04 il peut faire ce qu'il souhaite.
49:06 Mais je lui demande un peu de courage.
49:08 Moi, c'est la seule petite nuance que je fais.
49:10 Si on se le permet à l'endroit des catholiques ou des chrétiens,
49:14 la question que je poserais à Jean-Michel Apathy, c'est qu'attend-il pour être aussi courageux
49:19 pour se moquer des autres religions ?
49:21 Qu'attend-il pour se moquer avec autant d'ardeur d'autres religions,
49:26 lesquelles, par exemple, on imagine ?
49:29 La question de l'islam, évidemment, se pose ici.
49:31 Est-ce que Jean-Michel Apathy, ce grand prêtre de la révolution diversitaire,
49:34 serait prêt à faire preuve d'un esprit de moquerie aussi grand à cet endroit ?
49:39 Alors, il nous a dit, soit dit en passant,
49:41 « Ah non, non, mais en fait, je me moquais de la une du JDD,
49:44 je ne me moquais pas du contenu de la une. »
49:47 Et là, ce qu'on appelle battre en retraite pour éviter les querelles.
49:50 Il faut dire, Jean-Michel Apathy, c'est quand même un de ces intellectuels de référence en France.
49:54 Qui veut penser le politique, pense avec Jean-Michel Apathy.
49:58 C'est lui qui avait dit de mémoire sur Public Sénat qu'il fallait raser Versailles
50:02 pour en finir avec l'orgueil français, avec la fierté française.
50:05 Donc, raser le château de Versailles.
50:06 Et c'est lui aussi ce brillant analyste politique,
50:08 cet homme attentif aux tendances lourdes de l'opinion,
50:11 qui avait annoncé avec un sérieux remarquable l'élection possible,
50:15 et même prochaine, et même probable, d'Anne Hidalgo à la présidence de la République en 2022.
50:20 On voit encore, cet homme est d'une perspicacité époustouflante.
50:24 Bon, je laisse ça de côté.
50:26 Mais, j'y reviens, l'enjeu pour moi n'est pas de se moquer de la religion catholique.
50:32 Je suis plutôt de ce cas, mais je m'en fiche complètement.
50:36 Mais si on n'a pas le courage de le faire ailleurs,
50:39 la question est de savoir, est-ce que c'est parce qu'il respecte davantage la religion musulmane,
50:44 ou d'autres religions disponibles, le bouddhisme, qu'en sais-je,
50:47 est-ce que c'est parce qu'il les respecte à un point tel qu'il n'oserait s'en moquer,
50:50 ou parce que dans les faits, dans les temps qui sont les nôtres,
50:54 dans la société qui est la nôtre, dans les faits, les islamistes ont réussi,
50:58 en fait, les islamistes, au moment où on a aboli la peine de mort en Occident,
51:03 en France, à tout le moins, les islamistes, quelques années plus tard,
51:06 l'ont restaurée, tout en la privatisant.
51:09 Et les islamistes, les plus radicaux, ont comme conviction, comme certitude,
51:14 les possibles et légitimes d'appliquer la peine de mort à l'endroit de ceux
51:18 qui heurtent leur conviction, leur croyance, qui heurtent leur conception du blasphème.
51:23 Alors, dans les circonstances, Jean-Michel Apathy ne fait pas preuve d'un grand courage
51:29 en se moquant d'une religion qui tend généralement à dire « tendez l'autre joue ».
51:33 Ça m'a toujours énervé, d'ailleurs, dans le christianisme.
51:36 Il y a une formule, parenthèse, dans un film consacré à Andreotti,
51:39 une figure de la classe politique italienne, c'est un film des années,
51:42 je crois, où Andreotti dit « Notre Seigneur, dans sa bonté, nous a demandé
51:46 de tendre l'autre joue, et dans son intelligence, sa sagesse ne nous a donné que deux joues. »
51:51 Bon, après la deuxième joue, tendre.
51:53 Cela dit, j'y reviens, il y a un élément qui me semble central,
51:56 c'est que cette moquerie publique sur Twitter, qui passe pour une forme d'iconoclaste
52:01 ou d'esprit de liberté, ne révèle rien d'autre que l'immense manque de courage
52:05 de celui qui le fait. Parce que si, aujourd'hui, on veut rire des religions,
52:08 et être un peu sérieux dans la capacité de rire des religions, il faut cibler les religions
52:12 qui n'ont pas le sens de l'humour, les religions qui ne tolèrent pas qu'on s'en moque,
52:17 mais à ce moment, on risque sa peau. Et je comprends les gens ne pas vouloir risquer leur peau.
52:21 Franchement, aucun désir de risquer la mienne en ces matières.
52:24 Mais je note une chose, Jean-Michel Apathy, pour se donner l'impression qu'il est courageux,
52:28 fait semblant qu'il critique la religion, alors qu'il s'aplatit devant celle
52:31 qui avance non seulement avec des prières, mais en 47.
52:34 Et vous vouliez nous citer aussi l'exemple de ce qui s'est passé au Canada.
52:38 Ah oui, ça c'est passionnant. Parce que là, on voit, c'est une question de calendrier,
52:42 c'est une manière de nommer les fêtes qui structurent notre calendrier.
52:45 Le simple fait de dire qu'on est en l'an 2024, 2024 après quoi?
52:49 Je note, auparavant on disait 2024 après Jésus-Christ, ensuite on a dit 2024 de notre ère.
52:55 Mais de notre ère, ça a quand même un point de référence particulier.
52:58 Donc de notre ère, en fonction d'une certaine date, d'un certain moment.
53:02 Alors au Canada, mais le Canada est un peu le laboratoire de ça,
53:05 mais on le voit partout en Europe, on le sait,
53:07 Elena Dali à la Commission européenne nous a dit le nom Marie, c'est dangereux,
53:11 il faudrait déchristianiser au possible la culture européenne,
53:15 la civilisation européenne pour la rendre moins discriminatoire.
53:18 Mais au Canada, donc il y a eu comment célébrer les fêtes de Pâques.
53:21 Et le ministère des Anciens Combattants a fait un tweet, c'est notre époque,
53:25 on fait des tweets, et le titre c'était « Joyeuse Célébration de Mars ».
53:30 Joyeuse Célébration de Mars.
53:32 Qu'est-ce qu'on fait là?
53:34 On neutralise complètement le nom de la fête, la signification de la fête,
53:37 l'histoire de la fête, et on retourne à une forme de paganisme des saisons,
53:41 sur le mode « Oh c'est formidable, on va célébrer le printemps ».
53:44 Donc on célèbre les célébrations de Mars.
53:46 Alors réaction très vive au Canada, je suis anglophone comme je suis francophone d'ailleurs,
53:51 sur les réseaux sociaux, en disant « Un instant, auriez-vous au moins la décence de nommer cette fête,
53:56 elle porte un nom. » Je veux dire, quand c'est le Ramadan, vous ne dites pas,
54:00 c'est simplement la période de jeûne chez les musulmans,
54:04 elle porte un nom cette période, il n'y a pas de gêne à la nommer d'ailleurs.
54:08 Mais est-il possible de nommer les fêtes chrétiennes?
54:11 Eh bien le Canada, premier réflexe, c'est de dire non.
54:14 On ne le fera pas parce que ce serait discriminatoire que de la mentionner.
54:17 Il faut dire que le Canada c'est ce pays où, il y a quelques années,
54:20 on a un peu quitté cette tendance, mais pas vraiment.
54:23 C'est moins radical, mais c'est banalisé.
54:26 C'est un pays qui avait remplacé un temps Noël par le solstice d'hiver.
54:29 C'est un pays où, dans un quartier à Montréal, je m'en souviendrai longtemps,
54:33 fin des années 2000, on nous dit non plus « Joyeux Noël », mais « Joyeux Décembre ».
54:37 C'est un pays qui a importé ce qu'on appelle aux États-Unis la guerre contre Noël,
54:42 mais la guerre contre Noël aujourd'hui se déploie contre l'ensemble des fêtes religieuses.
54:46 Pourquoi? Parce qu'il y a cette idée que toutes fêtes chrétiennes,
54:49 toutes fêtes nationales ou toutes fêtes culturellement inscrites dans l'histoire du pays d'accueil,
54:53 c'est une forme de discrimination à l'endroit des minorités.
54:56 De ce point de vue, on peut dire que, parce que notre ami Marc est un fervent laïciste,
55:00 et notre ami Gabriel l'est peut-être un peu moins,
55:02 mais ils ont en commun une passion pour la culture française.
55:07 Or, ou l'identité française, or, que nous dit aujourd'hui la logique multiculturaliste,
55:12 c'est que ce soit au nom de la mémoire du christianisme,
55:15 ce n'est pas qu'une mémoire, ou de la laïcité,
55:17 dans les deux cas, la culture française est une culture de persécution à l'endroit des minorités.
55:22 Dès lors, qu'est-ce qu'il faut faire pour sortir de cette logique de persécution?
55:25 Il faut neutraliser au possible les fêtes religieuses,
55:29 donc les redonner et les priver de leur sens,
55:31 et là j'arrive à cette fête du joyeux célébration de mars,
55:34 nous dit le gouvernement canadien, de Justin Trudeau.
55:37 Ou alors, il faut pluraliser les fêtes religieuses.
55:40 On le proposait dans les congés scolaires, rappelez-vous, il y a quelques années,
55:43 on disait qu'il fallait proposer des fêtes religieuses optionnelles
55:46 pour les gens des différentes minorités religieuses.
55:48 Et là, il y avait deux stratégies qui étaient présentées,
55:51 soit on permettait aux gens des minorités d'avoir leurs propres fêtes religieuses
55:54 et se délorober au calendrier à cette journée-là,
55:56 ou d'imposer des fêtes religieuses minoritaires à l'ensemble des élèves,
56:00 pour qu'ils s'approprient les références étrangères.
56:04 Et de ce point de vue, ça me fait penser à ce, j'espère ne pas mal le citer,
56:08 mais je trouve certainement que l'esprit est là,
56:10 c'est un ministre ou un secrétaire d'État sous Nicolas Sarkozy
56:13 qui avait dit que l'intégration, ça va fonctionner
56:15 quand des jeunes Français catholiques,
56:16 enfin quand les parents catholiques appelleront leurs enfants Mohamed.
56:19 Autrement dit, c'est l'inversion du devoir d'intégration
56:22 qui est le point culminant de la société inclusive.
56:25 Ayons tout ça à l'esprit.
56:26 - Donc finalement, on neutralise les fêtes chrétiennes
56:29 et on célèbre les fêtes religieuses non chrétiennes.
56:32 - Ah ben oui, parce que ça c'est intéressant.
56:33 Parce que là, on voit, qu'est-ce qu'on en a beaucoup parlé,
56:36 c'est ce qu'on pourrait appeler la ramadanisation du calendrier.
56:39 C'est-à-dire, alors qu'il faut chasser les fêtes religieuses chrétiennes
56:42 ou se moquer du christianisme, ou se moquer de tout ce qui touche
56:45 d'une manière ou de l'autre à l'imaginaire du christianisme,
56:47 au même moment, on met de l'avant, de manière très fière,
56:51 décomplexée, conquérante, tout à fait fière,
56:53 les fêtes religieuses issues de la diversité, issues des minorités.
56:57 Et là, on l'a vu en Écosse notamment,
56:59 avec le premier ministre écossais, Humza Yousaf,
57:02 qui a fait l'appel à la prière, donc le musulman,
57:05 à partir des bureaux du premier ministre en Écosse.
57:08 Alors, Humza Yousaf, c'est l'homme qui a fait les lois
57:11 sur interdisant les propos haineux à la maison en Écosse,
57:14 mais aujourd'hui, par ailleurs, il y a des gens qui s'en inspirent
57:16 ailleurs en Europe. C'est l'homme qui avait, au moment de Black Lives Matter,
57:21 il avait fait le décompte de toutes les figures qui comptaient
57:23 dans l'espace public écossais en disant "This man, white".
57:26 Donc, il classait les gens selon la couleur de la peau,
57:28 et il en arrivait à l'idée qu'il y avait trop de blancs.
57:30 Et là, dans cette logique, qu'est-ce qu'il fait?
57:32 Il dit qu'il faut effacer la culture du pays d'accueil,
57:35 quitte à la réduire d'ailleurs à une couleur de peau,
57:38 premier élément, mais de l'autre côté, il célèbre une culture
57:42 qui n'est pas ce qu'on pourrait dire la culture traditionnelle écossaise,
57:45 et il la place au cœur de l'espace public.
57:47 Et alors là, on a des sociétés écartelées comme jamais.
57:50 Écartelées parce qu'on a hier, c'était le 31 mars hier,
57:53 il y avait une fête qui était célébrée un peu partout dans le monde occidental.
57:56 Je ne pense pas que c'est une fête encore populaire,
57:58 mais c'est ce qu'on appelle la "Trans Day of Visibility",
58:01 la journée de la visibilité maximale, entre guillemets,
58:04 des trans pour qu'ils puissent accéder à l'espace public.
58:07 Et ils ont d'ailleurs leur propre...
58:09 Il y a un nouveau calendrier liturgique aujourd'hui en Occident, vous le noterez.
58:12 Un calendrier liturgique dont on fait les fêtes de telles minorités,
58:14 les fêtes de telles persécutions,
58:15 et chaque fois sous le signe de la repentance occidentale,
58:18 l'Occident doit s'excuser d'exister.
58:20 On ne célèbre notre histoire, là on se détache du religieux,
58:23 on ne célèbre l'histoire que pour s'en excuser,
58:25 on ne célèbre l'histoire que pour s'en détacher,
58:27 on ne célèbre l'histoire que pour la déconstruire,
58:29 on ne célèbre l'histoire pour dire qu'on ne ressemble plus à nos ancêtres,
58:32 on ne célèbre l'histoire que pour s'en détacher le plus possible.
58:35 Et ayant fait tout cela,
58:37 eh bien on célèbre aussi les fêtes issues de la diversité,
58:40 dont le Ramadan, au point en Écosse de voir le Premier ministre
58:43 lancer un appel à la prière du bureau du Premier ministre.
58:46 Je tends à croire que dans quelques années,
58:49 eh bien toutes ces fêtes un peu loufoques issues du régime diversitaire
58:53 vont finir par tomber les unes les autres.
58:55 Les fêtes chrétiennes auront été neutralisées une fois pour toutes,
58:58 et les fêtes nouvelles liées par exemple à celles qu'on a vues en Écosse
59:01 elles prendront un espace croissant en Occident.
59:04 On l'a vu à Francfort, on l'a vu à New York, on le voit un peu partout.
59:07 À l'échelle de l'histoire, on pourrait dire que c'est le point culminant du choc des civilisations.
59:11 Merci beaucoup Mathieu, et merci à tous les trois, Marc, Gabriel et Dimitri,
59:15 d'avoir été les chroniqueurs de ce Face à l'Info.
59:17 Demain bien sûr vous retrouverez Christine Kelly.
59:20 Et tout de suite je vous laisse avec Pascal Praud et ses invités pour l'heure des pro 2.
59:24 merci à bientôt !