Face à l'Info (Émission du 04/01/2024)

  • il y a 7 mois
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
Transcript
00:00:00 Bonsoir à tous, très heureux de vous retrouver en ce jeudi soir pour Face à l'Info en direct jusqu'à 20h.
00:00:07 C'est la dernière de la semaine, la dernière pour moi, petite pointe d'émotion quand même parce que vous allez retrouver bien sûr notre chère Christine Kelly nationale dès lundi prochain.
00:00:15 Donc beaucoup beaucoup de joie.
00:00:17 L'expérience vous a plu ?
00:00:18 Ah énormément Marc, vraiment il y a quelque chose qui s'est noué entre nous qui est désormais absolument indéfiniment.
00:00:23 On va faire un point sur l'actualité comme chaque soir avec Simon Guillain et on se retrouve pour présenter le sommaire et saluer de nouveau nos chroniqueurs du soir.
00:00:31 Bonsoir Julien et bonsoir à tous.
00:00:33 Le groupe Etat Islamique revendique l'attentat qui a fait 84 morts en Iran.
00:00:37 Une double explosion s'est produite hier près de la tombe du général Qasem Soleimani qui est l'ancien architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient.
00:00:45 L'Etat Islamique indique que deux de ses membres ont activé leur ceinture explosive.
00:00:50 Près de 5000 étrangers délinquants ont été expulsés du territoire français en 2023, soit une hausse de 30% par rapport à l'année précédente.
00:00:58 Selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, la loi immigration permettra d'augmenter considérablement ces expulsions.
00:01:04 Et puis ce constat, les français font de moins en moins d'enfants entre janvier et novembre de l'année dernière.
00:01:10 Le nombre de naissances a reculé de 6,8% par rapport à l'année précédente.
00:01:14 On compte ainsi 45 000 naissances de moins donc par rapport à 2022.
00:01:19 Et sachez que depuis 2011, le nombre de naissances a reculé chaque année en France à l'exception de 2021.
00:01:26 Merci beaucoup Simon.
00:01:29 Au summer de Face à l'info ce soir, la préfecture du Rhône a annoncé mardi qu'elle reprend à 7 communes compétences en matière de permis de construire des logements sociaux.
00:01:39 En cause, le non-respect de la loi solidarité et renouvellement urbain qui oblige les communes de plus de 3500 habitants à disposer d'au moins 25% de logements sociaux.
00:01:49 La préfecture rappelle que 100 000 demandes ont été déposées l'an passé dans le département et que moins d'une demande sur dix aboutit derrière le caractère apparemment technique.
00:01:59 C'est vrai, de cette querelle se trouve un véritable fossé entre deux visions de la France et de la démocratie.
00:02:04 Tel est le sujet du premier édito ce soir de Mathieu Boquecote.
00:02:08 Si rien n'est acté, certaines personnalités sont déjà évoquées pour reprendre le poste d'Elisabeth Borne.
00:02:13 Le report du conseil des ministres qui devait se tenir hier a relancé la rumeur d'un remaniement potentiel du gouvernement.
00:02:18 Fragilisé par l'épisode du projet loi immigration, l'exécutif pourrait en effet subir quelques changements y compris au poste de premier ministre.
00:02:25 S'il ne s'agit que d'hypothèses, des noms ressortent de plus en plus pour une éventuelle arrivée à Matignon.
00:02:30 Quand interviendra le remaniement gouvernemental ? Avec qui et surtout pour quoi faire ?
00:02:34 Guillaume Bigot a mené l'enquête. Marc Menand nous propose un édito à croquer ce soir.
00:02:40 L'épiphanie, vous le savez, approche à grands pas. Cette fête chrétienne qui marque la manifestation de Jésus au roi mage, c'est durant cette journée.
00:02:47 Et tout le mois de janvier, pour les plus gourmands, que l'on pourra manger la galette des rois, mais au-delà du fait d'attiser notre gourmandise,
00:02:53 l'épiphanie raconte une histoire, une tradition. Et ce soir, c'est donc Marc qui a la fève.
00:02:58 Le ministre de l'Intérieur veut taper plus fort sur les livraisons de drogue à domicile à Marseille.
00:03:04 Appelé plus fréquemment les "Uber Cheat". Pour combattre cette pratique, le ministre annonce le renfort de la police d'Internet,
00:03:10 mais aussi un contrôle systématique des livraisons de repas à domicile. Pour quelle efficacité ?
00:03:15 La Villerne dira à quoi répond ce type de trafic concrètement. Comment fonctionne-t-il ? Quels sont les enjeux qui y sont liés ?
00:03:21 Charlotte Dornelas nous éclaira dans la deuxième partie de Face à l'Info. Et puis alors que des faits divers, toujours plus sordides,
00:03:28 saturent de plus en plus souvent l'espace médiatique jusqu'à en devenir d'ailleurs des faits de société,
00:03:32 la gauche, elle, marche sur un fil et a beaucoup, beaucoup de mal à commenter ou condamner des actes qui sortent du cadre de sa grille de lecture de la société.
00:03:41 Pour la bien-pensance, commenter les faits divers, c'est les instrumentaliser, donner une vision de la société de droite.
00:03:47 Alors que faire ? Selon le journal Libération, la gauche voudrait désormais mobiliser ses propres faits divers.
00:03:53 De quoi cette étrange nouvelle est-elle le nom ? Mathieu Bobcoté nous répondra en fin d'émission.
00:03:58 Voilà pour le sommaire. Je salue une nouvelle fois nos chroniqueurs du soir, le Carédas, les Mousquetaires de Christine, Marc Menand, bonsoir.
00:04:06 - Bonsoir, Mathieu. - Bonsoir, Julien. - Merci d'être présents, évidemment.
00:04:09 Guillaume Bigot, tout en élégance. Que dire du costume 3 pièces désormais légendaire de Mathieu Bobcoté ?
00:04:14 - Désormais légendaire. - Désormais légendaire. - Ce n'est jamais le même, c'est ça qui est fascinant.
00:04:18 - Vous dites ? - Ce n'est jamais le même. - Non, c'est vrai. Il y a une garde-robe, ça prend une pièce entière apparemment.
00:04:23 La légende dirait qu'il y a une pièce entière réservée pour les costumes.
00:04:27 Mathieu, plus sérieusement, on apprenait, on commence avec vous bien sûr comme chaque soir, on a appris le 1er janvier
00:04:32 que la préfète du Rhône a entrepris de sanctionner sévèrement cette municipalité qui ne respecte pas les obligations de construction de logements sociaux
00:04:41 ou comme on dit autrement de mixité sociale. Le lendemain, la ville de Saint-Génie-le-Val annonçait riposter en poursuivant en justice la décision de la préfecture.
00:04:50 Derrière le caractère, c'est vrai, technique de cette querelle se trouve quand même un véritable sujet entre deux visions de la France, deux visions de la démocratie.
00:04:58 C'est le sujet de ce premier édito.
00:05:00 - En fait, c'est un sujet faussement technique. C'est la question de la construction. Je résume l'état d'esprit.
00:05:06 On dit qu'il y a des demandes, des besoins de logements sociaux très nombreux et ce besoin très large dans le pays.
00:05:13 A partir de là, chacun devrait faire sa part. Chacun devant faire sa part, chacun doit accepter sur le territoire de commune avec un certain nombre d'habitants,
00:05:23 3 500 je crois, la nécessité de construire un nombre significatif de logements sociaux pour répartir l'effort national de prise en charge des désœuvrés.
00:05:31 - Exactement. - Mais pas seulement des désœuvrés, parce que les logements sociaux, qui historiquement avaient une fonction, oui, pour soutenir les plus faibles,
00:05:37 se sont multipliés et sont aujourd'hui une composante à part entière du parc d'habitation du pays.
00:05:42 Ça, c'est le principe. Ensuite, Fabienne Buccio, que la préfète du Rhone a dit dans mon tour de Lyon,
00:05:51 cette ville ne fait pas le travail, cette ville n'accepte pas leur part de logements sociaux et dès lors, elle a décidé de renoncer à la posture pédagogique
00:06:02 et elle est sur la posture désormais punitive. Elle dit « vous allez devoir les construire et pour cela, non seulement je vais vous les imposer,
00:06:09 mais je reprends un pouvoir qui était le vôtre pour vous imposer la construction de ces logements sociaux auxquels vous résistez ».
00:06:17 Alors cette ville, et je précise, c'est une chose assez importante, elle dit « les permis de construire de logements collectifs ».
00:06:24 Globalement, ça appartient aux villes, ça appartient aux communes, ça appartient aux municipalités.
00:06:28 Elle dit « je le reprends. C'est moi désormais, ce sont les autorités de l'État qui vont distribuer ces permis et on comprend derrière cela,
00:06:35 on va les distribuer beaucoup plus généreusement en se délivrant de l'égoïsme municipal supposé de ces villes qui ne sont pas encore au courant
00:06:44 que la diversité de ce point de vue des logements est une richesse absolue de ce point de vue ».
00:06:49 Plus encore, la préfète dit qu'elle va utiliser une forme de fonction financière, de pénalisation financière sur les villes pour les punir en fait.
00:07:01 Une politique punitive explicite pour dire « vous allez désormais prendre votre responsabilité ».
00:07:06 Autrement dit, si vous n'acceptez pas la consigne de l'État en matière de logements sociaux, non seulement on vous retire des pouvoirs,
00:07:11 mais en plus vous allez en payer le prix sur le plan des taxes, impôts, etc. La politique est assez claire.
00:07:18 D'un point de vue de gauche, celui de la majorité des médias, mais pas de la majorité de la population, on présente ça comme un enjeu de justice sociale.
00:07:26 Les riches doivent aider les pauvres qui doivent se faire aider par les riches. Est-ce que c'est véritablement de ça dont nous parlons ici ?
00:07:34 La réponse est assez claire, pas du tout. Ce n'est pas de logements sociaux, de répartir l'effort national.
00:07:40 On parle dans les faits d'implanter à travers les logements sociaux, ça correspond à l'intégration d'une communauté issue de l'immigration dans chaque ville commune
00:07:49 à laquelle on prête la capacité de l'accueillir. Ce qui implique une transformation de sa composition sociale, de sa composition démographique,
00:07:58 de sa composition culturelle, à la lumière d'une expérience partagée. C'est lorsqu'on construit de tels logements de manière précipitée dans une ville,
00:08:08 une municipalité, ça correspond à peu près systématiquement à la construction d'un ghetto.
00:08:13 Donc qu'est-ce qu'on nous dit finalement ? C'est que sous prétexte de répartition de l'effort, il y a cette idée que chaque ville désormais qui espérait se protéger
00:08:20 d'une manière ou de l'autre, les contorsions techniques ou administratives existaient, chaque ville qui espérait se protéger ne peut plus le faire.
00:08:28 Chaque ville doit accepter l'implantation d'un ghetto chez elle de manière assez, je le dis de manière assez brutale, mais je crois en échange que c'est une manière assez exacte de dire les choses.
00:08:37 On le sait, soit dit en passant, quand la composition démographique, culturelle et sociale d'une ville change, il y a aussi une baisse généralement admise
00:08:45 de la sécurité et de la civilité. Donc c'est pas parce que les gens manquent de cœur qu'ils disent « de grâce, pas trop de logements sociaux chez nous »,
00:08:52 c'est parce qu'ils disent « nous avons vu à l'extérieur, nous avons vu ailleurs ce que voulait dire la transformation accélérée d'une ville sous cette pression démographique, culturelle et sociale,
00:09:01 et dès lors nous voulons éviter que notre ville elle-même rejoigne le mouvement national vers la neuftroïisation de la France, disons ça de cette manière.
00:09:10 Ensuite, ce qui est particulier, c'est que ça s'inscrit dans une logique plus vaste. Rappelez-vous l'idée de répartition des migrants.
00:09:16 Là, on parle pas des logements sociaux. La répartition des migrants avec l'installation des CRAS un peu partout.
00:09:21 Centre de rétention administrative.
00:09:22 Voilà. Et qu'est-ce qu'on voit ? Eh bien, il y a une réaction très vive normalement. Chaque fois qu'on veut en imposer un, la population locale se mobilise en disant « non merci, nous ne voulons pas de cela ».
00:09:33 Et qu'est-ce qu'on voit sur ce temps passant ? Les manifestations pour s'opposer à l'implantation des CRAS sont de plus en plus souvent interdites.
00:09:40 On l'entend. Donc la mobilisation populaire, démocratique, pour s'opposer à l'implantation d'un centre qui dans les faits transforme fondamentalement la vie d'une région, d'un territoire, dans le terme générique,
00:09:50 eh bien, elles sont de plus en plus souvent interdites. Pourquoi ? On s'en souvient, à Réalemont, si je ne me trompe pas, l'argument utilisé par le préfet à cet endroit,
00:09:57 ce sont les manifestations organisées par ce qu'ils appellent l'extrême droite. Dès lors, si c'est l'extrême droite qui organise ça, ce n'est pas permis, manifestation interdite.
00:10:07 Dans la même logique, n'oubliez pas que l'interdiction, souvent, de manifester contre l'insécurité, parce que c'est la fameuse circulaire dont on parle depuis un an,
00:10:15 qui justifie l'interdiction de manifestations, de colloques, et ainsi de suite. Et si vous faites un lien entre immigration et insécurité autour d'un événement, on peut aussi décider d'interdire cette manifestation.
00:10:24 Donc, il faut avoir tout cela en tête pour comprendre que c'est un dispositif autoritaire qui se met en place aujourd'hui, pour forcer chacun, non pas à prendre sa part de l'effort national,
00:10:34 ainsi présenté, ce serait presque gaulliste, mais dans les faits, chacun doit aujourd'hui participer à la grande transformation démographique de la France,
00:10:43 et il s'agit d'une transformation imposée, forcée, et les pouvoirs locaux, qui sont souvent des pouvoirs plus démocratiques, quoi qu'on en dise, que le pouvoir administratif,
00:10:51 on vient de voir que le pouvoir local a été maté, le pouvoir local a été cassé par une autorité administrative qui se croit supérieure,
00:10:58 et qui, au nom du bien de la France, décide de casser le droit de chacun à vouloir avoir une ville qui lui ressemble un peu.
00:11:03 Autrement dit, Mathieu, ce qui semble très clair, c'est que derrière cette décision de la préfète Duron, on trouve une vision très orientée du rôle de l'État.
00:11:10 Ah ben oui, c'est que l'État, et ça je pense que c'est quelque chose d'absolument fondamental, et j'y reviendrai dans un instant,
00:11:16 est-ce que l'État, sa fonction, c'est d'organiser les paramètres d'une société pour favoriser ensuite la libre interaction d'individus que l'on suppose majeurs,
00:11:24 avec une culture qui les anime, ou est-ce que ça consiste à construire cette société, la construire de force, la planifier sous le signe de l'ingénierie sociale ?
00:11:33 Je reviendrai en dernière partie, mais je pense que là, ce qu'on voit, c'est l'État qui se dit « je vais construire une France qui résiste à sa reconstruction ».
00:11:41 Donc l'État déconstruit pour reconstruire, et à ceux qui s'opposent à cette déconstruction-reconstruction, il utilise de la censure.
00:11:50 Et là on le voit, je l'évoquais hier, mais je ne peux m'empêcher d'y revenir tellement c'est important.
00:11:54 Aujourd'hui, rappelez-vous, c'était il y a quelques temps, d'un côté, manifestations clandestines qui s'opposent à la loi immigration,
00:12:02 de l'autre côté, des gens qui veulent s'opposer à l'immigration massive, et eux, manifestations interdites.
00:12:07 Donc des clandestins peuvent manifester librement, clandestin par définition, t'as pas le droit d'être ici bonhomme,
00:12:13 et de l'autre côté, un citoyen français qui veut s'opposer, dans l'exercice de ses droits civiques, à la transformation en profondeur des identités de son pays,
00:12:20 de lui, il est interdit. Alors qu'est-ce qu'on voit derrière ça ? C'est que l'État ne résiste pas à l'immigration massive.
00:12:26 L'État n'est pas sans pouvoir. L'État n'est pas sans pouvoir. C'est simplement que l'État considère que son pouvoir, il doit l'utiliser pour pénaliser,
00:12:34 pour diminuer, pour casser, administrativement, juridiquement, financièrement, ceux qui s'opposent à l'immigration massive, ceux qui veulent résister.
00:12:41 C'est une qu'idéologique, finalement.
00:12:43 Ah oui, il n'y a pas de doute là-dessus, c'est une orientation idéologique très fixée, avec cette particularité, mais ce n'est pas seulement en France,
00:12:49 mais peut-être un peu plus en France, l'écart entre les préférences idéologiques de la classe dominante et les préférences politiques ou idéologiques de la grande majorité de la population,
00:12:57 cet écart est de plus en plus marqué. Je note, soit dit en passant, ça nous ramène toujours à la question de l'immigration,
00:13:03 est-ce qu'il s'agit d'une fatalité ou d'un projet. Moi, j'ai longtemps été de l'école qui disait que c'est une forme de fatalité, on n'y peut rien,
00:13:09 enfin, on peut faire tout ce qu'on peut pour la contenir, mais en tant que telle, elle n'est pas désirée par nos élites.
00:13:15 Nos élites cherchent à faire ce qu'elles peuvent devant un mouvement qui les dépasse.
00:13:18 Et je suis un peu en train de changer d'idée en la matière, parce que qu'est-ce qu'on voit, avec le discours explicite de l'Union européenne,
00:13:23 qui fait de l'immigration massive un projet, quand on a nos gouvernements qui disent « on va répartir les migrants dans la population,
00:13:29 et on va développer, rappelez-vous, on en avait parlé sur ce plateau, on va développer des soviets de la diversité en quelques lieux,
00:13:35 des espèces de villes idéales, ou si vous préférez, des kibbutz de la diversité idéale, voilà comment ça fonctionne ici,
00:13:41 des villages modèles de la diversité réussie. On a aussi des organisations qui développent des guides de communication pour le commune immortel,
00:13:48 pour être capable d'expliquer aux ruraux, apparemment teintus, qu'on présente comme des bouseux, on leur dit « vous voulez pas d'immigration massive ?
00:13:54 c'est pas grave, on va vous expliquer pourquoi c'est une bonne chose, on prépare un petit guide pour rentrer dans la tête des ruraux,
00:13:59 pourquoi devenir le 9-3, c'est l'horizon désiré de la France. Alors quand on a tout ça en esprit, on constate que l'État n'est pas aussi faible qu'on le dit en France,
00:14:08 c'est simplement qu'il est fort envers les Français, et plutôt faible envers ceux qui ne respectent pas nécessairement les droits des Français.
00:14:13 Vous avez parlé d'inversion de la fonction de l'État, qu'est-ce qu'il y a véritablement derrière cette notion ?
00:14:19 Alors, je vais forger un terme qui va sembler un peu barbare, je parlerais de jacobinisme thérapeutique.
00:14:24 Qu'est-ce que j'entends par là ? L'État jacobin, je le disais, qui veut construire la société sous le signe d'une volonté,
00:14:30 c'est-à-dire la volonté de faire, et la société finalement c'est ce qui résiste à l'État, et l'État a vocation à supplanter la société.
00:14:36 Thérapeutique pourquoi ? On parle aujourd'hui en sciences sociales souvent de l'État thérapeutique.
00:14:40 L'État thérapeutique c'est l'État qui considère que la population est composée globalement de gens qui sont sous-éduqués,
00:14:46 qui n'ont pas la compétence civique suffisante pour vivre en démocratie, et qu'il faut rééduquer et orienter à temps plein
00:14:52 pour en faire des citoyens un jour dignes de la démocratie, mais nous n'y sommes pas encore, donnons le pouvoir aux experts.
00:14:57 Et il y a un numéro assez intéressant, Valor Actuel, qui sort "Les Baby-sitter", c'est le titre, sur l'État nounou.
00:15:03 Et c'est assez intéressant, pourquoi ? Parce qu'on voit là où l'État met son pouvoir aujourd'hui.
00:15:08 L'État met son pouvoir, nous expliquer, et de manière assez autoritaire. De quelle manière manger, quoi manger, quoi boire.
00:15:14 Nous dit de quelle manière penser, quelle pensée on doit avoir, quelle arrière-pensée on ne doit pas avoir.
00:15:19 Les conditions pour rénover notre logement, reste au détail. De quelle manière, si on se fie aux normes européennes,
00:15:24 rappelez-vous c'est tout récent, de quelle manière assurer la boîte de bois pour le camembert.
00:15:28 L'État va avoir une opinion sur la boîte de bois pour le camembert, c'est quand même exceptionnel.
00:15:32 À quelle heure faire notre lavage ? On l'a vu pendant la question de la pandémie, rappelez-vous de ça.
00:15:36 Je donne des exemples nord-américains qui sont intéressants aussi, pendant la pandémie, c'est mon exemple préféré,
00:15:40 parce que jamais on aurait imaginé l'État aller aussi loin. C'est la santé publique de la ville d'Ottawa qui disait
00:15:45 « si vous voulez vraiment faire l'amour pendant la pandémie, de grâce mettez un masque lorsque vous faites l'amour,
00:15:49 parce que ça va vous éviter la contagion ».
00:15:52 Alors ce qui est intéressant là-dedans, c'est de voir, on prend des exemples un peu partout,
00:15:56 le pouvoir immense que s'accorde l'État d'entrer dans l'intimité. Un pouvoir qui se fait très autoritaire, très directif,
00:16:03 qui réglemente jusqu'à l'intime, jusqu'aux parties intimes dans les circonstances, un État qui se permet de réguler tout,
00:16:09 mais qui devant les grands mouvements historiques auxquels il devrait s'opposer, ou qu'il devrait chercher à maîtriser,
00:16:14 de ce point de vue, non seulement il ne s'y oppose pas, mais il les accélère.
00:16:18 Et de ce point de vue, même sur le point de vue de la question de la fiscalité, c'est assez intéressant.
00:16:22 La fiscalité, c'est une question qui peut sembler technique. Jusqu'au jour où on a l'impression de se faire dévaliser par le fisc.
00:16:27 Et qu'est-ce qu'on entend par là? C'est que la fiscalité n'a pas cette fonction aujourd'hui de donner des moyens à l'État
00:16:32 pour exercer ses fonctions régaliennes. Au contraire, c'est pour orienter les comportements des uns et des autres.
00:16:37 On va taxer davantage le foncier que les valeurs mobilières. Pourquoi? Pour décourager l'enracinement,
00:16:42 pour décourager le fait d'avoir des propriétés, alors qu'on veut une citoyenneté mobile, une citoyenneté fluide,
00:16:47 une citoyenneté déracinée, et ainsi de suite. Donc, il va falloir prendre au sérieux ce que nous propose de faire David Lyssenhaar.
00:16:52 Je le dis d'un mot en une seconde. David Lyssenhaar, dans une tribune, dit qu'il faut quand même demander,
00:16:57 cesser de demander à l'État, cette espèce de père bureaucrate ou de maman nounou, qui nous dit exactement quoi faire.
00:17:03 Ne consommez pas trop, ne buvez pas trop, ne mangez pas trop, et ainsi de suite.
00:17:07 Redonner un peu d'oxygène au commun des mortels. Mais je constate que lorsqu'on décide justement de dire
00:17:13 « Vous allez à tout prix avoir votre ghetto chez vous, au nom de la solidarité diversitaire »,
00:17:18 on est assez loin de cet idéal de liberté.
00:17:20 Merci beaucoup, cher Mathieu Bockcôté. Vous savez que pendant que je vous écoutais, il y a de très nombreux téléspectateurs,
00:17:24 ça vous le savez, je ne vous l'apprends pas, qui vous suivent chaque soir. Parmi eux, le député Renaissance,
00:17:29 Karl Oliv, qui m'a écrit pendant votre édito et qui a été interpellé par votre chronique.
00:17:34 « Il n'y a pas de mixité sociale sans mixité des logements », nous dit Karl Oliv, qui vous répond.
00:17:39 Il me prend l'exemple de Neuilly, où il y a 7% de logements sociaux, alors qu'à Duny, par exemple, dans le 93, 78%.
00:17:46 Et il nous pose cette question, où est donc la mixité sociale ?
00:17:48 Pourriez-vous en répondre au député Karl Oliv ? Interagissez avec nous en direct et on le salue.
00:17:52 Le concept, un homme pour qui je beaucoup l'estime, soit dit en passant, c'est la part, je dirais, plus que raisonnable de la macronie.
00:17:58 Mais en ces matières, je pense que le concept de mixité sociale est un concept de mixité autoritaire,
00:18:04 qui consiste à forcer à vivre ensemble des gens qui, en tant que tels, ne vivront pas davantage ensemble parce qu'on leur en donne l'ordre.
00:18:10 Ils vont simplement faire l'expérience des communautés qui se frottent les unes les autres et qui se frottent pour se piquer.
00:18:15 Donc, en ces matières, je crois davantage à la mixité sociale lorsqu'elle vient de la société civile, du mouvement naturel des individus les uns les autres,
00:18:23 davantage qu'une forme de mixité imposée. À ce que je comprends, ces 50 dernières années, ça a plus ou moins fonctionné.
00:18:29 Écoutez, vous aurez peut-être l'occasion prochainement d'échanger avec Karl Oliv, qu'on salue de nouveau.
00:18:33 Merci en tout cas pour cette légitimation. Mathieu Bockcôté, Guillaume Bigot, je me tourne vers vous. C'est à votre tour.
00:18:38 Guillaume, on va parler politique. Il y a une petite musique qui se fait de plus en plus grande.
00:18:44 Allons-nous, oui ou non, vers un remaniement ? Et pourquoi ? Tiens, je pourrais poser la question à Karl Oliv.
00:18:49 Je n'espère pas lui faire siffler ses oreilles, parce que je vais le citer de toute façon, puisque c'était exprimé sur le sujet.
00:18:58 Pour commencer, je pense que ce n'est pas un suspense intenable pour les Français, qui de toute façon savent qu'il y a peu de chances qu'il y ait une dissolution,
00:19:06 il y a peu de chances qu'il y ait de référendum, donc ils aillent aux urnes. Donc, c'est quand même, disons, un truc très cadré, ce remaniement.
00:19:12 Mais enfin, les signes se multiplient, Julien. D'abord, il y a le Conseil des ministres de mercredi qui a été annulé.
00:19:18 Ensuite, il y a les vœux d'Emmanuel Macron, où je pense que le président a remercié de manière très appuyée Elisabeth Borne.
00:19:24 Or, comme vous savez, remercier quelqu'un, ça a un peu un double sens.
00:19:27 Ça fait peur. On est remercié par le chef de l'État.
00:19:31 Ça peut, quand on est remercié par son n+1, en général, ce n'est pas nécessairement un très bon signe.
00:19:36 Et puis, il y a le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. Alors, des mauvaises langues pourraient dire que ce que dit le porte-parole du gouvernement,
00:19:42 c'est justement l'inverse qui se passe en général dans la réalité. En tout cas, moi, je vous livre ce qu'il a dit.
00:19:47 Personne n'attend le remaniement. Est-ce que ça veut dire que tout le monde attend le remaniement ? Je ne sais pas.
00:19:51 Moi, en tout cas, il me semble que Gérald Darmanin, ce n'est pas personne, surtout en Macronie.
00:19:56 Et hier, à Marseille, il a surjoué la sérénité et il a pris le risque d'amplifier cette rumeur.
00:20:01 Parce qu'il a dit "je n'ai pas à me poser de questions sur mon avenir".
00:20:05 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que d'autres ont raison de se poser des questions sur leur avenir au gouvernement ?
00:20:09 Ça veut dire que ma mission me dépasse ?
00:20:11 Ça pourrait vouloir dire ça, bien sûr, mais vous savez, je suis très mauvaise langue.
00:20:14 Je pourrais même être porte-parole du... Non, je plaisante.
00:20:17 Inversement, quand même pas à ce niveau-là, de mauvaise foi, je veux dire, la fébrilité de M. Bohn, par exemple.
00:20:24 Ça, c'est aussi un signe très intéressant. Parce que M. Bohn, c'est très intéressant.
00:20:27 Lui, il voulait démissionner. Il voulait démissionner.
00:20:30 Et puis ensuite, il a dit "ah ben non, finalement, je ne veux pas démissionner".
00:20:33 Maintenant qu'il y a des rumeurs de remaniement, ça y est, il est très très accroché à son poste.
00:20:36 Il a dit "j'ai encore plein de choses à faire au gouvernement".
00:20:39 Bon, voilà pour l'ambiance, si vous voulez. Donc effectivement, il y a quelque chose un peu dans l'air, comme ça, qui circule.
00:20:45 Et puis il y a aussi le JDD. J'oubliais le JDD, qui a eu une indiscrétion.
00:20:48 Et on leur a dit, au JDD, qu'un conseiller de l'Elysée, on leur a dit que d'ici la fin du week-end, ce serait fait, il y aura un remaniement.
00:20:55 Maintenant, quelles sont les raisons de ce remaniement ? Les besoins, on peut dire, de remaniement ?
00:20:59 Des raisons qui sont un peu mineures. Peut-être, peut-être, châtier les frondeurs.
00:21:03 Il paraît que ça n'a pas du tout plu au président de la République, cette petite réunion chez M. Bohn.
00:21:06 Donc Mme Rima Abdoul-Malak, Mme Sylvie Rotaillot, hop, peut-être que, voilà, on va en profiter pour les remercier.
00:21:13 Ensuite, il y a Olivier Dussopt, qui pourrait avoir une mauvaise réponse de la justice le 17 janvier, dans une affaire de favoritisme, etc.
00:21:21 Peut-être que ça, c'est de petites raisons mineures. Mais il y a des raisons plus importantes.
00:21:24 Et justement, je peux citer le député Karl Olive, qui résumait ce besoin en disant, le gouvernement...
00:21:31 Alors j'espère, cher Karl Olive, que je... pour qui j'ai beaucoup de respect aussi, je ne vais pas déformer vos propos.
00:21:36 Le gouvernement a besoin d'un choc. Le gouvernement a besoin d'être davantage sur le terrain et davantage à portée d'engueulades.
00:21:42 Donc ça voudrait dire quoi, en clair ? Ça voudrait dire qu'il y aurait peut-être besoin d'un chef de gouvernement moins techno qu'Elisabeth Borne,
00:21:48 et capable de tenir le choc, donc d'éviter une sorte de déculotté aux européennes, au parti du président de la République.
00:21:54 Parce qu'en face, il y a du lourd. Il y a Jordan Bardella, il y a l'ORN qui va être très haut.
00:21:58 Donc probablement donner un coup de barre à droite, en tout cas vers plus de fermeté et plus de régalien.
00:22:02 Probablement désencalminer, si je peux utiliser ce néologisme, la deuxième partie du quinquennat d'Emmanuel Macron,
00:22:09 qui démarre vraiment dans la douleur avec l'immigration et les retraites.
00:22:11 Éviter aussi qu'une guerre de succession, pour après 2027, ne démarre trop tôt.
00:22:16 Et ça peut dessiner en creux, et je vais m'arrêter là sur cette première partie, une sorte de portrait robot de l'homme ou de la femme idéale.
00:22:23 Que ce soit un homme ou une femme nouvelle, qui ait une ligne plus dure, plus régalienne sur les sujets de sécurité, notamment.
00:22:30 Peut-être aussi un sens politique très important, une expérience politique de terrain,
00:22:34 pour éviter justement de prendre une dérouillée aux européennes,
00:22:38 et surtout pour essayer de renouer les fils de la majorité à l'Assemblée nationale,
00:22:42 et peut-être d'être à l'heure du rendez-vous avec la nation fixée par le président.
00:22:45 Vous en avez trop dit ou pas assez, Guillaume ?
00:22:47 À qui correspond ce portrait robot qui est presse senti ?
00:22:50 Disons qu'il y a beaucoup de noms qui circulent, justement en raison de ces rumeurs,
00:22:54 et si on prend le portrait robot, on peut en écarter quelques-uns.
00:22:57 On peut d'autant plus les écarter qu'il pourrait y avoir la vraie surprise,
00:23:01 ce qui pourrait y avoir... Pas de surprise.
00:23:03 Le vrai remaniement, c'est qu'il pourrait y avoir...
00:23:05 Madame Borne pourrait être confirmée dans ses fonctions, ce ne serait pas la première fois.
00:23:08 Et les noms qui circulent, souvent, peuvent être aussi des ballons-sondes.
00:23:11 C'est une technique assez classique en politique, on lance des noms et on voit comment ça réagit.
00:23:14 Et quelqu'un disait, ça pourrait être tout aussi bien la sous-préfète de l'Oise,
00:23:18 autrement dit, quelqu'un qu'on ne connaît pas.
00:23:20 Ça pourrait être aussi une véritable surprise.
00:23:22 Donc, parmi les noms qui circulent, avant de les présenter,
00:23:25 disons qu'il y a aussi un dilemme typique de Matignon,
00:23:27 c'est-à-dire que soit on nomme un collaborateur,
00:23:29 c'est-à-dire quelqu'un sur qui on a la main et qui ne va pas faire d'ombre,
00:23:32 soit on nomme quelqu'un qui a un poids politique par lui-même,
00:23:35 qui pèse politiquement par lui-même, mais qui peut échapper à votre contrôle.
00:23:37 Voilà le dilemme de Matignon.
00:23:39 Julien Denormandie, c'est un premier nom qui circule,
00:23:41 il correspond complètement au collaborateur idéal.
00:23:43 Alors lui, on l'épure du macronisme,
00:23:45 mais peut-être justement qu'il est trop techno par rapport au portrait idéal,
00:23:48 il est trop à gauche, il n'est pas assez régalien,
00:23:50 et peut-être pas assez politique, et d'ailleurs il est retourné vers le privé en 2022.
00:23:54 Donc je pense qu'il n'est en plus pas assez connu,
00:23:56 on peut passer au candidat suivant.
00:23:58 C'est aller vite.
00:23:59 Candidat suivant.
00:24:00 Il faut aller vite, c'est la vie politique.
00:24:02 Donc Gérald Darmanin.
00:24:03 Deuxième cas.
00:24:04 Alors lui, c'est l'inverse.
00:24:05 Alors lui, c'est vraiment la star du gouvernement,
00:24:08 c'est celui qui pèse, c'est presque un rival déclaré,
00:24:11 peut-être pas pour le président de la République, évidemment,
00:24:13 mais en tout cas, c'est quelqu'un qui est sur les starting blocks pour 2027,
00:24:16 il n'en fait pas vraiment mystère.
00:24:18 Il serait idéal pour incarner le virage à droite, ça c'est sûr.
00:24:21 Il serait, à mon avis, tiendrait le choc aux européennes face à Bardella.
00:24:24 Est-ce qu'il ne prend pas trop la lumière ? Pose la question.
00:24:26 C'est déjà quasiment irrépondre.
00:24:29 Ce qu'on peut dire aussi, c'est qu'il y a un inconvénient Darmanin,
00:24:32 ce qui serait peut-être un chouïa trop à droite,
00:24:34 par rapport à la gauche de la Macronie, à maintenir l'unité de la Macronie,
00:24:37 et surtout, l'inconvénient, c'est qu'il est un peu grillé avec Eler.
00:24:41 Les gens d'Eler ne peuvent plus vraiment le voir en peinture.
00:24:44 Donc, vous voyez, ça serait un peu compliqué.
00:24:45 Et puis, peut-être qu'il est aussi victime de son succès Placebovo.
00:24:48 C'est-à-dire que c'est vraiment, il incarne complètement ce rôle de premier figue de France,
00:24:52 un peu comme le faisait Charles Pasqua, or les dossiers sécuritaires, on le sait,
00:24:55 ils sont très lourds, ils sont très graves, il y a les Jeux Olympiques qui se profilent.
00:25:00 Et il y a peut-être le juste équilibre, c'est le troisième nom, c'est-à-dire Gabriel Attal.
00:25:04 Gabriel Attal, lui, évidemment, tout aussi connu que Darmanin, plus populaire que Darmanin,
00:25:08 et tout aussi macroniste et tout aussi loyal que de Normandie.
00:25:12 Plus jeune que de Normandie, il a 34 ans, il est tout de même très expérimenté politiquement,
00:25:17 il a presque un côté un peu surdoué politique, il vient du PS,
00:25:20 donc il peut maintenir l'unité d'Amacronie, et il a montré à l'éducation nationale
00:25:24 qu'il était capable d'être à poing, d'avoir de l'autorité et de la fermeté,
00:25:27 ce qui pourrait incarner le virage régalien.
00:25:30 Le problème, c'est que, justement, c'est peut-être un peu le fils prodigeux et pas prodigue de la Macronie.
00:25:35 Donc, si la Macronie ou le macronisme veut survivre après 2027,
00:25:38 peut-être qu'il faudrait songer à ne pas le griller trop rapidement dans l'enfer de Matignon.
00:25:43 Inversement, qui a vraiment des chances ?
00:25:46 Je pense que...
00:25:48 Excusez-moi, l'actualité est tellement haletante que je reprends mon souffle.
00:25:53 On peut évoquer trois derniers noms qui circulent.
00:25:58 Et je pense que les deux derniers sont plus, à mon avis, plus plausibles que le premier.
00:26:02 Le premier, c'est Christophe Béchu.
00:26:04 Christophe Béchu, c'est le ministre d'écologie. Il a 49 ans.
00:26:07 Voilà, on le voit à l'antenne.
00:26:09 - Il est sur le terrain aujourd'hui, dans le Pas-de-Calais, d'ailleurs.
00:26:11 - Exactement. Justement, ça tombe bien parce qu'il coche le côté terrain.
00:26:15 C'est quelqu'un qui a été blanchi sous le harnais du militantisme et de la politique locale.
00:26:19 Il a gravi tous les échelons. Il a été maire. Il a été président du Conseil général.
00:26:23 Il a été député européen. Il a été sénateur. Il est le secrétaire général du parti d'Horizon.
00:26:28 Horizon, c'est important pour la Macronie. Ça maintient Édouard Philippe dans le giron de la Macronie.
00:26:33 On ne peut pas dire que ce soit un poids lourd, mais c'est peut-être un poids moyen en politique.
00:26:37 Mais il a un atout, c'est que c'est un grand partisan, c'est un chaud partisan du référendum d'initiative citoyenne.
00:26:43 Alors lui, il préfère dire, ça fait moins gilet jaune, à la californienne.
00:26:46 Bon, pas à la Sainte-Denis, non, à la mode Californie des États-Unis.
00:26:51 Et ça peut être utile pour le président de la République pour se réinventer,
00:26:54 pour son fameux rendez-vous avec la nation.
00:26:55 Le président de la République a déjà évoqué cette question du référendum.
00:26:59 Mais il a aussi un handicap. C'est qu'en son temps, alors il y a vraiment longtemps,
00:27:03 mais enfin tout de même, il était très opposé au mariage pour tous.
00:27:07 Et ça, on sait qu'en Macronie, ça peut être un facteur rédhibitoire.
00:27:10 Ça avait déjà coûté son poste de Premier ministre à Madame Vautrin, qui avait été approchée.
00:27:14 Deuxième candidat, c'est un peu Béchu, en mieux, qui coche à plus de trucs, c'est Sébastien Lecornu.
00:27:20 Sébastien Lecornu, déjà, il est un peu plus connu que Christophe Béchu.
00:27:24 C'est l'actuel ministre de la Défense.
00:27:27 Il a 34 ans, il est un peu plus jeune.
00:27:30 Même parcours, alors vraiment, il a gravé tous les échelons.
00:27:33 Il vient du militantisme, il vient de la politique locale.
00:27:35 On dit de lui que ce serait un nouveau rafarin.
00:27:37 C'est-à-dire que c'est quelqu'un qui serait vraiment très rusé, très madré, très adaptatif.
00:27:42 Donc, il pourrait maintenir la majorité.
00:27:43 Mais en même temps, c'est quelqu'un qui a du caractère, qui est capable de griffer.
00:27:46 C'est un colonel de réserve de la gendarmerie.
00:27:48 Il a fait preuve d'autorité au ministère de la Défense.
00:27:51 Et puis, point très positif pour lui, il a inventé le grand débat.
00:27:54 Autrement dit, il a sorti le président de la République de l'ornière, au moment au pire des Gilets jaunes.
00:27:59 Et il a pu, comme ça, intégrer le premier cercle d'Amacronie.
00:28:02 Le seul inconvénient qu'on pourrait lui connaître, c'est d'abord de ne pas être assez connu du grand public.
00:28:06 Mais enfin, qui connaissait Édouard Philippe avant qu'il soit nommé à Matignon ?
00:28:09 Peu de gens, enfin si, les gens du Havre, voilà.
00:28:11 Et ensuite, autre inconvénient, si on regarde bien aussi, je me suis posé cette question.
00:28:15 En fait, personne n'a été nommé à Matignon qui n'a pas été un serviteur de l'État et un haut fonctionnaire.
00:28:20 C'est le cas de Madame Borde, c'est le cas de M. Philippe, c'est le cas de M. Castex.
00:28:22 Bon, peut-être que ça, ça serait une limite.
00:28:24 Et en tout cas, le troisième et dernier...
00:28:26 - Alors, je... - Suspense !
00:28:27 - Suspense ! On va entretenir l'art du teasing.
00:28:30 Le troisième nom, si vous voulez l'entendre de la bouche de Guillaume Bigot, il va falloir patienter, quoi ?
00:28:35 Deux minutes, à peine, et on revient pour la suite de l'édito.
00:28:38 La pause, Face à l'Info revient.
00:28:40 Nous sommes de retour, comme promis, sur le plateau de Face à l'Info.
00:28:47 On est là, Mathieu Bocoté et Marc Menand, évidemment, au rendez-vous avec Guillaume Bigot,
00:28:50 en étant plein dans cet édito autour du remadiement à venir avant le week-end.
00:28:55 Après, qui sont les favoris, qui sont ceux qui ont le plus de chance ?
00:28:58 Vous aviez trois favoris, on en a vu deux.
00:29:00 On en est au troisième, qui est-il ?
00:29:01 - Suspense, absolument intonable. - Remplacez Elisabeth Borne, bien sûr.
00:29:04 Intonable, je ne vous dis que ça, parce que c'est vraiment quelqu'un qui...
00:29:08 Enfin, un nouveau venu de la politique française, c'est Bruno Le Maire.
00:29:11 Voilà, alors déjà, il n'est pas très nouveau, mais comme renouvellement, on fait mieux.
00:29:16 Et surtout, comme homme de terrain, c'est difficile.
00:29:19 Bon, il a des qualités, il est énarque, il est ancien élève de l'école normale supérieure, il fait des romans, apparemment.
00:29:24 Voilà, à défaut de coucher la Russie, de mettre la Russie à genoux.
00:29:30 Mais pour le terrain, on repassera.
00:29:33 - On ne pourrait pas vous empêcher. - Ah, donc je n'ai rien dit, je dis que...
00:29:35 - Non, mais c'est très bien, allez-y. - ... il fait des romans.
00:29:37 Moi, je pense simplement que là, évidemment, on est dans le cadre de quelqu'un qui a un poids politique par lui-même.
00:29:43 Pour retenir sérieux, indiscutablement, le président de la République, est-ce qu'il prendrait un risque ?
00:29:48 Moi, je crois que, intuitivement, je pense que le président de la République fait davantage confiance politiquement à Bruno Le Maire qu'à Gérald Darmanin.
00:29:57 Parce qu'il y a quelque chose qui est de... Enfin, il y a quelque chose peut-être de plus technocratique et de moins tarabiscoté, disons, chez Bruno Le Maire.
00:30:09 Ensuite, il y a aussi l'avantage d'incarner une continuité quand même sur le plan économique.
00:30:14 Parce que je pense que le président de la République, s'il veut changer des tas de choses, c'est sûrement pas la partie économique qu'il revendique avec un bon bilan de son point de vue.
00:30:22 Et puis, à la différence de Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, l'autre poids lourd du gouvernement, il y reste en très bon terme avec Heller.
00:30:28 Donc ça, c'est absolument fondamental pour la suite des événements.
00:30:31 Indiscutablement, son expérience gouvernementale, son expérience politique, son côté chef d'équipe, ça pourrait faire un vrai Premier ministre.
00:30:37 D'autant plus un vrai Premier ministre. Et là, ce serait vraiment le choc qu'il n'a pas fait mystère, Bruno Le Maire, du fait qu'il était tout à fait favorable à revenir à l'équilibre traditionnel de la Ve République.
00:30:49 C'est-à-dire un Premier ministre qui gouverne, qui dirige le gouvernement, et un président de la République qui préside.
00:30:56 Ça voudrait dire donc qu'Emmanuel Macron cesse d'être un Premier ministre XXL, en quelque sorte. Voilà.
00:31:01 Un dernier mot avant cet éventuel remaniement. Donc, il y a des risques à remanier, également, Guillaume Bigot. Comment pourrait-on définir un remaniement raté ?
00:31:10 D'abord, je ne sais pas s'il peut être réussi pour une raison simple. Encore une fois, ce n'est pas en changeant les acteurs qu'on change le scénario et qu'on change le film.
00:31:19 Ça, c'est sûr et certain. Donc, ça va être quand même très limité s'il n'y a pas vraiment une redéfinition en profondeur.
00:31:25 Justement, un remaniement sans changement de cap, je pense que ce serait un remaniement un peu pour rien.
00:31:31 C'est Jérôme Fourquet, ce matin, sur cette antenne, qui expliquait que les Français ne voient aucun intérêt, les sondages le disent, à un jeu de chaises musicales.
00:31:37 Un remaniement qui serait justement un jeu de chaises musicales sans nouvelle stratégie.
00:31:41 Et les Français, à l'inverse, plébiscitent plutôt la méthode Gabriel Attal, c'est-à-dire de poser un diagnostic vraiment sans concession pour trouver des solutions qui relèvent un peu de tabous,
00:31:51 de choses qui n'ont jamais été faites jusqu'à présent. Ça, ça pourrait éventuellement marcher.
00:31:55 Moi, à mon avis de citoyen, c'est peut-être que le président de la République ferait mieux d'expliquer quel est son cap, peut-être même de fixer un cap.
00:32:02 Ça serait vraiment très, très, très disruptif. Depuis 2017, on aurait enfin un cap.
00:32:06 Dire quel est le cap aux Français qu'il choisit et puis, une fois que ce cap est fixé, nommer un gouvernement ou un Premier ministre qui correspond à ce cap.
00:32:15 Quant au rendez-vous avec la nation, je pense que là, c'est un peu le rendez-vous de la dernière chance.
00:32:19 - Suspense, suspense. Donc, on verra peut-être d'ici la fin du week-end si Emmanuel Macron décide, depuis le palais de l'Elysée, d'effectuer des changements au sein de son gouvernement.
00:32:29 Merci beaucoup, cher Guillaume Bigot. Le troisième édito de la soirée, évidemment, comme chaque soir, je me tourne vers vous, Marc. Ça va ?
00:32:35 - Très bien. Un peu prat comme toujours, forcément. - Oui, je comprends, je comprends. C'est impressionnant.
00:32:40 - C'est vous qui m'impressionnez. - Marc, le premier dimanche de janvier, c'est dimanche.
00:32:44 Et ce sera donc l'occasion du traditionnel tirage de la galette des rois. Mais derrière ces délices frangipanées, ce niche, cher ami, un double phénomène.
00:32:55 D'abord, une légende liée à la naissance du Christ et une autre légende, un rite très païen là, qui se déroulait dans la Rome antique tous les ans.
00:33:03 Alors, on va faire comme vous venez de mettre en scène, à savoir les deux légendes. La première est liée à la naissance du Christ.
00:33:15 Si vous prenez le premier évangile, contrairement à ce que certains pensent, ce n'est pas celui de Matthieu, c'est celui de Marc.
00:33:21 Si vous prenez après l'évangile selon saint Luc ou l'évangile selon Jean, il n'y a pas de roi mage.
00:33:32 En revanche, si vous prenez l'évangile de Matthieu, eh bien là, vous découvrez les rois mages.
00:33:40 D'où nous viennent-ils ? On ne le sait pas trop, toujours est-il qu'ils sont guidés par cette étoile rayonnante.
00:33:47 Ils la suivent, ils la suivent car ils ont eu... - Là, c'est des projecteurs, Marc. - Oui, mais moi, j'y vois une belle étoile.
00:33:55 Et ils la suivent et se retrouvent dans l'hypothèse de rencontrer le roi des Juifs qui serait né, mais où cela ?
00:34:05 Ils vont à la cour du roi Hérode et demandent à celui-ci qu'en est-il de cette naissance annoncée depuis quelques jours ?
00:34:14 Et le roi Hérode sait grâce à son entourage qui a les connaissances de l'Ancien Testament qu'il y a une prophétie
00:34:26 qui annonce la naissance du Messie et que celle-ci aurait eu lieu ou aurait lieu à Bethléem. Elle est donc à Bethléem.
00:34:33 Et ces mages, car ce ne sont pas des rois dans l'évangile de Matthieu, ce sont des mages.
00:34:41 C'est important parce que des mages, ça signifie des astrologues, ça signifie des astronomes, des gens qui sont capables
00:34:49 d'avoir une sorte de lecture de l'avenir au-delà éventuellement de l'information directe venue du Céleste.
00:34:57 Toujours est-il donc qu'ils se retrouvent dans la crèche à côté de Marie, chacun a son petit cadeau.
00:35:04 Il y a l'or, il y a l'encens, il y a la myrrhe. Et puis le grand drame, c'est que le soir après avoir remis les cadeaux
00:35:17 en hommage du Christ, ils s'endorment forcément harassés par le long trajet. Et là, en songe, Dieu leur dit
00:35:26 qu'il ne faut surtout pas retourner auprès du roi Hérode. Celui-ci a une colère furieuse et il décide d'éliminer
00:35:34 tous les petits qui ont moins de deux ans à Bethléem. C'est le massacre des innocents. Pourquoi ?
00:35:41 Eh bien parce que ce serait le roi des Juifs, sinon ce serait le petit Jésus qui risquerait de menacer son pouvoir.
00:35:48 Et là toujours, selon l'évangile de Matthieu, Joseph avec Marie quittent Bethléem et se rendent en Égypte,
00:36:00 où ils attendront un nouveau message pour pouvoir revenir sur la terre originelle. Voilà l'histoire des rois mages.
00:36:08 Ils pourraient rester là, mais les écrits reviennent vers le IIIe siècle, avec d'abord Terculien et puis ensuite Origène.
00:36:19 Origène, c'est extraordinaire parce que là, il parle de trois mages et ce sont des rois. La première fois donc
00:36:26 qu'ils apparaissent en tant qu'incarnation de puissance venue d'ailleurs sous l'étoile qui les guidait.
00:36:36 Il y a Melchior, le roi des Perses, Balthazar, le roi des Arabes et Gaspard, le roi d'une région de l'Inde.
00:36:45 Notons que Balthazar, en tant que tel, eh bien on découvre qu'il est noir. Alors tout ça, c'est quand même étonnant.
00:36:52 Pourquoi les autres évangiles n'en parlent pas et qu'il n'y en a que dans l'évangile de Matthieu cette signification ?
00:37:01 Là, c'est le grand mystère. Reste que les scientifiques seront très curieux par rapport à la légende.
00:37:07 Et Kepler, ce formidable astronome, essaiera bien des siècles plus tard de faire des calculs.
00:37:14 Y a-t-il un événement céleste que l'on puisse faire apparaître grâce à la science et qui montrerait qu'effectivement
00:37:22 le ciel ait été illuminé ? Et d'après les calculs qui furent siens, il semblerait qu'il y ait bien eu un événement.
00:37:30 Alors il est difficile de le dater à un siècle près, mais toujours est-il qu'il y aurait une conjonction qui, par trois fois,
00:37:37 se serait manifestée, une conjonction entre Jupiter et Saturne qui aurait presque enflammé le ciel à un point nommé
00:37:46 et que les mages l'auraient choisi. D'autres disent aussi que c'était peut-être tout simplement la fameuse comète de Halley
00:37:54 qui en 66 est déjà apparue. Mais alors, vous savez, l'Église aime bien avoir des points tangibles, et ces points tangibles,
00:38:05 le plus souvent, ce sont les reliques. Eh bien on trouve des reliques qui correspondent au roi mage,
00:38:11 qui n'apparaissent que dans ce seul évangile. Et grâce à qui découvre-t-on ces reliques ?
00:38:19 Grâce à la mère de Constantin, Constantin qui impose la religion catholique comme étant la religion de l'Empire,
00:38:29 c'est Sainte-Hélène, et Sainte-Hélène fait porter ses reliques de Constantinople à Milan.
00:38:36 Et en Milan, il y a un drame épouvantable, en 1162, la ville est détruite, et là, eh bien ses reliques sont portées à Cologne.
00:38:47 Et aujourd'hui, à Cologne, il y a un reliquaire avec, théoriquement, les ossements ou les éléments qui rappellent les rois mages.
00:38:55 Mais il y a également au Moatos, au Moatos, on a un reliquaire en or avec des petites pierres,
00:39:02 qui sont toutes petites, dans lesquelles il y a de l'encens et de la myrrhe, et ce seraient les cadeaux offerts au Christ.
00:39:10 Et ce reliquaire remonte au IVe siècle. Voilà l'histoire. Alors vous allez me dire "mais où est la galette dans tout ça ?"
00:39:18 - Eh oui, c'est ce que j'allais dire ! On a faim quand même, Marc !
00:39:21 - Eh bien la galette, elle n'a pas véritablement de rapport avec cette belle histoire que je viens de vous conter.
00:39:29 - C'est pas publique du tout, l'histoire de la galette.
00:39:30 - L'histoire de la galette, elle nous vient des Romains, comme toujours ! Et les Romains, vous savez qu'ils aimaient la fête !
00:39:35 Ils aimaient en référer au Dieu, pas au Dieu unique ! Et qu'avaient-ils ? Eh bien à la fin de l'année, tous les ans,
00:39:41 les fameuses Saturnales, déjà évoquées !
00:39:45 - C'est vrai, tout de suite, ils se lâchent plus !
00:39:47 - Et alors, forcément, en ce temps-là, eh bien, on le sait, on bouleverse la hiérarchie,
00:39:54 et il semblerait que l'on ait, au nom du Soleil, créé une grande galette, la galette telle qu'on la voit,
00:40:02 toute dorée, dans laquelle on met une fève, et les convives, eh bien, sont des...
00:40:08 - Et pourquoi on met une fève, ça, vous le savez ?
00:40:09 - Eh bien oui, on met une fève pour pouvoir désigner le roi de la journée !
00:40:12 - D'accord !
00:40:13 - Et ce roi de la journée, quel que soit le rang qui était le sien, est celui que l'on salue,
00:40:18 d'où l'esclave qui devient tout puissant, mais malheureusement, comme toujours,
00:40:23 le myrifique ne peut durer, et à la fin de la journée, il est sacrifié. Enfin, rassurez-vous !
00:40:28 - Ah oui ?
00:40:29 - C'est son emblème, c'est son effigie, que l'on fait brûler, et il redevient simple manant,
00:40:35 si tel était son rôle. Et tout cela rejaillit au Moyen-Âge, et là, il y a une sorte de fusion
00:40:44 entre l'épiphanie, entre la fête religieuse et cette tradition extrêmement païenne.
00:40:52 Elle va franchir les siècles, le roi Louis XIV, on a des écrits, à Versailles, on célèbre l'épiphanie !
00:41:01 Même à l'époque où cela dévote Madame de Maintenon, qui noircit, rend lugubre Versailles,
00:41:07 eh bien, à cette époque-là, il y a encore la galette des rois. Alors, fille forcément de la Révolution,
00:41:13 allez-vous dire, mais une galette en hommage au roi ! Ah, mais les révolutionnaires, forcément !
00:41:18 Ils trouvent d'abord la galette des sans-culottes, et puis après, ça sera la galette !
00:41:24 Vous voyez, on revient presque au Saturnale, et après, il y a la galette de la liberté.
00:41:32 Voilà comment, au fil du temps... - Et bien, encore aujourd'hui, le monarque actuel célèbre la galette,
00:41:38 à l'époque, bien sûr ! - Voilà, et sachez que c'était des fèves, alors là, on avait quitté la simple fève,
00:41:44 c'était des fèves fabriquées à Limoges, des petites fèves en porcelaine, à partir du Moyen-Âge.
00:41:51 Et ensuite, eh bien, c'est devenu la fantaisie d'aujourd'hui, où chacun y va de sa création,
00:41:57 on n'est plus dans la porcelaine, on est souvent dans la mâchouille, du gros sort un morceau de plastique,
00:42:02 bref ! Essayons de trouver la bonne galette, celle qui sont bradées, à éviter, et puis les autres,
00:42:08 celle que vous avez mises en scène dans votre introduction, à savoir à la Franjipas !
00:42:17 - Ah, mais j'adore ça, c'est ma préférée ! Mais je sais que selon les régions, que vous soyez dans l'Est de la France,
00:42:21 dans le Nord, en Franche-Comté aussi, chacun a sa brioche, notamment, dans l'Est de la France.
00:42:26 Merci Marc, vous nous avez mis l'eau à la bouche ! Vous avez gagné le droit de nous offrir une galette à tous,
00:42:30 pour la fin de l'émission ! Elles sont pas évidentes, les transitions avec Charlotte Dornelat,
00:42:34 je me rends compte que, là c'est la quatrième, c'est vrai que j'ai du entendre mal, parce que,
00:42:39 on voyage dans l'espace, dans le temps avec Marc, et puis on retourne sur Terre avec Charlotte Dornelat.
00:42:43 Charlotte, je me tourne vers vous, donc Gérald Darmanin... - À Marseille, il n'y a pas de Franjipane, voilà, je vais vous faire la...
00:42:47 - Non, pas de Franjipane, là ! Et c'est pas de la Franjipane qu'on livre, non plus, en l'occurrence.
00:42:52 Gérald Darmanin a évoqué la question hier des "Uber Cheats", donc c'est-à-dire ces livraisons de drogue à domicile
00:42:59 de plus en plus importantes, notamment dans la ville de Marseille, mais comme ailleurs dans le pays.
00:43:03 De quoi est-ce qu'on parle exactement d'abord, et ce phénomène est-il nouveau ?
00:43:06 - Alors, le phénomène n'est pas nouveau, mais il gagne en intensité de manière évidente.
00:43:11 Alors, c'est vrai à Marseille, mais c'est vrai d'ailleurs partout en France, en quelque sorte.
00:43:16 Et je m'arrête simplement dix secondes sur le terme "Uber Cheat", parce qu'il est extrêmement trompeur.
00:43:20 En l'occurrence, toutes les substances du monde, et alors il y en a dont les noms sont imprononçables,
00:43:25 et qu'on pourrait découvrir, il y en a des nouvelles très régulièrement,
00:43:30 et sont même parfois encouragées par le principe même de l'ubérisation de la vente,
00:43:34 c'est-à-dire de la livraison à domicile, puisque si vous consommez du "cheat" initialement,
00:43:39 on va vous proposer de goûter à une autre substance dans votre livraison si vous êtes un client fidèle.
00:43:43 Donc, le terme de "Uber Cheat", c'est-à-dire que dans un pays où on nous présente toujours le "cheat"
00:43:48 comme une drogue douce, mot que je n'aime pas et que je n'emploie jamais,
00:43:51 mais en l'occurrence on nous le présente comme ça, donc "Uber Cheat", ça a l'air quasiment sympathique.
00:43:55 Non, c'est juste simplement, c'est l'ubérisation de la vente de drogue de manière générale.
00:43:59 Et d'ailleurs, il y a un policier à Marseille qui m'a dit aujourd'hui que chez eux,
00:44:04 ça avait plutôt commencé par la cocaïne, voyez-vous, c'était "Uber Coke" initialement,
00:44:09 beaucoup plus que le "cheat", même si évidemment, les deux existent.
00:44:12 Alors, on a eu un témoignage d'un policier, alors qu'il a été rapporté par RTL,
00:44:16 et qui disait que depuis un an environ, c'est qu'on arrête beaucoup plus d'indépendants.
00:44:20 Alors, les indépendants, c'est que le "Uber Cheat", c'est-à-dire cette livraison à domicile,
00:44:25 soit vous la commandez, vous la recevez en colis chez vous, soit vous avez des livreurs qui sont directement...
00:44:31 - Par Internet, vous commandez ? - Par Internet, enfin, par le dark web, évidemment, c'est pas autorisé.
00:44:35 Soit vous avez des livreurs qui sont directement des salariés, on va dire, des réseaux de trafiquants
00:44:40 qui s'adaptent à la livraison à domicile, soit vous avez des livreurs qu'ils appellent "indépendants",
00:44:45 c'est-à-dire n'importe qui décide d'aller se fournir auprès du réseau
00:44:49 et de revendre à son compte, entre guillemets, comme le font d'ailleurs certains livreurs.
00:44:53 Donc lui, ce policier disait "les indépendants non rattachés directement à un réseau déjà implanté dans un quartier
00:45:00 mais qui s'y fournissent représentent 80% des interpellations aujourd'hui",
00:45:04 donc c'est un policier marseillais qui disait ça, et certains de ses collègues ont dit
00:45:08 "c'est assez difficile de quantifier puisque les réseaux, les trafiquants, de plus en plus, comment dire,
00:45:14 sectorisent les métiers de leur trafic pour justement empêcher le travail policier".
00:45:20 Donc vous en avez un qui va être chargé d'aller chercher le produit quelque part,
00:45:24 de faire 500 mètres, d'échanger dans une autre voiture avec quelqu'un d'autre,
00:45:27 ces gens-là ne se connaissent pas entre eux, ils ont un ordre de mission d'un point A à un point B,
00:45:31 et donc le travail policier est évidemment rendu très difficile.
00:45:34 Donc c'est difficile de savoir quel est le rôle de chacun, mais en tout cas ça se développe considérablement.
00:45:39 Mais là, pour répondre à la deuxième partie de votre question, est-ce que c'est nouveau ? Non.
00:45:44 Gérald Darmanin en parle, et peut-être que la considération par les autorités de ce pays est nouvelle,
00:45:51 mais on avait une tendance qui était renseignée par l'Observatoire français des drogues et tendances addictives.
00:45:56 Alors ils ont un outil qui s'appelle "Tendances" tous les ans,
00:45:59 alors j'ai remonté, j'ai remonté, j'ai remonté chaque année,
00:46:02 dans leur analyse de 2015, ils parlaient déjà justement de ces livraisons à domicile,
00:46:06 en disant que c'était un type de trafic qui était en hausse depuis 2012.
00:46:10 Vous voyez que ça fait longtemps, et les policiers de terrain disent "Nous ça fait 8-10 ans qu'on essaye de faire remonter la chose,
00:46:15 et que ça remonte assez difficilement".
00:46:18 Et cette année, l'Observatoire en question nous dit "La livraison à domicile se systématise,
00:46:23 et les techniques de marketing se perfectionnent".
00:46:25 Donc en 2016, d'ailleurs, oui, petite parenthèse, en 2016 on avait le député Debré, le professeur Debré,
00:46:32 qui s'était fait livrer de la cocaïne à l'Assemblée nationale, il était député,
00:46:36 il s'était fait livrer de la cocaïne pour montrer justement à quel point c'était inquiétant.
00:46:40 Non, non, il s'était pas fait, il y en a d'autres qu'on co-essayait,
00:46:44 mais lui, lui, il se l'était fait livrer précisément pour alerter, on va dire, sur cette nouvelle méthode.
00:46:49 Et à l'époque, le chiffre d'affaires qui circulait, alors qu'il est toujours difficile à estimer,
00:46:53 c'était entre 10 et 18 millions d'euros par mois, le chiffre d'affaires qui a depuis évidemment explosé.
00:46:58 Alors, ce qu'on entend beaucoup, c'est que l'explosion réelle, c'est l'année Covid.
00:47:03 Pour une raison évidemment simple, c'est que vous ne pouviez pas sortir dans la rue.
00:47:07 Alors, en réalité, la vraie explosion de cette méthode de livraison, ce sont les réseaux sociaux.
00:47:12 Et évidemment, l'année Covid a peut-être précipité dans la consommation,
00:47:16 mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est que les trafiquants avaient déjà ça en tête depuis de nombreuses années,
00:47:20 puisqu'ils s'adaptent avant même que le consommateur ait l'idée.
00:47:23 Donc, et là, je cite encore le rapport, la livraison de drogue à domicile, qui s'est fortement développée,
00:47:29 et qui continue de s'étendre à de nouveaux territoires hors des grandes métropoles.
00:47:32 Certains trafiquants ont d'ailleurs abandonné leur point de vente pour ne pratiquer que la livraison à domicile.
00:47:37 Donc, on voit que la création du marché intéresse.
00:47:40 - Qui a moins de risque de se faire prendre, tout simplement, peut-être aussi.
00:47:43 - Oui, c'est ça. Je vais y revenir.
00:47:45 Non, mais évidemment, les raisons pour lesquelles ça se développe beaucoup,
00:47:49 c'est l'adaptation par rapport au travail des policiers, évidemment.
00:47:52 Et un seul chiffre, qui est encore issu de l'OFTD, c'est 38% des usagers quotidiens de cannabis, cette fois-ci,
00:47:59 ont effectué au moins un achat dans un point de deal, et 37% se sont fait livrer au moins une fois à domicile.
00:48:05 Donc là, le seul chiffre qui était accessible, c'était sur le cannabis.
00:48:08 Ça a l'air contradictoire avec ce que je disais au début, mais évidemment que ça existe aussi pour le cannabis.
00:48:12 Et juste, petite parenthèse pour nos amis peut-être un peu plus âgés qui se souviennent du cannabis de leur enfance,
00:48:18 le taux de THC... Non, mais parce qu'on a des personnes beaucoup sur les plateaux télé,
00:48:22 à chaque fois qu'on parle de la question du cannabis, ils ont en tête le cannabis qui fumait dans les années 68,
00:48:27 pour ne pas le... Non, mais c'est ce qu'on entend beaucoup dans les débats.
00:48:31 C'était un taux de substance active qui était autour de 2-3%.
00:48:34 Là, en 10 ans, on est passé de 12,3% à 26,7% officiellement de taux de substance active.
00:48:40 Le cannabis, aujourd'hui, ça n'est pas une drogue douce, clairement pas.
00:48:43 Celui qui est vendu, celui qui est distribué, est vendu à domicile.
00:48:46 Et évidemment, les raisons de cette explosion, c'est des transactions plus fiables des deux côtés, on va dire,
00:48:52 et plus sûres qu'au coin de la rue, entre les règlements de compte et le pilonnage des policiers,
00:48:57 pour reprendre le terme de Gérald Darmanin.
00:48:59 Concrètement, Charlotte, à quoi répond ce type de trafic ?
00:49:01 Comment fonctionne-t-il ? Quels sont les enjeux qui sont liés également ?
00:49:05 Alors, évidemment, la première idée, c'est que ça correspond à l'évolution du marché de la vente tout court.
00:49:09 On voit bien l'ubérisation de manière générale et des exigences de confort de certains clients.
00:49:14 Ce qu'on va voir, c'est que cette ubérisation a été permise par certains clients en particulier.
00:49:18 Ça répond aussi à l'augmentation de la concurrence sur le terrain.
00:49:21 Plus vous avez de drogues consommées, plus vous avez de drogues importées, plus vous avez de drogues consommées,
00:49:25 plus vous avez de gens que ce trafic intéresse, parce qu'il est extrêmement lucratif, évidemment,
00:49:30 et vous avez un enjeu de fidélisation du client qui est plus facile par le biais de la livraison.
00:49:35 Et alors là, vous tombez sur des publicités qui sont soit distribuées physiquement, soit par le biais de...
00:49:41 Alors, là, c'est pareil, un policier qui m'expliquait dans les cités à Marseille, désormais,
00:49:44 vous achetez votre pochon de drogue, vous avez dessus un QR code et le logo du réseau auquel vous l'achetez,
00:49:50 et donc vous scannez ce QR code, vous arrivez sur un numéro de téléphone,
00:49:54 et vous passez par WhatsApp, Telegram, Snapchat, ce que vous voulez,
00:49:58 et là, vous vous inscrivez, et toutes les semaines, vous recevez toutes les promotions de la semaine.
00:50:03 C'est là où c'est hallucinant, c'est que vous avez non seulement un marketing...
00:50:06 - Ça, c'est les comportements d'entreprises classiques. - Exactement.
00:50:08 - Tout à fait. - Du marketing extrêmement agressif, des relances extrêmement régulièrement,
00:50:13 des campagnes de promotion, des offres dégressives d'une part, et des offres sur d'autres produits à découvrir, je vous le disais,
00:50:19 des cadeaux, parfois on vous offre une dose pour essayer, ou une dose de ce que vous avez l'habitude d'acheter,
00:50:25 et ce qui est proposé, c'est Coke, shit, herbe, ecstasy, MDMA.
00:50:29 On a deux substances qui sont actuellement en vogue, le Tussibi et le Prégabaline.
00:50:33 Je pense que je n'ai jamais entendu ces noms de drogue sur les plateaux de télévision,
00:50:37 mais vous voyez que les débats sur l'allégation du cannabis, on est loin de la réalité du terrain.
00:50:41 Ensuite, ça répond évidemment à ce que vous disiez au travail policier, c'est évidemment plus discret,
00:50:45 à la fois de livrer et de se faire livrer, et ça, les clients, certains clients préfèrent payer un peu plus cher
00:50:53 que de tomber sur un policier au moment de faire leur transaction, évidemment.
00:50:57 On a une corruption, je parle souvent de cette question-là parce qu'on bascule dans le narco-État
00:51:01 quand la corruption est à peu près à tous les étages dans un pays.
00:51:04 Là, la corruption, elle est plus large encore parce que vous recherchez des livreurs,
00:51:07 les réseaux cherchent des livreurs qui passent inaperçus devant les policiers.
00:51:10 Donc on a de plus en plus de femmes, puisque les femmes se font moins contrôler que les hommes,
00:51:14 on a parfois des artisans, on se sert de leur camionnette parce que c'est pareil,
00:51:19 l'artisan qui va travailler ici et là, on lui propose d'arrondir ses fins de mois,
00:51:24 des taxis ou des Uber qui parfois prennent le livreur chez eux parce qu'ils sont moins contrôlés aussi que les autres,
00:51:31 tout ça pour éviter la systématisation des contrôles de livreurs,
00:51:35 qui est pourtant voulu par Gérald Darmanin à Marseille,
00:51:37 et là, il y a plusieurs policiers qui nous disent qu'il y a un peu un décalage avec la réalité des trafiquants
00:51:41 qui ont déjà anticipé ces contrôles-là, et évidemment la sécurité du client aussi.
00:51:47 Alors là, pour le coup, les règlements de compte, il y a des policiers qui me disaient
00:51:50 qu'il y a toujours les files d'attente à partir de 11h le matin parce que les points de deal ouvrent à 11h30,
00:51:54 donc à partir de 11h, vous avez parfois 200 mètres de queue pour aller acheter votre dose,
00:51:58 mais il y en a certains qui ne veulent plus se déplacer sur les points de deal,
00:52:03 et le travail policier, à l'inverse, est compliqué.
00:52:06 Pourquoi ? Parce que les réseaux, notamment étrangers, sont très peu coopérants dans les enquêtes,
00:52:11 la track est difficile, et vous avez une grosse inquiétude des addictologues sur cette nouvelle pratique,
00:52:17 pour la raison que je vous expliquais, évidemment, de propositions, de découvertes des autres produits,
00:52:23 ce que vous n'auriez pas forcément fait en allant acheter directement votre dose.
00:52:28 Je dis vous, je ne vous vise pas, Julien.
00:52:30 Non, mais j'ai bien compris, je ne me suis pas senti visé, donc il n'y a pas de souci.
00:52:33 En clair, et pour terminer, Charlotte, comme toute entreprise commerciale,
00:52:37 le consommateur est au cœur de la stratégie des trafiquants de drogue.
00:52:40 Alors c'est évidemment vrai dans tout commerce.
00:52:42 Ce sont des schémas très classiques.
00:52:43 C'est très très clair, et c'est vrai qu'on parle des...
00:52:45 et Marc avait raison d'ailleurs de rajouter hier la question du consommateur,
00:52:48 et là, en plus, c'est un consommateur particulièrement riche qui a permis la démocratisation, pardon,
00:52:52 de l'ubérisation, je vous recite l'observatoire, il disait le...
00:52:56 le... le... pardon.
00:52:58 Voilà.
00:52:59 Les plus aisés économiquement s'autonomisent des trafics de rue ou des cités,
00:53:03 par le biais des commandes en ligne notamment,
00:53:05 de plus en plus, ils se retrouvent au centre des attentions d'un trafic concurrentiel
00:53:09 qui les préserve d'une violence par ailleurs en hausse.
00:53:12 Donc vous voyez que le client, en gros, il contacte,
00:53:16 il n'a par ailleurs aucune information sur rien,
00:53:18 parce qu'il y en a beaucoup qui témoignent et qui expliquent que le livreur arrive
00:53:21 casqué, masqué, il n'y a pas de plaque d'immatriculation,
00:53:23 elle est couverte évidemment,
00:53:25 ils livrent à domicile très directement pour éviter les caméras de vidéosurveillance
00:53:29 qui peuvent être à l'extérieur,
00:53:31 donc en fait, initialement, cette ubérisation, elle est permise par des clients
00:53:34 qui ont plus d'argent, parce que ça coûte cher, vous payez évidemment la livraison,
00:53:37 qui ont plus d'argent, qui échappent non seulement à la police,
00:53:40 mais éventuellement aux balles qui sont réservées aux gamins qui sont embauchés
00:53:43 pour générer le trafic dont ils bénéficient.
00:53:45 Donc honnêtement, là, c'est...
00:53:47 Non seulement le consommateur est toujours au centre, évidemment, de ces débats-là,
00:53:51 mais sur l'ubérisation, qui a des conséquences graves,
00:53:54 il est plus que jamais au centre, et en plus, c'est un consommateur
00:53:57 particulièrement aisé, ce qui est absolument abominable par rapport aux gamins
00:54:00 dont on parlait hier, et qui se retrouvent en bas de l'échelle,
00:54:03 une balle dans la tête, potentiellement.
00:54:05 C'est terrible à dire, mais qui peut encore croire qu'un jour,
00:54:08 on mettra fin au trafic de drogue dans notre société ?
00:54:11 Merci beaucoup, Charlotte Dornelas, pour toutes ces précisions.
00:54:14 Avant la fin de cette émission, évidemment, le deuxième édito de Mathieu Boccote.
00:54:18 Mathieu, Libération, le journal Libération, avant-hier, consacrait un article étonnant,
00:54:23 en tout cas, qui vous a interpellé au rapport entre la gauche et les faits divers,
00:54:27 en affirmant que la première se tient souvent à l'écart des secondes,
00:54:31 donc la gauche se tient souvent à l'écart des faits divers,
00:54:33 et perdrait pour cela la bataille de l'information,
00:54:35 ce qui l'amènerait à vouloir désormais mobiliser ses propres faits divers.
00:54:39 Alors ça, il faut m'expliquer, parce que cette étrange nouvelle, je la comprends mal.
00:54:43 C'est tout à fait passionnant, parce qu'à gauche, que dit-on souvent ?
00:54:46 Les faits divers jouent contre nous.
00:54:48 Nous deux, on assassine un par-ci, une fusillade par-là,
00:54:52 on poignarde ici, on agresse un autre.
00:54:55 Et là, ces faits divers qui s'accumulent, c'est pas pour rien que la gauche ne cesse de dire
00:54:58 « ce sont des faits divers, ce ne sont pas des faits de société,
00:55:00 ils ne comptent pas, circulez, il n'y a rien à voir, ça ne nous intéresse pas ».
00:55:03 Pourquoi ? Parce qu'il y a cette idée que si ces faits veulent dire quelque chose sur la société,
00:55:07 ils risquent de fracturer la grille de lecture propre à la gauche.
00:55:13 Alors là, comment se positionner devant ces faits divers si,
00:55:16 parce que vous savez, de mon point de vue, j'ai eu l'occasion de dire souvent
00:55:19 « ce ne sont pas des faits divers, mais des faits de société, des faits de civilisation ».
00:55:22 Mais quand on est de gauche, comment on se positionne par rapport à ça ?
00:55:24 On doit modifier sa grille de lecture.
00:55:27 Je cite trois exemples qui nous viennent de l'article.
00:55:29 D'abord, Sandrine Rousseau, alors que je serais une semaine sans la citer,
00:55:33 ce ne serait pas bien.
00:55:34 Je cite, à propos de l'agression qu'il y avait eu à Lyon, rappelez-vous,
00:55:38 la petite qui s'est fait tabasser, puis il y avait des filles voilées, moi qui la tabassais.
00:55:41 Alors, elle dit « j'ai réagi quand on a su que c'était lié à une plainte pour viol,
00:55:46 mais je ne commente jamais le jour même.
00:55:48 Je préfère toujours attendre d'avoir plus d'éléments ».
00:55:52 Ok, d'accord, ça se tient, mieux vaut savoir ce dont on parle.
00:55:54 Mais là, l'information vient.
00:55:56 « Là, depuis ce matin, je vois l'histoire d'une femme qui se serait fait violer par un homme sous au QTF.
00:56:03 Je la soutiens, mais je me méfie. Le sujet, c'est le viol, pas le QTF ».
00:56:07 Elle nous dit que le QTF, ce n'est pas le sujet.
00:56:09 Pourtant, si le monsieur avait QTF, c'est-à-dire quitté le territoire français,
00:56:12 il n'y aurait pas eu de viol dans les circonstances.
00:56:14 A priori, oui.
00:56:15 Deuxième élément, ça c'est Olivier Faure, l'intellectuel de référence de la gauche alternative,
00:56:19 qui dit, à propos référence à Crépole, « des rixes avec un môme qui se font poignarder,
00:56:26 il y en a beaucoup dont on ne parle pas.
00:56:29 C'est de plus en plus difficile d'être dans le camp de la raison. »
00:56:32 Ah, le camp de la raison.
00:56:33 « Dans ce contexte de bataille culturelle que mène la droite depuis 50 ans.
00:56:38 J'apprends, à la lecture de ce puissant théoricien, que la droite mène la bataille culturelle depuis 50 ans. »
00:56:43 Puissant théoricien.
00:56:44 Pourquoi vous riez?
00:56:45 Non, je ne ris pas.
00:56:46 Ce n'est pas moi qui ris, c'est vous.
00:56:47 Pas de plans sur moi, les amis.
00:56:48 Alors, on apprend donc que pour cette personne, c'est une bataille culturelle
00:56:52 qui est menée de manière victorieuse par la droite depuis 50 ans.
00:56:56 Je n'étais pas au courant, disons-le comme ça.
00:56:58 Ensuite, Clémentine Autain, qui a un point de vue original lui aussi,
00:57:01 elle nous dit à propos de Crépole,
00:57:06 « Ce qui fait le débat, c'est la lecture de cet événement.
00:57:09 Elle dépend de notre rapport au réel et de notre vision politique. »
00:57:12 Rapport au réel, par exemple, connecté au réel ou déconnecté au réel,
00:57:15 mais ce n'est pas à quoi elle fait référence.
00:57:17 « Il est assez sidérant que personne ne semble avoir remarqué,
00:57:20 ou en tout cas commenté un premier fait évident,
00:57:23 cette scène est totalement masculine,
00:57:25 étant en scène d'une culture viriliste,
00:57:27 support identitaire des hommes des milieux populaires. »
00:57:30 C'est intéressant.
00:57:32 On nous refait le coup finalement de la Chapelle Pajol.
00:57:35 On nous avait dit pourquoi les femmes étaient en danger dans le quartier.
00:57:37 Parce qu'il y avait de plus en plus d'hommes dans le quartier.
00:57:39 Une arrivée massive d'hommes, nous le savons,
00:57:41 des réfugiés scandinaves probablement,
00:57:43 qui avaient provoqué une situation trouble.
00:57:46 Je dis cela avec ironie, avec moquerie,
00:57:48 mais cela dit, on voit donc qu'il y a cette idée qui est assez intéressante.
00:57:52 Le fait divers n'a de sens qu'en fonction de la grille de lecture qu'on lui prête,
00:57:57 et le réel, quant à lui, ne porte pas sa propre densité.
00:58:00 Mais il s'agit simplement d'une question de grille de lecture,
00:58:04 où la réalité pèse souvent plus lourd que les discours
00:58:06 qui cherchent à la reformater idéologiquement.
00:58:09 Je dirais que le commun est mortel et persuadé de vivre quelque chose,
00:58:11 même si les idéologues et les sociologues, les deux se ressemblent souvent,
00:58:14 et j'aime dire du mal de mes collègues,
00:58:16 tiennent un discours qui leur explique,
00:58:20 il ne se passe rien, vous vivez dans un monde parallèle.
00:58:23 Alors j'explique.
00:58:24 Adrien Clouet, député LFI, nous dit,
00:58:28 « Il y a des événements dont on parle tout le temps,
00:58:31 et d'autres qui sont invisibilisés ou sous-traités,
00:58:34 comme les crimes racistes ou les assassinats de personnes trans.
00:58:37 Notre rôle, c'est de dire que leur vie vale autant que toutes les vies. »
00:58:40 Je suis tout à fait d'accord pour dire que toutes les vies se valent,
00:58:43 quelle que soit la couleur, l'orientation, le genre.
00:58:46 Cela dit, les crimes racistes dont on nous parle ici,
00:58:48 est-ce que M. pourrait nous en parler ?
00:58:50 Pas simplement affirmer qu'ils existent.
00:58:52 Les crimes racistes, pas racistes, on dit qu'il y a une intention raciale,
00:58:55 de blancs contre-racisés, j'aimerais qu'on nous les parle,
00:58:58 il y en a probablement, je ne le doute pas,
00:59:00 mais qu'on les documente, pour l'instant,
00:59:02 on semble nous dire qu'il y a une forme de répartition équitable
00:59:05 sur le plan statistique entre les groupes.
00:59:07 Il n'est pas certain que les statistiques officielles
00:59:09 du ministère de l'Intérieur le confirment.
00:59:11 Mais là, c'est Philippe Brun, une figure importante du Parti socialiste,
00:59:14 qui a dit, il faut aller plus loin, les gars,
00:59:16 il a dit qu'il avait de manquer de sérieux,
00:59:18 il veut, de son côté, former une cellule de recherche
00:59:21 sur les faits divers pour contrer l'extrême droite.
00:59:23 - Incroyable.
00:59:24 - Donc, on va partir à la recherche des faits divers
00:59:26 qui, pour l'instant, nous échappent, mais on va les trouver.
00:59:28 - C'est ça.
00:59:29 - Mais là, qu'est-ce qu'il nous dit ?
00:59:30 - Très vite, directement, on s'y rend plus vite.
00:59:32 - À nous de révéler d'autres faits divers,
00:59:34 comme des accidents de travail ou des suicides professionnels,
00:59:37 ou l'idée de courir après ceux de l'extrême droite, nous dit-il.
00:59:40 Premièrement, je précise que les suicides professionnels,
00:59:42 les accidents de travail, ce n'est pas des faits divers
00:59:44 de gauche ou de droite, ce sont des événements tragiques,
00:59:46 qu'on soit de gauche, de droite, de centre, conservateur,
00:59:48 ou libéral, ou socialiste.
00:59:49 Mais, ce qui est intéressant là-dedans, c'est que ce qu'on nous dit,
00:59:52 c'est qu'à la recherche de faits divers nouveaux,
00:59:54 à la recherche d'autres faits divers que ceux qui inondent l'actualité,
00:59:57 parce qu'ils l'inondent parce qu'ils sont nombreux,
00:59:59 eh bien, autrement dit, ce que nous dit la gauche,
01:00:01 c'est une autre manière de fuir la réalité à nouveau.
01:00:04 Laissez-nous tranquille avec les faits divers
01:00:06 qui préoccupent les Français, on va en trouver des nouveaux
01:00:08 qui, eux, seront de gauche, et pour cela,
01:00:10 ils seront nobles et dignes parce qu'ils auront l'empreinte de la gauche
01:00:13 qui est toujours une empreinte de supériorité morale.
01:00:15 Il fallait entendre cet édito pour le croire.
01:00:17 La cellule de recherche des faits divers, c'est à moi !
01:00:20 C'était extraordinaire.
01:00:21 Merci pour ce dernier édito, pour ma dernière avec vous,
01:00:23 parce que c'était brillant.
01:00:24 Merci à tous les quatre, merci de votre accueil,
01:00:26 c'était un plaisir d'être à vos côtés.
01:00:28 On vous donne une petite couronne.
01:00:29 Oui, merci, donnez-moi la galette plutôt, Marc, je préfère.
01:00:33 Merci à Christine aussi, que vous retrouverez lundi,
01:00:36 qui a été extrêmement bienveillante avec moi,
01:00:38 qui m'a envoyé des petits messages pour savoir si Marc se tenait bien,
01:00:41 notamment.
01:00:42 Donc j'embrasse beaucoup Christine, qui m'a donné quelques conseils
01:00:44 avant de vous retrouver cette semaine.
01:00:46 Je lui cède bien volontiers cette place, je l'embrasse.
01:00:48 Je remercie surtout les téléspectateurs de nous avoir suivis.
01:00:51 Pascal Praud arrive dans quelques instants pour l'heure des Preux 2.
01:00:53 Moi, je vous donne rendez-vous à 22h pour Soir Info.
01:00:55 Bonne soirée sur CNews.
01:00:57 ♪ ♪ ♪