• il y a 7 mois
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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Transcription
00:00 -Bonsoir à tous. Les discussions commencent dans un instant.
00:05 Simon Guillin, bonsoir.
00:08 -Bonsoir. Action coup de poing au Parlement israélien.
00:13 Des militants et des familles d'otages ont manifesté
00:16 en jetant de la peinture sur des fenêtres en verre.
00:18 Ils réclament une libération immédiate des otages
00:21 détenus dans l'enclave palestinienne.
00:23 Le personnel de sécurité a fait face aux manifestants.
00:27 -Cinédi, pour le Premier ministre, Gabriel Attal a répondu seul
00:30 aux questions des députés à l'Assemblée nationale.
00:33 45 minutes de questions-réponses cet après-midi.
00:36 Le Premier ministre a été interpellé sur la réforme
00:38 de l'assurance-chômage.
00:40 Le chef du gouvernement a défendu un modèle social
00:42 plus incitatif à l'activité.
00:44 Jean-Marie Le Pen, placée sous régime de protection juridique.
00:48 L'état de santé du fondateur du Front national s'est dégradé
00:51 ces derniers mois.
00:52 Ses 3 fils seront en charge des intérêts de leur père Elodie.
00:56 -Merci à vous, Simon, avec moi, pendant une heure,
01:00 pour m'accompagner ce soir.
01:02 Mathieu Boccoté, bonsoir. -Bonsoir.
01:04 -Guillaume Bigot, bonsoir. -Bonsoir.
01:05 -Charlotte Danelaz, bonsoir. -Bonsoir, Elodie.
01:07 -Et Marc Menand, bonsoir à vous. -Tout n'est pas parfait.
01:10 -Aller au sommaire de "Face à l'info" ce soir, d'abord avec vous.
01:14 Mathieu, on parlera politique, ou plutôt de l'art d'user
01:17 du mode de scrutin pour bloquer un parti.
01:19 Il s'agit en l'occurrence du Rassemblement national.
01:21 C'est un collectif de chercheurs qui souhaitent changer les règles
01:25 pour empêcher une victoire possible du Rassemblement national.
01:28 Vous nous expliquerez à la fois pourquoi cela n'est pas nouveau,
01:31 mais pourquoi ça représente un danger pour la démocratie.
01:34 Direction l'Union européenne avec vous, Guillaume Bigot,
01:37 et le début de la chute d'Ursula von der Leyen,
01:39 présidente de la Commission.
01:41 L'enquête qui la vise dans l'affaire dite du Pfizer-Gad vient de rebondir
01:45 dans un contexte ô combien sensible avec les élections européennes,
01:49 avec des alliés qui la soutiennent de moins en moins.
01:51 Guillaume, vous reviendrez sur le fond de cette affaire,
01:54 mais surtout sur ses potentielles conséquences.
01:56 Comment allier sécurité et normalité, notamment à l'école ?
02:01 Eh bien, vous allez vous pencher sur cette question, Marc.
02:03 Vous l'avez sans doute suivi, plusieurs régions ont été touchées
02:05 par des menaces d'attentats via les environnements numériques de travail.
02:08 Des lycées, forcément, il y a la volonté de maximiser
02:11 la sécurité des établissements.
02:13 Mais jusqu'où doit-on aller ?
02:15 Doit-on faire de nos établissements scolaires des bunkers ?
02:17 Quid du bien-être mental des élèves ? On en discutera avec vous.
02:20 L'État a-t-il une responsabilité dans l'assassinat de Samuel Paty ?
02:24 C'est l'avis de sa sœur, en tout cas, Mikaël,
02:26 qui demande que l'État reconnaisse ses failles et donc sa responsabilité.
02:30 Mais en revanche, ce n'est pas l'avis de la ministre de l'Éducation nationale.
02:33 Nicole Belloubet, elle a dit ceci.
02:35 Il y a sans doute des choses qui auraient pu être mieux faites,
02:37 mais pour autant, je ne suis pas certaine qu'on puisse dire
02:39 que l'État a une part de responsabilité dans l'assassinat de Samuel Paty.
02:43 Vous reviendrez sur ces déclarations.
02:44 Et pour terminer avec vous, Mathieu, on se penchera sur ce sondage
02:48 du Figaro sur l'insécurité. 92% des Français considèrent
02:52 que l'insécurité augmente dans le pays.
02:54 Alors, il ne serait plus qu'un sentiment, ce que disait notre ministre de la Justice.
02:58 Et 92%, c'est un résultat sans appel.
03:00 Mais peut-on parler d'une prise de conscience ?
03:02 Et surtout, peut-on tout dire quand il s'agit d'insécurité ?
03:05 Nous en débattrons face à l'Info, c'est maintenant.
03:07 ...
03:21 - On débute avec vous, Mathieu, avec cette question qui peut sembler technique,
03:24 mais qui ne l'est pas, c'est le mode de scrutin.
03:26 Et je le disais, des chercheurs intellectuels,
03:29 des mitans plutôt ancrés à gauche et au centre,
03:31 veulent modifier le mode de scrutin à l'approche des prochaines élections
03:35 avec un objectif totalement déclaré, empêcher le Rassemblement national
03:38 de former sa majorité.
03:40 Et donc, c'est sur cette tribune et ce qu'elle représente
03:42 que vous allez vous pencher pour ce premier édito.
03:44 - Oui, "Paru dans le monde", reprise sur Mediapart,
03:46 c'est assez intéressant comme texte, parce que c'est une série de chercheurs
03:49 qui, effectivement, ne sont pas tous de la même école,
03:52 ne sont pas tous du même courant, mais qui disent,
03:56 la situation est grave et nous devons changer le mode de scrutin
04:01 pour une raison simple, il risque d'y avoir,
04:03 dans nos prochaines élections législatives, une vague,
04:06 une vague qui, dans le cadre du présent système,
04:10 système auquel, je le précise, le RN s'est plié.
04:13 C'est un système qui, longtemps, jouait contre le RN,
04:16 et le RN a fait ce qu'il fallait pour être capable d'exister
04:19 dans ce système.
04:21 Quoi qu'on pense de ce parti, on peut avancer le plus grand mal,
04:23 on peut avancer du bien, c'est pas ça l'enjeu ici,
04:25 c'est qu'il a joué selon les règles.
04:27 Or, aujourd'hui, alors qu'il semble être capable de traverser
04:31 un système électoral qui lui a été longtemps défavorable,
04:35 eh bien, on se dit, ces chercheurs se disent,
04:38 on trouve des militants, tout ça, Raquel Garrido,
04:40 Daniel Cohn-Bendit, des universitaires,
04:42 et pas des petits, j'entends, des universitaires qui comptent
04:44 dans le paysage intellectuel, disent, le système risque
04:48 d'amener au pouvoir le RN, dès lors, il faut changer
04:52 le système électoral.
04:54 Je précise, si on a le souci de l'histoire,
04:56 que ce n'est pas nouveau.
04:57 1986, François Mitterrand est au pouvoir,
05:01 c'est les premières élections qui vont conduire
05:03 à la cohabitation.
05:04 Et François Mitterrand voit venir une vague immense
05:07 qui conduirait la droite, la droite RPR-UDF de l'époque,
05:10 mais une droite qui était de droite,
05:12 une droite intellectuellement structurée,
05:15 qui avait un programme véritablement de rupture
05:18 avec le socialisme, avec la gauche de l'époque.
05:21 Et François Mitterrand dit, il faut empêcher cette droite
05:24 d'être trop majoritaire, donc on va réformer le mode
05:27 de scrutin pour la briser.
05:29 Et que fait-il à l'époque?
05:30 Il introduit la proportionnelle pour permettre au RN
05:33 d'entrer à l'Assemblée, pour limiter la percée
05:37 de la droite.
05:38 Donc là, vous voyez, on change le mode de scrutin
05:40 pour permettre au RN d'entrer à l'Assemblée,
05:42 parce qu'on crée une droite majoritaire,
05:43 une droite classique majoritaire, qui viendrait déstabiliser
05:46 le pouvoir de la gauche.
05:47 La droite l'emporte néanmoins aux élections,
05:49 et change le mode de scrutin, retour au mode de scrutin
05:53 du nominal de tour.
05:54 Pourquoi? Pour chasser le RN, parce que la droite
05:57 du PS, Jacques Chirac et d'autres disent, on ne veut pas
05:59 du RN dans le paysage, ils sont en jeu.
06:01 À l'époque, c'est le FN.
06:03 On dit, on n'en veut pas, chassez-les, nous n'en voulons pas
06:05 à l'Assemblée.
06:06 Donc encore une fois, le mode de scrutin est changé
06:08 en fonction du FN.
06:10 En disant, on n'en veut pas, il faut produire un mode
06:13 de scrutin qui va exclure du jeu démocratique un parti
06:16 qui fait quand même 15 %.
06:17 Et là, pendant, je vous dirais, une trentaine d'années,
06:21 dans les faits jusqu'à tout récemment, on va dire,
06:23 on ne doit pas changer le mode de scrutin,
06:25 parce que ce mode de scrutin empêche la formation
06:28 d'un groupe FN-RN à l'Assemblée.
06:31 Ce mode de scrutin a l'immense vertu de produire
06:36 un cordon sanitaire qui fait en sorte que tous ces électeurs,
06:39 ces millions d'électeurs, au moins, ne seront pas
06:42 représentés à l'Assemblée nationale.
06:44 Ainsi, la démocratie sera sauvée.
06:46 Parce qu'on le sait, on doit sauver la démocratie
06:49 contre les électeurs.
06:50 C'est connu, ça va de soi, non?
06:52 Et là, on est dans une situation un peu compliquée.
06:54 Et là, on repart de la manivelle et on se dit,
06:57 mais désormais, il faut assurer...
07:00 L'argument des chercheurs est pas mal.
07:02 Ils nous disent, ce système a permis au RN
07:05 de s'établir durablement comme parti protestataire
07:08 à l'extérieur du jeu parlementaire.
07:10 Non, mais ça, c'est exceptionnel.
07:12 C'est l'art de dire du type à qui on a tranché les deux jambes,
07:15 ce type a appris à marcher sur deux jambes de bois
07:17 et il est vraiment rusé, le salopard.
07:19 Alors, quoi qu'il en soit, le type à jambes de bois
07:21 réussit aujourd'hui à gagner la course.
07:24 Exactement. On va scier des jambes de bois.
07:26 Je reviens sur l'argument qui vient.
07:29 Donc là, on nous dit désormais, au nom du pluralisme,
07:31 parce que le système actuel ne permettrait pas
07:34 de tenir compte de la pluralité véritable du pays,
07:37 ce qui n'est pas complètement faux, soit dit en passant.
07:39 Pendant longtemps, le RN lui-même disait,
07:41 changer le mode de scrutin, il ne nous permet pas
07:43 d'être représenté, nous qui représentons
07:44 des millions de Français.
07:46 Et on disait justement, non, vous êtes dangereux, méchants,
07:48 vous vous sentez mauvais, hors de l'Assemblée.
07:50 Mais là, dans les circonstances, puisqu'on redoute
07:52 que ce système serve désormais le Rassemblement national,
07:54 on dit, ben là, il faut le changer,
07:57 il faut établir la proportionnelle pour que le RN
07:59 ne soit qu'un groupe parmi d'autres,
08:01 pour que le système qui tend à faire en sorte
08:03 que le premier soit capable de former une majorité
08:05 capable de gouverner, mais ça ne l'avantage pas.
08:08 Moi, je retiens une chose de tout cela
08:10 qui me semble assez intéressante, c'est que depuis
08:12 les années 80, globalement, le système électoral en France
08:15 est fondé non pas pour être capable d'exprimer,
08:17 soit de la manière la plus efficace la volonté populaire,
08:21 soit de former le gouvernement le plus fort,
08:23 mais il est formé pour empêcher l'entrée au Parlement
08:26 ou la formation du gouvernement d'une partie de l'électorat
08:28 qu'on a frappée du sceau de l'infréquentabilité.
08:31 Le système électoral tourne autour du RN
08:34 et a pour fonction de l'empêcher d'entrer au Parlement,
08:36 ou s'il entre au Parlement,
08:38 il a pour fonction de le neutraliser.
08:40 Ce n'est pas un détail.
08:42 Donc, comme tout le système politique tourne autour
08:45 du mythe RN, du mythe Le Pen, du mythe FN,
08:48 en disant, tout doit être tourné pour qu'il ne progresse pas,
08:50 qu'il ne progresse pas.
08:52 On ne se questionne pas sur les raisons du progrès.
08:54 Je précise, soit dit en passant, que la question du mode de scrutin,
08:57 ce n'est pas une question technique
08:59 qui intéresse seulement certains politologues bizarres.
09:01 C'est une question voyée dans tous les pays,
09:03 aux États-Unis, au Canada, en Italie, en Israël,
09:06 en Grande-Bretagne, dans les pays scandinaves.
09:09 La question du mode de scrutin est fondamentale.
09:11 C'est elle qui permet la formation de la volonté populaire.
09:14 C'est elle qui permet au peuple de s'exprimer.
09:16 C'est elle qui permet de tenir compte
09:19 des proposantes du peuple, des différents courants
09:21 qui traversent le peuple.
09:23 Donc c'est une question fondamentale.
09:25 Mais ce que je note pour l'essentiel,
09:27 c'est qu'en ce moment, on est prêt à modifier les institutions
09:29 pour empêcher la percée d'un parti.
09:32 - Justement, on dit souvent qu'il faut défendre
09:34 les institutions de ces humeurs électorales.
09:36 Donc est-ce qu'avec cette tribunale,
09:38 ces chercheurs ne rompent pas avec ce principe?
09:40 - J'en viendrais à croire que ces gens modifient leurs principes
09:43 en fonction de leurs préférences politiques personnelles.
09:45 Mais je n'irais pas jusque là.
09:47 Ce que je veux dire, c'est de voir effectivement
09:49 en ce moment, il y a tout un discours très fort
09:51 qui est mobilisé pour dire que les institutions
09:54 sont finalement plus importantes
09:56 que l'expression de la volonté populaire.
09:58 Les institutions, c'est ce qu'on doit défendre.
10:00 C'est comme si notre démocratie s'était réfugiée
10:02 dans l'« état de droit »,
10:05 état de droit qu'on réduit aux cours suprêmes
10:07 et aux autres autorités administratives,
10:09 et que le véritable pouvoir démocratique serait là.
10:11 Je me permets de citer une tribune
10:13 de Clément Bonde, tout récemment dans Le Monde,
10:16 qui dit « Respecter le juge
10:18 et la décision de justice dans le débat public
10:20 est une condition du vivre ensemble ».
10:22 Clément Bonde nous disait à ce moment-là,
10:24 revenez sur deux moments récents,
10:27 la décision du Conseil constitutionnel
10:29 sur la loi immigration, en disant
10:31 « On peut certes critiquer la décision,
10:33 mais en tant que telle, le pouvoir du Conseil constitutionnel
10:35 ne saurait être contesté ».
10:38 De la même manière, au moment du jugement
10:40 du Conseil d'État sur CNews,
10:42 et plus largement sur l'ensemble des chaînes d'info,
10:44 là, il nous dit encore une fois
10:46 « Peu importe ce qu'on pense du jugement,
10:49 on ne saurait critiquer l'instance productrice du jugement ».
10:51 Donc il veut placer des institutions
10:53 qui ont pourtant évolué depuis leur création,
10:55 qui ont, on pourrait dire, dévié,
10:57 j'oserais même dire, comme un homme de gauche,
11:00 qui ont dérapé depuis les dernières décennies.
11:02 Elles ont dérapé,
11:04 mais critiquer ces institutions, ce serait antidémocratique.
11:06 Ça, c'est assez original comme point de vue.
11:08 Donc on nous dit, aujourd'hui,
11:11 on ne saurait critiquer les cours suprêmes,
11:13 on ne saurait critiquer les autorités administratives,
11:15 et normalement, on ne devrait pas critiquer le mode de scrutin.
11:17 Mais là, c'est permis de les critiquer,
11:19 vu ce qu'on a dit un peu plus tôt.
11:22 Parce que ces institutions
11:24 seraient l'expression de la rationalité institutionnelle
11:26 supérieure de nos sociétés.
11:28 Mais là, on a un problème,
11:30 qui est quand même un peu compliqué.
11:33 Il y a ce truc bizarre, un peu ancien, moche,
11:35 qui sent mauvais, le peuple.
11:37 Le peuple est là, et le peuple continue
11:39 de peser dans l'imaginaire commun.
11:42 On doit en tenir compte,
11:44 quitte à ne pas l'apprécier, on doit en tenir compte.
11:46 Jusqu'à tout récemment, tant que le système électoral
11:48 produisait justement des majorités
11:50 favorables au régime, à l'idéologie dominante,
11:52 ça allait, finalement,
11:55 il suffisait de battre du tambour antifasciste
11:57 au moment des élections,
11:59 et là, le système électoral produisait la majorité désirée.
12:01 Mais si le système électoral produit
12:03 une autre majorité, que faire?
12:06 Là, il faut changer notre rapport au peuple.
12:08 Et là, on est dans une forme de ruse,
12:10 de manipulation idéologique,
12:12 et c'est la suivante, on va nous dire "le peuple, c'est important,
12:14 il est très important, il est très très important".
12:17 Et pour ça, il faut lui permettre de s'exprimer
12:19 dans toute sa pluralité, dans son infini complexité.
12:21 Pourquoi? Pour le réduire à l'impuissance,
12:23 pour le réduire à l'incapacité politique.
12:25 On dira "proportionnel la plus maximale possible",
12:28 officiellement pour maximiser la représentation,
12:30 dans les faits, pour le neutraliser politiquement
12:32 et le rendre incapable de former une majorité.
12:34 Donc, quand le peuple risque,
12:36 dans les règles, de se faire
12:39 une majorité qui n'est pas celle
12:41 désirée par le système,
12:43 eh bien, on dit "il faut transformer les règles
12:45 pour condamner le peuple à la protestation
12:47 ou à une forme de représentativisme".
12:50 Donc, le peuple ne doit plus gouverner,
12:52 le vrai pouvoir est dans les Cours suprêmes,
12:54 le vrai pouvoir est dans les autres autorités administratives,
12:56 le vrai pouvoir est dans la structure
12:58 technobureaucratique, et pour ce qui est
13:01 du pouvoir résiduel du peuple, ça doit être
13:03 le pouvoir des bavardeurs de l'Assemblée,
13:05 le pouvoir de ceux qui parleront, qui protesteront,
13:07 qui gueuleront, qui hurleront,
13:09 mais qui n'auront aucun pouvoir.
13:12 Donc là, il y a une espèce de ruse idéologique,
13:14 on dit "on va maximiser la diversité de la représentation
13:16 mais en échange, vous n'aurez aucun pouvoir".
13:18 Je note que dans la même logique, on veut frapper
13:20 d'interdit le référendum.
13:23 Le référendum dont on dit le plus grand mal,
13:25 on dit à la rigueur, on peut le tenir sur certaines questions,
13:27 les soins de fin de vie,
13:29 on peut tenir le référendum probablement sur les éoliennes
13:31 et le développement durable, mais un référendum
13:34 sur l'immigration, non, pas permis,
13:36 c'est méchant, mauvais, et on nous explique régulièrement
13:38 que ce serait extérieur au périmètre de la Constitution.
13:40 Donc le référendum,
13:42 quand ils permettent de mobiliser le peuple
13:45 sur une question qui importe au peuple,
13:47 on dit qu'on ne peut pas y faire appel.
13:49 Donc c'est assez intéressant, à travers cela, finalement,
13:51 c'est un clivage politique qui se dévoile,
13:53 le vrai pouvoir serait dans les instances non élues
13:56 parce qu'elles seraient porteuses du sens de l'histoire
13:58 et tout ce qui relève de l'élection, du peuple,
14:00 on doit soit ne pas le consulter,
14:02 soit faire en sorte que lorsqu'on le consulte,
14:05 il ne se produise pas une décision ou une majorité
14:07 si elle ne va pas dans le sens de l'histoire.
14:09 - Et vous parlez d'un choc des légitimités,
14:11 est-ce qu'on ne va pas vers une crise institutionnelle ?
14:13 - Allons plus loin, crise de régime.
14:15 Moi, ça me frappe à quel point les peuples ne changent pas.
14:18 C'est-à-dire les Britanniques demeurent généralement les mêmes
14:20 et les Français aussi.
14:22 Les Français ne voient pas leur Constitution évoluer
14:24 lentement au fil de l'histoire.
14:26 Tôt ou tard, même la Constitution la plus solide,
14:29 celle de la Vème, celle que l'on doit au général de Gaulle
14:31 que nous vénérons tous avec raison,
14:33 qu'est-ce qu'on voit ?
14:35 Il y a une crise de régime qui se dévoile
14:37 parce qu'il y a deux principes de légitimité concurrents
14:40 qui s'affrontent.
14:42 D'un côté, il y a le principe du régime diversitaire,
14:44 donc sacralisation de l'Europe, sacralisation du peuple diversitaire
14:46 produit par l'immigration massive
14:48 qui sacrifie le peuple historique
14:51 qui serait trop conservateur,
14:53 sacralisation des cours suprêmes, sacralisation des bureaucraties
14:55 et méfiance envers le peuple
14:57 qui, lui, ne serait pas assez éclairé.
14:59 Donc, il y a un sens de l'histoire
15:02 qui est le principe de la démocratie.
15:04 Et il y a l'autre conception de la démocratie
15:06 enracinée dans un peuple, une histoire, une culture,
15:08 la volonté populaire qui est plus importante
15:10 que les formes institutionnelles circonstancielles.
15:13 Puis il arrive un moment où ces deux formes peuvent s'entendre.
15:15 Qu'est-ce qui se passe ?
15:17 La majorité populaire veut dire quelque chose,
15:19 veut exprimer une préférence,
15:21 et elle n'en a pas le droit.
15:24 Mais on fait le référendum quand même.
15:26 Imaginez si, pour le plus grand malheur de ces chercheurs,
15:28 Marine Le Pen était élue, elle lance un référendum.
15:30 Mais elle n'en veut pas. Elle dit « je le fais quand même ».
15:32 Le référendum est majoritaire à 62 %.
15:35 Les gens disent « au nom de l'État de droit,
15:37 ce 62 % ne compte pas ».
15:39 Qu'est-ce qu'on a là-dedans ? On entre dans un moment
15:41 d'indétermination politique, un moment de choc institutionnel,
15:43 un moment de crise de régime,
15:46 comme on en a eu en 1958.
15:48 J'aime rappeler, c'est le privilège de l'étranger,
15:50 qu'à l'échelle des démocraties occidentales,
15:52 la France de 1958 naît sur ce qu'on pourrait presque
15:54 appeler ailleurs, comme un coup d'État.
15:57 Alors moi, je redoute les coups d'État, je n'aime pas les coups d'État.
15:59 Il y a un choc constitutionnel, un choc institutionnel,
16:01 un choc en différentes légitimités,
16:03 en différentes idéologies.
16:05 On entre dans un moment politique très intense.
16:08 Il se peut que la France se dirige vers un tel moment.
16:10 - Merci beaucoup Mathieu.
16:12 De votre côté, on va continuer à parler politique avec vous,
16:14 politique européenne. Je le disais, vous avez peut-être
16:16 ou pas entendu parler du « Pfizer-Gate »,
16:19 qui implique notamment la présence de la commission Ursula von der Leyen.
16:21 Or, nous sommes actuellement en période électorale
16:23 pour les élections européennes et l'affaire rebondit, Guillaume.
16:25 - Oui, elle rebondit, et peut-être que c'est
16:28 une affaire passablement embrouillée,
16:30 donc tu vas leur donner les tenants et les aboutissants.
16:32 Mais d'abord, une petite précision.
16:34 On ne va pas parler de l'aspect médical des vaccins.
16:36 Ce n'est pas du tout notre sujet.
16:38 Ce n'est pas un sujet, ce n'est pas ce qu'on va traiter.
16:41 On va traiter la manière dont l'Union européenne,
16:43 la Commission européenne, sait procurer ces vaccins
16:45 à quel prix, dans quelles conditions, etc.
16:47 Alors, cette affaire, il faut dire qu'elle démarre
16:49 peut-être au printemps 2021.
16:52 On est à une époque où le Covid bat son plein.
16:54 Il y a quand même beaucoup de morts, notamment en Europe.
16:56 Ça a frappé l'opinion publique.
16:58 Ursula von der Leyen, et l'Europe d'ailleurs,
17:00 paraît impuissante. Elle sait même laver les mains
17:03 pour dire aux gens "Regardez, ce qu'on peut faire,
17:05 c'est se laver les mains". C'est tout un symbole.
17:07 Et la bureaucratie européenne peine à se procurer les vaccins.
17:09 Ça pédale un peu dans la smoule, comme dirait l'autre.
17:11 Et donc, à ce moment-là, Ursula von der Leyen
17:14 décide, elle prend un peu le moraud dans,
17:16 elle en fait une affaire personnelle.
17:18 Il faut se procurer ces vaccins.
17:20 Et donc, elle va se rapprocher notamment du PDG
17:22 de la fameuse France, qui est un peu
17:25 du PDG de la fameuse firme Pfizer,
17:27 Albert Bourla.
17:29 Et ensemble, ils vont d'ailleurs donner
17:31 une interview au New York Times
17:33 le 28 avril 2021.
17:36 Et à ce moment-là, c'est ça qui est intéressant, le renversement.
17:38 Elle se vante d'avoir conclu,
17:40 disons, prestement, rondement,
17:42 quasiment avec deux coups de fil, trois SMS,
17:44 une négociation qui porte sur des dizaines
17:47 de milliards, en réalité, d'euros,
17:49 et des milliards de doses de vaccins.
17:51 Et puis, après,
17:53 elle s'en vante, finalement, sa maître à son crédit.
17:55 Puis, on va lui demander, "Bon, alors, très bien, mais on veut voir les contrats.
17:58 Donnez-nous les contrats." Et surtout,
18:00 les SMS avaient conclu ça avec des SMS, parce que
18:02 certains avaient de la mémoire, ils se sont dit "Mais cette femme, elle a été
18:04 ministre de la Défense en Allemagne. Et en Allemagne,
18:06 elle n'aurait pas, par hasard, déjà, à coup de SMS,
18:09 négocié avec des firmes pour des milliards,
18:11 des contrats pour l'armée allemande ?"
18:13 Si. Ah, et quand on lui a demandé les SMS,
18:15 qu'est-ce qui s'est passé ? Ah, elle a demandé à ce que son téléphone
18:17 soit effacé et sécurisé par les services allemands.
18:20 D'accord, c'est intéressant. Donc, on lui a demandé
18:22 tout de suite ces SMS. Elle a dit "Non, non, non, non, non,
18:24 je ne vous les donne pas pour deux motifs. Un,
18:26 secret des affaires. On a eu une sorte,
18:28 une formidable ristourne de Pfizer, donc,
18:31 ce ne serait pas bien vis-à-vis de notre partenaire.
18:33 Et deuxièmement, vous savez, dans ces SMS,
18:35 il n'y a rien à voir, ça n'a aucun lien
18:37 avec l'Union européenne. Bien sûr, c'est certain.
18:39 Donc, ça a évidemment
18:42 un tout petit peu agacé, comme vous pouvez l'imaginer.
18:44 Ça a agacé des journalistes, ça a agacé des parlementaires.
18:46 Et ils ont saisi la justice pour que le gouvernement
18:48 et la justice oblige la Commission européenne
18:50 à transmettre les documents et oblige la Commission européenne,
18:53 d'ailleurs, et la présidente de la Commission européenne,
18:55 à montrer ces SMS.
18:57 Il y a eu deux plaintes, si on en retient,
18:59 je pense qu'il faut en retenir deux.
19:01 Une plainte de New York Times, du journal,
19:04 le célèbre journal américain, février 2023,
19:06 porte plainte contre la Commission européenne
19:08 pour cette obstruction, ce refus de transmission
19:10 des documents. Et plus grave encore,
19:12 en avril 2023, il y a un lobbyiste belge
19:15 qui lui va porter plainte au pénal.
19:17 Pour corruption et pour destruction de documents.
19:19 Donc là, ça commence à devenir très, très sérieux.
19:21 Et qu'est-ce qu'il y a de nouveau ?
19:23 Et pourquoi ça rebondit en pleine campagne européenne
19:26 aujourd'hui, cette affaire ?
19:28 D'abord parce que la Cour de justice européenne
19:30 doit se prononcer d'ici le mois de juin,
19:32 c'est-à-dire demain matin, sur la fameuse plainte
19:34 du New York Times.
19:37 Et qu'ensuite, Politico, le magazine en ligne,
19:39 nous apprend que la plainte au pénal
19:41 qui avait été déposée devant un procureur
19:43 à l'IAE, à l'Union Européenne,
19:46 devant un procureur à Liège,
19:48 parce que c'est un ressortissant belge,
19:50 le parquet belge a passé l'affaire
19:52 au parquet européen, ce qu'on appelle
19:54 le parquet européen qui est chargé
19:56 des enquêtes internes. Vous savez, par exemple,
19:59 cette vice-présidente du Parlement européen
20:01 qui avait pris de l'argent au liquide,
20:03 c'est le parquet européen qui s'occupe de son cas.
20:05 Et le parquet européen, ça y est, commence à instruire.
20:07 Il y a bien une instruction pour des faits
20:10 extrêmement graves qui sont des faits de corruption
20:12 et de destruction de documents. Donc ça commence
20:14 toujours en cours, mais au-delà de l'affaire,
20:16 on peut quand même en tirer quelques conséquences.
20:18 - Alors vous avez complètement raison, Mme van der Leyen,
20:21 elle bénéficie comme tout un chacun de la présomption
20:23 d'innocence, ce n'est pas le sujet. Mais on peut se dire
20:25 que même si Mme van der Leyen est totalement innocente
20:27 à l'arrivée, même si elle n'a rien à se reprocher,
20:29 de toute façon, ce qu'on apprend au travers de cette affaire
20:32 est très intéressant, parce qu'on comprend
20:34 que tout le narratif qu'on nous a servi
20:36 pour justifier l'Union Européenne,
20:38 ce kidnapping démocratique permanent,
20:40 c'est-à-dire que sans l'Union Européenne,
20:43 on n'aurait pas eu de vaccins, on ne les aurait pas eu à temps,
20:45 on ne les aurait pas eu suffisamment, on les aurait payés
20:47 beaucoup plus cher, etc., tout ça se déballonne,
20:49 intégralement, ça fait pchit.
20:51 Par exemple, on a eu des vaccins plus vite
20:54 grâce à l'Union Européenne. C'est intéressant,
20:56 parce qu'en décembre 2020, entre décembre et janvier,
20:58 disons, pour être honnête, les Etats-Unis d'Amérique,
21:00 la Grande-Bretagne, Israël, mais aussi les Émirats Arabes Unis,
21:02 mais aussi Singapour, tous ces gens-là,
21:05 ils commencent des campagnes de vaccination
21:07 pour la population générale, tout de suite.
21:09 Et ce n'est que 6 mois plus tard,
21:11 en France notamment, et dans l'Union Européenne,
21:13 avec là encore une excuse qui est de dire
21:16 "oui, mais on veut privilégier certains par rapport à d'autres".
21:18 Non, c'est juste qu'on n'avait pas les doses, tout simplement.
21:20 Donc c'est déjà un premier mensonge. Deuxième mensonge,
21:22 "oui, mais on les a eus moins cher grâce à l'Union Européenne".
21:24 Quand on a acheté ensemble, on a eu un prix de grosse,
21:27 si vous voulez, pour faire simple. Et donc, on a dit au début,
21:29 regardez, aux Etats-Unis, ils payent leur dose
21:31 Pfizer 16 euros, en taux de change de l'époque,
21:34 et nous, on va les payer 12 euros.
21:36 Ah oui, sauf qu'on ne les a même pas payés
21:39 16 euros, en fait. Non seulement on ne les a pas payés 12,
21:41 on ne les a pas payés 16, on a fini par les payer 19,50 euros.
21:43 Donc en fait, grâce à l'Union Européenne,
21:45 beaucoup plus cher. Donc en fait,
21:47 tout est faux de ce qu'on nous raconte.
21:50 Alors pas tout, non. Parce qu'en effet, on les a eus, les doses.
21:52 Alors ça, c'est sûr. Et on a passé, comment,
21:54 de 4 milliards de doses, record mondial,
21:57 4 milliards de doses, soit 10 doses par Européen.
21:59 Ah donc, on y a été, on a chargé la dose.
22:02 Ça fait plaisir à mon ami Marc, je le vois sourire.
22:05 Et on a des doses, on a des doses,
22:07 c'est ça qui est fantastique, merci Madame Van der Leyen,
22:09 jusqu'en 2027. Il n'y a plus de Covid,
22:11 mais on a toujours les doses. C'est intéressant.
22:14 Alors évidemment, c'est un gâchis monumental.
22:16 On a déjà 215 millions de doses
22:18 qui sont inutiles, inutilisables,
22:20 pour un montant, c'est une bagatelle,
22:22 4 milliards, ce n'est pas bien grave.
22:25 Merci Madame Van der Leyen. Et alors, il y a des pays
22:27 qui, quand même, sont un peu rebellés.
22:29 Ils sont encore des démocraties. La Hongrie, la Pologne,
22:31 ces gens-là disent "mais attendez, nous on refuse
22:33 de payer ces doses, ça suffit, il n'y a plus de Covid".
22:36 Et là, Pfizer les attaque, évidemment,
22:38 pour les faire crasher au bassinet.
22:40 Donc je pense que c'est une parabole
22:42 très intéressante de ce qu'est l'Union Européenne,
22:44 une machine d'aplaventrisme face au grand capital.
22:47 Et on verra dans un second temps,
22:49 parce qu'on va devoir marquer une courte pause,
22:51 quelles sont les conséquences, est-ce que ça nous apprend
22:53 aussi sur le fonctionnement des institutions européennes ?
22:55 Restez bien avec nous, on se retrouve pour la suite
22:58 de Face à l'Info, à tout de suite.
23:00 De retour pour la deuxième partie
23:02 de Face à l'Info avec vous, Guillaume Bigot.
23:04 On ne dit surtout pas ce qui se passe pendant la pause,
23:06 il faut rester sérieux avec Marc Menon à côté,
23:09 ce n'est pas toujours facile, mais on va y arriver.
23:11 Allez, on se reconcentre.
23:13 Effectivement, on parlait de cette affaire
23:15 qui concerne Ursula von der Leyen.
23:17 Le but aussi, c'est de comprendre derrière
23:20 ce que ça nous apprend la construction européenne
23:22 de son fonctionnement, et du coup, peut-être de ses dérives aussi.
23:24 - Alors je vais vous dire, on nous a présenté
23:26 un troc qui a dit "bon, la démocratie directe,
23:28 c'est un petit peu le passé, etc.
23:31 Je rejoins un peu l'édito de mon ami Mathieu.
23:33 Maintenant, on va vers un truc plus sérieux.
23:35 C'est vraiment sérieux, c'est la transparence,
23:37 c'est l'état de droit, etc.
23:39 Donc prenez ça, c'est même mieux,
23:42 vous verrez, vous en prenez plusieurs par jour
23:44 et ça ira beaucoup mieux pour vous.
23:46 La transparence, formidable.
23:48 Alors là, quand on regarde cette affaire de près,
23:50 comment cette affaire est sortie,
23:53 là on se dit que la transparence, c'est quand même très intéressant
23:55 dans l'Europe, c'est intéressant.
23:57 Alors, on peut prendre deux personnages
23:59 et deux moyens d'émergence de cette affaire.
24:02 Il y a un journaliste autrichien,
24:04 qui s'appelle Alexander Fanta.
24:06 Et lui, il s'appuie sur le règlement,
24:08 c'est un Autrichien, il est très sérieux, très rigoureux,
24:10 règlement 10/49/2001,
24:12 "J'ai le droit d'avoir communication
24:15 de tous les documents de l'Union Européenne.
24:17 Donc, s'il vous plaît, donnez-moi les contrats",
24:19 alors il a eu qu'à garder, "et donnez-moi les SMS".
24:21 Alors là, la Commission Européenne lui dit "on ne les trouve plus,
24:23 on ne sait pas où c'est, etc."
24:26 Alors il va dire "non mais attendez, il y a une médiation,
24:28 il y a la médiatrice de l'Union Européenne".
24:30 Et la médiatrice de l'Union Européenne, elle dit
24:32 "ah ben j'ai demandé, mais finalement, il n'y a pas de réponse".
24:34 Et il y a un reportage sur Arte, qui est fascinant,
24:38 où on voit cette dame, Madame Emily O'Reilly,
24:40 apparemment irlandaise d'après son patronyme,
24:42 qui est très clairement gênée,
24:44 oui je sais, je suis un devin, très clairement gênée,
24:46 en disant "mais en fait, la Commission,
24:50 elle ne vous communiquera pas les documents,
24:52 parce qu'elle n'en a pas envie, elle peut ne pas vous les communiquer,
24:54 alors à quoi ça sert cette transparence, on se demande ?
24:56 Mais mieux encore, la Commission, elle le dit,
24:59 elle table sur la lassitude des citoyens,
25:01 ce que moi j'appelle la dictature de l'ennui bureaucratique européen,
25:04 et deuxièmement, sur le manque de moyens financiers,
25:07 parce que pour attaquer la Commission, pour obliger la Commission
25:09 à vous donner, il faut beaucoup d'argent.
25:10 Et c'est la raison pour laquelle Alexander Fanta,
25:13 et deuxième honte si vous voulez, il a contacté le New York Times,
25:16 New York Times qui avait les moyens, contrairement à la presse européenne,
25:19 d'attaquer la Commission européenne.
25:21 Voilà pourquoi c'est sorti. Donc déjà, ça c'est incroyable.
25:23 Deuxième illustration, mais, de cette escroquerie,
25:27 de cette soi-disant transparence,
25:29 c'est un lobbyiste belge, cette fois-ci,
25:31 qui s'appelle Frédéric Baldan.
25:33 Lui, il va essuyer, même cause, même effet,
25:35 il lui suit le même refus de transmission,
25:38 mais lui, c'est plus intéressant encore,
25:40 parce qu'il va subir directement des représailles
25:42 de la part de la Commission.
25:43 Donc non seulement, il n'y a pas de transparence,
25:45 mais si vous demandez la transparence, il va vous arriver des bricoles.
25:48 C'est ça qui est fantastique, en fait.
25:50 Et trois, mais pas 24 heures, trois heures après avoir témoigné
25:53 dans une commission d'enquête au Parlement européen
25:55 consacrée au FISA, trois heures après,
25:57 son entreprise qui était accréditée depuis six ans
26:00 auprès de la Commission européenne,
26:02 qui devait être réaccréditée depuis quelques mois,
26:04 elle n'est plus accréditée.
26:06 Et il reçoit de la part, mais on dirait que c'est inventé,
26:08 c'est une parabole totale, un mail non signé,
26:12 émanant de qui ? De la direction de la transparence.
26:14 Elle n'est pas belle, celle-là ?
26:16 Non, mais ils font tourner les tables, là-bas.
26:18 Je ne sais pas ce qui se passe là-haut,
26:20 et on nous vend que c'est fantastique,
26:23 que ça va très bien se passer en Européenne.
26:25 C'est pas un sacrifiant à la démocratie,
26:27 c'est des vêtilles, on va se mettre sous leur coupe
26:29 et ça va bien se passer.
26:31 Donc je pense qu'Alexander Fanta, le journaliste,
26:34 et Frédéric Baldan, le lobbyiste,
26:36 sont peut-être les deux pots de terre qui vont briser
26:38 la dame de fer allemande, qui sait ?
26:40 En tout cas, ça montre cette affaire de manière structurelle
26:42 que la transparence, ou l'état de droit,
26:45 qui est très bien sans la démocratie,
26:47 sans les élus, sans le pouvoir des citoyens,
26:49 sans le contrôle démocratique,
26:51 c'est une escroquerie intellectuelle,
26:54 c'est une escroquerie démocratique.
26:56 Et je pense aussi que pour l'Union Européenne,
26:58 c'est pas le secret de l'État, l'intérêt de l'État qui compte.
27:00 Non, il y a au-dessus, très au-dessus,
27:02 il y a ce qu'on appelle le secret des affaires,
27:04 le big business. Alors ça, c'est sérieux.
27:07 Ça, c'est très sérieux.
27:09 Et pour protéger les affaires,
27:11 vous écrasez des millions de citoyens,
27:13 ça n'a aucune espèce d'importance,
27:15 mais on va faire de la génuflexion face aux grands intérêts
27:18 bancaires, financiers, entrepreneuriaux, etc.
27:20 Il n'y a aucun problème parce qu'il y a ce culte du marché,
27:22 si vous voulez, dans l'Union Européenne,
27:24 c'est une sorte de communisme à l'envers,
27:26 c'est un communisme libéral. Et en réalité,
27:29 on se rend compte aussi de quoi ? Pareil,
27:31 s'il n'y a pas de contrôle des citoyens,
27:33 qu'est-ce qui peut se passer ? Là où on nous explique
27:35 que l'Union Européenne a réussi à casser le bras de Pfizer
27:37 pour avoir des vaccins moins chers,
27:40 en fait, c'est pile l'inverse qui s'est produit.
27:42 C'est-à-dire que l'Union Européenne,
27:44 fort de ses 447 millions de consommateurs,
27:46 aurait pu dire "mais attendez, Pfizer,
27:48 si vous ne nous donnez pas des vaccins à bon marché,
27:51 c'est la logique qui s'est installée".
27:53 En réalité, que Mme von der Leyen soit coupable ou pas coupable,
27:55 ça ne change rien. Ce qui s'est passé,
27:57 c'est que l'Union Européenne n'a exercé aucune pression
27:59 sur ces entreprises, puisque l'Union Européenne,
28:02 c'est une fanatique du marché.
28:04 - Et quel sera l'impact politique, du coup,
28:06 à la fois sur la campagne des Européennes,
28:08 sur le destin de von der Leyen,
28:10 et peut-être d'ailleurs sur le destin de l'Union Européenne
28:13 plus globalement ? - Alors, sur le destin
28:15 de Mme von der Leyen, ça ne va pas très bien se passer,
28:17 même si à la fin des fins, elle est tout de même blanchie,
28:19 ça la faiblit, elle n'avait pas non plus...
28:21 Parce qu'elle s'est un peu autoproclamée présidente...
28:24 Elle s'est autoproclamée à sa suite, à sa succession.
28:26 Elle s'est nommée à sa succession.
28:28 Au mieux, elle se servit à se servir soi-même,
28:30 vous me direz.
28:32 Et en réalité, évidemment, cette affaire, là,
28:35 la faiblit, mais surtout, elle a essayé,
28:37 elle a eu recours à une manœuvre
28:39 qui probablement va se retourner contre elle,
28:41 surtout dans ce contexte, c'est qu'elle a été voir
28:43 son PPE, le Parti Européen, c'est-à-dire,
28:46 c'est une sorte de syndicat de petits partis conservateurs
28:48 dont elle erre, lors d'un congrès
28:50 qui se sont réunis à Bucarest le 6 mars,
28:52 elle leur a demandé de s'autosynchroniser
28:54 candidate officielle du PPE.
28:57 Et là, en fait, ce qui était
28:59 une sorte de plébiscite, c'est un peu retourné
29:01 contre elle, parce que la plupart des gens n'ont pas voté,
29:03 certains ont voté contre, comme elle erre, par exemple.
29:05 Donc elle a eu un soutien très faible.
29:08 Mais surtout, en faisant ça, elle s'est mis à dos la France,
29:10 Emmanuel Macron, le commissaire Thierry Breton.
29:12 Pourquoi ? Parce qu'Emmanuel Macron ne voulait pas
29:14 d'un candidat politique porté par un parti
29:17 comme le PPE et par le Parlement.
29:19 Il voulait que ça reste l'apanage du Conseil européen.
29:21 Donc déjà, elle se les mis à dos.
29:23 Quant à l'issue du scrutin européen,
29:25 en tout cas en France, je ne vais pas regarder
29:27 ce qui s'est passé dans les autres pays, je vais le faire,
29:30 c'est vraiment la chasse, ce n'est pas la chasse aux œufs de Pâques,
29:32 c'est la chasse aux venderléennes.
29:34 C'est-à-dire que là, tous les partis politiques,
29:36 tous les partis de gauche crient "arro sur le bodé",
29:38 évidemment, "reconquête LR",
29:41 donc un mot d'ordre, c'est "on va se débarrasser
29:43 de Venderléen", et l'ERN, on a quasiment fait
29:45 un slogan pour sa campagne.
29:47 Et donc, même si le président de la République
29:49 et Renew essayent de prendre ses distances
29:52 à l'égard de Venderléen, ils ont été trop loin
29:54 dans ce soutien, et à mon avis,
29:56 elle va les entraîner aussi dans leur chute.
29:58 Mais en réalité, que Mme Venderléen
30:00 soit changée ou pas, qu'il y ait une alliance
30:03 Renew-PPE ou d'autres alliances,
30:05 on ne peut pas transformer cette femme en bouc émissaire,
30:07 ça n'a pas de sens, ni d'ailleurs sur un plan humain,
30:10 forcément, surtout, surtout, le système européen,
30:15 de manière constitutive, à partir du moment
30:17 où il n'y a plus de démocratie directe,
30:19 et il n'y a pas de contrôle démocratique,
30:21 de toute façon, je dirais, il est génétiquement
30:23 antidémocratique, donc ça n'a rien de surprenant
30:25 qu'il y ait des dérives, c'est vraiment,
30:28 c'est comme si Montesquieu n'avait jamais existé,
30:30 la séparation des pouvoirs n'avait jamais existé,
30:32 tous ces gens-là, c'était époumonné,
30:34 c'était peine perdue d'écrire des livres
30:36 pour mettre en garde les gens sur le fait
30:39 qu'il faut que le pouvoir contrôle le pouvoir,
30:41 si vous voulez. - Eh bien, merci beaucoup,
30:43 on a des terroristes, notamment dans nos écoles, avec vous,
30:45 Marc, on se rappelle, malheureusement, évidemment,
30:47 des attentats qui ont coûté la vie à Samuel Paty,
30:50 à Dominique Bernard, il y a quelques jours,
30:52 on a vu ces fameuses messageries intra-établissements
30:54 où il y a eu un certain nombre d'alertes,
30:56 et donc, il y a une tentative, effectivement,
30:58 de mettre toujours plus de sécurité à l'école,
31:01 mais vous allez nous expliquer qu'il faudrait peut-être
31:03 des limites. - C'est-à-dire, c'est,
31:05 dans un premier temps, on est catastrophé
31:07 d'imaginer que des petits bambins soient confrontés,
31:09 dans leur jeunesse, à ces fléaux
31:12 qui nous menacent au quotidien.
31:14 Alors, là, on a parlé
31:16 de ce qu'ils subissent depuis des années,
31:18 la crise sanitaire, on entend parler
31:20 de la guerre en Ukraine, on entend parler
31:23 qu'en sortant de l'école, il faut faire attention,
31:25 qu'auprès des petits camarades, il y a le harcèlement,
31:27 défiez-vous, défiez-vous, défiez-vous,
31:29 et à force de se défier, ces pauvres gamins
31:31 sont en perdition, il y en a de plus en plus
31:34 qui sont menacés de dépression,
31:36 plus 36 % de cas,
31:38 c'est colossal !
31:40 Et dans les écoles,
31:42 on se dit, il faut prendre des mesures.
31:45 Alors déjà, l'Éducation nationale
31:47 n'a pas le contrôle des établissements,
31:49 ce sont les régions
31:51 qui déterminent
31:53 la politique et qui ont la gestion
31:56 de chacun des établissements scolaires
31:58 dans leur domaine,
32:00 donc dans leur circonscription,
32:02 si je puis utiliser ce terme.
32:04 Que fait-on ?
32:07 Alors, il y a ceux qui disent, l'école,
32:09 il nous faut la sécuriser,
32:11 en faire une sorte de "Forknox",
32:13 il n'est pas question
32:15 que les enfants aient le moindre
32:18 tracas
32:20 avec un univers d'extérieur
32:22 qui les menace.
32:24 Et des mesures sont prises.
32:26 Vous avez ceux qui cherchent à avoir
32:29 des moyens technologiques
32:31 de plus en plus élaborés,
32:33 il y a d'ailleurs un technicien
32:35 de la brigade de recherche et d'intervention
32:38 qui a inventé un système,
32:40 alors ça greffe sur les portes
32:42 et hop, s'il y a la moindre alerte,
32:44 les portes se bloquent avec des sortes
32:46 de crochets et vous êtes ainsi
32:48 enfermé. Et il vend
32:51 cela avec aussi des alertes
32:53 portables pour les uns et les autres
32:55 et à Paris,
32:57 il y a 10 établissements d'universités
32:59 qui ont commandé ces kits
33:02 qui coûtent à peu près 2 200 euros.
33:04 Après, vous avez les établissements
33:06 scolaires qui disent "on va prendre
33:08 des vigiles", alors on met un ou deux
33:10 vigiles. Et puis il y a Laurent Wauquiez,
33:13 alors Laurent Wauquiez, depuis longtemps,
33:15 il dit "il nous faut prendre des mesures
33:17 strictes qu'il n'y ait pas d'intrus".
33:19 Alors comment ne pas avoir d'intrus ?
33:21 Le mieux, c'est de filtrer. Alors vous mettez
33:24 le tourniquet, vous mettez un sas,
33:26 vous multipliez tous les
33:28 obstacles possibles et inimaginables.
33:30 Reste, quand on s'aperçoit
33:32 du résultat de cette politique,
33:35 non pas en France, heureusement pour le moment,
33:37 mais aux Etats-Unis, là où
33:39 depuis longtemps, il y a de temps en temps
33:41 ces fous furieux, souvent d'ailleurs,
33:43 de l'université elle-même,
33:46 des élèves, on n'a pas à voir
33:48 tous les principes de précaution,
33:50 les radars qui essaient
33:52 de voir ce qu'il y a dans le cartable
33:54 des gamins, vous avez toujours ces crimes
33:57 horribles et ces
33:59 universités qui sont dans
34:01 un charivari sanglant et
34:03 ça n'a rien empêché. Alors
34:05 ça pose des questions sur cette
34:08 sécurisation. Et puis c'est quoi
34:10 la sécurisation ? Alors Laurent Wauquiez l'a même
34:12 envisagé à un moment donné, ça avait été fait en paquet
34:14 d'ailleurs, c'est d'utiliser
34:16 le contrôle facial.
34:19 Et alors le contrôle facial,
34:21 tout de suite, on n'a pas besoin d'être tous les
34:23 jours accroché à son téléviseur
34:25 pour connaître le principe qui est
34:27 appliqué en Chine depuis
34:30 des années. Vous arrivez sur le bas-côté du
34:32 territoire, on voit que vous êtes un tel, vous n'avez
34:34 pas payé vos contraventions, etc.
34:36 Mais là encore, vous pouvez avoir
34:38 tous les fichiers possibles, inimaginables,
34:41 il ne faut pas oublier que le fanatique,
34:43 que le kamikazé, il n'a rien
34:45 à foutre de tout ça, il arrive avec
34:47 ses grenades, etc. C'est l'impulsion.
34:49 Malheureusement, nos chers confrères
34:52 de Charlie Hebdo, ils étaient dans un
34:54 lieu qui n'était plus que protégé
34:56 et ça n'a pas empêché le massacre
34:58 dont ils ont été victimes.
35:01 Donc la sécurité, oui, ça nous fait
35:03 du bien, c'est dans notre tête,
35:05 mais n'est-ce pas une illusion ?
35:07 Et est-ce que ce n'est pas, si on pousse
35:09 les choses à l'extrême, arriver aux dictatures
35:11 comme en Chine ? Mais regardez,
35:14 la Russie, on ne peut pas dire que ce soit
35:16 l'exemple de la grande démocratie
35:18 et on pensait que là-bas, ils étaient à
35:20 l'abri de tous ces drames.
35:22 Et on a vécu la semaine dernière quoi ?
35:25 Eh bien, ce
35:27 cataclysme sanguinaire
35:29 et Vladimir
35:31 Poutine, qui étaient là,
35:33 les bras ballants, à balbutier, étant
35:36 incapable, sauf de trouver un
35:38 bouc émissaire. Donc la sécurité
35:40 pour la sécurité, malheureusement, c'est
35:42 une illusion. Et puis avec les technologies
35:44 dont on dispose, l'intelligence
35:47 artificielle, ça veut dire que demain, vous aurez une petite
35:49 piste, vous aurez le contrôle du contrôle du contrôle,
35:51 on est dans un monde d'enfermement,
35:53 dans un monde, moi je ne sais pas si vous voulez vivre,
35:55 mais théoriquement,
35:58 moi personnellement, je n'en veux surtout
36:00 pas. Et puis après, il y a la formation
36:02 aussi de l'environnement
36:04 scolaire. Il y a les professeurs
36:06 mais vous avez les personnels
36:09 qui sont les personnels d'encadrement.
36:11 On m'a raconté hier une histoire
36:13 dans une petite école des Yvelines, dans
36:15 un endroit où théoriquement, il n'y a pas
36:17 la moindre probabilité
36:20 d'une intrusion
36:22 conduisante à un drame.
36:24 La semaine dernière, les fameuses alertes
36:26 et soudain, vous avez ces personnels
36:28 qui hulent dans la cour, "les enfants, les enfants,
36:31 les enfants, les primaires, venez là
36:33 et puis faites attention que les petits CP
36:35 ne soient pas près des écoles et rentrez,
36:37 rentrez, rentrez." Et
36:39 on m'a rapporté les enfants qui
36:42 le soir, repris par leur maman,
36:44 sont en pleurs. Ils ne veulent
36:46 plus aller à l'école. Et
36:48 quand on reprend ce que je vous disais tout à l'heure
36:50 entre le harcèlement, le "attention
36:53 à ceci, le "attention à cela",
36:55 tous ces bambins
36:57 sont aujourd'hui totalement chamboulés.
36:59 Quelle est la société que nous sommes
37:01 en train de leur offrir ?
37:04 Vous allez dire "mais alors, que faire ?"
37:06 Déjà, on pourrait, sous couvert de sécurité,
37:08 comme dans l'ancien temps,
37:10 dire "prenons des
37:12 exercices, qui soient
37:15 des exercices d'évacuation ou de protection."
37:17 On ne sait jamais, vous savez, les enfants,
37:19 il peut y avoir un incendie, mais tout ça, c'est pas grave.
37:21 On fait attention aux petits copains, etc.
37:24 Et soyez simplement en alerte.
37:26 Mais là, quand vous arrivez dans une école
37:28 qui est un bunker, comment
37:30 pouvez-vous vous sentir bien ?
37:32 La fragilisation de nombre de ces enfants
37:34 est parfois patente parce qu'ils
37:37 vivent chez eux. Et là, vous ne faites
37:39 que de les placer sous l'aiguillon
37:41 de cette peur, cette peur viscérale,
37:43 et qui les place, eh bien,
37:45 sous médicaments,
37:48 pour essayer de sortir
37:50 de ces angoisses qui les rongent.
37:52 Et ça donnera quoi dans 10 ans ?
37:54 Ça donnera quoi dans 15 ans ?
37:56 Alors après, là encore, on peut extrapoler,
37:59 ça donnera quoi ? On n'a jamais vu
38:01 autant de jeunes utiliser la drogue,
38:03 on n'a jamais vu autant de jeunes utiliser
38:05 l'alcool pour essayer d'oublier
38:07 leur quotidien. Ce qui fait que
38:10 notre monde, il faut lui redonner
38:12 un tout petit peu de soleil. Ce soleil,
38:14 c'est celui de la fraternité.
38:16 On sera toujours sous la menace,
38:18 mais je ne crois pas que ce soit en nous
38:21 menaçant, en nous recroquevillant,
38:23 que l'on pourra être dans l'élan,
38:25 dans la petite lumière qui est
38:27 celle de l'espoir dont les enfants
38:29 ont tant besoin. - Merci beaucoup
38:32 Marc Menand, et on va passer maintenant à votre édito,
38:34 Charlotte, puisque la sœur de Samuel Paty
38:36 a demandé à l'État de reconnaître ses responsabilités
38:38 dans l'assassinat de son frère,
38:40 et pourtant la ministre de l'Éducation hier a refusé
38:43 de le faire. Qu'est-ce que vous avez retenu de ces échanges ?
38:45 - Alors, c'est l'avocate de Michael Paty,
38:47 donc qui est la sœur de Samuel Paty,
38:49 qui a déjà, depuis des années, à la fois l'étude
38:51 des jours qui ont précédé la mort de son frère,
38:54 ce qu'il s'était passé, les réactions et les absences
38:56 de réactions, surtout des autorités,
38:58 et son avocat avait annoncé avoir engagé
39:00 un recours administratif contre l'État,
39:02 en clair, pour qu'il reconnaisse sa responsabilité.
39:05 L'État a deux mois pour répondre
39:07 à cette demande, et derrière,
39:09 ça peut aller plus loin si l'État ne le fait pas.
39:11 Et, alors, il y a un constat
39:13 qui est fait par la sœur de Samuel Paty,
39:16 elle pointe la faillite du rectorat
39:18 qui a minimisé la menace
39:20 qui pesait sur Samuel Paty,
39:22 le fameux pas de vague, si je dois résumer,
39:24 de la préfecture et des services
39:27 de renseignement, puisqu'un rapport existait
39:29 sur cette altercation,
39:31 enfin, sur une altercation non, d'ailleurs,
39:33 me dirait Marc, et il aurait raison,
39:35 mais sur les réactions qui ont suivi
39:38 ce qu'on a appris à être un mensonge
39:40 par la suite, de cet élève,
39:42 et notamment les menaces qui existaient
39:44 à l'encontre de Samuel Paty, et donc une absence
39:47 de protection et donc de réaction des autorités
39:49 par rapport à l'existence de cette menace.
39:51 Finalement, ce que dessinent, on va dire,
39:53 les jours qui ont précédé la mort de Samuel Paty,
39:55 c'est une immense naïveté
39:57 des autorités devant la menace
40:00 qui n'a pas été prise au sérieux.
40:02 Et on le voit derrière, alors, Dominique Bernard,
40:04 les circonstances sont un peu différentes,
40:06 il n'y avait pas eu de menace organisée comme ça avant,
40:08 mais on l'a vu très récemment avec le proviseur
40:11 du lycée Maurice Ravel,
40:13 il y a une réaction, alors je vais y revenir,
40:15 une réaction en tout cas des autorités,
40:17 un déplacement immédiat, une proposition de protection
40:19 qui est accordée au professeur, donc on comprend
40:22 qu'il y a des choses qui n'avaient pas été faites à l'époque
40:24 et une réaction aujourd'hui qui en découle.
40:26 Alors, je précise que c'est une démarche
40:28 sans appât du gain, parce que si de l'argent
40:30 est demandé à l'État, immédiatement, la sœur a annoncé
40:33 que ce serait reversé à des associations
40:35 qui s'occupent de ça dans les écoles,
40:37 et elle dit elle-même que c'est une démarche d'abord symbolique
40:39 pour que l'État, en reconnaissant les défaillances
40:41 et donc sa responsabilité,
40:44 puisse les gommer, les effacer,
40:46 et donc réagir différemment en pareille circonstance,
40:48 et notamment au vu des affaires qui se répètent
40:50 et des menaces qui courent dans les écoles.
40:52 Alors, il n'y a pas eu de réponse personnelle de l'État,
40:55 par ailleurs son avocate a écrit aussi à différents ministères,
40:57 il n'y a pas eu de réponse personnelle à Michael Paty,
40:59 il n'y a pas eu de réponse officielle non plus,
41:01 il y a eu une réponse par voix de presse,
41:03 alors on verra si c'est la seule réponse qui arrive,
41:06 mais qui est celle de Mme Belloubet,
41:08 en effet ministre de l'Éducation nationale,
41:10 qui était hier sur BFM, et qui dit
41:12 "il y a sans doute des choses qui auraient pu être mieux faites",
41:14 je confirme,
41:17 c'est-à-dire que ça a été reconnu par tout le monde par ailleurs,
41:19 donc c'est pas "sans doute", mais voilà,
41:21 pour autant je ne suis pas certaine
41:23 que l'on puisse dire que l'État a une part de responsabilité
41:25 dans l'assassinat de Samuel Paty.
41:28 On comprend quand on écoute en entier Nicole Belloubet
41:31 qu'elle a la réalité dans un petit coin de sa tête,
41:33 et elle a surtout une exigence de ne pas parler
41:35 de la responsabilité de l'État.
41:37 On comprend que ça guide absolument toute son intervention,
41:40 parce que ça n'a ni queue ni tête, c'est extrêmement contradictoire.
41:42 L'État a deux mois, je vous le disais,
41:44 pour répondre officiellement à cette requête,
41:46 donc est-ce que ce sera la seule réponse ? On verra bien.
41:48 En attendant, on a une déclaration assez lunaire
41:51 vu les circonstances, assez peu empathique tout simplement
41:54 par rapport à la déclaration, mais bon, ça à la limite...
41:56 Et surtout contradictoire de la ministre de l'Éducation nationale,
42:00 je précise et j'évoquais le proviseur du lycée Maurice Ravel,
42:02 parce que ça intervient quelques jours
42:05 après que ce proviseur a décidé,
42:07 enfin a subi plus exactement le fait de devoir partir,
42:11 lui a bénéficié d'une protection fonctionnelle
42:14 qui lui a été immédiatement accordée, mais le résultat,
42:16 c'est qu'il part pour assurer sa sécurité et celle de son établissement
42:20 et que le rectorat nous parle toujours de convenances personnelles.
42:22 J'en ai déjà parlé sur ce plateau, j'ai déjà insisté,
42:25 enfin je note que personne n'a rappelé à l'ordre ce rectorat,
42:27 personne ne lui a demandé de s'expliquer sur ces convenances personnelles
42:30 qui depuis ont été contredites par le proviseur lui-même
42:33 via son avocat.
42:35 Donc la déclaration, elle est assez lunaire, je le disais, à plusieurs titres.
42:37 D'abord, elle est contradictoire et surtout, elle joue sur les mots
42:41 et autour de la réalité pour ne pas tout simplement avoir à reconnaître des erreurs
42:45 qui par ailleurs pourraient être connues, pourraient être corrigées.
42:48 Ce n'est pas une question de responsabilité personnelle de Nicole Bélovet
42:50 qui n'était par ailleurs pas aux responsabilités à ce moment-là,
42:53 en tout cas pas à ce poste-là.
42:55 - Et pourquoi vous dites que c'est contradictoire ?
42:56 Est-ce qu'elle n'a pas de raison de rappeler que ce n'est pas l'État
42:59 qui a tué Samuel Paty ?
43:01 - Alors c'est exactement ce qu'elle fait, en effet.
43:02 Alors on a Mickaël Paty d'abord, qui dans une interview sur la même chaîne
43:05 quelques jours plus tôt, expliquait que son frère était mort d'un abandon,
43:10 c'est-à-dire, et elle, et d'ailleurs le rapport sénatorial qui a été fait
43:13 sur les jours qui ont précédé la mort de Samuel Paty,
43:15 parle, lui, d'une terrible solitude.
43:17 Donc il y a quand même une convergence sur les derniers jours de Samuel Paty.
43:20 Et Nicole Bélovet répond, je réponds, puisqu'interrogée sur cette phrase,
43:24 je réponds qu'il est mort d'un assassinat terroriste.
43:27 Alors déjà, je note qu'il serait peut-être temps de réussir à prononcer le mot islamisme
43:33 de temps en temps dans les différentes interventions.
43:36 Je referme cette parenthèse.
43:37 Et par ailleurs, c'est absolument évident que la personne qui a tué Samuel Paty
43:42 n'est pas l'État.
43:43 Ni la sœur, ni personne n'a évidemment prononcé une phrase aussi absurde.
43:47 Donc il est franchement malhonnête de faire croire que c'est ce qu'a voulu dire
43:50 la sœur de Samuel Paty pour se sortir, on va dire, de la discussion.
43:55 Il y a un homme qui tue, il est évidemment le premier responsable de la mort de Samuel Paty.
44:00 Par ailleurs, lui voulait la mort de Samuel Paty, l'État non.
44:03 Évidemment, l'État n'a pas cherché à organiser la mort de Samuel Paty.
44:06 C'est une évidence aussi.
44:08 Mais quand on regarde la situation aujourd'hui, cet homme, l'islamiste qui a tué Samuel Paty,
44:14 il est mort.
44:15 Il y a eu des procès, il y a des mineurs qui ont été en procès,
44:17 notamment pour complicité, vous savez, après avoir indiqué ce professeur.
44:21 Il y a des complices, il y a des relais.
44:23 Donc il y a des responsabilités différentes qui ont été examinées dans ce dossier-là.
44:27 Donc est-ce que Nicole Belloubet va nous expliquer qu'il y a un terroriste
44:30 et que derrière, il n'y a pas d'autres responsabilités possibles ?
44:33 Mais alors que sont ces procès ?
44:35 Ils sont illégitimes.
44:36 La responsabilité ne peut pas être différente et qu'il y ait une chaîne de responsabilités.
44:41 Et là, en l'occurrence, sur la sécurité, tout simplement,
44:44 qui est due par l'État à ses concitoyens et là, en l'occurrence, à ses agents publics.
44:48 Par ailleurs, est-ce qu'elle nous expliquerait aussi que la poursuite, par exemple,
44:52 de certaines personnes pour non-assistance à personne en danger,
44:55 quand vous n'assistez pas à quelqu'un qui est en danger, vous ne voulez pas sa mort ?
44:58 Simplement, vous pouvez être poursuivi pour non-assistance à personne en danger.
45:01 C'est bien qu'on interroge une autre responsabilité
45:04 que celle qui est directement celle de l'assassin.
45:06 C'est illégitime aussi ?
45:07 Je ne pense pas, en l'occurrence.
45:09 Donc, est-ce que la question,
45:11 est-ce que l'État a assuré le contrat social, sa partie du contrat social,
45:15 en l'occurrence, la sécurité de ce professeur qui était menacé ?
45:20 Je pense que la question, évidemment, est légitime
45:23 et c'est par ailleurs une question qui a déjà été posée.
45:26 Souvenez-vous, Laura et Morane, assassinés à la gare de Marseille,
45:30 pareil, dans des circonstances avec un homme à qui on aurait dû notifier une OQTF.
45:36 Et donc, à la préfecture, on avait été chercher la responsabilité.
45:38 Je note qu'à l'époque, l'État avait viré le préfet,
45:42 qui était une manière de décharger sa responsabilité sur le seul préfet,
45:44 mais donc de reconnaître une autre responsabilité
45:46 que celui du terroriste qui était sur le parvis.
45:49 Quand on interroge la question du respect d'une OQTF,
45:52 c'est bien qu'on interroge une autre responsabilité
45:54 que celui qui a directement tué.
45:56 Évidemment, la responsabilité, c'est est-ce qu'il était possible ?
46:00 Et en l'occurrence, est-ce qu'il était nécessaire de la part de l'État
46:04 de répondre autrement pour protéger correctement Samuel Paty ?
46:08 C'est cette seule responsabilité, évidemment, qui est interrogée par Michael Paty.
46:13 Et sans le vouloir, mais vraiment sans le vouloir,
46:16 Nicole Belloubet répond à cette question, en réalité.
46:19 Elle dit deux choses.
46:20 Il y a sans doute, je vous le disais, des choses qui auraient pu être mieux faites.
46:23 Donc des choses qui n'ont pas été faites et qui auraient dû être faites directement
46:27 pour mieux protéger Samuel Paty.
46:28 Il y a donc une responsabilité défaillante dans la protection.
46:32 Deuxième chose, cet assassinat terroriste a été un électrochoc pour l'État.
46:36 Cela nous a conduits à avoir la fermeté dont je témoigne ici
46:40 et dont mes prédécesseurs ont également témoigné,
46:42 et à remettre en place les procédures de sécurité auprès de nos équipes éducatives.
46:46 Donc un, je note qu'il y a des procédures qui n'étaient pas mises en place
46:50 et donc une responsabilité dans cette absence.
46:53 Et la deuxième chose, la fermeté dont je témoigne
46:55 et dont mes prédécesseurs ont également témoigné,
46:57 on a vu les montages fleurir partout ces derniers jours,
46:59 c'est le fameux "C'en est fini" du pas de vague.
47:01 Mais le pas de vague, c'était quoi sinon une responsabilité dans le déni
47:04 par rapport à la réalité de la menace ?
47:06 Donc Nicole Belloubet, finalement, répond à la question
47:08 tout en niant la responsabilité de l'État.
47:11 Elle dit qu'en effet, il y aurait pu y avoir une meilleure protection.
47:14 Or c'est en l'occurrence ce qui est interrogé par Michael Paty
47:17 sur la responsabilité de l'État.
47:19 Et quel est le risque justement d'un tel louvoiement des autorités
47:22 à aborder la question de la responsabilité ?
47:24 - C'est la perte de confiance absolue
47:26 et la fin très claire de la confiance nécessaire, par ailleurs,
47:29 à la délégation par les citoyens de leur propre protection
47:32 et du fait de demander et de rendre justice entre les mains de l'État.
47:36 J'insiste là-dessus parce qu'on a par ailleurs des débats en permanence
47:39 pour savoir est-ce qu'il faut se protéger soi-même,
47:41 on l'a eu sur la question de l'insécurité,
47:43 est-ce qu'il faut se défendre soi-même,
47:45 est-ce qu'il faut se faire justice soi-même ?
47:47 La réponse est non à partir du moment
47:49 où le contrat est très clair pour toutes les parties.
47:51 Si vous avez un État qui faillit parfois,
47:55 ce qui peut être compris évidemment par tous les citoyens,
47:58 pour des raisons évidentes, et d'ailleurs Marc en a abordé certaines,
48:01 le risque zéro n'existe pas,
48:03 et par ailleurs les outils utilisés par ces terroristes
48:05 sont tellement parfois inimaginables et impossibles à prévenir
48:09 qu'il peut y avoir des défaillances.
48:10 Mais quand il y a des défaillances aussi évidemment définies,
48:15 alors là, l'État, s'il n'est pas capable à ce moment-là
48:18 de reconnaître qu'il s'est trompé, la confiance n'existe plus.
48:21 Donc en effet, il devrait être possible,
48:24 quand vous êtes aux responsabilités, de dire "en effet, on s'est trompé",
48:27 "en effet, on porte une responsabilité",
48:29 même dans le déni, même dans le fait de ne pas avoir pris cette menace au sérieux,
48:32 et c'est évidemment une manière de dire à partir de maintenant,
48:36 "croyez bien que plus jamais on ne se fera avoir par ni cette naïveté,
48:39 ni cette absence en effet de réaction".
48:42 On voit qu'avec les louvoiements encore dans l'histoire du proviseur,
48:46 même si la réaction est meilleure,
48:48 les louvoiements laissent imaginer que ça n'est pas complètement terminé malheureusement.
48:52 – Merci à vous Charlotte Dornelas,
48:54 on va passer maintenant au dernier édito avec vous.
48:56 Mathieu, on va revenir sur un sondage dont on a beaucoup parlé hier,
48:59 mais vous voulez revenir dessus parce que les chiffres sont sans appel.
49:01 92% des Français considèrent que l'insécurité augmente dans le pays,
49:06 alors plusieurs en tirent des conséquences très pratiques
49:08 et commencent à prendre en charge leur propre sécurité.
49:11 Alors Mathieu, est-ce qu'on est témoin d'une sorte de prise de conscience collective
49:14 et qu'est-ce qu'on peut penser de l'attitude de certains médias face à ce constat ?
49:17 – 92% ce n'est pas une opinion majoritaire,
49:20 c'est un état de la conscience collective qui vient de basculer.
49:22 C'est-à-dire à peu près tout le monde, je le disais hier un peu à la blague,
49:25 mais qui sont les 8% qui croient que ça va bien ?
49:28 Je veux les rencontrer !
49:29 Où habitent-ils ? Probablement dans des endroits très protégés.
49:32 Vous savez, moi si j'avais autour de moi des tonnes de gardes du corps
49:34 à temps plein dans une maison hyper protégée,
49:36 je dirais aussi que l'insécurité n'augmente pas.
49:38 De quoi parlez-vous chers amis ?
49:40 D'ailleurs la pauvreté n'augmente pas,
49:41 on connaît l'état d'esprit d'une certaine classe sociale.
49:45 Mais dans les circonstances, c'est un état de la conscience collective
49:48 qui bascule tout simplement.
49:50 Et je note une chose qui est assez importante,
49:52 on a conscience que l'insécurité augmente
49:55 et on ne fait plus confiance à l'État pour se défendre.
49:58 Ça c'est fondamental.
49:59 60% des Français ont équipé leur domicile d'une manière ou d'une autre de protection
50:04 et un tiers se protègent par eux-mêmes.
50:06 Si on a conscience, si on connaît un minimum de philosophie politique,
50:10 Hobbes, la figure fondatrice de la philosophie politique, nous dit
50:14 qu'au cœur de l'État moderne, il y a un pacte, il y a un échange.
50:16 C'est-à-dire je vous sacrifie une part de ma liberté,
50:18 en échange vous me garantissez ma sécurité
50:20 et vous me protégez de la mort violente.
50:22 Ce que je comprends de ce sondage,
50:24 mais en fait ce que je comprends de cette étude,
50:26 il y en a des tonnes,
50:27 c'est que les Français ne font plus confiance à l'État
50:30 tout simplement parce qu'il n'en a pas les moyens,
50:32 parce que certaines idéologies le paralysent,
50:34 parce que les forces qui le contestent et qui menacent de leur sécurité sont trop grandes,
50:38 les raisons sont nombreuses,
50:40 mais l'insécurité est un fait central.
50:43 D'autant qu'on peut se demander si le concept même d'insécurité
50:46 est celui qui convient pour parler de ce qui arrive.
50:48 L'insécurité, c'est un terme très finalement 1990-2000.
50:52 Aujourd'hui, on parle d'autre chose,
50:54 on parle d'une forme d'agressivité au cœur du tissu social en toutes circonstances,
51:00 on parle de quartiers qui se dérobent,
51:02 non seulement aux mœurs françaises,
51:04 mais qui basculent sous une autre souveraineté,
51:07 une souveraineté qui est celle soit des petites gangs,
51:09 des petits voyous,
51:11 des malveillants zoologues, des malabars,
51:13 ou quelquefois du narcotrafic.
51:15 Donc on voit des quartiers qui se dérobent, une autre loi s'impose,
51:18 on n'est plus dans l'insécurité,
51:20 on est en ce moment dans un régime de basculement
51:23 où une loi nouvelle s'impose, une autorité nouvelle s'impose,
51:26 une violence nouvelle s'impose.
51:28 Ça c'est la violence au quotidien,
51:30 c'est la violence souvent subie par les femmes.
51:31 Je tiens à le rappeler, je pense qu'il y a un marqueur en fait de civilisation,
51:34 c'est est-ce que les femmes se sentent en sécurité.
51:36 C'est un marqueur culturel, un marqueur anthropologique,
51:39 c'est pour vous sentir en sécurité dans un quartier,
51:41 vous devez vous vêtir de telle manière que vous ne risquez pas
51:44 l'expression exagérée du désir de personnes qui sont incapables de se contenir,
51:48 on vient de changer de civilisation, on change de société.
51:51 Si le soir à 22h, dès que le soleil se couche,
51:55 vous avez peur que vous êtes une femme,
51:56 c'est plus compliqué, si on veut m'attaquer,
51:58 quelqu'un qui serait armé serait compliqué,
52:00 mais pour le fond des choses, je ne suis pas du type qu'on attaque facilement.
52:03 Mais pour une dame, pour une femme, c'est plus inquiétant.
52:06 Donc la bombe au poivre,
52:07 le portable qui est toujours ouvert d'une manière ou de l'autre
52:09 pour être capable de filmer l'assaillant.
52:11 Donc là, c'est dans les comportements au quotidien
52:14 que cette conscience d'un basculement qui n'est pas que de l'insécurité,
52:18 qui est un régime de violence sur le mode de la France orange mécanique,
52:21 on reprend le terme d'Oberthon qui l'empruntait à Kubrick,
52:24 nous basculons dans cela.
52:26 On sait par ailleurs une chose,
52:28 le lien entre insécurité et immigration est documenté.
52:31 Il ne peut être mentionné, je reviendrai, mais il est documenté.
52:36 Mais on est au cœur, évidemment, l'idéologie domine tout en notre monde,
52:39 c'est notre côté néo-soviétique.
52:40 Donc le récit de la diversité heureuse doit se maintenir à tout prix.
52:45 À tout prix.
52:46 Donc quand, par exemple, dans les médias, certains osent parler de ce lien,
52:49 eh bien, les contrôleurs de la circulation du récit médiatique,
52:53 on l'a vu encore tout récemment sur le service public,
52:55 quand le patron de l'Arkom est de passage,
52:59 puis rappelle que notamment, ces news respectent les règles, et ainsi de suite.
53:02 La journaliste, enfin l'éditorialiste, soyons sérieux,
53:05 l'éditorialiste qui se prend pour une journaliste,
53:07 d'ailleurs je suis curieux de savoir comment il faut l'afficher celle-là,
53:09 dit, vous savez, est-ce qu'on ne devrait pas imposer à certaines chaînes
53:13 qui parlent trop d'immigration ou d'insécurité, tout ça,
53:15 est-ce qu'on ne devrait pas, par exemple, elle le dit à sa manière,
53:17 ce ne sont pas les mots exacts, les obliger à parler davantage de climat
53:20 ou d'équité entre les...
53:22 Faites la liste des sujets qui sont populaires à France Inter,
53:25 et là, qu'est-ce qu'on voit ?
53:27 Ce qu'elle nous dit, c'est un rappel à l'ordre.
53:28 Certains thèmes ne doivent pas structurer le débat public,
53:31 parce que si on se met à parler des ratés de la société diversitaire,
53:34 si on se met à parler de la diversité malheureuse,
53:37 et peut-être même de ce qu'on pourrait appeler une certaine diversité haineuse,
53:40 si on se met à parler de ça, c'est tout le récit diversitaire
53:43 qui s'effondre devant nous.
53:45 Donc, et ça je l'évoquais hier, tout comme en d'autres temps, en URSS,
53:49 on nommait saboteurs ceux qui empêchaient le socialisme d'advenir,
53:53 parce qu'on disait, si ce n'était pas les saboteurs,
53:55 le paradis sur terre viendrait,
53:56 aujourd'hui, on nomme propagateurs de haine
53:59 ceux qui décrivent la réalité tout simplement du régime diversitaire
54:02 qui se décompose devant nous,
54:03 et de ce point de vue, c'est une logique de censure qui s'installe.
54:07 - Mais qu'est-ce que vous entendez par là,
54:08 qu'on ne peut parler d'insécurité qu'en s'auto-censurant ?
54:11 - Le terme est important, vous faites bien de me corriger, auto-censure.
54:14 Je pense que c'est le bon, c'est-à-dire que la censure est là,
54:16 il y a un prix à payer.
54:17 Si vous allez trop loin dans la description des faits,
54:20 vous pouvez vous retrouver devant les tribunaux, vous le savez,
54:22 vous allez avoir une sanction, être pénalisé,
54:25 vous allez peut-être payer les amendes,
54:27 et dans un... tôt ou tard, vous vous retrouverez en prison.
54:29 Le réel n'a pas sa rande devant le réel,
54:31 il ne passera pas comme on aurait dit autrefois.
54:34 Ce qu'il n'est pas permis de mentionner,
54:36 c'est ce qu'on pourrait appeler la charge culturelle derrière l'insécurité.
54:40 C'est les conséquences pratiques au quotidien
54:43 de ce qu'Huntington appelait le choc des civilisations.
54:45 Ça, c'est ce qu'on n'a pas le droit de mentionner.
54:47 Et quand on l'a devant soi, la machine à censure,
54:50 et donc à auto-censure, devient très violente.
54:53 Trois exemples me viennent en tête.
54:55 Rappelez-vous la procession à Nanterre en 2021.
54:59 Une procession, Charlotte en avait parlé à l'époque,
55:01 je m'en souviens, ça m'avait marqué.
55:02 Et là, il y a une procession catholique.
55:03 Et on a des gens qui disent globalement,
55:06 ce territoire n'est pas le tien, tu dégages, tu fuis.
55:09 On comprend que c'était au nom de l'ordre, c'était des islamistes.
55:11 C'est le moins des gens qui avaient le comportement au quotidien des islamistes.
55:14 Vous n'êtes plus sur votre territoire ici.
55:16 Choc des cultures quand il y a une menace de mort
55:18 ou quand il y a une menace d'agression physique.
55:20 Donc il y a une dimension, il y a une teinte culturelle à travers ça,
55:23 mais qu'on n'avait pas le droit de nommer parce que c'est alimenté d'extrême droite.
55:26 De la même manière, Crépole.
55:28 Crépole, rappelez-vous, les ressources infinies déployées par le système
55:33 pour empêcher de mettre au cœur du récit ce qui était au cœur du récit,
55:38 l'idée qu'il fallait planter du blanc.
55:39 On nous a expliqué, les ressources mobilisées,
55:42 pour nous expliquer que rien ne s'était passé
55:44 et qu'en fait les agresseurs n'étaient peut-être même pas ceux qu'on croyait.
55:46 Donc une volonté, en fait, de nier le réel.
55:50 Et pensez à Cologne, 2015.
55:52 Les agressions sexuelles sont la marque inaugurale,
55:54 on pourrait dire, de la décomposition des temps présents
55:56 où les forces de l'ordre ont d'abord voulu censurer l'information,
56:00 neutraliser l'information, empêcher l'information de circuler.
56:03 Et lorsqu'elle a surgi, on a dit que ceux qui font un lien
56:06 entre l'infection des migrants en Cologne et l'insécurité,
56:10 c'était du racisme de merde.
56:11 Fin de la citation, ce ne sont pas mes mots,
56:13 ce sont ceux qui ont été utilisés à l'époque.
56:15 Donc il faut censurer la réalité parce qu'elle nous heurte
56:18 et elle fragilise le dogme auquel nous devons croire
56:21 si nous voulons évoluer en cette société néo-soviétique
56:23 de la diversité heureuse.
56:25 - Revenons sur le portrait d'ensemble de l'insécurité.
56:27 Est-ce qu'on peut dire qu'il y a une sorte de fatalisme
56:29 qui s'est emparé du pays en la matière
56:32 et que le commun des mortels n'est pas loin de croire,
56:34 finalement, qu'il n'y a plus grand-chose à faire ?
56:35 - Je pense, oui.
56:36 Quand les gens décident de se protéger, de s'armer,
56:38 de se dire "on mit sur l'autodéfense",
56:40 quand, comme on l'a entendu après les dernières émeutes en an passé,
56:43 la prochaine fois, ils entreront dans les maisons.
56:45 Combien de fois j'ai entendu ça de la part de bons centristes modérés
56:49 qui ne sont pas des excités de la question identitaire
56:51 et qui disent "la prochaine fois, ils vont entrer dans les maisons".
56:53 Parfait. Donc, on enregistre la prochaine étape déjà.
56:56 Donc, on s'y prépare.
56:57 Mais parce qu'on n'a pas le droit de nommer ça,
56:59 parce que c'est une réalité qui est brutale,
57:00 parce que c'est une réalité qui heurte les dogmes du régime,
57:03 eh bien, le commun des mortels apprend à euphémiser.
57:05 Il apprend à mentir.
57:07 Il apprend à ne pas dire ce qu'il voit.
57:09 Il apprend, comme en URSS, en l'URSS,
57:11 en source d'exemples infinis,
57:13 il utilise d'autres mots pour nommer la réalité.
57:15 Donc, on y connaît ces mots,
57:17 comme le supporter britannique Kevin Matteo,
57:19 les suédois d'autrefois.
57:22 Les termes sont nombreux pour nommer,
57:23 nommer ce que l'on voit sans avoir...
57:25 En fait, on veut le nommer,
57:27 tout en sachant qu'on n'a pas le droit de le nommer,
57:28 tout en voulant se faire comprendre,
57:30 sans pouvoir se faire poursuivre.
57:31 C'est compliqué dans la tête d'un mortel aujourd'hui.
57:33 Tout ça rend fou.
57:34 Tout ça pousse à la folie.
57:36 Tout ça pousse à la schizophrénie.
57:37 C'est un régime qui pousse à la dissociation mentale
57:40 parce que le besoin le plus fondamental de l'homme,
57:42 être protégé, être en sécurité, protéger sa famille,
57:46 eh bien, ce besoin, il ne peut plus...
57:48 L'État ne le garantit plus.
57:50 Il n'est plus capable, il n'a même plus le droit, en fait,
57:52 de se protéger de lui-même.
57:53 Alors, je conclue sur tout cela.
57:54 Il se peut que dans les prochaines années,
57:55 c'est Houellebecq qui l'avait compris à sa manière,
57:57 notre réel...
57:58 Parce qu'il va y avoir une pénalisation
58:00 de la liberté d'expression sur ça.
58:01 On va réprimer la description du réel.
58:03 Il est possible que le réel se réfugie dans la fiction.
58:06 Il est possible que le droit de décrire le réel
58:08 se réfugie dans les romans, dans la littérature,
58:10 parce qu'on n'aura tout simplement plus le droit
58:12 de nommer ce que l'on sent.
58:13 92 % des gens, c'est immense pourtant.
58:15 Et c'est à ce moment qu'il faut censurer,
58:17 parce que sinon, ces gens pourraient agir,
58:18 pourraient voter, pourraient s'exprimer de telle manière
58:21 que le régime n'apprécierait pas cela.
58:22 Urgence, faisons des taires.
58:24 - Merci beaucoup, Mathieu Bobcôté.
58:26 Merci, Guillaume Bigot, Charles Roderne, LACD, Marc Menon
58:28 de m'avoir accompagné pendant une heure.
58:30 Tout de suite, vous retrouvez Pascal Pau
58:32 pour l'heure des pro 2.
58:33 merci à bientôt !
58:35 [SILENCE]