Avec Samuel Dock, docteur en Psychopathologie Clinique, psychanalyste. Auteur de plusieurs ouvrages, de « Les chemins de la Thérapie » aux éditions Flammarion et de « L’Enfant thérapeute » aux éditions Plon.
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00:00:04 14h16, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:00:08 Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio.
00:00:11 Alors combien de gens sont devenus médecins dans l'espoir de guérir un parent qui était très malade lorsqu'ils étaient enfants ?
00:00:18 Parce que l'enfant croit en son pouvoir magique et il espère toujours soigner la souffrance de l'un de ses parents, qu'elle soit physique ou psychique.
00:00:27 Malheureusement, ça ne marche pas comme ça et une fois adulte, il est important de faire la paix avec notre blessure d'enfant.
00:00:34 Samuel Dock est psychanalyste, ce n'est peut-être pas par hasard.
00:00:39 Il est également l'auteur d'un livre dans lequel il nous confie sa relation particulièrement douloureuse à sa mère.
00:00:45 Une mère vraiment en souffrance qu'évidemment il n'a pas pu guérir vraiment.
00:00:50 Je vous propose que nous évoquions aujourd'hui notre relation d'enfant avec nos parents et que nous voyons comment cela a pu conditionner nos choix d'adulte.
00:01:01 A la fois professionnel, beaucoup de métiers sont choisis à cause justement d'une blessure d'enfance mais également évidemment nos choix amoureux.
00:01:10 Alors n'hésitez pas à nous rejoindre si vous avez envie de nous parler de votre enfance et de ce qui vous a particulièrement marqué,
00:01:17 ce qui vous a fait rester un peu fixé sur justement ces souffrances-là.
00:01:23 Notre numéro c'est le 0 826 300 300. Bonjour Samuel Dock.
00:01:28 Bonjour Brigitte.
00:01:29 Oui alors c'est vrai que ce livre "L'enfant thérapeute" qui vient de sortir aux éditions Plomb dont vous êtes l'auteur,
00:01:34 vous avez écrit beaucoup de livres qui parlent de votre métier de psychanalyste.
00:01:38 Quand on lit ce livre et qu'on découvre l'horreur de l'enfance de votre mère, soyons clairs, on se dit que peut-être enfant vous aviez envie qu'elle aille mieux, qu'elle guérisse ?
00:01:53 Oui je pense que c'est une malédiction d'être l'enfant thérapeute de son parent, en tout cas ça a été la mienne.
00:01:59 Longtemps je me suis acharné, je me suis escrimé à essayer de penser ces blessures, des blessures que je ne connaissais pas,
00:02:06 qui étaient les actes de barbarie que mes grands-parents lui ont infligés jusqu'à l'âge de ses 5 ans.
00:02:11 Alors j'ai essayé, j'ai essayé invariablement d'être la bonne épaule, la bonne écoute et je m'y suis énormément abîmé.
00:02:18 Puisque être enfant thérapeute ça signifie essayer de guérir son parent, mais on ne peut pas.
00:02:23 Aucun enfant ne peut guérir son parent et l'enfant thérapeute le paye parce que le parent attend cette réparation-là.
00:02:29 Et moi je l'ai beaucoup payé, la première partie du livre qui a beaucoup secoué les lecteurs raconte comment ma mère a pu énormément s'en prendre à moi
00:02:38 par des mensonges, du chantage, de la violence physique, psychologique après le départ de mon père lorsque j'étais adolescent.
00:02:44 Et la deuxième est une plongée dans sa psyché puisque j'ai inventé le journal qu'elle aurait pu écrire lorsqu'elle était enfant
00:02:50 et donc dans un état terrible, affamée, dans une maison qui n'avait même pas l'eau courante, victime de sévices absolument indescriptibles.
00:03:01 Et c'est comme ça que j'ai pu cheminer vers son histoire.
00:03:04 C'est vrai que ce livre est très surprenant parce que je me mets complètement à nu, c'est un risque énorme.
00:03:09 C'est un livre difficile, insensible, s'abstenir parce que c'est vrai.
00:03:13 Moi je sais qu'il y a notamment le passage avec le chien qui la sauve et qui en même temps ensuite est tué.
00:03:21 Oisons le dire, on ne va pas tout révéler de l'histoire du chien mais c'est terrible parce que votre mère était enfant
00:03:29 et on sait à quel point un animal peut sauver un enfant qui ne va pas bien quand en plus cet animal elle le voit tué.
00:03:38 C'est absolument terrible. Je vois là l'expression de votre grand cœur Brigitte puisque vous êtes la première à me parler de ce passage.
00:03:45 Moi pour vraiment vous faire une énorme confidence, j'ai tellement pleuré en écrivant cette partie et particulièrement ce chapitre
00:03:51 que j'ai noyé un clavier d'ordinateur.
00:03:54 Il s'avère que ma mère aurait pu être sauvée par beaucoup de gens quand elle était petite, par des instituteurs, par un médecin
00:03:59 qui est passé, alors que mes grands-parents avaient attendu trois jours pour signaler qu'elle avait de la fièvre,
00:04:03 qu'elle était très gravement malade, par tout un tas de personnes et c'est le chien.
00:04:06 Le chien a eu plus d'humanité que toutes les personnes autour d'elle puisque c'est lui qui en aboyant a prévenu les gendarmes
00:04:11 qu'il se passait quelque chose d'extrêmement grave dans cette maison de l'enfer que je décris.
00:04:15 Donc oui j'ai eu beaucoup de mal à écrire cette partie et spécifiquement ce chapitre déchirant
00:04:20 parce que le chien qui vit bien sûr attaché à une corde, sa vie c'était un maître de cordes et un collier,
00:04:26 vous savez ces colliers qui blessent les animaux pour les rendre agressifs, donc c'est absolument terrible
00:04:29 et pourtant c'était le seul protecteur de ma mère.
00:04:32 Et c'est vrai que le livre s'ouvre sur un avertissement au lecteur parce qu'effectivement ça secoue.
00:04:37 Moi j'avais dit à mon éditeur que je salue Grégory Berthier, que j'avais le sentiment que personne n'aurait envie de se plonger dans cet abîme.
00:04:42 Il s'avère que pour l'instant c'est le livre que j'ai écrit qui rencontre le plus de succès et je ne comprends pas trop pourquoi.
00:04:46 Peut-être parce qu'il y a quelque chose d'universel dont on va parler vous et moi sur cette question de l'amour et cette question du soin à l'autre.
00:04:51 Mais il s'avère que je reçois énormément de mails de personnes qui se sont reconnues.
00:04:56 Vous savez, Samuel Dock, ça fait quand même de nombreuses années que je fais cette émission et que j'écoute.
00:05:02 On n'imagine pas à quel point les gens souffrent durant leur enfance.
00:05:07 Alors pas tous comme votre mère bien sûr, mais en tant qu'enfant on n'a aucun outil qui nous permet de décoder notre souffrance.
00:05:16 Et donc notre souffrance elle est à vif et même des enfances à peu près normales, elles font souffrir.
00:05:22 Et je crois que le jour où on comprendra qu'il faut éduquer les parents à comprendre les émotions de leurs enfants et leurs souffrances,
00:05:30 on améliorera la société mais à un point qu'on ne peut même pas imaginer parce que ces souffrances là on les traîne toute notre vie.
00:05:36 Alors vous, vous avez fait une psychanalyse, vous avez travaillé dessus, vous vous en sortez pas trop mal.
00:05:43 Mais imaginez votre sœur qui elle est complètement folle, vous en parlez dans le livre.
00:05:49 C'est un être perdu pour la société.
00:05:53 Et des êtres perdus pour la société on en a beaucoup parce qu'on en a qui sont en effet qui tombent dans le délire et la folie.
00:06:01 On en a qui sont malades à vie parce qu'ils sont obèses, avec des problèmes, des maladies auto-immunes, etc.
00:06:10 Donc un enfant a besoin d'être compris dans sa souffrance.
00:06:15 Et quand il n'est pas compris dans sa souffrance et qu'en plus il a un parent qui souffre, ça multiplie j'imagine la douleur.
00:06:21 Exactement. Et ce que je pense, et c'est aussi pour ça qu'il y a eu tellement de retours sur cet ouvrage,
00:06:25 c'est que beaucoup de personnes ne savaient pas qu'ils étaient les enfants thérapeutes de leurs parents
00:06:29 et ne comprenaient pas pourquoi ils ne pouvaient pas s'empêcher de revenir vers leurs parents, d'essayer de les aider à tout prix,
00:06:33 au risque même qu'ils soient blessés puisque c'est encore une fois le prix à payer pour être l'enfant thérapeute.
00:06:37 Et ce livre, et c'est ça que je suis très heureux que ça ait pu être possible,
00:06:42 ce livre permet de se rendre compte et de faire le deuil.
00:06:45 Moi je n'ai jamais pu aider ma mère, jamais je n'aurais pu la sortir de tourments et personnes.
00:06:49 Aucun enfant ne peut aider son parent et surtout de tourments aussi grands.
00:06:53 Mais on peut s'en rendre compte quand le parent accepte de parler de ses blessures.
00:06:57 Et moi ma mère ne m'a parlé de l'enfer dans lequel elle était plongée que lorsque j'avais 33 ans.
00:07:02 Et d'ailleurs ce livre, il faut bien le dire, je l'ai écrit parce que je voulais écrire quelque chose de beau,
00:07:06 l'histoire d'une lumière, d'une réconciliation au bout du compte.
00:07:09 Je pensais que ce serait facile de le rédiger et ça m'a énormément heurté.
00:07:13 Pour habiter cette chaire du mot, cette chaire littéraire, ça m'a énormément heurté.
00:07:17 Ça a été un travail de deux ans et beaucoup d'années de thérapie derrière.
00:07:20 Alors ça me fait rire parce que beaucoup de gens m'écrivent en me disant "lala je l'ai lu en un après-midi,
00:07:23 je voulais savoir comment vous et votre mère avez survécu".
00:07:25 Alors c'est drôle parce qu'on se dit "nous on met deux ans à l'écrire et ils mettent un après-midi à le lire,
00:07:29 tellement c'est prenant et il y a du suspense".
00:07:30 Mais oui, on survit à la fin mais mon dieu qu'est-ce qu'on y laisse de nous dans cette abîme.
00:07:35 - Alors vous êtes d'accord avec ce que je disais en introduction ?
00:07:38 On va choisir une profession, notamment beaucoup de médecins vont devenir médecins parce qu'ils avaient un parent malade
00:07:44 et puis évidemment nos choix amoureux vont aussi être influencés par ce parent malade.
00:07:51 - Exactement, et je dois vous dire avec beaucoup d'émotion Brigitte,
00:07:54 et je pense que je ne l'aurais pas dit à quelqu'un d'autre qu'à vous,
00:07:57 je ne sais pas si cela cessera un jour ce fantasme de réparation,
00:08:02 mais au cœur de toute profession il y a quand même ce souhait de pouvoir aider un autre.
00:08:05 J'aide les autres parce que je n'ai pas pu aider ma soeur, parce que je n'ai pas pu aider ma mère,
00:08:08 alors j'aide les autres, c'est ce que je fais, j'essaie de tenir comme ça.
00:08:12 - Alors pourquoi pas, le tout c'est d'être conscient et de ne pas se croire tout puissant à aider les autres
00:08:18 pour réparer cette impuissance qu'on a eue en tant qu'enfant.
00:08:20 - Exactement, et je pense que vous m'avez déjà invité dans votre émission et j'ai dit je crois à plusieurs reprises par exemple
00:08:25 qu'il faut se méfier par-dessus tout des praticiens qui pensent pouvoir aider tous les publics,
00:08:28 pratiquer toutes les formes de thérapie.
00:08:30 Moi s'il y a une chose que je dis à mes patients c'est que je doute, je suis totalement faillible,
00:08:34 et ce sont eux qui ont le savoir et qui ont la vérité de leur souffrance.
00:08:37 - Oui, comme je dis, j'aime bien dire "on allume la lumière dans leur bordel, c'est à eux de le ranger".
00:08:41 - Magnifique, j'aime beaucoup cette formule.
00:08:43 - Oui, elle est très basique et très compréhensible pour tous.
00:08:47 Alors il y a aussi ce choix amoureux qu'on va faire,
00:08:50 combien de personnes vont choisir un parent qu'elles vont espérer sauver,
00:08:56 quand je dis "elles" c'est parce que j'ai parlé des personnes,
00:08:59 ce n'est pas que les femmes qui ont sauveurs, il y a aussi des hommes.
00:09:02 Par exemple, il y a ça aussi, dans le choix amoureux, on se fait piéger par notre enfant thérapeute.
00:09:08 - Exactement, moi j'ai eu beaucoup de chance parce que mon compagnon a toujours arrêté,
00:09:11 il me dit "arrête de faire ton assistante sociale", dans ces cas-là, il me stop tout net,
00:09:15 et il est extrêmement contenant et arrêtant,
00:09:17 et je pense que c'est pour ça que la relation dure depuis 14 ans,
00:09:20 c'est qu'il a su aussi refuser que je m'assigne de moi-même à cette place-là.
00:09:23 Parce qu'il faut pouvoir se rendre compte qu'on accepte,
00:09:26 quelque part inconsciemment, de se placer dans cette position de sauveur.
00:09:29 C'est comme une sorte de contrat de pacte avec le diable qu'on décide de signer.
00:09:33 Mais là, j'espère que pour moi c'est terminé aujourd'hui,
00:09:36 j'espère de tout cœur avoir déchiré le contrat.
00:09:38 - L'enfant thérapeute, c'est le fil rouge de cette émission aujourd'hui,
00:09:41 et bien venez témoigner de votre enfance, de comment elle a influencé votre vie d'aujourd'hui,
00:09:48 et puis comment vous avez essayé, vous aussi, d'aider un parent.
00:09:52 On se retrouve dans un instant avec Jeanne, justement, qui va témoigner.
00:09:55 Samuel Dock est avec nous à l'occasion de la sortie de ce livre
00:10:01 "L'enfant thérapeute" aux éditions Plon,
00:10:03 où vous racontez justement comment vous avez essayé d'aider votre maman qui était en souffrance.
00:10:09 C'est un peu notre sujet du jour, c'est à vous maintenant de témoigner,
00:10:13 et c'est Jeanne qui va commencer. Bonjour Jeanne !
00:10:16 - Oui, bonjour Brigitte et bonjour Samuel.
00:10:19 - Bonjour Jeanne.
00:10:20 - Je suis bouleversée par ce que j'ai entendu en introduction,
00:10:23 j'avoue que ça m'a fait venir beaucoup d'émotions.
00:10:27 - Mais tant mieux, parce que c'est bien d'être conscient de les émotions qui nous traversent,
00:10:33 vous savez Jeanne, même si elles sont parfois difficiles.
00:10:37 - Oui, c'est vrai. Parce qu'en fait, moi aussi j'ai dû être la mère de ma mère, comme je disais toujours,
00:10:44 parce qu'elle se plaignait beaucoup de sa vie, beaucoup de son enfance,
00:10:49 elle se plaignait de tout, de tout le monde.
00:10:52 Je n'ai pas été une enfant déjà voulue, je suis arrivée totalement par accident la première,
00:10:58 donc surtout pas acceptée.
00:11:05 - Elle vous a dit quand vous étiez petite fille qu'elle ne voulait pas de vous ?
00:11:09 - Oui, oui, oui, elle se disait être honnête.
00:11:13 - Non mais voyez, ça déjà, c'est une information toxique dont on n'a pas idée.
00:11:21 - Absolument.
00:11:22 - Oui, et c'était loin d'être le seul problème qu'elle me faisait vivre,
00:11:30 parce qu'étant l'aînée j'avais la mauvaise place,
00:11:33 j'étais celle qui devait tout payer pour tout le monde,
00:11:36 ce qu'elle en voulait à son frère aîné,
00:11:39 elle calquait tous ses rancœurs, prétendus,
00:11:43 parce que quand j'entends, et je le sais trop bien parce que je suis dans l'enseignement,
00:11:47 aussi pour réparer d'autres, là ça a été peine perdue également,
00:11:52 et je me rends compte que d'autres vivent des choses,
00:11:56 ont une véritable enfance douloureuse.
00:11:59 Ma mère, bien sûr qu'elle n'a pas eu de grand bonheur dans le sens où elle est née pendant la guerre,
00:12:06 pour que mon grand-père ne soit pas réquisitionné,
00:12:09 ils n'en avaient que deux enfants, donc ils ont fait la troisième, ce qui était ma mère,
00:12:12 bien sûr que tout ça, ça pouvait s'entendre,
00:12:14 mais elle a eu de l'amour quand même de par mes grands-parents,
00:12:17 et pour autant, elle était pleine de haine,
00:12:20 et cette haine, pleine de colère, pleine de...
00:12:25 Et toute ma vie, j'ai passé mon temps, jusqu'à il y a 4-5 ans,
00:12:30 j'ai passé mon temps à l'aider,
00:12:34 à valider tout ce qu'elle faisait,
00:12:37 prendre sa défense dans tout et n'importe quoi,
00:12:40 même en me mettant en difficulté moi-même,
00:12:43 je disais que j'étais devenue experte aussi en huile dans les rouages,
00:12:46 pour que elle s'aille bien.
00:12:48 - Ah oui, ça trouve un écho immense en moi ce que vous dites, Jeanne,
00:12:51 immense écho.
00:12:52 Moi, ce que vous décrivez là dans mon livre, je l'appelle l'état fantôme,
00:12:55 j'avais l'impression d'être un fantôme habitant la psyché morte de ma mère,
00:12:58 elle était elle aussi énormément en colère,
00:13:01 énormément, jusqu'à ce qu'elle puisse nommer les choses,
00:13:03 et l'amour, elle l'a trouvé du côté des religieuses qu'elles l'ont recueilli,
00:13:06 vous voyez, comme vous, avec les grands-parents, la figure des grands-parents,
00:13:09 et comment aujourd'hui ça se passe avec votre maman ?
00:13:11 Qu'est-ce qu'il reste de tout cela ?
00:13:13 - Alors, j'ai attendu toute ma vie qu'elle me porte de l'amour,
00:13:16 comme je n'en ai jamais eu,
00:13:19 mais elle ne voulait pas,
00:13:22 sa façon à elle, c'était d'avoir, de multiplier les relations avec des hommes,
00:13:27 sans jamais s'occuper du fait qu'elle ait des enfants,
00:13:31 et ce qui m'a fait stopper ma relation avec elle,
00:13:36 c'était il y a 5 ans, quand mon beau-père est mort, donc son mari,
00:13:40 et là je me suis dit, elle n'arrêtera jamais,
00:13:44 elle détruit tout ce qu'elle a autour d'elle,
00:13:47 et j'ai été écoeurée par son comportement,
00:13:50 les semaines qui ont précédé son décès,
00:13:53 et l'instant même de son décès,
00:13:56 tout m'a révoltée, j'ai eu envie de vomir profondément,
00:14:01 à ce moment-là, alors que je savais tout ce que j'avais vécu pendant plus de 50 ans,
00:14:05 mais là, à cet instant-là, j'ai dit stop,
00:14:08 je ne pouvais plus, et je savais que je n'ai plus voulu endosser la fonction.
00:14:16 - Et est-ce qu'à ce moment-là, vous avez compris que de toute façon,
00:14:18 ce que vous recherchiez, vous ne l'auriez jamais ?
00:14:20 - Oui, j'étais en thérapie moi-même,
00:14:24 je me suis fait aider un petit peu aussi pour le problème du décès de mon beau-père,
00:14:28 et oui, ça m'a été clairement dit que effectivement, je n'en tirerai jamais,
00:14:34 et ça, ça reste un trou béant.
00:14:37 - C'est inconsolable.
00:14:40 - Oui, et j'ai eu beau faire différemment avec mes enfants,
00:14:45 et pour moi, ça ne change pas grand-chose dans ma propre vie personnelle.
00:14:49 - Oui, ce qui veut dire que ce qui vous a manqué,
00:14:53 vous n'avez toujours pas réussi à compenser, à réparer, en faire le deuil, visiblement.
00:15:01 - Le psychanalyste Maurice Berger a une phrase que j'adore,
00:15:03 il dit "on ne se débarrasse pas de ce qu'on n'a jamais possédé".
00:15:06 - Ah oui, c'est ça.
00:15:08 - Mais beaucoup de choses, je disais en introduction qu'il y a quelque chose d'universel,
00:15:10 moi je me retrouve énormément dans votre témoignage,
00:15:13 j'ai eu la chance de pouvoir me réconcilier avec ma mère,
00:15:15 après qu'elle puisse rencontrer son histoire,
00:15:18 mais là où vous avez totalement raison, c'est qu'à un moment donné,
00:15:21 il faut s'aimer soi-même, il faut partir, et vous avez eu raison.
00:15:23 Vous avez eu raison de vous exiler.
00:15:25 Moi je crois beaucoup à ce terme, on ne peut pas vivre la vie des autres à leur place,
00:15:28 et on ne peut pas les sauver d'eux-mêmes, par contre on peut se sauver soi.
00:15:31 Et vous savez, il n'est pas trop tard pour vous sauver vous-même, il n'est jamais trop tard.
00:15:33 Ça j'en suis convaincu, et je dirais même que j'en suis la preuve vivante.
00:15:38 - Oui, ça me fait du bien ce que vous dites,
00:15:40 après ce n'est pas toujours facile la vie,
00:15:42 même si j'ai pris ma décision et que vous me confortez dans cette décision,
00:15:45 mais malheureusement tout ce qui n'a pas été fait n'a pas été bien fait.
00:15:49 - Oui mais Jeanne, il y a quelque chose aussi peut-être qui peut vous aider à comprendre.
00:15:54 Votre mère, on ne sait pas pourquoi, peut-être que vous avez des idées,
00:15:57 mais elle avait un mal-être et une haine de soi terrible.
00:16:01 Et quand elle vous met au monde, elle a projeté tout ça sur vous.
00:16:05 Et vous êtes le mauvais objet, comme disent les psys,
00:16:08 mais ce n'est pas vous qui êtes un mauvais objet,
00:16:10 c'est ce qu'elle a mis, et ce que vous avez vous en tant qu'enfant forcément intégré,
00:16:16 parce que quand on est enfant, on n'a pas une capacité à faire la part des choses
00:16:25 entre ce qu'on ressent et la réalité.
00:16:27 Donc c'est ce que vous ressentiez à juste titre,
00:16:30 puisqu'elle a certainement mis beaucoup de haine sur vous,
00:16:35 mais ce n'est pas la réalité, ça ne veut pas dire que vous êtes une personne détestable.
00:16:41 Et cette personne détestable, quelque part, elle est encore présente en vous,
00:16:46 parce que justement, vous n'avez pas fait la part des choses
00:16:50 entre votre part d'enfant qui n'avait pas le choix,
00:16:54 et qui a interprété ça et intégré ça,
00:16:57 et puis l'adulte que vous êtes aujourd'hui, qui peut faire la part des choses.
00:17:01 - Oui, c'est vrai que vous dites que ce n'est pas facile.
00:17:04 - Non, ce n'est pas facile, ça c'est sûr, mais c'est ce qu'il faut faire.
00:17:11 - Oui, je comprends.
00:17:13 - Ce qui peut être parfois intéressant, en tout cas moi j'y ai trouvé un certain soutien,
00:17:16 c'est un petit conseil que je vous donne sous les guides de Brigitte,
00:17:19 c'est de faire des recherches en généalogie.
00:17:21 Moi, en observant l'histoire de ma famille, les mouvements d'errance, de mariage, etc., géographiques,
00:17:26 ça m'a permis d'un peu mieux comprendre la filiation dans laquelle s'inscrivait ma mère,
00:17:29 et de briser cette filiation.
00:17:31 Donc c'est un conseil que je me permets de vous donner, il vaut ce qu'il vaut,
00:17:34 mais moi j'y ai trouvé un appui et une compréhension.
00:17:36 - Oui, c'est gentil, je vous remercie beaucoup.
00:17:38 - Oui, parce que plus vous comprendrez les raisons qui font que votre mère avait ce mal-être,
00:17:43 plus vous pourrez à la fois la comprendre un peu mieux,
00:17:48 et peut-être, comment dirais-je, en faire quelque chose pour votre propre histoire.
00:17:55 Il n'est pas question de savoir s'il faut la lui pardonner ou pas,
00:17:58 c'est un autre débat qui ne...
00:18:01 Je dirais que c'est des mots qui n'ont pas beaucoup de sens.
00:18:05 - Et puis très sincèrement, je n'ai aucune envie de revenir vers elle.
00:18:08 Sincèrement, je...
00:18:10 - Mais vous n'avez rien à... - Ça ne sert à rien.
00:18:12 - Non, vous n'avez rien, au contraire même, ça va encore vous détruire.
00:18:16 - Oui.
00:18:18 - Et puis, vous avez assez à faire pour vous.
00:18:21 - C'est ça.
00:18:22 - Toute l'énergie que vous avez, donnez-la à vous-même, pour l'instant.
00:18:26 - Oui, oui, et c'est vrai que j'ai beaucoup de choses encore à...
00:18:29 Pas beaucoup, j'ai un certain nombre de choses encore à faire
00:18:33 pour que les choses puissent bouger en moi.
00:18:36 - Et vous êtes bien partie, je l'entends, vous êtes bien partie,
00:18:39 et la priorité c'est vous, je rejoins totalement Brigitte.
00:18:42 - Merci beaucoup, merci beaucoup pour votre écoute.
00:18:45 - Merci à vous Jeanne, merci de votre témoignage.
00:18:48 On va faire une petite pause, et puis nous allons retrouver Julia Pallombe
00:18:51 pour notre Sexy News.
00:18:54 Brigitte Lahaye, Sud Radio, c'est l'instant Sexy News.
00:18:59 - Eh bien Samuel Duc, nous retrouvons Julia Pallombe.
00:19:02 Je rappelle que le 14 février approche, et qu'il y a une soirée spéciale
00:19:06 avec Julia Pallombe au théâtre Montmartre-Galabru.
00:19:10 Donc ce mardi 14 février, évidemment.
00:19:13 - Mais oui, je vous attends.
00:19:14 - Ce sera particulièrement chaud.
00:19:16 - Ce sera chaud, ce sera peut-être mouillé, qui sait.
00:19:18 En tout cas là, je glisse, puisque dans le cabinet des psys,
00:19:22 on ne dit plus "j'ai un problème, je crois bien que je t'aime",
00:19:25 mais on chante "j'ai un problème, je crois bien que je suis femme Fontaine".
00:19:30 Mais comment ça un problème ? C'est pas un problème non ?
00:19:32 Enfin, éjaculer c'est cool, silence gêné dans l'assemblée de femmes.
00:19:37 - Pas ici, ça va.
00:19:39 - Non, certainement pas Brigitte, on va pas vous la faire, avoue.
00:19:42 Silence gêné chez certains hommes.
00:19:44 - Pas du tout, curieux, curieux, attentif.
00:19:46 - Silence attentif.
00:19:48 Silence désireux, les meilleurs.
00:19:50 Mais en fait, le problème c'est peut-être aussi la manière d'en parler.
00:19:53 C'est vrai, dit comme ça, "femme Fontaine", ça fait superwoman, avatar, personnage de manga,
00:19:58 tout de suite on s'attend à quelque chose d'extraordinaire.
00:20:01 Personnellement, ce n'est pas pour me déplaire, j'adore jouer des personnages,
00:20:04 mais enfin, il faut bien avouer que ça peut faire flipper certaines filles.
00:20:08 Mais en même temps, ça peut aussi faire fantasmer certains hommes.
00:20:12 Je me tourne vers eux, qui peut-être ont jeté une oreille discrète et désireuse à ma chronique.
00:20:18 La femme Fontaine, c'est tout un mythe.
00:20:21 Alors un mythe qui s'est forgé une réputation tenace grâce aux films porno,
00:20:25 laissant penser que l'éjaculation féminine était forcément pornographique.
00:20:29 Un truc sale, bizarre, honteux, que seuls les stars du porno des années 2000 pratiquaient.
00:20:34 Oui, parce qu'avant, les éjaculations féminines, il y en avait beaucoup.
00:20:37 Brigitte, je me permets de vous demander.
00:20:39 - Non, non, non, non, non, ce n'était pas du tout à l'ordre du jour dans les films porno.
00:20:42 - On est d'accord, dans les années 70, ce n'était pas du tout le truc.
00:20:45 - Non, non, non, mais c'est venu assez tard, je crois que ça a commencé dans les années 2000.
00:20:50 - Oui, c'est ça, c'est venu avec les faux ongles, les faux seins, etc.
00:20:54 Bref, à quelques jours de la Saint-Valentin.
00:20:56 - Ça existe depuis la nuit des temps, les femmes Fontaines.
00:20:59 - Ah bah oui, elles existent depuis longtemps.
00:21:01 Par contre, cette petite jonction qu'on a fait, cette corrélation qu'on a fait avec le porno,
00:21:07 elle est surtout depuis les années 2000.
00:21:10 - Bon, alors comme on est à quelques jours de la Saint-Valentin, je me dévoue pour vous dévoiler la vérité sur cette humide histoire.
00:21:15 L'éjaculation féminine est un phénomène naturel et théoriquement, toutes les femmes sont capables d'éjaculer.
00:21:22 Sortez les serviettes ce soir, messieurs.
00:21:24 En 2023, les femmes mouillent leurs proies.
00:21:27 Concrètement, que se passe-t-il durant l'éjaculation féminine ?
00:21:31 C'est la séquence "Le saviez-vous ?"
00:21:33 Comme l'explique le docteur Magali Garrier-Benoît dans "Le Figaro",
00:21:37 les hormones sécrétées durant l'acte indiquent au cerveau et au rein de produire un liquide biologique dans l'avessie.
00:21:44 L'éjaculation se produit lorsque la femme relâche l'avessie et expulse ce liquide.
00:21:49 Vous l'avez ?
00:21:50 C'est indolore et comparable à de l'eau.
00:21:52 Et c'est assez beau à voir, ne dites jamais "Fontaine, je ne boirai pas de ton eau".
00:21:56 J'éjacule, tu éjacules, nous vous éjaculons.
00:21:59 On n'est pas bien là, détendu de la culotte et on jouira quand on aura envie de jouir.
00:22:03 Car au risque de me répéter, et même si je gagne une année, une année ce dimanche,
00:22:08 je ne suis pas encore une vieille bique qui radote,
00:22:10 mais je rappelle quand même pour les petits loupards au fond de la classe,
00:22:13 concernant les hommes comme les femmes, l'éjaculation n'est pas une fin en soi.
00:22:18 Il y a maintes façons de se désirer sans se mouiller de trop,
00:22:21 maintes façons de suspendre l'acte et de reprendre plus tard,
00:22:25 chargé à bloc de la divine attente.
00:22:27 Ah oui, c'est bon de laisser durer, de laisser monter la sauce.
00:22:31 Et quand elle viendra, ton éjaculation, c'est que tu seras prêt, et prête donc mesdames.
00:22:36 Et là, tout votre érotisme et votre sensualité pourront enfin se libérer à grandes éclaboussures.
00:22:42 Fontaine sur le canapé, dans la cuisine, sous les portes cochères, dans la nuit chaude,
00:22:46 et salvatrice de ce mois de février romantique par-dessus tous.
00:22:50 Ah, oubliez les restaurants, les fleurs, les bijoux,
00:22:53 vous voulez passer une bonne nuit pour la Saint-Valentin ?
00:22:55 Faites jouir vos femmes avec ou sans j'éjaculation.
00:22:58 Désirez-les, faites-les vibrer, caressez-les, respirez-les,
00:23:01 arrosez-les aussi bien sûr si vous voulez, enfin si elles veulent bien.
00:23:05 Laissez-vous saisir par l'inattendu, la maladresse des premières fois,
00:23:09 l'expérience, le frisson de l'inconnu.
00:23:11 Savourez votre partenaire comme un champagne d'excellence qu'on boit jusqu'à la lille,
00:23:16 et demain, demain qu'importe, après vous, le déluge.
00:23:21 Bonne fête des amoureux à tous.
00:23:23 Oui, oui, mais c'est vrai que ça reste quelque chose d'assez mystérieux
00:23:28 pour ceux qui n'ont pas connu, et puis en fait c'est pareil,
00:23:30 il n'y a pas de quoi en faire toute une histoire,
00:23:33 toute une fable, devrais-je dire.
00:23:36 Et c'est un peu toujours le cas, merci beaucoup pour cette belle chronique,
00:23:39 il me semble que c'est toujours le cas en matière de sexualité,
00:23:41 on fait toujours d'un drame, des petites choses,
00:23:43 et ce que j'ai beaucoup apprécié c'est que vous avez énormément d'humour et de pédagogie,
00:23:46 et moi j'en ai assez en fait des moqueries, des railleries, des stigmates sur la sexualité,
00:23:52 il faut la rendre accessible, il faut pouvoir parler,
00:23:55 tout ne fait pas jouir tout le monde de la même manière,
00:23:58 chacun a sa singularité fantasmatique, donc merci pour cette belle chronique.
00:24:02 Moi tout à l'heure j'ai mis une photo sur Insta où j'ai un pantalon en cuir,
00:24:04 on m'a traité de pervers, bon bah écoutez, c'est comme ça, tant pis,
00:24:06 chacun son truc, j'en ai assez du conservatisme sexuel,
00:24:10 il n'y a pas de bon jouir ou de mauvais jouir, donc merci beaucoup Paloma,
00:24:12 c'est très rafraîchissant, ça fait du bien.
00:24:14 Je crois que c'est la meilleure manière de défendre nos variations érotiques nécessaires,
00:24:19 et Freud le faisait déjà en 1905,
00:24:21 c'est avec humour, donc merci pour ça.
00:24:23 - Variations érotiques, c'est magnifique,
00:24:25 c'est ce que j'adore en parler de fantasy,
00:24:27 c'est Brigitte qui a rappelé le spectacle fantasy que je joue en ce moment au Galabru,
00:24:30 et vraiment c'est ce que j'adore le plus,
00:24:32 c'est qu'on se retrouve tout à coup avec une salle qui est complètement sans dessus dessous,
00:24:37 on a oublié complètement de quel sexe, de quel genre, d'où on venait,
00:24:41 et effectivement toutes ces variations érotiques,
00:24:43 au moins en tout cas dans la parole, là au spectacle,
00:24:45 s'éveillent, peuvent se partager,
00:24:48 et c'est vraiment des moments de liberté,
00:24:51 c'est vrai que l'humour permet cette liberté, c'est l'audace.
00:24:54 - Exactement, et s'il y a bien une chose que nous apprend Brigitte,
00:24:56 c'est que les cases sont faites pour être détruites.
00:24:59 - Bon, en tout cas, on vous retrouve samedi, déjà,
00:25:02 pour ce spectacle très chaud fantasy,
00:25:05 à 21h30 au théâtre Montmartre-Galabru,
00:25:07 et une soirée spéciale le 14 février, à quelle heure ?
00:25:10 - À 21h30, je vous attends, avec les bouteilles de champagne.
00:25:14 - N'est-ce pas. Merci beaucoup Julia Pallombe,
00:25:17 et évidemment, si vous avez une question à poser sur les femmes Fontaine,
00:25:20 je suis là pour y répondre, il n'y a pas de soucis,
00:25:22 il n'y a pas de tabou sur Sud Radio, on le sait.
00:25:25 Nous sommes avec Michel, bonjour Michel.
00:25:28 - Oui, bonjour Brigitte, bonjour Samuel.
00:25:30 - Bonjour. - Merci d'être avec nous Michel.
00:25:33 Alors, on va vous poser cette première question,
00:25:35 pour faire plaisir à Julia Pallombe, est-ce que vous avez déjà été Fontaine ?
00:25:38 - Oui. - Et ben voilà, c'est d'une banalité,
00:25:41 franchement, il n'y a pas de quoi en faire tout un plat.
00:25:44 - Voilà. - On est d'accord, hein ?
00:25:47 - Voilà, tout à fait.
00:25:50 - Mais je ne sais pas, on n'a jamais eu de pourcentage,
00:25:53 parce qu'il n'y a pas eu d'enquête de fait dessus,
00:25:55 mais je suis sûre qu'il y a au moins la moitié des femmes
00:25:58 qui ont eu à un moment ou à un autre ce processus,
00:26:01 après il y a des femmes qui émettent plus de liquide.
00:26:06 Je n'aime pas trop le terme d'éjaculation, moi d'ailleurs.
00:26:08 - Oui, c'est sûr, mais c'est vrai.
00:26:11 - Oui, je confirme.
00:26:15 - Bon, eh bien on va passer à une deuxième question.
00:26:18 Est-ce que vous gardez un bon souvenir de votre première fois ?
00:26:21 - Euh... non.
00:26:24 - Là aussi c'est une réponse classique.
00:26:27 - Non, parce que... oui et non, en fait.
00:26:30 - Bon.
00:26:33 - C'était calculé, voilà.
00:26:36 Je calcule, mais voilà, j'avais calculé ma première fois.
00:26:39 - D'accord, c'est-à-dire que vous vouliez vous débarrasser de la chose,
00:26:43 comme on dit, et puis donc vous avez calculé,
00:26:46 et puis ça s'est fait, et puis voilà.
00:26:49 - Voilà, donc forcément, ce n'était pas forcément pas le top.
00:26:52 - Mais alors vous aviez choisi quoi ?
00:26:55 - En fait, c'était un ami d'enfance.
00:27:00 On avait un ami d'enfance, voilà,
00:27:03 mais je savais très bien que ça n'allait pas aller plus loin que la première fois.
00:27:07 - D'accord, et donc la deuxième fois, ce n'était pas avec lui ?
00:27:10 - Ah, la deuxième fois, c'était quelqu'un d'extraordinaire,
00:27:13 qui malheureusement, la vie a fait que...
00:27:16 il est parti après... enfin au moins, il est parti, il est décédé.
00:27:19 Il a eu un accident. - Ah oui, ça c'est moins drôle.
00:27:22 - Oui, voilà, mais bon,
00:27:25 au fil des années, on va dire,
00:27:28 au fil du temps, bon après, je pense que des fois je me dis,
00:27:32 je n'aurais peut-être pas fait ma vie avec lui,
00:27:35 mais ça aurait été très bien. - D'accord.
00:27:38 Et dernière question, Michel, quelle est la partie de votre corps que vous préférez ?
00:27:41 - Moi ?
00:27:44 Alors, ma partie de mon corps,
00:27:47 parce qu'en fait, je n'ai pas grand-chose, je ne sais pas...
00:27:50 - Ah, encore une femme qui n'aime pas son corps. Non mais ce n'est pas possible, ça !
00:27:53 - Alors, je dirais ma partie que j'aime bien,
00:27:56 oui, mes yeux, voilà. L'expression "mes yeux".
00:27:59 - C'est vachement important, les yeux. - Voilà.
00:28:02 - C'est le premier. - Ah oui.
00:28:05 - À mon avis, c'est peut-être une des choses qu'on regarde en premier chez quelqu'un, non, Samuel Doc ?
00:28:08 - Oui, mais moi je regarde beaucoup les yeux et je regarde beaucoup la bouche,
00:28:11 l'expression de la bouche. Je le rencontre avec mes patients.
00:28:14 - Avec le masque, c'était dur. - Ah, c'était une grande souffrance pour moi, oui.
00:28:17 Parce que je regarde beaucoup l'expression de la bouche, qui trahit moins que celle des yeux, je trouve.
00:28:20 - Ah oui ? - Un petit truc de psy, là, je vous confirme.
00:28:23 - Et alors, qu'est-ce qu'il faut avoir ?
00:28:26 Comment ? Si on sourit vraiment ? - Je ne sais pas, ce serait difficile à intellectualiser.
00:28:29 - Oui, je suis très sensible à ça, exactement. - D'accord.
00:28:32 - Donc, vous avez de beaux yeux, Michel. Vous pouvez poser une question à Samuel Doc,
00:28:35 il vous écoute, allez-y. - Alors, je vais vous poser une question,
00:28:38 plus personnelle, plus ou moins, mais bon...
00:28:41 Je voulais savoir,
00:28:44 quand on a subi des violences,
00:28:47 on va dire verbales, psychiques,
00:28:50 sur le physique, et qu'on a reçues
00:28:53 étant jeunes, et aussi
00:28:56 des moqueries, parce qu'on avait tendance, un petit peu,
00:28:59 par exemple, quand on s'exprimait,
00:29:02 ou quand on s'exprime,
00:29:05 et qu'on se moquait parce que je disais un mot à la place d'un autre,
00:29:08 ou je voulais tellement dire des choses, mais je ne pouvais pas
00:29:11 parler, est-ce que longtemps,
00:29:14 ça perturbe, après, dans la vie,
00:29:17 plus tard, et même, je dirais qu'on a choisi, finalement,
00:29:20 un métier qui, quelque part,
00:29:23 forcément, n'était pas destiné à la personne.
00:29:26 - Ah oui, moi, ça trouve un très grand écho,
00:29:29 ce que vous dites, puisque je vais vous répondre de manière très, très franche.
00:29:32 Quand j'étais petit, j'étais gaucher, et comme ma mère, à ce moment-là, avait
00:29:35 tout un tas de représentations farfelues en tête, elle m'a obligé
00:29:38 à écrire de la main droite, de manière assez brutale, je dois dire, avec une
00:29:41 orthophoniste folle dingue, et je suis devenu écrivain.
00:29:44 Donc, vous imaginez bien, j'ai une écriture horrible, Brigitte pourra vous le confirmer,
00:29:47 puisque je lui dédicace toujours mes livres, et c'est un problème,
00:29:50 quand on est écrivain, qu'on doit faire des salons,
00:29:53 au moment, c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup moqué de ma main,
00:29:56 de ma manière d'écrire, et puis, un jour, dans mon travail aussi,
00:29:59 analytique, j'ai décidé de n'en avoir plus rien à faire.
00:30:02 Cocteau disait "Ceux que les autres n'aiment pas en toi,
00:30:05 cultive-le", alors maintenant, j'écris comme je veux, je leur dis un gros "zut",
00:30:08 et Michel, si on s'est moqué de vous, si on vous a humilié,
00:30:11 Judith Butler parle d'empowerment,
00:30:14 de reprendre le pouvoir, reprenez le pouvoir, faites-en une force,
00:30:17 dites-vous que vous avez réussi à survivre à ces humiliations, à ces blessures,
00:30:20 et que personne ne vous mettra à terre, en fait.
00:30:23 Personne ne nous met à terre, Michel, c'est ça que j'ai envie de vous dire.
00:30:26 Vous êtes là, vous nous appelez, vous voyez, vous avez le courage
00:30:29 de le dire, et de m'interpeller sur ce sujet-là, c'est bien que vous avez
00:30:32 une immense force intérieure, on a ça, en fait,
00:30:35 et je l'entends, vous l'avez aussi, je crois, cette force-là.
00:30:38 Et je me trompe ?
00:30:41 Oui, mais je me suis... bon, oui, oui, oui,
00:30:44 parce que j'ai appris à me construire toute seule.
00:30:47 Oui, oui, oui, il se trompe ou je suis d'accord avec lui ?
00:30:50 Non, non, je suis d'accord, j'ai quand même une force, mais sauf qu'en fait,
00:30:53 ça m'a bloquée énormément, et je dirais
00:30:56 qu'à mon âge, maintenant, je suis en train de me débloquer.
00:30:59 Moi aussi, vous savez, ça a été récent,
00:31:02 je vais même vous faire une deuxième confidence, j'ai terminé ma psychanalyse la semaine dernière.
00:31:05 La semaine dernière après 15 ans, donc vous voyez, ça a pris 15 ans,
00:31:08 ça a été long, mais une fois qu'on a fait ce choix-là, et qu'on a renoncé
00:31:11 à la conflictualité, qu'est-ce qu'on se sent bien et qu'est-ce qu'on est libre ?
00:31:14 C'est ce que je vous souhaite, en tout cas.
00:31:17 Après, de force, oui, j'ai quand même une force de caractère,
00:31:20 peut-être la force de caractère que j'ai eue,
00:31:23 qui a fait que je me suis construite, mais après, je pense que, voilà,
00:31:26 j'ai un âge où je me remets en question et je me dis
00:31:29 que je suis passé à côté de quelque chose, et que j'ai tout pour être heureuse.
00:31:32 Faut leur laisser, moi, mon père me disait tout le temps que j'étais moche,
00:31:35 que j'avais un visage horrible, etc., et aujourd'hui, je me dis
00:31:38 que c'est ma tronche, elle est comme ça, je suis ce nez bizarre, etc.,
00:31:41 et c'est ma tronche, et j'en suis fier, et lui aussi, je lui dis zut. Vous voyez ?
00:31:44 - Oui, et puis il ne faut surtout pas vous dire que vous avez perdu du temps.
00:31:47 Ce n'est pas grave.
00:31:50 On fait ce qu'on peut, on avance, et puis parfois,
00:31:53 on est un peu bloqué par des obstacles qui sont difficiles à surmonter.
00:31:56 Ce n'est pas grave, on prend le temps et on finit par
00:31:59 continuer à avancer. - Tout à fait.
00:32:02 - Merci, Michel. - Merci infiniment. - Et alors, bon, qu'attends,
00:32:05 c'est le 1er février, hein ? - Oui. - Et bien, d'un coup,
00:32:08 si je pouvais venir à ce spectacle, mais bon, j'habite trop loin.
00:32:11 - Eh bien, un de ces jours, vous viendrez sur Paris, et puis vous pourrez y aller.
00:32:14 - Voilà. - En tant que femme Fontaine,
00:32:17 on se retrouve.
00:32:20 Merci, Michel. - Merci, au revoir. - On fait une petite pause
00:32:23 et c'est Samantha qu'on retrouve dans un instant.
00:32:26 - Nous sommes avec Samuel Dock à l'occasion de ce livre "L'enfant thérapeute", aux éditions Plon,
00:32:40 dans lequel Samuel Dock vous racontait à quel point, en tant qu'enfant,
00:32:43 on a envie d'être le thérapeute de ses parents.
00:32:46 Et c'est une erreur, et c'est ce que nous abordons aujourd'hui,
00:32:50 avec maintenant Samantha. Bonjour, Samantha.
00:32:53 - Bonjour, Brigitte. Bonjour, Samuel. - Bonjour, Samantha.
00:32:56 - Bonjour. J'avais donc une question à poser à Samuel
00:33:01 sur la généalogie et la psychogénéalogie,
00:33:05 car j'ai peur de faire partie d'une lignée de femmes
00:33:08 à qui la vie amoureuse ne peut pas s'ouvrir,
00:33:11 et je voudrais sortir de ce schéma-là, en fait,
00:33:14 et je ne sais pas trop comment m'y prendre.
00:33:16 - Alors, dites-nous déjà pourquoi vous pensez ça.
00:33:19 - J'avance vers la cinquantaine, et je vois que, en fait,
00:33:24 sur le plan amoureux et familial, ma vie s'est aigrénée de beaucoup d'échecs.
00:33:30 Ma mère, qui est une très très belle personne, n'a pas eu beaucoup de chance, non plus.
00:33:37 Et ma grand-mère maternelle, qui était une très très belle personne aussi,
00:33:41 n'a pas eu de chance du tout.
00:33:43 - C'est-à-dire, vous avez toutes les deux un mari violent ?
00:33:46 - Pas du tout. Ma grand-mère maternelle a été laissée enceinte de ma mère.
00:33:53 Ma mère a connu des hommes, mais pas à sa hauteur, en fait.
00:33:58 Des hommes pas très gentils, mais pas forcément très violents.
00:34:01 Et moi, je vis des abandons assez fréquemment, en fait.
00:34:06 - Des hommes qui vous quittent ?
00:34:08 - Oui, tout à fait.
00:34:10 - Oui, parce que vous parlez d'abandon, mais c'est des hommes qui vous quittent.
00:34:12 - Oui, tout à fait.
00:34:14 - D'accord. Déjà, on peut penser que dans la continuité de ces femmes,
00:34:21 il n'y a pas une très bonne estime de soi ?
00:34:24 - Oui. Pourtant, ma mère ne paraît pas...
00:34:29 Ce n'est pas une personne qui se plaint. Je suis moi une personne peut-être qui me plaint beaucoup trop.
00:34:33 Mais je ne sais pas, je ne comprends pas.
00:34:36 J'ai l'impression d'une fatalité de la lignée, en fait, des femmes de ma famille.
00:34:41 - Je comprends tout à fait. Votre propos résonne en moi, puisque moi, j'ai eu l'impression d'être issue.
00:34:45 Et des deux côtés aussi. Du côté paternel, récemment, j'ai fait des découvertes absolument glaçantes,
00:34:49 mais je n'en parlerai pas aujourd'hui. J'ai l'impression d'être issue d'une longue lignée de monstres.
00:34:53 J'ai l'impression que tout le monde était monstre avant moi.
00:34:55 - Le mot "monstre" correspond énormément.
00:34:57 - Voilà, c'est pour ça que je vous le dis.
00:34:59 Mais pour autant, ce sont nos actes qui nous définissent et pas nos aïeux.
00:35:04 Et là où vous êtes sur la bonne voie, c'est qu'à partir du moment où on identifie une difficulté,
00:35:09 on ne la répète pas, on ne la reproduit pas.
00:35:11 Pour autant, ça mérite peut-être, effectivement, d'être travaillé, d'être pensé.
00:35:15 Je ne sais pas si vous avez déjà fait un travail psychanalytique ou psychothérapeutique,
00:35:18 un travail de parole, parce que ça, ça peut vous apporter du souffle, une créativité,
00:35:23 pour justement pouvoir vous émanciper.
00:35:25 Et un petit conseil lecture, si je puis me permettre, Brigitte,
00:35:28 il y a aussi tous les livres, les deux livres sur les photos et les lieux de vie de Christine Ulivucci,
00:35:33 que je trouve génialissime, sur ce transgénérationnel,
00:35:36 sur la manière dont nos aïeux parlent à travers nous, je vous conseille de les lire,
00:35:39 ils sont très très puissants, ils m'ont beaucoup aidé en tout cas,
00:35:42 parce que parfois, même les gens morts, nos arrières-arrières-grands-parents,
00:35:45 parlent à travers nous, c'est presque ésotérique, surnaturel,
00:35:48 mais tout ça, ça peut se travailler, et je vous assure, Samantha,
00:35:52 ce sont vos choix qui vous définissent et vous n'êtes piégé de rien.
00:35:55 - Oui, j'ai eu peur.
00:35:58 - De toute façon, vous pouvez très bien rencontrer, il y a des thérapeutes qui travaillent la généalogie,
00:36:02 donc vous pouvez très bien rencontrer quelqu'un qui travaille la généalogie.
00:36:06 En même temps, il faut toujours faire attention de nos croyances.
00:36:09 Il y a beaucoup de croyances dans ce que vous me dites, Samantha.
00:36:13 Déjà de croire qu'on est victime d'une sorte de fatalité,
00:36:19 qu'en tant que femme, on va forcément être abandonné.
00:36:22 J'entends bien que votre grand-mère, oui, elle a été abandonnée par l'homme,
00:36:27 qui était donc le père de votre mère.
00:36:30 - Oui, mais ce n'est pas obligatoirement pour ça que ça va se répéter.
00:36:34 - Exactement. C'est le risque de ce qu'on appelle une prophétie autoréalisatrice,
00:36:37 c'est-à-dire qu'en croyant à cette prophétie, vous la réalisez,
00:36:40 et vous mettez inconsciemment les choses en oeuvre pour qu'elles se réalisent.
00:36:42 C'est ça, tout à fait d'accord avec Brigitte. Il faut prendre garde à nos croyances.
00:36:46 - Oui, je pense que je m'enferme dans quelque chose, car j'ai du mal à remonter la pente.
00:36:51 Et c'est une grosse peur, une croyance que j'ai,
00:36:55 de n'être que dans une répétition ultime de quelque chose de maudit,
00:36:59 comme si on m'avait maudite, ou maudit maligné.
00:37:02 - Alors, vous pouvez faire un acte initiatique un peu ritualisé,
00:37:07 comme si vous brûlez un papier avec les noms de votre grand-mère, de votre mère,
00:37:16 et vous faites une prière, "moi je vais me libérer",
00:37:21 enfin, vous voyez, peu importe, vous vous inventez votre rituel.
00:37:24 Vous pouvez faire ça, et puis je crois qu'il y a quelque chose de contradictoire
00:37:27 dans ce que vous m'avez dit, Samantha, que j'ai envie de souligner,
00:37:32 parce que c'est quand même important que vous compreniez
00:37:35 qu'il y a quelque chose qui n'est pas cohérent dans ce que vous avez dit.
00:37:38 Vous dites "ma grand-mère et ma mère étaient des belles personnes",
00:37:42 mais des belles personnes, elles ne sont pas abandonnées par les hommes, Samantha.
00:37:47 Et si c'était des belles personnes, vous êtes donc une belle personne,
00:37:50 et si vous êtes une belle personne, il n'y a pas de raison qu'on vous abandonne.
00:37:53 Et si on vous abandonne, c'est parce que vous faites des choix
00:37:56 d'hommes qui abandonnent de toute façon les femmes.
00:37:59 - Oui, oui, oui.
00:38:02 Oui, moi je les vois comme des belles personnes,
00:38:04 et j'en suis intimement convaincue par leur parcours de femme.
00:38:07 - Je n'en doute pas, et je ne doute pas que vous soyez une belle personne.
00:38:10 - Et moi, je n'ai pas forcément cette vision de moi-même, effectivement.
00:38:12 Donc déjà, peut-être, oui, il y a une forme d'incohérence.
00:38:15 Je ne me vois pas aussi belle que ma grand-mère, ma carnelle et ma mère,
00:38:18 ça c'est sûr, dans leur parcours de vie.
00:38:21 - Et vous me parlez beaucoup des femmes, mais vous avez aussi un père, Samantha ?
00:38:26 - Oui, mon papa n'a pas eu de chance non plus.
00:38:29 - C'est-à-dire ? - Il n'a pas eu de chance.
00:38:32 Un enfant indécis, qui a souffert du désamour de sa mère,
00:38:38 et qui a été toute sa vie à la recherche de l'amour de sa mère.
00:38:41 - Ça, je pense que ça va être à déconstruire.
00:38:45 Je pense vraiment qu'une approche thérapeutique pourra vous aider
00:38:47 à reprendre un peu toute cette mythologie que vous avez construite
00:38:50 pour vous en émanciper, pour vous en libérer.
00:38:52 Et vous savez, il n'y a pas de belles et de moches personnes dans le fond,
00:38:54 sauf peut-être quelques exceptions. On est tous, tout.
00:38:57 Il y a de tout en nous, on est des humains, personne n'est infaillible,
00:38:59 personne n'est pure générosité. On est des humains,
00:39:01 il faut se réconcilier avec votre humanité.
00:39:03 - Oui, d'accord, d'accord. Je vais y travailler.
00:39:06 Et je vais aussi écouter le conseil de Brigitte.
00:39:09 - Ah oui, il est pertinent. - Oui, oui, je pense qu'il y a quelque chose.
00:39:13 - J'ai besoin d'une action, une vraie action que je peux faire, en fait.
00:39:19 Et c'est important pour moi de ritualiser quelque chose.
00:39:23 - Je pense qu'il y a quelque chose qu'il faut...
00:39:26 Il faut tordre le cou à cette croyance qui, quelque part,
00:39:30 vous englue dans des choix amoureux qui vont...
00:39:34 Il faut que votre... Vous savez, le problème d'une croyance,
00:39:36 c'est que c'est très, très fort. - Oui.
00:39:38 - Et obligatoirement, comme c'est très, très fort,
00:39:40 on va agir pour prouver que notre croyance, c'est la réalité.
00:39:45 - Oui.
00:39:46 - Parce que c'est aussi sur les croyances qu'on s'appuie pour tenir debout.
00:39:52 - Oui, oui.
00:39:53 - Et demain, vous n'avez plus cette croyance.
00:39:56 Qui vous êtes, Samantha ? Quelle femme vous êtes ?
00:39:59 - Oui.
00:40:00 - Je vous pose la question, hein ?
00:40:02 - Oui, perdue, perdue, parce que... - Eh bien voilà.
00:40:05 - Perdue. - Voilà.
00:40:06 Et donc, en restant accrochée à cette croyance que, de toute façon,
00:40:09 il y a une malédiction sur les femmes de votre famille
00:40:12 et que, de toute façon, elles sont tout le temps abandonnées,
00:40:14 vous tenez debout, mais vous serez tout le temps abandonnée.
00:40:17 Est-ce qu'il vaut pas mieux, à un moment donné, un peu se retrouver perdue, tombée,
00:40:22 et puis ensuite être recueillie par un homme qui ne vous abandonnera pas ?
00:40:26 - Oui, oui, oui, tout à fait.
00:40:28 Je vais essayer de m'y atteler, en tout cas.
00:40:31 - Voilà, c'est vraiment... - Il y a encore un parcours...
00:40:33 - Mais je crois, sincèrement, je crois que dans votre cas,
00:40:36 c'est important de rencontrer quelqu'un qui va un petit peu vous aider, vous guider.
00:40:41 Vous allez pouvoir aller un peu plus loin dans vos réflexions.
00:40:47 - D'accord. Je vais m'y atteler, en tout cas. J'ai espoir.
00:40:52 - J'espère que vous avez espoir. - J'ai espoir. Je vous remercie, en tout cas.
00:40:56 - En tout cas, nous, on a espoir. - Je vous remercie beaucoup.
00:40:59 Merci, Brézith, et merci, Samuel. Merci beaucoup.
00:41:01 - Merci, Samantha.
00:41:03 Oui, je crois que c'est ça aussi qui est terrible, quand on est enfant
00:41:07 et qu'on est dans une famille un peu discordante, voire violente, etc.
00:41:11 C'est qu'on a inscrit cette croyance que la vie est comme ça,
00:41:16 que les humains sont comme ça.
00:41:18 - Exactement. C'est à ça aussi que j'étais en train de penser.
00:41:21 Un enfant ne remet pas en cause la toute-puissance parentale.
00:41:23 Il croit en son parent et il croit que la manière qu'a son parent de se comporter
00:41:27 est forcément juste et que c'est ça la véritable manière d'aimer.
00:41:30 Moi, il m'a fallu beaucoup de temps pour revenir là-dessus
00:41:33 et pour voir que, justement, il y avait des choses qui n'allaient pas.
00:41:35 C'est à ça qu'on devient adulte, c'est en sortant de cette toute-puissance,
00:41:38 de cette croyance, de cet idéal. Je suis absolument d'accord avec vous.
00:41:41 C'est un trajet de vie, un trajet pour se sauver
00:41:44 et un trajet pour mettre à terre les idoles, je crois.
00:41:47 - Oui, et ça peut prendre du temps, mais qu'importe.
00:41:50 Ce qu'il faut, c'est commencer à travailler sur ces croyances.
00:41:55 Il n'y a pas de...
00:41:58 Moi, je le répète souvent, vous le disiez tout à l'heure d'ailleurs,
00:42:01 sur la sexualité, il n'y a pas une sexualité.
00:42:03 Et c'est pareil, il n'y a pas un homme, une femme, il n'y a pas un être humain.
00:42:07 Il y a des individus qui sont tous différents
00:42:10 avec des qualités, des défauts, des blessures, des armures.
00:42:15 - Exactement, c'est un voyage et on ne sait pas quelles en sont les étapes.
00:42:18 Il n'y a pas un sens, comme ça, posé, monolithique.
00:42:20 C'est un mouvement qui n'arrête pas d'évoluer dans le temps.
00:42:23 C'est une histoire, on est les héros de notre propre histoire
00:42:25 et on ne sait pas ce que chaque pas nous réserve.
00:42:28 - Dans ce livre, d'ailleurs, "L'enfant-thérapeute", Samuel Dock,
00:42:32 on voit quand même que vous avez su choisir un compagnon solide.
00:42:38 Vous en parlez d'ailleurs tout au long du livre.
00:42:41 Grâce à quoi, à votre avis ?
00:42:44 - Pour le coup, j'aurais aimé que vous puissiez me le dire,
00:42:46 vous qui êtes une experte en lien amoureux,
00:42:48 parce que je n'explique pas cette magie-là d'avoir rencontré
00:42:51 Michaël, qui s'appelle Dorian, dans le livre.
00:42:54 Et qui, je pense, on s'est sauvé l'un l'autre
00:42:57 puisque lui aussi a eu un parcours de vie extrêmement difficile.
00:43:00 Ils ont été construits ensemble à partir d'une grande précarité.
00:43:03 Il y a eu une réparation, je pense, réciproque,
00:43:07 mais qui ne subroge pas le lien amoureux et la reconnaissance de l'autre
00:43:10 déjà dans sa force et dans son altérité.
00:43:13 Mais oui, c'est un personnage central.
00:43:15 Je ne me rendais pas compte, en fait, en écrivant le livre,
00:43:17 l'amour à ceci qui l'existe par évidence.
00:43:19 C'est les lecteurs qui, après l'avoir lu, m'ont dit
00:43:21 "C'est ce Dorian qui enchante le livre et qui instille une lumière"
00:43:25 parce que le livre est très sombre.
00:43:27 Heureusement qu'il y a ses facéties et ses blagues
00:43:29 parce que sinon, effectivement, ce serait déprimant.
00:43:31 Et on sent qu'à chaque moment où vous pourriez vraiment chuter très lourdement,
00:43:36 il vous tient la main.
00:43:38 Il y a quelque chose d'assez beau dans cette relation.
00:43:41 C'est pour ça que je me posais la question.
00:43:43 Mais en effet, je pense qu'il y a eu une rencontre miroir
00:43:47 dans vos blessures réciproques où vous vous êtes sauvé l'un l'autre.
00:43:50 C'est lui qui, un matin, et je raconte ça dans le livre,
00:43:52 m'a proposé de partir à Londres.
00:43:54 Moi, je n'avais jamais voyagé puisque je sortais d'un état d'enfermement hallucinant,
00:43:57 c'est la première partie du livre,
00:43:59 et il m'a dit "Et si on allait à Londres ?"
00:44:00 Et moi, je ne comprenais même pas ce qu'il voulait dire
00:44:02 tellement j'avais été enfermé.
00:44:04 Je ne concevais même pas la possibilité d'un ailleurs.
00:44:07 Parce que je crois que la psyché de ma mère me laissait penser que c'était pas pour moi,
00:44:10 que les voyages, c'était pour les autres.
00:44:12 Et il m'a dit "Mais si, tu as le droit d'être heureux, tu as le droit de voyager,
00:44:15 arrête de subir."
00:44:17 Et je lui suis très reconnaissant pour cette limite assez ferme qu'il m'a mise.
00:44:20 En tout cas, il allait peut-être un peu mieux que vous à ce moment-là.
00:44:23 Ça c'est sûr.
00:44:25 Ça va peut-être pas de mal.
00:44:27 En tout cas, on va continuer dans cette deuxième heure
00:44:30 à évoquer tout ce qui nous vient de notre enfance
00:44:33 et comment on a pu...
00:44:35 et comment on peut s'accrocher à nos croyances.
00:44:37 Parce que c'était intéressant dans le témoignage de Samantha
00:44:41 et on la remercie parce que ça montre aussi
00:44:44 comment nos croyances viennent la plupart du temps de notre enfance.
00:44:48 Oui, le concept d'enfant-thérapeute repose entièrement
00:44:51 sur une croyance, sur la croyance qu'il est possible
00:44:54 de sauver son parent alors que ce n'est pas le cas.
00:44:56 Et sur la croyance que si on reçoit des mauvais traitements,
00:44:58 c'est parce qu'on le mérite.
00:44:59 Ma mère était déjà l'enfant-thérapeute de sa propre mère
00:45:01 en servant de bouclier vivant.
00:45:03 Et je suppose que sa propre mère était déjà elle-même le...
00:45:06 C'est une chaîne intergénérationnelle toxique
00:45:08 qu'on ne peut interrompre qu'en la comprenant.
00:45:10 Évidemment.
00:45:11 Et on a parfois aussi des enfants
00:45:13 qui essayent d'être le thérapeute
00:45:15 ou le protecteur de leur frère ou de leur sœur plus jeune.
00:45:18 Et ça, on l'entend aussi assez souvent.
00:45:20 Alors, avant de donner la place aux infos,
00:45:23 je vous propose une petite devinette.
00:45:24 Pourquoi les femmes sont rarement attirées
00:45:26 par les maris de leurs copines ?
00:45:28 C'est une histoire de femmes, ça, Samuel Doc.
00:45:31 Je ne suis pas sûre que vous trouverez la réponse.
00:45:33 Je ne trouve jamais les solutions.
00:45:34 Allez, on fait une petite pause
00:45:35 et on se retrouve après avec Sidonie qui nous aura ajouté.
00:45:37 14h16, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:45:41 Nous continuons à évoquer l'enfant-thérapeute.
00:45:43 C'est le titre du livre de Samuel Doc aux éditions Plomb.
00:45:47 Je crois que le titre dit tout.
00:45:49 Nous sommes tous, en tant qu'enfants, dans le désir
00:45:53 que nos parents aillent bien, restent ensemble,
00:45:56 se sentent mieux.
00:45:59 C'est la toute-puissance de l'enfant
00:46:01 dont on parle évidemment beaucoup.
00:46:04 C'est important de bien comprendre
00:46:06 qu'il faut, à un moment donné, devenir adulte
00:46:09 et sortir de cette toute-puissance infantile.
00:46:13 Sidonie va être avec nous dans un instant.
00:46:15 Mais d'abord, je voudrais la réponse à ma devinette.
00:46:17 Les femmes sont rarement attirées par les maris de leurs copines.
00:46:21 Franchement, je sais Brigitte, totalement.
00:46:23 C'est simple, vous savez qu'entre copines,
00:46:26 on dit tellement de mal de notre mari.
00:46:28 Comment voulez-vous qu'on puisse ensuite
00:46:30 être attiré par le mari d'une copine ?
00:46:32 Jolie, jolie.
00:46:33 Franchement.
00:46:34 Bonjour Sidonie.
00:46:35 Bonjour Brigitte, bonjour Samuel.
00:46:38 Bonjour Sidonie.
00:46:39 Vous êtes très touchant, je tenais à vous le dire.
00:46:42 Merci de prendre mon témoignage.
00:46:43 Merci beaucoup, merci infiniment.
00:46:45 Et tout est touchant dans cette émission aujourd'hui.
00:46:48 Merci aussi Sidonie.
00:46:50 C'est touchant de parler de nos blessures
00:46:53 et de nos souffrances d'enfance.
00:46:55 On a tous en nous encore,
00:46:57 enfin j'espère que tout le monde a encore son enfant qui vibre en lui.
00:47:01 Oui, d'ailleurs j'aime dire souvent
00:47:06 on est grand, on a grandi,
00:47:09 mais à l'intérieur c'est toujours ce même cœur
00:47:12 du nouveau-né qui est au fond de nous.
00:47:15 Et oui.
00:47:16 Simone de Beauvoir disait "un adulte est un enfant gonflé d'âge".
00:47:20 On est gonflé d'âge.
00:47:23 Bon, et bien, que d'émotions là.
00:47:29 Et vous comment allez-vous ?
00:47:31 Alors c'est mitigé, je fais tout pour m'en sortir.
00:47:37 Je fais tout pour m'en sortir,
00:47:39 alors je suis sur la bonne voie,
00:47:40 je suis pleine d'espoir
00:47:42 après une sortie de déni
00:47:44 qui a été très très douloureuse.
00:47:45 Alors j'ai décidé de me séparer du lien avec mes parents.
00:47:52 Mais mon témoignage ressemble un petit peu à celui de Jeanne
00:47:55 au début de l'émission,
00:47:56 je l'ai trouvé très touchante aussi.
00:47:58 Mais moi j'ai les deux parents.
00:48:00 Vous c'est vos deux parents, oui.
00:48:02 Voilà, les deux parents de manière alternative
00:48:05 et différente pour l'un et l'autre,
00:48:07 qui présentent tous les deux des aspects d'immaturité
00:48:10 que j'ai fini par découvrir.
00:48:13 Je disais toujours à qui voulait l'entendre dans mon entourage
00:48:18 que j'étais la psy de mes parents.
00:48:20 Ce qui prend tout son sens aujourd'hui,
00:48:23 mais aujourd'hui je suis obligée encore une fois de me faire accompagner.
00:48:27 Je n'ai jamais hésité à le faire tout au long de ma vie.
00:48:30 Auparavant les psy, j'allais les voir
00:48:32 par rapport à des problèmes de couple en général,
00:48:34 parce que je pensais que ça venait de moi,
00:48:37 de mon couple, de mon partenaire.
00:48:40 Et puis en fait, j'ai fini par comprendre que tout venait du foyer éducatif,
00:48:50 enfin, parental.
00:48:52 Et quand j'ai compris ça,
00:48:54 j'ai commencé à ouvrir une autre boîte
00:48:57 dont je ne me gérais pas le fond.
00:49:00 Ça a été l'horreur
00:49:03 de sortir du déni, d'ouvrir les yeux.
00:49:07 Ça a été...
00:49:09 - Le déni de quoi ?
00:49:11 - C'est-à-dire que tout d'un coup vous découvrez
00:49:13 que les parents que vous aviez peut-être un peu idéalisés...
00:49:16 - Oui.
00:49:17 - C'est ça ?
00:49:18 - Oui, que je protégeais, que j'avais passé ma vie à protéger,
00:49:20 à vouloir préparer, guérir, soigner,
00:49:23 mettre en joie ou apaiser plus leurs souffrances
00:49:27 que de me préoccuper de celles que moi j'en pouvais endurer,
00:49:30 qui me semblaient normales.
00:49:32 Comme on disait tout à l'heure, l'enfant,
00:49:34 même s'il est un peu bourreau,
00:49:36 pardon, victime, n'a pas conscience réellement de ça.
00:49:39 Il n'en veut jamais à son parent.
00:49:41 Il est toujours loyal, etc.
00:49:43 J'étais là-dedans.
00:49:44 Mais quand j'ai compris que je n'avais pas les parents
00:49:46 que je pensais avoir,
00:49:48 quand j'ai vraiment ouvert les yeux
00:49:51 sur leur fonctionnement avec moi,
00:49:53 il y a des pans d'amour qui sont tombés.
00:49:55 J'étais tout le temps dans l'amour pour eux.
00:49:58 Les gens me disaient "mais on ne comprenait pas,
00:50:00 pourquoi tu ne voyais pas ce qui se passait,
00:50:02 la méchanceté qu'ils avaient avec toi ?"
00:50:04 - Mais parce que vous n'étiez pas apte à pouvoir le voir
00:50:08 jusqu'à cet âge où vous avez ouvert les yeux.
00:50:11 Tout se serait écroulé pour vous
00:50:13 si vous les aviez ouverts les yeux.
00:50:15 - Tout se serait écroulé.
00:50:16 - Oui, mais parce qu'à ce moment-là,
00:50:18 vous pouviez quand même supporter que tout s'écroule.
00:50:20 - Je me suis supportée.
00:50:22 - Quelques années auparavant, vous ne l'auriez pas supporté.
00:50:24 Il faut quand même...
00:50:26 - Ce n'est pas terrible le déni, on est d'accord.
00:50:28 Ce n'est pas quelque chose qui nous permet de grandir,
00:50:30 mais c'est quelque chose qui nous protège terriblement.
00:50:32 - Effectivement, ça m'a permis d'avancer
00:50:34 et d'être en joie dans la légèreté de la vie.
00:50:37 J'étais dans une énergie et un élan de vie...
00:50:41 - Ce qui prouve que vous avez une très belle énergie de vie.
00:50:44 - Ah oui, à fond, les petits me le disent.
00:50:47 Ils m'ont dit "mais oui, vous avez des ressources de dingue !"
00:50:50 - Mais le prix à payer, ça a été pendant quelque temps ce déni.
00:50:53 Maintenant, vous allez pouvoir profiter pleinement
00:50:57 de cette belle énergie de vie, puisque vous êtes sortie du déni.
00:51:01 Mais il y a peut-être encore des cicatrices qui ne sont pas tout à fait refermées.
00:51:05 - J'y travaille, là.
00:51:07 Du coup, je suis vraiment avec un psychiatre.
00:51:10 On remue tout ça, parce que ça a remis à la surface
00:51:14 des tas de mémoires traumatiques dont je ne soupçonnais même pas l'existence.
00:51:17 Bien sûr, ça a mis à jour des tas de choses
00:51:20 où je me suis dit "c'est pas normal, c'est dégueulasse, c'est abominable !"
00:51:25 Et de découvrir aussi que je ne pourrais jamais les soigner
00:51:30 et que je n'aurais pas de...
00:51:33 que je pensais avoir, que je ne pourrais toujours courir après cet amour, il n'y aura pas.
00:51:38 - Peut-être pas maintenant.
00:51:41 Vous voyez par exemple dans mon livre, j'explique,
00:51:44 que j'essayais sans arrêt de revenir vers ma mère
00:51:47 et de me faire recouper de périodes de rupture, de fausses réconciliations,
00:51:50 jusqu'à ce qu'il puisse y avoir un échange plus authentique.
00:51:53 Vous parliez de déni, peut-être que tout ça c'est juste une temporalité,
00:51:57 peut-être que ce que vous dites là est vrai maintenant,
00:51:59 mais peut-être qu'un jour la rencontre sera possible, on ne sait pas de quoi demain est fait.
00:52:02 Mais par contre, ce qui est sûr, et là je rejoins aussi ce qui a été dit précédemment,
00:52:05 c'est que vous ne pouvez pas faire le chemin tout seul.
00:52:07 C'est-à-dire que là j'entends, vous êtes engagée en thérapie, comme moi je l'étais d'ailleurs,
00:52:10 il faut eux aussi qu'ils puissent bouger à un moment donné,
00:52:13 et s'ils ne le font pas, tant pis pour eux.
00:52:15 Vous ne pouvez pas faire tout le boulot toute seule.
00:52:17 C'est à eux aussi de bouger.
00:52:19 Tout comme j'ai compris aussi que je pourrais ne pas faire le travail pour l'autre,
00:52:24 c'est un des grands enseignements de toute cette trajectoire.
00:52:27 Donc je me suis mise à m'occuper de moi,
00:52:31 après avoir passé ma vie à être tournée, mentalement et physiquement,
00:52:36 vers les autres, mais surtout vers eux, quand j'ai compris ça.
00:52:40 Mais il y a deux ans, il y a eu un gros gros gros chaos,
00:52:42 parce que plus je donnais de l'amour, et plus on tentait de m'enfoncer la tête sous l'eau finalement.
00:52:46 Et je ne comprenais pas, je ressortais broyée à chaque fois que je les voyais,
00:52:50 ou d'autres membres de ma famille.
00:52:52 Et en fait, il y a deux ans, il y a eu quelque chose qui m'a profondément choquée,
00:52:57 mais c'était terrible, parce que je me suis effondrée en fait.
00:53:00 Je suis rentrée en post-trauma, en syndrome post-traumatique.
00:53:05 Et là, je répare tout ça maintenant.
00:53:08 - Oui, mais ce moment, ce choc traumatique a été peut-être salvateur,
00:53:13 puisque aujourd'hui, vous pouvez commencer à vous construire.
00:53:16 Je ne dis même pas à vous reconstruire.
00:53:18 Mais quand même, il y a une belle énergie de vie.
00:53:21 Et justement, je vais rebondir sur cette belle énergie de vie sidonique.
00:53:26 Il y a quand même une chose qu'il faut bien se dire,
00:53:28 c'est qu'on a une part animale en nous, au sens biologique du terme.
00:53:33 Après, ce qui nous fait humain, c'est ce qui nous rend tous différents,
00:53:38 et assez compliqué aussi.
00:53:42 Mais on a cette part biologique animale.
00:53:44 Et quoi qu'il en soit, ils vous ont donné la vie, vos parents.
00:53:47 Et ça, c'est quelque chose quand même...
00:53:50 On a le droit de détester ses parents, on a le droit de ne plus les voir,
00:53:54 on a le droit de couper les ponts.
00:53:57 Mais quand même, il y a eu ça.
00:53:59 Et je crois que c'est en ce sens qu'il faut comprendre le mot de la Bible,
00:54:03 "Tu énormeras ton père et ta mère".
00:54:05 Ça ne veut pas dire qu'il faut se mettre à genoux devant eux
00:54:07 et les considérer comme des dieux tout-puissants qu'il faut toujours aimer, etc.
00:54:11 Mais ils vous ont donné la vie.
00:54:13 Et ce qu'ils vous ont donné, Sidonie,
00:54:17 c'est évidemment un fardeau très lourd à porter,
00:54:21 mais qui va faire, si vous en sortez,
00:54:24 quelqu'un d'extraordinaire.
00:54:26 C'est aussi ce qu'on arrive à dépasser de nos souffrances
00:54:29 qui nous font être des gens beaucoup plus...
00:54:34 Comment dirais-je ? Beaucoup plus intéressants.
00:54:38 Et je pense que Samuel Dock, si vous êtes aujourd'hui un bon psychanalyste,
00:54:42 c'est certainement aussi grâce à cette mère terrible que vous avez eue.
00:54:46 Et je crois que c'est ça, Sidonie, qu'il faut que vous entendiez.
00:54:49 - Oui, oui, oui. J'en suis totalement convaincue, Brigitte.
00:54:52 Vraiment, je le comprends à 200%.
00:54:56 - Voilà. - Je reconnais ça.
00:54:59 - Et c'est ça qu'il faut se dire, même si le chemin est plus difficile.
00:55:04 Mais à l'arrivée, c'est parfois plus beau
00:55:08 parce qu'on sait d'où on vient
00:55:11 et on apprécie encore plus ce qu'on a.
00:55:15 - Oui, j'ai...
00:55:18 Je suis passée par des périodes un petit peu d'enfer.
00:55:23 - Oui, oui. - Dans le mental, dans le corps.
00:55:26 Tout souffre. C'est un peu comme si...
00:55:28 En plus de se couper de ceux qu'on aime, comme s'ils étaient morts.
00:55:32 Mais je vais jusqu'au bout de cette démarche.
00:55:35 Et ça circule dans mon mental. Ça évolue.
00:55:38 Et effectivement, j'ai des phases où je me mets à être
00:55:42 dans une douceur d'âme, en paix.
00:55:45 Je renvoie mes meilleures pensées parce que je viens d'eux.
00:55:48 Et j'ai beaucoup de valeurs qui viennent d'eux.
00:55:51 Donc ça, je ne l'oublie pas.
00:55:54 Parce que c'était un coup, c'était bien.
00:55:58 Un coup, c'était pas bien. C'était plus pas bien.
00:56:01 T'es chaud, froid, sans arrêt. - Exactement.
00:56:04 - J'étais jamais à la bonne place. J'étais trop ou pas assez.
00:56:08 Mais il y avait quelques gouttes, quand même.
00:56:11 J'étais vraiment de bon. Donc j'essaye de m'appuyer là-dessus aussi.
00:56:15 Simplement, ma porte, alors, reste ouverte.
00:56:18 Je ne ferme aucunement le dialogue ou quoi que ce soit.
00:56:21 Mais maintenant, je me suis mis en repli pour me protéger et me réparer.
00:56:25 Et ça, je vais jusqu'au bout de ça.
00:56:28 C'est très nouveau pour moi. Auparavant, je coupais et je revenais.
00:56:31 Parce que j'étais encore en manque quelque part, ou j'espérais.
00:56:34 Mais là, non, je tranche et je suis appuyée dans cette démarche.
00:56:38 Maintenant, j'ai compris. J'ai grandi aussi avec ça.
00:56:41 - Moi, je suis d'accord avec ce qu'a dit Brigitte.
00:56:43 Et je pense qu'il faut pouvoir identifier le mauvais pour pouvoir faire surgir le bon.
00:56:46 Et finalement, le livre que j'ai publié, c'est un immense cri d'amour pour ma mère, malgré tout.
00:56:50 Qui m'a très bien élevé lorsque j'étais enfant.
00:56:53 Les choses sont parties dans le décor lorsque j'étais adolescent.
00:56:56 Mais si je suis soignant, ce n'est pas simplement parce que j'ai souffert.
00:56:59 C'est parce qu'elle a pris énormément soin de moi lorsque j'étais enfant.
00:57:02 Et ça, je veux le dire aujourd'hui sur cette antenne.
00:57:05 Pour moi, ma mère n'est pas la marâtre et la mère maltraitante.
00:57:09 Même si, effectivement, pendant l'adolescence, c'était extrêmement dur et qu'elle s'est vraiment mal comportée.
00:57:13 Mais elle a cette intelligence aujourd'hui de pouvoir le reconnaître.
00:57:16 Et c'est ce qui permet de s'être retrouvée.
00:57:18 Et par contre, et c'est là que ça vous concerne, ça n'a pas été le cas du tout de mon père.
00:57:21 C'est-à-dire que j'ai essayé de revenir vers mon père, de lui parler.
00:57:24 Il a fait aussi des choses très graves que je raconte dans le livre.
00:57:27 Ce n'est pas toujours possible.
00:57:29 Et c'est pour ça que j'ai fait exprès de mettre et la situation de ma mère et la situation de mon père.
00:57:32 C'était pour montrer que ce n'est pas toujours possible.
00:57:34 Certaines personnes sont rigides, refusent de faire le chemin, voire même perverses, parfois toxiques,
00:57:40 comme Anne-Laure Buffet peut le formuler aujourd'hui, la psychothérapeute.
00:57:44 Parfois, il faut savoir simplement se protéger.
00:57:46 On ne sauve pas les gens et on ne vit pas leur vie à leur place.
00:57:48 Et ça, je pense que vous l'avez compris.
00:57:50 Merci en tout cas, Sidonie, de ce témoignage.
00:57:52 Merci beaucoup.
00:57:53 On continue, Samuel Dock, à évoquer ce sujet qui, évidemment, touche terriblement
00:58:01 parce qu'on entend beaucoup de souffrance.
00:58:04 On retrouve Florence dans un instant.
00:58:06 Nous sommes avec Samuel Dock et le fil rouge de cette émission, c'est ce joli livre sorti chez Plon,
00:58:17 L'Enfant-Thérapeute, où vous racontez votre parcours d'enfant et d'adulte, évidemment.
00:58:24 Bonjour, Florence.
00:58:25 Bonjour.
00:58:26 Merci d'être avec nous, Florence.
00:58:28 Merci. Je vous appelle aujourd'hui pour partager un petit peu ce que j'ai vécu,
00:58:35 puisque je continue de vivre.
00:58:38 Donc, j'ai mon papa et ma maman.
00:58:43 Et j'ai une maman, surtout, que j'ai beaucoup tenté de protéger,
00:58:51 un petit peu comme si c'était moi, la maman.
00:58:55 Et la protéger de quoi ?
00:58:57 De sa tristesse, je dirais, en premier.
00:59:03 Parce qu'elle était...
00:59:05 Dépressive, un peu ?
00:59:06 Oui, je pense.
00:59:08 Oui, oui, enfin, c'est...
00:59:11 Ça, c'est important aussi, parce que ça concerne malheureusement beaucoup de gens qui nous écoutent.
00:59:17 Avoir une mère dépressive, ou en tout cas avec des tendances dépressives, c'est déjà un lourd fardeau.
00:59:25 Oui, j'ai l'impression.
00:59:27 Parce que quoi que vous fassiez, de toute façon, elle vous renvoie à votre impuissance.
00:59:32 Exactement.
00:59:34 J'ai essayé de la protéger de ça.
00:59:37 J'ai aussi essayé de la protéger de son mari, donc de mon père,
00:59:42 qui était... comment dire ?
00:59:45 Donc, elle a voulu se séparer beaucoup de fois, et qui était...
00:59:49 Je ne sais pas comment dire, mais qui ne la mettait pas en valeur.
00:59:55 Qui la dépressait, qui l'humiliait.
00:59:58 Oui, oui, oui.
01:00:00 Voilà, j'ai beaucoup essayé, et ses parents...
01:00:05 Enfin, c'est marrant.
01:00:07 Quand j'ai vu le thème de votre émission aujourd'hui,
01:00:10 et je ne sais pas, c'est une coïncidence,
01:00:14 mais cette nuit j'ai fait un rêve,
01:00:16 qui était très étrange,
01:00:19 j'ai un peu cherché la signification, parce que ça me paraissait très bizarre.
01:00:22 J'ai rêvé que ma mère était enceinte,
01:00:25 et que je m'occupais d'elle,
01:00:28 notamment pour qu'elle aille chez la gynéco,
01:00:30 parce qu'elle n'avait même pas pris rendez-vous alors qu'elle était enceinte de trois mois.
01:00:34 Je me suis dit que c'était vraiment...
01:00:39 Oui, en lien dans la mesure où...
01:00:44 J'ai toujours essayé de m'occuper de ma mère, c'est très dit.
01:00:47 Aujourd'hui, je ne suis plus en relation avec elle.
01:00:51 Mais votre rêve dit peut-être qu'il est temps de vous occuper de vous.
01:00:55 Oui, je pense.
01:00:57 Mais oui, il me semble.
01:00:59 Et pourtant, je ne sais pas trop.
01:01:02 Qu'est-ce qui vous fait peur exactement ?
01:01:04 Qu'est-ce qui vous angoisse ?
01:01:06 Dans quoi ?
01:01:07 Dans cette relation avec vos parents.
01:01:09 C'est le fait d'avoir jamais réussi,
01:01:12 et même si je sais que ce n'est pas mon rôle,
01:01:15 et que ce n'est même pas possible,
01:01:18 c'est finalement d'avoir jamais réussi...
01:01:20 Ce qui veut dire que vous n'avez pas renoncé ?
01:01:22 Oui.
01:01:23 À la rendre rose.
01:01:25 Alors, j'ai renoncé.
01:01:26 Qu'est-ce qui vous empêche de renoncer ?
01:01:28 Allô ?
01:01:32 Je réfléchis, pardon.
01:01:36 Qu'est-ce qui m'empêche de renoncer ?
01:01:38 J'ai l'impression de l'abandonner en fait.
01:01:40 Mais bon, je parle d'elle, je ne parle pas de moi quand je vous réponds.
01:01:45 Mais oui, bien sûr.
01:01:46 Parce que c'est à votre père de la rendre heureuse.
01:01:48 Oui.
01:01:52 Ça, j'y crois pas en fait.
01:01:54 Vous voyez à quel point,
01:01:56 tant que vous ne renoncerez pas à essayer de l'aider,
01:02:00 vous ne pourrez pas vous aider.
01:02:05 Oui.
01:02:06 Tant que vous serez dans cette recherche qui veine,
01:02:12 ça sur le plan intellectuel, vous l'avez compris,
01:02:15 mais vous ne l'avez pas compris sur le plan émotionnel et affectif.
01:02:19 Et pourquoi vous ne le comprenez pas ?
01:02:21 Parce que, encore une fois, je reviens à ce que je disais tout à l'heure à quelqu'un d'autre,
01:02:25 ça va vous faire un peu sombrer.
01:02:34 Je ne comprends pas totalement pourquoi, mais...
01:02:37 Parce que là, vous avez une mission de vie
01:02:41 qui vous permet de tenir.
01:02:44 Et quand vous allez renoncer à cette mission de vie qui vous permet de tenir,
01:02:48 qu'est-ce qui va vous rester ?
01:02:49 Rien.
01:02:50 Exactement, je suis d'accord.
01:02:51 Et comme il ne vous restera rien, vous allez sombrer.
01:02:54 Mais il ne sait pas qu'il ne vous restera rien,
01:02:56 il vous restera à vous occuper de vous,
01:02:58 à vous aimer et à construire votre vie
01:03:01 avec un but, un objectif, du sens.
01:03:04 Et voilà.
01:03:06 Mais pour ça, il y a un petit moment comme ça,
01:03:09 où vous savez, c'est un petit peu comme si on avait construit un édifice,
01:03:13 mais sur du sable mouvant.
01:03:16 Mais tant qu'on le tient, cet édifice, ça tient.
01:03:20 Mais quand on va le faire tomber, cet édifice, on se retrouve sur du sable mouvant.
01:03:24 Et là, il faut aller juste à côté et tout reconstruire.
01:03:29 Est-ce que ça vous parle, ce que je vous dis ?
01:03:31 Oui, je le comprends.
01:03:34 C'est très difficile, parce que comme vous l'avez dit intellectuellement,
01:03:37 je l'ai vraiment compris, et ça fait même longtemps,
01:03:39 je pense que je l'ai compris, ça fait plusieurs années.
01:03:43 Mais je n'arrive pas à passer...
01:03:47 Parce que c'est comme si votre mère vous avait placé en position d'antidépresseur vivant.
01:03:51 Et je rejoins tout à fait Brigitte lorsqu'elle dit que quelque part,
01:03:54 il y a aussi une forme de gain à être dans cette identité-là.
01:03:57 Moi-même, je croyais trouver un bénéfice à être dans ce statut d'enfant-thérapeute.
01:04:02 Je croyais que c'était comme ça que j'étais utile, que c'était ma vocation,
01:04:04 que ça avait du sens, qu'un jour je réussirais à la guérir.
01:04:06 Et je me suis rendu compte de ce piège vénéneux que lorsque j'en suis sorti.
01:04:11 Et c'est ça, il faut faire ce mouvement.
01:04:13 Je ne sais pas quel est votre rapport à la consultation,
01:04:15 si vous avez déjà vu des psychologues qui vous avaient pu en parler,
01:04:18 mais tout ça, c'est des choses qui se mettent en mouvement,
01:04:20 pas intellectuellement, justement, comme vous l'a dit Brigitte,
01:04:23 mais vraiment dans vos émotions, dans la relation avec un autre.
01:04:26 C'est intellectuellement, vous avez compris, c'est sur un autre plan qu'il faut pouvoir bouger.
01:04:30 Elle n'a pas été convaincue.
01:04:35 Non, non, ce n'est pas ça.
01:04:36 C'est un gros blocage d'oubli.
01:04:38 Mais oui, bien sûr que ça bloque.
01:04:40 Parce que si ça ne bloquait pas, ça vous ferait souffrir.
01:04:43 Alors il vaut mieux que ça bloque.
01:04:45 Sauf qu'à long terme, c'est quand même quelque chose qui...
01:04:49 Vous savez, c'est un petit peu comme quand on refuse de rééduquer un bras qui a été cassé.
01:04:54 Sur le moment, ça fait moins mal, mais du coup, il reste cassé,
01:04:57 il reste un petit peu handicapé, le bras.
01:04:59 Donc voilà, vous êtes un peu handicapé.
01:05:02 J'ai toujours l'impression de passer à côté de ma vie.
01:05:04 Mais forcément, vous passez à côté de votre vie.
01:05:07 Ce qu'on n'est pas fait pour rester l'enfant de son parent toute sa vie.
01:05:10 On est fait pour partir ailleurs, pour quitter le giron maternel.
01:05:13 Toute la place que prend votre mère dans votre cœur,
01:05:15 elle ne peut pas être prise par quelqu'un d'autre.
01:05:22 Excusez-moi, je vous dis les choses un peu durement,
01:05:25 mais vous prendrez le temps de les digérer.
01:05:27 Ce n'est pas grave, vous avez le temps.
01:05:29 Vous n'êtes pas à six mois près, vous avez le temps.
01:05:32 Mais il faut que ça résonne au niveau du cœur.
01:05:35 Mais de toute façon, on ne peut avancer qu'au niveau du cœur.
01:05:38 Il y a beaucoup de thérapies qui font avancer sur le plan intellect
01:05:42 et qui sont très bien, par exemple, si on a peur de prendre l'avion,
01:05:45 une thérapie cognitive, pourquoi pas.
01:05:47 Mais sur des thérapies aussi essentielles que justement devenir adulte,
01:05:54 je pense qu'il faut vraiment que le cœur soit mis sur le devant de la scène.
01:06:00 Et en termes de thérapie, est-ce que vous dites que d'un niveau intellectuel,
01:06:06 cognitif, ce n'est pas ça qui va faire avancer les choses ?
01:06:10 Ça veut dire qu'il faut viser des thérapies plus spécifiques que d'autres ?
01:06:15 Oui, encore une fois, il y a beaucoup de choses.
01:06:18 Et puis, c'est des thérapeutes.
01:06:20 Il peut y avoir un thérapeute cognitif qui sera capable de vous faire avancer.
01:06:25 Mais il peut y avoir la sophrologie, il peut y avoir certaines analyses.
01:06:31 Mais à condition que ce ne soit pas uniquement à ressasser sans arrêt des choses du passé.
01:06:37 Vous allez laisser le temps de mûrir tout ce que je vous ai dit,
01:06:45 qui est peut-être un petit peu fort comme ça.
01:06:48 Laissez un peu décanter et vous verrez dans 15 jours, 3 semaines, 1 mois,
01:06:53 qu'est-ce qui en ressort.
01:06:54 Prenez le temps, il n'y a pas d'urgence.
01:06:57 Merci en tout cas Florence.
01:06:59 - Beaucoup.
01:07:00 - On va continuer avec le Love Conseil du jour.
01:07:02 On va tester un coffret Saint-Valentin.
01:07:04 Et puis, on donnera la parole ensuite à Caroline qui nous a rejoint.
01:07:07 Alors justement, c'est un Love Conseil qui va un petit peu faire écho avec l'émission d'aujourd'hui.
01:07:20 Un peu dure à cause de vous, Samuel Dock et de votre livre "L'enfant-thérapeute aux éditions Plon".
01:07:25 Mieux vivre sa vie.
01:07:27 Alors, j'ai recensé 5 points importants pour mieux vivre sa vie.
01:07:31 Vous allez me dire si vous êtes d'accord.
01:07:33 Alors, le premier, c'est d'apprendre à se connaître.
01:07:36 Alors c'est vrai que c'est un vrai but en soi et parfois il ne suffit pas d'une vie.
01:07:40 Mais je crois que c'est vraiment important d'avoir toujours envie de mieux se comprendre,
01:07:46 mieux se connaître et c'est vraiment un long parcours.
01:07:49 Deuxième point, c'est être relié.
01:07:53 C'est-à-dire avoir des personnes avec qui on se sent unis.
01:07:59 Ce n'est pas forcément uniquement sur le plan amoureux.
01:08:02 Et être relié, ce n'est pas en allant sur Facebook.
01:08:05 C'est savoir qu'on a des personnes à qui on peut un peu parler, se confier, échanger réellement
01:08:14 et pas juste pour se vanter parce qu'on a été manger dans le meilleur restaurant ou je ne sais quoi.
01:08:20 Ensuite, je crois que ce qui est important, c'est de continuer à apprendre.
01:08:26 Et c'est pour ça que la retraite peut être un moment délicat
01:08:29 parce qu'on peut à ce moment-là un petit peu tout lâcher pour se reposer, certes,
01:08:35 mais se retrouver ensuite avec plus vraiment de motivation.
01:08:40 Et quand on a la chance notamment de faire un métier comme le nôtre,
01:08:44 où finalement on est toujours en train d'apprendre des autres sur la psyché humaine,
01:08:49 parce que c'est quand même très complexe, je trouve que c'est important.
01:08:52 Quatrième point, prendre du temps pour soi.
01:08:55 Alors ce n'est pas de l'égoïsme, mais savoir se détendre, savoir faire le point pour voir où on en est,
01:09:01 pour savoir quel est le prochain objectif qu'on se donne, c'est important.
01:09:07 Et dernier point, c'est être créatif.
01:09:10 Alors au sens large, ce n'est pas nécessaire d'être un artiste.
01:09:12 On peut cuisiner, on peut jardiner, on peut... je ne sais pas quoi.
01:09:19 Et je pense que si on réussit ces cinq points, en général on va être assez bien dans sa vie.
01:09:25 Totalement d'accord. Et ce sont cinq points qu'on retrouve énormément dans la culture japonaise.
01:09:30 Et vous savez, je suis fan de la culture japonaise, donc je suis avec vous.
01:09:33 D'ailleurs les Japonais disent "on devient vieux quand on cesse d'apprendre".
01:09:36 Vous parliez d'apprentissage.
01:09:37 Oui, oui, je crois que c'est important. On a toujours quelque chose qu'on peut apprendre.
01:09:41 Alors Delphine, c'est bientôt le 14 février, mais pour vous c'est ça y est.
01:09:46 Vous avez reçu ce coffret spécial Saint-Valentin que l'on retrouve sur l'enseigne-ruydeplaisir.com.
01:09:53 C'est un coffret assez rempli, Delphine. Bonjour.
01:10:00 Ah oui, oui, oui. Bonjour Brigitte. Bonjour monsieur.
01:10:03 Bonjour.
01:10:04 Oui, c'est un petit coffret coquin, très doux, parce qu'il y a déjà des petites plumes.
01:10:12 On peut mettre des plumes sur le lit, on peut faire une petite mise en scène pour la Saint-Valentin, assez sympa.
01:10:20 Je dirais même très doux.
01:10:23 Et il y a des petits jeux aussi.
01:10:27 Oui, il y a vraiment plein de choses. Je découvre Furet Mûr.
01:10:31 Samuel a l'air d'être tout à fait intéressé par ce coffret.
01:10:35 Il y a la petite boîte avec des petits messages qui est super sympa, on peut la mettre sur sa table de nuit.
01:10:43 Et puis le soir, on se prend un petit message avec une petite mission.
01:10:47 Après on peut faire une petite soirée coquine avec bien sûr les dés, où on a différentes positions.
01:10:54 Après à savoir si le partenaire est capable de faire.
01:10:58 Les petites menottes, elles sont vraiment petites.
01:11:04 Les menottes c'est rigolo, parce que les petites plumes c'est un petit côté doux soft.
01:11:10 Mais c'était un peu plus dur pour nous, avec mon mari.
01:11:13 Parce que vous avez voulu les menotter et il avait des trop gros poignets, c'est ça ?
01:11:17 Non, c'est moi.
01:11:18 Ah oui, vous avez des trop gros poignets.
01:11:20 Ah oui, ils ont l'air petits.
01:11:21 Il y a un peu des gros poignets, mais ça rentre, mais ça fait mal quand même.
01:11:26 C'est en acier les menottes, donc ce n'est pas des menottes en plastique.
01:11:30 Ce sont des vraies menottes.
01:11:32 Ce sont des vraies vraies menottes.
01:11:34 Ensuite il y a une petite baguette magique, moi j'appelle ça la baguette à douceur, avec une petite plume.
01:11:39 Et là on peut insister au désir, puisqu'il en bouche.
01:11:44 Donc c'est sympa, j'ai bien aimé, c'est très frac, cette petite baguette.
01:11:49 Franchement, il y a beaucoup de choses rigolotes, ça permet de passer quelques soirées sympas.
01:11:54 C'est quand même pas mal.
01:11:56 Et puis il y a même une bougie de massage.
01:11:59 Franchement, il y a de quoi s'occuper.
01:12:02 C'est un très joli coffret.
01:12:03 Je vois que Samuel est très intéressé par les menottes.
01:12:06 Ah oui, toujours.
01:12:07 Mais vous savez, pour le Pierre Richard que je suis, le plus dur c'est d'ouvrir le paquet.
01:12:12 Oui, je vois ça.
01:12:13 Ne vous inquiétez pas, vous allez réussir.
01:12:15 Dans les zoos, on fait des exercices pour les animaux, pour les stimuler.
01:12:20 Je crois que c'est un petit peu la même chose.
01:12:22 Moi, il faut faire la même chose, il faut me stimuler, parce que j'ai vraiment deux mains gauches.
01:12:24 Oui, je vois ça, vous avez du mal.
01:12:26 Je vais aller à mon rendez-vous d'après, je vais être prisonnier dans les menottes, ça va être très drôle.
01:12:29 En tout cas, franchement, il y a beaucoup de choses.
01:12:32 Bon écoutez, franchement, c'est sympa.
01:12:35 C'est une manière de tester plein de petites choses.
01:12:38 Alors c'est le coffret Saint-Valentin.
01:12:40 Vous pouvez dès maintenant, si vous voulez le commander pour la Saint-Valentin, vous allez sur lancerainerudeplaisir.com
01:12:46 et puis vous pouvez le commander.
01:12:48 Il y en a encore quelques-uns qui sont disponibles, donc n'hésitez pas.
01:12:51 Et puis comme ça, vous ne vous ennuirez pas le 14 février.
01:12:57 Quelle note vous donnez à ce coffret, alors finalement Delphine ?
01:13:00 Ah ça y est, Samuel a réussi à ouvrir le paquet.
01:13:04 Miracle.
01:13:05 Je ne veux pas l'adouir.
01:13:07 Je mettrais 16,5/20.
01:13:11 16,5/20, pas mal, pas mal.
01:13:14 Il y a plusieurs choses.
01:13:17 Il y a le côté où on peut jouer avec ton partenaire.
01:13:20 Il y a le côté un peu rigolo.
01:13:22 Et puis il y a le côté aussi douceur.
01:13:24 Je vous dis, avec cette petite baguette, ça m'a vraiment...
01:13:26 Le côté massage, tout ce petit côté douceur.
01:13:29 Et puis de découvrir l'autre et des hommes qu'on avait oubliés.
01:13:34 Ça y est, j'ai mon invité Samuel Dock.
01:13:37 Je me suis prisonnier moi-même. Il fallait que ça arrive.
01:13:41 Et les clés sont dans l'autre boîte, alors je suis dans la panade.
01:13:45 Je crois qu'on va avoir besoin de...
01:13:47 Je ne sais pas Samuel, si je vous libère.
01:13:49 On va voir, on va voir.
01:13:51 En tout cas, ça y est.
01:13:53 Merci Delphine.
01:13:54 Alors 16,5/20 pour ce coffret coquin.
01:13:57 Saint-Valentin, rue des plaisirs.
01:14:00 Justement, demain, on abordera la question des fantasmes avec Arthur Vernon.
01:14:05 C'était votre fantasme d'être menotté ?
01:14:07 Réalisé depuis longtemps, figurez-vous.
01:14:09 Mais je ne m'attendais pas à être captif.
01:14:11 Parce que je vous dis, j'ai un rendez-vous juste après.
01:14:12 C'est très drôle et c'est plein de surprises, comme votre émission.
01:14:14 Voilà, on apprend.
01:14:16 Là, j'apprends que je suis capable de m'enfermer moi-même, c'est bien.
01:14:18 C'est bien, c'est bien.
01:14:19 Vous voyez, vous arrivez à ouvrir l'autre boîte avec une main.
01:14:21 Bon, merci en tout cas Delphine.
01:14:24 On va revenir sur le sujet du jour, un peu moins drôle,
01:14:28 avec Caroline qui nous a rejoint. Bonjour Caroline.
01:14:31 Oui, bonjour.
01:14:32 Merci d'être avec nous.
01:14:34 Oui, c'est un peu difficile.
01:14:37 Parce que vous aussi, vous avez voulu aider votre mère, c'est ça ?
01:14:41 Oui, je pense que j'ai passé ma vie à essayer de l'aider, de la sauver.
01:14:49 Et je n'y suis pas arrivée.
01:14:53 Et quand j'ai décidé de mettre un terme, parce que ça m'a affectée physiquement,
01:15:02 je commençais à tomber malade.
01:15:07 Donc, j'ai dit stop.
01:15:10 Et en fait, elle l'a très mal pris.
01:15:13 Elle n'a pas compris.
01:15:15 Et elle s'est laissée aller complètement, jusqu'à se laisser mourir.
01:15:23 D'accord, donc vous êtes aujourd'hui avec un sentiment de culpabilité ?
01:15:27 Oui, parce qu'elle est partie il n'y a pas longtemps, ça fait deux ans,
01:15:33 pendant le début du Covid.
01:15:35 Et donc je suis allée la voir en urgence, tout ça,
01:15:39 et elle a préféré partir sans me parler, plutôt que de parler.
01:15:46 Mais vous voyez à quel point c'est une violence encore,
01:15:49 qu'elle vous a infligée jusqu'au dernier moment ?
01:15:52 Je suis très en colère, mais en même temps je la comprends.
01:15:55 Parce qu'elle souffrait, elle était malade.
01:15:58 Et de sa souffrance, elle s'est réfugiée dans l'alcool.
01:16:01 Et ça l'a tuée, elle a choisi cette voie-là.
01:16:05 Et toute ma vie j'ai essayé de...
01:16:07 D'accord, Caroline, mais est-ce que vous comprenez qu'elle n'a pas été une bonne mère ?
01:16:13 Bah, je sais pas.
01:16:15 Parce qu'elle était alcoolique depuis que vous êtes enfant ?
01:16:19 Oui.
01:16:21 Mais je savais pas que c'était une maladie, enfant.
01:16:28 Mais Caroline, en tant qu'enfant, vous n'êtes responsable de rien.
01:16:34 Oui.
01:16:37 Et si vous êtes aujourd'hui ravagée par sa perte,
01:16:41 si vous avez l'impression que vous ne vous en sortez pas,
01:16:43 il faut absolument vous faire aider ?
01:16:46 Alors j'ai essayé plusieurs fois de me faire aider,
01:16:49 mais je suis jamais tombée sur des bonnes personnes.
01:16:53 Et ça m'a même un peu fatiguée.
01:16:58 Je comprends, je comprends.
01:17:00 C'est une forme de dérange thérapeutique au final.
01:17:03 Et j'ai décidé d'essayer toute seule en fait.
01:17:08 D'accord.
01:17:10 Parce que j'ai plus de temps à perdre et...
01:17:14 Voilà.
01:17:16 J'ai vraiment envie d'aller mieux pour moi, pour ma famille,
01:17:20 parce que j'ai une super famille, j'ai beaucoup de chance.
01:17:23 Ça c'est un appui.
01:17:24 Vous avez des enfants ?
01:17:25 Oui.
01:17:26 Bon, donc vous avez, vous, su vous occuper de vos enfants ?
01:17:30 Je pense, mais...
01:17:33 Vous êtes en bon terme avec vos enfants ?
01:17:35 Oui, oui, oui, oui, pas de souci.
01:17:37 Ils vont bien ?
01:17:38 Oui, oui, oui.
01:17:40 Bon, donc, puisqu'ils vont bien,
01:17:42 c'est que vous avez su vous en occuper ?
01:17:45 Puisque vous, vous n'allez pas bien,
01:17:47 donc ça veut dire que votre mère n'a pas su être une bonne mère ?
01:17:50 Jusqu'à présent, vous êtes d'accord avec mon raisonnement ?
01:17:52 Elle n'a pas su gérer, je ne sais pas,
01:17:56 c'était trop pour elle, je ne sais pas,
01:17:58 elle était trop en souffrance peut-être.
01:18:00 Mais il n'est pas question de la juger,
01:18:01 je ne veux pas la juger,
01:18:02 je veux juste que vous compreniez que, jusqu'à nouvel ordre,
01:18:06 c'est aux parents de s'occuper de leurs enfants,
01:18:09 vous êtes d'accord ?
01:18:10 Oui, mais là c'était un peu moi qui m'occupais.
01:18:13 J'ai bien compris.
01:18:14 Les deux, quoi.
01:18:16 Mais oui, j'ai bien compris.
01:18:18 Mais c'est...
01:18:19 Pourquoi continuer à vous en vouloir de quelque chose
01:18:22 qui n'était pas normal ?
01:18:23 Puisque c'était à eux de s'occuper de vous.
01:18:26 Et qu'elles me disent quelque chose, quoi.
01:18:30 Pas me faire culpabiliser.
01:18:33 Mais bon, maintenant c'est trop tard.
01:18:36 Non, ce n'est pas trop tard.
01:18:37 Non, non, non.
01:18:38 Ce n'est pas trop tard.
01:18:39 D'abord parce que, quelque part,
01:18:41 ce qui est en vous et qui appartient à votre mère,
01:18:45 vous pouvez lui renvoyer.
01:18:47 Il faut peut-être comprendre aussi
01:18:50 quelle était la place de votre père,
01:18:52 qu'est-ce qu'il a fait, votre père,
01:18:53 pour aider votre mère à sortir de l'alcool ?
01:18:56 Rien.
01:18:57 Et c'est en plus très particulier.
01:18:59 Les propos que vous tenez trouvent un écho différent en moi
01:19:02 puisque moi j'ai une sœur,
01:19:03 dont je parle dans le livre,
01:19:05 qui a été dans des conduites addictives gravissimes
01:19:08 et qui ont aggravé son état mental.
01:19:10 Et je pense que dans l'addiction,
01:19:11 il y a quelque chose de terrible.
01:19:12 Il y a une jouissance.
01:19:13 Il y a vraiment une immense jouissance.
01:19:14 Je le dis, je sais que ça choque toujours,
01:19:16 mais je m'en fiche.
01:19:17 Et c'est bien pour ça que l'immense psychanalyste Mounmannoni
01:19:19 disait que les personnes addictes
01:19:20 ont beaucoup de mal à être en psychanalyse.
01:19:22 Parce qu'ils instrumentalisent aussi le psy.
01:19:25 Et c'est un énorme problème,
01:19:26 c'est une énorme difficulté.
01:19:28 Et je pense que c'est un petit peu une différence
01:19:30 par rapport à ma situation.
01:19:31 C'est que moi, ma mère n'avait pas du tout de trouble addictif.
01:19:35 Et quelque part,
01:19:36 quand vous êtes face à une personne addicte,
01:19:38 elle peut faire de vous un objet.
01:19:40 Et là, c'est un peu ce que j'entends dans votre propos.
01:19:42 C'est qu'elle a fait de vous un petit peu un objet
01:19:44 et vous avez épousé ce rôle-là.
01:19:46 Et c'est si difficile pour vous de renoncer
01:19:48 à cette objectarisation aujourd'hui.
01:19:51 Je l'entends.
01:19:52 Je l'entends à quel point c'est douloureux pour vous.
01:19:54 Heureusement que vous avez réussi à changer de cap
01:19:56 avec votre propre famille,
01:19:57 à ne pas répéter tout ça.
01:19:58 Heureusement.
01:19:59 Vous pouvez être fière de vous pour ça.
01:20:01 Non, j'ai eu de la chance de tomber en mari.
01:20:04 Mais vous savez,
01:20:05 non, vous n'avez pas eu de la chance.
01:20:07 Vous avez su quand même choisir un bon partenaire
01:20:09 pour fonder une famille avec lui.
01:20:12 Donc il y a quelque chose en vous quand même
01:20:14 qui est positif.
01:20:15 Mais votre mère vous a...
01:20:19 Comment dirais-je ?
01:20:21 Elle a joué d'une terrible emprise toxique sur vous.
01:20:26 Et plus vous avez essayé de la sauver,
01:20:28 plus elle a sombré dans l'alcool.
01:20:30 Et ça, on le voit aussi dans des relations de couple.
01:20:32 Quand un des partenaires est alcoolique,
01:20:35 l'autre, plus il va essayer de le sauver, plus...
01:20:39 J'ai réussi à lui faire faire une cure une fois,
01:20:42 mais ça n'a rien donné.
01:20:44 Elle est retombée dedans.
01:20:47 C'était pas votre rôle en plus.
01:20:52 Oui, mais j'étais toute seule.
01:20:54 Il n'y avait personne autour de moi.
01:20:56 J'ai essayé de demander de l'aide dans sa famille.
01:20:59 Après, pour vous rassurer aussi,
01:21:02 il faut le savoir,
01:21:03 quand on parle d'un parent,
01:21:04 on ne parle pas seulement du parent tel qu'il a existé
01:21:06 dans son environnement social.
01:21:07 On parle aussi de la représentation du parent intérieur.
01:21:09 La manière qu'on a de le voir dans nos fantasmes,
01:21:12 dans nos souvenirs, dans notre vie psychique.
01:21:14 Et quand vous voyez un psy,
01:21:15 il s'intéresse d'abord à la représentation
01:21:17 que vous avez du parent.
01:21:18 C'est-à-dire que votre mère, elle était d'une certaine manière,
01:21:20 elle se comportait d'une certaine manière,
01:21:21 mais vous en avez aussi forgé une représentation.
01:21:23 Et c'est sur de cette représentation-là
01:21:25 que vous devez faire le deuil aujourd'hui.
01:21:27 Après, c'est un vrai travail là encore.
01:21:30 Oui, et j'en reviens à ce que je disais tout à l'heure à Florence.
01:21:35 Quelque part, vous restez avec ce poids
01:21:41 de ne pas avoir réussi à sauver votre mère.
01:21:44 Comme si lâcher ce poids,
01:21:47 ça pourrait vous faire perdre quelque chose.
01:21:51 C'est ça qu'il faut peut-être aussi entendre.
01:21:53 Qu'est-ce que vous avez...
01:21:55 Je me suis arrêtée de...
01:21:57 Je n'allais plus trop les voir,
01:21:59 sauf que je ne pouvais plus voir...
01:22:01 La regarder se détruire complètement.
01:22:04 Et ça, elle n'a pas compris.
01:22:06 Elle n'a pas compris
01:22:08 que c'était trop dur pour moi
01:22:10 de la dégrader et de pas se soigner.
01:22:14 Mais je crois qu'elle n'a pas compris.
01:22:16 C'est plus la même personne.
01:22:18 Mais Caroline, elle n'a pas compris grand-chose
01:22:20 de ce que c'était qu'être humain,
01:22:22 qu'être mère, qu'être une vie.
01:22:24 Vous aviez quelqu'un qui était dans une grande souffrance.
01:22:30 Parce que quand on tombe dans l'addiction comme ça,
01:22:32 c'est parce qu'on souffre.
01:22:34 Mais c'est à chacun de se céder.
01:22:39 Ce n'est pas aux autres d'aider.
01:22:41 Et de ne pas céder, justement, là-dessus.
01:22:43 Plus vous avez été proches,
01:22:45 plus vous avez essayé de l'aider,
01:22:47 moins elle s'est prise en main.
01:22:49 Ce que vous pouvez vous reprocher,
01:22:51 c'est d'avoir peut-être trop voulu l'aider.
01:22:53 C'est la seule chose que vous pouvez vous reprocher.
01:22:56 En tout cas, c'est le message que j'ai envie de vous transmettre.
01:23:00 Donc, il est peut-être temps d'être en paix avec vous-même.
01:23:03 J'essaie, ça va mieux.
01:23:05 Mais j'ai encore un peu de colère
01:23:07 qu'elle soit partie comme ça.
01:23:09 - Ça, c'est bien.
01:23:11 Au moins, j'aime bien entendre que vous ayez un peu de colère.
01:23:14 Parce que la colère, ça veut dire quoi ?
01:23:16 Ça veut dire que vous vous êtes sentie trahie par elle.
01:23:19 - Je ne pensais pas qu'elle irait jusque-là.
01:23:22 Partir sans me parler.
01:23:24 Alors qu'elle parlait à tout le monde, aux infirmières et tout.
01:23:27 Et moi, quand j'arrivais...
01:23:29 Elle m'a dit un mot.
01:23:33 "Viens", et elle est partie comme ça.
01:23:36 - Elle vous a fait payer jusqu'au bout.
01:23:38 - Oui.
01:23:39 - Ce prix, vous l'avez payé maintenant.
01:23:42 Il est temps de faire la paix.
01:23:44 - Oui, je crois aussi.
01:23:46 - En tout cas, les personnes qui nous écoutent
01:23:48 peuvent me contacter sur mon site web
01:23:50 et s'il y a besoin d'envoyer des argendas, des répertoires
01:23:52 de professionnels de santé pour sortir de l'érange,
01:23:55 je peux le faire.
01:23:57 Sur samuel-doc.com, je réponds.
01:23:59 Je réponds tout le temps.
01:24:01 - Merci pour eux, parce qu'on l'entend.
01:24:03 - Je donne des adresses partout en France
01:24:05 et je fais ça plutôt pas trop mal.
01:24:07 Je suis moins Pierre Richard, pour le coup.
01:24:09 - Et vous avez réussi à enlever votre menotte.
01:24:11 - Heureusement qu'il y avait une sécurité, sinon j'étais cuit.
01:24:14 - Allez, on fait une petite pause et puis on se retrouve dans un instant.
01:24:17 CAM4.fr, le plus grand site de webcam live réservé aux adultes.
01:24:22 14h-16h, Brigitte Laé, Sud Radio.
01:24:26 - Samuel Doc est avec nous.
01:24:28 Vous êtes psychanalyste et auteur de ce livre "L'enfant thérapeute"
01:24:31 où vous racontez en effet votre parcours d'enfant,
01:24:34 d'adolescent aussi beaucoup,
01:24:36 et puis votre mère, que vous avez voulu sauver.
01:24:41 C'est un livre très touchant
01:24:44 et je peux vous inviter éventuellement,
01:24:47 si vous-même vous avez l'impression de ne pas sortir
01:24:50 de cette position d'enfant thérapeute,
01:24:53 de le lire ces éditions plomb.
01:24:55 On va conclure avec Marie, qui est avec nous.
01:24:57 Bonjour Marie.
01:24:59 - Bonjour Brigitte, bonjour Samuel.
01:25:01 - Bonjour.
01:25:02 - Je vous remercie de m'avoir prise à l'antenne.
01:25:05 J'avais une question.
01:25:07 Mon mari et moi avons eu quand même une enfance,
01:25:12 moi avec amour, certes,
01:25:14 mes parents me rabaissaient énormément,
01:25:17 mais j'ai été aimée, je suis aimée d'ailleurs,
01:25:19 très entourée, physique.
01:25:21 Mon mari, pas du tout, sa mère est toxique,
01:25:24 donc on ne la voit plus puisqu'on a fini au commissariat.
01:25:28 Du coup, effectivement, mon mari ce jour-là a mis un terme
01:25:32 de suite à cette relation qui durait depuis énormément de temps.
01:25:37 Et on a quand même, ma question c'était,
01:25:40 on a deux enfants, donc l'aîné il a été désiré,
01:25:43 le second, moi j'avais du mal,
01:25:46 parce que je suis fille unique,
01:25:48 et du coup, deux, ça me faisait très très peur.
01:25:51 Et c'est vrai qu'au tout début,
01:25:54 j'ai eu dit quand même que j'en voulais qu'un,
01:25:57 parce que je suis quand même dans le soin,
01:26:00 et le fait de travailler quand même pas mal,
01:26:03 j'étais débordée,
01:26:06 je n'avais pas du tout fait un travail sur moi,
01:26:09 et j'ai quand même verbalisé beaucoup de fois,
01:26:12 cette phrase qui ne me plaît pas,
01:26:16 parce que voilà, maintenant que j'ai quand même évolué,
01:26:19 j'ai eu une thérapie,
01:26:21 grâce à une de mes anciennes patientes d'ailleurs,
01:26:26 sa belle-fille me fait des points chinois,
01:26:29 avec une acupuncture chinoise qui m'a beaucoup aidée,
01:26:32 à voir tous les points qui étaient bloqués en moi,
01:26:36 ça a aidé aussi mon mari,
01:26:39 qui est très très en colère,
01:26:41 alors lui il est très colérique, malheureusement,
01:26:44 alors il évolue très lentement,
01:26:46 parce qu'il ne veut pas se faire aider non plus,
01:26:49 et du coup le petit, le deuxième, a une pression énorme,
01:26:52 entre mon mari qui veut qu'il réussisse à tout prix,
01:26:55 parce que le grand est brillant,
01:26:57 et du coup je me demande si quand même le second,
01:27:00 je ne sais pas par où passer,
01:27:02 c'est vrai que pour aller voir un psychothérapeute,
01:27:04 c'est très dur pour moi, donc...
01:27:06 - Il a quel âge aujourd'hui le second ?
01:27:08 - Il va faire 12 ans.
01:27:10 - 12 ans, rien n'est perdu, hein Marie ?
01:27:12 Vous l'aimez votre fils ?
01:27:14 - Je l'adore !
01:27:16 - Et vous lui avez dit ?
01:27:18 - Ah oui ! Oui oui !
01:27:20 - Ah oui, beaucoup d'émotion.
01:27:22 - En fait, déjà il faut faire la paix avec votre culpabilité à vous.
01:27:28 Vous avez dit des choses à un moment donné que vous pensiez,
01:27:31 c'est vrai, vous n'aviez pas envie de ce deuxième enfant,
01:27:34 vous l'avez quand même eu, mais vous l'avez aimé,
01:27:37 vous l'avez éduqué, élevé,
01:27:39 donc il faut déjà faire la paix avec vous.
01:27:41 Et c'est parce que vous ferez la paix avec votre culpabilité,
01:27:44 que vous pourrez réparer un petit peu tout ça ?
01:27:48 - Oui.
01:27:50 - Oui, reprenez espoir de ce côté-là,
01:27:53 vraiment, il n'est jamais trop tard,
01:27:56 on fait tous des erreurs, personne n'est infaillible, absolument pas,
01:27:59 mais il est possible de se rencontrer,
01:28:01 il est possible de s'aimer et de s'observer dans ces différences,
01:28:04 même avec les membres de notre famille,
01:28:06 ou peut-être surtout avec les membres de notre famille.
01:28:09 - Oui, oui, c'est ça, c'est que maintenant,
01:28:11 on se voit, le fait d'avoir évolué sur moi-même,
01:28:14 je me vois, et donc effectivement,
01:28:17 il y a des moments où des fois on peut être en colère,
01:28:20 et le fait de me voir, ça m'arrête tout de suite,
01:28:23 où maintenant j'arrive à m'excuser auprès de mes enfants,
01:28:26 parce que du coup, je prenais la fuite en travaillant,
01:28:29 j'étais non seulement dans le libéral,
01:28:32 et en plus j'avais une responsabilité dans un centre,
01:28:36 donc je travaillais énormément,
01:28:39 pour ne plus voir aussi la colère de mon mari,
01:28:42 parce que c'est vrai que c'est dur,
01:28:44 alors je pense que lui, il a une souffrance intérieure,
01:28:47 mais terrible, qui gère quand même,
01:28:51 mais bon, et mon fils, le problème,
01:28:56 c'est qu'il est très introverti,
01:28:58 je lui avais déjà fait faire un bilan,
01:29:01 et donc il en était ressorti quand même,
01:29:04 qu'il avait une grande tristesse,
01:29:06 inévitable de vous dire que pour un soignant,
01:29:08 quand vous en donnez ça, pour moi ça m'a alerté,
01:29:11 mais quand même, je n'arrive pas à passer le pas,
01:29:14 de pouvoir l'emmener,
01:29:16 alors je l'emmène chez l'ostéopathe,
01:29:18 - Marie, est-ce qu'il est en échec scolaire ?
01:29:23 - Alors non, mais là, effectivement,
01:29:26 je me pose la question,
01:29:29 c'est pour ça qu'aujourd'hui je voulais vous avoir,
01:29:32 il rentre en 6ème, donc il a été brillant,
01:29:35 il est dans une très très bonne école,
01:29:38 en privé, donc il a eu une super moyenne,
01:29:41 mais là, la pression est en,
01:29:43 parce que mon mari se voit en lui,
01:29:45 donc il lui met tellement de pression,
01:29:47 que là, au deuxième trimestre,
01:29:49 il commence à avoir des notes beaucoup moins bonnes,
01:29:52 et c'est là que je me fais du souci.
01:29:54 - Oui, mais vous êtes, Marie,
01:29:56 je vous écoute depuis tout à l'heure,
01:29:58 je crois que ce qu'il faut un petit peu travailler chez vous,
01:30:01 c'est de vouloir être absolument parfaite partout,
01:30:04 il faut absolument que vous lâchiez un petit peu.
01:30:06 - Ça c'est vrai.
01:30:07 - Oui, mais c'est important.
01:30:09 Si vous lâchez un peu, ça va aller beaucoup mieux.
01:30:12 Et il faut que votre père, son père, pardon,
01:30:15 le lâche un petit peu aussi.
01:30:18 C'est un enfant qui est plus introverti,
01:30:21 il a une vie intérieure certainement beaucoup plus riche,
01:30:24 si ça se trouve, ce sera un artiste formidable,
01:30:27 moi, à mon avis, il n'y a aucun risque, aucun danger,
01:30:31 il est dans une bonne famille, il n'y a pas de problème.
01:30:33 Mais lâchez un peu,
01:30:35 ça ne serait jamais parfait pour tout le monde,
01:30:37 parce que ce n'est pas possible.
01:30:39 Vous faites ce que vous pouvez, et puis c'est déjà pas mal.
01:30:41 - Mais c'est peut-être le papa qui a besoin d'aide aussi, justement.
01:30:44 Plus que vous ou que votre fils.
01:30:46 - Absolument, mais franchement, nous, on n'y voit pas de danger.
01:30:50 Donc on peut déjà vous rassurer.
01:30:52 - Et puis dire aussi quand même et rappeler à nos auditeurs
01:30:55 qu'en se rapprochant de l'estance sociale de secteur de votre quartier,
01:30:58 de là où vous êtes,
01:31:00 vous pouvez toujours demander à un éducateur
01:31:02 si vous avez besoin de conseils, d'être guidé dans votre parentalité,
01:31:04 ça arrive à tout le monde.
01:31:06 Et c'est comme ça que les choses s'améliorent bien souvent.
01:31:08 On a des professionnels qui font un travail génial,
01:31:10 et surtout au moment de l'adolescence,
01:31:12 qui est quand même une période de la vie explosive.
01:31:14 - Merci Marie en tout cas. - Merci beaucoup.
01:31:16 - Merci Samuel Dock, je rappelle le titre du livre,
01:31:18 "L'enfant-thérapeute" aux éditions Plon.
01:31:20 On laisse la place à "C'est votre avenir"
01:31:22 et demain, on évoquera les fantasmes avec Arthur Vernon.