Manifestations du 1er-Mai, heurts dans plusieurs cortèges de France, mobilisation du RN au Havre ... Les informés de franceinfo du lundi 1er mai 2023

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Autour de Jean-François Achilli, les informés débattent de l'actualité du lundi 1er mai 2023.
Transcript
00:00 20h21, France Info, les informés de Jean-François Ackilly.
00:07 Bonsoir, un 1er mai unitaire contre la loi retraite et des violences à Paris, Nantes, Rennes ou encore Lyon.
00:15 A la une des informés, nous serons en ligne tout à l'heure avec Grégory Joron, secrétaire général d'unité SGP Police FO,
00:25 invité également de ses informés Thomas Vacheron, il sera en studio avec nous, membre du bureau confédéral de la CGT.
00:33 Et après, que vont décider les syndicats ? Iront-ils chez Elisabeth Borne, Emmanuel Macron ? Peut-il encore gouverner ?
00:40 Et avec qui toutes ces questions, elles sont posées ce soir dans les informés ?
00:44 Avec Isabelle Raymond, chef du service économique et social de France Info, avec Victoria Coussa, journaliste au service politique de France Info,
00:53 Lilian Alemania, rédacteur en chef adjoint du service France à Libération et Stéphane Zumsteig, directeur du département opinion et politique d'Ipsos.
01:04 Bonsoir à tous les quatre. Bienvenue, nous sommes ensemble jusqu'à 21h.
01:09 Tout d'abord, les chiffres de la mobilisation. 782 000 manifestants dans toute la France, dont 112 000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur.
01:20 2,3 millions de personnes, dont 550 000 dans la capitale, selon la CGT.
01:26 Et des milliers de casseurs qui ont sévi dans les rues aujourd'hui. Place au direct. Avec vous, Agathe Mahuy. Bonsoir.
01:35 – Bonsoir Jean-François.
01:36 – Envoyée spéciale de France Info dans la manifestation parisienne que vous avez suivie.
01:40 Agathe, vous êtes en direct de La Nation à Paris. Comment se passe la dispersion ? Toujours très tendue ?
01:46 – Oui, c'est le moins qu'on puisse dire. Tendue, effectivement. Ça fait plus de 3h en fait que les premiers manifestants sont arrivés, place de La Nation.
01:54 Et il reste encore beaucoup de monde ce soir. Même s'il y a eu, là, durant la dernière heure écoulée, un événement qui a un petit peu refroidi,
02:01 les tensions, qui a figé les choses, disons. C'est cet incendie d'un immeuble sur la place de La Nation.
02:06 Immeuble totalement en travaux, inoccupé, qui aurait dû accueillir prochainement des bureaux.
02:12 Alors on ne sait pas exactement comment le feu a pris, à partir de l'incendie d'une borne-vélib dans un premier temps.
02:17 Et puis les pompiers ont dû intervenir avec la lance à incendie. Et puis la grande échelle aussi, qui est toujours positionnée d'ailleurs en ce moment,
02:25 pour aller chercher sur le toit de cet immeuble de 6 étages, quelques manifestants et puis des photographes aussi, qui s'étaient positionnés là.
02:32 Le feu, désormais, est terminé. Mais il a vraiment mis sur pause, comme ça, les tensions et les violents affrontements qui avaient lieu depuis tout à l'heure
02:40 et qui ont fait de nombreuses blessés, en fait, beaucoup de blessés des deux côtés, des policiers et puis des manifestants,
02:47 qu'on a vu soignés parfois à même le trottoir par des médics, les policiers pris en charge aussi par les pompiers.
02:52 Et désormais, c'est la dispersion à proprement parler de cette manifestation du 1er mai, qui est en train de reprendre sur la place de La Nation.
03:00 – Vous diriez, d'un mot encore à Gat Mahué, que cette fête a été quelque peu gâchée. Il y a quand même eu un défilé du 1er mai.
03:09 – Il y a eu ce défilé, c'était impressionnant d'ailleurs tout à l'heure de voir qu'il y avait un petit peu deux salles, deux ambiances
03:14 entre les affrontements, les tensions très vives encore une fois sur la place de La Nation et dans les rues autour.
03:21 Et puis dans d'autres rues encore, la fin de ce cortège du 1er mai, qui était vraiment pour plein de gens un moment de fête,
03:28 la fête des travailleurs qui a été célébrée, qui a été fêtée en chanson, les gens dansaient à l'issue de ce cortège syndical qui, lui, s'est très bien passé
03:36 et où beaucoup de manifestants étaient heureux d'être là. Il y avait vraiment un décalage entre ces deux aspects du cortège parisien
03:43 et beaucoup de ces manifestants d'ailleurs étaient déçus de constater que les choses s'étaient terminées comme ça ce soir
03:50 avec beaucoup de violence encore une fois. C'est vrai que ça a été impressionnant en termes d'affrontements et de degrés d'intensité de violence
03:59 entre les policiers et les manifestants les plus radicaux, beaucoup de projectiles. C'était vraiment impressionnant.
04:06 La tension a mis beaucoup de temps à redescendre, Jean-François.
04:08 Merci à vous, Agathe Mahué, en direct de la place de La Nation à Paris, directe assurée par Martin Troadec.
04:16 Je me tourne vers vous, Isabelle Raymond. Souvenez-vous, c'était Laurent Berger qui parlait de, sans se figurer, de casser la baraque ce 1er mai,
04:24 marquer un coup de semence vis-à-vis de la loi retraite pour le gouvernement et il n'est question que de violences policières, contre les policiers ce soir.
04:32 Et c'est triste, c'est triste d'en arriver là. C'est la 13e journée de mobilisation contre la réforme des retraites,
04:37 une mobilisation qui dure depuis début janvier avec des gens qui se sont mobilisés semaine après semaine.
04:43 Aujourd'hui, c'était la fête du travail. On distribue, on s'offre du muguet. C'était une fête qui devait être joyeuse.
04:49 Et elle a effectivement été marquée par des scènes de violence. On l'a vu ici à Paris, à Nantes aussi, où Lauriane Delanoé,
04:55 reporter de France Info, nous a fait vivre des scènes qui étaient extrêmement violentes.
05:00 Et Agathe le rappelait, des scènes de violence des deux côtés. Aujourd'hui, on a un mouvement qui se durcit.
05:07 Et on a une Première ministre qui, sur Twitter, soutient les forces de l'ordre, avec un ministre de l'Intérieur également, Gérald Darmanin,
05:16 qui vient parler à l'issue de cette manifestation pour parler des affrontements, des heurts.
05:23 Et c'est triste d'en arriver là, à cette 13e journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
05:28 Alors il y a eu des affrontements, effectivement, des violences contre les forces de l'ordre, contre les policiers,
05:32 contre les gendarmes, de nombreuses, de très nombreuses dégradations, pas seulement à Paris, mais également à Nantes, à Rennes, à Lyon,
05:37 à Grenoble et d'autres villes encore, comme Mangers, les forces de l'ordre qui ont dû affronter des éléments radicaux ou black blocs.
05:43 Il y en avait plus de 2000 à Paris, 1000 à Nantes, 1000 à Lyon, à rappeler Gérald Darmanin.
05:49 Nous entendrons un extrait de l'intervention du ministre de l'Intérieur depuis la préfecture de police de Paris dans un instant.
05:55 Nous joindrons également Grégory Joron, d'Unité SGP Police FO.
05:59 L'Illian Alemania, c'est un scénario du pire du point de vue de ceux qui se mobilisent contre la loi retraite.
06:06 – Non, je ne suis pas d'accord. Le fait politique aujourd'hui, c'est le record de mobilisation.
06:10 Jamais un 1er mai depuis des lustres n'avait rassemblé autant de personnes aujourd'hui en France, à Paris et ailleurs.
06:18 Il y a des affrontements à la fin de ces manifestations, comme il y en a eu.
06:23 – Elles ont commencé plus tôt dans la journée, pas seulement à la fin.
06:25 – Oui, parce que le gouvernement ne bouge pas et n'offre pas de porte de sortie aussi au mouvement social depuis des semaines.
06:34 Depuis le vote, j'allais dire le non-vote à l'Assemblée nationale de cette réforme des retraites, le passage par 49-3,
06:43 le gouvernement ne laisse aucune porte de sortie à ce mouvement social et à cette colère.
06:48 Et les syndicats avaient prévenu, avaient dit "attention, si vous ne répondez pas à la force pacifique qui s'exprime dans les rues,
06:57 la colère va monter et il y aura des violences".
07:00 Le gouvernement le sait pertinemment depuis plusieurs semaines, voire quelques mois.
07:05 Et j'allais dire, il joue avec ça, il joue la stratégie du pourrissement aujourd'hui.
07:08 – Mais Victoria Koussa, quel est le point de vue de l'exécutif sur la dégradation de la situation en marge de ces manifestations ?
07:15 – L'exécutif finalement, ces scènes-là, sert à l'exécutif à tenter d'inverser toujours l'opinion,
07:22 de renverser l'opinion sur ce mouvement social, ce que l'exécutif n'arrive pas à faire depuis le début.
07:27 Mais si ces épisodes de violence venaient à se répéter, à s'intensifier au fil des prochaines mobilisations,
07:34 le risque est effectivement de finir par renverser l'opinion.
07:38 On a aussi vu par exemple les coupures de courant, les coupures d'électricité
07:41 qui ont eu lieu notamment lors de certains déplacements du président, de ministres,
07:46 qui finissent par finalement jouer sur l'opinion et c'est là le risque pour la mobilisation, pour ceux qui se mobilisent.
07:54 – Stéphane Zumstek, c'est une radicalité qui va de façon croissante ?
07:59 – Oui, vous le soulignez à l'instant, aucun débouché n'est offert pour une sortie de crise.
08:04 Il y a l'intransigeance du gouvernement et surtout du président de la République
08:08 qui joue le rôle de carburant de cette mobilisation, de cette remobilisation sans cesse.
08:12 Ceci dit, il faut quand même, je pense, nuancer les choses.
08:15 Ce ne sont pas les manifestants dits classiques, ce ne sont pas les organisations syndicales qui se radicalisent.
08:19 Il y a plus de black blocs que d'habitude mais il y a toujours deux types de manifestants.
08:24 Une partie marginale évidemment qui cherche la violence et les grands cortèges traditionnels du 1er mai
08:29 ou des douze journées précédentes qui restent des gens qui sont totalement pacifiques.
08:35 Ceci dit, c'est vrai, vous l'avez souligné, il y a près de 800 000 personnes,
08:37 on n'est pas très loin des pics de fin mars, ça montre une chose,
08:40 ça montre qu'à aucun moment l'opinion, cette partie, ces deux tiers des Français,
08:45 voire un peu plus maintenant, qui sont radicalement hostiles à cette réforme ne lâchent pas l'affaire.
08:49 Pourquoi ? Parce que de plus en plus commence à se développer dans l'état d'esprit des Français
08:53 qui sont hostiles à cette réforme le fait que finalement ce serait peut-être possible,
08:57 ce sera peut-être possible de faire renoncer, de faire reculer le gouvernement.
09:00 Je notais une chose, Frédéric Souillot, le premier secrétaire de FO ce matin,
09:04 qui ne cessait de répéter qu'avec le CPE, Chirac avait dit qu'il ne bougerait pas et pourtant il avait bougé.
09:10 Allez, 20h12 sur France Info, tout d'abord place au Fil info avec vous Emmanuel Langlois.
09:16 Et une forte mobilisation cette année pour les défilés du 1er mai,
09:21 d'après le ministère de l'Intérieur, près de 800 000 personnes ont manifesté ce lundi dans toute la France,
09:27 dont un peu plus de 100 000 à Paris. La CGT revendique elle de son côté 2 300 000 participants dans tout l'hexagone,
09:34 1 million si l'on en croit les chiffres de la CFDT.
09:37 L'intersyndicale en tout cas entendait montrer qu'elle n'abandonnait pas sa lutte contre la réforme des retraites,
09:43 malgré son adoption des affrontements. Autres manifestants et forces de l'ordre ont éclaté à Paris, à Nantes et à Lyon.
09:50 Paris où les incidents se poursuivent, encore ce soir place de La Nation.
09:53 Un feu s'est propagé à un immeuble de 6 étages, un bâtiment en travaux, heureusement inoccupé.
09:59 L'incendie a rapidement été éteint. Le ministère de l'Intérieur recense ce soir près de 300 interpellations dans toute la France.
10:06 Une centaine de policiers et gendarmes blessés, dont un fonctionnaire grièvement blessé à Paris,
10:11 brûlé à la suite d'un jet de cocktails Molotov. Son pronostic vital n'est pas engagé.
10:16 A l'étranger, l'ONU redoute un exode massif du Soudan où les combats font rage depuis maintenant 3 semaines.
10:23 Le conflit pourrait en effet pousser à la fuite. Plus de 800 000 personnes alertent ce soir les Nations Unies dans un communiqué.
10:29 Déjà 75 000 habitants sont déplacés à l'intérieur même de ce pays de 45 millions d'habitants.
10:36 Et puis la Fédération ukrainienne de judo qui annonce qu'elle n'enverra pas de délégation au Mondiaux de judo au Qatar.
10:43 A partir de dimanche prochain jusqu'au 14 mai, elle proteste en effet contre la présence de judoka russes et biélorusses
10:50 que la Fédération internationale a autorisé sous réserve qu'ils concourent sous bannière neutre.
10:57 France Info
10:59 20h21, les informés. Jean-François Ackyline.
11:05 Cela a été rappelé. 108 policiers et gendarmes blessés dont un grièvement brûlé.
11:11 291 interpellations dans toute la France, 90 à Paris.
11:15 Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a donné une brève conférence de presse en fin de journée
11:23 depuis la salle de contrôle de la préfecture de police de Paris.
11:27 A Paris, à Lyon, à Nantes, à Angers, il y a eu des événements graves.
11:33 Et je voudrais ici avoir d'abord une pensée pour les 108 policiers et gendarmes qui sont blessés,
11:38 dont une vingtaine à Paris. Un grièvement, un homme de la compagnie d'intervention
11:45 qui a été brûlé dans cette image que l'on voit, un cocktail molotov qui est jeté sur lui.
11:49 Je veux d'abord condamner évidemment le plus fermement possible ces violences contre les forces de l'ordre.
11:54 108 gendarmes et policiers blessés un 1er mai, c'est extrêmement rare.
11:58 Et je souhaiterais que tous ceux qui interviennent dans le débat public puissent en premier lieu
12:02 condamner ces violences contre les policiers et les gendarmes.
12:05 Malheureusement, j'ai peu entendu ça depuis le début de l'après-midi.
12:08 Bonsoir à vous, Grégory Joron.
12:11 Bonsoir.
12:12 Bonsoir, merci d'être en ligne sur France Info.
12:15 Dans les informer, vous êtes, je le rappelle, secrétaire général d'Unité SGP/Police FO.
12:20 Grégory Joron, vous étiez en direct ce matin sur France Info.
12:24 Vous évoquiez les craintes vis-à-vis de cette journée.
12:28 Elles se sont malheureusement confirmées.
12:31 Oui, malheureusement, un 1er mai extrêmement difficile pour mes collègues, avec de nombreux affrontements.
12:36 Le ministre vient de le dire. Dans les grandes villes de France, à Lyon, à Nantes, à Toulouse aussi,
12:43 ça a été assez violent et des images auxquelles on ne peut pas s'habituer,
12:47 avec encore une fois un de mes collègues transformé en torche humaine suite à un jet de cocktail Molotov.
12:52 À quoi est-ce que vous attribuez la montée de ces violences qui sont, faut-il le rappeler,
12:56 en marge des manifestations et parfois même dirigées contre les services d'ordre des syndicats concernés ?
13:04 Oui, vous avez raison de le dire.
13:06 C'est vraiment en dehors des cortèges syndicaux qui sont plutôt bien maîtrisés,
13:10 plutôt pour le coup festifs et apaisés. J'étais d'ailleurs dans le cortège parisien avec Force ouvrière.
13:15 Et ça n'a évidemment rien à voir avec ce qui se passe devant, avec ces éléments extrêmement violents.
13:20 Alors à Paris particulièrement, on avait en plus une population avec une bonne partie aussi de black box étrangers
13:28 qui venaient d'Italie et d'Allemagne, qui sont venus prêter main forte vraiment pour créer le chaos.
13:32 Donc on a une vraie difficulté avec ces éléments ultra radicaux en marge de ces cortèges.
13:38 Grégory Joron, est-ce qu'il y a une façon nouvelle qu'il faudrait adopter pour faire face à ce type de situation
13:45 qui nuit finalement au dialogue social dans ce pays ?
13:49 Alors je pense qu'en fait, il y a quelque chose qu'on n'a toujours pas mis en place.
13:54 C'est des outils légaux qui peuvent nous permettre en amont justement d'interdire ces éléments radicaux,
14:00 de rejoindre ces cortèges. Une fois qu'ils y sont, on voit bien que n'importe quelle technique de maintien de l'ordre,
14:05 que ce soit la désescalade en Allemagne, en Espagne, aux Pays-Bas ou en Belgique,
14:11 de toute façon est en échec face à des éléments déterminés à casser les distances, à venir au contact, à brûler, à s'en prendre aux policiers.
14:20 Donc à un moment donné, il faut peut-être qu'on réfléchisse autrement.
14:22 C'est-à-dire qu'il faut qu'on leur interdise tout simplement de pouvoir venir faire ce qu'ils font
14:26 parce qu'ils ne viennent pas revendiquer quoi que ce soit, ils ne viennent pas manifester ce qui est un droit évidemment constitutionnel en France.
14:32 Ils viennent simplement casser et s'en prendre à du flic. Donc il nous faut des outils légaux pour pouvoir nous permettre de les ficher,
14:38 comme les hooligans, et clairement de les empêcher au travers de mesures administratives l'accès à des manifestations.
14:45 Ça a été essayé pendant la loi anti-casseurs, ça a été retoqué.
14:48 À un moment donné, je pense qu'il faut qu'on franchisse le pas. Autrement, vous l'avez rappelé, ça sera de toute façon perdant pour tout le monde
14:55 et notamment pour ceux qui veulent manifester pacifiquement.
14:58 – Moi, avec vous, Gregory Joran, vous reconnaissiez qu'il y avait une forme de lassitude dans les rangs de la police.
15:06 – Oui, évidemment, quand vous enchaînez des séquences comme ça assez longues, où il y a quand même un fort engagement,
15:13 parce qu'il y a évidemment ces pics avec les manifestations, mais il y a aussi tous les déplacements aujourd'hui
15:17 de toutes les personnalités politiques qui engagent évidemment beaucoup de forces de sécurité,
15:21 il y a forcément un sentiment de lassitude parce que vous êtes décalés, vous n'avez pas vos repos, vous êtes rappelés,
15:25 vous faites des longues vacations et en plus vous comptez vos blessés.
15:28 Donc évidemment, il y a un impact moral, il ne faut pas le nier, sur ce genre de séquences quand on est policier,
15:34 parce que, bon ben voilà, on enchaîne et en plus on enchaîne en sachant très bien que malheureusement,
15:38 on peut se retrouver à l'hôpital comme notre collègue.
15:40 – Les profils de ces casseurs, Gregory Joran, est-il multiple ?
15:44 Y a-t-il une forte proportion d'éléments issus de l'ultra-gauche, comme cela est dit ?
15:51 – Oui, c'est une réalité, je vous le disais tout à l'heure, ultra-gauche, étranger, vraiment c'était avéré,
15:56 ça m'a été dit en direct par un collègue sur le terrain tout à l'heure,
16:00 des Italiens, des Allemands, venus prêter main forte à la mouvance ultra-gauche et Black Blocs,
16:05 et les Black Blocs français, donc on a vraiment une idéologie là pour le coup,
16:10 où de toute façon, quel que soit le motif de la manifestation,
16:13 ils profitent justement du monde pour pouvoir commettre leur exaction.
16:17 Ça a été vu à Lyon, vous avez vu, ils s'en sont pris à tous les, on va dire, symboles du capitalisme,
16:22 les banques, les assurances, etc.
16:24 Donc il y a vraiment derrière ça un message, quoi qu'on puisse en dire, politique et idéologique,
16:28 on est loin du casseur lambda, on est vraiment face à des professionnels du chaos
16:32 qui cherchent justement le drame, qui cherchent la violence,
16:35 qui cherchent encore une fois à casser les distances avec les policiers et à s'en prendre à eux.
16:38 – Et qui nuisent évidemment aux manifestations du jour.
16:42 Merci à vous Grégory Jauron, je rappelle, secrétaire général d'unité SGP/Police FO,
16:48 d'avoir réagi en direct dans les informés.
16:50 Je vous ferai un petit tour de table sur ce qui vient d'être dit dans un instant,
16:55 si vous le permettrez, juste après à 20h20 dans les informés sur France Info,
16:59 le retour du Fil Info avec vous, Emmanuel Langlois.
17:02 – Et les défilés du 1er mai qui ont fait le plein cette année,
17:06 d'après le ministère de l'Intérieur, près de 800 000 personnes au total
17:09 ont manifesté dans toute la France ce lundi, dont un peu plus de 100 000 à Paris,
17:13 à l'occasion de la fête du travail, mais aussi contre la réforme des retraites,
17:17 même si la loi a été adoptée, le décompte des syndicats lui diverge,
17:21 la CFDT évoque plus d'un million de personnes dans les rues,
17:24 contre 2 300 000 pour la CGT, 300 rassemblements étaient programmés
17:29 dans toute la France aujourd'hui.
17:32 Des incidents ont d'ailleurs émaillé les cortèges à Paris, à Lyon ou encore à Strasbourg,
17:36 à Nantes aussi, des affrontements ont opposé des manifestants aux forces de l'ordre,
17:41 des poubelles ont notamment été incendiées devant les portes de la préfecture de Loire-Atlantique,
17:46 108 policiers et gendarmes ont été blessés, selon Gérald Darmanin,
17:51 le ministre de l'Intérieur qui condamne fermement ces violences.
17:55 Un suspect arrêté à l'aéroport de Bruxelles en Belgique,
17:59 après le meurtre d'un jeune boxeur Wilfried Florentin, 22 ans,
18:04 il a été tué par arme à feu hier matin après un différent dans un bar de nuit de Bonneuil-sur-Marne,
18:09 dans le Val-de-Marne, le suspect est âgé de 35 ans,
18:12 il était en partance pour la Côte d'Ivoire, selon le parquet de Créteil.
18:16 A l'étranger, ces frappes russes sur l'Ukraine,
18:18 elles ont fait un mort et trois blessés dans la région méridionale de Karsonne,
18:21 annoncent des autorités locales.
18:23 Par ailleurs, un engin explosif a provoqué le déraillement d'un train de marchandise
18:27 dans une région russe proche de l'Ukraine, sans faire de victime.
18:32 Et puis en Espagne, une personne est morte et 25 ont été blessés, dont 7 très grievement.
18:37 Lorsqu'un car s'est renversé dans le sud du pays,
18:40 le véhicule transportait 34 personnes, dont de nombreux saisonniers marocains.
18:45 - Victoria Koussa, vous étiez dans la manif parisienne,
18:58 il y a eu du filtre qui était opéré aux abords des cortèges.
19:04 - C'est toujours le cas, moi j'ai couvert quelques journées de mobilisation.
19:10 Généralement, quand on entre dans le périmètre,
19:13 des policiers nous demandent juste de montrer nos sacs.
19:16 Moi, par exemple, une fois, j'ai été empêchée de passer parce que j'avais un casque de vélo.
19:20 Donc j'ai dû le déposer quelque part, etc.
19:22 Donc il y a quand même un filtre qui est fait.
19:24 Après, je pense que c'est compliqué de freiner le passage de jeunes, de casseurs,
19:30 qui peut-être que dès le début, ça ne se voit pas forcément sur eux.
19:35 Et je voulais aussi raconter qu'il y avait une ambiance particulière aujourd'hui sur le terrain,
19:39 dont une image qui peut un peu illustrer cette colère particulière aujourd'hui,
19:44 c'est qu'au moment du coup d'envoi du cortège,
19:47 à l'instant même où tout le monde a commencé à s'élancer vers la place de la Bastille,
19:51 le ciel s'est assombri et il y a eu un gros coup de tonnerre,
19:56 avec des trompes d'eau sur tous les manifestants.
19:58 Et ça a un peu planté le décor avant tout ce qu'on peut voir comme image.
20:02 Et les liens à l'Emmaniat, cette incapacité à, on va dire,
20:06 à endiguer ce phénomène, ce qu'a exprimé à l'instant Grégory Joron,
20:12 responsable syndical de l'unité SGP Police FO,
20:16 ils ne peuvent pas arrêter vraiment en amont ce qui s'apprête.
20:20 Ils parlaient d'armes, ils demandaient des armes légales.
20:23 Le problème c'est qu'il y a eu une loi anti-casseurs qui a été votée
20:27 et qui a été retoquée par le Conseil constitutionnel
20:30 sur le principe de la liberté de circulation.
20:32 Et c'est compliqué d'arrêter des personnes en amont
20:36 sans qu'ils aient commis quelque chose, qu'on puisse prouver ces choses.
20:43 Donc oui, on se confronte à l'état de droit dans ces cas-là.
20:47 Maintenant, il y a ce travail de renseignement qui est fait.
20:50 Si ces Black Blocs viennent d'Allemagne ou d'Italie,
20:53 j'imagine que la police aussi peut les surveiller, connaître aussi ces réseaux,
20:58 comme tout un travail de police peut être fait.
21:02 – La difficulté, c'est tout ce qui sépare la surveillance
21:05 du moment où ils vont entrer en action.
21:07 – Oui, aujourd'hui on a ce problème-là.
21:09 Au début des manifestations, on ne l'avait pas.
21:11 Donc pourquoi avons-nous aujourd'hui plus de casseurs
21:16 qu'en début de mouvement ?
21:19 – Je veux faire écouter ce qu'a déclaré cette députée renaissance
21:23 des bouche-du-reau des porte-parole du groupe à l'Assemblée nationale,
21:25 Sabrina Agresti Roubache, c'était sur France Info TV.
21:30 Pour qui les violences vont peut-être finir par nuire à l'intersyndical ?
21:35 – Ce qui peut nuire à l'intersyndical,
21:37 et plus largement à toute la mobilisation, on va dire très sincère, du 1er mai,
21:45 c'est plutôt les grandes scènes de violence.
21:47 Parce que nous, du côté de la majorité, personne ne joue le pourrissement,
21:50 ça c'est une interprétation des médias.
21:53 Mais non, on écoute ça, moi j'ouvre ça avec beaucoup d'attention.
21:57 – Isabelle Raymond là-dessus ?
21:59 – Effectivement, c'est la 13ème journée de mobilisation.
22:02 Au début des manifestations, Lillon et Alemania l'a très bien rappelé,
22:05 il n'y avait pas ces scènes de violence, pas du tout.
22:08 Et d'ailleurs, ça faisait du bien,
22:09 parce que lors de la mobilisation contre la loi travail,
22:12 il y avait énormément de black blocs,
22:14 il était extrêmement difficile d'aller manifester en famille.
22:17 Chose qu'on avait pu refaire à nouveau, envoyer des enfants dans des poussettes,
22:22 des familles entières aller manifester.
22:25 D'ailleurs, il y a eu pas mal de manifestations le samedi,
22:27 pour que les familles puissent aller dans les cortèges.
22:32 Alors, ça bannira l'intersyndical, vous l'avez aussi rappelé,
22:35 l'intersyndical rappelle depuis le début,
22:37 attention, si le mouvement pourrit, il va se durcir.
22:41 Et puis, il y a une cristallisation aussi contre le pouvoir en place,
22:46 à commencer par Emmanuel Macron.
22:48 On a maintenant des images très très violentes,
22:51 avec des effigies d'Emmanuel Macron,
22:53 qu'on n'avait pas non plus du tout en début de mobilisation.
22:58 Donc, avec le dialogue de sourds qui s'est instauré semaine après semaine,
23:02 on oublie quand même aussi que le pouvoir en place a refusé de recevoir l'intersyndical
23:08 depuis début janvier, alors ils ont ouvert la porte,
23:10 mais enfin depuis vraiment très très récemment.
23:12 Le mouvement peut-être a pourri, mais il s'est surtout durci,
23:16 et il s'est maintenant dirigé contre l'exécutif,
23:19 à commencer par le président de la République.
23:21 Stéphane Zumsteig, il peut y avoir un effet lassitude,
23:24 voire un retournement de l'opinion avec la répétition de ces images violentes ?
23:28 Non, je ne pense pas. Franchement, non, je suis assez catégorique d'ailleurs,
23:31 parce que les Français, ça fait la différence entre des perturbateurs,
23:34 des black blocs ou autres, et des manifestants.
23:37 Évidemment que, je ne sais pas si le gouvernement va jusqu'à jouer la carte du pourrissement,
23:40 je ne sais pas, mais en revanche, il aurait tort…
23:43 C'était ma question suivante.
23:44 Bon, alors, je ne sais plus comment faire.
23:46 Mais en tout cas, il aurait tort de croire que la multiplication des violences,
23:50 là encore, qui ne sont pas du fait des manifestants classiques,
23:53 puisse retourner l'opinion. L'opinion ne se retournera pas.
23:56 Il y a une seule façon, un seul contexte qui puisse expliquer,
23:59 à un moment donné, que l'opinion se retourne.
24:02 Et les syndicats, depuis janvier, ont joué justement la carte de l'apaisement.
24:06 Ce sont des blocages, c'est les raffineries qui sont bloquées,
24:08 et ça veut dire des heures de queue pour faire le plein d'essence.
24:11 Ça veut dire une grève sauvage des contrôleurs de train,
24:14 lors du week-end de Noël.
24:16 Ça, ça peut contribuer, mais ce n'est pas du tout ce qu'ont fait les syndicats.
24:18 D'ailleurs, je ne sais même pas s'ils en avaient encore les moyens, d'ailleurs,
24:20 ces trois derniers mois.
24:22 Ce ne sont certainement pas des violences, là encore,
24:24 qui sont clairement identifiées dans des groupes dits extrémistes ou autonomes,
24:27 qui feront changer les choses.
24:29 Et d'ailleurs, si on allait plus loin, et si on interrogeait les Français
24:31 pour savoir qui est le responsable de cette radicalisation,
24:34 ils ne nous répondraient pas.
24:36 Ce sont les Black Blocs, mais c'est bien plus la transigence du président de la République.
24:38 C'est bien ça la nasse dans laquelle, aujourd'hui, est piégée l'exécutif.
24:41 Victoria Koussa, certains jouent sur le pourrissement,
24:45 ou peut-être plus simplement la lassitude de l'opinion publique.
24:48 En tout cas, on a un tournant de la mobilisation,
24:51 et ces images peuvent nuire au mouvement,
24:54 parce que les gens peuvent avoir tout simplement peur, maintenant, de se mobiliser.
24:59 Et comme il y a cette crainte de l'essoufflement qu'ont les syndicats,
25:04 qu'ont également les forces de gauche,
25:06 ces images ne vont pas participer à combattre le risque de résignation
25:12 et la volonté de certains de rester à la maison.
25:15 On posera la question tout à l'heure, dans un instant, un court instant.
25:17 Thomas Vacheron, membre du bureau confédéral de la CGT,
25:19 qui sera notre invité sur ce plateau, dans les informés.
25:21 Je vous fais écouter ce que disait Laurent Berger,
25:23 le secrétaire général de la CFDT, dans le cortège.
25:26 Aujourd'hui, il y a un monde du travail, où la colère est assez présente,
25:30 où le ressentiment est très présent,
25:32 et qui demande des réponses, évidemment sur le sujet des retraites,
25:35 mais qui demande des réponses sur la question salariale,
25:37 sur la question des conditions de travail,
25:39 et la CFDT, elle ira discuter.
25:41 Mais elle ira discuter en considérant que tout coûte plus cher,
25:43 et qu'il va falloir, maintenant, sur les conditions de travail,
25:46 comme sur la question salariale, comme sur la question du dialogue social,
25:49 que des choses soient mises sur la table, qui soient consistantes.
25:53 Si c'est le cas, on discutera.
25:55 Si ce n'est pas le cas, je crois que le gouvernement n'aura encore pas compris.
25:58 L'Illian à l'Emmanuel, c'est une journée charnière, tout de même,
26:00 parce que c'est la question qui sera posée,
26:02 on va la poser tout à l'heure à Thomas Vacheron,
26:04 que va-t-il se passer, maintenant, entre l'intersyndical et le gouvernement ?
26:07 Oui, c'est charnière, parce que là, Laurent Berger, il ouvre la porte sur la suite.
26:10 Jusqu'à présent, l'intersyndical, dès le soir de mobilisation,
26:14 appelait à une nouvelle date de mobilisation.
26:17 Il y avait cette date du 1er mai qui tombait dans le calendrier,
26:20 qui était parfaite, mais elle clôt, en tout cas pour la CFDT,
26:23 la séquence retraite. On le verra pour comment va fonctionner l'intersyndical.
26:27 Mais là, Laurent Berger, il parle de quoi ?
26:30 Il parle de la suite, et il parle de la future loi travail,
26:33 du compte épargné temps universel. Il a dit que tout coûtera plus cher.
26:37 Donc, ils vont poser leurs revendications sur la table de la Première ministre, très vite.
26:41 Et dans un instant, avec nous dans ce studio, Thomas Vacheron,
26:44 du bureau confédéral de la CGT. Il est 20h30 sur France Info.
26:49 Et l'Info, c'est avec vous. Bonsoir Elia Bergel.
26:58 Bonsoir à tous du monde, dans les rues, pour ce 1er mai de cortège
27:01 contre la réforme des retraites. La CGT revendique plus de 2 millions de manifestants,
27:06 800 000, dit le gouvernement. Elisabeth Borne juge inacceptable
27:10 les scènes de violence en marge de certains défilés.
27:13 Près de 70 interpellations à Paris, une trentaine à Besançon,
27:17 108 policiers et gendarmes ont été blessés, selon le ministère de l'Intérieur.
27:21 François Braune annonce que les soignants non vaccinés contre le Covid
27:25 vont pouvoir être réintégrés très prochainement.
27:28 Les ministres de la Santé prévoient un décret en ce sens pour la mi-mai, fin mars.
27:33 La Haute Autorité de Santé a rendu un avis favorable.
27:36 Plus de 800 000 personnes pourraient fuir les combats meurtriers au Soudan,
27:40 selon les Nations Unies. La guerre continue entre l'armée et les paramilitaires.
27:44 L'Ukraine va boycotter les mondiaux de judo au Qatar.
27:48 La semaine prochaine, le pays proteste contre la présence de compétiteurs biélorusses et russes.
27:53 La Fédération internationale de judo les autorise à participer,
27:57 à condition de le faire individuellement et en tant qu'athlète neutre.
28:01 Une nouvelle secousse dans le secteur bancaire aux États-Unis.
28:05 Les autorités américaines prennent le contrôle de la banque régionale First Republic
28:10 et en revendent la grande partie à J.P. Morgan Chase.
28:13 L'établissement était sous pression depuis les défanances rapprochées
28:16 de deux banques aux profils similaires récemment.
28:19 Les Allemands peuvent désormais voyager en train partout dans le pays.
28:23 Pour 49 euros par mois, le nouveau ticket de transport appelé "Dutchland Ticket"
28:27 est lancé aujourd'hui à la fois pour soutenir la population face à l'inflation,
28:31 favoriser l'usage des transports moins polluants. Seuls les trains grande vitesse en sont exclus.
28:36 - Que va-t-il se passer après ce 1er mai de mobilisation marquée en marche des cortèges
28:51 par des violences, nous l'avons vu.
28:53 La deuxième partie des informés de France Info avec Isabelle Raymond,
28:58 la chef du service économique et social de France Info,
29:01 avec Victoria Coussin, journaliste au service politique de France Info,
29:04 Lilian Lemania, rédacteur en chef adjoint du service France Libération
29:09 et Stéphane Zumsteig, directeur du département Opinion et Politique d'Ipso.
29:13 C'est bonsoir à vous Thomas Vacheron, soyez le bienvenu.
29:17 Vous êtes membre du bureau confédéral de la CGT en charge des retraites.
29:21 Nous allons vous poser la question de que va-t-il se passer désormais.
29:25 Je vous propose d'écouter tout d'abord ce qu'en a dit Sophie Binet,
29:29 désormais leader de la CGT, pour qui la mobilisation reste intacte.
29:34 Le cap émis au 8 juin, jour de dépôt de la proposition de loi
29:38 du groupe des députés Eliott pour tenter d'abroger la réforme. Sophie Binet.
29:42 - Cette journée de mobilisation, elle apporte un démenti cinglant
29:45 à tous les paris de l'exécutif et au choix que pensait faire le gouvernement
29:51 de nous imposer de tourner la page.
29:53 Je crois que la page ne sera pas tournée tant qu'il n'y aura pas de retraite,
29:56 cette réforme des retraites, qui a une détermination à gagner,
29:59 qui est intacte et ça tombe bien puisqu'il y a une échéance le 8 juin prochain
30:02 et que nous entendons bien le 8 juin prochain gagner l'abrogation de cette réforme.
30:05 - Allez on va en parler Thomas Vacheron. Tout d'abord ma question est double.
30:08 Estimez-vous cette mobilisation du 1er mai réussie ?
30:12 N'a-t-elle pas été gâchée par les casseurs très tôt entrés en action à Paris et ailleurs ?
30:17 - Les casseurs qui représentent une poignée de personnes
30:20 ont eu égard aux plus de 2 millions de manifestants.
30:23 - Désormais des milliers. La poignée c'est la paie des milliers.
30:26 - En tout cas ça représente 0,1%, moins de 1% des manifestants de tout le pays.
30:31 Je conçois qu'à Paris particulièrement ça donne des images chocs.
30:34 Mais la réalité des mobilisations dans le pays, c'est des mobilisations énormes partout,
30:39 dans les villes et les villages, dans les préfectures et les sous-préfectures,
30:42 avec une réalité qui corrobore les sondages,
30:45 puisque plus de 70% de la population y est opposée, 74% d'ailleurs,
30:49 depuis que la contre-réforme a été validée par le Conseil constitutionnel.
30:54 Les sondages montrent que les gens sont encore plus opposés
30:56 et demandent à l'intersyndicale de continuer.
30:58 C'est ce que nous faisons.
31:01 Et au-delà des sondages, il y a la réalité de terrain,
31:04 la réalité des gens qui n'en veulent pas.
31:06 Vous savez, j'étais dans une entreprise, encore vendredi dernier,
31:10 et la colère est extrêmement forte, des salariés en sous-traitance marocainerie,
31:14 qui nous disent "mais comment on va pouvoir travailler 43 années,
31:17 derrière une table à fabriquer des sacs à main,
31:19 des salariés du bâtiment qui nous disent "comment va-t-on pouvoir travailler
31:23 jusqu'à 62 ou 64 ans, puisque c'est deux ans ferme pour tout le monde"
31:27 et du coup, à votre question "est-ce que la mobilisation est réussie ?"
31:30 en tout cas elle est historique, donc pour nous, c'est une réussite.
31:33 Et alors que systématiquement, depuis des mois, on entend évidemment
31:37 le gouvernement et le MEDEF en embuscade, qui nous expliquent
31:40 que finalement ça ne va pas durer, que c'est en train de s'essouffler,
31:44 ben là c'est un rebond, puisque c'est la plus grosse mobilisation
31:47 depuis des semaines, et un rebond comme celui-là indique
31:50 comme perspective ce que vous évoquiez, jusqu'au 8 juin,
31:53 puisque pour une fois on pourra voter, aujourd'hui les députés n'ont pas voté
31:57 la contre-réforme des retraites, elle est passée par 49-3,
32:00 les députés vont pouvoir s'exprimer toutes et tous pour dire
32:04 "est-ce que oui ou non, enfin, vous êtes pour ou contre
32:07 cette contre-réforme des retraites, est-ce qu'on peut continuer
32:10 à gouverner contre le peuple, et peut-être c'est un échappatoire
32:13 pour le gouvernement, pour dire "bon, on arrête, on revient à la raison,
32:17 on a perdu trop de temps sur cette question".
32:19 - Alors je rappelle que les députés du groupe Liott vont déposer
32:23 une proposition de loi pour, on va dire, abroger la loi retraite,
32:27 enfin la réforme de la loi retraite, j'ai envie de vous poser une question,
32:30 Thomas Vacheron, qu'est-ce qui va se passer demain ?
32:32 Vous avez entendu Laurent Berger à l'instant qui, lui, estime
32:35 qu'il faut quand même aller discuter, malgré tout, continuer la mobilisation
32:37 mais discuter en même temps.
32:38 - Alors c'est le deuxième écueil, principalement porté par le gouvernement,
32:41 moins pour les journalistes, mais d'essayer depuis le départ de diviser...
32:44 - Non, non, ce n'est pas ma question, je ne peux pas vous diviser.
32:46 - J'entends. En tout cas, ce qui est pointé, parce que l'unité syndicale
32:50 est exceptionnelle et extraordinaire, là aussi, et historique,
32:53 qu'est-ce qu'on va faire ? On va continuer à discuter ensemble,
32:55 et demain, je serai avec Laurent Berger et Sophie Binet, évidemment,
32:59 pour discuter en intersyndical, pour trouver une issue positive
33:03 à ce que souhaite la population, et ne pas fragiliser, séquencer,
33:08 fracturer cet intersyndical, qui, là aussi, a déjoué tous les pronostics,
33:13 qui continue, et vous le verrez, demain encore, nous dirons ensemble,
33:17 toutes et tous, que nous sommes hostiles à ce projet,
33:21 que nous sommes pour le retrait, et qu'il faut trouver des moyens
33:24 pour que cette contre-réforme ne soit pas appliquée.
33:26 - Faut-il aller discuter avec Mme Elisabeth Borne,
33:29 si elle vous invite de nouveau à Matignon ? C'est ma question.
33:31 - Alors, vous le savez, là aussi, comme ce sont des champions de la communication,
33:34 nous, de la réalité des salariés, des annonces,
33:37 ils n'ont pas arrêté d'en faire. Comment les croire ?
33:39 On l'a même dit sur l'invitation, pas de son, pas d'image pendant 3 mois,
33:42 quand c'était le moment de discuter, ils ne voulaient pas nous entendre,
33:45 maintenant, ils demandent à ce qu'on discute, nous, on est prêts à discuter.
33:48 Il y a un élément fondamental, il faut trouver une solution
33:51 à cette question qui est posée, qu'on suspende, qu'on arrête,
33:55 qu'on trouve une solution pour que cette contre-réforme
33:57 ne soit pas appliquée, et par ailleurs, nous le disons depuis très longtemps aussi,
34:00 depuis plusieurs mois, depuis que l'inflation est aussi importante,
34:03 l'urgence, c'est d'augmenter les salaires, pas de reculer l'âge de départ à la retraite.
34:07 C'est comme ça qu'on répond à la population.
34:09 - Isabelle Raymond.
34:10 - En gros, ce que vous voulez, vous, la CGT, c'est que l'intersyndicale
34:13 demande à être reçue au nom de l'intersyndicale,
34:16 donc les 8 syndicats, ensemble, pour une seule réunion,
34:19 alors qu'aujourd'hui, Elisabeth Borne a laissé entendre qu'elle allait recevoir
34:23 les syndicats, les uns après les autres, en bilatéral.
34:26 - Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas Mme Borne qui décidera pour l'intersyndicale,
34:29 et que dans l'intersyndicale, nous allons discuter de trouver
34:32 les moments les plus opérants, vous savez...
34:34 - Mais c'est ce que vous allez demander, vous, la CGT.
34:36 - Nous, en fait, on va essayer de trouver des solutions communes,
34:38 mais on respecte la diversité des organisations syndicales.
34:42 On n'est pas tous dans la même.
34:43 Il y a 8 organisations syndicales qui représentent la diversité du salariat.
34:47 D'ailleurs, il y a beaucoup d'organisations syndicales, pas assez de syndiqués,
34:50 et on invite les salariés à utiliser cet outil démocratique pour se défendre,
34:54 et c'est le cas de dizaines de milliers, vous le savez, rien que pour la CGT,
34:57 mais c'est le vrai pour d'autres.
34:58 Il y a près de 30 000 salariés qui se sont syndiqués à la seule CGT,
35:01 et c'est vrai pour les autres organisations syndicales, tant mieux.
35:04 Et demain, nous discuterons ensemble en disant "ensemble, on est plus fort".
35:07 Donc c'est sûrement mieux d'y aller ensemble sans empêcher
35:11 qui que ce soit d'avoir sa propre stratégie, comme la CGT a la sienne,
35:14 vous le savez très bien.
35:15 Aujourd'hui, il y a des secteurs qui sont fer de lance de cette mobilisation.
35:19 Vous receviez Sébastien Ménesplier et les secteurs énergéticiens
35:23 qui ont le statut le plus protecteur.
35:25 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il faut quand même se poser deux petites secondes.
35:27 Le statut le plus protecteur, quel statut des énergéticiens
35:30 électriciens et gaziers qui permet de reconnaître la pénibilité.
35:33 Ce qui protège le plus la pénibilité, on veut le supprimer, au lieu de l'étendre.
35:37 Donc comprenez qu'il y a une partie des secteurs qui sont très en colère
35:40 et il y a de quoi, et plus globalement c'est le cas dans la population.
35:43 Et on va continuer avec l'intersyndical.
35:46 Vous savez, aujourd'hui, on a fait une affiche,
35:48 ce n'était jamais arrivé pour un 1er mai,
35:50 de toutes les organisations syndicales et de jeunesse qui disaient
35:52 "un 1er mai unitaire et populaire pour le retrait".
35:55 Donc on a déjoué les pronostics et l'histoire sociale de ce pays,
35:59 et peut-être que M. Macron, comme Chirac en son temps,
36:02 sera à revenir à la raison et arrêtera de fracturer le pays.
36:04 – Thomas Vacheron, donc vous iriez à Matignon,
36:07 mais tous ensemble si je puis dire,
36:09 avec exactement les mêmes revendications au nom de l'intersyndical.
36:14 C'est-à-dire, pas un des syndicats ne doit changer de proposition
36:20 par rapport à ses voisins.
36:22 C'est-à-dire, tout le monde parle d'une seule voix, ça n'existe pas ça.
36:25 – Vous savez que c'est tout l'inverse qu'on a démontré.
36:27 – Que vous mobilisez ensemble, d'accord, mais dire…
36:29 – Mais on n'a pas fait que ça en fait.
36:31 – On a fait des communiqués.
36:32 – En posant une seule et même voix, ça n'existe pas.
36:33 – Écoutez, regardez ce qu'on a fait depuis le départ de la mobilisation.
36:35 Ensemble, et encore avant, depuis l'inflation d'ailleurs,
36:38 on a fait des communiqués ensemble sur la question de l'augmentation des salaires,
36:42 des communiqués ensemble sur la question de l'attaque scandaleuse
36:45 de l'assurance chômage, des communiqués ensemble,
36:47 une palanquée tellement il y en a eu, je ne suis même pas capable de les compter,
36:51 ensemble qui déterminait et précisait les intentions des uns et des autres,
36:54 et avec les uns comme les autres, une diversité de points de vue et d'expression,
36:58 mais qui restait dans ce cadre que je respecterais comme mes homologues le respectent,
37:03 c'est-à-dire que ce soir vous n'aurez pas de scoop sur la réalité,
37:06 du détail de ce que nous déterminerons demain,
37:08 mais globalement ce qui est dit par les uns et par les autres
37:11 donne des perspectives le 8 juin et avant il y a le 3 mai.
37:14 – Le 8 juin, est-ce que c'est une date de mobilisation de l'intersyndicale ou de la CGT ?
37:19 – Ecoutez, toutes les organisations vont discuter et réfléchir d'un mode opératoire
37:25 qui permet que cette réforme ne soit pas appliquée,
37:27 mais vous savez, si nous n'avions pas fait tout ça,
37:31 cette contre-réforme serait passée comme une lettre à la poste,
37:34 et même les sondages le montrent, si vous remontez sur un temps long,
37:37 les sondages étaient plutôt favorables à la contre-réforme,
37:40 nous laissant croire que 1) c'était une réforme de justice sociale,
37:43 puis qu'elle était nécessaire aujourd'hui, plus personne ne les croit,
37:46 ils sont portions congrus à entendre ça, 95% des salariés y sont opposés,
37:50 on ne peut pas être gouverné contre son peuple,
37:53 et les délégations internationales aujourd'hui nous expliquaient toutes et tous,
37:57 mais dans quel pays sommes-nous ? Le pays des droits de l'homme,
38:00 le pays de la liberté, ce pays quand même qui représente quelque chose
38:04 dans le monde, y compris sur la question sociale,
38:08 interroger, interviewer les syndicalistes de tous ces pays
38:11 pour regarder comment le pays est fracturé.
38:13 – En résumé, en conclusion, donc demain vous nous direz,
38:16 quand je dis vous c'est l'intersyndical, si 1) vous irez à Matignon,
38:19 et 2) sur quelles propositions communes, c'est ça l'idée ?
38:22 – Et peut-être qu'il y aura des propositions communes
38:25 et des discussions communes, mais dans tous les cas de figure,
38:28 si vous voulez concrètement, tout le monde parle ensemble du 3 mai,
38:31 on attend le RIP, est-ce que enfin la population va pouvoir s'exprimer
38:35 pour ou contre ce contre-projet ?
38:37 2) est-ce que les députés vont pouvoir voter pour ou contre
38:40 la question de l'allongement du travail ?
38:43 – Et si RIP et proposition de loi, je profite de votre présence ici
38:46 pour vous poser la question, échouent, et donc le 8 juin,
38:50 qu'est-ce qui se passe au-delà ? Vous arrêtez, vous fermez la boutique ?
38:53 Quelle idée ?
38:54 – Alors vous savez, vous voyez bien que le président,
38:56 qui est le président des riches, c'est devenu le président du chaos.
38:58 Il ne peut plus aller voir un match de foot, il ne peut plus aller voir un concert,
39:01 il ne peut plus aller voir un spectacle, une visite,
39:03 il ne peut plus faire de politique.
39:05 Il y a des urgences dans ce pays, des urgences sociales
39:07 sur la question des salaires, des urgences environnementales.
39:10 – Et vous êtes prêt à intervenir jusqu'aux Jeux Olympiques par exemple ?
39:14 – Mais nous vous savez, en fait, ce que nous déterminons,
39:16 c'est en fonction de la réalité de ce que nous demandons.
39:18 Les salariés, les syndiqués et leurs syndicats.
39:20 Quand des syndicats de la culture par exemple,
39:22 veulent intervenir sur la question, nous les accompagnons.
39:25 Quand c'est des syndicats de l'énergie, de la même manière.
39:27 Quand c'est des syndicats du privé, j'ai plusieurs entreprises
39:30 qui sont en grève sur les salaires.
39:32 Donc partout, de Verbaudet dans le Nord, à des usines en Haute-Loire
39:35 ou dans l'agroalimentaire dans l'Ain, qui disent partout sur le fronton
39:38 "l'urgence c'est d'augmenter les salaires,
39:40 pas de reculer l'âge de départ à la retraite".
39:42 Nous accompagnerons ce souhait profond, la volonté des salariés
39:45 parce qu'un syndicat ça sert à ça.
39:47 – Allez, première réponse en tous les cas de l'intersyndical.
39:49 Demain, merci Thomas Vacheron,
39:52 membre du bureau confédéral de la CGT en charge des retraites.
39:56 Il est 20h43 sur France Info.
39:59 Le Fil Info, le retour avec vous, Emmanuel Langlois.
40:02 [Musique]
40:03 – Des cortèges fournis à l'occasion des défilés du 1er mai,
40:06 fête du travail en France.
40:08 Selon le ministère de l'Intérieur,
40:10 800.000 personnes ont manifesté dans tout l'Hexagone,
40:13 dont 112.000 à Paris.
40:15 C'est la deuxième participation la plus importante depuis le début aussi
40:19 du mouvement contre les retraites.
40:21 La CGT revendique de son côté 2.300.000 participants dans tout le pays.
40:26 La dispersion est en cours alors qu'il est place de La Nation à Paris
40:29 où un feu s'est propagé tout à l'heure à un immeuble de 6 étages,
40:33 un bâtiment en travaux et heureusement inoccupé.
40:36 L'incendie a pu rapidement être éteint.
40:38 Le ministère de l'Intérieur lui recense près de 300 interpellations
40:42 dans tout le pays après ces incidents.
40:44 En marge de ces défilés du 1er mai,
40:46 une centaine de policiers et gendarmes ont été blessés d'après la place Beauvau.
40:50 Et puis, à Rennes, ce sont des vitrines de commerce qui ont été brisées,
40:53 des murs tagués, un arrêté préfectoral autorise ce soir
40:57 la captation d'image par un hélicoptère entre 18h et minuit
41:02 en raison de troubles à l'ordre public.
41:05 Sur le plan politique, Marine Le Pen s'est exprimée tout à l'heure
41:08 au rassemblement de son parti, c'était au Havre, en Seine-Maritime,
41:11 devant 1.500 militants.
41:13 La chef de file des députés Rennes s'en est pris, notamment Emmanuel Macron,
41:16 dont elle estime qu'il "alimente la tentation condamnable de la violence de rue".
41:22 A l'étranger, en Italie, le gouvernement ultraconservateur
41:25 dirigé par Giorgia Meloni freine sur les prestations sociales.
41:28 Il a supprimé le revenu de citoyenneté, une aide bénéficiant à des millions
41:33 de foyers pauvres italiens. Il est remplacé par un chèque d'inclusion
41:36 au périmètre beaucoup plus limité.
41:38 L'opposition et les syndicats italiens dénoncent une provocation.
41:42 20h, 21h, les informés, Jean-François Aquiline.
41:52 Isabelle Raymond, c'est possible que les 8 organisations syndicales
41:57 parlent d'un seul et même mode, enfin même nom ?
42:01 Ce qui est sûr en tout cas, c'est que l'intersyndical va se réunir
42:04 demain matin, en visio et pas en physique, que les médias, les journalistes
42:10 ne sont pas conviés à l'issue de cette réunion et qu'ils donneront,
42:14 qu'ils normalement livreront un communiqué commun seulement le mercredi
42:20 à l'issue de la décision du Conseil constitutionnel sur le RIP.
42:24 Et ce qu'on a compris des propos de Thomas Vacheron, à l'instant,
42:28 de la CGT, c'est que ce qu'allait pousser la CGT demain en intersyndical,
42:32 on va voir si elle va y arriver, moi je comprends que la date du 8 juin
42:35 c'est une date proposée par la CGT, et ce que je comprends également,
42:38 c'est qu'elle va demander à l'intersyndical de demander à la Première ministre
42:43 Elisabeth Borne à être reçue en tant qu'intersyndical, puisqu'on voit
42:46 effectivement qu'on est aujourd'hui à une croisée des chemins,
42:49 on a un exécutif qui veut pousser vers une reprise des discussions,
42:52 voire de négociations en amadouant la CFDT notamment, avec des thèmes
42:58 qui lui sont chers, et que la CGT pousse, avec une partie de la CGT
43:02 qui est extrêmement dure, la Fédération Miniernergie quand même
43:05 qui promet des coupures de courant, et on va voir comment tout ça
43:10 va atterrir, et si l'intersyndical va réussir à continuer à parler
43:14 d'une seule voix, ce qui est un peu une gageoire pour l'instant.
43:16 - Alors Cyril Chabanier de la CFTC lui aussi parlait du 8 juin,
43:20 au moins il faut continuer les actions intersyndicales,
43:23 mais après l'illusion allemanienne, vous y croyez-vous, les 8, ensemble ?
43:29 - Le gouvernement les pousse à rester ensemble, si je puis dire,
43:33 parce que même Laurent Berger, on voit qu'il ouvre la porte
43:37 pour essayer de gagner sur d'autres terrains, quand on l'a eu en interview
43:41 dans Libération, il nous a dit clairement, on ne se remettra pas autour de la table
43:44 comme s'il ne s'était rien passé. Donc la CFDT, et y compris
43:49 dans les entreprises, il y a un ressentiment qui est là,
43:53 il y a une volonté de poursuivre la bataille à certains moments.
43:57 Alors ce ne sera pas toutes les semaines, tous les 15 jours,
44:00 parce que forcément un mouvement comme ça s'essouffle,
44:03 sauf que la colère, elle est toujours là, donc elle va continuer
44:06 à s'exprimer à certains moments, dans les négociations salariales,
44:09 donc il y aura aussi des difficultés dans les entreprises,
44:13 puisque les salariés et les représentants des salariés
44:17 dans ces entreprises seront poussés à réclamer beaucoup plus
44:20 à leur patron, et ça va tendre les relations sociales,
44:24 et ce sera une des conséquences de ce mouvement social.
44:27 - Côté politique, cette fois, ce qu'en a dit Jean-Luc Mélenchon,
44:31 le leader de la France Insoumise.
44:34 - Car on est tous là pour refuser de se faire voler 2 ans de vie,
44:38 que personne ne l'oublie, on ne passera pas à autre chose
44:41 parce qu'on ne peut pas passer à autre chose de sa propre vie,
44:44 ce n'est pas possible. Mais quand je commence à entendre
44:47 partout "Macron démission", ce n'est plus un mot d'ordre d'avant-garde,
44:51 ça commence à devenir un désir et une espérance populaire de masse.
44:56 - Stéphane Zumsteig, Thomas Vacheron de la CGT à l'instant
44:59 souhaitait une sorte d'intersyndicale qui se poursuivrait
45:04 avec des propositions à l'identique des 8 organisations concernées.
45:10 Là, Jean-Luc Mélenchon, lui, veut surfer toujours à gauche
45:15 sur une sorte de ressentiment à l'encontre d'Emmanuel Macron.
45:20 Ça va durer, tout ça ?
45:22 - Oui, ça va probablement durer, parce que d'abord,
45:24 même s'il devait y avoir des divergences entre les syndicats,
45:27 on n'en est pas encore à une fracturation de ce front syndical.
45:30 Si ça devait se passer, ça ne va pas se passer dans les jours qui viennent,
45:33 probablement pas.
45:34 Ça va se poursuivre, parce que tout le monde le dit, évidemment,
45:37 sur ce plateau, l'opinion publique tient bon
45:39 et est toujours majoritairement hostile à ce projet de réforme.
45:45 Après, sur le front politique, notamment sur le front parlementaire,
45:48 pour répondre à votre question et aux propos de Jean-Luc Mélenchon,
45:53 il y a quelque chose, c'est que depuis le 49-3, finalement,
45:55 le temps parlementaire est passé pour un temps,
45:57 en tout cas à l'Assemblée nationale.
45:59 Et c'est vrai que les partis politiques, notamment la NUPES,
46:01 notamment les partis de gauche, qui sont à l'avant-garde
46:03 de la lutte politique contre ce projet de réforme,
46:05 sont un peu moins audibles.
46:07 Aujourd'hui, c'était une journée des syndicats,
46:09 même si je note quand même que dans les propos de Thomas Vacheron,
46:12 rappelait quand même une certaine porosité entre les discours politiques
46:15 et les discours syndicaux.
46:17 Les discours qu'il a tenus, qui sont tout à fait respectables,
46:19 que je ne conteste absolument pas, rappelaient quand même
46:22 les grandes heures des années 80 ou 90,
46:24 où quand on était responsable syndical,
46:26 on était aussi un membre de partis politiques.
46:29 C'est moins le cas aujourd'hui, évidemment.
46:30 Donc oui, ça va se poursuivre.
46:32 Ça ne peut que se poursuivre.
46:33 Après, c'est vrai, Jean-Luc Mélenchon a raison
46:36 de remonter en scène, parce que toute cette séquence
46:40 est quand même faite un peu plus au détriment des partis politiques
46:42 que des organisations syndicales.
46:43 Les partis politiques sont un petit peu dépassés aujourd'hui.
46:45 – Victoria Koussa, on va évoquer le RN dans un instant après le Fil-Info,
46:48 mais Jean-Luc Mélenchon qui essayait de, on va dire,
46:51 de recoller au peloton dans cette histoire.
46:53 – Oui, on sent que quand le bateau tangue un peu
46:56 ou prend une mauvaise direction,
46:58 Jean-Luc Mélenchon remonte et prend les rênes.
47:02 Quand il monte sur scène tout à l'heure,
47:04 on sent que les militants, finalement, de gauche,
47:06 en avaient besoin, avaient besoin de l'entendre.
47:08 Il a été d'ailleurs très, très offensif aujourd'hui.
47:11 Il a même réitéré un appel à l'insurrection.
47:15 Il est pas mal dessus, ces derniers temps.
47:18 Il faut renverser, il faut changer de régime.
47:21 Il est vraiment sur ce créneau-là, Jean-Luc Mélenchon,
47:24 le leader insoumis, mais on voit qu'au sein de la NUP,
47:27 ils ne sont que 4, contrairement à l'intersyndical où ils sont 8,
47:31 et ils ont plus de mal, finalement, à donner des perspectives.
47:34 Ils disent "il faut tenir", "il faut tenir", "il faut tenir bon",
47:38 mais finalement, ils ont plus d'idées,
47:41 ils ont du mal encore à donner un cap.
47:43 Ils disent, voilà, ils donnent ces deux dates,
47:45 l'avis du Conseil constitutionnel sur le RIP mercredi,
47:49 puis le 8 juin, donc dans un mois.
47:51 – Ce qui est loin, comme disait Isabel Rémy, c'est loin.
47:53 – Le 8 juin, c'est intéressant.
47:55 Là, on ne sera pas sur un vote de motion de censure.
47:58 Les abstentionnistes ne compteront pas comme des votes pour.
48:02 Donc il faudra que les LR soient présents, se positionnent,
48:05 que la majorité fasse le plein,
48:07 parce que les opposants de l'autre côté, eux, feront le plein.
48:09 – Après, c'est le texte d'une niche parlementaire,
48:11 c'est-à-dire que ça va prendre plus de temps.
48:13 – Symboliquement, si l'Assemblée dit non aux 64 ans,
48:18 c'est dévastateur pour Emmanuel Macron.
48:20 – Aller, nous évoquons dans un instant Marine Le Pen,
48:22 qui organisait une contre-manifestation avec le Rassemblement National.
48:26 Et cette fête de la nation au Havre, 20h50 et 1 minute,
48:31 sur France Info, Le Fil Info, Emmanuel Langlois.
48:33 [Musique]
48:34 – Les défilés du 1er mai qui résonnaient cette année
48:36 comme une 13e journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
48:41 Ils ont fait le plein, ils étaient plus fourniques
48:43 pour un 1er mai habituel, mais sans atteindre forcément
48:46 le niveau du raz-de-marée espéré par les syndicats.
48:49 De nombreux incidents ont émaillé les cortèges.
48:52 A Lyon, la préfecture du Rhône dénonce des groupes violents
48:55 qui ont allumé des incendies à proximité de façades d'immeubles et de commerces.
49:00 Les pompiers sont intervenus sur une voiture incendiée,
49:03 notamment à Lyon, près de 300 personnes ont été arrêtées dans toute la France
49:07 selon la communication du ministère de l'Intérieur.
49:11 Elisabeth Borne dénonce ces scènes de violences en marche des cortèges du 1er mai
49:16 et qu'elle a jugé inacceptable. La Première ministre, sur Twitter,
49:19 assure les forces de l'ordre de son soutien.
49:22 Ce soir, les indépendantistes remportent les élections territoriales en Polynésie française.
49:27 La liste du parti dirigée par l'ex-président du gouvernement, Oscar Temaru,
49:31 a obtenu un peu plus de 44% des voix au second tour.
49:35 Une victoire qui ouvre la voie à un éventuel référendum d'autodétermination sur place.
49:40 Et puis au Soudan, des raids aériens, des tirs et des explosions.
49:44 Ce coup écartoume la capitale ce lundi, malgré l'annonce d'une trêve dans les combats
49:49 entre l'armée et les paramilitaires.
49:51 Des combats qui ont fait des centaines de morts en trois semaines.
49:54 Le Soudan au bord d'une catastrophe humanitaire et sanitaire, selon l'ONU.
49:58 Les Etats-Unis se félicitent de l'élection présidentielle au Paraguay,
50:03 qui a vu la victoire de l'économiste Santiago Peña, candidat du Parti conservateur colorado.
50:08 Washington appelle à la poursuite de la lutte contre la corruption au Paraguay.
50:13 Enfin, la Ligue de football de Martinique va ouvrir une enquête après les résultats suspects
50:18 de deux rencontres de Régional 2D, matchs qui s'étaient conclus sur des scores de 20 à 0 pour l'un et 21 à 0 pour l'autre.
50:26 Pour Marine Le Pen, présente au Havre à ce meeting organisé et baptisé "Fête de la Nation",
50:42 la cause de nos mots, dit-elle, tient en un nom, Macron.
50:46 Marine Le Pen.
50:47 Ne faudrait pas que son entêtement puéril fasse basculer le pays dans le désordre et le chaos.
50:53 Symbole terrible de l'impuissance politique.
50:56 L'Etat ne parvient plus à organiser la visite d'un monarque d'une nation amie.
51:02 Les ministres n'arrivent plus à se déplacer pour l'inauguration du moindre rond-point.
51:08 Mais quand sera-t-il des JO qui devraient être une grande fête nationale et sportive ?
51:13 Faut-il s'attendre encore à une nouvelle humiliation ?
51:17 Emmanuel Macron voulait mettre le pays en marche, il l'a mis en panne.
51:21 Stéphane Zumsteg, Marine Le Pen, au fond, celle qui, ça a été dit à peu près mille fois, bénéficie de la séquence.
51:28 Oui, on l'a vu dans un certain nombre d'enquêtes d'opinion, évidemment.
51:32 S'il y avait des élections législatives aujourd'hui, le RN progresserait, et progresserait probablement sensiblement.
51:37 Elle continue avec ce choix un petit peu décalé, mais qui est en fait très bien vu, d'organiser sa contre-manifestation et son contre-événement au Havre.
51:47 Sur les terres d'Edouard Philippe.
51:48 Sur les terres d'Edouard Philippe. Très bien que tout le monde aura compris le message.
51:51 Et ce qui est intéressant aussi, c'est à plus long terme, les gains, les nouveaux territoires de conquête pour le RN.
51:57 Parce que vous savez, très longtemps, on a dit qu'il y avait une ligne, en gros, le Havre-Perpignan.
52:00 À l'est de cette ligne, eh bien, le RN ne faisait que progresser.
52:03 Et à l'ouest, c'était des terres de mission où, en général, le RN, enfin le FN puis le RN, obtenait des scores de témoignages.
52:08 On voit bien là qu'au-delà de cette séquence sur la réforme des retraites, elle cherche aussi à réenclencher la bataille des classes populaires.
52:16 Aujourd'hui, quand on regarde qui vote pour le RN, évidemment, il y a de plus en plus de toutes les catégories de français.
52:22 C'est en ça que le RN s'est institutionnalisé. Il y a des cadres, il y a des retraités qui votent pour le RN, alors qu'autrefois, ce n'était absolument pas le cas.
52:28 Ce n'est plus le FN de son père.
52:29 Ce n'est plus le FN de son père où vous aviez, en gros, les répatriés d'Algérie et un certain nombre de personnes de l'est de la France.
52:35 Non, c'est un parti comme les autres qui ressemble de plus en plus aux autres parce qu'il attrape un catch-all party, comme on disait autrefois en anglais.
52:42 Et on le voit bien là, dans la bataille des classes populaires, ce que le RN vise maintenant, c'est encore une zone où il est relativement faible,
52:49 c'est-à-dire les grandes agglomérations, les grandes agglomérations populaires qui sont soit touchées par l'abstention, soit encore tenues par la gauche.
52:55 Le Havre a très longtemps été une ville communiste. Il y a encore un député dans les deux circonscriptions de la ville qui vient du Parti communiste.
53:00 On voit bien que les prochaines étapes, elles sont annoncées. C'est devenir vraiment un parti comme les autres, c'est-à-dire capable d'attirer tous les types de Français et de Françaises.
53:08 L'allemandien Marine Le Pen à la conquête de l'électorat populaire, comme le rappelait Stéphane Zumsteig à l'instant.
53:14 Peut-être à la conquête de l'électorat populaire, mais qui était aujourd'hui avec les classes populaires dans la rue ?
53:19 C'est pas du tout le Rassemblement national. Depuis la mobilisation, c'est pas du tout le Rassemblement national qui va dans les manifestations parce que...
53:26 – Vous voulez dire les électeurs ou les élus ?
53:28 – Les élus. Les élus ne vont pas dans ces rassemblements parce qu'ils se considèrent le parti de l'ordre.
53:34 Donc une manifestation, c'est quand même un peu le désordre. Et par ailleurs, parce que ce sont les responsables politiques de gauche,
53:41 les syndicats qui sont liés à la gauche, qui se mobilisent et qui mobilisent contre cette réforme des retraites le plus efficacement possible.
53:50 Là, Marine Le Pen, elle était dans une salle avec des adhérents, des responsables du Rassemblement national, des responsables locaux,
53:58 voire même nationaux, qu'on a amenés au Havre pour remplir la salle.
54:02 Et ça fait un peu décaler avec les images qu'on a vues tout à l'heure aussi de Jean-Luc Mélenchon dans la rue.
54:06 – Mais ce n'est plus Jeanne d'Arc.
54:08 – Ça fait un moment que ce n'est plus Jeanne d'Arc. Ça fait quelques années qu'elle avait fait…
54:12 Ça avait été d'ailleurs, ça date de Florian Philippot qui avait sorti Marine Le Pen de Jeanne d'Arc pour casser avec son père
54:18 et qui avait déjà fait des banquiers républicains comme celui-ci.
54:21 – Sur le retour, ils ont quand même déposé une petite gerbe à Rouen, très discrètement.
54:27 Ils ont tout fait pour ne pas communiquer autour de ça.
54:29 Et je voulais juste préciser que lors de cette prise de parole de Marine Le Pen,
54:33 elle a vraiment finalement très peu parlé de la réforme des retraites, très peu parlé du pouvoir d'achat.
54:37 Mais surtout, parler d'elle comme si elle lançait finalement déjà sa campagne.
54:41 – C'est encore pour vous demain Isabelle Raymond, avec l'intersyndicale.
54:44 – Avec l'intersyndicale et puis ensuite on verra la réforme des retraites, la réforme des retraites, encore la réforme des retraites.
54:49 – Allez, le feuilleton continue. L'Illian Alémania, la une de Libération demain.
54:54 – C'est un jeu de mots, "Au rage, au désespoir" sur le premier.
54:58 – Allez, "Au rage, au désespoir" à la une de Libé.
55:00 Merci Isabelle Raymond, Victoria Coussa, l'Illian Alémania et Stéphane Zumsteig
55:05 d'avoir participé à ces informés.
55:07 Ils reviennent demain matin à 9h sur France Info.
55:10 Restez avec nous, bonne soirée sur France Info, bien évidemment.

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