SMART BOURSE - Emission du jeudi 11 mai

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Jeudi 11 mai 2023, SMART BOURSE reçoit Paul de Froment (Analyste, Bryan, Garnier & Co) et Jean-Jacques Ohana (Consultant indépendant - Membre du Board, Ai For Alpha)

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Transcription
00:00 *Musique*
00:07 Bienvenue dans Smart Bourse, votre double dose quotidienne de marché en direct sur Bsmart
00:11 chaque jour à la mi-journée 12h33h et en fin d'après-midi la grande édition pendant une heure à partir de 17h
00:17 rediffusée à 20h sur Bsmart TV, émission que vous retrouvez chaque jour en replay sur bsmart.fr
00:23 et en podcast sur l'ensemble de vos plateformes.
00:25 Au sommaire de cette édition de la mi-journée, toujours une logique de consolidation
00:29 dans les marchés, les marchés d'action, une consolidation qui se déroule tranquillement
00:34 sans grande volatilité, de manière plutôt linéaire, une consolidation à poula.
00:39 Le CAC 40 a dû céder à peine 3, 3,5% par rapport au sommet historique de fin avril.
00:45 Le CAC qui se tient toujours autour de 7400 points à l'occasion d'une séance de rebond.
00:49 Pour l'instant on reprend 0,6% à la Bourse de Paris après deux jours de consolidation
00:56 sans grande volatilité là aussi, c'est un fait notable.
00:59 On voit un VIX qui est encore sous 17 aujourd'hui,
01:02 un mesure de la volatilité implicite du marché américain.
01:06 Nous reviendrons dans un instant sur ces conditions de marché
01:09 avec des phénomènes de divergence exacerbées peut-être au sein des marchés et des marchés actions.
01:14 Notamment Jean-Jacques Oana sera avec nous en plateau pendant cette demi-heure.
01:18 Du côté de l'agenda, après les décisions de la Fed et de la BCE la semaine dernière,
01:22 les investisseurs suivront la décision de la Banque d'Angleterre en tout début d'après-midi
01:25 avec une nouvelle hausse de taux attendue de 25 points de base.
01:30 La question étant dans quelle mesure ?
01:32 Est-ce que la Banque d'Angleterre contemplera-t-elle elle aussi l'idée d'une pause
01:37 après sa douzième hausse de taux depuis un cycle de resserrement monétaire au Royaume-Uni
01:42 qui a été engagé en décembre 2021 ?
01:45 Réponse en tout début d'après-midi.
01:47 Et puis nous reviendrons également dans cette demi-heure d'émission
01:49 sur le sujet du plastique, des déchets plastiques et de la pollution générée par ces déchets plastiques.
01:54 C'est un sujet qui est à la une de l'agenda mondial aujourd'hui
02:01 après les questions climatiques, environnementales, de biodiversité.
02:04 Le sujet spécifique du plastique est en train de prendre une ampleur mondiale, internationale.
02:10 Le G7 s'est séduit du sujet il y a quelques jours à peine.
02:13 Nous y reviendrons avec Paul Defremont, analyste chez Brian Garnier
02:16 que vous pourrez voir ou revoir.
02:18 Paul qui était avec nous il y a quelques jours à peine dans Smartboard sur Bsmart.
02:22 [Musique]
02:32 Mais d'abord l'analyse de marché de Jean-Jacques Ohana
02:36 qui est avec nous régulièrement une fois par mois dans cette émission.
02:40 Bonjour Jean-Jacques.
02:41 Bonjour Grégoire.
02:42 Vous êtes consultant indépendant et membre du board de la FinTech AI4Alpha.
02:46 Le thème du jour qui vous intéresse Jean-Jacques
02:48 c'est celui des marchés et des divergences qu'on peut observer au sein des marchés actions en général.
02:55 Il y a vraiment plusieurs mondes qui se côtoient aujourd'hui dans l'univers des marchés actions.
03:00 Absolument et on n'arrive pas à réconcilier ces mondes
03:03 et donc c'est intéressant d'en faire l'analyse
03:06 non seulement au niveau des marchés boursiers
03:08 mais même au-delà au niveau de tous les marchés financiers cotés.
03:11 Alors déjà la première perspective qu'on peut prendre c'est la perspective géographique.
03:17 C'est vrai que depuis le début de l'année par exemple
03:20 on est à +15% autour sur les indices de la zone euro
03:25 notamment le CAC 40 mais aussi l'euro stock 50.
03:28 On est en progression assez forte récente sur le Nikkei, sur le Japon.
03:35 C'est un marché qui s'est réveillé depuis maintenant quelques semaines.
03:40 Par contre les marchés émergents sont à la peine
03:46 et d'ailleurs c'est une des mauvaises surprises depuis le début de l'année.
03:50 On attendait finalement une relance chinoise, un rebond de la Chine
03:55 et en fait cela ne s'est pas produit.
03:58 On ne le voit pas dans les marchés actions chinois en tout cas.
04:00 Oui, de manière significative.
04:02 On le retrouvera aussi sur les matières premières.
04:05 Donc en réalité une déception depuis le début de l'année
04:09 c'est quand même le manque de souffle de l'économie chinoise et des économies émergentes.
04:15 Cela se traduit aussi par des performances sur les marchés émergents qui sont en dessous.
04:21 Alors ça c'est la première perspective.
04:23 On a une deuxième perspective qui est aussi intéressante, c'est la perspective sectorielle.
04:29 Alors là par exemple en Europe on a trois secteurs qui dominent globalement.
04:36 Alors on a moins de technologies en Europe mais aux Etats-Unis c'est plus la tech.
04:41 En Europe on a les valeurs du luxe dont ce qu'on appelle la consommation discrétionnaire,
04:47 la consommation de biens durables comme ce qu'on appelle "consumer staples"
04:52 et puis on a aussi la santé qui s'en sort bien, qui est un secteur assez défensif.
04:58 Et puis les secteurs à la traîne, on a les matières premières, notamment les ressources de base
05:04 à mettre en relation finalement avec la faiblesse des économies émergentes et puis l'immobilier.
05:10 Et donc finalement on a ce paradigme entre valeur de croissance et value
05:20 qui revient, qui se remet en forme depuis le début de l'année.
05:23 Alors on avait une lourde interruption l'année dernière avec une surperformance assez ahurissante des values
05:31 mais qui était une correction finalement de l'énorme tendance des dix dernières années.
05:38 Et là depuis le début de l'année, finalement on a un réveil, une réactivation de la tendance lourde qu'on avait connue.
05:46 Aux Etats-Unis on a la même tendance puisqu'on a 22% de hausse pour le Nasdaq,
05:50 en Europe on est sur des niveaux de 25% sur les secteurs que j'ai cités.
05:55 Alors c'est une combinaison de secteurs qui sont premièrement sensibles à la baisse des taux,
06:00 les taux étant plus stables, on a perdu 100 points de base environ sur le taux 2 ans américain
06:06 depuis les hauts jusqu'à aujourd'hui, donc cela explique leur bonne tenue,
06:11 mais aussi leur capacité à maintenir voire à augmenter les marges,
06:17 à répercuter les hausses de prix, ce qu'on a vu sur de nombreux acteurs.
06:22 Et donc finalement on a cette réactivation du paradigme sectoriel.
06:27 Ensuite on a une autre perspective qui est intéressante,
06:30 c'est la perspective grande capitalisation, petite capitalisation.
06:35 Et là on a encore le même écart de performance qui est assez ahurissant.
06:41 Alors pour donner finalement une idée aux Etats-Unis,
06:46 les petites banques régionales sont à -30% et le Nasdaq est à +22%.
06:54 Donc c'est un gap énorme et on retrouve ce gap, alors un peu moins fort en Europe,
06:59 mais par exemple sur les micro-cap en Europe on est à +1%, quasiment à l'équilibre,
07:03 et puis on est à 15% sur les grands indices.
07:06 Donc voilà, 14% d'écart de performance en Europe.
07:09 Et finalement quand on retire, quand on regarde le projecteur sur les 5 dernières années,
07:18 qu'on prend du recul, on voit que les grandes capitalisations ont plutôt tendance à surperformer.
07:24 Alors surtout dans ce marché, en fait elles se financent mieux,
07:27 il n'y a pas de difficultés de financement.
07:29 Les difficultés de financement sont principalement cantonnées aux petites sociétés
07:34 et viennent principalement des banques régionales, des petites banques, notamment aux Etats-Unis,
07:39 mais on retrouve cette tendance en Europe finalement.
07:42 Et donc l'économie locale, en quelque sorte, cela nous donne un indice sur le fait que
07:47 les petites entreprises qui forment le tissu local de l'économie sont touchées par la récession,
07:55 les difficultés de financement, les perspectives de récession,
07:57 et les grandes entreprises rentrent dans la perspective d'une récession
08:02 avec des bilans qui sont étincelants et des marges qui n'ont jamais été aussi fortes.
08:09 Cela veut dire que pour une très grande partie du marché,
08:13 ou de ce que reflète le marché de l'économie, la récession est déjà là ?
08:17 Oui, absolument. Et c'est ce que nous voyons notamment dans l'immobilier,
08:22 avec des sociétés qui coupent les dividendes,
08:25 des sociétés qui ont des difficultés de financement.
08:28 On peut regarder aussi cet aspect de petite capitalisation dans le triple C.
08:31 Si on voit les tendances dans le triple C, on voit que les tendances...
08:35 Donc les entreprises au bord du défaut ?
08:36 Voilà, très proche du défaut.
08:38 Quand on regarde la dette spéculative des entreprises, donc le high yield dans sa globalité,
08:42 avec des entreprises qui sont certes en catégorie spéculative, mais certaines sont de qualité.
08:49 Et bien là on voit qu'il y a toujours une tendance qui est positive,
08:55 donc un appétit des investisseurs, peut-être par rareté, parce qu'il y a moins d'émissions.
09:00 Par contre, quand on regarde dans la catégorie triple C, donc la plus spéculative,
09:04 là on a une tendance négative, ce qui montre bien que ces sociétés sont en difficulté.
09:09 Cela va dépendre des fenêtres de refinancement et de l'échéancier de refinancement de leurs dettes,
09:17 mais à chaque fois que ces fenêtres seront présentes,
09:21 les difficultés vont se manifester sur les marchés.
09:25 Et ce sont des sociétés qui sont déjà en difficulté.
09:29 L'avantage des secteurs leaders que vous avez cités, Jean-Jacques, dans la perspective sectorielle,
09:36 la tech, la santé, la consommation discrétionnaire, autrement dit le luxe,
09:41 notamment en Europe et à Paris,
09:44 l'avantage de ces secteurs, c'est qu'ils concentrent des poids en termes de capitalisation boursière
09:49 qui sont monstrueux.
09:51 C'est-à-dire qu'on retrouve dans ces secteurs des poignées de valeur qui font le marché aujourd'hui.
09:57 Est-ce que cette situation de polarisation, de divergence extrême,
10:01 est-ce qu'elle est soutenable dans le temps, grâce au fait justement que la partie croissance,
10:06 ou en tout cas les poches de croissance du marché,
10:09 soient des poches tenues par des titans en termes de capitalisation boursière ?
10:14 C'est une vraie question, puisqu'aux États-Unis,
10:16 on sait très bien que la capitalisation des deux premières sociétés,
10:20 Apple et Microsoft, aujourd'hui, n'a jamais été aussi élevée.
10:26 Et on sait qu'en France, le club des cinq, en quelque sorte,
10:32 trust les places les plus élevées dans la pondération du CAC 40, notamment.
10:41 Mais pas seulement. En fait, c'est un phénomène qu'on voit dans tous les pays développés.
10:45 Et donc, je dirais que oui, en fait, c'est un facteur de résilience paradoxale de la bourse,
10:52 puisque finalement, ça permet à l'environnement boursier d'être séparé par des silos.
10:59 Et c'est exactement ce qui se passe.
11:00 Aujourd'hui, on voit les matières premières anticiper la récession.
11:04 On voit aussi, sur les matières premières, l'or être dans une tendance très favorable.
11:10 Donc en fait, ce que j'ai décrit se manifeste sur toutes les classes d'actifs,
11:16 que ce soit sur les actions, sur le crédit, sur les matières premières.
11:19 Vous voyez cette divergence considérable,
11:23 finalement, cet écart insoutenable de performance.
11:31 Et donc, c'est la métaphore des navires de bateaux,
11:36 dont les cales sont séparées par des silos, et valide.
11:40 Parce qu'on sait que c'est comme ça qu'on protège les bateaux.
11:43 C'est-à-dire que s'il y a une cale, un compartiment qui est inondé,
11:48 cela permet encore aux bateaux de flotter.
11:51 Et c'est exactement ce qui se passe en réalité.
11:53 Donc on a des cales qui sont inondées, qu'on peut identifier,
11:57 qui sont clairement identifiables.
11:58 Les banques régionales aux Etats-Unis, problème qui n'est absolument pas réglé.
12:02 L'immobilier dans les pays développés, les pays émergents.
12:08 Et finalement, on voit que l'inondation des cales...
12:14 - Reste compartimentée.
12:15 - Voilà, sont compartimentées et ne sont pas suffisantes.
12:18 Cette inondation n'est pas suffisante pour faire couler le navire.
12:23 Alors maintenant la question c'est, est-ce que c'est soutenable ?
12:26 À quelles conditions on peut continuer à voguer ?
12:30 Je dirais que c'est soutenable tant que la croissance mondiale,
12:34 qui porte justement ces méga-capitalisations, est résiliente.
12:40 Et donc finalement, le juge de paix de toute cette histoire,
12:45 de ce narratif finalement, ce sont les pays émergents.
12:49 Puisque c'est une bonne partie, les pays émergents représentent
12:53 une grande partie de leur croissance.
12:55 - L'Inde et la Chine vont contribuer cette année à plus de la moitié
13:00 de la croissance mondiale dans les projections du FMI.
13:03 - Voilà, ça illustre l'enjeu.
13:05 Donc l'enjeu est considérable et finalement, on voit que le scénario
13:11 boursier et de stabilité financière plus largement à moyen long terme
13:17 sera décidé par la santé économique, par les perspectives de croissance
13:27 des pays émergents.
13:29 - Quand on a une partie aussi importante du marché qui est déjà
13:33 dans la récession, qui intègre déjà la récession, Jean-Jacques,
13:37 d'un point de vue de stratégiste, entre guillemets, ou de tacticien
13:41 de marché, est-ce que c'est là qu'on a envie d'être dans l'idée
13:46 de se projeter au-delà du ralentissement ou de la récession
13:50 qui arrive ou qui finira par arriver ?
13:54 La question du timing étant ouverte, mais est-ce que c'est là
13:56 qu'on a envie d'être ou est-ce qu'on préfère être encore
13:58 dans le voyage avec les grandes valeurs de croissance,
14:02 méga cap, qui permettent de maintenir le bateau à niveau ?
14:05 - Vous posez la question des stabilisateurs automatiques,
14:08 en réalité des retours à la moyenne, etc.
14:11 Or, la divergence que j'ai décrite, elle est auto-entretenue.
14:15 En fait, il n'y a pas de retour à la moyenne possible dans ce cadre
14:19 puisqu'on voit bien que les petites sociétés sont paralysées aujourd'hui
14:24 par un manque de financement.
14:26 Les banques régionales sont paralysées par un problème systémique
14:31 sur la stabilité de leurs dépôts et sur l'alternative du cash,
14:35 du monétaire, qui aux Etats-Unis, maintenant,
14:37 représente un rendement potentiel de 4 à 5 %.
14:40 On le voit partout.
14:42 Et donc, ces problèmes systémiques,
14:46 aujourd'hui, ne vont pas se résoudre par un coup de baguette magique.
14:50 Il faut quelque part purger.
14:52 Il y aura une vague de défauts.
14:56 On sait qu'à un moment, il y aura un risque systémique.
14:58 On sait que le bateau continue à voguer,
15:01 mais que des compartiments continuent d'être inondés dans le bateau
15:04 et que les banques centrales, tant qu'elles n'ont pas la capacité
15:08 de baisser les taux, tant qu'il n'y a pas de moteur
15:11 au niveau de la politique monétaire,
15:14 il y aura d'autres inondations de cales de bateau.
15:17 Et à ce moment-là, le risque pour le navire est toujours présent.
15:22 Et il ne faut sûrement pas aller vers les petites capitalisations.
15:28 Les sociétés, finalement, sont à risque.
15:30 - On verra. On rappelle, effectivement,
15:33 que l'inflation américaine va toujours dans le bon sens,
15:36 mais en rythme mensuel annualisé ou trimestriel annualisé,
15:41 on a encore une inflation autour de 5% aux Etats-Unis,
15:45 qui empêcherait sans doute la Fed d'agir trop rapidement
15:48 si la récession était là aujourd'hui, en ce moment ou juste demain.
15:53 - Oui, pour plusieurs raisons.
15:54 Parce que premièrement, la Fed n'a pas fait tout ce chemin
15:57 pour tout de suite se contredire et rebaisser les taux.
16:01 Ça, c'est la première raison.
16:03 Et puis la deuxième raison, en réalité,
16:07 c'est qu'aujourd'hui, les perspectives d'inflation sous-jacentes
16:13 ne sont pas encore complètement résorbées,
16:15 ni en Europe, ni aux Etats-Unis,
16:17 ce qui laisse peu de marge monétaire à court terme.
16:20 - Merci beaucoup, Jean-Jacques. Merci pour votre éclairage,
16:22 cette analyse de marché que vous nous apportez chaque mois
16:25 dans Smart Bourse.
16:26 Jean-Jacques Cohen, un consultant indépendant
16:27 et membre du board de la fintech AI4Alpha.
16:30 (Générique)
16:40 - Et donc, je vous propose de voir ou revoir l'intervention de Paul Defremand,
16:44 qui est avec nous il y a quelques jours,
16:45 analyste chez Brian Garnier, sur le sujet du plastique,
16:48 des déchets plastiques et de la pollution générée par ces déchets plastiques.
16:52 Un sujet qui a été traité au sommet il y a quelques semaines après
16:55 par les ministres du G7.
16:58 (Générique)
17:00 - C'est l'annonce la plus récente, je dirais,
17:04 ça date du 16 avril à peu près, lorsque les ministres respectifs du climat
17:08 se sont réunis au Japon et ont pris cet engagement
17:11 de bannir la pollution plastique d'ici 2040.
17:14 Et en fait, pourquoi est-ce qu'ils ont pris cet engagement ?
17:17 C'est assez simple. C'est un enjeu qui est quand même assez important.
17:22 Alors, j'aime bien dissocier le plastique de la pollution,
17:26 le déchet plastique. Le problème, c'est le déchet plastique,
17:29 qui cause de nombreux problèmes.
17:32 Le premier, c'est qu'on a aujourd'hui ce qu'on appelle un continent de plastique
17:37 qui est au large d'Hawaï, qui fait, pour donner un ordre de grandeur,
17:40 à peu près six fois la France.
17:42 Donc, il y a un véritable enjeu de pollution des écosystèmes marins.
17:46 Et c'est aussi un problème pour la santé humaine,
17:49 puisqu'on retrouve des microplastiques dans toute la chaîne alimentaire,
17:53 que ce soit les poissons, les crustacés, les fruits et légumes.
17:55 On estime qu'un individu gère à peu près...
17:59 Une carte de crédit !
18:01 Oui, j'ai la même référence !
18:02 Toutes les semaines que j'ai vérifiées aujourd'hui !
18:04 Et c'est vrai, ce n'est pas une légende, ce n'est pas un mythe urbain
18:07 qu'on répète comme ça à l'envier.
18:09 Non, c'est vrai.
18:10 Donc, la taille d'une carte plastique d'une carte...
18:12 Ça fait 5 grammes.
18:13 Ça fait 5 grammes de plastique chaque semaine.
18:16 Après, évidemment, c'est une moyenne.
18:19 Mais l'idée, c'est qu'on retrouve des microplastiques un peu partout,
18:24 que ce soit dans la nature ou dans les aliments.
18:27 Et donc, comme vous dites, c'est bien la question des déchets,
18:30 parce qu'on entend beaucoup d'industriels, y compris du recyclage, etc.
18:34 Le plastique est une matière qui a beaucoup de vertus, malgré tout.
18:38 Oui, tout à fait.
18:40 On l'utilise de toute façon dans notre quotidien, dans énormément de secteurs.
18:44 Ça a une consommation d'énergie qui est moins importante que le verre ou l'aluminium.
18:50 Donc, ça a quand même beaucoup de vertus.
18:55 Maintenant, le problème, en fait...
18:58 C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on en produit beaucoup,
19:00 parce qu'on produit à peu près 450 millions de tonnes de nouveaux plastiques par an.
19:05 Et on crée 350 millions de tonnes de déchets de plastique par an.
19:10 D'accord.
19:11 Et en fait, sur ces 350 millions, seulement 10% sont recyclés.
19:14 Donc, on voit que le problème, il est vraiment au niveau du "qu'est-ce qu'on fait de ces déchets plastiques ?"
19:18 Et les 90% qui ne sont pas recyclés, en fait, sont mis en décharge ou incinérés.
19:24 Donc, en fait, le problème est là.
19:27 Et aujourd'hui, c'est pour ça que moi, j'aime bien prendre l'exemple du PET,
19:33 qui est le deuxième plastique le plus produit dans le monde.
19:37 Donc, on utilise...
19:38 PET, c'est un tiers pour les emballages, notamment, surtout tout ce qui est packaging, bouteilles,
19:44 et deux tiers dans le textile.
19:47 Donc, si vous prenez le PET, aujourd'hui, vous avez 90% du PET qui n'est pas recyclé.
19:52 D'accord.
19:53 Parce qu'on ne sait pas faire.
19:54 On ne sait pas faire parce qu'on a des plastiques, on a des emballages qu'on appelle des plastiques complexes,
19:58 donc qui réunissent plusieurs types de plastiques, des plastiques souillés.
20:01 Il faut respecter des contraintes de couleur.
20:04 Donc, il y a tout un procédé qui fait que le recyclage est très difficile.
20:08 Comment réfléchir aux solutions ?
20:11 Et comment les entreprises qui sont impliquées dans cette filière plastique réfléchissent aux solutions envisageables,
20:21 possibles, demain, après-demain, en tout cas pour essayer de tenir un engagement tel qu'il a été fixé par les ministres du G7,
20:28 suppression des déchets plastiques d'ici 2040 ?
20:30 Aujourd'hui, il y a deux types de solutions, en tout cas que l'on voit à travers des sociétés côté en bourse et à travers les sociétés innovantes.
20:39 La première est plutôt au niveau du recyclage et la deuxième pour vraiment des nouveaux plastiques.
20:46 Donc, je dirais la première au niveau du recyclage.
20:49 Comme je vous le disais, le recyclage, c'est un véritable jeu parce que c'est difficile, il y a beaucoup de contraintes.
20:56 Et surtout, aujourd'hui, si on regarde le recyclage dans le plastique, c'est ce qu'on appelle du recyclage mécanique.
21:00 C'est 99% du recyclage mécanique, c'est-à-dire qu'on collecte, on trie, on broie et on reconstitue.
21:05 Ça, c'est le cas pour le PET et le problème de cette technique, c'est que les propriétés du PET s'altèrent au fur et à mesure du nombre de recyclages.
21:15 Donc, on peut répéter ce cycle que trois ou quatre fois et après, ça devient du déchet plastique.
21:20 Donc, c'est une solution presque temporaire.
21:22 Il y a une société en France qui s'appelle Carbios qui, justement, a développé une solution de recyclage,
21:29 cette fois qui n'est pas mécanique, mais plutôt enzymatique, qui a des enzymes propriétaires et qui, en fait, arrive à déconstruire le PET pour le reconstituer par la suite.
21:39 Et en fait, le schéma de Carbios est très intéressant puisqu'en fait, il permet de s'affranchir des contraintes du recyclage mécanique
21:48 parce que, premièrement, on peut recycler tout type de PET, peu importe la couleur, la constitution de l'emballage.
21:57 Et en plus de ça, le PET, les propriétés du PET ne s'altèrent pas au fur et à mesure des cycles de recyclage.
22:05 Donc, c'est là où, en fait, on économise réellement du déchet plastique.
22:10 Ils ont son goût de ce procédé parce que c'est une small cap, mais ça pèse quand même quelques centaines de millions de marqués de cap.
22:14 Oui, c'est 340 millions de marqués de cap.
22:16 340 millions de marqués de cap. C'est une boîte historique, enfin voilà, un nom connu, on va dire, de la cote small cap parisienne.
22:23 Ils ont son goût du procédé, l'industrialisation de ce procédé est aujourd'hui possible, il y a des partenariats.
22:29 Où est-ce qu'ils en sont justement de leur développement ?
22:32 Alors aujourd'hui, la technologie de Kyra Bio s'est totalement validée.
22:36 Donc, on sait qu'ils ont des partenariats. Ils ont un partenariat exclusif avec Novozyme pour la production d'enzymes.
22:41 Ils ont aussi un partenariat avec Indorama. Donc, ils ont déjà leur démonstrateur.
22:45 C'est pour ça qu'on sait que technologiquement, ça fonctionne très bien.
22:48 Maintenant, ils sont en pleine phase de lancement commercial. L'idée étant de signer évidemment des licences comme beaucoup de biotech industrielles.
22:59 Nous, on pense qu'ils sont en excellente voie pour y arriver parce qu'ils ont une technologie qui est unique et qui répond à un véritable besoin aujourd'hui dans le cadre de cet enjeu de déchets plastiques.
23:09 Qui sont leurs clients naturels ? Ce sont les boîtes de recyclage, les boîtes de collecte de déchets de recyclage ?
23:16 C'est toute cette chaîne-là qui est visée ?
23:19 Toutes les entreprises qui sont exposées de près ou de loin au PET sont des clients potentiels pour Kyra Bio.
23:30 L'autre manière de faire, c'est comme vous le disiez, c'est dès la production, dès la conception du plastique,
23:37 essayer d'apporter quelque chose de nouveau, de bio, de différent qui puisse changer le cycle de vie du produit derrière.
23:46 Tout à fait. Là, c'est justement un autre type de solution qui pour moi est complémentaire à celle de Kyra Bio.
23:52 Souvent, j'entends que c'est antinomique. Ce n'est pas le cas. C'est complémentaire. Le marché est tellement large que de toute façon...
24:00 Oui, on a besoin du recyclage et des nouveaux plastiques, j'imagine.
24:04 Là, on a une société hollandaise qui s'appelle Aventium, qui est aussi coté en bourse,
24:07 qui est un peu plus petite en termes de capitalisation boursière que Kyra Bio,
24:11 parce qu'elle fait 150 millions de marques à cap, qui a développé un nouveau plastique qui s'appelle le PEF,
24:17 qui correspond aux mêmes usages que le PET, mais sauf que là, c'est un plastique qui est 100% végétal.
24:27 Aujourd'hui, la plupart des plastiques, 99% sont composés de dérivés pétrochimiques.
24:33 Et là, le PEF, c'est 100% végétal. C'est issu de la pulpe de betterave, mais ça peut être aussi issu de céréales.
24:41 Et l'idée, c'est de produire un plastique qui soit bio, à mesure où il n'est pas dérivé de pétrochimie.
24:52 Et surtout, ce qui est intéressant avec le PEF, c'est qu'il a des propriétés techniques qui sont supérieures à celles du PET et du RPET,
24:59 puisqu'il permet une meilleure barrière à l'oxygène, il est plus léger, il est plus résistant.
25:03 Et là, où est-ce qu'ils en sont ? De la techno, du cycle de développement ? C'est une boîte néerlandaise, c'est ça ?
25:09 C'est une boîte néerlandaise, tout à fait. Eux, ils ont passé la phase démonstrateur, ils sont en train de créer leur usine à vocation commerciale.
25:17 Et ils ont signé leur première licence avec un partenaire américain qui s'appelle Origin.
25:21 Et l'idée, c'est de continuer à signer des licences pour pouvoir permettre à d'autres acteurs de la chimie verte de créer le PEF et ensuite de le commercialiser.
25:32 Quand on parle d'utilisation de végétaux, céréales ou pulpes de betterave, c'était la question qu'on se posait aussi sur les biocarburants.
25:40 On parle de déchets, ils arrivent avec des déchets de végétaux qui n'amputent pas, j'allais dire,
25:46 par exemple, la consommation de céréales pour l'alimentaire ou pour la nourriture, ils arrivent à utiliser des parties non nobles ou de déchets végétaux pour cette production-là ?
25:58 C'est toute la question, c'est vrai que ça revient souvent.
26:01 Vous m'avez vu ça avec les biocarburants, je me souviens très bien.
26:04 Ils utilisaient à un moment la céréale et donc il fallait quand même utiliser des surfaces qui auraient pu être des surfaces agricoles alimentaires pour de la production de carburants.
26:13 C'est difficile de répondre à cette question parce qu'aujourd'hui ils utilisent de la betterave qui pourrait être dans le circuit alimentaire.
26:24 Maintenant, on peut faire du PEF, ce qu'on appelle le feedstock, la matière dont on a besoin pour faire du PEF doit être végétale et ça peut être de plusieurs sources.
26:36 Ça peut être autre chose ?
26:37 Ça peut être du bois, ça peut être du glucose, on peut s'affranchir de cette problématique.
26:43 Paul Defremand, analyste chez Brian Gardier qui vient régulièrement évoquer avec nous les sujets de transition écologique et environnementale sur le sujet du plastique en l'occurrence.
26:58 Voilà pour cette édition Smart Bourse de la mi-journée, on se retrouve à 17h en direct sur Bismarck.
27:03 [Musique]

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