BE SMART - Emission du jeudi 11 mai

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Jeudi 11 mai 2023, BE SMART reçoit Marc Lhermitte (Associé EY Consulting, Responsable du programme Attractivité, France, EY) , Xavier Barbaro (PDG, Neoen) et Jean-Pierre Petit (président, Cahiers Verts de l'Économie)

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Transcription
00:00 Salut à tous, c'est Bismarck, émission interview aujourd'hui, comme on le fait régulièrement.
00:13 D'ailleurs, on redémarrera aussi lundi avec des interviews et puis ensuite on reprendra
00:17 nos débats.
00:18 Bah oui, mais parce qu'en même temps, c'est l'un des rares marronniers en fait de l'actualité
00:26 économique que nous offre tous les ans EY avec ce rapport très intéressant sur l'attractivité
00:31 de la France.
00:32 Vous allez voir, il y a, comme à chaque fois, des choses très très intéressantes.
00:34 Le nouvel ADN de l'attractivité hexagonale, on n'avait pas passé à côté du nouvel
00:39 ADN de l'attractivité hexagonale.
00:41 Donc on va vous raconter ça.
00:42 Et dans ce cadre d'ailleurs, on discutera aussi avec Xavier Barbaro, le patron de Neon.
00:48 Je ne sais pas si vous connaissez Neon.
00:49 C'est vrai que c'est un objet d'entreprise assez particulier.
00:53 En fait, Neon fédère un certain nombre de, pardon de le dire comme ça, mais c'est le
00:58 terme technique, de personnes morales qui sont autant de petits producteurs d'énergie.
01:03 Alors énergie nouvelle, énergie renouvelable, le solaire ou l'éolien, c'est là-dessus
01:08 qu'intervient Neon.
01:09 Avec un discours d'ailleurs sur l'hydrogène très intéressant.
01:13 Un discours sur les batteries, un discours sur l'hydrogène très intéressant qui,
01:16 je dois l'avouer, me fait énormément réfléchir.
01:19 Bref, on va vous raconter tout ça.
01:20 On le sait, on le dit, vous connaissez l'énergie.
01:22 Il n'y aura jamais de solution unique.
01:24 Il n'y a pas de solution unique.
01:25 Il ne faut pas d'anathème.
01:26 Il faut évidemment absolument essayer de réunir l'ensemble des forces et l'ensemble
01:31 des énergies.
01:32 C'est le cas de le dire.
01:33 Et puis Jean-Pierre Petit viendra nous voir.
01:34 Qu'est-ce qui l'intéresse en ce moment ? Donc on fera notre interview régulière
01:38 sur les enjeux de la semaine.
01:41 On verra ça ensemble.
01:43 La réindustrialisation, on l'intéresse.
01:44 C'est un peu la thématique avec laquelle on va démarrer tout de suite avec EY et avec
01:49 l'attractivité.
01:50 C'est parti !
01:51 [Générique]
01:55 Donc on démarre avec Marc Lhermitte.
01:57 Salut Marc.
01:58 Bonjour Stéphane.
01:59 Merci EY.
02:00 L'attractivité de la France.
02:03 On va voir le titre que tu as choisi parce que, évidemment, la titraille est là.
02:08 La France devant malgré tout.
02:09 Alors vas-y, qu'est-ce que ça veut dire ?
02:12 La France en tête d'abord parce qu'on compte chaque année.
02:14 Stéphane, depuis plus de 20 ans, les résultats de la France, sa capacité à attirer des
02:21 investissements étrangers, c'est-à-dire nouvelles implantations d'usines, de centres
02:24 de recherche, parfois de sièges sociaux.
02:26 Et cette année, pour la quatrième année consécutive, la France est en tête de cette
02:31 course à l'échalote européenne sur qui va, dans un monde très troublé, on va sans
02:36 doute en reparler, attirer le plus d'investissements, les plus beaux investissements.
02:41 1259 pour la France en 2022, c'est assez considérable.
02:45 C'est la dynamique qu'on a observée ces dernières années, transformation de la France
02:49 assez remarquée, assez remarquable.
02:52 1259, attention, ce n'est pas des ouvertures d'usines.
02:57 Ça peut être des extensions et c'est d'ailleurs majoritairement des extensions.
03:01 C'est majoritairement des extensions, au deux tiers même des extensions.
03:03 C'est un sujet qui est préoccupant.
03:07 Finalement, c'est comme si des industriels, des entreprises qui avaient un peu abandonné
03:11 la France entre 2000 et 2015, rallumaient la lumière dans des usines, faisaient un peu
03:16 de rattrapage de leurs investissements.
03:18 Ils sont assez prudents aussi sur leurs investissements en France.
03:20 Donc deux tiers d'extensions, un tiers de toutes nouvelles implantations.
03:24 Et c'est un très bon résultat.
03:27 C'est un très bon résultat.
03:29 Tu nous dis malgré tout.
03:30 Malgré le contexte de 2022 et celui qui a ouvert l'année 2023.
03:35 Mais malgré tout en France, pas malgré tout dans l'instabilité géopolitique qui nous
03:40 entoure.
03:41 Malgré tout d'abord en Europe et dans le monde, puisque l'année 2022 a connu une cassure
03:45 au printemps été.
03:46 Beaucoup d'entreprises, petites et grandes, ont vu arriver, se sont heurtées à un mur
03:52 qui est celui d'abord de l'énergie et puis des conséquences économiques de cette crise
03:57 géopolitique.
03:58 Donc ça a été une vraie cassure puisque dans notre enquête, près de 50% des entreprises
04:02 nous disent avoir revisité leurs plans, leurs projets d'investissement.
04:06 Certaines ont complètement annulé, d'autres ont reporté.
04:08 Beaucoup ont réduit la voilure pour s'adapter, se mettre un peu en position tempête en 2022
04:14 et début 2023.
04:15 2023, évidemment, quand on regarde notre petit cloche merle français, on a un climat
04:19 politique et social qui a sans doute également inquiété, préoccupé, alerté les dirigeants.
04:25 On va en reparler, Marc.
04:26 Mais est-ce que ce que tu fais, mi-2022, printemps 2022, il y a évidemment l'offensive russe
04:33 sur l'Ukraine, mais il y a aussi les annonces de Joe Biden autour de son plan de réindustrialisation.
04:37 C'est majeur, c'est vraiment une arme d'attractivité massive.
04:40 C'est du marketing à l'américaine, très bourrin, très fort.
04:47 50% des investissements finançables dans un certain nombre de catégories industrielles
04:52 liées à l'énergie verte, par crédit d'impôt, auquel les États américains, qui sont très,
04:59 très, très dispendieux et très généreux, des États du sud des États-Unis, de nouveaux
05:03 États qui cherchent à être dans la course, de la Californie, du Texas, qui ont déjà
05:07 attiré et fait presque le plein d'investissements étrangers, l'Oklahoma, le Kansas.
05:11 Il faut regarder nos équipes le font, et moi, j'y interviens de temps en temps.
05:15 Ce que font les États américains, c'est ce que faisait l'Europe en restructuration
05:19 industrielle dans les années 80, c'est-à-dire des investissements, enfin plutôt des aides
05:22 publiques cash, qu'on n'a plus le droit de faire dans beaucoup de pays européens et
05:26 qu'on n'a absolument pas le droit de faire en France, qu'on ne fait pas d'ailleurs.
05:29 Donc ça, c'est évidemment dans un moment où les entreprises recherchent des marges,
05:34 cherchent à financer des activités industrielles innovantes autour de la transition écologique,
05:38 autour de l'énergie, autour de la santé.
05:40 Il y a eu des annonces très fortes de grands groupes industriels plutôt allemands pour
05:44 l'instant, Volkswagen, Wiesmann, qui ont dit "moi je mets mes prochains investissements,
05:50 je les mets aux États-Unis parce que c'est imbattable".
05:53 Oui mais c'est phénoménal.
05:54 C'est phénoménal.
05:55 Pour ces Volkswagen qu'il dit, enfin...
05:57 C'est phénoménal.
05:58 Il tombe de sa chaise quand même.
05:59 Le Volkswagen français ne l'a pas encore dit, il ne l'a pas dit, il n'y a pas de raison
06:02 qu'il...
06:03 Non mais justement, parce que je le précise d'un mot, Volkswagen, pourquoi j'insiste sur
06:06 Volkswagen, Volkswagen c'est une entreprise quasiment para-publique, enfin...
06:10 C'est une entreprise publique.
06:11 Voilà, enfin c'est une entreprise publique à travers le land, à travers les Landesbanken,
06:15 enfin...
06:16 Et donc on se rend compte du tremblement de terre.
06:19 Mais est-ce que tu confirmes, parce que vos équipes le savent ça, moi je lis des études
06:23 qui disent que c'est presque 70% des projets d'investissement internationaux qui sont
06:27 revisités, pas qui partiront aux États-Unis alors qu'ils auraient dû être en Europe,
06:33 mais en tout cas qui sont revisités, ralentis, mis sur pause.
06:36 Je pense que beaucoup s'interrogent, beaucoup d'entreprises, pas seulement les industriels
06:40 s'interrogent, mais d'abord il y a une réponse européenne, réponse européenne qui était
06:43 là précédemment, qui est complexe, qui est celle du Green Deal, qui est celle de
06:48 ce qui reste du plan de relance...
06:49 Des pièges, des projets d'investissement, d'initiatives européennes...
06:54 Qui est compliquée, qui est très complexe...
06:56 Deux ans d'instruction face au crédit d'impôt américain.
06:58 Il ne nous échappe pas aujourd'hui précisément que le gouvernement français essaie de faire
07:03 sa part du job en répondant, je pense que c'est une réponse à l'ARS qui se passe aujourd'hui,
07:10 c'est-à-dire le projet de loi Industrie Verte porté par Bruno Le Maire, avec une forme
07:18 de volume supplémentaire que lui donne le président Macron en invitant des centaines
07:22 de chefs d'entreprise à l'Elysée aujourd'hui, et Atchouz France, donc les investisseurs
07:26 étrangers Atchouz France lundi 15 mai.
07:29 C'est une réponse française qui est la réponse nationale auxquelles s'ajoutent les efforts
07:34 des régions qui sont moins monétaires que tout simplement en gestion de projet.
07:37 On n'est pas perdu ou perdant, simplement il y a une vraie interrogation.
07:41 Il y a beaucoup d'entreprises, et pas seulement en France, qui s'interrogent sur leurs arbitrages
07:45 industriels.
07:46 C'est plutôt des grands groupes.
07:47 Donc ça serait déjà assez catastrophique que trop de grands groupes aillent créer
07:53 des emplois, mettre de la valeur, faire de la fiscalité aux Etats-Unis quand elles le
07:57 font déjà ailleurs.
07:58 Le problème c'est aussi pour les PME, les ETI qui sont sous-traitantes de ces groupes
08:02 dans les chaînes industrielles.
08:03 Donc il faut être très très vigilant, pas s'alarmer pour l'instant, mais être très
08:09 vigilant et constater qu'il y a une vraie arme marketing et financière très très
08:16 puissante et qui est répétée en ce moment dans un salon qui s'appelle Select USA aux
08:21 Etats-Unis, qui est vendu à toutes les entreprises.
08:25 Et donc il faut qu'on fasse la même chose en Europe, il faut qu'on fasse la même chose
08:28 en France.
08:29 On va le faire.
08:30 You are dreaming my friend.
08:31 La logique des appels d'offres si tu veux par exemple, c'est ça qui est fou, ce qu'on
08:37 comprend bien, c'est à partir du moment où vous décarbonez et où c'est fait aux
08:40 Etats-Unis, vous avez droit au crédit d'impôt.
08:42 Emballez ces pesées.
08:43 En France, on est principalement sur les activités industrielles.
08:48 C'est ça qui nous intéresse.
08:51 C'est quand même le gros sujet du moment.
08:52 Le président a dit hier, la mère de toutes les batailles, c'est assez juste.
08:57 On fait remonter notre PIB industriel, mais très, par dixième de pourcentage en ce moment.
09:04 Donc il faut continuer parce que sans cet appareil de production de petites ou de grosses
09:09 usines, on n'arrivera pas à redresser la balance commerciale.
09:12 Beaucoup de choses en dépendent et l'emploi.
09:14 On est dans un pays où le taux de chômage reste élevé.
09:16 Avant de parler de l'emploi, ça c'est un autre sujet l'emploi à mon avis.
09:19 C'est le seul rapport que je vous fais.
09:21 Je ne perds pas espoir parce que je pense que la France, l'Europe, en ont vu d'autres.
09:25 On a eu les formidables capacités d'attraction et d'attractivité de l'Asie pendant longtemps,
09:32 du Maghreb qui reste importante, même s'il est un peu moins sous les feux des projecteurs.
09:38 Tous les pays de l'Est aussi, à certains moments, ont sorti de très gros moyens pour
09:42 rattirer des investissements industriels.
09:44 On voit d'ailleurs que ça marche encore.
09:45 Et finalement, nos pays d'Europe de l'Ouest mature, se défendent probablement en dix
09:52 ans.
09:53 On a des investissements qui comptent pour les dix ans qui viennent, des investissements
09:56 de valeur, des investissements dans les secteurs stratégiques, moins de volume, plus de valeur.
10:00 C'est probablement comme ça qu'il faut se battre tout en reconnaissant, en étant assez
10:04 pragmatique en France, avec 7% de chômage, on a besoin aussi que ces investissements
10:08 apportent de l'emploi.
10:09 Oui mais non.
10:10 C'est l'image que je prenais pour essayer de l'expliquer.
10:15 Il y a malheureusement bien davantage d'emplois dans les usines Fiat en faillite rachetées
10:21 par Stellantis que chez Tesla.
10:23 Donc je ne comprends pas.
10:25 Marc, très sérieusement, on avait peut-être déjà parlé les années précédentes.
10:27 Souvent.
10:28 Parce que le problème, malheureusement, les médias sont ainsi faits que, enfin je ne
10:33 sais pas si c'est la poule et l'œuf, est-ce que vous vous mettez en avant les emplois
10:36 parce que vous savez que c'est ce qui plaira aux médias, mais les médias reprennent cette
10:39 histoire d'emploi qui n'est pas un bon critère pour l'investissement industriel ?
10:42 Non, c'est un des critères.
10:43 Et pour être tout à fait honnête, puisqu'on en a déjà parlé Stéphane, l'emploi n'est
10:48 pas la force ou le bon résultat de la France.
10:50 On est d'accord.
10:51 C'est le contraire.
10:52 Et ce n'est pas le bon critère, ce n'est pas le seul critère.
10:55 Voilà.
10:56 Ce n'est pas forcément un obstacle.
10:57 On va reconnaître que dans un pays qui a un peu plus de 7% de chômage et à certains
11:00 endroits dans certains bassins d'emploi, on est encore à deux chiffres, donc on a
11:03 un gros problème de chômage encore en 2023 en France.
11:06 On va reconnaître qu'aller chercher de l'emploi, des investissements créateurs d'emploi,
11:10 retenir des entreprises françaises nées en France, ETI, PME ou grands groupes, qui
11:16 recrutent et qui vont recruter dans les années à venir, qui d'ailleurs ne trouvent pas
11:19 facilement à recruter, les retenir et avoir quand même l'emploi dans le viseur.
11:24 Mais c'est aussi les raisons pour lesquelles ils le font, elles le font ces entreprises.
11:30 Et pourquoi on regarde ça et pourquoi on se passionne pour ce sujet ? C'est parce
11:32 qu'il y a d'autres valeurs à aller chercher avec ces investissements, des valeurs technologiques.
11:37 Il y a toute une transformation ESG qui est en cours.
11:39 C'est ça.
11:40 C'est ce que tu appelles, alors raconte-moi, le nouvel ADN de l'attractivité hexagonale.
11:44 Parce que, alors on va le voir, on verra après les doutes à moyen terme, mais on va voir
11:50 ce que tu en vois sur l'innovation et sur la France Économie Innovante.
11:54 Il suffit de voir le graphique, voilà, même en le voyant de loin, c'est assez spectaculaire.
11:58 C'est la France qui est totalement à gauche là.
12:01 Voilà.
12:02 Totalement, totalement en tête du classement.
12:04 Nettement en tête du classement.
12:05 Le CER, 15 ans de crédit imporche.
12:07 Moi je fais...
12:08 Donc c'est 7 milliards quoi.
12:09 Voilà, 7 milliards par an qui sont, voilà, qui sont critiqués à peu près chaque année
12:13 pour des raisons qu'on peut comprendre.
12:15 Il y a probablement des améliorations, mais c'est un totem.
12:18 Le CER et l'innovation en France, la French Tech en général, enfin j'emballe quelque
12:22 chose qui est beaucoup plus complexe et divers que ça, mais ça fonctionne.
12:25 En tout cas, les investisseurs internationaux dans plein de secteurs d'activité, dans la
12:28 santé, dans l'énergie, dans la motorisation électrique ou hybride, viennent en France
12:35 pour faire de la recherche.
12:36 Intel, 1000 emplois promis à sa clé pour les 10 années qui viennent, c'est son hub
12:41 européen de R&D.
12:43 On n'attrape pas des mouches avec du vinaigre, c'est assez trivial, mais le CER et beaucoup
12:48 d'autres qualités et compétences à Paris universitaire d'enseignement supérieur font
12:52 que on est champion d'Europe de l'innovation, ça étonne presque plus personne.
12:55 Il faut quand même garder l'avantage en évitant que le CER justement soit affaibli.
12:59 Ah ouais, mais il est beau l'avantage.
13:01 Ça c'est une partie de l'ADN.
13:02 Tu écris 30% des projets manufacturiers dans l'automobile aujourd'hui sont destinés à
13:06 la production de véhicules électriques.
13:08 C'est trois fois plus qu'il y a quatre ans.
13:10 Ce n'est pas anormal parce que c'est une grosse priorité de la France et de l'Europe.
13:13 Et l'autre aspect de l'ADN, c'est, et ça il faudrait le marteler, la disponibilité
13:19 d'énergie décarbonée.
13:20 C'est l'éclair.
13:21 C'est un énorme étonnement de beaucoup et peut-être d'ailleurs des équipes EY qui
13:25 m'ont aidé à réaliser ce baromètre en France et dans une vingtaine d'autres pays.
13:29 C'est que la France a un atout reconnu d'ailleurs.
13:32 On n'est pas en train de parler de Davy, de Paris centre, même de Lyon.
13:36 Oui parce qu'on n'a pas donné la méthodologie, mais c'est plusieurs centaines de chefs d'entreprise
13:39 internationaux qui ont été interrogés.
13:41 Des neutres de la France et qui ont retrouvé un peu confiance dans la France, mais qui
13:47 surtout nous disent que le premier atout industriel de la France, c'est sa disponibilité
13:53 en énergie décarbonée.
13:55 Et nous pensons et nous voyons, parce que ce baromètre sort en Allemagne, sort dans
13:59 d'autres pays, mais en Allemagne notamment, il y a une énorme menace sur justement l'industrialement
14:06 allemand, pas seulement par l'IRA dont on vient de parler, mais aussi parce que ce
14:11 qui est produit d'énergie et qui vient faire fonctionner les usines, les centres de recherche
14:17 et d'ailleurs l'ensemble des villes allemandes et de la population, c'est une énergie très
14:23 carbonée.
14:24 C'est le charbon.
14:25 Donc notre avantage qui peut se trouver un peu resserré au détour de l'hiver parce
14:29 qu'on a un problème d'énergie, pour l'instant, à court terme, nos spécialistes le disent,
14:34 c'est un avantage majeur.
14:35 C'est un avantage dont il faut qu'on fasse beaucoup plus.
14:38 Deuxième atout industriel, les compétences.
14:40 Mais nos compétences ne sont pas plus excellentes que celles des Italiens, des Espagnols ou
14:46 des Allemands, mais on a probablement un bon mix qui fait que 40% des projets qu'on a recensés
14:51 en 2022 sont des projets industriels, plutôt de petites usines, des petites usines, plutôt
14:57 des extensions, mais qui vont dans des villes moyennes et des petites villes.
15:02 Donc on va s'en réjouir quelques secondes quand même Stéphane.
15:05 Non, non, non, mais je me réjouis, je me réjouis.
15:07 J'ai juste, mais ça aussi on en a parlé, nous sommes oui un marché de consommation
15:11 dynamique, c'est-à-dire qu'on a quand même, heureux comme Dieu en France, on est quand
15:17 même au milieu de l'Europe la plus développée avec un marché de consommation dynamique
15:22 et un accroissement démographique encore très relatif mais encore réel.
15:27 Et des grands donneurs d'or dans beaucoup de secteurs d'activité.
15:29 Donc rien que ça, ça donnerait de toute façon une dynamique.
15:32 C'est la première qualité fondamentale, structurelle de la France, deuxième économie
15:36 européenne.
15:37 Si elle était plus exportatrice, ça permettrait d'attirer plus d'entreprises qui viennent
15:41 aussi pour nos capacités d'exportation.
15:43 Pas tant aujourd'hui qu'il le faudrait demain.
15:46 Bon, ça c'est les bonnes nouvelles.
15:48 Attends, parce qu'il y a un élément qui m'a beaucoup surpris moi, qui est peut-être
15:51 aussi quand même une petite bonne nouvelle.
15:53 En panne d'emplois logistiques, la France.
15:56 Mais ça veut dire qu'on en a construit tellement qu'à un moment ça s'arrête ? Non, mais
15:59 tu crois qu'il y a… Parce que ça j'ai du mal à comprendre.
16:01 En panne d'emplois logistiques et tertiaires.
16:03 Non, c'est en… Alors sur le tertiaire, c'est-à-dire les emplois de bureau, back
16:06 office, siège, etc.
16:07 Il y a une transformation très lourde en ce moment, travail hybride, donc les entreprises
16:12 s'adaptent, donc il n'y a pas anormal qu'on fasse un peu moins, qu'on décide un peu
16:15 moins d'aller ouvrir un nouveau centre d'appel ou un nouveau centre de traitement
16:20 IT par exemple, notamment en France où les coûts restent élevés.
16:23 Sur la logistique, on a un autre sujet qui est un sujet qui commence, qui est très
16:27 lourd pour la logistique, qui commence à devenir un problème pour l'industrie, particulièrement
16:30 en France.
16:31 C'est presque le refus de vente.
16:32 C'est qu'on a dans beaucoup de territoires, beaucoup de grandes agglomérations singulièrement,
16:37 j'en nomme pas particulièrement, mais je pense qu'on peut les imaginer, des formes
16:42 de barrières à l'entrée, "not in my backyard", "mon foncier est rare", ce qui
16:47 n'est pas faux.
16:48 Et puis il y a une réglementation, le zéro artificialisation net qui va venir tendre et
16:53 finalement probablement donner ou exiger des élus qui privilégient le logement, qui
16:59 reste aussi un lourd problème.
17:00 Et donc l'activité économique est en premier l'activité logistique, assez consommatrice
17:05 de fonciers avec beaucoup de camions qui circulent, des réserves d'emploi qui se raréfient.
17:09 On dirait des villes comme Lyon et Bordeaux par exemple.
17:11 Des grandes agglomérations qui disent "moi je gère la rareté, je voudrais des projets
17:15 de valeur, vos emplois m'intéressent moins parce que je suis à 4% de chômage, et donc
17:21 allez voir le voisin".
17:22 Et le voisin c'est la grande ville d'à côté qui ne peut pas plus ou ne veut pas
17:25 plus.
17:26 Donc c'est vraiment un réflexe politique activiste Stéphane.
17:30 Mais c'est une petite musique qui commence à devenir un peu symphonique, qui est assez
17:37 troublante parce que toutes ces précautions sont légitimes.
17:42 Les précautions de l'environnement, précautions pour la protection de la population, gestion
17:47 du foncier rare et éventuellement de bassins d'emploi qui sont un petit peu moins disponibles,
17:52 c'est tout à fait légitime.
17:54 En face il faut être assez pragmatique et puis on a beaucoup d'entreprises qui toquent
17:58 à la porte de la France qui disent "moi la France nous intéresse".
18:00 C'est un pays qui fonctionne à peu près mieux vu de l'extérieur que ce qu'on pense
18:04 de l'intérieur, qui a un marché qui est assez dynamique, qui met beaucoup d'argent
18:11 public.
18:12 Les entreprises s'en inquiètent, on en parlera sans doute, ce sont quand même des inquiétudes
18:14 à moyen terme.
18:15 Mais pour l'instant on a beaucoup de clients qui viennent à la porte du magasin et on
18:19 est en train de leur mettre pas mal de barrières à l'entrée, sauf dans les petites villes,
18:22 les bassins d'emploi ou dans des régions comme les Hauts-de-France par exemple qui
18:26 ont vraiment besoin de restructurer, revitaliser leur tissu économique et leur bassin d'emploi.
18:30 Je voulais finir justement avec une note positive, donc on ne va pas en parler des
18:35 inquiétudes à moyen terme, on en reparlera.
18:37 Je reviendrai après.
18:38 Non, non, non, moi je veux finir puisque dans la minute qui nous reste sur ce que tu viens
18:43 de dire là, ce pays est bien mieux perçu finalement.
18:47 En plus on a même sur le prisme, sur la façon dont les étrangers nous perçoivent, nous
18:52 perçoivent, une grande partie de nos médias vont aller chercher le pire quoi.
18:57 On va te mettre la une du son, bien évidemment que le son nous défonce, mais enfin ça aussi
19:01 un autre aspect de ton enquête, le cancer qui ronge la Grande-Bretagne n'est pas prêt
19:06 de s'arrêter.
19:07 Mais la perception extérieure est en fait bien meilleure que la perception.
19:11 Moi je pilote des équipes européennes, on parle à nos clients qui sont un peu partout
19:14 en Europe.
19:15 Honnêtement, ils voient à la France quelques défauts, ils sont un peu inquiets, ils voient
19:20 les images que nous vivons nous voisins des manifestations, ça c'est clair.
19:25 Mais honnêtement, le miracle de la grande économie européenne c'est le miracle français.
19:30 Ils sont quand même assez étonnés de cette France qui continue à avancer, qui a des
19:36 bons résultats au plan de l'investissement international, qui est regardé par les Irlandais,
19:39 les Néerlandais, les Anglais, les Allemands, les Espagnols, tout le monde en veut de ces
19:43 entreprises, dans la tech, dans la santé, dans l'énergie, dans beaucoup de secteurs.
19:47 Et finalement, ils trouvent que la France se débrouille très bien, ils sont très
19:51 curieux, ils nous appellent pour savoir comment ça se passe en France.
19:54 Les recettes ont été assez simples, de la fiscalité, un droit du travail amélioré,
19:58 un peu de marketing et puis on redonne confiance, on est constant sur les engagements, on tient
20:04 les promesses.
20:05 Cinq ans après, ça se voit.
20:07 Et quand on est effectivement dans notre petite marmite, on est un peu plus remué, mais je
20:13 pense qu'il faut parfois aller nous regarder, se regarder soi-même de l'extérieur.
20:16 Sortir de son corps Stéphane !
20:18 Oui, mais tu comprends la frustration de l'exécutif ? Parce que la perception intérieure, c'est
20:27 quand même ce qu'il comprend en démocratie.
20:29 Oui, je comprends.
20:30 Ta phrase là, ce que tu viens de dire, je pense que Macron voudrait pouvoir le graver
20:36 dans le marbre de l'ensemble des mairies de France.
20:37 Je pense que celle de l'exécutif, ça doit être aussi la nôtre, parce qu'en fait,
20:41 ce pessimisme misérabiliste, avec de très lourds problèmes en France, les problèmes
20:45 de santé, sur l'appareil de santé, sur l'éducation, des populations qui ne ressentent
20:51 pas la joie et la dynamique économique qui n'est pas partout.
20:56 Il y a des restructurations, il y a des crises dans certains secteurs, mais on doit tous
21:00 ressentir qu'on a probablement encore quelques années de progression, de transformation,
21:07 et qu'il faut qu'on écoute un peu, qu'on ait les oreilles tendues à l'extérieur
21:10 pour voir revenir ces musiques un peu plus harmonieuses.
21:13 - Yes, absolument.
21:14 Merci Marc.
21:15 - Merci Stéphane.
21:16 - Marc Lhermitte donc, qui nous accompagnait au Continuum Smart.
21:19 - Donc, Xavier Barbaro est avec nous, le PDG de NEOEN.
21:28 Salut Xavier.
21:29 - Bonjour Stéphane.
21:30 - On va parler ensemble énergie.
21:31 Alors j'ai mis accélérer la transition, c'est ce que NEOEN fait d'ailleurs.
21:36 Voilà, on passe de, alors je parle sous tout contrôle, 10 gigawatts de capacité de production
21:42 ou de stockage, on va en parler, à 20 gigawatts échéance 2030.
21:47 Je tiens juste, c'est pas du tout, au contraire, tu le prends mal, au contraire, c'est pour
21:51 donner la mesure de ce que tu représentes.
21:53 Je me gourre pas, l'objectif de total il est à 100 gigawatts à peu près.
21:56 Donc ça veut dire que t'es pas, enfin t'es loin, mais en même temps pas si loin que ça.
22:01 - On est dans la même famille, on est peut-être sur un strapentin par rapport à quelques
22:05 gros, mais on est dans le même groupe.
22:07 - Quoi, les plus gros ils sont à quoi aujourd'hui, 150, 200 gigawatts, pas beaucoup plus ?
22:10 - Dans leurs annonces, parce qu'après il faudra voir la réalité.
22:12 - Alors c'est ça qui m'intéresse.
22:13 - Quand on regarde les Iberdrola, les Total, les BP, ils annoncent 80, 100, 120 gigawatts,
22:20 mais aujourd'hui quand on regarde ce qu'ils ont, NEOEN a à peu près un quart, parfois
22:26 un cinquième de ce qu'ils ont.
22:27 Donc ils ont peut-être beaucoup d'ambition, mais ils n'ont pas non plus, alors qu'ils
22:31 étaient partis plus tôt et avec des moyens plus importants que nous, ils ne sont pas
22:34 non plus 10 ou 20 fois plus gros aujourd'hui.
22:36 - Est-ce que ces ambitions sont à la mesure du défi qui est posé à l'humanité, pour
22:41 le dire très très largement ? C'est-à-dire le rythme aujourd'hui, on sait que sur le
22:45 solaire par exemple, les choses sont en train de s'accélérer massivement, vous, vous êtes
22:49 sur l'éolien.
22:50 - On fait aussi beaucoup de solaire.
22:52 - Vous faites aussi beaucoup de solaire.
22:54 - Les ambitions sont importantes, alors d'un pays à l'autre, il y a des réalités très
22:58 différentes.
22:59 On a suffisamment regretté que la France soit le seul pays de l'Union Européenne à être
23:04 en retard sur ses objectifs, et j'espère qu'on va arriver à rattraper notre retard, mais
23:08 il y a des pays assez vertueux en Europe comme ailleurs dans le monde, c'est vrai que d'un
23:12 pays à l'autre, on peut parfois avoir des réalités assez différentes, et c'est dommage
23:15 parce que fondamentalement, que ce soit en termes de techno ou en termes de prix, le
23:19 renouvelable on sait faire, les barrières sont administratives en fait.
23:23 - Quand tu dis en retard sur les objectifs, oui, mais c'est toujours le même sujet, c'est-à-dire
23:28 on était en retard sur les objectifs, mais en même temps on a déjà un mix tellement
23:31 bas qu'on doit considérer qu'on peut se permettre d'être en retard sur les objectifs, les
23:35 autres sont tellement loin de nous que...
23:36 - Oui, après ça rejoint...
23:38 - Le sujet est peut-être pas le même, enfin je sais que c'est comme ça que parfois les
23:41 Français voient les choses.
23:42 - C'est une manière de regarder le sujet, mais il y a aussi de toute façon, même indépendamment
23:48 du vert ou pas vert, ou du carboné ou décarboné, parce qu'on ne sait jamais trop où ranger
23:52 le nucléaire, mais il y avait aussi de toute façon en 2022 une question de production.
23:56 Le renouvelable a quand même un avantage en plus d'être vert et d'être pas cher, c'est
24:00 qu'on peut déployer rapidement.
24:01 On a vu la France en 2022 quémander, tendre la main à ses voisins pour avoir de l'électricité
24:06 parce que notre marque nucléaire était à l'arrêt.
24:08 Donc même indépendamment de "est-ce qu'on doit rentrer dans des objectifs européens
24:11 d'énergie renouvelable", la France a un besoin intrinsèque d'avoir plus d'électricité
24:16 domestique qu'on n'arrive pas aujourd'hui à satisfaire.
24:20 Donc de toute façon, même indépendamment des contraintes un peu exogènes ou un peu
24:23 théoriques ou un peu administratives, on a besoin en France de rajouter de l'électricité
24:27 et ça il faut qu'on s'y mette parce que l'an dernier on l'a payé cher au sens propre.
24:30 Et on en parle assez peu.
24:32 La vitesse de déploiement est aujourd'hui l'une des forces principales du renouvelable
24:39 finalement.
24:40 Bien sûr.
24:41 Un directeur nucléaire, on le voit, alors on a beau dire "ah oui mais Flamanville ou
24:45 Olkioloto en Finlande, ah oui mais c'est des têtes de série donc c'est normal que
24:48 ce soit lent".
24:49 Non non non non non.
24:50 Ça c'est ce qu'on entend, ça fait partie des éléments de langage d'EDF en disant
24:54 "vous inquiétez pas les prochains iront plus vite".
24:56 Non non, attends, il n'y a toujours aucun électron qui n'est sorti de ces trucs qu'on
25:02 a commencé à construire il y a 15 ans, 16 ans.
25:04 On sait parce que nous en Finlande on aide avec nos batteries, on aide le réacteur nucléaire
25:08 à démarrer.
25:09 Mais il n'arrive pas à démarrer d'ailleurs.
25:10 Il n'arrive pas à démarrer.
25:11 Et donc c'est gros bébé, la gestation prend 15, 18 ans.
25:17 Nous avec notre renouvelable, peut-être que ce sont des choses plus petites mais mise
25:22 bout à bout on arrive à des volumes importants, on va en reparler.
25:25 Nous on sait faire la même chose en un an.
25:27 Quand on a construit par exemple la plus grande centrale solaire de France qui est près de
25:31 Bordeaux, qui à l'époque d'ailleurs était aussi la plus grande centrale solaire d'Europe,
25:34 Assestas, c'est un projet de Néon, 300 mégawatts.
25:36 300 mégawatts c'est à peu près le tiers d'une tranche nucléaire.
25:40 On a construit ça en 9 mois.
25:41 Le tiers d'une petite tranche nucléaire, c'est le tiers d'un des deux réacteurs de
25:45 Fessenheim.
25:46 Oui.
25:47 Recréé Fessenheim.
25:48 C'est pas beaucoup, on va pas trop… Non non mais vas-y, vas-y.
25:50 Mais on aurait pu, nous on était limité à 300 mégawatts pour des questions administratives.
25:54 Donc si on avait construit non pas 300 mais 900 ou non pas 900 mais 1800, ça aurait pas
25:59 pris plus de temps.
26:00 Plus de place peut-être.
26:02 Plus de place évidemment, mais on sait faire une centrale solaire, entre guillemets, quelle
26:06 que soit sa taille, en moins d'un an.
26:08 C'est ça qu'il faut retenir.
26:09 Nous on nous a limité à 300, mais parce que les contraintes étaient administratives,
26:14 on aurait pu faire plus.
26:15 Contraintes d'emprise au sol ?
26:17 Non, contraintes de volonté de… Enfin il y avait une question d'emprise au sol, il
26:22 y a une question de capacité du réseau.
26:23 Nous par exemple, nous Néohenn, en Finlande ou en Australie, on fait des centrales bien
26:27 plus grandes que ça et on les fait dans la même durée.
26:29 Et donc à la fin…
26:31 L'Australie ils ont de la place.
26:32 L'Australie ils ont de la place, mais en France aussi on a de la place.
26:37 On est le plus grand pays d'Europe.
26:39 Il n'y a aucune raison pour qu'il y ait en France 4 fois moins d'éoliens ou 5 fois
26:44 moins de solaire qu'en Allemagne, qui est un pays 2 fois plus petit physiquement.
26:47 Donc on se met des barrières mentales en vrai.
26:50 Et on s'est fait… Est-ce qu'on n'a pas… On est rentré dans une espèce de
26:55 bataille des énergies les unes contre les autres.
26:57 Soit on est pour le nucléaire, soit on est pour l'éolien.
27:00 Il y a quelque chose d'un peu absurde dans le débat là-dessus.
27:03 Alors nous, chez Néohenn, on n'est pas anti-nucléaire.
27:06 Alors il y a parfois des pro-nucléaire qui sont anti-renouvelables parce qu'ils ont
27:08 l'impression d'être menacés.
27:09 La réalité c'est que ce qui marche bien c'est un mix.
27:12 C'est de l'hydraulique, c'est du nucléaire.
27:14 En particulier le parc qu'on a déjà, il a coûté suffisamment cher à la France pour
27:18 qu'on continue à l'entretenir.
27:20 C'était idiot de fermer Fessenheim, enfin je suis le premier à le penser.
27:22 À la limite on apprend à fermer des centrales.
27:25 C'est peut-être ça qui un jour sera utile.
27:27 On a ce côté laboratoire mais bon c'est quand même un peu dommage.
27:30 Mais ce qui marche bien c'est d'avoir de l'hydraulique, du nucléaire, de l'éolien,
27:35 du solaire, des batteries.
27:36 Ce qui marche bien aussi c'est d'avoir des interconnexions avec les pays voisins
27:39 pour s'échanger quand il y a du surplus en Espagne ou du surplus en Irlande puisqu'on
27:42 est en train de connecter l'Irlande à la France.
27:44 C'est extrêmement pertinent.
27:46 Et donc il ne faut pas être dogmatique.
27:47 On a vu où le tout nucléaire nous avait mené l'an dernier.
27:51 On nous disait pendant des décennies la beauté du nucléaire français c'est d'avoir fait
27:54 un effet de série, c'est d'avoir un parc.
27:56 C'est comme ça que ça nous a coûté pas si cher que ça.
27:59 Le problème d'un effet de série ou d'une série c'est que quand il y a un défaut
28:03 de série, ça met tout à l'arrêt d'un coup.
28:06 J'espère qu'on est en train de le régler.
28:07 Mais donc il ne faut pas miser sur le tout nucléaire.
28:10 Il ne faut pas non plus miser évidemment sur le tout éolien.
28:12 On arrive à voir, Néohen l'a montré en Australie-méridionale qui est l'état où
28:17 se trouve Adelaide, qu'avec du solaire, de l'éolien et du stockage, on pouvait passer
28:22 la barrière des 50% de renouvelables.
28:24 C'est déjà super bien.
28:26 C'est autant d'électrons carbonés en moins, c'est autant de dollars économisés
28:31 pour les clients résidentiels locaux parce que le renouvelable coûte moins cher.
28:35 Arriver à 100% ce n'est pas si simple.
28:38 Continuons évidemment à faire vivre le parc existant.
28:40 La France c'est un pays béni des dieux.
28:41 On a en plus la chance d'avoir des barrages.
28:43 C'est la plus belle des énergies l'hydraulique.
28:45 Heureux comme Dieu en France, lisez Goethe.
28:48 Il y a un sujet intéressant au niveau du prix.
28:53 Le dernier change par l'événement sous ton contrôle attribué à EDF, d'éolien
28:59 offshore, qui est un peu plus complexe j'imagine, beaucoup plus, et donc qui va sortir à 45
29:06 euros le mégawatt-heure.
29:07 Attention, 45 euros le mégawatt-heure c'est la sortie de l'éolienne.
29:12 Il faut effectivement le remettre dans un mix général pour avoir le prix total, comme
29:18 le dit Jean-Marc Jancovici, système contre système pour assurer.
29:23 Mais ça veut dire que là, 45 euros le mégawatt-heure c'est le prix de l'électricité nucléaire,
29:28 enfin en tout cas c'est le prix auquel EDF estime.
29:30 C'est le prix de l'électricité nucléaire déjà amorti.
29:32 Déjà amorti.
29:33 Les EPR c'est trois fois plus cher.
29:35 Oui tu as raison, c'est le prix de l'énergie nucléaire déjà amorti.
29:38 Ça envoie un signal, alors d'un côté je lis "c'est pas raisonnable, c'est une folie"
29:45 et en fait ils tirent les prix vers le bas mais ils n'y arriveront pas.
29:48 D'un autre côté, est-ce que ça envoie un signal de compétitivité maintenant vraiment
29:54 établie de l'ensemble de ces systèmes ?
29:56 Il me semble que la branche renouvelable d'EDF a suffisamment démontré sa capacité à
29:59 faire les choses pour de vrai.
30:01 Il y a Bruno Bensasson qui dirige cette belle maison, je pense ses regards sont tout à
30:05 fait rationnels donc j'imagine que les calculs ont été vus et revus.
30:08 Je trouve que ça envoie un bon signal d'abord pour la France parce que ça veut dire qu'on
30:12 va avoir de la capacité de production électrique domestique en plus.
30:16 Ça envoie un bon signal évidemment pour nous les clients puisque ce seront les électrons
30:21 les moins chers de France donc on peut s'en réjouir et je pense que EDF saura faire.
30:25 Ça veut dire aussi deux choses.
30:26 Ce seront les électrons les moins chers de France ?
30:28 Oui, alors nous on saura probablement faire du solaire à peu près à ce niveau-là dans
30:32 les prochaines années.
30:33 Mais aujourd'hui 45 euros c'est moins cher que le nucléaire, c'est moins cher que tout
30:37 le reste du renouvelable.
30:38 Même que l'éolien sur terre ?
30:39 Oui, l'éolien sur terre.
30:40 Aujourd'hui d'ailleurs les prix remontent parce que les turbines remontent un peu.
30:43 Il y a des effets d'échelle en mer qu'on n'a pas à terre.
30:46 Ce sont des parcs immenses avec des éoliennes très puissantes.
30:49 Donc ce seront les électrons les moins chers de France et donc on peut s'en réjouir nous
30:53 finalement et nos entreprises, nos industries.
30:56 Je pense qu'EDF y arrivera mais ça veut dire aussi que EDF a une vision de long terme
31:02 parce qu'on n'arrive pas à amortir à 44 ou 45 euros un investissement pareil si on
31:09 regarde seulement le contrat de vente à l'État.
31:13 Donc ça veut dire que EDF sait que ses centrales, ses parcs éoliens en mer produiront encore
31:18 en masse au-delà de leur premier 20 ans.
31:23 C'est ça, ses 20 ans d'engagement avec l'État.
31:25 Ça veut dire qu'au-delà de ça, il y aura encore de la production en masse.
31:28 Donc ça veut dire que ces parcs éoliens en mer vont avoir de la production massive
31:32 dans la durée.
31:33 C'est aussi ça qui permet finalement de vendre les premières deux décennies à un
31:38 prix aussi compétitif.
31:40 Ça veut dire aussi, parce que EDF ne fait pas ça tout seul, ça veut dire que des co-investisseurs
31:45 et que des prêteurs trouvent un intérêt économique à investir dans ce genre de parcs
31:50 éoliens en mer.
31:51 Ce qui veut dire que non seulement c'est bien pour EDF et bien pour la France mais
31:54 c'est bien aussi pour notre industrie.
31:56 C'est avec notre industrie que ce soit en mer, que ce soit à terre, est devenu suffisamment
32:00 mûr pour que des grands fonds d'infrastructure, pour que des grands prêteurs y trouvent leur
32:05 compte.
32:06 Et ça c'est ce que vous avez senti dans l'opération d'augmentation de capital
32:09 que vous avez menée ?
32:10 Oui, elle a été très bien suivie d'abord par nos actionnaires historiques et on les
32:13 remercie mais aussi par des nouveaux actionnaires.
32:15 Elle a été sursouscrite.
32:16 Donc on voit que l'éolien en mer pour EDF comme l'éolien terrestre pour Néon ou
32:22 le solaire de grande taille pour Néon ou les batteries dont on va reparler pour Néon
32:26 sont mieux comprises, sont considérées comme des classes d'actifs finalement intéressantes
32:31 d'un point de vue financier, intéressantes d'un point de vue industriel.
32:35 Ce sont des actifs réels plus que des crypto-monnaies ou plus que des start-up avec des idées parfois
32:41 brillantes mais un peu fragiles.
32:42 On est dans l'infrastructure.
32:44 Pourtant beaucoup moins de risques paradoxalement que beaucoup d'autres installations.
32:48 Et on est évidemment dans la décarbonation donc on est dans le sens de l'histoire.
32:51 Alors, stockage, oui, effectivement, parlons-en.
32:55 Stockage, c'est une des marques distinctives de Néon.
32:57 Oui, mais c'est le challenge en fait qui est devant les industries énergétiques.
33:01 Bien sûr, 80% de nos investissements vont dans le solaire ou l'éolien.
33:02 C'est-à-dire que le stockage ce n'est entre guillemets que 20% de ce qu'on fait.
33:05 Mais ces 20% d'abord constituent quelque chose d'assez original puisqu'on a beaucoup
33:09 d'avance sur tous nos concurrents, y compris les gros.
33:11 Et ces 20% de stockage donnent beaucoup plus de valeur et beaucoup plus de liberté aux
33:15 autres 80%.
33:16 C'est-à-dire que nos électrons solaires ou nos électrons éoliens, ils sont partiellement
33:20 lissés par ces batteries.
33:22 Donc, ils ont plus de valeur pour nos clients industriels puisqu'au lieu de les envoyer
33:26 au gré du vent ou au gré du soleil, on arrive finalement à promettre une continuité dans
33:32 la production électrique.
33:33 Sur une toute petite quantité quand même aujourd'hui, non Xavier ?
33:36 Nous, on a signé en 2022, au quatrième trimestre 2022, avec BHP, donc un des gros miniers australiens
33:43 qui nous achète ce qu'on appelle un ruban, donc du 24/7, de l'électricité fournie
33:46 en continu pour ces mines en Australie, à l'échelle de plusieurs dizaines de mégawatts.
33:52 Alors, on n'est pas encore dans les centaines de mégawatts ou dans les gigawatts qui peuvent
33:57 alimenter, quand on regarde par exemple tout le cluster industriel de Dunkerque, il est
34:03 largement alimenté par la centrale nucléaire de Gravelines.
34:05 Mais on est au-delà de l'anecdotique.
34:08 Dans ce que fait Néon, on est déjà à l'échelle, on est sur des contrats de dizaines ou même
34:12 quand on regarde dans la durée, de centaines de millions d'euros pour alimenter des actifs
34:16 industriels en dizaines de mégawatts.
34:19 Si vous me passez l'expression, c'est du lourd.
34:22 On n'est pas dans le petit contrat qui est là pour faire joli dans le rapport annuel.
34:28 On alimente pour de vrai des mines en Australie.
34:32 On n'est pas juste pour alimenter la barrière à l'entrée.
34:35 D'accord.
34:36 Et là-dessus, il y a une courbe de progression qui pourrait être exponentielle.
34:42 Bien sûr.
34:43 Chez Néon, et c'était un des thèmes de notre augmentation de capital, on va accélérer
34:46 dans le stockage.
34:47 On le faisait déjà beaucoup et on le faisait d'ailleurs mieux que d'autres.
34:50 Ce n'est pas qu'une question de volume, ce n'est pas qu'une question de déployer
34:54 du capital ou de construire des batteries.
34:55 C'est aussi la manière de les opérer.
34:56 C'est le savoir-faire distinctif que Néon a constitué depuis des années.
35:00 On va faire plus de stockage.
35:01 Battery management.
35:02 Exactement.
35:03 Et de manière de plus en plus intelligente.
35:05 La beauté des batteries, à la différence d'un parc solaire ou d'un parc éolien qui
35:09 sont des actifs un peu stand alone.
35:12 Ils sont construits, ils vivent leur vie.
35:14 Des batteries, on peut dans la même journée leur faire acheter de l'électricité quand
35:19 ce n'est pas cher, leur faire revendre quand c'est plus cher, les aider à soutenir
35:22 le réseau de manière instantanée.
35:24 Par exemple en Australie, on l'a vu, des centrales charbon qui se déconnectent.
35:28 Ou par exemple en Finlande, le nouvel EPR qui crée de l'instabilité parce qu'il
35:32 n'arrive pas à démarrer.
35:33 Ces batteries aident à maintenir la fréquence sur le réseau.
35:35 On peut aussi les aider à lisser nos électrons solaires ou éoliens.
35:38 On peut faire extrêmement de choses.
35:40 C'est un terrain de jeu génial pour des ingénieurs comme nous.
35:44 Et c'est en Australie que vous travaillez avec Tesla d'ailleurs ?
35:46 On a travaillé avec Tesla.
35:47 Vous avez travaillé avec Tesla sur ces sujets ?
35:48 On continue à travailler avec Tesla.
35:49 On a annoncé en décembre, il y a quatre mois, de nouveaux investissements sur la
35:53 base de technologie Tesla en Australie.
35:55 On ne fait pas que du Tesla.
35:57 On fait aussi du Nidec qui est une entreprise franco-japonaise.
36:00 Il y a du savoir-faire et de l'excellence française dans les batteries.
36:03 On va travailler avec Ntech qui est une société bretonne qui fait aussi des batteries.
36:07 On a travaillé avec Samsung, on a travaillé avec LG, avec Doosan.
36:11 On est en architecture.
36:13 On a quand même l'impression que vu l'enjeu, il y a besoin de très gros industriels quand
36:18 même pour être au rendez-vous.
36:21 On se réjouit de voir qu'il n'y a pas que Tesla.
36:24 On a une belle histoire d'amour avec Tesla.
36:25 Quand tu cites Samsung, on se dit qu'il y a du CapEx.
36:29 Les Chinois, les VYD, les gens dont on parle aujourd'hui pour les voitures électriques,
36:33 produisent évidemment aussi des batteries pour l'industrie énergétique.
36:36 On a en ce moment sous nos yeux une capacité de construction de batteries, de production
36:44 de batteries qui est en train de se décupler en Chine comme aux États-Unis grâce à l'IARE
36:49 comme en Europe.
36:50 Il y a des projets Northvolt en Suède.
36:52 Il y a aussi des projets…
36:53 En Suède peut-être ?
36:54 Peut-être, effectivement.
36:55 Peut-être aux États-Unis finalement.
36:56 Mais il y en aura aussi en Europe.
36:59 Et j'espère qu'il y en aura en France.
37:00 C'est une industrie où le savoir-faire européen est bien réel.
37:04 Ne nous privons pas d'avoir une capacité domestique de production de batteries.
37:08 Toi, vous n'êtes pas attiré par les sirènes américaines ?
37:11 On a tenté notre chance aux États-Unis.
37:14 On n'a pas réussi à se faire notre place.
37:16 Et comme Néon est un opérateur assez rationnel, si on n'y arrive pas, peut-être qu'on
37:21 a raté quelque chose.
37:22 Mais dans ce cas-là, on passe à autre chose.
37:24 Le monde est suffisamment vaste pour…
37:26 On s'est redéployé au Canada.
37:27 Donc on a au moins une petite couleur nord-américaine.
37:30 Un mot, enfin un mot, un tout petit peu plus, deux minutes.
37:33 J'ai lu que tu étais très prudent sur l'hydrogène.
37:35 Oui.
37:36 Ce qui me surprend quand on fait de l'éolien.
37:39 J'y crois beaucoup.
37:40 Et un jour, Néon produira des molécules d'hydrogène en plus de produire des électrons.
37:45 Et ce jour, ça sera avant 2030.
37:47 Pour l'instant, on fait des pilotes.
37:49 Mais les maths ne marchent pas.
37:50 Quand on regarde aujourd'hui le coût de production de l'hydrogène, surtout avec
37:54 une électricité qui est assez chère, ça ne donne pas envie d'investir.
37:58 C'est ça que je ne comprends pas, Xavier, quand j'ai lu justement ta déclaration là-dessus.
38:01 Pour toi, si tu utilises pour faire de l'électrolyse de l'énergie qui de toute façon, à la
38:09 sortie de tes éoliennes, ne pourrait pas rentrer sur le réseau, par exemple, parce
38:12 que c'est un moment où il y a trop de vent, il n'y a plus de place sur le réseau, le
38:16 coût est nul.
38:17 On peut le regarder comme ça, mais c'est encore plus opportun de mettre cette électricité
38:22 dans des batteries plutôt que de la mettre dans des électrolyseurs.
38:25 Par exemple ?
38:26 C'est un peu plus pour nous.
38:27 Ah oui, d'accord.
38:28 Toi, tu vois plus le stockage ?
38:30 Oui.
38:31 Mais effectivement, ce qu'on se dit, c'est que dans des endroits comme la Finlande ou
38:34 comme l'Australie, par exemple, où il y a beaucoup d'éoliens, beaucoup de solaire
38:39 en Australie et un réseau qui est un peu fragile, l'hydrogène permettra d'absorber
38:44 une partie des surplus d'électricité à un moment où soit ça ne vaut rien, parce
38:48 que parfois les prix descendent à zéro, ou à des moments où physiquement le réseau
38:52 n'arrive pas à évacuer.
38:53 Donc nous, on imagine très volontiers dans un avenir à moyen terme, 5-6 ans, d'avoir
38:58 des parcs NéoN avec du solaire, de l'éolien, des batteries, un électrolyseur.
39:02 Mais aujourd'hui, on ne voit pas encore l'équilibre économique, même avec des surplus d'électricité
39:09 comme on peut déjà en voir.
39:11 Mais on y croit beaucoup.
39:12 Sur une discussion avec Xavier Caicu-Coli qui était à ta place il y a une dizaine
39:16 de jours pour nous raconter sa foi en l'hydrogène.
39:20 C'est passionnant.
39:21 J'ai foi aussi.
39:22 On a des pilotes.
39:23 Par exemple en France, tout simplement, on a sur un ancien terrain militaire, la base
39:28 aérienne 217, on a un projet d'hydrogène qui couple du solaire, des batteries, de
39:33 l'hydrogène chez NéoN.
39:34 Donc on commence à s'entraîner à moyenne échelle, quelques mégawatts.
39:39 Mais je comprends, ton sujet c'est si j'ai du surplus, c'est plus efficace de l'injecter
39:45 dans une batterie que d'en faire de l'hydrogène.
39:48 Mais 5 ans, c'est demain.
39:50 C'est pour ça que NéoN aujourd'hui se prépare déjà, apprend déjà l'hydrogène.
39:53 Mais à grande échelle, l'augmentation de capital qu'on vient de faire, elle va
39:56 aller dans des panneaux, dans des éoliennes et dans des batteries et pas encore dans des
40:00 électrolyseurs.
40:01 Je t'entends, tu vois, c'est juste en termes de mots de la fin parce que je voulais, mais
40:05 on n'a pas le temps, ton regard sur la commission énergie, tout ce qui s'est dit, etc.
40:10 Moi, à t'entendre là, il faut absolument dépolitiser ce sujet.
40:14 C'est pas possible que ce sujet soit une sorte de série de totem politique.
40:21 C'est extrêmement triste.
40:22 C'est incroyable.
40:23 Les pro-nucléaire se disent que la meilleure manière de faire sa place au nucléaire,
40:27 c'est de taper sur l'enroue-veille, ce qui est une erreur.
40:28 Les deux vont coexister.
40:29 On va vers un monde plus électrique.
40:31 Il y a besoin des deux.
40:32 Et ce qui est très triste aussi, c'est la loi d'accélération où on infantilise
40:37 les acteurs, que ce soit les producteurs d'électricité comme nous, que ce soit les agriculteurs
40:40 qui, eux, ont envie d'avoir un complément de revenu lié à l'installation de solaire
40:44 ou d'éolien.
40:45 On crée des commissions dans tous les sens pour être sûr que vraiment, on contrôle
40:49 tout.
40:50 Ça, c'est la manie française.
40:51 Et à la fin, au lieu d'accélérer, on ralentit.
40:53 Mais Néohen s'accroche.
40:54 On a toujours montré, y compris dans des moments un peu difficiles, que nous, on savait
40:58 faire le gros dos et préparer l'avenir.
41:00 Donc en France, même en France, Néohen a un super bel avenir, malgré toutes les misères
41:04 qu'on nous fait.
41:05 Grande phrase qu'on dit aux entrepreneurs.
41:07 Si vous réussissez en France, alors vous réussissez à Paris.
41:09 Je pense que c'est pour ça que Néohen a si bien réussi en Finlande, en Australie,
41:13 en Portugal et ailleurs.
41:14 C'est parce qu'on a commencé à la dure en France.
41:17 Merci Xavier.
41:18 A bientôt.
41:19 Xavier Barbaro, le PDG de Néohen, nous accompagnait sur Bismarck.
41:22 Et donc on retrouve Jean-Pierre Petit, président des Cahiers Verts de l'économie.
41:31 Salut Jean-Pierre.
41:32 Salut Stéphane.
41:33 On est dans une séquence réindustrialisation en France.
41:37 Ça t'intéresse ? Qu'est-ce qui t'intéresse dans cette séquence ? Alors c'est la séquence
41:41 mondiale, européenne plus que française qui t'intéresse ?
41:43 Oui, c'est un enjeu mondial d'une manière générale.
41:47 Il y a un match, une bataille.
41:49 Il y a au moins deux batailles.
41:50 Il y en a beaucoup plus.
41:51 Il y a deux batailles principales.
41:53 Une entre la Chine et les Etats-Unis et l'autre entre les Etats-Unis et l'Europe.
41:58 Sachant que ce que j'observe depuis au moins trois ans et même un petit peu au-delà,
42:03 depuis l'élection de Trump, c'est un retour au souverainisme économique.
42:06 Qui était un gros mot avant mais qui ne l'est plus aujourd'hui.
42:09 Et on voit un retour du souverainisme économique dans différents domaines, dans plusieurs
42:15 domaines.
42:16 Au plan militaire, parce que maintenant on a des guerres, des conflits chauds, etc.
42:20 Et puis que ça ne s'arrange pas par ailleurs.
42:22 Sur toute une série de parties du monde.
42:23 Et puis on a vu aussi le niveau sanitaire, alimentaire, énergétique.
42:29 Et énergétique au sens large.
42:32 C'est-à-dire que même pour les énergies renouvelables, on dépend des terres rares
42:34 chinoises, etc.
42:35 Enfin tu vois, c'est industriel, technologique.
42:38 La maîtrise de la numérisation, c'est une chaîne en fait.
42:41 Donc la puissance, elle est dans les dix éléments historiques de la puissance, c'est un élément
42:45 un peu nouveau qui est la puissance numérique.
42:46 On va dire que sous l'Antiquité, ou sous le Moyen-Âge ou la Renaissance, si tu veux,
42:51 tu avais...
42:52 - Tu avais une forme de soft power.
42:53 Enfin bon, on ne va pas refaire Léonard de Vinci, mais c'est quand même une forme de
42:56 soft power.
42:57 - On est très soft quoi.
42:58 - Oui.
42:59 - Voilà, on va la faire des choses.
43:00 Mais là c'est...
43:01 - Google aussi est assez soft en fait.
43:03 - Oui, non, non, mais il y a tout l'enjeu de la maîtrise des chaînes et des compétences.
43:08 Et ça c'est un vrai sujet.
43:09 Ça c'est un vrai sujet.
43:11 Et là, je suis désolé d'avoir répété ça depuis des années et des années, mais
43:16 on est losers, complets.
43:17 L'Europe, l'Europe est loser.
43:19 Et la France, à l'intérieur de l'Europe, est loser.
43:21 Parce que l'un des pays qui s'est le plus désindustrialisé, c'est la France.
43:25 - Oui, mais la courbe s'inverse.
43:26 - Désolé d'avoir à dire.
43:27 - Non, non, mais désolé de te contredire, mais la courbe s'inverse, c'est factuel.
43:30 - Waouh.
43:31 - C'est factuel.
43:32 - Le nombre de fois...
43:33 - Alors je n'ai pas vérifié.
43:34 - 2 millions contre 100 000, ok, c'est l'épaisseur du trait.
43:36 On a perdu 2 millions et depuis 4 ans, on en a recréé 100 000.
43:39 Bon, des emplois industriels, pour peu que ce soit le critère.
43:42 D'ailleurs, c'est peut-être pas forcément le meilleur critère.
43:43 - Parce que dans les emplois industriels, t'as des emplois de sous-traitants...
43:46 - T'as des emplois de bas, on est parfaitement d'accord.
43:48 Mais en termes d'implantation, Marc Lhermitte a commencé cette émission.
43:53 En termes d'implantation industrielle, là, aujourd'hui, il se passe quelque chose.
43:57 Indubitablement.
43:58 - Il y a un petit truc, je ne dis pas.
43:59 Mais dans l'histoire de la désindustrialisation qui est très ancienne, je pense qu'on a déjà
44:03 dû voir des petits pics et qui ensuite ont été déçus parce que c'est un travail de
44:07 longue haleine.
44:08 - Tout à fait.
44:09 - Et ce qui est important quand même, alors pas dans la classe politique, bon, moi, chez
44:12 les élites, enfin, la classe politique, le Parlement, on va dire, parce qu'ils sont
44:15 quand même vraiment largués, mais c'est vrai que dans les sphères exécutives, on
44:19 sent que maintenant...
44:20 En plus, on a du bol, enfin, on a un bon type à la Commission européenne.
44:26 - Thierry Breton, tu veux dire ?
44:28 - Ouais, parce que franchement, là, moi, ça faisait longtemps, je n'ai pas vu un commissaire
44:31 aussi techniquement avancé, aussi... non, non, mais quand tu vois que tu sors de Barozo,
44:37 enfin, tu te rends compte, non, non, mais après, on peut le critiquer, c'est certainement...
44:41 - Non, je ne le critique pas.
44:43 Je ne sais pas quoi penser de Thierry Breton, pour tout te dire.
44:45 C'est-à-dire que...
44:46 - Au plan personnel ou au plan...
44:47 - Non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non,
44:48 non, au plan personnel, bien sûr que non, non, non, au plan de ce qu'il a fait, c'est-à-dire...
44:52 - Ah, mais il fait ce qu'il peut.
44:53 Il est le dernier ministre de finances de Chirac, mais il a beau le mettre dans tous les sens,
44:57 il est quand même... il court derrière la dette comme les autres.
44:59 Atos, tu vois comment ça s'effondre, mais totalement, littéralement, quand il s'en va.
45:03 - Non, mais là, je parle au niveau de son job, la Commission européenne.
45:05 - Oui, mais à chaque fois, c'est pareil.
45:06 Je crois que c'est un excellent communicant, Thierry Breton.
45:09 - Oui, mais...
45:10 - La réalité du tas derrière, je ne sais pas.
45:11 - Ce qu'on me dit, c'est qu'il impulse quand même des trucs, mais il a des moyens, de
45:15 toute façon, assez limités.
45:16 - Tant mieux.
45:17 - Et qu'en plus, il énerve un certain nombre de collègues et évidemment, on a plutôt
45:20 envie de regarder... parce que la Commission européenne, c'est un pouvoir, en fait.
45:24 - Mais bien sûr.
45:25 - Pourquoi elle a mené toujours sa politique de concurrence depuis le traité de Rome,
45:28 etc. ? Alors qu'elle voit bien l'émergence du concept de puissance, etc.
45:31 Le retour à la puissance, au souverainisme.
45:33 C'est parce qu'elle veut conserver son pouvoir, tout simplement.
45:36 Je ne vais pas faire de la théorie sur la bureaucratie.
45:39 Il y a tout un tas d'auteurs aux Etats-Unis, dont au moins plusieurs prix Nobel, qui ont
45:43 travaillé là-dessus, mais la Commission a son propre pouvoir.
45:45 Elle ne veut pas qu'il soit remis en cause.
45:47 Voilà, c'est aussi simple que ça.
45:49 Et aujourd'hui, on veut dégager Breton et garder Van der Leyen.
45:52 - Qui veut dégager Breton ?
45:54 - Non, mais il y a des voix, parce qu'il y a des voix dans les instances européennes
45:59 qui disent que Breton, c'est sûr, il ne roupille pas.
46:02 - Mais Van der Leyen non plus ne roupille pas.
46:05 - Oui, mais elle est plus conciliante là-dessus.
46:07 Elle n'a pas le parcours industriel, scientifique de Breton.
46:11 Ce n'est pas pareil.
46:12 Ça découle à des industrialisations en termes de productivité, R&D, filières éducatives,
46:20 évidemment le solde commercial, parce qu'il ne faut jamais l'oublier quand même.
46:23 S'il y a une remise en cause de la mondialisation, on aura du mal à financer le déficit extérieur.
46:27 Il ne faut pas oublier que le commerce mondial, c'est à 80%, c'est quand même des marchandises.
46:32 Alors des marchandises pour les manufacturés, et le reste c'est l'énergie.
46:34 Manque de bol, on n'en a ni l'un ni l'autre, nous, Français, en tout cas, à part la construction
46:38 aéronautique, un peu d'automobiles et puis le luxe évidemment.
46:42 Mais c'est tout ce qui nous reste comme industrie.
46:46 - Et de l'énergie décarbonée, qui reste un socle sur lequel on peut construire.
46:51 Enfin, en tout cas, c'est ce que nous disait Marc Lhermitte, c'est un atout.
46:55 Et heureusement, c'est un atout qui va être valorisé, mais c'est un atout pour les industriels
46:59 du monde entier.
47:00 C'est un atout important.
47:01 Quand tu dois choisir une localisation, le fait que tu sois à côté d'une centrale
47:05 nucléaire aujourd'hui, c'est un atout incontestable.
47:07 Mais il y a la souveraineté alimentaire aussi.
47:09 C'est quand même dingue ça.
47:11 Et alors, énergie au sens large, face au défi de l'électrification du monde.
47:16 Parce que de toute façon, pour faire fonctionner n'importe quoi aujourd'hui, tu as besoin
47:20 d'informatique, donc d'électricité.
47:21 La gestion de l'eau, de l'eau potable, en France, dépend de l'informatique.
47:26 Pratiquement tout dépend de cela.
47:28 Et puis en termes de job, en termes de qualification de job, c'est ce que je disais sur les filières
47:35 éducatives.
47:36 On forme 40 000 ingénieurs chaque année en France.
47:39 Est-ce qu'il n'en faudrait pas plus ? Si on veut, je pense que oui.
47:42 Et le problème, c'est qu'en plus on en forme 40 000, mais il y en a combien qui vont en
47:45 Californie ou ailleurs, d'une manière générale ?
47:48 Donc on a pris en compte les coûts de la désindustrialisation ou de la mondialisation
47:54 même, d'une manière générale.
47:55 Il y a sur l'immigration aussi.
47:56 L'immigration non contrôlée, etc.
47:58 On pourrait dire aussi que là, la puissance publique européenne et française a été
48:02 totalement défaillante.
48:04 C'est n'importe quoi.
48:05 C'est d'une grave crise démocratique.
48:07 On a pris conscience de ça.
48:10 Effectivement, Macron, après quelques erreurs conceptuelles, puisqu'il était quand même
48:16 sur la thématique de la mondialisation, on va dire, non mais en gros, je caricature un
48:21 peu, mondialisation heureuse, etc.
48:23 Il y a six ans, quand il a été élu pour la première fois.
48:25 Je ne vais pas le défendre, Jean-Pierre, mais tout ce qu'il fait, même sur le nucléaire
48:34 par exemple, secrétaire général de l'Elysée sous François Hollande, parce que tout démarre
48:40 quand même de ce rapport gallois dont on a tant parlé.
48:44 La politique de l'offre.
48:45 Oui, mais bien sûr.
48:46 La politique de l'offre, je suis d'accord.
48:47 Mais c'est ça.
48:48 La réindustrialisation, c'est la politique de l'offre.
48:51 C'est plus que ça.
48:52 C'est donner la souplesse.
48:53 Non mais attends, la souplesse, les Etats-Unis l'ont, on est d'accord, sur le marché du
48:56 travail.
48:57 Bien sûr, les accords d'entreprise.
48:58 Oui, mais ils ont décidé de faire autre chose.
49:01 Ils ont dit que ça ne suffisait pas.
49:03 Les Américains nous ont dit que ça ne suffisait pas.
49:05 2022 est très important parce que Biden, et ça il l'a obtenu au congrès, c'est l'Ira.
49:10 Parce que l'Ira, c'est le premier acte de stratégie industrielle des Etats-Unis d'Amérique
49:17 sur une base fédérale depuis des décennies.
49:19 Oui, mais ça va nous amener au sujet d'après.
49:22 Mais c'est d'abord du pognon public lâché massivement.
49:27 Et ça, nous, on ne peut plus le faire.
49:28 Oui, mais c'est dommage.
49:30 La seule réponse qu'on puisse faire, nous, elle est réglementaire, etc.
49:37 Mais on ne peut plus lâcher des crédits d'impôt comme les Américains vont en lâcher.
49:41 En fait, je lisais, tu es d'accord avec ça ? Parce que tout le monde dit 400 milliards.
49:46 Ce n'est pas 400 milliards, les amis.
49:47 On n'en sait rien, c'est du crédit d'impôt.
49:49 Donc, en fait, ça va partir, c'est exponentiel.
49:51 Et puis, en plus, les autres...
49:53 1200 milliards.
49:54 Il n'y a pas que ça, en plus.
49:55 Les autres atouts du capitalisme américain, ce n'est pas seulement la fiscalité, où
49:59 ils viennent de décider sur l'IRA, c'est les modes de financement.
50:03 Le private equity, le marché d'action très profond, très diversifié, c'est le poids
50:08 des investisseurs institutionnels longs, de long terme.
50:11 Les universités, les fonds de pension ou les fondations qui ont des objectifs très
50:18 longs et qui s'intéressent aux énergies.
50:20 Surtout, pour le coup, ils sont en retard par rapport à nous, du point de vue de leur
50:23 intérêt stratégique.
50:25 Et là, ils ont vu les opportunités et ils ont les moyens.
50:28 Plus la flexibilité du marché du travail, plus...
50:31 Enfin, bref, on connaît leurs avantages.
50:34 Plus la rapidité des procédures de décision.
50:36 Parce que nous, c'est...
50:37 Heureusement qu'il y a quand même des types qui se remuent comme Breton, parce que sinon,
50:42 c'est caricatural, c'est désespérant, la gouvernance européenne.
50:46 Et donc, voilà.
50:47 Donc, il y a quelques signaux, mais il y a tellement de boulot et il y a surtout tellement
50:51 de retard.
50:52 Le retard, dans ce domaine-là, se rattrape quand même très difficilement.
50:56 Pour retracer un procédus de décadence, il faut quand même bien le dire, ou de déclin,
51:01 déclassement, comme tu voudras, ça demande quand même aussi une grande volonté politique
51:06 et puis une prise de conscience des élites, d'une manière générale.
51:08 Et manifestement, en France, je suis un peu dans la démagogie.
51:13 - Chez l'industrie, si.
51:14 - Oui, chez les industriels, évidemment.
51:16 - Non, mais même les élites sont converties à l'industrie.
51:18 Aujourd'hui, ce n'était sans doute pas le cas.
51:20 Il y a 15 ans, je vais te dire ça.
51:21 Mais depuis une bonne dizaine d'années, ça y est, c'est fait.
51:25 - Il y a même des mecs qui disaient le contraire.
51:27 - Oui, mais Fabless et Turuc, c'est l'an 2000.
51:31 - Oui, mais à l'époque, l'an 2000, on avait tous les atouts, dans les télécoms en particulier,
51:36 tu me parles d'Alcatel.
51:37 - Jean-Pierre, tout le monde disait la même chose à l'époque.
51:39 On lui tombe dessus, ce pauvre Turuc, depuis 5 ans.
51:43 - Non, mais il n'y a pas que lui.
51:44 - Oui, c'est Alcatel, bien sûr.
51:45 Tout le monde disait la même chose.
51:48 - Pas moi.
51:49 Je suis désolé, moi, je parlais d'industrie.
51:52 Je parlais d'industrie, mais je n'avais pas les connaissances pour avoir une vision plus...
51:57 Je n'imaginais pas la voiture électrique, je n'imaginais pas les batteries, je n'imaginais
52:02 pas la 5G, la 6G qui va bientôt arriver, etc.
52:04 Je n'imaginais pas tous les enjeux, mais qui vont très vite.
52:08 Là, ce qui me frappe depuis 10 ans, par exemple, ça fait 10 ans.
52:11 - Oui, c'est une accélération.
52:12 - Il y a une accélération de l'histoire.
52:13 Plus t'es en retard, et voilà.
52:14 - Jean-Pierre, puisque le temps tourne quand même, parce que c'est les dettes qui nous
52:18 font penser, est-ce qu'on est au bout du cycle de resserrement monétaire ?
52:20 - La Réserve fédérale l'a un peu dit.
52:22 Elle a supprimé sa phrase qui disait au début de chaque communiqué depuis plus d'un an,
52:26 il faut resserrer un peu plus parce que là, elle a supprimé cette phrase.
52:30 - Mais pas la BCE.
52:31 La BCE, elle martèle qu'elle n'est pas au bout du flot.
52:33 - Oui, je pense qu'elle ira.
52:34 Oui, parce que les chiffres d'inflation sous-jacentes en particulier sont trop élevés.
52:37 Elle a un mandat.
52:39 Les anticipations d'inflation ont commencé à baisser, mais ça reste encore élevé.
52:43 Les salaires sont quasiment au niveau américain aujourd'hui.
52:45 - Je parle de ton contrôle.
52:47 Là, tu commences à en voir les effets du resserrement monétaire qui a commencé il
52:51 y a 18 mois sur la réfection du crédit.
52:54 - Tu commences.
52:55 On l'a déjà vu depuis un petit moment.
52:56 - Voilà, c'est ça.
52:57 Et donc, cette récession autour de laquelle on tourne depuis un petit moment, quand même,
53:00 peut-être devient un peu plus palpable aujourd'hui.
53:02 - Oui, un petit peu plus palpable.
53:03 Je suis d'accord.
53:04 Mais enfin, on est en train de se battre pour +0,5, -0,5.
53:07 La récession par récession, c'est un débat un peu caricatural.
53:11 C'est comme si on était comme un fulnambule sur un fil, soit on tombe en récession, soit
53:15 on reste en expansion.
53:17 La croissance maximum que tu peux envisager sur les prochains trimestres en zone euro,
53:22 ça va tourner autour de 0,5 à 1.
53:24 Et aux Etats-Unis, à peu près pareil, ou un tout petit peu plus.
53:27 - Et donc, ce n'est pas une raison suffisante pour que la BCE se dise "Ok, on fait stop".
53:32 - Non, il faudrait vraiment un retournement plus fort de la croissance mondiale à la
53:37 faveur d'une crise bancaire ou à la faveur d'un gros choc en Chine ou de la géopolitique.
53:42 Des facteurs exogènes.
53:44 L'inflation est trop forte et donc la BCE va remonter les taux à mon avis à 3,75.
53:48 Il ne faut même pas exclure 4.
53:50 Alors après, oui.
53:51 Alors la Fed, par contre, parce que c'est quand même elle qui…
53:53 - Oui, mais ça veut dire qu'elle est en avance de phase encore une fois.
53:55 - De toute façon, la Fed est en avance.
53:57 C'est pour ça que sur l'euro/dollar, l'euro a tendance un petit peu à monter.
54:01 Donc là, la Fed nous dit "Bon, en gros, pause".
54:04 Mais c'est plutôt "Ok, je pose" parce qu'ils insistent beaucoup sur la prudence
54:08 par rapport à l'inflation, etc.
54:10 - Ça veut dire quoi "Ok, je pose" ?
54:12 Ça veut dire que c'est une pause, mais elle n'est peut-être pas définitive.
54:15 - Elle n'est pas sûrement définitive.
54:17 - Vous restez très à l'affût.
54:19 - Donc, il sait bien ce qu'il a dit.
54:21 Donc, pause.
54:22 Et surtout, par rapport au marché qui, lui, anticipe une baisse des taux, directeur,
54:26 le deuxième semestre, assez considérable, Powell a dit "Bah non, je suis désolé".
54:31 A moins que, évidemment, ça s'aggrave au niveau du cycle réel, à la faveur de la crise bancaire.
54:36 Si jamais la crise bancaire s'étend, qu'il y a des problèmes,
54:40 ou alors "debt ceiling", le problème du plafond de la dette, ça évolue très mal.
54:44 Et à ce moment-là, une perte de confiance, les marchés qui chutent, etc.
54:47 Bon, là, d'accord.
54:48 Mais hormis ces chocs exogènes, si tu veux, non.
54:51 Moi, je pense qu'ils vont maintenir le taux d'intérêt directeur autour de 5,25
54:55 durant les prochains mois, je ne sais pas, décembre, janvier, etc.
54:58 Parce que la croissance sera sous le potentiel, quand même.
55:01 Nettement sous le potentiel, et puis, les créations d'emplois diminuent,
55:03 enfin, elles diminuent quand même.
55:04 Voilà, c'est ça.
55:05 On est à 220 000, on était au double l'année dernière.
55:07 Ça marche très très fort, mais ça marche moins fort que ça n'a marché.
55:09 Les salaires sont à 5, on était à plus de 5,5, donc ça décélère quand même.
55:12 Mais ça décélère graduellement, et en fait, Powell, il réussit le job, pour l'instant.
55:16 Il a réussi, malgré tous les chocs qu'on a pris dans la figure,
55:19 il a quand même réussi à éviter la récession au sens classique du terme,
55:22 tout en permettant la désinflation, parce qu'elle est là, la désinflation, quand même.
55:26 Mais il a réussi à éviter la récession.
55:28 La contrepartie, c'est le plafond de la dette, c'est-à-dire à coup d'injections massives d'argent public.
55:36 Oui, mais le plafond de la dette, il était relevé tout le temps dans l'histoire.
55:39 Il était instauré en 1927.
55:41 Non, mais de toute façon, on n'a plus le temps de parler de savoir s'il va se passer quelque chose ou pas.
55:44 La dette fédérale, attend, je vais te dire un truc.
55:46 La dette publique américaine, c'est-à-dire la dette fédérale détenue par le public,
55:49 plus le stock de dette des collectivités territoriales, c'est-à-dire les états fédérés,
55:53 les grandes municipalités, etc., c'est à peu près le même niveau que la dette de la France.
55:57 On est autour de 115 à peu près.
56:00 Donc c'est un phénomène mondial.
56:03 Et puis ils ont davantage de moyens de croissance que nous pour l'éponger.
56:07 Oui, et des taux de prélèvement obligatoire plus faibles, donc tu peux augmenter les impôts dans le futur.
56:11 Et puis des dépenses de dépendance liées au vieillissement beaucoup moins importantes,
56:15 plus le dollar qui te permet de financer le déficit pour l'instant sans problème.
56:19 Donc si tu veux, je ne m'inquiète pas trop sur le fonds.
56:22 On sait que c'est pour l'Europe que tu t'inquiètes, Jean-Pierre.
56:25 C'est récurrent.
56:26 L'Europe et la France à l'intérieur de l'Europe.
56:28 On en reparle le mois prochain.
56:30 Sur l'arrêt de l'israélisation, je crois qu'on pourra parler dans 10 ans.
56:34 Merci à tous de nous avoir suivis.
56:37 Merci Jean-Pierre.
56:38 Et donc on se retrouve lundi.
56:40 Lundi, justement, on parlera de la crise bancaire.
56:43 Nicolas Mérindol, l'ancien patron des caisses d'épargne,
56:45 qui vient nous voir régulièrement pour nous expliquer la banque et le fonctionnement de la banque,
56:49 viendra nous raconter un petit peu ce qu'il en a.
56:50 Et puis comme c'est l'heure où on rappelle les anciens grands dirigeants, là, t'as vu, Crédit Suisse.
56:54 Donc on verra peut-être que lui, il a été sollicité.
56:56 On se retrouve lundi, demain évidemment.
56:58 Votre rendez-vous avec Aurélie Planex.
56:59 Salut à tous.
57:00 [Musique]

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