SMART JOB - Grand Entretien du mercredi 17 mai 2023

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Mercredi 17 mai 2023, SMART JOB reçoit Thibaut Guilluy (Haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises)

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00:00 [Musique]
00:12 Et le cercle est rache aujourd'hui pour parler emploi.
00:14 O combien nous allons parler emploi avec Thibault Guillouis.
00:17 Bonjour Thibault, ravi de vous accueillir sur notre plateau pour un grand entretien
00:21 parce que vous venez tous les mois nous parler de cette grande communauté
00:24 des entreprises qui s'engagent, qui grossit de semaine en semaine
00:27 et puis vous êtes celui qui de toute évidence allait porter
00:31 les belles ambitions de France Travail.
00:34 Vous avez ce rapport de 99 propositions, vous l'avez,
00:38 c'est un travail assez titanesque, on va en parler.
00:41 Vous faites un tour de France, il faut suivre le travail que vous faites,
00:44 c'est un travail de terrain à la rencontre de tous les acteurs,
00:47 on va en parler, les régions, les départements, les associations,
00:50 les missions locales, l'AFPA, tous ceux qui contribuent à l'emploi.
00:54 D'abord un petit mot quand même sur la philosophie parce que
00:57 on a oublié mais il y a eu cette petite phrase de François Mitterrand en 1993,
01:01 "on a tout essayé" et il parlait du chômage, on l'avait interrogé
01:06 et il avait répondu "sur le chômage on a tout essayé".
01:09 J'ai quand même le sentiment que vous essayez de nous démontrer le contraire.
01:12 Oui, vous savez, moi j'étais entrepreneur pendant 20 ans
01:18 et je pense qu'il y a aussi un certain nombre de chefs d'entreprise
01:20 qui nous écoutent sur Bismarck, la définition même d'un entrepreneur
01:25 c'est d'inventer, d'effricher et d'essayer.
01:30 Donc on n'a jamais tout essayé, ça c'est la première des choses.
01:33 Et puis alors en la matière, sur l'insertion, l'information et l'emploi,
01:36 il y a un truc qu'on n'a pas essayé, c'est de travailler ensemble
01:39 pour avoir plus d'impact et ça c'est ce qu'on propose avec le rapport France Travail.
01:44 Avant de parler de la gouvernance parce qu'il y a quand même un énorme travail
01:47 pour faire travailler tout le monde ensemble.
01:49 Pôle emploi qui va devenir France Travail,
01:51 mais il y a les régions qui ont compétence en formation,
01:54 il y a l'ensemble des acteurs associatifs.
01:56 Mais d'abord un petit mot sur, là aussi, la philosophie.
01:59 L'idée c'est que je suis demandeur d'emploi, je vais signer un contrat d'engagement.
02:04 Est-ce qu'on est d'accord ?
02:05 C'est-à-dire que ce qui ne se fait pas aujourd'hui
02:06 quand on va pousser une porte de pôle emploi.
02:08 Là on signe un contrat.
02:10 Alors effectivement, mais avant le contrat, la philosophie de France Travail
02:15 c'est que vous avez, et c'est particulièrement vrai depuis qu'on a,
02:19 on va dire que ce sont les 5 dernières années,
02:21 on a mis fin à la fatalité du chômage de masse.
02:23 Qui est passé ?
02:24 Qui est passé d'un petit 10% à 7%.
02:28 Donc ça c'est extrêmement positif.
02:29 Mais ça se traduit par quoi ?
02:31 Ça se traduit par le fait que les entreprises aujourd'hui,
02:33 leur principal point de difficulté c'est le recrutement,
02:36 et c'est de pouvoir trouver des talents pour pouvoir continuer de se développer
02:39 et aller de l'avant.
02:40 Et de l'autre côté, 7% ça reste quand même deux fois plus
02:43 que certains de nos voisins européens.
02:46 Je pense aux Allemands, entre autres.
02:48 Et ça veut dire encore des centaines et des centaines de milliers de personnes
02:52 qui ont du potentiel, qui ont du talent et qui va falloir aller chercher.
02:55 Sauf que le plein emploi,
02:56 ça suppose que c'est plus juste une offre d'emploi,
02:59 mais c'est aussi de la formation, de la mobilité,
03:01 parfois de la garde d'enfants.
03:02 Bref, lever un ensemble de problématiques.
03:06 Et pour ça, il faut faire équipe
03:08 pour arrêter d'infliger la complexité de notre système
03:11 aux demandeurs d'emploi et aux chefs d'entreprise,
03:13 mais de nous organiser pour apporter la bonne solution
03:15 au bon moment aux personnes comme aux recruteurs.
03:18 Donc vous cassez les murs,
03:19 ce qui fait que celui qui sera référent,
03:21 je dis référent, je ne suis pas sûr que ce soit le terme que vous utilisiez,
03:24 mais l'accompagnement d'un demandeur d'emploi qui se retrouve au chômage,
03:27 quels que soient les motifs qui le conduisent à pousser la porte de France Travail,
03:32 sera accompagné par un référent,
03:33 et ce référent aura quoi ?
03:35 Une palette d'outils possibles
03:36 pour lui offrir toutes les possibilités d'accompagnement.
03:40 Est-ce que c'est ça l'esprit ?
03:41 C'est exactement ça.
03:44 En fait, pendant les mois,
03:46 mais je dirais quand vous passez du temps sur le terrain,
03:48 ça vous paraît être une évidence,
03:50 ce que les gens demandent, c'est un interlocuteur privilégié à qui je m'adresse,
03:54 et pas une somme de guichets, de numéros de téléphone,
03:56 et où on est envoyé d'un guichet à l'autre
03:59 et sans finalement avoir de solution à son problème.
04:03 Et pour ça, il y a donc faire équipe
04:05 et mettre en place après un interlocuteur privilégié,
04:08 que ce soit pour le chef d'entreprise comme pour la personne,
04:10 et on va faire un bout de parcours jusqu'à ce que le problème soit réglé.
04:14 Il y a deux sujets quand même qui sont importants,
04:16 on va revenir sur le RSA parce qu'il y a eu quelques grincements dedans,
04:19 mais il y a quand même l'enjeu aussi des jeunes des quartiers prioritaires,
04:23 parce que c'est des jeunes où on voit le taux de chômage qui est très important,
04:25 largement au-dessus parfois à 30%, 35% de chômage.
04:29 Est-ce que là vous dites, il faut en plus du dispositif classique
04:33 que je développe dans mon rapport,
04:35 il faut en plus mettre le paquet sur ces jeunes ?
04:37 De quoi ils ont besoin en priorité ?
04:39 Sur ces jeunes, mais de manière générale,
04:43 aujourd'hui finalement avec 10% de chômage,
04:48 on était aussi tombé dans la facilité.
04:50 Il y avait les CV qui arrivaient,
04:52 on les triait avec une approche parfois assez stéréotypée,
04:55 et puis on trouvait bon an mal an les personnes dont on avait besoin.
04:59 Maintenant ça, tous les chefs d'entreprise constatent bien que ça ne marche plus.
05:02 Les talents, maintenant il faut aller les chercher, les attirer d'ailleurs,
05:06 et ensuite les développer.
05:09 Et les garder.
05:11 Trop jeune, trop vieux, trop handicapé,
05:13 pas le bon nom, pas la bonne adresse, ça, ça ne marche plus.
05:16 Et en plus de ça, la bonne nouvelle, c'est que les entreprises qui...
05:19 C'est pour ça que les entreprises s'engagent, dont on parle souvent,
05:21 maintenant on est 85 000 entreprises engagées,
05:23 il y en a quand même un certain nombre qui ont compris
05:25 qu'en fait, en changeant leur approche RH,
05:28 en allant chercher ces talents-là, et en les formant, en les accompagnant,
05:33 et bien du coup c'est ça qui fait la force des entreprises demain.
05:36 L'intérêt, et encore une fois on va parler du RSA,
05:39 l'idée c'est de mettre en relation l'offre et la demande le plus simplement possible.
05:42 Puisque quand on interroge des entrepreneurs sur ce plateau,
05:45 objectivement ils ne poussent pas spontanément la porte de Pôle emploi
05:48 pour trouver un salarié.
05:50 En fait ils utilisent beaucoup de moyens privés, des structures, des plateformes,
05:53 très rarement Pôle emploi.
05:54 C'est vrai. Alors d'abord, il ferait mieux d'aller pousser la porte,
05:58 parce que, en fait, Pôle emploi, il y a à peu près...
06:01 Je dis encore Pôle emploi, parce que le projet de loi n'a pas encore été voté.
06:04 Oui, on peut encore parler de Pôle emploi, ça va devenir l'opérateur France Travail, effectivement.
06:07 Mais Pôle emploi, c'est à peu près 25 à 30% des entreprises
06:11 qui utilisent les services de Pôle emploi.
06:13 Figurez-vous que là où il y a 10-15 ans,
06:16 ils étaient à à peine 50% de satisfaction,
06:19 aujourd'hui ils sont à 88% de taux de satisfaction et de recommandation.
06:23 Ce qui est très élevé, et qu'un certain nombre des entreprises
06:27 qui plaident pour un bon service client
06:30 ne sont pas forcément à ce score-là.
06:32 Donc, Pôle emploi s'est réformé, a fait sa révolution vis-à-vis des entreprises.
06:36 Simplement, il y a encore beaucoup trop d'entreprises qui se disent
06:39 "C'est pas pour moi, c'est pas adapté".
06:41 Ils ont l'a priori, en fait.
06:43 Donc, il y a un a priori.
06:45 Donc, un, il faut s'ouvrir à cet a priori.
06:47 Maintenant, derrière l'a priori, il y a aussi un certain nombre de réalités,
06:50 et notamment un certain nombre d'améliorations.
06:52 Je pense notamment aux entreprises qui nous ont dit "C'est profit de compétence".
06:55 Travailler sur le profit de compétence pour nous envoyer les bonnes personnes
06:58 pour un autre besoin.
06:59 Et ça, Pôle emploi tout seul ne pouvait pas le faire,
07:01 parce que les données, parfois, et les informations,
07:04 elles vont venir d'un organisme de formation,
07:06 d'une entreprise d'intérim d'insertion,
07:08 des anciennes entreprises, des anciens employeurs.
07:10 Et donc, une des idées clés et forces de France Travaille aussi,
07:15 c'est la mise en commun des systèmes d'information,
07:17 l'interopérabilité et le partage des données.
07:20 Pour que demain, on ait une banque de profil
07:22 qui permette d'apporter aux personnes les bonnes opportunités,
07:25 et en même temps, pour les entreprises,
07:27 de leur envoyer les bons candidats le plus vite possible.
07:29 Ce que je vais dire est un peu pratico-pratique.
07:31 On va parler du projet de loi en écriture,
07:33 qui sera présenté en Conseil des ministres.
07:35 Le projet de loi doit être écrit en juin.
07:37 Ce sera les sites de Pôle emploi.
07:40 On aura retiré la fiche, le fronton pour Mettre France Travaille.
07:45 Ce sera ces lieux-là, ce sera les lieux de Pôle emploi
07:47 où on continuera à pousser la porte lorsqu'on est demandeur d'emploi.
07:50 Il y a un enjeu de lieu, de situation géographique.
07:54 Oui, il y a un enjeu de lieu.
07:56 Certains vont s'amuser à dire que ce serait un changement d'enseigne.
08:00 Mais qu'est-ce qui change ?
08:01 On ripoline.
08:02 Voilà, on ripoline.
08:04 Il y a 99 propositions, toutes opérationnelles,
08:08 et sur lesquelles on peut se faire challenger les unes après les autres.
08:12 Ce qui est aussi important, c'est que la marque, l'image,
08:17 et le fait d'avoir une bannière qui fasse qu'on ne se perde plus entre les acteurs,
08:22 c'est important. Cette image de marque va être importante.
08:25 Mais il y a aussi cette idée de créer des lieux à moins de 5-10 km de chaque Français.
08:31 Et là, ça suppose de s'appuyer sur, demain, les agences de Pôle emploi
08:36 qui vont se transformer en opérateurs France Travaille.
08:38 Et que ça devienne aussi des tiers-lieux de la réussite,
08:40 des lieux où les entreprises peuvent venir présenter leur métier,
08:44 des lieux où on se forme, des lieux où on accompagne les créations d'entreprises.
08:48 J'entends tiers-lieux, c'est-à-dire un lieu d'échange, un lieu de partage, de savoir ?
08:51 Et on oublie quand même très souvent que près de 300 000 créateurs d'entreprises
08:56 s'appuient sur Pôle emploi chaque année pour pouvoir se lancer dans la vie.
09:00 J'allais y venir, vous y tenez beaucoup d'ailleurs dans votre rapport,
09:02 vous l'évoquez, l'accompagnement à la création d'entreprises.
09:05 Il ne s'agit pas exclusivement d'accompagner un collaborateur ou le demandeur d'emploi
09:08 à avoir un emploi salarié. Vous dites qu'il faut aussi proposer des programmes
09:12 pour qu'ils puissent créer son entreprise. Là aussi, piloté par France Travaille.
09:16 C'est ça. Parce que derrière le travail, derrière l'accès à l'emploi,
09:22 de temps en temps on cherche un emploi salarié, mais vous avez près d'un jeune sur deux
09:26 qui aspire par exemple à créer sa propre entreprise.
09:28 Et c'est vrai d'une partie significative des Français qui viennent frapper à la porte de Pôle emploi.
09:35 Ce qui est important c'est comment on les accompagne, comment je passe de l'intention,
09:39 et je la repère dès le premier jour du contact, de l'intention pour passer à l'idée,
09:44 au projet, au business plan, et puis ensuite après au cabis.
09:48 Et ça c'est important d'accompagner ce demandeur d'emploi.
09:50 Pourquoi c'est clé de le faire avec France Travaille ?
09:52 C'est que pour 100 qui vont se lancer dans la création d'entreprise,
09:55 il y en a 30% qui vont aller au cabis, 70% qui vont s'arrêter en cours de chemin.
09:59 Ce n'est pas grave, c'était une expérience, c'était une tentative,
10:03 mais ce qui est important c'est de pouvoir mobiliser et valoriser cette expérience
10:07 pour pouvoir rebondir et trouver un emploi.
10:09 - Alors Thibault Guilhume, sujet qui fâche, je mets les guillemets,
10:12 c'est Elisabeth Borne à La Réunion pour son premier grand déplacement
10:17 en dehors du territoire métropolitain, qui évoque à travers la réforme RSA,
10:22 donc il est précisé dans votre rapport, il faut lire évidemment les 99 propositions,
10:26 qu'effectivement 15 à 20 heures de travail pourraient être proposées
10:32 à ses allocataires du RSA.
10:33 Elle précise lors de ce déplacement qu'il pourrait y avoir des retraits financiers
10:40 plus ou moins élevés. Est-ce que ça vous l'assumez ?
10:43 Est-ce que là aussi vous dites, on doit changer la philosophie de ce RSA,
10:49 qui était une somme allouée sans aucune contrepartie ?
10:52 Il y a eu quelques voix, notamment Martin Hirsch et quelques autres,
10:55 qui ont contesté cette proposition-là. Qu'est-ce que vous leur répondez ?
10:59 Dans ce cas, il fallait qu'il change les règles du jeu quand il était en responsabilité
11:04 et qu'il a mis en place le RSA, parce qu'il se trouve que le RSA,
11:09 anciennement le RMI depuis 1988, ça a toujours été sous condition.
11:14 Pourquoi ? Parce que ce n'est pas une fin en soi.
11:17 On ne vit pas avec 607 euros par mois. Et celui ici qui vient sur votre plateau
11:21 pour dire que ça suffit et qu'on a répondu à notre devoir de solidarité
11:25 en ayant versé 607 euros par mois à une personne, c'est non seulement absurde,
11:30 mais ce n'est pas notre conception de la solidarité.
11:33 En revanche, si c'est un filet de sécurité, c'est parce que ça doit permettre un rebond,
11:37 de repartir de l'avant, de retrouver son autonomie, sa dignité par le travail.
11:41 Comment ça marche ? Mais aller discuter avec eux, même toutes les associations d'insertion,
11:45 c'est comme ça, en laissant la personne seule, restée chez elle,
11:49 comme ça se passe aujourd'hui avec les bénéficiaires du RSA,
11:51 trois contacts par an, mail compris. Est-ce que ça, c'est vraiment s'occuper des gens ?
11:56 Non. Et donc nous, ce qu'on dit, c'est que ce qu'il y a dans la loi,
11:59 mais qui n'est pas dans la vie réelle, on va le mettre dans la vie réelle.
12:02 Un vrai accompagnement. Et ces 15 ou 20 heures, c'est quoi ?
12:05 C'est des opportunités, c'est des chances pour les personnes qui sont au RSA
12:08 de pouvoir repartir dans la vie. Formation, immersion professionnelle,
12:12 régler un problème de mobilité ou de santé, c'est ça dont il y a besoin
12:16 pour que chaque jour qui passe, lui permette de retrouver un avenir.
12:19 Et évidemment, un accompagnement, ça se fait pas tout seul.
12:22 C'est pas juste la société. C'est un engagement réciproque.
12:25 Ça aussi, ça a été inventé par Michel Rocard en 1988.
12:28 Simplement cet engagement réciproque. S'il y a plus de droits,
12:31 c'est-à-dire plus de possibilités et d'opportunités à saisir,
12:34 ça fait plus de devoirs de pouvoir s'en saisir.
12:37 On va pas réinsérer les gens contre eux-mêmes.
12:40 Un mot quand même, parce que le contrat "engagement jeune",
12:43 j'ai le sentiment que vous allez le modéliser sur le volet RSA,
12:48 qui était de dire à ces jeunes, suivis par l'émission locale
12:51 ou par Pôle emploi, si je résume bien, avec une appli,
12:54 "Vous avez des droits, mais vous avez des devoirs."
12:58 En fait, c'est un peu ça que vous dites à la locataire du RSA.
13:01 "On vous tend la main, attrapez-la."
13:04 - Exactement. C'est pour ça que, de temps en temps, ces débats-là,
13:07 j'y vois quand même beaucoup d'hypocrisie,
13:11 sinon en tout cas une forme de paresse intellectuelle.
13:14 Nous, en tout cas, on est passé à l'action.
13:16 C'est-à-dire que le contrat d'engagement jeune,
13:18 vous savez, moi, ça fait 25 ans quasiment que je suis dans l'insertion,
13:21 et que chaque année, il y a 120 000, 130 000, 140 000 jeunes
13:24 qui sont sortis du système scolaire sans diplôme,
13:27 sans qualification, sans formation, sans espoir.
13:30 C'est vrai ou pas ?
13:32 Nous, ce qu'on a fait, c'est qu'on a mis en place le plan "Agenir une solution"
13:35 avec Elisabeth Borne à l'époque.
13:37 Et pour ces jeunes, ceux qu'on appelle "les nits",
13:39 on leur a proposé ce fameux contrat d'engagement jeune.
13:42 Un conseiller pour 30 jeunes.
13:44 On les connaît et on fait des rendez-vous hebdomadaires.
13:46 Les fameuses 15 ou 20 heures de contenu.
13:49 On a lancé ça il y a un petit peu plus d'un an.
13:51 Figurez-vous que 300 000 jeunes ont bénéficié du contrat d'engagement jeune,
13:54 ont signé leur contrat. On ne leur a pas mis le couteau sous la gorge.
13:57 Ils sont venus signer leur contrat.
13:59 Et vous savez ce qu'ils nous disent ? Ils plébiscitent les 15 ou 20 heures.
14:01 "Ça y est, on s'occupe de nous, il y a un cadre."
14:03 Et à la fin, 77 % des jeunes ont retrouvé une formation ou un emploi.
14:07 Moi, c'est ça que je veux pour chaque personne qui est en difficulté dans ce pays.
14:11 Il faut lui donner des chances, de pouvoir croire en lui,
14:13 de pouvoir développer ses compétences et de pouvoir trouver un emploi.
14:16 C'est le projet qu'on porte avec le gouvernement, avec Olivier Dussopt.
14:18 En tout cas, c'est la définition de la solidarité.
14:21 C'est celle que vous développez.
14:23 C'est important de le préciser. Projet de loi en juin.
14:26 Il y a un vrai sujet sur ce RSA.
14:29 Au-delà de ce début de polémique,
14:32 les entreprises, qu'est-ce que vous leur proposez ?
14:35 Parce qu'il va falloir les accueillir, ces allocataires du RSA.
14:38 Il va falloir leur trouver un espace, que ce soit dans une usine,
14:42 que ce soit dans les bureaux.
14:43 Comment on met en relation cette belle idée avec des entreprises qui vous disent
14:47 "Aujourd'hui, je n'ai pas beaucoup de place, c'est compliqué, il faut l'accompagner."
14:51 Comment on le met vraiment en musique, ce projet ?
14:55 C'est l'autre pan tout aussi important de France Travail.
14:59 C'est comment on accompagne mieux les entreprises.
15:01 D'abord, ça c'est la première des choses.
15:03 Vous savez, si on va à leur devant...
15:05 Aujourd'hui, je parlais des services de Pôle emploi,
15:08 88% des entreprises sont satisfaites de leurs services.
15:12 En revanche, ils sont bons pour les entreprises qui viennent frapper à leur porte.
15:16 Maintenant, ce qu'on dit, la révolution qu'on va faire,
15:19 c'est qu'on va s'organiser pour aller frapper à la porte de toutes les entreprises de France.
15:23 "Bonjour monsieur, bonjour madame, est-ce que vous avez envie de recruter ?"
15:27 Vous inversez le processus.
15:29 7 recrutements sur 10 se font dans des petites entreprises, des TPE, des PME.
15:33 Ils n'ont pas de DRH, ils n'ont pas de personnes pour décrypter à la fois
15:37 la complexité de nos dispositifs et pour trouver le bon candidat.
15:41 Donc, on va l'accompagner.
15:43 Il faut savoir que quand on fait ça, quand on va au devant des entreprises,
15:48 quand on les aide à définir la fiche de poste,
15:50 à sourcer les 3-4 candidats qui vont bien leur aller,
15:53 voire même les accompagner parfois jusqu'à la fin de la période d'essai,
15:56 ça fait plus de recrutement.
15:58 Plus de recrutement, c'est donc un bon investissement social.
16:02 La deuxième des choses, c'est qu'une fois qu'on a apporté un meilleur service aux entreprises,
16:06 le pendant de ça, et moi ce que je dis aux entreprises à travers ce rapport
16:10 et ce qu'a apporté le président de la République avec les entreprises sans gage,
16:14 c'est qu'il faut savoir s'ouvrir à tous les talents.
16:16 Et c'est là où les engagements vont être réciproques aussi avec les entreprises,
16:21 par des choses très concrètes.
16:22 Je peux vous dire la boîte à outils qui cartonne et qui marche,
16:25 c'est les immersions en entreprise.
16:27 Donc ça pourra rentrer dans les heures des allocataires par exemple ?
16:30 Parce que ce n'est pas du travail. L'enjeu, c'est de dire que ce n'est pas du travail.
16:33 Moi je dis aux entreprises qui doutent parfois sur un profil, prenez-le.
16:37 Prenez-le.
16:38 Pendant une journée, une semaine, un mois, ça s'appelle l'immersion facile.
16:41 Vous vous connectez, en trois clics c'est possible,
16:43 il y a déjà 80 000 terrains de stage qui existent en France.
16:48 Rejoignez ça.
16:49 Il se trouve que généralement, pour recruter un boulanger, un agent comptable,
16:53 peu importe, ou un développeur, ça marche très bien une journée, une semaine, un mois.
16:59 Et là on voit tout de suite si ça va coller ou pas entre l'un et l'autre.
17:03 Pénalité ou pas au cas où l'allocataire dit "moi j'ai absolument pas envie de travailler,
17:07 je refuse ces 15-20 heures", est-ce que là il se met en difficulté ?
17:11 Mais bien sûr. Mais bien sûr.
17:13 Mais vous savez que RSA comme ARE, c'est-à-dire l'aide au chômage,
17:18 la contrepartie c'est bien qu'il y ait une implication et un certain nombre d'engagements positifs.
17:25 Aide au retour à l'emploi.
17:26 Mais bien sûr.
17:27 C'est écrit.
17:28 C'est une aide au retour à l'emploi.
17:29 Et donc si les personnes ne s'engagent pas, ne s'impliquent pas, ne sont pas au rendez-vous,
17:34 ne viennent pas aux entretiens avec le conseiller, ne viennent pas au job dating,
17:37 ne répondent pas aux offres d'emploi, mais c'est déjà le cas,
17:40 simplement comme il y aura plus d'opportunités,
17:42 il y aura aussi plus d'engagements attendus de la part des demandeurs d'emploi.
17:46 Juste nous le confirmer, parce que ça c'est l'ingénierie, c'est l'organisation,
17:49 il y a évidemment dans votre rapport, toute la manière dont vous osaturez la décentralisation de tout ça,
17:54 les départements continueront à être les financeurs du RSA ou pas ?
17:57 Ou est-ce que le projet de loi peut recentraliser ce financement ?
18:00 Surtout pas, pas de recentralisation.
18:02 Vous savez, moi je pense que décentralisation, recentralisation, c'est des mots du XXe siècle.
18:06 Ce qui compte, c'est par contre la coopération et la coordination.
18:09 Et donc derrière ces mots-là, par contre, il faut s'en donner les moyens.
18:12 Et donc c'est pour ça qu'on parle de système d'information intégré ou interconnecté.
18:16 On va faire aussi l'Académie France Travail, apprendre à se former ensemble.
18:19 Et donc les départements, c'est un formidable échelon pour l'insertion des personnes en difficulté.
18:23 Simplement, comment voulez-vous réinsérer les personnes en difficulté ?
18:26 Si vous ne dealez pas avec la région pour l'accès à l'information adaptée aux gens les plus éloignés de l'emploi,
18:31 si vous ne dealez pas avec l'État pour avoir les moyens de vos politiques d'emploi,
18:35 et si vous ne travaillez pas avec Pôle emploi et avec l'émission locale pour identifier les candidats ?
18:41 J'oubliais, avant de nous quitter, on a eu un round social assez long
18:45 de contestation de la réforme des retraites par les syndicats.
18:48 Les syndicats, dont beaucoup d'organismes, sont paritaires.
18:51 Je pense aux OPCO, je pense à beaucoup d'organisations.
18:55 J'ai le sentiment qu'ils vous soutiennent sur ce sujet-là en particulier.
19:00 Ils étaient très critiques sur le sujet des retraites.
19:02 D'abord, on a beaucoup travaillé avec les partenaires sociaux.
19:06 Moi, j'échangeais avec eux tout le temps, que ce soit salariés comme patronat,
19:13 et puis aussi toutes les branches professionnelles qui font un travail très important sur le terrain.
19:17 C'est une évidence, le projet France Travail, c'est de permettre un meilleur accompagnement,
19:24 d'investir vraiment dans l'accompagnement des demandeurs d'emploi,
19:28 pour qu'ils puissent retrouver un travail, un bon emploi qui leur correspond.
19:32 C'est bon aussi pour les entreprises, c'est la principale difficulté, le principal enjeu.
19:37 Vous voyez, il y a le président de la République qui, encore aujourd'hui, avec Choose France,
19:42 va annoncer des investissements très importants.
19:45 Donc la dynamique économique est en place en France.
19:49 Mais la clé du succès, c'est que toutes les Françaises et tous les Français
19:53 puissent développer leurs talents, leurs potentiels, et bénéficier de cette dynamique économique.
19:57 Et retrouver leur dignité, parce que c'est un sujet qui ouvre d'ailleurs votre rapport,
20:01 le rapport à la dignité dans cette relation au travail, retrouver sens à sa vie.
20:05 Merci Thibault Guillouis, merci d'être venu nous rendre visite,
20:08 parce que vous faites vraiment un vrai tour de France à la rencontre de tous les acteurs.
20:11 Vous avez ce rapport et vous attendez évidemment avec beaucoup d'attention et d'intérêt
20:15 ce projet de loi débattu dans l'hémicycle pour prendre la tête de France Travail.
20:20 Merci de nous avoir rendu visite, c'est un vrai plaisir.
20:22 Puis j'espère que vous viendrez nous voir quand même, lorsque vous serez à la tête de France Travail,
20:25 pour venir faire des points réguliers sur la situation et la mise en place de vos actions.
20:30 Merci à vous et la suite de notre programme, évidemment, c'est "Fenêtres sur l'emploi" et j'accueille mon invité.

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