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Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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00:00 Il est 20h et c'est un plaisir de vous retrouver pour Face à Beaucôté, un invité exceptionnel ce samedi soir
00:06 puisque Alain Finkelkraut est avec nous. Ravi de vous retrouver cher Alain.
00:10 On va commencer l'émission dans un instant mais d'abord vous en avez l'habitude, c'est le point sur l'information.
00:14 Avec Isabelle Piboulot, bonsoir Isabelle.
00:17 Le pronostic vital des victimes de l'attaque à Annecy n'est plus engagé.
00:26 L'assaillant, lui, a été mis en examen pour tentative d'assassinat et rébellion avec arme.
00:31 Il a été placé en détention provisoire.
00:34 La mairie d'Annecy organisera demain à 11h un rassemblement citoyen en soutien aux victimes et à leurs proches
00:40 pour un moment de solidarité et de fraternité. L'hommage sera à suivre en direct sur CNews.
00:46 La fête a tourné au drame à Clary-Saint-André dans le Loiret.
00:50 Vers 14h, une voiture a heurté une foule lors d'un mariage faisant 8 blessés,
00:54 dont 3 en urgence absolue. Près de 70 pompiers et 25 gendarmes ont été déployés.
01:00 La préfecture appelle les personnes qui disposeraient de photos à les mettre à la disposition des services
01:06 pour les besoins des investigations, mais à ne pas en faire usage sur les réseaux sociaux.
01:11 Et puis drapeau aux tricolores en main, la légende du basketball Lebron James s'est adonnée.
01:16 Le départ des 24h du Mans cet après-midi à l'occasion du centenaire de la course.
01:20 En pole position sur le circuit Bugatti, la Ferrari n°50 a rétrogradé à la 2ème place
01:25 au profit de la Toyota n°8 victorieuse l'an dernier au Mans.
01:29 La voiture de l'équipe japonaise est pour l'heure en tête de cette édition.
01:33 Merci chère Isabelle pour le point sur l'information.
01:35 Face à Bocoté, émission exceptionnelle avec un invité exceptionnel,
01:39 puisqu'Alain Finkielkraut est avec nous. Cher Mathieu, bonsoir.
01:43 Bonsoir.
01:44 Arthur de Vatrigan.
01:45 Alors normalement l'invité vous l'avez dans la 2ème partie de votre émission,
01:48 mais vous avez décidé d'avoir Alain Finkielkraut sur toute l'heure.
01:51 En ces temps si troubles, en ces moments de tensions politiques, sociéto-sociaux,
01:57 pourquoi avoir invité Alain Finkielkraut ce soir ?
02:01 Je reprends vos propres termes. Nous sommes dans des temps troubles,
02:04 des temps qui exigent d'avoir un regard à bonne hauteur.
02:07 Donc il ne se passe pas simplement enfoncer dans une actualité qu'on commande
02:10 sans trop avoir de perspective. Et le regard d'Alain Finkielkraut me semblait,
02:13 sur toute une série de thèmes. On va commencer avec évidemment ce qui s'est passé à Annecy,
02:17 mais aussi les débats récemment autour de Marine Le Pen et de Doigtel,
02:22 et à Civileau, Maréchal Pétain, la question de l'immigration évidemment,
02:25 le rapport à la langue française. Toutes, et les thèmes seront plus nombreux,
02:28 donc toute une série de thèmes sur lesquels je croyais son regard précieux.
02:31 Alain Finkielkraut, bonsoir.
02:32 Bonsoir.
02:33 Alors question toute simple, l'actualité commande de temps en temps inévitablement.
02:36 On a tous été émus par les événements, par l'événement tragique d'Annecy.
02:41 Et certains voient dans tout cela un événement politique qui exigerait
02:45 qu'on remette en question les politiques migratoires.
02:47 D'autres disent non, c'est un événement horrible, absolument horrible,
02:50 mais qui n'a pas de signification politique.
02:52 Quel regard jetez-vous sur cet événement et ses suites ?
02:56 Alors, face à ce qui s'est passé, un homme assaillant au couteau de très jeunes enfants,
03:07 je crois qu'il serait inconvénant de vouloir tenir un discours original,
03:15 et même de prendre de la hauteur.
03:19 Cette atroce, je partage la stupeur et l'effroi de tout un chacun.
03:28 Et j'hésite à commenter cet événement,
03:32 c'est-à-dire à le ranger dans une case,
03:37 car je ne sais toujours rien de l'assaillant,
03:42 de sa trajectoire, de sa santé mentale et de ses motivations.
03:48 On peut légitimement se demander ce qu'il faisait en France,
03:54 puisqu'il avait obtenu le statut de réfugié en Suède.
04:00 Donc cette question est tout à fait normale.
04:03 Alors ce que je constate, c'est qu'on parle beaucoup de récupération politique
04:10 à propos de ceux qui, dit-on, saisissent l'opportunité de l'attaque commise à Annecy
04:18 pour réclamer un durcissement des conditions d'accueil en France.
04:23 Alors je comprends ce malaise,
04:26 et quand Nicolas Dupont-Aignan exhorte les Français
04:32 à ne plus se laisser égorger sans réagir,
04:36 je cite, "je ne trouve pas ces propos très dignes".
04:42 Mais je constate aussi que ce n'est jamais le moment
04:48 de poser la question de l'immigration et du droit d'asile,
04:53 parce que les opposants au projet des Républicains d'une loi sur l'immigration
05:02 ont dit, comme c'était prévisible,
05:05 que la droite chassait sur les terres de l'extrême droite,
05:10 qu'elle tournait le dos à l'Europe et bafouait les valeurs républicaines.
05:16 Donc plus la question se fait pressante,
05:20 moins il est opportun et légitime de la traiter.
05:24 On ne va peut-être pas tirer profit de cet événement,
05:30 mais à un moment donné, il faudra poser clairement la question en France.
05:35 Et nous y reviendrons bientôt.
05:37 Une dernière question sur cet événement.
05:39 On a beaucoup parlé de la scène et surtout de l'acte héroïque
05:42 de ce jeune Henri qui se manifeste,
05:45 qui pourchasse l'agresseur
05:48 et qui est célébré par plusieurs, presque tout le monde,
05:52 sauf une partie de la gauche médiatique.
05:55 On peut penser au texte de Daniel Schneiderman
05:57 qui tourne en ridicule le personnage,
05:59 parce qu'il est catholique, on comprend bien,
06:01 parce qu'il a des convictions très fortes en la matière.
06:04 Que vous inspire cet acte héroïque et la réaction peut-être de certains autour de cela?
06:08 Cet acte héroïque m'inspire le plus grand respect.
06:13 Tout le monde se pose la question du courage physique.
06:17 Notamment les gens de ma génération.
06:20 On est nés, on est les baby-boomers,
06:22 on est nés peu après la guerre et on se dit toujours
06:26 « qu'est-ce que j'aurais fait? Aurais-je su résister? »
06:30 Ou me serais-je planqué?
06:32 Donc je suis habité par cette question.
06:36 Le secret d'un homme, disait Sartre, ce n'est pas le complexe d'Oedipe,
06:41 c'est son pouvoir de résistance aux supplices et à la mort.
06:45 Et ce secret, il ne me sera jamais dévoilé.
06:48 C'est la chance de la naissance tardive, la grâce de la naissance tardive,
06:52 comme disait Edmund Kohl.
06:55 Donc je vois cet homme, effectivement,
06:57 il a fait ce que peut-être je n'aurais pas été capable de faire,
07:00 il a poursuivi l'assaillant avec son sac à dos.
07:05 Et j'ai lu en effet l'article de Daniel Sherman
07:09 où, pour être juste, il s'en prend davantage à ces news
07:14 et à Bolloré et à Pascal Praud
07:17 qu'à ce héros.
07:20 Il dit « voilà, on veut lui proposer une émission, etc. »
07:24 parce que la droite tradie se précipite sur lui.
07:28 C'est grotesque.
07:30 Et j'ai pensé en disant cela
07:34 à cette rubrique de la revue « Commentaire »
07:36 qui s'appelle « Sans commentaire ».
07:38 « Sans commentaire », c'est on prend les phrases les plus démentes
07:44 ou les plus débiles écrites ou prononcées pendant le trimestre.
07:48 Je crois que l'article de Daniel Sherman
07:54 doit figurer en bonne place dans la rubrique « Sans commentaire ».
07:58 Donc je ne commenterai pas plus avant.
08:00 – Alors, une dernière question sur ce thème d'Arthur Le Vatrigan
08:03 et ensuite nous passons au sujet suivant.
08:05 – Oui, avec ce qui s'est passé à Annecy, je pensais à deux choses.
08:08 Cela m'a rappelé l'affaire Lola, avec cette question qui nous travaille tous
08:11 et dont on n'a jamais la réponse, c'est pourquoi.
08:13 Et j'ai repensé à cette phrase qu'écrit De Baudelaire
08:16 qui est « Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées,
08:19 l'une vers Dieu, l'autre vers Satan.
08:21 Pensez-vous que nous, modernes, on a trop rapidement éliminé
08:24 par manque peut-être d'humilité, l'hypothèse d'un principe de mal actif
08:28 et aussi le principe d'un mal actif et le principe également d'un bien actif ?
08:34 Est-ce qu'il y a quelque chose qui peut nous échapper
08:36 et qu'on ne pourra jamais à chaque fois guérir ou empêcher ? »
08:39 – C'est une question métaphysique très difficile.
08:44 Postulation vers Dieu, moi je ne sais pas quoi répondre
08:48 puisque Dieu, si j'ose dire, ne fait pas partie de ma vie,
08:55 l'au-delà, la vie éternelle, tout cela, non ?
08:59 Malheureusement pour moi d'ailleurs, je regrette,
09:02 je suis plutôt orphelin de Dieu qu'un athée fier d'avoir instauré
09:09 le règne de l'homme à la place du règne divin.
09:13 Mais d'autre part, oui, on a du mal à penser le mal, ça c'est sûr.
09:18 Et d'ailleurs, ce mal à penser le mal,
09:21 c'est la sociologie dominante qui l'exprime.
09:24 C'est-à-dire, plus il y a des choses atroces,
09:27 plus on en cherche les causes, et notamment dans le mal qui nous vise.
09:31 Les causes, c'est les difficultés que la société vous fait,
09:40 la place que l'on y occupe, etc.
09:45 Et donc on renverse même la responsabilité sur les victimes.
09:51 C'est une tentation extrêmement forte,
09:54 mais il est vrai que c'est une idée très difficile à penser.
10:00 C'est-à-dire, ce type-là qui va s'acharner sur des petits-enfants,
10:06 il est normal qu'on reste stupide, presque.
10:11 Et même si sa pathologie est déclarée,
10:16 puisque je crois qu'un psychiatre a conclu à l'altération du discernement,
10:20 on sera presque soulagé, parce qu'on voudrait que ce ne soit pas possible.
10:26 - Alors, thème suivant, thème qui était à l'origine de votre invitation à cette émission,
10:30 avant que l'actualité s'invite à nous de triste manière vers la fin de la semaine.
10:35 Il y a une dizaine de jours, environ deux semaines, on le sait,
10:39 Elisabeth Borne a assimilé, enfin, on lui a posé la question,
10:43 dans une émission à Radio-J, je crois.
10:46 On lui a demandé s'il y a un lien entre le maréchal Pétain et Marine Le Pen.
10:50 Est-ce que Marine Le Pen est l'héritière, à certains égards, de Pétain et du pétainisme?
10:54 Et la controverse s'est lancée.
10:56 Emmanuel Macron a recadré Elisabeth Borne, avant de recadrer lui-même par Bruno Le Maire,
11:01 et tous, finalement, avaient leur grain de sel sur cette question.
11:03 Est-ce que c'est une question légitime de se demander si Marine Le Pen est l'héritière,
11:07 aujourd'hui, du maréchal Pétain?
11:09 - La question est légitime, mais c'est la réponse qui me paraît très contestable.
11:16 2015, Jean-Marie Le Pen donne un entretien à Rivarol,
11:23 mensuel, ostentatoirement et obsessionnellement antisémite.
11:31 Et qu'est-ce qu'il dit? C'est un festival.
11:34 Les chambres à gaz sont, en effet, un détail de l'histoire.
11:39 Les pétainistes ont toutes leurs places au Front National.
11:44 La France est gouvernée par des immigrés.
11:47 Manuel Valls étant français depuis 30 ans,
11:52 on peut légitimement s'interroger sur son attachement à la France.
11:58 C'est plus facho que moi, tu meurs.
12:03 2015, que se passe-t-il?
12:06 Marine Le Pen réagit très durement.
12:10 C'est le commencement de la rupture.
12:13 Il a été exclu du parti.
12:15 Le parti a changé de nom.
12:20 Ça devrait être une bonne nouvelle.
12:24 Ce parti devient présentable.
12:29 Il rompt avec ce qu'il a de plus inquiétant et de plus glauque.
12:36 Son succès électoral tient aussi à ce travail d'assainissement.
12:44 Ce qui est tout à fait singulier, c'est que les vigilants ne veulent pas l'entendre.
12:52 Ils devraient se réjouir.
12:55 On se rend compte qu'ils sont complètement paniqués
13:01 à l'idée d'être un jour orphelins de leur ennemi préféré.
13:07 Le mot d'ordre de la vigilance, c'est le fascisme ne trépassera pas.
13:15 Ça me fait penser à une réflexion extraordinaire de Raymond Aron
13:21 dans un article sur le grand historien Marc Bloch.
13:26 La vanité française consiste à se reprocher toutes les fautes
13:32 sauf la faute décisive, la paresse de penser.
13:37 La paresse de penser aujourd'hui en France a pour nom mémoire, malheureusement.
13:43 Il est temps, il est grand temps de remettre du présent dans le présent.
13:49 Et ce qui est aussi diabolisé, pétainisé et fascisé,
13:56 c'est l'angoisse existentielle des Français.
14:02 La continuité historique de la nation est en question.
14:12 La France a été très longtemps ressentie comme évidente.
14:19 Elle est de plus en plus ressentie comme non-évidente.
14:25 C'est un événement considérable dont il faudrait absolument tenir compte.
14:33 Et là, moi, je réponds à cette idée.
14:36 C'est extraordinaire, si vous voulez, cette idée.
14:39 Un jour, un député socialiste, Bruno Le Rue, a eu cette phrase extraordinaire.
14:46 Il a parlé, à propos de Marie Le Pen, de racisme génétique.
14:52 C'est pas la peine de commander non plus.
14:58 Alors là, je voudrais citer Jacques Julliard.
15:03 Il est inutile et même nuisible pour la gauche d'exploiter jusqu'à la corde
15:11 la rente morale de l'antifascisme, de l'antipétinisme,
15:16 si cela sert de prétexte à l'absence de position claire
15:24 sur la montée de l'insécurité dans nos sociétés et sur l'immigration.
15:30 Voilà la réponse que je fais.
15:32 - Vous me direz si je tire la conséquence politique naturelle de votre réflexion.
15:39 Est-ce qu'aujourd'hui, on pourrait dire que le RN est un parti
15:41 avec lequel on peut avoir des désaccords nombreux, comme avec tous les autres partis,
15:44 mais ce n'est plus un parti assitué à l'extérieur du cordon sanitaire?
15:47 Autrement dit, c'est un parti légitime, républicain, comme certains disent.
15:51 - Je trouve que cette idée de cordon sanitaire doit être impérativement dépassée.
15:57 Cependant, l'extrême droitisation de l'inquiétude et de la clairvoyance,
16:07 c'est ce qu'il peut y avoir de pire.
16:09 Et je reprends une expression qui vous est chère, "extrême droitisation".
16:12 Cependant, l'extrême droite existe.
16:19 Et là, je suis obligé de citer l'entretien que Michel Houellebecq a donné à votre mensuel, "L'Incorrect".
16:32 Et je vais le citer avec une certaine tristesse,
16:38 parce que j'admire le romancier Houellebecq,
16:43 de l'extension du domaine de la lutte à anéantir.
16:47 J'aime presque tous ses livres.
16:50 Et surtout, je me désolidarise de ceux qui, par ressentiment contre la supériorité,
16:57 profitent de sa mauvaise passe actuelle pour lui régler son compte.
17:02 Mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, ce n'est plus la sagesse du roman qui s'exprime,
17:10 il tient des propos de comptoir.
17:14 Et j'en viens à l'extrême droite.
17:17 Michel Houellebecq est interrogé sur la guerre en Ukraine.
17:22 Et il dit ceci, c'est plus ou moins un problème interne à l'ex-URSS.
17:30 Après une petite pause Trump, on redécouvre le plaisir des Américains
17:38 à déclarer, à déclencher des guerres et plus encore,
17:44 à les financer sans les faire directement.
17:47 Vous vous rendez compte ?
17:49 Les Américains n'ont évidemment pas déclenché cette opération militaire spéciale.
17:56 Et s'ils n'étaient pas venus en aide à l'Ukraine,
17:59 l'Ukraine aurait été, dans le vocabulaire de la propagande poutinienne,
18:02 dénazifiée, c'est-à-dire normalisée, de manière beaucoup plus brutale
18:09 que la Tchécoslovaquie après l'écrasement du printemps de Prague.
18:17 Et surtout, et en plus, Michel Houellebecq est interrogé,
18:24 on lui demande, est-ce que votre courant sera représenté aux Européennes ?
18:30 « Oui, dit-il, il y a quelqu'un, Florian Philippot. »
18:34 Et là, on retrouve le cocktail de l'extrême droite aujourd'hui.
18:41 Poutinisme échevelé, anti-américanisme effréné, complotisme anti-Vax.
18:49 Et ça s'entend, ce complotisme anti-Vax,
18:56 ça s'entend même de temps en temps, même parfois sur ces news.
19:01 Parfois. Et ça, ça me paraît vraiment l'extrême droite.
19:07 Et ça concerne aussi le Rassemblement national,
19:10 parce que l'une des personnalités les plus importantes du RN,
19:15 les plus en vue, c'est Thierry Mariani, un véritable propagandiste de Poutine
19:22 et aussi du régime syrien de Bachar el-Assad,
19:25 qui est représenté sous les couleurs du RN à la mairie de Paris.
19:28 Donc, on n'en a pas tout à fait fini avec l'extrême droite,
19:31 même s'il faut en finir avec le condom sanitaire.
19:34 Vous nous dites que c'est l'extrême droite, ces trois éléments,
19:37 donc anti-américanisme exagéré, pro-Poutinisme et complotisme anti-Vax.
19:41 Je reprends vos catégories.
19:43 Donc ça, ce serait la nouvelle extrême droite.
19:45 Je suppose qu'il y en a une antérieure.
19:47 Alors, quel est le concept de l'extrême droite,
19:49 au-delà du contenu que vous lui prêtez en ce moment ?
19:51 Qu'est-ce que c'est ? À quoi cela réfère, finalement ?
19:55 On dit ancienne extrême droite, nouvelle extrême droite.
19:58 Il y a un mot commun, c'est extrême droite.
20:00 Donc, il doit y avoir quelque chose en commun, au-delà de l'ancien et du nouveau.
20:03 C'est une pensée totalement décollée du réel,
20:14 extrêmement cruel, excusez-moi de la pauvreté de ce propos,
20:25 et une pensée surtout, effectivement,
20:28 qui cherche, derrière le rideau des apparences, à voir plus clair.
20:38 Apparemment, c'est Poutine qui fait la guerre à l'Ukraine.
20:42 En réalité, c'est l'Amérique qui fait la guerre à la Russie.
20:48 On vous vend le vaccin, on vous vend...
20:53 En fait, c'est Big Pharma, vous voyez ?
20:57 Et d'ailleurs, là, on retrouve la vieille extrême droite.
21:00 Parce que quand on vous dit Big Pharma, on vous dit Pfizer,
21:04 et quand on vous dit Pfizer, tout d'un coup,
21:06 surgit bizarrement le nom de Jacques Attali.
21:10 Et on a vu ça aussi dans le mouvement des gilets jaunes.
21:15 Alors, ce n'est pas une conceptualisation tout à fait satisfaisante,
21:19 et je connais votre exigence à cet égard, Mathieu Bocoté,
21:22 mais voilà, c'est la raison pour laquelle,
21:25 de manière spontanée et presque épidermique, je parle d'extrême droite.
21:30 - Arthur Le Batrigant.
21:31 - Je ne veux pas défendre Michel Houellebecq, je ne suis pas son avocat,
21:34 mais quand il parle de Philippot, à aucun moment il ne parle de vaccin.
21:38 - Mais il ne parle que de ça, Philippot !
21:40 - Non, non, parce que dans l'entretien, et en plus il faut le prendre plus avec de l'ironie,
21:44 il explique que le problème principal, c'est la contrainte de l'Union européenne,
21:48 et c'est ce qui empêche la France de retrouver sa souveraineté,
21:51 et donc de régler les problèmes.
21:52 Et on lui pose la question, il dit qu'aujourd'hui,
21:54 le seul qui veut sortir de l'Europe, c'est Philippot.
21:56 Mais on peut le prendre aussi en mode, bon, c'est Philippot,
21:58 c'est-à-dire, si je vais réussir.
22:00 Et à aucun moment il ne parle de vaccin, il dit simplement sur l'Europe.
22:02 Alors après, je peux partager votre avis que dans certaines nibuleuses
22:06 qui ne représentent quand même pas grand monde,
22:08 qu'il y ait des adulateurs de Poutine et en même temps des complotistes anti-vax,
22:11 certes, je ne pense pas que ce soit le cas de Michel Houellebecq.
22:14 - Non, vous avez peut-être raison.
22:16 - Je ne vois pas en quoi il est d'extrême droite aujourd'hui.
22:20 - Mais si, je trouve que si vous voulez cette désinvolture,
22:25 cette façon de ne pas tenir compte des réalités les plus déchirantes,
22:31 c'est ça qui me fait peur.
22:32 C'est-à-dire, c'est l'assassinat de Nemtsov, Navalny en prison,
22:37 Karamurza condamné à 25 ans de prison,
22:42 et tout d'un coup, il y a quelqu'un qui vous dit
22:44 "c'est l'Amérique qui a déclenché cette guerre".
22:46 Donc, ce traversé des apparences,
22:48 alors peut-être ai-je tort de parler d'extrême droite,
22:51 moi je ne crois pas que j'ai tort, mais bon,
22:53 ce traversé des apparences me terrifie.
22:57 Et c'est bien pourquoi tous ceux, et ceux qui pensent ainsi,
23:02 ça n'a pas d'importance, Weidbeck, c'est un symptôme,
23:04 mais c'est un personnage tout à fait singulier.
23:08 Mais des gens qui pensent ainsi, en tout cas,
23:11 se retrouvent à l'extrême droite.
23:13 Même si vous dites "c'est peut-être pas le bon concept",
23:15 mais en effet, ils se retrouvent tous à l'extrême droite.
23:18 Et c'est pour ça que moi, je veux continuer à les combattre,
23:22 même si je ne veux pas de l'idée du comptant sanitaire
23:26 et que cette histoire d'héritier de pétain,
23:28 je ne veux plus en entendre parler.
23:30 La publicité, on revient dans un instant,
23:32 permettez-moi, Alain Finkielkraut, de vous dire que,
23:35 sur le plateau de ces news, pendant la crise sanitaire,
23:38 il y a pu avoir des gens qui contestaient la politique
23:42 sanitaire du gouvernement,
23:44 et mettaient des doutes sur le fait de vacciner tout le monde,
23:47 mais des véritables complotistes, s'il y en a eu,
23:50 à chaque fois, on a pu remettre l'église au milieu du village.
23:54 Il y a eu une grande présence de Didier Raoult aussi.
23:59 Ah, vous pourriez lui poser la question après.
24:02 La publicité, parce que Didier Raoult, complotiste ?
24:05 La pub.
24:07 20h30 sur CNews, la seconde partie de Face à Beaucoter,
24:13 avec comme invité exceptionnel, toujours Alain Finkielkraut,
24:16 Mathieu, Arthur, on est toujours là.
24:18 Le Point sur l'information avec Isabelle Piblot,
24:21 et on reprend le débat.
24:24 Le verdict suscite l'indignation et la déception
24:28 des proches de Chahina.
24:30 L'ex-petite amie de l'adolescente a été condamnée
24:33 à 18 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat
24:36 de la jeune fille en 2019.
24:38 La levée de l'excuse de minorité de l'accusée,
24:41 âgée de 17 ans au moment des faits,
24:43 n'a pas été retenue par la cour.
24:45 La justice se fout des violences faites aux femmes,
24:48 a dénoncé l'avocate de la famille.
24:50 Le premier ministre canadien s'est engagé à verser
24:53 500 millions de dollars pour aider l'armée ukrainienne.
24:56 Il a par ailleurs blâmé la Russie pour la destruction
24:59 du barrage hydroélectrique dans le sud de l'Ukraine.
25:02 La catastrophe a fait au moins 5 morts et plusieurs
25:05 dizaines de disparus.
25:07 En fin de direction, la Turquie, c'est l'effervescence.
25:10 Dans le stade olympique Atatürk à Istanbul,
25:13 la finale de la Ligue des champions débute
25:16 dans une trentaine de minutes.
25:18 Manchester City fait face à l'inter Milan.
25:21 Les Anglais, favoris, vainqueurs de la première Ligue
25:24 et de la cup, visent le triplé avec un premier sacre
25:27 lors de cette finale.
25:29 Rencontre à suivre dès 21h sur Canal+.
25:32 - La suite de "Face à beau côté", Mathieu, c'est à vous
25:35 pour cet entretien extraordinaire avec Alain Ficq-Lelucon.
25:38 - Nous aborderons très bientôt la question de l'immigration
25:41 telle qu'elle se pose dans l'actualité.
25:44 Mais j'aimerais vous poser une dernière question
25:47 sur la mobilisation de Marine Le Pen sur le cordon sanitaire
25:50 et ainsi de suite. Est-ce que finalement, aujourd'hui,
25:53 tout parti qui prétend parler sérieusement, j'entends,
25:56 "contenir les migrations massives", "stopper les migrations
25:59 massives", n'est-il pas condamné à se faire extrême-droitiser
26:02 d'une manière ou de l'autre? Et dans le cas du RM,
26:05 puisqu'au présent, on ne trouve plus les éléments
26:08 d'extrême-droite, en guillemets, pour faire son procès,
26:11 on se rabat sur ses origines. Donc, dans 50 ans,
26:14 il faut que vous parlez, puisque vous avez pris la dose
26:17 de présent dans le présent. - Peggy a écrit
26:20 une phrase extraordinaire dans notre jeunesse.
26:24 D'ailleurs, elle est depuis quelque temps assez souvent citée.
26:28 Il a dit...
26:31 "Il est difficile de dire ce qu'on voit..."
26:36 Non, "il faut dire ce qu'on voit et aussi,
26:40 "ce qui est plus difficile, voir ce qu'on voit."
26:44 C'était difficile à l'époque de Peggy,
26:48 et c'est aujourd'hui presque héroïque
26:53 de voir ce qu'on voit, parce que,
26:57 quand on voit ce qu'on voit,
27:01 on est presque systématiquement traités
27:05 de raciste. L'époque que nous vivons
27:10 est celle de l'antiracisme devenu fou,
27:14 comme l'a écrit Taghiyev. L'antiracisme,
27:18 ça devrait être le principe moral
27:22 de nos démocraties. Elles sont fondées
27:26 sur la logique du semblable.
27:30 Nous sommes tous égaux en tant qu'hommes,
27:33 et pas seulement en tant que citoyens.
27:35 C'est les droits de l'homme et du citoyen.
27:39 Et évidemment, ce principe doit...
27:43 devait être réaffirmé avec une solennité particulière
27:49 après la Deuxième Guerre mondiale.
27:52 Mais aujourd'hui, tout a changé.
27:56 On est raciste dès lors qu'on se pose
28:02 la question, comme je l'ai dit tout à l'heure,
28:05 de la continuité française.
28:08 Dès lors qu'on se dit, mais bon,
28:10 la France a le droit d'être. Non.
28:14 C'est comme si, en établissant des frontières,
28:18 on entrait dans un processus fatal
28:24 de discrimination. Et au nom de la lutte
28:29 contre les discriminations, on vous interdit
28:33 de poser la question de l'immigration
28:37 ou du dévoiement du droit d'asile.
28:41 Et c'est une surprise pour moi
28:44 d'avoir, depuis un certain temps déjà,
28:48 à combattre l'antiracisme.
28:52 On ne peut pas combattre l'antiracisme,
28:54 mais il le faut aujourd'hui.
28:56 On parle de l'antiracisme officiel,
28:59 de l'antiracisme idéologique,
29:01 de l'antiracisme intimidant,
29:04 qui sévit de plus en plus sous nos climats.
29:08 - La question de l'immigration,
29:10 certains disent qu'elle n'est pas
29:12 une priorité pour les Français,
29:14 mais elle finit toujours par revenir
29:16 d'une manière ou de l'autre.
29:18 Son dernier visage, c'est la question
29:20 de la baïa à l'école.
29:22 Elle est interprétée par le ministère
29:24 de l'Intérieur et la Commission nationale
29:26 comme des atteintes à la laïcité.
29:28 Mais est-ce que le concept d'atteinte
29:30 à la laïcité est le plus adéquat
29:32 pour parler de cette présence
29:34 nombreuse des abayas à l'école?
29:36 Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose
29:38 de plus profond encore des moeurs
29:40 françaises, de la culture française
29:42 qui sont remises en question
29:44 par ce changement de coutume
29:46 qui témoigne peut-être aussi
29:48 d'un changement démographique?
29:50 - Alors, il faut dire d'abord
29:52 que les abayas sont passées
29:54 de l'éthéronomie
29:56 à l'autonomie.
29:58 Ce sont les hommes
30:00 qui fixent leurs lois.
30:02 Mais la sécularisation
30:04 ne s'est pas faite
30:06 partout
30:08 de la même manière.
30:10 Et nous avons
30:12 des pays
30:14 comme la Pologne
30:16 ou les pays anglo-saxons
30:18 qui jugent
30:20 liberticide
30:22 la loi française
30:24 interdisant
30:26 les signes religieux ostensibles
30:28 à l'école. Et quand je parle
30:30 de la Pologne, je parle de Gazeta,
30:32 le journal d'Adam Mischnik.
30:34 Je parle aussi de la tradition
30:36 dissidente en Pologne. Je parle pas du
30:38 nouveau parti catholique.
30:40 Et dans les pays anglo-saxons, on ne comprend pas
30:42 cet acharnement français.
30:44 Et là, c'est intéressant et je vous rejoins
30:46 d'une certaine manière.
30:48 Parce que comment expliquer
30:50 la différence française ?
30:52 Et là, pour répondre,
30:54 j'ai rouvert
30:56 un livre de Claude Habib
30:58 qui s'intitule
31:00 "Galanterie française".
31:02 Et elle dit
31:04 l'interdiction des signes religieux
31:06 à l'école prend sens
31:08 si on la met en relation
31:10 avec des pratiques
31:12 de mixité dans l'ensemble
31:14 de la société. Elle devient
31:16 incompréhensible si on la rapporte
31:18 à cet arrière-plan de tradition
31:20 galante qui présuppose
31:22 la visibilité des femmes
31:24 et plus précisément
31:26 une visibilité heureuse,
31:28 une joie d'être
31:30 visible. Et elle dit
31:32 oui, il y a un autre règlement
31:34 de la coexistence
31:36 des sexes, c'est celui
31:38 de la séparation.
31:40 Et en France, c'est du fait
31:42 de cette
31:44 tradition-là encore
31:46 un peu vivante
31:48 qu'on ne le supporte pas. Donc,
31:50 la laïcité elle-même s'appuie
31:52 sur ce qui lui est
31:54 antérieur.
31:56 Et là,
31:58 je suis absolument
32:00 estomaqué
32:02 par l'attitude
32:04 de la gauche,
32:06 de la NUPES
32:08 et plus précisément encore
32:10 de la France Insoumise.
32:12 Je veux faire le bon part à propos
32:14 des abayas. Comme chaque
32:16 année, on cherche à inventer
32:18 une nouvelle polémique pour s'en prendre
32:20 aux musulmans, les musulmans de
32:22 ce pays en ont marre
32:24 de servir de chair à canon médiatique.
32:26 Thomas Porte,
32:28 plus élégant, "Vous créverez
32:30 la bouche ouverte
32:32 de votre racisme rance."
32:34 Et
32:36 c'est tout à fait
32:38 extraordinaire. La gauche
32:40 qui avait fait de
32:42 la laïcité sa cause,
32:44 sa cause première,
32:46 eh bien, aujourd'hui,
32:48 elle prend le parti
32:50 de l'abaya au nom
32:52 de l'antiracisme,
32:54 de la lutte
32:56 contre les discriminations.
32:58 Et là encore, on se trouve
33:00 face à l'antiracisme.
33:02 Et j'ajoute,
33:04 pour en finir sur la laïcité,
33:06 justement, que la gauche
33:08 se fait une certaine idée
33:10 de la laïcité quand même.
33:12 Vous vous souvenez
33:14 de la dernière sortie
33:16 d'Éric Piolle, le maire
33:18 écologiste de Grenoble.
33:20 Il veut supprimer
33:22 du calendrier
33:24 les jours fériés religieux,
33:26 pour les remplacer
33:28 par des fêtes
33:30 laïques liées à la République,
33:32 à l'abolition
33:34 de l'esclavage et aux personnes
33:36 LGBT.
33:38 Interdit de rire.
33:40 Et c'est ça, la nouvelle gauche
33:42 laïque.
33:44 Il s'agit de débarrasser
33:46 la France de la civilisation
33:48 française pour que
33:50 l'autre s'y sente
33:52 tout à fait chez lui.
33:54 Et cette évolution
33:56 est terrible.
33:58 Et donc, je redis ici
34:00 ce que j'ai déjà eu
34:02 l'occasion de dire.
34:04 C'est parce que je suis de gauche
34:06 que je ne suis plus de gauche.
34:08 - Mais alors, sur le concept de laïcité
34:10 dans les circonstances, il y a quelque chose
34:12 d'un peu étonnant, parce que c'est le concept
34:14 autour duquel tous se rassemblent
34:16 pour dire que c'est inacceptable.
34:18 Mais est-ce qu'on peut imposer la laïcité
34:20 à une société qui connaît un changement
34:22 de population tel que ces populations
34:24 n'ont plus justement l'arrière-fond culturel
34:26 qui amenait catholiques ou athées
34:28 à embrasser la laïcité
34:30 comme un mode d'organisation politique
34:32 des croyances ? Autrement dit, si on change
34:34 de population, est-ce que la laïcité peut survivre
34:36 ou est-ce qu'elle ne tombera pas comme un fruit sec ?
34:38 - Je ne sais pas.
34:40 En tout cas, pour qu'elle survive,
34:42 il faut déjà qu'on la défende.
34:44 Et il faut déjà
34:46 qu'on ne la déconstruise pas
34:48 au nom de l'antiracisme
34:50 et de la lutte contre la discrimination.
34:52 Mais là, on en revient
34:54 à ce que nous disions
34:56 tout à l'heure
34:58 sur l'inquiétude,
35:00 sur l'angoisse existentielle,
35:02 c'est-à-dire
35:04 que restera-t-il demain
35:06 de la France ?
35:08 La France peut-elle,
35:12 au rythme où va
35:14 l'immigration,
35:16 continuer à être la France ?
35:18 Parce que c'est aussi
35:20 une question de nombre.
35:22 Je crois en effet
35:24 que des gens venus
35:26 d'une tout autre culture
35:28 peuvent très bien s'intégrer
35:30 mais
35:32 s'ils ne sont pas
35:34 majoritaires dans les lieux
35:36 où ils habitent.
35:38 Parce qu'alors là, même
35:40 ceux qui
35:42 ressentent l'appel des Lumières,
35:44 sont soumis à la pression
35:46 du groupe et sont
35:48 contraints pour les femmes,
35:50 notamment pour les jeunes filles, de porter
35:52 le voile. Et enfin, il faut quand même
35:54 le dire,
35:56 avec cette histoire d'Abaya,
35:58 ça a quelque chose d'obscène.
36:00 Nous voyons aujourd'hui des jeunes
36:02 filles et des femmes
36:04 en Iran ôter
36:06 le voile au péril
36:08 de leur vie et nous voyons
36:10 une gauche en France
36:12 soutenir et le voile
36:14 et l'Abaya et tous
36:16 les vêtements religieux
36:18 au nom de la liberté, de l'antiracisme
36:20 et de la lutte contre
36:22 les discriminations. Cette
36:24 préexistance temporelle
36:26 a quelque chose d'effrayant.
36:28 Arsoul de Vatrigan, avant de vous partir au prochain
36:30 thème. Je vais être encore plus pessimiste
36:32 que vous.
36:34 Comment une loi peut-elle triompher
36:36 d'un état social contraire ?
36:38 Parce que l'Abaya est
36:40 remontée sur le devant de la scène, si je peux dire,
36:42 parce qu'il y a eu une centaine de cas qui ont monté
36:44 dans deux écoles. C'est-à-dire qu'une majorité
36:46 sur un périmètre restreint
36:48 qui porterait l'Abaya. Et toute l'histoire,
36:50 toute notre histoire, montre que la loi
36:52 s'adapte à la population
36:54 et s'aligne.
36:56 Donc la question, c'est est-ce que la laïcité
36:58 en tant que loi
37:00 a-t-elle un avenir ? Dans un état social
37:02 qui n'en veut pas et qui la rejette ?
37:04 Qui propose autre chose ?
37:06 Je crois qu'il ne faut pas
37:08 céder.
37:10 Il ne faut pas...
37:12 Ce serait une forme
37:14 de soumission à la loi du plus fort.
37:16 C'est ce que
37:18 on appelle
37:20 la collaboration.
37:22 Alors, je pense que non.
37:24 On doit combattre
37:26 l'esprit de collaboration
37:28 et on doit le combattre
37:30 surtout s'il
37:32 prend
37:34 la forme, le déguisement
37:36 de l'hospitalité,
37:38 de
37:40 l'accueil,
37:42 de
37:44 la célébration de l'autre.
37:46 Il ne s'agit pas là de l'autre, il s'agit d'une force,
37:48 d'une force qu'il faut contenir
37:50 et qu'il faut la contenir
37:52 au bénéfice même
37:54 d'un certain nombre de gens
37:56 et notamment de jeunes filles
37:58 issues de l'immigration
38:00 qui ont une demande de liberté.
38:02 Souvenons-nous
38:04 des débats de la commission
38:06 Stasi en 2004.
38:08 On nomme une commission pour discuter
38:10 de la nécessité
38:12 ou non d'une loi
38:14 parce que c'était
38:16 réglé au cas par cas,
38:18 à la demande d'ailleurs
38:20 du Conseil d'État et ça ne fonctionnait pas
38:22 dans les lycées. Donc,
38:24 Jacques Chirac nomme une commission
38:26 présidée par Bernard Stasi,
38:28 la démocratie chrétienne.
38:30 La majorité des membres
38:32 de cette commission étaient hostiles
38:34 à une loi. Ils disaient non, pas la peine.
38:36 Et ils ont changé d'avis
38:38 non seulement quand ils ont
38:40 entendu des
38:42 proviseurs complètement
38:44 affolés, mais quand ils ont entendu
38:46 des jeunes filles leur disant
38:48 pour nous c'est le salut.
38:50 C'est-à-dire que cette loi va nous
38:52 sauver de la pression du groupe.
38:54 Et donc, même Bernard Stasi
38:56 s'est rangé
38:58 justement sous la bannière
39:00 de la laïcité intransigeante
39:02 alors qu'il était lui-même
39:04 démocrate chrétien.
39:06 Il faut
39:08 conforter cette exigence aujourd'hui.
39:10 Il nous reste 5 minutes pour la fin de l'émission.
39:12 Tout va trop rapidement.
39:14 Vous avez tout récemment, vous êtes intervenu
39:16 autour de la question, si je peux utiliser
39:18 cette formule, la question Nicolas Sarkozy.
39:20 C'est-à-dire les condamnations,
39:22 ces histoires judiciaires. Vous avez
39:24 senti le besoin d'intervenir en y
39:26 voyant, si je présente bien votre position,
39:28 une forme d'hubris des juges qui veulent
39:30 se substituer à la démocratie,
39:32 se substituer aux politiques et
39:34 cherchent à confisquer la vie publique,
39:36 confisquer dans ce cas-là le cas Sarkozy.
39:38 Que vous inspire cette situation ?
39:40 Alors, Simon Blain,
39:42 dans Libération,
39:44 a écrit un article
39:46 à droite,
39:48 "Les mauvais juges de l'État de droit".
39:52 Et il me classait
39:54 parmi ces mauvais juges,
39:56 dans un article d'ailleurs qui n'était pas du tout insultant.
39:58 Mais ma réaction
40:00 n'est pas celle du tout d'un homme
40:02 de droite, ni d'ailleurs d'un homme de gauche,
40:04 mais d'un citoyen
40:06 et d'un justiciable
40:08 éventuel.
40:10 C'est
40:12 Montesquieu qui disait,
40:14 "Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir,
40:16 il faut que par la disposition
40:18 des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.
40:20 Il faut que le pouvoir judiciaire
40:22 arrête le pouvoir politique."
40:24 Et c'est toute
40:26 d'ailleurs la question qui se pose en Israël.
40:28 C'est pour ça qu'il y a cette
40:30 révolte. Il faut arrêter
40:32 la frénésie d'un pouvoir
40:34 politique qui veut faire main basse
40:36 sur le pouvoir judiciaire. En France,
40:38 c'est l'inverse. Il faut
40:40 arrêter ce pouvoir judiciaire
40:42 où cette justice, en état
40:44 d'ivresse, il y va de l'avenir
40:46 même de l'État de droit.
40:48 Cette condamnation de Nicolas Sarkozy,
40:50 de Thierry Herzog,
40:52 son avocat, et de Gilbert
40:54 Azibert, est délirante.
40:56 On érige
41:00 la justice
41:02 à ériger, même pas
41:04 à une volonté, une véléité
41:06 en forfait
41:08 et même en crime.
41:10 Il n'a jamais
41:12 rien sollicité, Sarkozy,
41:14 et il n'a jamais rien obtenu,
41:16 et il est condamné
41:18 à un certain nombre d'années
41:20 de prison et au bracelet
41:22 électronique.
41:24 C'est en effet de la justice
41:26 en état d'ivresse. J'ajoute
41:28 que ces conversations avec
41:30 son avocat ont été
41:32 écoutées. C'est comme l'avait
41:34 dit très justement Vincent Tremolet de Villers,
41:36 "La vie des autres", version française,
41:40 on ne devrait pas tailleurer ça,
41:42 et notamment pas Mediapart,
41:44 puisque Edoui Plenel
41:46 a protesté, comme on sait,
41:48 quand il a appris
41:50 que ces conversations étaient
41:52 écoutées. Donc, pourquoi
41:54 les conversations d'un journaliste
41:56 devraient-elles être protégées, et celles
41:58 d'un avocat et de son client écoutées ?
42:00 Et puis, il faut se souvenir
42:02 que, du mur
42:04 des cons,
42:06 on n'est pas sortis, on n'a pas purgé
42:08 cette affaire du mur des cons. Parmi les cons,
42:10 il y avait Nicolas Sarkozy, bien sûr.
42:12 Il y avait
42:14 d'autres hommes politiques,
42:16 un certain nombre de magistrats.
42:18 - Vous voulez l'humilier, en fait ?
42:20 C'est une volonté
42:22 d'humiliation de Nicolas Sarkozy ?
42:24 - Sarkozy, il faut le tuer. Pourquoi ?
42:26 Parce qu'il a voulu réformer
42:28 la justice, parce qu'il a rétabli
42:30 les peines planchées, et ça, on considère
42:32 que c'est un ennemi. Et
42:34 contre lui,
42:36 la fin justifie
42:38 les moyens.
42:40 Et sur le mur des cons,
42:42 il y avait aussi le nom
42:44 de deux personnalités
42:46 dont les filles
42:48 avaient été tuées
42:50 ou tuées et violées,
42:52 et qui appelaient à une plus grande
42:54 répression sexuelle.
42:56 Ces deux personnalités aussi
42:58 se retrouvaient sur les murs des cons.
43:00 Donc rien n'est plus dangereux
43:02 aujourd'hui, pour nous,
43:04 citoyens, pour nous,
43:06 justiciables, qu'une justice
43:08 qui se veut
43:10 justicière. Cette tentation
43:12 existe,
43:14 elle s'est manifestée au grand jour,
43:16 et j'aurais aimé
43:18 que tout le monde réagisse,
43:20 et notamment
43:22 les adversaires de Nicolas Sarkozy.
43:24 Ce n'est pas la question.
43:26 On peut dresser un bilan
43:28 très négatif de sa présidence,
43:30 peut-être, oui,
43:32 mais et alors ?
43:34 Et alors ?
43:36 Parce que, je veux dire,
43:38 quand on voit
43:40 les représentants de l'État de droit
43:42 piétiner
43:44 l'État de droit, on est en droit,
43:46 c'est le cas de le dire,
43:48 d'avoir peur.
43:50 Un grand merci, Alain Finkielkraut.
43:52 C'est déjà terminé, malheureusement,
43:54 mais c'était absolument passionnant,
43:56 et j'imagine qu'au syndicat
43:58 de la magistrature, on vous écoute
44:00 attentivement ce soir.
44:02 Merci beaucoup, Alain.
44:04 Merci à vous, Mathieu Bocoté.
44:06 Merci à Arthur De Vatrigan.
44:08 L'info se poursuit sur CNews.
44:10 Si vous voulez entendre cet entretien absolument
44:12 passionnant, c'est sur cnews.fr.
44:14 L'info se poursuit. A demain.
44:16 ♪ ♪ ♪

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