AVIATION - Guillaume Faury est l'invité de Amandine Bégot

  • l’année dernière
En direct du Salon du Bourget, Guillaume Faury est président exécutif de Airbus, et président du Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales).
Regardez L'invité de RTL du 22 juin 2023 avec Amandine Bégot.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Mégot, vous recevez donc ce matin Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus.
00:14 Bonjour Guillaume Faury.
00:16 Bonjour. Président d'Airbus, donc exécutif d'Airbus et président aussi, je le rappelle, du groupement des industries françaises
00:22 aéronautiques et spatiales. Merci beaucoup d'être en direct avec nous ce matin.
00:25 Depuis le salon du Bourget, un salon où il faut bien le reconnaître, Airbus fait la course en tête des commandes depuis lundi.
00:32 Il y a bien sûr cette commande record.
00:34 500 avions du jamais vu pour l'indien Indigo, mais pas que. J'imagine que vous êtes un patron heureux Guillaume Faury ce matin.
00:40 Ah bah c'est important de pouvoir prendre des commandes dans notre industrie. En ce moment
00:45 l'aviation va mieux après une période difficile qui était celle du Covid,
00:48 période presque existentielle pour notre industrie. Et là oui les choses repartent vers l'avant très fortement. On voit que la croissance mondiale
00:55 de l'aviation est une réalité, en particulier dans les pays en développement.
00:58 Et en Inde, l'aviation est vraiment le moyen de transport qui se développe très très vite.
01:02 Donc on est ravi de prendre des commandes avec des clients historiques ou aussi avec des nouveaux clients comme Air India
01:08 récemment, nouveaux clients au sens où
01:10 ils ont un développement très très important en ce moment et dans les années qui viennent. Voilà donc oui oui un patron très heureux de ce
01:15 point de vue là. Et vous nous confirmez d'ailleurs le montant du contrat avec Indigo, 55 milliards de dollars, c'est ce qu'on a pu lire.
01:21 Oui non mais il faut pas forcément croire ce qui est écrit parce que... Pourquoi c'est toujours secret Guillaume Fauré ?
01:26 Parce que c'est le secret des affaires et puis parce que c'est des contrats qui sont des contrats très importants, qui sont compliqués,
01:32 qui sont sur des durées très longues et donc avec des clauses particulières à chaque contrat.
01:36 Voilà les prix des avions dans les contrats sont des prix confidentiels.
01:40 Donc quand on entend 55 milliards de dollars c'est quoi ? Deux tiers de moins ? Un tiers de moins ? Deux fois moins ?
01:46 Quand vous entendez 55 milliards de dollars c'est des calculs qui sont faits avec
01:51 des prix dits catalogues qui d'ailleurs n'existent plus vraiment aujourd'hui, qui sont des prix de référence.
01:55 Non mais pour vous donner une idée...
01:57 Les ordres de grandeur ne sont pas mauvais.
01:59 Les ordres de grandeur ne sont pas mauvais.
02:01 Ce salon n'est pas terminé, il ferme ses portes je le rappelle dimanche, est-ce qu'il faut s'attendre encore à d'autres commandes ?
02:07 Il faut s'attendre à d'autres commandes, je pense qu'il n'y en aura pas d'autres
02:10 d'une telle ampleur. Le contrat Indigo que nous avons signé lundi c'est pour 500 avions de type A320.
02:17 C'est le plus grand contrat de l'histoire de l'aviation en nombre d'avions donc on n'a pas des contrats comme ça tous les jours.
02:22 Ça veut dire du travail j'imagine et donc sans doute des emplois chez Airbus une telle commande ?
02:28 Oui c'est effectivement
02:31 rempli de notre carnet de commandes,
02:33 c'est à dire les avions pour lesquels il y a des contrats signés sur des durées très longues.
02:36 Ça donne beaucoup de visibilité, ça donne beaucoup de raison à l'ensemble de la filière
02:40 d'investir, d'embaucher et de savoir qu'il y a du travail pour longtemps. Donc c'est effectivement très important en termes de visibilité,
02:47 de crédibilité, d'investissement, d'embauche, de formation. Ça diffuse dans toute
02:51 notre industrie. Est-ce que vous pouvez chiffrer justement les recrutements, les besoins que vous allez avoir pour les années à venir chez Airbus ?
02:58 Oui on a embauché l'année dernière 13 000 personnes, c'est beaucoup 13 000 dans le monde,
03:03 3 500 en France et on vise d'embaucher à peu près le même nombre de personnes cette année. On vient d'annoncer qu'on avait déjà fait 7000 recrutements
03:11 sur l'année chez Airbus. Donc on est dans une période de très fort recrutement avec des profils qui sont
03:16 des profils
03:18 dont on a besoin qu'ils soient très complets sur les métiers traditionnels de l'aviation mais aussi de plus en plus dans les métiers
03:23 dits du numérique parce que nos outils sont numériques, que ce soit des outils de
03:27 conception, de production, de soutien, des appareils en service ou même dans les métiers
03:32 de service en général dans l'entreprise. Donc oui, beaucoup d'embauches en ce moment et des métiers qui sont absolument passionnants parce qu'on fabrique
03:39 l'aviation de demain, l'aviation décarbonée ou alors
03:43 l'espace, les satellites, les petits satellites, les constellations, il y a énormément de choses en termes d'innovation en ce moment, c'est passionnant.
03:48 On va parler de l'aviation décarbonée, de l'aviation du futur dans un tout petit instant
03:51 mais juste un mot. Bruno Le Maire était hier au Bourget et il a lancé un appel au grand groupe, les sous-traitants dit le ministre de
03:59 l'économie doivent eux aussi profiter de cette reprise que vous évoquiez.
04:02 Est-ce que vous vous engagez ce matin Guillaume Fauré sur RTL pour que les sous-traitants, vos sous-traitants en profitent aussi ?
04:08 Alors écoutez, je ne peux pas m'engager personnellement plus que ce que je fais en ce moment puisque comme vous l'avez dit,
04:12 je suis aussi président du JIFAS qui est la filière et cette filière elle travaille vraiment en équipe. On a traversé la crise tous ensemble
04:19 les petits et les grands, on est tous dépendants les uns des autres d'ailleurs, avec un très grand nombre d'initiatives
04:25 et d'initiatives solidaires. On a en particulier, nous les grands groupes, contribué à un fonds d'investissement pour faire
04:34 du soutien et de la restructuration dans la période du Covid. D'ailleurs on l'a fait aux côtés de l'état français d'investisseurs privés.
04:39 Donc on est très très solidaires en cette filière, c'est ce qui fait d'ailleurs qu'on est très
04:43 performant en français, en européen. C'est une filière où on est leader mondiaux, il n'y en a pas beaucoup et c'est parce qu'il y a beaucoup de
04:48 solidarité dans la filière. Donc
04:50 Bruno Le Maire nous l'a rappelé mais c'est quelque chose qu'on fait au quotidien.
04:53 Toutes ces commandes, ça peut étonner quand même
04:55 certains de nos auditeurs à un moment où certains pointent du doigt l'avion, les écologistes notamment, il y a eu ce débat
05:01 avec cette idée de lancer quatre vols par habitant dans une vie. La flotte mondiale d'avions devrait doubler d'ici 20 ans.
05:09 On est très loin de ceux qui annoncent la mort de l'avion.
05:12 Oui tout à fait, en fait l'aviation est vraiment en plein développement. C'est un moyen de transport
05:16 extraordinaire pour
05:18 connecter les peuples, pour permettre de se déplacer sur des distances longues ou même des distances courtes. Il y a beaucoup
05:24 d'incompréhension sur l'avion. Un avion qui fait un vol de 1000 km par exemple entre l'Espagne et l'Italie
05:31 et là il faut plusieurs jours pour y aller par la route ou par le train.
05:35 Ce vol là, la consommation de carburant avec des avions modernes, ceux qu'on fabrique en ce moment,
05:40 elle est de l'ordre de 2 litres par 100 km et par passager.
05:46 Donc beaucoup moins que la voiture.
05:47 Oui alors une voiture c'est 6 ou 7 litres au 100, une voiture conventionnelle.
05:50 Donc si on met plusieurs personnes à bord,
05:52 on peut arriver à descendre par passager effectivement à 2 litres. Mais il y a beaucoup d'incompréhension par rapport à ça.
05:58 Donc moi je trouve que
06:01 la perception de l'aviation...
06:03 Oui ça nous agace beaucoup de mettre l'aviation comme bouc émissaire
06:06 du réchauffement climatique parce qu'effectivement l'aviation émet du carbone. On est à peu près 2,5 % des émissions
06:12 de carbone. Mais 2,5 %, voilà vous mettez 100 pièces sur la table, 100 pièces de 1 euro, vous en enlevez 2,
06:18 vous voyez que vous n'avez pas résolu le problème. Donc on a un réseau de la partie
06:21 aviation, on est absolument engagé dessus. Moi je suis personnellement
06:27 convaincu qu'il faut faire la décarbonation du secteur aérien parce que
06:30 c'est la façon de le projeter dans l'avenir et donner à nos enfants la capacité
06:33 de voler sans impact sur le climat. Mais une fois que vous avez résolu le problème du carbone,
06:37 l'avion est le moyen de transport idéal. D'abord c'est le moyen de transport le plus sûr et ensuite vous n'avez pas besoin de mettre une
06:42 infrastructure au sol. Les infrastructures routières ou ferroviaires ont extrêmement dommagé
06:47 les régions du monde où elles ont été mises de façon très très dense.
06:50 L'aviation permet d'éviter ça. Vous nous parlez d'avion décarboné, c'est le fameux avion vert.
06:55 Emmanuel Macron a dit vouloir faire cette semaine de la France un champion de l'avion vert. Est-ce que c'est vraiment possible ça Guillaume Fauré ?
07:00 Mais bien sûr, bien sûr. Non seulement c'est possible mais la feuille de route elle est déjà tracée.
07:04 On est en train aujourd'hui de faire les investissements en termes de technologie pour préparer la génération d'avions suivantes
07:11 qui permettra... Et alors on les verra quand ces avions Guillaume Fauré ?
07:15 Alors d'abord ils existent un petit peu aujourd'hui. Ceux qu'on livre aujourd'hui sont capables de voler avec 50% de carburant dit durable, ce qu'on
07:22 appelle les SAF dans l'aviation. Mais qui est super cher.
07:24 Malheureusement on en utilise moins d'un pour cent aujourd'hui. Donc il faut faire le développement,
07:29 la mise à l'échelle de ces carburants. Il y a beaucoup d'investissements en cours en ce moment. Il faut en réduire le prix.
07:34 Pour pouvoir se payer ces carburants là, il faut continuer à réduire la consommation des avions.
07:38 Donc la prochaine génération d'avions qui rentrera en service entre
07:41 2035-2040 qu'on prépare aujourd'hui pourra consommer jusqu'à 100% de carburant durable.
07:46 Mais on consommera beaucoup moins pour que l'équation économique fonctionne. Voilà donc la feuille de route elle est tracée. On est dessus.
07:53 Elle est extrêmement crédible et on est complètement
07:55 concentré pour la rendre possible. C'est ce qui se passe aujourd'hui au salon du Bourget. On a
08:00 beaucoup d'endroits en particulier, un endroit qui s'appelle le Paris Air Lab où on montre toutes ces technologies
08:04 pour que tout le monde vienne nous aider à réaliser l'aviation des carbonés.
08:08 Parce que le problème c'est pas l'aviation. L'aviation c'est une solution.
08:11 Le problème c'est le carbone qu'on émet. Mais là aussi il y a des solutions pour régler ce problème.
08:15 Vous parliez du SAF, le carburant durable.
08:18 Il coûte à peu près plus de cinq fois plus cher que le fuel. Nous disait hier la directrice générale d'Air France
08:23 5 000 euros la tonne contre 800 pour le fuel. Et aux Etats-Unis on est à 2 000 euros la tonne. Est-ce que
08:28 comme le demande le patron d'Air France, il faut alléger les taxes ici en France pour voir le prix baisser ?
08:33 Alors ce qui est absolument essentiel c'est de trouver les moyens qui vont permettre de faire la montée en puissance
08:39 de la fabrication et la consommation de ces carburants. C'est comme quand on a rentré les voitures électriques
08:45 dans le parc automobile. Au début elles étaient beaucoup trop chères, difficiles à utiliser.
08:48 Donc il y a eu tout un tas de mesures qui ont été mises en place pour rendre
08:52 possible et intéressant le fait de rouler avec une voiture électrique. On est dans un
08:55 schéma similaire dans lequel il faut un certain nombre de contraintes pour engager la filière dans cette direction là. Et puis des mesures d'accompagnement.
09:02 Et en effet une des mesures d'accompagnement les plus efficaces c'est des aides
09:08 à la production de carburants pour que ces carburants arrivent à des niveaux de prix qui deviennent...
09:12 C'est ce qui se passe aux Etats-Unis et ce qu'on ne fait pas encore en France ?
09:15 Alors en Europe c'est un système très contraignant. J'appelle ça le bâton.
09:20 Et aux Etats-Unis c'est un système sur les incentives avec les carottes. Je pense qu'on a sûrement
09:25 moyen de trouver un bon compromis ou une bonne complémentarité entre les deux. En tout cas c'est vrai que le système américain aujourd'hui entraîne des investissements
09:32 très très rapides et
09:34 montre son efficacité. Donc il faut que les Européens
09:37 utilisent leur système et regardent aussi les systèmes qui marchent ailleurs.
09:40 Un grand merci Guillaume Fauré d'avoir été en direct avec nous du salon du Bourget qui, je le rappelle, se tient jusqu'à dimanche.
09:47 Vous attendez très très nombreux visiteurs ces prochains jours. Je remercie aussi Jonathan Griveaux pour les moyens techniques.
09:52 13 000 embauches l'an dernier, ça devrait être la même chose cette année.
09:56 Merci.
09:57 [SILENCE]

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