Retour d'Emmanuel Macron à Marseille, quelle est la situation en Russie… Les informés du matin du lundi 26 juin 2023

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Les invités pour ces Informés du vendredi 23 juin :
- Alix Bouilhaguet, éditorialiste politique à franceinfo
- Hadrien Bect, chef-adjoint du service politique de franceinfo
- Virginie Pironon, journaliste à la rédaction internationale de Radio France

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Transcription
00:00 [Musique]
00:06 Les informés de France Info, ravis de vous retrouver en étant ensemble en direct comme tous les matins jusqu'à 9h30
00:11 avec à mes côtés Renaud Delis, évidemment, avec Adrien Beck, le chef adjoint du service politique de France Info,
00:17 avec Alix Bouiaguet, éditeur et réaliste politique sur France Info, Canal 27, bonjour.
00:21 Et bienvenue à tous les deux.
00:23 Bonjour.
00:24 Vous restiez silencieux aujourd'hui, ça m'inquiétait.
00:26 Non mais vous nous impressionnez.
00:27 Non bon alors certainement pas. On va évoquer...
00:29 Renaud.
00:30 C'est Renaud qui est parti de l'objet. Vous trouvez aussi.
00:32 On va évoquer tout d'abord la visite d'Emmanuel Macron à Marseille.
00:34 Renaud Delis, troisième visite en deux ans sur place pour le chef de l'État.
00:38 Et oui, près de deux ans après le lancement de son plan Marseille en grand, c'était en septembre 2021,
00:43 Emmanuel Macron qui en quelque sorte fait une visite de chantier, de retour à Marseille,
00:47 pour voir où en est la mise en œuvre, donc des nombreuses promesses et annonces dans le cadre de ce plan,
00:53 notamment en matière de sécurité, en matière de logement et puis aussi en matière d'éducation,
00:59 avec en particulier le chantier de la rénovation des écoles de la ville.
01:03 Voici ce qu'en disait hier soir sur l'antenne de France Info, Philippe Pujol,
01:08 qui est écrivain marseillais, auteur de nombreux ouvrages sur la ville,
01:11 le dernier en date "La chute du monstre, Marseille année zéro".
01:14 Je ne sais pas si le quotidien a changé, parce que les retards étaient parfois si importants
01:19 qu'il faudra beaucoup de temps avant de changer le quotidien.
01:21 Ce qui s'est amélioré, c'est quand même la rénovation des écoles, c'est quand même en route.
01:25 Ça ne se fait peut-être pas dans la facilité, ça se fait dans la douleur,
01:28 il y a des intérêts divergents qui font que ça se fait dans certains conflits,
01:31 mais en tout cas ça se fait, ce qui est quand même nouveau.
01:33 Donc, s'il y a déjà une nouveauté, on va dire que c'est la rénovation des écoles,
01:38 et c'était quelque chose qui était très très important et particulièrement urgent.
01:42 Alors, on sait que la situation des écoles est effectivement extrêmement inquiétante.
01:47 Il y a à peu près une vingtaine de chantiers en cours sur un peu plus de 180 écoles concernées.
01:51 Au-delà, on se souvient que ce plan Marseille en grand consiste en la mobilisation
01:56 de 5 milliards d'euros d'investissement.
01:59 Est-ce que les résultats commencent à être là ?
02:03 Est-ce qu'effectivement ce laboratoire des politiques publiques
02:06 que veut instaurer le chef de l'État porte ses fruits ?
02:08 Qui veut y aller en premier ? Alex Bouyagué.
02:10 Pour savoir si ça porte ses fruits, c'est peut-être un petit peu tôt,
02:12 parce que c'est vrai qu'il y a beaucoup de chantiers qui sont ouverts,
02:15 le logement, les transports, la sécurité.
02:18 En plus, il y a des petites bisbilles avec la ville,
02:20 donc parfois le tempo n'est pas exactement le même.
02:23 Mais sur le fond, j'entends déjà, on entend déjà, Emmanuel Macron fait trop.
02:28 Moi, je dis bravo, c'est bien d'en faire trop, c'est bien de donner beaucoup d'argent
02:33 pour refaire des infrastructures, remettre à niveau la deuxième ville de France.
02:37 Qu'est-ce qu'il veut prouver Emmanuel Macron ?
02:39 Il veut prouver d'une part qu'il y a aussi du temps long,
02:44 et c'est parfois ce qui nous manque dans son quinquennat, dans son mandat.
02:47 On ne voit pas trop la vision, on ne voit pas trop le long terme.
02:51 Là, il veut nous prouver qu'il y a du temps long,
02:53 il veut nous prouver qu'il y a des promesses qui sont tenues,
02:55 qu'il y a des expérimentations.
02:57 Et c'est vrai que tout ça, ça l'oblige.
02:59 À l'arrivée, on va regarder les effets concrets.
03:01 Quand les choses auront été faites, on va regarder si effectivement,
03:05 il y a une baisse effective de l'insécurité,
03:08 s'il y a un désengorgement dans les services d'urgence,
03:12 s'il y a un recul de l'illettrisme.
03:15 Tout ce qu'on dit aujourd'hui de Marseille,
03:18 on pourra se rendre compte si c'est une réussite ou pas.
03:21 Après, c'est vrai que ça le propulse,
03:25 ça le propulse vers un temps très long.
03:27 Et puis, ça nous rappelle aussi des méthodes à la Rocart ou à l'agent Louis Borloo,
03:31 des laboratoires qui après, rendent des choses assez concrètes.
03:35 La réalité, c'est qu'Emmanuel Macron a une forme d'obligation de réussite à Marseille,
03:39 tellement il a placé cette ville au cœur de son action
03:42 depuis même le début du précédent quinquennat,
03:44 avec aussi cette première visite de trois jours il y a deux ans,
03:47 avec, rappelez-vous, ce meeting, l'un de ces deux seuls meetings de campagne
03:52 qui s'est déroulé à Marseille.
03:54 Donc, il y a une forme de démonstration perpétuelle d'amour
03:58 de la part d'Emmanuel Macron pour Marseille.
04:00 Donc, il est obligé de venir lui-même,
04:04 mais d'ailleurs, comme il le fait sur plein d'autres dossiers,
04:06 de venir lui-même pour suivre l'avancée des travaux.
04:10 On parle quelques fois de sujets, vous l'avez dit, sur quelques dizaines d'écoles.
04:14 Alors, c'est évidemment fondamental,
04:16 mais c'est le chef de l'État lui-même qui vient parler de la rénovation des écoles à Marseille,
04:20 parce qu'Emmanuel Macron, il a tendance à penser, peut-être à juste titre,
04:24 quand on voit ce qu'évoquait Alix sur les bisbis,
04:27 les tensions qu'il peut y avoir quelquefois entre ville, métropole,
04:30 où Emmanuel Macron a même été obligé de se livrer à des arbitrages lui-même
04:33 sur quelques dizaines de millions d'euros ces derniers mois
04:37 entre ville et métropole qui posaient problème.
04:39 Et bien, Emmanuel Macron sait qu'il est lui-même obligé,
04:42 s'il veut voir les résultats concrets de son action sur Marseille,
04:45 d'y aller et de se mouiller.
04:47 Le Fil info, 9h10, Diane Ferchité. On poursuit dans un instant.
04:50 Et à Marseille, l'État va doubler sa subvention pour les transports
04:54 de 265 à 500 millions d'euros dans le quotidien à la Provence.
04:57 Emmanuel Macron évoque un retard colossal,
05:00 un énorme problème d'infrastructure, le chef de l'État qui débute
05:03 aujourd'hui son déplacement de 3 jours dans la 2e ville de France.
05:06 La précarité énergétique existe aussi en été,
05:09 selon la dernière étude de la Fondation Abbé Pierre.
05:12 Plus de la moitié des Français ont souffert de la chaleur pendant au moins 24h l'an dernier.
05:16 D'après ce rapport, plus de 5 millions de passoires thermiques,
05:19 impossibles à chauffer l'hiver, se transforment l'été en bouilloire.
05:22 Le régime d'opérations antiterroristes levée ce matin à Moscou,
05:26 la capitale russe, s'était en alerte après la tentative
05:29 de coup d'État des forces paramilitaires Wagner
05:32 et de leur chef, Kevgeny Prigojine, ce week-end,
05:35 depuis le ministre de la Défense russe est apparu pour la première fois à la télévision ce matin.
05:39 Vladimir Poutine, lui, n'a pas pris la parole.
05:42 Un silence qui sert à montrer que la crise est terminée,
05:45 estime sur France Info l'ancien officier de l'armée française, Guillaume Ancel.
05:48 Deuxième victoire en deux matchs pour les Bleuets dans l'Euro de football, l'Euro Espoir.
05:53 Après l'Italie, ils se sont imposés face à la Norvège.
05:56 Le Euro, prochain match pour nos jeunes Espoirs, ce sera mercredi face à la Suisse.
06:00 Renaud Delis, est-ce qu'il y a quelque chose du laboratoire macroniste dans ce qui se passe à Marseille ?
06:16 À plus d'un titre, effectivement. En tout cas, c'est l'ambition du chef de l'État.
06:19 D'abord, il y a effectivement une mobilisation des moyens de l'État,
06:23 des financements publics extrêmement considérables,
06:26 qui a été enclenchée depuis près de deux ans.
06:29 Donc, pour Emmanuel Macron, il y a un premier enjeu
06:32 qui est de voir si les annonces, les promesses, les engagements verbaux
06:37 se concrétisent dans la politique du quotidien.
06:40 Et c'est un reproche qui lui est fait parfois, à lui comme à d'autres d'ailleurs,
06:44 mais en tout cas, c'est le décalage entre la parole politique et sa mise en œuvre sur le terrain.
06:48 Et là, on est vraiment sur des enjeux très précis du quotidien,
06:51 l'éducation, on en parlait, la situation des écoles, la sécurité,
06:54 le fait d'annoncer et effectivement d'envoyer, c'est vrai, des renforts policiers.
06:58 Est-ce que ça va contribuer ou pas à améliorer la situation de la sécurité à Marseille ?
07:02 Ça, c'est un enjeu très fort.
07:04 Il y a aussi la question évidemment du logement et de la rénovation du parc de logement.
07:08 Le deuxième enjeu, me semble-t-il, plus personnel,
07:10 c'est qu'Emmanuel Macron apparaît parfois, pour une frange de l'opinion,
07:14 comme étant un petit peu détaché des réalités,
07:17 en étant un peu, entre guillemets, de racine dans le pays,
07:20 d'attachement à un territoire, à un terroir.
07:23 Alors, même s'il est, lui, Damien en Picardie, on le sait,
07:26 mais on voit aussi à quel point Emmanuel Macron met en scène
07:29 depuis déjà de nombreuses années son attachement, son amour pour Marseille,
07:32 sa ville de cœur, dit-il.
07:34 Et puis du côté de la gestion des territoires,
07:38 justement, je trouve que Marseille, c'est aussi peut-être un symbole
07:42 de ce qui ne fonctionne pas forcément dans le pays, ailleurs aussi,
07:46 c'est-à-dire peut-être l'empilement des diverses strates de collectivité.
07:51 Il y a la ville, la métropole, la région, avec des élus qui,
07:55 parfois, se tirent dans les pattes, se renvoient la responsabilité,
07:59 se renvoient la balle, y compris dans l'utilisation des crédits actuels.
08:02 Et donc, ça illustre aussi peut-être un besoin de rationalisation
08:05 ou de simplification administrative de la gestion de collectivité locale.
08:09 – Oui, et ce qui est sûr, c'est qu'il y a quand même une visée politique,
08:13 peut-être sur trois niveaux.
08:15 La première visée politique, c'est effectivement lui-même.
08:18 Bien sûr, son attachement à Marseille est sincère,
08:21 qu'il a ce lien, qu'il dit lui-même comme charnel, qu'il est fan de l'OM.
08:25 Ça, on ne le met pas en doute.
08:27 Mais c'est aussi un moyen de renouer avec les Français,
08:32 de tirer une page, un trait sur la réforme des retraites.
08:36 Ça sera intéressant d'ailleurs de voir quel va être l'accueil.
08:39 Est-ce qu'il y aura des casserolades ? Est-ce qu'il y aura la CGT ?
08:42 Est-ce qu'il y aura des comités ici ou là ?
08:44 Il va renouer aussi avec les Français à travers une redite,
08:47 un petit peu du grand débat national,
08:49 puisqu'il va échanger avec des Marseillais en fin de journée.
08:54 Et puis la troisième visée, c'est aussi qu'on voit
08:58 qu'il commence à mettre ses hommes partout à Marseille.
09:01 Christophe Castaner, ex-ministre de l'Intérieur…
09:03 – Patron du port.
09:04 – Il est patron du Conseil de surveillance du port.
09:06 L'ex-DIRCAP de Brigitte Macron, il est à la présidence du Mucem,
09:11 qui est ce musée emblématique de Marseille.
09:14 Et on se dit, en 2026, il y a une municipale, il y a des municipales,
09:19 et on sait qu'Emmanuel Macron a très envie de placer aussi
09:23 un de ses fidèles dans la ville.
09:24 – Adrien Becq ?
09:25 – C'est ce que j'allais vous dire.
09:26 – Eh ben vous ne le connaissez pas.
09:27 – Alex l'a encore dit mieux que moi, mais c'est vrai qu'il y a quand même
09:29 sans doute un laboratoire du macronisme d'un point de vue
09:32 de la politique publique et de la mise en place des politiques publiques,
09:34 mais aussi un laboratoire du macronisme d'un point de vue strictement politique.
09:38 Quand on sait qu'en 2020, les macronistes ont été incapables
09:42 de remporter la moindre ville, sans doute qu'Emmanuel Macron se dit peut-être,
09:46 en investissant cette ville, en y plaçant des proches,
09:49 en y menant une vraie politique, peut-être cela peut-il nous être utile
09:52 dans les années qui viennent, notamment d'ailleurs pour peut-être faire tomber
09:57 cette majorité printemps marseillais présente aujourd'hui.
09:59 – Et un tout dernier point quand même, c'est aussi une illustration,
10:02 un temps remède si je veux dire, d'une certaine pratique du pouvoir,
10:05 qui n'est pas née avec Emmanuel Macron, mais en tout cas
10:07 une personnalisation, une présidentialisation.
10:09 En gros, il faut que j'y aille moi-même, il faut que je fasse tout moi-même.
10:12 – Pour que les choses soient bien faites.
10:14 – Voilà, et c'est aussi le message d'Emmanuel Macron,
10:16 et on connaît aussi d'ailleurs les limites de cette méthode-là.
10:19 Pourquoi la Première Ministre, en l'occurrence Elisabeth Borne,
10:22 pourrait très bien être en charge de la mise en œuvre et du suivi de ce projet,
10:25 ce n'est pas du tout le cas.
10:26 – Il est 9h16, on va laisser de côté la situation à Marseille,
10:29 où Emmanuel Macron va donc rester aujourd'hui, demain, et après-demain,
10:33 on aura sans doute l'occasion d'en reparler dans nos prochaines éditions
10:36 pour s'intéresser à présent à la situation en Ukraine et en Russie,
10:39 après les scènes hallucinantes, surréalistes qui ont eu lieu ce week-end,
10:44 cette colonne de blindés de la milice Wagner qui fonce droit vers Moscou.
10:48 J'ai le plaisir d'accueillir à la table des informés Virginie Pironon,
10:51 spécialiste de la Russie, journaliste à la rédaction internationale de Radio France.
10:54 Bonjour. – Bonjour.
10:55 – Et bienvenue Renaud Delis, vous allez nous résumer tout cela, si vous voulez bien.
10:58 – Très brièvement, mais effectivement, Marc, ce samedi, un rebondissement,
11:02 marqué par une tentative de rébellion d'Evgeny Prigojine et de sa milice Wagner,
11:06 qui donc dénoncent l'état-major russe d'une part, et Vladimir Poutine,
11:10 nommément d'autre part, qui lance une colonne de chars en direction de Moscou,
11:15 et puis un tataqueu, un revirement du même Prigojine,
11:19 notamment à la suite d'une médiation du président biélorusse, Luka Tchenko.
11:23 Vladimir Poutine qui s'engage à ne pas engager de poursuite
11:26 ni à l'endroit de Prigojine, ni des miliciens de Wagner,
11:29 Prigojine qui serait en instance d'exil du côté de la Biélorussie.
11:34 Alors pourquoi donc ce revirement ?
11:36 Mais d'abord, pourquoi est-ce que Evgeny Prigojine,
11:39 créature en quelque sorte de Vladimir Poutine,
11:41 s'est senti autorisé à lancer cet assaut,
11:44 en tout cas ce défi à l'endroit du maître du Kremlin ?
11:47 Pourquoi cette rébellion ?
11:49 Qui est-ce qui a permis cette rébellion ?
11:51 La réponse, il y a quelques minutes sur ce plateau, de l'eurodéputé Raphaël Glucksmann.
11:55 C'est lié à l'Ukraine, c'est lié à la situation sur le front.
11:59 C'est la résistance ukrainienne qui fragilise le Tsar.
12:02 Pourquoi ? Parce que Poutine depuis 20 ans,
12:04 agit comme un chef mafieux dans son propre pays et sur la scène internationale.
12:08 La base même de son pouvoir, c'est l'idée de sa toute-puissance.
12:13 Et là, vous avez le chien de guerre de Poutine,
12:15 qui se révolte, qui se rebelle.
12:18 Le chien de guerre parce que Prigojine était l'homme
12:21 qui assumait tous les conflits que Poutine ne pouvait pas assumer lui-même.
12:25 Raphaël Glucksmann qui évoquait la toute-puissance de Vladimir Poutine
12:29 qui règne sur le pays depuis plus de 20 ans.
12:31 Est-ce que ce matin, cette toute-puissance est toujours réelle
12:36 ou est-ce que le pouvoir de Vladimir Poutine est durablement affaibli ?
12:40 Virginie Perronneau.
12:41 Clairement, le pouvoir de Vladimir Poutine est affaibli.
12:44 On a assisté ce week-end à des scènes totalement invraisemblables et très surprenantes.
12:49 Voir Evgeny Prigojine avec ses forces rentrer dans ce centre de commandement
12:54 qui est tout près de l'Ukraine et de la Crimée à Rostov-sur-le-Don.
12:57 C'est pas une petite ville, un million d'habitants.
12:59 Diriger les opérations en Ukraine, c'est un centre de commandement d'où tout part.
13:04 Donc c'était quand même très étonnant de voir Prigojine arriver,
13:07 un peu comme chez lui, avec zéro résistance de la part de l'armée russe
13:10 et des haut-gradés avec qui il a eu une discussion en arrivant.
13:13 Il a été filmé, il est sur un banc avec deux haut-gradés russes
13:16 et l'un d'entre eux même le regarde avec un petit sourire.
13:18 On sent qu'ils ne sont quand même pas très à l'aise, qu'ils ne savent pas comment réagir.
13:21 Mais il y en a un qui lui dit "tu veux prendre Gerasimov ? Bah vas-y, prends Gerasimov".
13:25 C'est quand même très surprenant et c'est une sorte de camouflet
13:28 pour Vladimir Poutine et pour toute l'armée russe.
13:31 Avec quelles conséquences à plus long terme pour Vladimir Poutine ?
13:34 On va voir, je crois que ce matin vous avez parlé en ouvrant l'antenne à 7h,
13:37 de séismes et de répliques. C'est exactement ça.
13:39 On va voir maintenant plusieurs séquences de répliques qui vont se dérouler à partir d'aujourd'hui.
13:44 On va voir quelles sont les conséquences que ça peut avoir aujourd'hui dans l'armée russe.
13:48 Imaginez, on a un Prigojin qui là, vraisemblablement,
13:51 d'après ce qu'il aurait négocié avec le président de la Biélorussie, Lukashenko,
13:55 zéro sanction. Zéro sanction, vraiment.
13:58 Il a dit qu'il n'y avait pas eu de mort et que zéro goutte de sang avait été versé.
14:03 Ce n'est pas vrai. Il y a eu 13 pilotes de l'aviation russe qui sont décédés.
14:07 Il y a eu trois hélicoptères qui ont été abattus par les Wagner.
14:10 Et on a aujourd'hui des gens en Russie qui sont condamnés à 25 ans de prison
14:14 parce qu'ils sont accusés de haute trahison.
14:16 Et là, on aurait un Prigojin qui pourrait s'en sortir comme ça, zéro sanction,
14:20 en allant en Biélorussie. C'est quand même très surprenant.
14:22 Vous l'imaginez assez difficilement aller se faire dorer la pilule dans Sadatcha,
14:24 quelque part en Biélorussie ?
14:26 Alors si c'est difficile, on pourrait en reparler. Il y a toutes les hypothèses.
14:29 La Biélorussie peut être un centre de transit pour qu'il puisse après rejoindre l'Afrique.
14:32 Est-ce qu'il va rester là-bas ? Est-ce qu'il va reconstituer les forces de Wagner
14:35 pour après agir en Ukraine ? Ça aussi, c'est peu probable. Tout est sur la table.
14:39 Mais ce qu'on peut aussi se demander, c'est les soldats russes, eux,
14:43 qu'est-ce qu'ils vont en penser quand je vous disais que les gens sont condamnés
14:46 aujourd'hui en Russie pour haute trahison ?
14:48 Déjà, ils ne vont plus avoir nécessairement envie de continuer à se battre en Ukraine.
14:52 Et on voit que quelqu'un bénéficie d'une impunité totale.
14:54 Donc il y a vraiment de quoi pour l'armée russe, pour le soldat de base,
14:58 mais après aussi pour l'encadrement, s'insurger contre cette décision
15:02 et la possibilité qu'ils s'en sortent comme ça.
15:04 9h21, Le Fil Info avec Diane Ferchit, on poursuit juste après.
15:07 Il devrait coûter une cinquantaine d'euros au motard.
15:10 Le contrôle technique pour les deux roues entrera en vigueur en janvier prochain.
15:13 Le gouvernement promet qu'il sera le moins cher et le plus simple possible.
15:17 Comment faire en sorte que les amendes pour usage de stupéfiants
15:20 soient davantage payées avant son déplacement à Marseille ?
15:22 Emmanuel Macron annonce dans le journal La Provence qu'elles pourront bientôt
15:26 être réglées directement auprès des agents, par carte bleue ou bien encore en liquide.
15:30 La mesure nous surprend, réagit sur France Info.
15:32 Le syndicat unité HGP Police FO, nous ne voulons pas, dit-il,
15:36 devenir des agents de recouvrement du trésor public.
15:39 Pour les Occidentaux, la rébellion des paramilitaires Wagner en Russie
15:43 montre des fissures, des divisions dans le camp de Vladimir Poutine.
15:47 Une tentative de rébellion qui s'est terminée par le recli de ses forces armées.
15:50 A Moscou, le régime d'opération antiterroriste est à présent levé.
15:54 En Grèce, le Premier ministre sortant, le conservateur Kyriakos Mitsotakis
15:59 remporte les législatives avec un peu plus de 40% des suffrages.
16:03 Une victoire à la majorité absolue et deux surprises à l'issue de ce scrutin.
16:06 L'entrée de trois parties d'extrême droite au Parlement grec ainsi qu'une abstention record.
16:11 Adrien Beck, Alex Bouilleguet, il y a eu une forme de sidération mondiale
16:27 devant les événements samedi.
16:28 Alors en tout cas moi ce que j'en ai vu et ce que j'ai pu en entendre du côté de Paris,
16:33 c'est exactement ce qui s'est passé.
16:34 On a parfois des difficultés à communiquer avec l'Élysée.
16:38 Là c'était tout à fait aigu.
16:40 Puisqu'en fait on a eu un message de deux lignes le samedi matin
16:43 pour nous expliquer que le président de la République suivait la situation de près.
16:47 Et un message le samedi soir pour nous dire que le président s'était entretenu
16:50 avec certains de ses homologues.
16:51 En fait, ce qu'une source m'expliquait, c'est qu'il y a d'abord le manque d'informations
16:56 sur le terrain à ce moment-là, évidemment.
16:58 Donc ça c'est un argument imparable.
17:00 Mais il y avait aussi le risque, dans le cas où ce putsch se déroulait réellement,
17:06 et on a vu d'ailleurs par la suite que ce n'était pas le cas,
17:09 d'être obligé pour les chancelleries occidentales d'apporter un soutien au pouvoir légitime.
17:14 Donc à soutenir Vladimir Poutine.
17:16 Ce qui aurait sans doute été compliqué à faire.
17:17 Et donc potentiellement à se faire instrumentaliser.
17:19 Et donc il y avait vraiment à la fois une forme de sidération
17:23 d'embarras et de gêne qui était honnêtement très frappante.
17:26 Parce qu'on a légèrement, l'Elysée, le ministère des Affaires étrangères,
17:30 a toujours quelque chose à nous dire.
17:32 Là, c'était vraiment silence radio pendant toute la journée
17:36 jusqu'à ce dénouement et la phrase aujourd'hui d'Emmanuel Macron
17:40 qui estime, comme les Etats-Unis d'ailleurs,
17:42 que c'est le symptôme en gros de difficultés internes à la Russie.
17:46 Alex Boyaguet.
17:47 Oui, sidération et embarras effectivement,
17:49 jusqu'au fait qu'effectivement Emmanuel Macron, il a attendu aussi
17:54 que le chef de la déplobatie américaine réagisse en premier,
17:57 Antony Blinken, et finalement il a donné à peu près les mêmes explications.
18:01 C'est-à-dire oui, on voit qu'il y a des fissures au sein du pouvoir russe.
18:06 Embarras aussi parce que, quelle est l'alternative aujourd'hui à Vladimir Poutine ?
18:12 Alors oui, il est fragilisé.
18:15 Oui, sa créature a pris le contrôle.
18:17 Oui, il a donné un discours totalement anxiogène le matin, voire désemparé.
18:23 Oui, il n'y a pas de sanctions aujourd'hui, ce qui laisse aussi planer le doute.
18:27 Oui, l'opinion russe peut-être pour la première fois a compris
18:30 que la guerre en Ukraine, eh bien il y avait aussi des possibilités
18:33 qu'elle se déplace en Russie quand ils ont vu les tranchées sur les autoroutes,
18:36 les checkpoints à Moscou.
18:37 Sauf qu'aujourd'hui, il n'y a toujours pas d'alternative à Vladimir Poutine
18:41 et que souvent quand on regarde un peu l'histoire,
18:43 les coups d'État manqués, ça fait quoi ?
18:45 Eh bien souvent, ça renforce le pouvoir en place.
18:48 Ce qui est clair, c'était que dans cette journée de samedi,
18:51 il n'y avait que des méchants.
18:52 C'est-à-dire qu'il n'y avait pas un camp que l'Occident, l'Europe ou la France
18:55 auraient pu soutenir contre l'autre.
18:57 Poutine contre Prégogine, on a l'embarras du choix,
18:59 enfin on a surtout l'embarras en l'occurrence.
19:01 Et il y avait même une médiation de méchants, si j'ose dire,
19:03 puisqu'il y avait effectivement le biélorusse Luka Tchenko.
19:05 On a aussi évoqué un moment l'ombre du tchétchène Kadirov.
19:09 Bref, on voyait que c'était… enfin du dirigeant Kadirov.
19:12 On voyait que pour la France et l'Europe,
19:15 il valait mieux sûrement observer ça de loin,
19:17 considérer à juste titre que c'était une affaire interne à la Russie.
19:20 Et juste un tout dernier point, les plus anciens se souviennent parfois
19:24 d'interventions un peu rapides au moment de Pouch, manquées d'ailleurs.
19:28 Celle de François Mitterrand lors du Pouch manqué en mois d'août 1991
19:32 contre Gorbatchev, un carteron de généraux soviétiques
19:36 que François Mitterrand avait un peu rapidement, quasiment reconnu
19:40 avant finalement que Gorbatchev soit libéré de sa dacha.
19:43 Virginie Pironon, que va devenir la milice Wagner dans tout ça ?
19:47 C'est la grande question.
19:49 Apparemment, ceux qui n'auraient pas participé à cette marche sur Moscou
19:53 pourraient être appelés à intégrer l'armée russe.
19:56 En fait, ce qui a provoqué la colère de Prigojine,
19:59 c'est ces frictions et cette pression que lui avait mis
20:03 le ministre de la Défense, Sergueï Chaygou, ces dernières semaines,
20:06 en lui demandant de signer un contrat qui faisait que les milices Wagner
20:09 auraient été intégrés à l'armée russe.
20:12 Donc ceux qui n'auraient pas participé à cette marche
20:15 pourraient désormais intégrer l'armée russe.
20:17 Et ceux qui ont participé, là, mystère, que vont-ils devenir ?
20:20 Est-ce qu'ils vont suivre Prigojine en Biélorussie ?
20:22 Ça, on ne sait pas.
20:23 On n'a aucune nouvelle de lui depuis samedi, depuis la vidéo de Rostov
20:26 où on le voit faire des selfies avec des habitants qu'il accueille.
20:29 Selfie avec des habitants qu'il accueille et qu'ils l'ont, vous l'avez noté,
20:32 applaudi au moment de son départ.
20:34 Il y a eu des mouvements de foule autour de sa voiture
20:37 où des gens sont venus, lui ont serré la main, il criait "merci, merci".
20:40 C'était sous les applaudissements.
20:41 On n'a pas du tout vu, quand on dit que Vladimir Poutine est affaibli,
20:44 on n'a vu personne descendre dans la rue pour soutenir Vladimir Poutine,
20:47 ni à Rostov, ni à Moscou.
20:49 Ensuite, quand Prigojine arrive quelque part, on a plutôt intérêt à faire des selfies
20:52 que de lui cracher dessus, enfin, vulguer, pédigré du bonhomme, non ?
20:55 Oui, mais enfin, on peut avoir aussi un autre comportement
20:58 qui est de ne pas réagir et de se tenir plutôt loin.
21:00 Et de rester à la maison.
21:01 Mais peut-être que Prigojine, ça va être...
21:03 Il n'a pas réussi son coup, mais une forme de bombe à fragmentation lente.
21:07 C'est-à-dire que d'une part, il a quand même dit une chose très importante,
21:10 il a remis en cause le bien-fondé de la guerre.
21:12 Et ça, ça a sans doute dû être entendu à un moment ou à un autre.
21:18 Et puis aussi, il donne l'idée à tous ceux qui se disaient
21:22 "Non, non, Vladimir Poutine, c'est une forteresse imprenable, on ne peut pas y aller".
21:27 Et bien, il a fait la démonstration que pas forcément, et ça peut aussi ouvrir les appétits.
21:33 Alex Bouillaguet, éditeur réaliste politique sur France Info,
21:36 Canal 27, Adrien Bec, chef adjoint du service politique de France Info,
21:39 Virginie Pironon, journaliste à la rédaction internationale de Radio France,
21:42 et Renaud Délis, qui on ne le présente plus, était ce matin à la table des informés.
21:46 Le journal dans deux minutes, le retour des informés, ce soir, 20h.
21:49 Jean-François Acky, belle journée à tous.
21:51 [Musique]

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