Autour de Laetitia Krupa, les informés débattent de l'actualité du dimanche 2 juillet 2023.
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NewsTranscription
00:00 ...
00:02 -20h21,
00:04 France Info, les informés, Laetitia Culpa.
00:08 -Bonsoir à tous
00:10 pour cette heure de décryptage et de débat.
00:14 Au menu des informés, les violences urbaines
00:16 qui continuent et montent d'un cran
00:18 avec l'attaque à la voiture Bélier du domicile du maire de Lailerose
00:22 en banlieue parisienne, dans la nuit de samedi à dimanche.
00:25 Les réactions du monde politique à cette agression nombreuse
00:29 et disparate.
00:30 Nous dirons un mot en fin d'émission
00:32 des élections européennes qui se préparent difficilement à gauche.
00:36 Avec moi, en studio, j'ai le plaisir d'accueillir
00:39 Jean Garrigue, historien, président du comité d'histoire
00:42 parlementaire et politique.
00:44 Jean-Daniel Lévy, directeur délégué d'Aris Interactive.
00:47 -Bonsoir. -Ariane Hamadi,
00:49 experte en communication politique.
00:52 -Bonsoir. -Et Gauthier Vaillant,
00:55 chef adjoint du service France au journal La Croix.
00:58 -Bonsoir à tous les quatre. Nous sommes ensemble jusqu'à 21h.
01:01 Générique
01:03 ...
01:04 -Dans la nuit de samedi à dimanche,
01:07 aux alentours d'1h30 du matin,
01:09 plusieurs personnes ont forcé le portail
01:11 du domicile de Vincent Jeanbrun, le maire de Lailerose,
01:14 à la voiture Bélier.
01:16 Lui était dans sa mairie pour tenter de la protéger
01:19 contre les attaques qui ont lieu depuis le début
01:22 des violences urbaines,
01:24 mais les assaillants ont pris pour cible sa femme et ses enfants.
01:28 Une réunion de crise a débuté ce dimanche,
01:30 aux alentours de 19h30, à l'Elysée,
01:33 autour d'Emmanuel Macron,
01:35 mais nous allons d'abord repasser le fil des événements
01:39 et d'abord les faits,
01:40 avec le procureur de Créteil,
01:43 qui s'est rendu à Lailerose
01:46 et qui a décidé de retenir la qualification
01:48 de tentative d'assassinat. On l'écoute.
01:52 -Les premières constatations nous laissent présumer
01:55 que le véhicule a été lancé
01:58 pour brûler le pavillon,
02:00 compte tenu de l'obstacle
02:03 qui a interrompu sa course.
02:05 La police scientifique procède depuis aux constatations
02:11 et je précise qu'un accélérant
02:14 a été découvert dans une bouteille de Coca.
02:18 -Gauthier Vaillant, avez-vous été surpris de cette attaque ?
02:22 Finalement, il y avait déjà les attaques des bâtiments,
02:26 des mairies nombreuses.
02:28 On se souvient aussi de la démission du maire de Saint-Brévent.
02:31 C'est pas la 1re fois qu'on s'en prend à un élu.
02:34 -C'est vrai que c'est cet événement
02:36 qui reste surprenant, en tout cas choquant,
02:39 parce qu'on a sans doute passé un cap
02:42 avec l'attaque du domicile et de la famille de ce maire,
02:46 mais elle arrive dans un contexte
02:48 où, avant le début des violences urbaines,
02:51 on a eu une réunion, cette année,
02:53 ces dernières années des violences faites aux élus.
02:56 On est passé, en 2021, un peu plus de 1 700
02:59 à plus de 2 200 en 2022,
03:00 d'après les chiffres du ministère de l'Intérieur.
03:03 Et effectivement, il y a eu le maire de Saint-Brévent,
03:06 dont tout le monde se souvient,
03:08 et depuis le début des violences urbaines,
03:11 plusieurs autres élus, leur domicile, leur famille,
03:14 n'étaient pas touchés, mais plusieurs élus
03:16 qui ont été agressés ou victimes de l'incendie,
03:19 notamment de leur véhicule.
03:21 Je pense au maire de Saint-Pierre-des-Cors,
03:24 victime d'un guet-apens.
03:25 Donc, voilà, il y a un climat qui,
03:28 d'une certaine manière, pouvait laisser penser
03:31 qu'il y aurait d'autres violences contre les élus,
03:34 mais là, ce qui change, c'est qu'on n'est plus
03:37 dans l'attaque contre un symbole.
03:39 Souvent, les maires étaient pris dans des attaques
03:42 dirigées contre la mairie, ou alors parce qu'ils étaient
03:45 sur le terrain, en train d'intervenir sur des incendies
03:48 face à des émeutiers.
03:50 Là, son domicile est visé alors qu'il n'est pas là
03:52 et que sa famille est à l'intérieur.
03:55 Ce sera à l'enquête de dire dans quelle mesure
03:57 les responsables étaient au courant de qui était dans la maison.
04:01 -Jean Garrigue, on a passé un cap.
04:03 C'était dans la bouche de tous les politiques.
04:05 Vous êtes d'accord ? -Oui, je crois.
04:08 Ca, on peut le dire, cette attaque
04:10 contre un individu privé qui n'est pas dans l'exercice
04:13 de sa fonction. Il y a eu énormément d'attaques
04:16 sur des permanences, même des mairies, etc.
04:18 Ca fait partie, c'est quelque chose qui englobe
04:21 l'acte auquel on a assisté.
04:24 Mais très franchement, pour... Comment dire ça ?
04:27 Pour évoquer ce type d'acte d'attaque individuelle
04:32 contre un détenteur de l'autorité publique,
04:35 un maire, en l'occurrence,
04:37 il faut quand même remonter très loin,
04:39 peut-être au temps du Poujadisme, dans les années 50,
04:43 où vous avez eu quelques élus qui ont été pris à partie.
04:46 -Mais on en est là, un néo-Poujadisme ?
04:49 -Alors là, c'est quelque chose de très différent.
04:52 Le néo-Poujadisme, on pouvait le trouver
04:54 éventuellement au moment de la crise des Gilets jaunes,
04:58 où, rappelons-nous, il y a eu comme ça,
05:00 des utilisations de véhicules
05:02 pour essayer de défoncer la porte d'un...
05:05 Et défoncer la porte d'un ministère.
05:07 Mais moi, ça me fait presque penser à ce qui s'était passé
05:10 pour Léon Blum, vous voyez, en 1936,
05:12 lorsqu'il avait été pris à partie.
05:15 Mais c'était un hasard. Il est pris à partie
05:17 par des militants de l'action française,
05:20 en février 1936, et il a failli être lynché.
05:22 Alors, c'est très différent,
05:24 le contexte est évidemment très différent,
05:27 mais dans ce degré de violence envers un individu,
05:30 il y a quelque chose, oui,
05:32 qui est quand même inhabituel, aujourd'hui.
05:35 -Ariane Amadi, vous pensez que là,
05:37 on a commencé une spirale dangereuse
05:39 dans une violence toujours plus forte,
05:42 et maintenant dirigée contre les élus ?
05:44 -Alors, évidemment,
05:46 ce serait complètement fou de vous dire le contraire,
05:49 mais dans ce que vous avez dit, ce qui est important,
05:52 c'est qu'en fait, avant, il me semble quand même
05:55 qu'être maire, être prof, être soignant,
05:58 infirmier, policier,
06:00 était un paravent à l'attaque individuelle.
06:03 Une forme quand même de paravent,
06:05 c'est ce que vous disiez sur les services publics,
06:08 avant, c'était des services publics,
06:10 et dès lors que ce bouclier tombe,
06:12 c'est aussi une crise symbolique,
06:14 parce qu'en fait, on sent qu'il y a quelque chose
06:17 qui ne fait plus sens.
06:18 Et ça, c'est ça qui est assez terrifiant,
06:21 c'est ça qu'on essaye tous avec des mots, en fait,
06:24 de, si vous voulez, d'expliquer, etc.
06:26 Et pourquoi ? Et le mot que je retiens
06:28 dans votre question, c'est "spirale".
06:30 Parce que la spirale, c'est, un, on sait pas quand ça s'arrête,
06:34 et surtout, et ça, c'est les nouveaux mouvements,
06:37 je veux dire, qui se disent de révolte,
06:39 je pense aussi au gilet jaune,
06:41 même si ça n'avait rien à voir,
06:43 je mets pas les mêmes sur le même plan,
06:45 ce que je trouve intéressant,
06:47 c'est qu'il y a un sentiment dans l'opinion
06:49 que ça peut vous tomber dessus.
06:51 Vous pouvez être commerçant, je sais pas, individu,
06:54 élu, peu importe,
06:56 les dégâts peuvent vous arriver à vous,
06:59 quand bien même vous n'êtes pas hostile
07:02 ou alors participant de ce mouvement.
07:05 Et ça, je pense qu'en termes de tension sociétale,
07:08 c'est quelque chose d'absolument énorme
07:10 en termes de poulerières.
07:12 -On va voir comment le gouvernement a réagi
07:15 relativement vite.
07:16 Ce sera tout de suite après le Fil info.
07:18 Il est 20h10 avec Valentine Ledès.
07:20 -Élu et citoyen
07:22 invité à se rassembler demain à midi
07:25 devant chaque mairie du pays.
07:27 Une action à l'appel de l'Association
07:29 des maires de France.
07:30 Après l'attaque la nuit dernière à la voiture bélier
07:34 sur la maison du maire de Laïlée-Rose,
07:36 au sud de Paris, sa femme s'est fracassée
07:38 et a capturé le tibia dans sa fuite
07:40 avec leurs enfants de 5 et 7 ans.
07:42 "Nous ne laisserons rien passer",
07:44 déclare Elisabeth Born.
07:45 La chef du gouvernement promet la plus grande fermeté,
07:48 notamment contre les auteurs de l'attaque.
07:51 Ce soir, 45 000 policiers et gendarmes
07:53 sont à nouveau mobilisés.
07:54 Les transports en commun sont à l'arrêt à Marseille.
07:58 Plus de bus ni de tramway en circulation
08:00 depuis 10 minutes à Lyon et Toulouse
08:02 et à partir de 21h à Paris.
08:04 Les Ukrainiens mènent des combats acharnés,
08:06 selon Kiev, à l'est du pays.
08:08 Les Russes avancent sur 4 zones de la ligne de front,
08:11 précise encore la vice-ministre de la Défense.
08:14 Mais il y a du progrès, selon elle,
08:16 pour les troupes ukrainiennes sur un secteur à l'est
08:19 et dans deux autres au sud.
08:21 C'est la fête du cinéma.
08:22 Jusqu'à mercredi, la place est à 5 euros.
08:25 C'est un euro de plus par rapport aux éditions précédentes.
08:28 Inflation oblige à voir en ce moment en salle
08:31 le dernier "Indiana Jones", "Fast and Furious X"
08:34 ou encore "Élémentaire", le dernier film d'animation.
08:36 -France Info.
08:37 ...
08:39 -20h, 21h,
08:41 les informés.
08:42 Laetitia Crupa.
08:43 -C'est le maire de L'Aïlée-Rose
08:46 qui a été le premier à communiquer.
08:49 Assez tôt, ce dimanche matin,
08:51 Vincent Jambrin a diffusé sur Twitter un communiqué
08:54 où il dénonce une tentative d'assassinat
08:57 d'une lâcheté inqualifiable.
08:59 Mais il affirme sa détermination à protéger
09:02 et à servir la population.
09:04 Il affirme sa détermination à protéger et à servir la République,
09:08 qui est plus grande que jamais.
09:10 Et il dit "je ne reculerai pas".
09:12 Ensuite, la Première ministre,
09:14 Isabelle Borne, accompagnée de Gérald Darmanin,
09:17 s'est rendue à L'Aïlée-Rose pour le rencontrer.
09:20 On va écouter un extrait de son échange.
09:22 -Je pense qu'on a tous été très choqués.
09:25 Donc, moi, j'ai tenu à venir ici
09:27 pour exprimer toute la solidarité, tout le soutien du gouvernement
09:31 face à cette attaque qui est évidemment intolérante.
09:34 Des actes comme ceux qui se sont passés ici
09:37 sont inacceptables et le gouvernement sera mobilisé
09:40 jusqu'au retour de l'ordre républicain.
09:42 Et puis, je veux dire aussi à tous les élus
09:45 qui peuvent être dans des arrois avec des bâtiments publics détruits
09:49 que nous laisserons rien passer, que nous serons aux côtés des maires
09:54 et que pour les auteurs de l'attaque sur le domicile
09:57 de M. le maire de L'Aïlée-Rose, comme sur tous les auteurs,
10:00 nous avons demandé à la justice, au procureur,
10:03 la plus grande fermeté.
10:05 -Jean-Daniel Lévy, c'est le minimum que l'exécutif pouvait faire ?
10:10 -Oui, c'est le minimum.
10:11 Dire la solidarité, le soutien de la puissance publique nationale
10:15 à l'égard des élus locaux,
10:16 cela a été rappelé tout à l'heure.
10:18 Ce n'est pas le premier événement que l'on voit comme ça.
10:22 Ca s'inscrit dans une forme de continuum.
10:24 On peut rappeler que la participation électorale,
10:27 même dans les élections municipales, a tendance à baisser,
10:30 au moins depuis 1995.
10:32 Certes, il y a eu la période Covid en 2020.
10:34 -Vous corrélez ?
10:35 -La légitimité des élus d'un point de vue global
10:38 est quand même beaucoup moins affirmée que par le passé.
10:41 Le fait aujourd'hui que l'on considère ce qui est vrai,
10:44 que le maire est l'élu préféré de la part des Français,
10:47 mais que dans un même élan, la légitimité qu'il peut avoir
10:50 apparaît comme moins massive que par le passé,
10:53 ce sont deux faits avérés.
10:55 Le troisième aspect, c'est qu'on peut même,
10:57 d'une manière globale,
10:59 à travers les différentes mobilisations,
11:01 remettre en cause la légitimité des élus
11:03 à pouvoir être l'incarnation de l'intérêt général,
11:07 que ce soit au niveau national comme au niveau local.
11:10 Il n'est pas rare que soit remis en cause
11:13 le caractère impératif qui est lié du mouvement électoral
11:18 qui permet aux élus localement de prendre des décisions,
11:21 d'avoir des orientations.
11:23 Donc il y a déjà, préalablement, cette tension d'opinion.
11:26 Peut-être le deuxième aspect,
11:28 on a vu au cours de la pèse récente,
11:30 je ne fais pas de lien complet,
11:31 que de nombreuses personnes disaient
11:33 qu'à travers le mouvement des Gilets jaunes,
11:36 il y a eu des violences et une réaction de la part de l'État.
11:39 Dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites,
11:43 il y a eu des mobilisations sociales qui ont été massives,
11:46 qui se sont effectuées sans violence,
11:48 et il n'y a pas eu de réaction de l'État.
11:50 Donc ce raccourci existe,
11:52 et existe même pour une partie extrêmement importante
11:55 de la jeunesse, pas forcément toute, mais toute.
11:58 - On l'a vu, l'exécutif,
11:59 dans la voix d'Elisabeth Borne, a réagi relativement vite,
12:03 mais il s'est fait doubler par la droite et l'extrême-droite.
12:07 L'extrême-droite qui a déguidé très vite cette fois.
12:10 Écoutez, Laurent Jacobelli,
12:12 il était l'invité sur France Info ce matin,
12:15 c'est le porte-parole du RN.
12:18 - C'est un symbole de la République,
12:20 un garant de la République qui a été attaqué.
12:23 Ça a franchi une nouvelle phase,
12:25 et ça montre bien que ce que l'on vit aujourd'hui,
12:28 c'est hordes sauvages qui attaquent tous les symboles de la République,
12:31 détestent la France, veulent nuire à la France,
12:34 et n'acceptent pas les règles communes de la République.
12:37 C'est un pays qui n'est plus apaisé,
12:39 c'est un pays cocotte-minute, et c'est le résultat de 40 ans.
12:43 40 ans de laxisme, 40 ans d'excuses,
12:45 40 ans d'immigration incontrôlée.
12:47 - Marine Le Pen, de son côté, s'est contentée d'un tweet
12:50 en début d'après-midi,
12:52 "un nouveau cap franchi", on l'a déjà entendu,
12:55 et elle adresse toutes ses pensées à Vincent Gembrun,
12:58 ses parents, à ses enfants, et puis son épouse.
13:00 Ariane Hamadi, Marine Le Pen, joue profil bas. Pourquoi ?
13:04 - Écoutez, parce que Marine Le Pen a fait,
13:06 comme pour la réforme des retraites,
13:08 la politique de la sobriété, et elle a bien raison.
13:11 La sobriété, je ne veux pas prendre un mot pour un autre,
13:14 mais comment s'est passée la séquence, si on analyse ?
13:17 Quel est le premier à avoir, j'ai presque envie de dire,
13:21 puisque les mots "guerre" sont aujourd'hui des mots très présents
13:24 dans l'imaginaire public, c'est M. Zemmour.
13:27 Et en fait, M. Zemmour, il a, du fait de son positionnement politique,
13:31 la capacité d'implémenter des thèmes avec des mots
13:35 qui sont plus forts, forcément, maintenant, que le RN.
13:38 Et donc, du coup, ce qui reste à faire à Mme Le Pen,
13:41 c'est d'être dans la sobriété républicaine.
13:43 Dans sa stratégie de dédiabolisation,
13:45 elle n'a pas grand-chose à faire,
13:47 puisque Eric Zemmour, quand il va sur Europe 1,
13:50 il voulait déjà les termes d'ensauvagement.
13:52 C'est intéressant, d'ailleurs, ce que dit M. Jacobelli.
13:56 On a ici parlé de, en gros, un cap franchi.
14:00 Qu'est-ce que ça veut dire, un cap franchi,
14:03 dans la tête de nous tous ?
14:04 Ca veut dire, je disais à mon...
14:06 Enfin, camarade, mais mon monsieur à côté,
14:09 je disais... -Jean Garrigue.
14:11 -Non, mais collègue, je ne sais pas.
14:14 Je disais, on a fait péter le plafond symbolique.
14:17 Quand on n'a plus les mots,
14:18 l'idée de la sauvagerie,
14:20 indépendamment, sans pointer du doigt qui,
14:22 quand on n'a plus les mots,
14:24 c'est la crainte derrière de l'avant-culture,
14:27 c'est-à-dire de la sauvagerie.
14:29 Et donc, là, c'est du pain béni, si vous voulez.
14:31 M. Zemmour s'empare de ce thème impensé,
14:34 donc, et Mme Le Pen le récupère naturellement,
14:38 d'une façon, on va dire, protocolaire.
14:40 -Vous êtes d'accord ?
14:42 -Oui, il y a tout un discours.
14:43 On voit bien, si on écoute Jacobelli,
14:46 le porte-parole du RN,
14:48 il y a un discours de défense républicaine
14:51 que chacun d'entre nous pourrait tenir,
14:53 et puis, hop, une toute petite dérive sémantique
14:57 où l'on nous parle de hordes sauvages,
14:59 de barbares, etc., et de défense de la France.
15:02 Ce n'est pas la France qui est en cause, à mon sens,
15:05 c'est la République.
15:07 La République, c'est-à-dire l'ordre
15:09 qui fait tenir ensemble des citoyens.
15:11 C'est d'ailleurs ce qui est fondamentalement en cause
15:14 dans la crise qui nous occupe
15:16 et qui était aussi en cause, à mon sens,
15:19 dans la crise des Gilets jaunes.
15:20 Mais la rhétorique du RN
15:24 dévie les choses
15:26 pour aller vers des critères
15:28 qui renvoient à une identité,
15:30 une identité nationale,
15:33 mais qui dérive très vite aussi vers une identité ethnique
15:36 et qui assimile telle ou telle origine ethnique,
15:39 justement, à des barbares
15:41 ou à quelque chose qui nous menace.
15:43 C'est vrai qu'on rejoint, en fait,
15:45 de manière impensée,
15:47 enfin, de manière, je dirais, subreptice,
15:50 on rejoint le discours d'Éric Zemmour
15:53 sur le grand remplacement et la reconquête,
15:55 parce que c'est ça qui est le fond,
15:57 parce que c'est ça aussi, et malheureusement,
16:00 qui mobilise aussi beaucoup de militants
16:02 et beaucoup d'électeurs.
16:04 Et s'il y a, à mon sens,
16:07 s'il va y avoir là encore un gagnant de cette crise,
16:10 après d'autres, je ne serais pas surpris
16:12 que, sur le plan électoral,
16:14 il y ait soit le RN.
16:16 -Vous commencez à le voir, dans vos sondages.
16:18 -On le voit depuis longtemps.
16:20 Ce qui est intéressant, c'est que,
16:22 depuis que Marine Le Pen est à la présidence
16:25 à l'époque du RN,
16:26 puis du RN, depuis 2011,
16:27 elle a changé toute une partie des thématiques
16:30 qui ont été portées par cette formation politique
16:33 en cherchant à incarner la question de la réplique.
16:35 Le discours soulevé tout à l'heure par Jean Garrick
16:38 est audible par deux franges de population.
16:41 Une frange qui est fondamentalement attachée
16:44 à la réplique et quels sentiments
16:45 aient-elles pour se déliter depuis 40 ou 30 années.
16:48 Et également un discours qui peut être plus radical
16:51 et qui peut être audible de la frange
16:53 qui va être la plus à droite sur l'échec politique.
16:56 Et à l'heure actuelle, ces discours
16:58 qui sont un peu protéiformes
16:59 et qui peuvent être entendus de différentes personnes
17:02 ne sont pas perçus comme antagonistes,
17:05 mais sont identifiés comme complémentaires.
17:07 Chacun peut entendre ce qu'il veut.
17:09 On peut peut-être rajouter un dernier aspect,
17:12 la même personnalité à laquelle les Français,
17:14 dans les enquêtes réalisées par Aïss Interactive,
17:17 font confiance, c'est Marine Le Pen.
17:19 Près d'un tiers des Français lui accordent confiance.
17:22 -On va voir comment les Républicains ont réagi.
17:25 Ce sera après le Fil info de 20h20 avec Valentine Letez.
17:28 -Arrêtez, ne cassez pas l'appel de la grand-mère de Naël,
17:33 ce jeune homme de 17 ans tué mardi par un policier à Nanterre.
17:37 Depuis sa mort, des émeutes secouent le pays.
17:40 "Les policiers, heureusement qu'ils sont là",
17:43 ajoute cette femme, "et ils seront encore nombreux mobilisés ce soir.
17:46 "Les 45 000 policiers et gendarmes déployés
17:49 "ont reçu des consignes de fermeté",
17:51 indique le ministère de l'Intérieur,
17:53 "de mener des interpellations dès que possible."
17:56 Un point de situation est en cours à l'Elysée
17:58 autour du président Emmanuel Macron,
18:01 la chef du gouvernement, le garde des Sceaux
18:03 et le ministre de l'Intérieur.
18:05 Le fils de Michel Fourniret en garde à vue
18:08 pour tentative de viol.
18:10 Agé de 35 ans,
18:11 il fournit révis sur la Côte d'Azur
18:13 depuis des années sous une nouvelle identité.
18:15 Le fils du tueur en série est soupçonné d'agression
18:18 sur une jeune fille de 16 ans.
18:20 Total Energy, accusé par une ONG
18:23 d'engranger des millions de dollars
18:25 grâce au commerce du gaz russe
18:27 et donc de financer la guerre en Ukraine,
18:29 un commerce légal, regrette Global Witness.
18:32 Malgré la suspension progressive des actifs russes,
18:35 explique le groupe français,
18:37 Total Energy est toujours lié par des contrats en cours.
18:40 Sur le tour de France,
18:41 Victor Laffey remporte la deuxième étape.
18:44 Un truc de malade, selon les mots du français.
18:46 Le coureur de la Cofidis ramène à sa formation
18:49 sa première victoire d'étape sur le tour depuis 2008,
18:52 soit depuis 15 ans.
18:54 ...
18:56 -France Info.
18:57 ...
18:59 -20h, 21h,
19:00 les informés,
19:02 Laetitia Cruva.
19:04 -Avant le Fil Info,
19:05 on va écouter la réaction d'Eric Ciotti,
19:08 qui était ce matin sur CNews et qui joue, lui aussi,
19:11 la quête de la fermeté.
19:12 -Ceux qui ont brûlé sont des incendiaires,
19:15 ceux qui ont allumé, des incendies.
19:17 La réponse dans le code pénal ne peut pas être atténuée.
19:20 C'est la cour d'assises.
19:22 Ceux qui ont attaqué le domicile de Vincent Jambrin,
19:25 ils devront être interpellés, recherchés,
19:27 je fais confiance à la police judiciaire,
19:30 aux autorités judiciaires, et traduits en cour d'assises.
19:33 -Tentative d'assassinat.
19:35 On aurait plutôt attendu ces mots dans la bouche de Marine Le Pen.
19:39 -Quand vous regardez l'évolution des discours
19:41 de la part des Républicains depuis quelques semaines,
19:44 qui est en cohérence avec le positionnement politique
19:47 qui a été adopté par Ciotti, qui n'est pas nouveau,
19:50 dont on avait vu, de manière assez nette,
19:53 d'un point de vue d'opinion, la manière dont il pouvait
19:56 se positionner lors du Congrès précédant la campagne présidentielle,
20:00 c'est dans sa ligne de conduite.
20:02 Parfois, il y a une forme de critique à l'égard des responsables politiques
20:06 en disant "vous nous disiez des choses auxquelles vous ne croyez pas".
20:09 Il y a peut-être une autre interrogation,
20:12 y a-t-il une singularité du discours tenu de la part des Républicains
20:15 par rapport à celui qui peut être tenu de la part d'acteurs
20:19 d'autres formations politiques, dont le Rassemblement national,
20:22 voire les proches d'Éric Zemmour ?
20:24 De toute façon, quand vous regardez,
20:26 la droite s'est toujours positionnée sur la question de l'autorité,
20:30 de la présidence, et d'une manière globale,
20:33 plus du côté des forces de l'ordre
20:35 que de la part du reste de la population.
20:37 Là, je serais tenté de dire, relativement sans surprise,
20:40 avec une petite question, c'est est-ce que ceci leur suffit
20:44 pour pouvoir se singulariser et se distinguer
20:46 du reste de l'échec et politique qui se situe le plus à droite
20:50 sur notre échec et politique ?
20:51 -A droite, les réactions ont été relativement claires et tranchées.
20:55 A gauche, c'était plus compliqué, il fallait les chercher,
20:59 mais il y a eu des réactions.
21:00 Je vais vous en proposer une.
21:02 La maire de Strasbourg, la maire Europe Ecologie et les Verts,
21:06 Jeanne Barseguian,
21:07 elle était sur France Culture à midi.
21:10 -Je suis extrêmement choquée de ce qui s'est passé cette nuit.
21:14 Les maires, les élus locaux sont en première ligne,
21:18 et tout particulièrement pendant ces périodes de crise.
21:21 Et donc, on le voit dans ce moment
21:24 où sont attaqués tous les symboles, finalement, de la République.
21:29 Eh bien, les élus locaux et leur entourage
21:33 se retrouvent dans des situations absolument dangereuses
21:36 et inacceptables.
21:37 J'en appelle au calme.
21:39 Je pense que nous, élus locaux,
21:41 nous devons absolument avoir cette parole d'apaisement.
21:44 -J'en appelle au calme.
21:46 Cette phrase est importante. Pourquoi ?
21:48 -Parce qu'elle tranche avec ce qui a été dit
21:51 par certains responsables de la France insoumise,
21:54 y compris par Jean-Luc Mélenchon.
21:56 -Je rappelle que Jean-Luc Mélenchon a uniquement tweeté
21:59 "Je partage l'effroi de la famille".
22:01 -Oui, c'est vrai.
22:03 Mais on a bien vu certains lieutenants
22:05 de Jean-Luc Mélenchon
22:07 réfuter la notion de calme
22:09 au profit de celle de justice,
22:13 voire de révolte,
22:15 refuser de nommer émeutes
22:18 ce qu'ils estiment être une révolte,
22:21 et une révolte politique, à dimension politique.
22:24 On voit bien que l'alliance de la NUPES
22:29 est en train d'éclater.
22:31 Là aussi, c'est en cohérence
22:33 avec ce qui est en train de se faire
22:35 dans la préparation, dans la perspective
22:38 des élections européennes.
22:39 On voit bien qu'il va y avoir une liste
22:42 Europe Écologie-Les Verts, une liste communiste,
22:45 et que les positions sont en train de se séparer.
22:48 On a vu que Fabien Roussel, dans cette crise,
22:51 était sur une position très différente.
22:53 -Fabien Roussel a condamné
22:55 l'agression à la voiture bélier.
22:58 -Tout à fait, de manière très claire,
23:00 comme il avait eu une position, dès le début des émeutes,
23:05 qui était une position critique
23:07 par rapport à la violence de rue, etc.
23:09 Là, on voit bien qu'il y a quelque chose.
23:11 Il y a à la fois une cohérence idéologique,
23:14 ce sont des gauches différentes
23:16 qui se confrontent,
23:18 et puis une cohérence politique,
23:22 j'allais dire politicienne,
23:23 parce qu'on est dans la perspective d'élections
23:26 qui vont se séparer, provisoirement ou pas.
23:29 Des gens comme Olivier Faure
23:30 essayent de faire continuer cette alliance,
23:33 provisoirement ou pas, en tout cas,
23:35 sur ces questions-là, c'est une alliance qui est divisée.
23:38 -Alors, finalement, est-ce qu'il y aura
23:41 plus de partages politiques demain à midi
23:44 sur le parvis des mairies ?
23:46 Vous le savez, David Lysnard,
23:48 le président de l'Association des maires de France,
23:51 il appelle à des regroupements à midi
23:53 sur le parvis des mairies.
23:54 Est-ce que vous pensez, Gauthier Vaillant,
23:57 que ces événements, ces symboles
23:59 sont importants pour ressouder ce pays si fracturé ?
24:03 -Sur l'événement lui-même,
24:04 on verra s'il peut rencontrer de l'affluence.
24:07 Lundi à midi, tout le monde, à commencer par un "nous",
24:10 n'a pas forcément la possibilité de se libérer.
24:13 Maintenant, l'organisation de cet événement
24:15 manifeste quelque chose, et la réaction
24:18 de Jeanne Barsé-Guianc, qui vient d'être diffusée,
24:21 on voit bien que quand on touche aux maires,
24:23 il y a quelque chose qui dépasse, d'une certaine manière,
24:26 peut-être le clivage politique habituel.
24:29 C'est vrai qu'à l'exception d'une formulation
24:32 ambiguë, on va dire, de Jean-Luc Mélenchon,
24:35 on a vu, Jean-Garrick l'a bien dit,
24:37 plusieurs personnalités de la France insoumise
24:40 vraiment condamnées assez clairement
24:42 et appelées aussi à la fin des violences,
24:45 ce qui n'avait pas été fait jusqu'à présent.
24:47 Je pense que derrière cette figure
24:51 du maire élu préféré des Français,
24:55 il y a à la fois quelque chose qui touche chacun différemment
25:00 par rapport au reste de la classe politique,
25:03 et aussi une reconnaissance, une solidarité,
25:05 parce que Jeanne Barsé-Guianc est maire,
25:07 elle aussi, et peut s'identifier davantage.
25:10 -Vous continuerez, évidemment, et tous ensemble,
25:13 nous allons continuer à débattre de ces violences urbaines
25:16 et du monde politique.
25:18 Restez avec nous, les informés reviennent.
25:20 -On se réveillera au nord, notamment,
25:32 dans une ambiance brumeuse.
25:34 Des nuages présents sur les régions centrales.
25:37 Quelques ondées et parses possibles.
25:39 L'après-midi, c'est de part et d'autre de cette zone
25:42 qu'on va retrouver des éclaircies.
25:44 En Méditerranée, le vent dégage les nuages.
25:46 Avec la chaleur, au risque modéré d'incendie.
25:49 Les températures sont conformes aux valeurs de référence.
25:52 Entre 11 et 22 degrés le matin,
25:54 le mercure va grimper l'après-midi de 19 à 32.
25:58 Des températures qui vont rester de saison jusqu'à jeudi,
26:02 avant de grimper à la faveur d'une masse d'air plus chaude
26:05 à partir de vendredi, et elles seront estivales.
26:08 Avant cela, il faudra passer par des journées plus chaotiques,
26:11 avec des orages qui doivent se développer sur la moitié nord.
26:14 Je vous invite à aller voir le site de l'Europe des Média.
26:17 Jeudi, ce sera une journée de transition
26:20 avant de passer dans une ambiance plus chaude,
26:22 à l'approche du week-end prochain.
26:24 Là encore, des orages à craindre sur la moitié nord du pays.
26:27 Bonne soirée.
26:29 (Générique)
26:30 ---
26:37 -Bonsoir à tous.
26:38 A l'aïn de l'actualité, les violences urbaines.
26:41 Emmanuel Macron préside une réunion.
26:43 Sur ce, ce soir à l'Elysée,
26:45 avec notamment Elisabeth Borne
26:47 et les ministres de l'Intérieur et de la Justice,
26:50 45 000 policiers et gendarmes seront de nouveau mobilisés
26:53 ces prochaines heures pour tenter de canaliser les violences.
26:57 Selon nos informations, depuis le début des émeutes,
27:00 près de 3 000 personnes ont été placées en garde à vue.
27:04 La journée a été marquée par l'indignation unanime
27:08 après l'attaque contre le domicile du maire de Lailerose.
27:12 On revient sur les faits avec Anaïs Anquet.
27:14 -Un incendie violent,
27:16 juste devant le domicile du maire de Lailerose.
27:20 Il est environ 1h30 ce matin.
27:22 Des individus viennent de mettre le feu à une voiture belliée
27:25 lancée contre le portail de ce pavillon.
27:28 Ce matin, il ne reste plus qu'une carcasse
27:31 de véhicule carbonisé, preuve de la violence de l'attaque.
27:35 Au moment des faits, l'élu était absent,
27:37 mais sa femme et leurs deux enfants,
27:40 5 et 7 ans, se trouvaient à l'intérieur.
27:42 Ils ont dû fuir par le jardin.
27:44 Pour la justice, aucun doute,
27:46 les assaillants voulaient incendier la maison.
27:49 -Je précise qu'un accélérant
27:52 a été découvert dans une bouteille de coca.
27:56 -Dans sa fuite, la femme du maire a été blessée au tibia.
27:59 Une enquête a été ouverte pour tentative d'assassinat.
28:03 Une violence inouïe qui laisse le voisinage sidéré.
28:08 -C'est choquant.
28:10 Je suis peur pour ma famille.
28:13 On habite à l'Isle-et-Rose depuis 3 ans,
28:17 et on n'a jamais vu quelque chose comme ça avant.
28:20 -Cela fait déjà plusieurs jours
28:22 que l'Isle-et-Rose est en proie aux violences.
28:25 Des barbelés avaient été installés devant l'hôtel de ville
28:28 pour le protéger.
28:29 Des barricades qui ont été attaquées samedi
28:32 par des hommes cagoulés.
28:34 Nous avions rencontré Vincent Jambrin hier,
28:38 et il ne cachait pas ses craintes
28:40 après la découverte de menaces sur les murs de la ville.
28:43 -Ca a été tagué sur le marché, on l'a effacé depuis.
28:48 "On a vos adresses, on va vous bourrir les vivants."
28:50 C'est de l'intimidation.
28:52 On a des tags comme ça un peu partout.
28:54 Il y a une volonté de tuer.
28:56 -En début d'après-midi, la Première ministre
28:59 s'est rendue sur place pour apporter son soutien
29:01 à l'élu et à sa famille.
29:03 -Nous serons aux côtés des maires,
29:05 et pour les auteurs de l'attaque sur le domicile
29:08 de M. le maire de La Hélérose,
29:10 comme sur tous les auteurs,
29:11 nous avons demandé à la justice, au procureur,
29:14 la plus grande fermeté vis-à-vis de ces auteurs de violence.
29:18 -A l'heure actuelle, les assaillants
29:20 qui ont attaqué le domicile du maire sont toujours recherchés.
29:23 -En ce début de vacances d'été prudent,
29:26 si vous vous trouvez sur la côte atlantique,
29:28 une alerte aux Bahines a été déclenchée.
29:31 La baignade est fortement déconseillée
29:33 et les morts sont en place.
29:35 -Cette bonne nouvelle sur le Tour de France,
29:37 c'est un Français qui a gagné la 2e étape,
29:40 Victor Laffey, de l'équipe Cofidis.
29:42 Regardez ce beau finishing.
29:45 On va l'écouter, Victor Laffey.
29:47 -Sur le sommet de la busse, quelqu'un a lancé.
29:52 Ça a remis un peu de vitesse.
29:53 Je me suis dit que j'allais attendre.
29:56 Un moment donné, ça s'est posé.
29:58 Je passe à gauche à fond.
29:59 -Voilà pour l'essentiel.
30:01 Je vous souhaite une très bonne soirée
30:03 sur France Info, Canal 27.
30:05 ...
30:10 -20h, 21h,
30:12 les informés,
30:13 Laetitia Cruva.
30:15 -Comme promis, nous allons consacrer
30:17 cette 2e partie des informés
30:19 à décrypter la bataille politique
30:21 autour des violences urbaines.
30:23 Nous partirons à Marseille.
30:25 Je suis toujours en compagnie de Jean Garrigue,
30:28 président du comité d'histoire parlementaire et politique,
30:32 Jean-Daniel Lévy, directeur délégué d'Aris Interactive,
30:35 Ariane Amadi, experte en communication politique,
30:38 et Gautier Vaillant, chef adjoint
30:40 du service France au journal La Croix.
30:42 Depuis le démarrage de ces violences urbaines,
30:45 nous assistons à une résistance de la France insoumise
30:48 qui refuse de condamner les violences
30:51 après avoir dénoncé une police qui tue,
30:54 très vite, après la mort du jeune Nahel
30:57 lors d'un contrôle routier.
30:59 Je vous propose d'écouter la dernière vidéo
31:01 que Jean-Luc Mélenchon a postée sur sa chaîne YouTube.
31:05 C'était vendredi soir.
31:06 -Nous, nous avons toujours été contre toute stratégie de violence.
31:10 Toujours, pas seulement aujourd'hui, toujours.
31:14 Nous n'en avons jamais accompagné ni justifié,
31:17 mais nous refusons d'être la brosse à reluire du système
31:21 qui vient quand ils ont provoqué des dégâts énormes
31:24 et nous adjurent d'appeler au calme.
31:26 Nous avons dit que nous appelions à la justice.
31:29 Oui, nous appelons à la justice, partout.
31:32 La justice sociale et la justice pour les individus,
31:36 la justice pour les parents, la justice pour les enfants.
31:39 -Jean Garrigue, comment interprétez-vous
31:42 le positionnement de Jean-Luc Mélenchon ?
31:45 -Euh... Avec difficulté ? Non, je...
31:48 Il est cohérent, il est cohérent,
31:52 sauf dans le choix des mots.
31:55 C'est-à-dire que la stratégie, on le voit bien,
31:57 c'est une stratégie de conflictualité.
32:00 C'est ainsi qu'elle a été énoncée, y compris au Parlement.
32:03 Or, au Parlement... -Elle a été théorisée.
32:06 -Mais je ne sache pas qu'il n'y ait pas eu recours à la violence.
32:09 Violence verbale, extrême, parfois même...
32:13 On était presque à la violence physique
32:16 au sein de l'hémicycle.
32:17 Donc il est assez quand même étonnant
32:20 de voir Jean-Luc Mélenchon
32:22 se proclamer comme un adversaire de la violence.
32:26 Alors, on comprend, parce que le propos consiste à dire
32:30 que cette violence de rue,
32:32 cette violence des émeutes qu'on a aujourd'hui,
32:34 répond à une violence du système,
32:37 puisque c'est l'argumentaire de la France insoumise,
32:41 violence de l'Etat, violence...
32:44 Racisme systémique dans la police,
32:47 c'est aussi des mots qu'on a entendus.
32:49 Pas seulement de Jean-Luc Mélenchon,
32:51 mais de Marine Tondolier, d'Europe Écologie-Les Verts,
32:55 qui aurait une violence légitime
32:57 par rapport à la violence d'Etat
32:59 qui est exercée à l'encontre des couches populaires
33:02 ou des gamins des banlieues.
33:05 Voilà, c'est la cohérence du discours de Mélenchon.
33:07 Sauf qu'en réalité,
33:09 il n'y a pas de cohérence avec les faits
33:12 et avec la réalité de ce qu'est cette stratégie de conflictualité.
33:16 C'est ça qui est embêtant.
33:18 Et je pense que les débordements,
33:21 en plus de quelques-uns des membres de la France insoumise,
33:24 pas de François Ruffin, d'ailleurs, il faut l'observer,
33:27 ces débordements-là n'ont sûrement pas
33:30 explicité la démarche de Jean-Luc Mélenchon.
33:34 -Je rappelle que ce dimanche,
33:35 la France insoumise a diffusé un communiqué
33:38 pour apporter son soutien au maire d'Euleil-les-Roses
33:41 et réaffirmer son refus de toute violence.
33:44 Les mots ont leur importance.
33:46 Il n'y a pas de condamnation, mais c'est un refus.
33:49 Jean-Daniel Lévy, à quel segment de la population
33:52 s'adresse la France insoumise ?
33:54 -Déjà, au segment qui a voté pour Jean-Luc Mélenchon
33:57 à la dernière élection présidentielle.
33:59 22 % des Français ont voté pour lui.
34:01 Il y a une emprise importante auprès de la jeunesse
34:04 et notamment dans les quartiers populaires.
34:07 Quand vous regardez l'évolution du score de Mélenchon
34:10 entre la présidentielle de 2017 et la présidentielle de 2022,
34:13 c'est essentiellement auprès de cette frange de population.
34:17 -Qui lui reste acquise encore ?
34:19 -Qui lui reste acquise d'un point de vue d'opinion, oui.
34:22 D'un point de vue électoral, ça n'est pas certain.
34:24 Quand vous regardez aujourd'hui la manière dont il peut être perçu
34:28 d'un point de vue global auprès de la jeunesse,
34:31 il y a encore cette assise qui est exprimée
34:33 et qui est ressentie de la part de la jeunesse
34:36 à l'égard de Mélenchon.
34:37 Au cours des scrutins qui se sont déroulés,
34:40 qui ont été des élections partielles
34:42 depuis la dernière présidentielle,
34:44 voire pour partie des législatives,
34:46 il y a eu une petite baisse de participation,
34:49 et je pense qu'on en parlera plus tard,
34:51 dans le cadre des élections européennes,
34:53 qui n'est pas encline à voter en faveur des listes
34:56 soutenues par la France insoumise.
34:58 Quand vous regardez, et Jean-Garrick y référence,
35:01 toute la stratégie qui a été adoptée
35:03 de la part de la France insoumise,
35:05 de chercher non seulement à conflictualiser, à politiser,
35:08 voire même à faire un processus,
35:10 même s'il s'en défend d'obstruction,
35:13 on l'a pu le voir dans la réforme des retraites,
35:16 et on l'a pas du tout été favorable
35:18 d'un point de vue d'opinion.
35:19 Aujourd'hui, le regard qui est porté,
35:22 c'est plutôt une force d'opposition
35:24 qu'une force de proposition perçue
35:26 à l'égard de la France insoumise.
35:28 -G.Vaillant, on a entendu le patron du PS,
35:30 Olivier Faure, très mal à l'aise
35:32 par rapport à ce positionnement de Jean-Luc Mélenchon.
35:35 Qui représente la gauche ?
35:37 -Alors, comme l'a dit Jean-Garrick,
35:39 il y a plusieurs gauches, donc je ne sais pas
35:41 si on peut chercher un unique représentant.
35:44 Mais le problème, c'est que le PS vient du fait,
35:47 je pense que Jean-Luc Mélenchon fait le choix,
35:50 en termes d'analyse, de prêter dans les premiers temps
35:53 de la révolte dans les quartiers,
35:55 une conscience politique très forte
35:57 aux personnes qui participent aux premiers troubles.
36:00 Et ensuite, il est pris sans doute en défaut, on va dire,
36:03 par l'évolution de ce mouvement et des pillages,
36:06 dont il devient évident pour tout le monde
36:08 qu'ils n'ont plus réellement de rapport
36:11 avec la révolte initiale,
36:12 celle liée à la mort de Nahel, à la brutalité de la police.
36:16 Et Jean-Luc Mélenchon ne veut pas sortir,
36:18 a du mal à sortir de cette analyse,
36:20 et le malaise avec la gauche et la dissociation,
36:23 les divergences qu'on voit apparaître
36:26 dans la communication depuis aujourd'hui ou hier,
36:29 eh bien, vient sans doute de là.
36:31 -On va continuer de parler de cette gauche
36:34 difficilement audible depuis le début,
36:36 depuis le démarrage de ces violences urbaines.
36:39 Ce sera tout de suite après le Fininfo
36:41 de 20h40 avec Valentine Letez.
36:43 -Allez soutenir vos maires, réclame ce soir sur TF1
36:46 le maire de Laïl-les-Roses.
36:48 Sa maison a été attaquée la nuit dernière à la voiture-bélier.
36:52 En guise de soutien, l'Association des maires de France
36:55 appelle chaque citoyen, chaque élu,
36:58 à se rendre devant sa mairie demain midi.
37:00 Jean-Luc Mélenchon exprime, lui,
37:02 sa solidarité humaine la plus totale.
37:05 Et politiquement, sont des voseux aveux absolus
37:08 de ce genre de méthode, malgré la situation
37:11 qui se présente. Malgré cela, pour le leader
37:13 de la France insoumise, la police a des responsabilités
37:17 dans cette situation de violence en France.
37:19 Depuis la mort de Naël, tué par un policier mardi à Nanterre,
37:23 des commerces sont pillés, attaqués, brûlés.
37:26 A Marseille, la ville débloque en urgence 2 millions d'euros
37:29 pour les aider et les accompagner sur le plus long terme,
37:33 explique le maire Benoît Payan.
37:35 Le chef du groupe paramilitaire russe Wagner a perdu la boule
37:38 à cause de grosses sommes d'argent.
37:41 La région publique russe présente Yevgeny Prigojine
37:44 depuis sa mutinerie avortée contre le Kremlin.
37:46 Éruption à la réunion du Python de la Fournaise,
37:49 la première du volcan depuis le début de l'année.
37:52 Selon l'observatoire volcanique, l'éruption est localisée
37:56 dans une zone inhabitée et ne présente aucune menace
37:59 pour la sécurité des personnes, des biens et l'environnement.
38:04 -France Info.
38:05 -20h, 21h, les informés.
38:10 Laetitia Cruva.
38:12 -Un petit mot sur les élections européennes.
38:15 Vous allez voir, on est toujours dans cette thématique
38:18 d'une gauche fracturée qui n'arrive plus à faire front commun.
38:21 Ce dimanche, les Verts tenaient un Conseil fédéral
38:25 pour désigner pour les élections européennes deux listes,
38:28 8 hommes d'un côté, 8 femmes de l'autre.
38:31 Le Parti communiste, lui, a déjà désigné sa tête,
38:35 puisque c'est le jeune Léon De Fontaine
38:37 qui a tweeté, à la suite du vote,
38:40 il a tweeté, il s'est dit serein, enthousiaste
38:44 et déterminé pour aller à la reconquête
38:47 de l'électorat populaire.
38:49 Alors, cet électorat populaire, finalement,
38:52 c'est la question que je vous pose, chers informés.
38:55 C'est un peu le Graal pour tous les partis politiques
38:58 et pour la gauche, évidemment.
39:00 -On comprend quand même que la liste commune aux européennes
39:04 s'est enterrée, Jean Garrigue ?
39:05 -Oui, ce qu'on disait tout à l'heure,
39:08 cette crise des banlieues, ces émeutes-là,
39:12 ne sont que la cristallisation de ces divergences
39:16 qui, d'ailleurs, ont toujours existé.
39:19 Historiquement, il y a toujours eu des gauches,
39:22 mais là, on voit très bien qu'il y avait une alliance électorale
39:25 qui a porté ses fruits au moment des élections législatives
39:29 et que cette alliance électorale ne va pas être conduite
39:32 pour les élections européennes,
39:34 pas seulement pour des problèmes d'égo
39:36 ou d'hégémonie potentielle de la France insoumise,
39:39 mais parce qu'il y a véritablement des positions très différentes.
39:43 Alors, il y a évidemment un calcul politique.
39:45 Europe Écologie des Verts peut se prévaloir
39:48 dans une forme de leadership lors des élections européennes.
39:51 Donc, leur intérêt n'est évidemment pas de s'allier
39:54 et de s'associer avec la France insoumise,
39:57 mais ça va plus loin que ça.
39:59 Chacun doit se positionner sur des thématiques.
40:01 Et notamment, on sait bien que Fabien Roussel, par exemple,
40:05 et Jeanne Desfontaines, qui est un proche de Fabien Roussel,
40:08 se sont positionnés
40:10 sur une sorte de gauche populaire,
40:14 sociale,
40:15 ancrée, finalement, dans les réalités nationales,
40:19 chose très différente, par exemple,
40:22 de ce que représente la France insoumise
40:24 ou d'ailleurs Europe Écologie des Verts.
40:27 C'est naturel que chacun essaie d'avancer ses cartes,
40:30 d'aller dans ce sens.
40:32 En tout cas, on voit bien, à la faveur de ce qui se passe aujourd'hui,
40:36 qu'on est en présence de gauches très différentes.
40:38 Mais je dirais, ça a toujours été ça, à gauche.
40:42 On a, avec la France insoumise,
40:45 une forme de gauche trotskiste
40:48 qui se maintient dans le paysage politique,
40:50 gauche trotskiste révolutionnaire protestataire,
40:53 une gauche communiste qui a vu tendance à disparaître
40:57 et que Fabien Roussel veut réhabiliter,
40:59 cette gauche écologique.
41:01 Il manque dans le paysage la résurgence
41:04 de ce qui était l'ADN et le cœur de la gauche,
41:07 qui était la gauche sociale-démocrate.
41:08 Alors, quand sera-t-il, ça, c'est une autre question.
41:13 -Ariane m'a dit, en refusant de condamner les violences urbaines,
41:17 est-ce que Jean-Luc Mélenchon a signé la fin
41:20 de ce qu'il avait créé, de la nuppes ?
41:23 -Non, mais moi, je suis assez d'accord avec tout ce qui a été dit.
41:25 Je trouve que la stratégie est assez claire,
41:28 donc il n'y a pas de fin à partir du moment
41:30 où c'était clairement énoncé depuis le début.
41:32 En revanche, on touche à quelque chose de très...
41:37 que vous avez évoqué là,
41:39 c'est que si vous êtes dans la structure marxiste,
41:42 à un moment, le but, c'est quand même la révolution du prolétariat,
41:45 ce qu'on pourrait appeler aujourd'hui populaire, etc.
41:47 Donc, la révolution du prolétariat, à un moment,
41:50 ne peut pas aller avec le système.
41:52 Donc, sur, par exemple, une élection européenne,
41:55 qui, par définition, au niveau de la nuppes, je veux dire,
41:58 est un sujet, donc on peut dire...
42:00 Il y a des sociodémocrates et des partis comme l'AFI
42:04 de culture plutrotchiste, à un moment, le truc est clair.
42:08 Si vous êtes anti-système, l'Europe, par définition,
42:12 c'est pas possible.
42:13 Enfin, vous voyez ce que je veux dire.
42:14 Tel quel, c'est pas possible.
42:15 Donc, en fait, ce qui est intéressant,
42:17 c'est que là, il y a une cornerisation
42:21 avec ces émeutes sur son positionnement de Jean-Luc Mélenchon,
42:25 pas de ce qu'il a annoncé depuis le début,
42:27 mais on voit les limites, effectivement,
42:30 de dire à la fois "je condamne" et à la fois "je suis anti-système".
42:33 Parce que, dans des moments comme celui-ci,
42:35 qu'il s'agisse de l'Europe, qu'il s'agisse, en réalité,
42:37 de la démocratie, à un moment donné,
42:39 il y a deux solutions, ou bien vous dites,
42:42 en gros, moi, les institutions,
42:46 même si elles peuvent être injustes,
42:48 imaginons, sur un rapport au populaire,
42:50 il y a des injustices, il y a des inégalités,
42:53 des choses n'ont pas été faites,
42:55 qui, à un moment, est-ce que vous dites
42:57 "mais c'est légitime parce que, en fait,
43:00 "cette violence, elle doit être, en fait,
43:03 "se répercuter en étant... "
43:05 Vous voyez ce que je veux dire ?
43:06 Et donc, ça, en fait, c'est là où, pour moi,
43:09 il s'est cornerisé, en fait.
43:10 Il s'est pas dévoilé, mais là, c'est pour Olivier Faure,
43:13 par exemple, que ça va être un vrai sujet.
43:15 Parce que quand il dit "je ne suis pas d'accord, mais",
43:18 au niveau de l'Europe, ça va pas le faire,
43:20 pour le dire, basiquement.
43:22 -Jean-Daniel Lévy, vous qui sondez les Français,
43:25 vous sentez où est le pays ?
43:27 Est-ce que le pays est plutôt très, très, très à droite ?
43:31 Est-ce que c'est le Rassemblement national
43:32 qui, encore, va tirer profit de cette crise
43:35 que nous vivons en ce moment ?
43:36 -Alors, déjà, en fait, le pays ne se pose pas encore
43:40 vraiment la question des élections européennes.
43:41 On peut rappeler que c'est en juin 2024,
43:44 donc c'est-à-dire dans un peu moins d'un an...
43:46 -Mais en ce moment, le pays, où est-il ?
43:48 -Ce n'est pas que ça nous passionne collectivement,
43:49 mais qu'aujourd'hui, on les sonde, donc on leur pose des questions,
43:51 ils nous répondent gentiment.
43:53 En tant que sondeur, je vais quand même me méfier
43:54 par rapport à leurs intentions de vote
43:56 qu'ils peuvent nous délivrer aujourd'hui.
43:57 Quoi qu'il en soit, une fois qu'on a dit ça,
43:59 il y a un point, je pense, qui est assez surprenant
44:02 et qui a à avoir l'esprit, c'est qu'il y a aujourd'hui,
44:04 encore et toujours, une liste qui est la liste
44:07 qui est soutenue par le Rassemblement national,
44:08 qui arriverait en tête des futures élections européennes.
44:12 On peut rappeler que si jamais ça devait se produire,
44:15 ça serait la troisième fois consécutive,
44:17 au même type de scrutin, que le Rassemblement national
44:20 serait la première force politique.
44:21 Et puis, il y a aussi un fait notable,
44:24 c'est qu'il y a aussi l'émergence,
44:25 depuis la dernière élection présidentielle,
44:26 d'une nouvelle force politique qui est reconquête,
44:29 la force politique qui est soutenue par Éric Zemmour,
44:31 dont on pourrait penser sur le papier qu'elle serait de nature
44:33 à pouvoir obéir les intentions de vote
44:37 en faveur du Rassemblement national.
44:39 Ça n'a pas véritablement été le cas
44:41 au premier tour de l'élection présidentielle,
44:43 où Marine Le Pen a battu son record,
44:46 aussi bien en pourcentage qu'en voix,
44:47 en dépit de la présence d'Éric Zemmour,
44:50 qui avait réunissé 7% des suffrages,
44:53 et que là, quand bien même Éric Zemmour
44:55 serait candidat directement ou par procuration,
44:58 ça n'empêcherait pas, à l'heure actuelle,
45:00 le Rassemblement national d'être en tête.
45:02 Ça fait plusieurs points qu'on évoque
45:04 depuis le début de cette émission,
45:06 quand on a parlé des retraites,
45:07 quand on a parlé des émeutes ou des violences à l'heure actuelle,
45:10 quand on parle des élections européennes,
45:12 ce que nous disent les Français, c'est "au moins c'est clair",
45:15 au moins on les comprend,
45:16 au moins on n'a pas la perception
45:18 qu'il y ait une forme de marketing politique
45:20 par rapport au Rassemblement national,
45:22 et avec la perception qu'il vit sensiblement
45:25 toujours la même chose, non pas que ce serait une forme de critique
45:27 sous une forme de répétition,
45:29 mais de cohérence, contrairement à d'autres forces politiques
45:31 où on peut avoir le sentiment, à tort ou à raison,
45:34 qu'elles sont dans le calcul,
45:35 qu'elles sont dans ce dont on vient de parler.
45:38 La volonté de foire un feu aux forceps,
45:40 créer des majorités indépendamment
45:41 de ce qu'elles peuvent penser personnellement ou politiquement,
45:45 et que, ne serait-ce que sur la question européenne,
45:47 on l'avait vu en 2019 au cours des dernières élections,
45:50 globalement, vous étiez critique à l'égard de la construction européenne,
45:53 vous étiez sur un âge d'or d'une Europe
45:56 qui n'avait jamais véritablement existé,
45:57 mais qui renvoyait à des dimensions qui étaient rassurantes.
46:00 Dans ce contexte-là, on votait pour la liste
46:02 qui était conduite par Jordan Bardella
46:03 et soutenue par Marine Le Pen.
46:05 -Juste une petite question,
46:06 mais vraiment très, très courte, s'il vous plaît, Jordan Levy.
46:09 Est-ce que les Français sont pour la déclaration de l'état d'urgence ?
46:14 -Ah oui, clairement pour la déclaration de l'état d'urgence.
46:16 De toute façon, d'une manière globale,
46:17 quelle que soit la situation,
46:18 dès lors qu'il y a une forme de déstabilisation,
46:20 dès lors que le politique donne le sentiment
46:22 qu'il ne maîtrise pas les choses,
46:23 on est favorable, en France, à ce qu'il puisse y avoir
46:25 l'intervention de la puissance publique.
46:26 Et contrairement à ce qu'on peut croire,
46:28 il y a aujourd'hui une image de la police
46:29 qui est extrêmement bonne dans la société française,
46:31 alors on ne l'a pas sondée depuis le drame de mardi dernier,
46:35 mais en tout cas, je serais surpris que les résultats aient changé.
46:37 Et une petite indication qui vaut ce qu'elle vaut,
46:39 il y a une cagnotte qui a été ouverte en faveur du policier.
46:42 Si je ne me trompe pas, en ce dimanche soir,
46:45 420 000 euros avaient été recueillis en faveur de cette cagnotte.
46:49 -On continue. On va aller sur le terrain,
46:52 on va aller prendre la température à Marseille,
46:54 mais ce sera tout de suite après le Fininfo
46:56 avec Valentine Lottes. Il est 20h50.
46:59 -Dans 10 minutes, plus aucun bus ou tramway
47:04 ne circulera à Paris et dans sa proche banlieue.
47:07 C'est déjà le cas à Marseille, Lyon et Toulouse,
47:09 par crainte d'une nouvelle nuit d'émeute ce soir en France.
47:12 Depuis la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre mardi,
47:16 150 mairies ou bâtiments municipaux ont été attaquées,
47:20 une première dans l'histoire du pays,
47:21 selon l'Association des maires de France.
47:23 Son président, David Lyssenaar, appelle élus et citoyens
47:27 à se rassembler demain midi devant les mairies de tout le pays.
47:30 Une action de soutien aux maires de Laille-et-Rose,
47:33 sa maison a été attaquée la nuit dernière à la voiture bélier.
47:37 Les images de ces violences font le tour du monde.
47:39 Ce n'est pas bon pour l'image de la France,
47:42 s'inquiète sur France Info le patron
47:44 de l'office de tourisme de Paris.
47:45 D'après lui, les clients étrangers annulent déjà leur séjour
47:49 en cascade. L'incendie d'un Coran
47:51 devant la mosquée principale de Stockholm,
47:53 c'est un acte islamophobe,
47:55 condamne le gouvernement suédois,
47:57 avant de rappeler le droit protégé dans le pays
47:59 par la Constitution de la liberté d'expression.
48:02 Deuxième étape de la grande boucle
48:04 et déjà un Français s'impose.
48:06 Victor Laffey, 27 ans, s'est offert la plus belle victoire
48:09 de sa carrière à Sainte-Sébastiane.
48:11 Premier succès de son équipe sur le tour,
48:14 également la formation co-philis depuis 15 ans.
48:16 ...
48:18 -France Info.
48:19 ...
48:22 -20h, 21h,
48:23 les informés,
48:25 Laetitia Cruta.
48:27 ...
48:28 -Pour terminer cette émission,
48:30 nous allons prendre la direction de Marseille.
48:33 Notre envoyé spécial, Valentin Dunat.
48:35 Valentin, bonsoir.
48:36 -Bonsoir.
48:37 -Bonsoir.
48:38 Quelle est l'ambiance dans cette cité phocéenne
48:41 qui a encore connu la nuit dernière de nombreux pillages ?
48:45 Est-ce que les commerçants s'organisent différemment
48:48 pour la nuit prochaine ?
48:49 Quelle est l'ambiance ?
48:51 -Alors, ce soir, pour tout vous dire,
48:54 c'est un dimanche ensoleillé, magnifique, à Marseille,
48:58 où il ne se passe, et c'est une bonne nouvelle,
49:01 il ne se passe absolument rien.
49:03 Il y a énormément de forces de police,
49:05 autant qu'hier, et pour l'instant, aucun affrontement.
49:09 Nous étions hier à la même heure ici.
49:11 Il y avait déjà des affrontements,
49:13 entre des jeunes qui tiraient des mortiers d'artifice
49:16 et des CRS qui ripostaient avec des grenades de désencerclement
49:20 et du gaz lacrymogène.
49:21 Ce soir, c'est extrêmement calme,
49:24 et ce, dans tous les quartiers de Marseille.
49:26 Vous parliez des commerces.
49:28 Tous les commerces du centre-ville,
49:30 peut-être pas, mais une très grande partie,
49:33 qui ont été attaqués, notamment,
49:34 ont désormais des plaques de bois.
49:37 Il y a notamment une rue commerçante
49:39 du centre-ville de Marseille,
49:41 qui ressemble à beaucoup de centres-villes en France,
49:44 où quasiment tous les magasins sont barricadés désormais.
49:48 Et donc, il y a finalement une différence
49:50 entre ce à quoi on peut s'attendre
49:52 et la présence policière très forte ici, à Marseille,
49:56 et ce qu'il se passe en ce moment.
49:58 Et sans doute, vous parliez il y a quelques instants
50:01 de la réponse de l'Etat.
50:02 La préfecture des Bouches-du-Rhône
50:04 semble constater que les effectifs de police
50:07 qui ont été ramenés ici à Marseille,
50:09 les renforts qui ont été apportés ici à Marseille,
50:12 semblent avoir porté leurs fruits hier soir.
50:14 Pour avoir assisté à plusieurs scènes,
50:17 on est à côté du Vieux-Port, sur la Canobière,
50:19 une présence policière très, très forte,
50:22 avec beaucoup de CRS et donc de forces mobiles,
50:25 accompagnées du RAID et du GIGN.
50:28 Le RAID, c'est quand même une unité spécialisée de la police
50:32 qui, notamment hier soir, pouvait fendre la foule
50:34 avec un blindé, un homme au-dessus,
50:37 masqué, casqué, avec un fusil à pompe
50:40 armé d'armes non létales,
50:42 mais tout de même avec deux hélicoptères au-dessus du ciel,
50:45 de quoi dissuader d'éventuelles personnes qui tentaient de piller.
50:48 Et donc, la réponse policière, en tout cas,
50:51 les techniques policières utilisées,
50:53 semblent dissuader.
50:54 En tout cas, ce soir, à l'heure où l'on parle,
50:57 il ne se passe absolument rien à Marseille,
50:59 si ce n'est, et ce n'est une bonne nouvelle,
51:01 la belle vie marseillaise d'un dimanche soir.
51:03 - On prend tout ce qui est bonnes nouvelles, évidemment.
51:07 On va quand même écouter, on parlait de l'état d'urgence.
51:10 Le préfet de police de Paris a été très clair ce dimanche midi.
51:14 Écoutez-le, Laurent Nunez.
51:16 - Non, mais pour le moment, c'est pas une option.
51:19 L'option qu'a retenue le gouvernement,
51:21 et je pense que la démonstration est faite
51:23 que c'est évidemment la bonne option,
51:25 mais les droits constants,
51:27 c'est-à-dire avec les moyens dont nous disposons juridiquement,
51:30 le renfort des effectifs, les interpellations,
51:33 le cadre du code pénal qui nous permet de faire des contrôles,
51:36 les articles 78 et autres du code de procédure pénale,
51:39 sont des armes, pour l'instant, suffisantes
51:41 pour juguler ce phénomène.
51:43 - C'est ce que nous disait à l'instant
51:45 notre envoyé spécial, Valentin Nunat, à Marseille.
51:48 Jean Garric, vous pensez que les dispositifs sont suffisants
51:51 pour contenir la contagion des violences urbaines ?
51:54 - Oui, j'ai l'impression malgré tout que dans cette affaire,
51:57 la stratégie de riposte graduée,
52:00 de ne pas aller au contact
52:01 au prix de toutes ces destructions, etc.,
52:05 elle a plutôt été payante, parce qu'on ne déplore pas.
52:08 Comme on avait déploré en 2005,
52:10 vous savez qu'il y a eu des victimes en 2005.
52:12 Alors, elles étaient un peu collatérales
52:14 par rapport aux émeutes,
52:16 mais j'ai l'impression qu'il y a une sorte de choix
52:19 d'une riposte graduée par rapport à cette série d'émeutes
52:22 qui, finalement, est assez payante.
52:25 Le besoin d'une société dans une période comme ça,
52:30 une chianlie, comme le disait le général de Gaulle,
52:32 c'est un besoin d'ordre.
52:34 Ca a toujours été comme ça.
52:36 Juin 48 a amené Jean-Germain Mélenchon.
52:38 - J'ai amené Jean-Germain Mélenchon.
52:40 - Et les émeutes de 2005 ont ouvert la porte,
52:43 tout droit la porte de l'Elysée à Nicolas Sarkozy,
52:46 qui avait pris 15 points de popularité
52:50 au sortir des émeutes de 2005.
52:52 Donc, on attend de l'ordre, de la fermeté,
52:54 mais surtout pas de victimes, en tout cas de morts.
52:57 Donc, pour l'instant, c'est plutôt pas mal géré.
53:01 - Jean-Daniel Lévy, peut-être que déclarer l'état d'urgence
53:04 aurait été un signal négatif,
53:06 aurait allumé une autre flamme
53:08 dans ce brasier des émeutes urbaines ?
53:10 - On verra à la fin de la situation
53:12 si c'était la bonne ou la mauvaise situation.
53:14 Ce qui semble, après, absolument avéré,
53:17 c'est que si jamais vous déclarez l'état d'urgence,
53:20 il faut être en mesure de pouvoir le faire respecter.
53:22 Et à l'heure actuelle, l'impression que l'on peut avoir,
53:26 c'est qu'il n'y a pas eu un déficit de présence policière,
53:29 parce qu'on a eu 40 000, puis 45 000 personnes
53:31 issues des forces de l'ordre qui étaient présentes localement,
53:34 et que ça n'a pas empêché les exactions,
53:37 et même avec des exactions de forme tout à fait nouvelle.
53:40 On est sur un scénario assez différent de celui de 2005.
53:43 C'est-à-dire que quand vous regardez les lieux
53:45 dans lesquels se déroulent les mobilisations,
53:48 et quand vous regardez le type de bâtiment
53:50 auquel peuvent s'en prendre aujourd'hui
53:52 ceux qu'on peut qualifier des meutiers,
53:55 c'est pas du tout la même nature.
53:56 Vous êtes obligés, en tant que force de l'ordre,
53:59 d'être présent, non pas dans les lieux où vous étiez présents,
54:02 pas ceux auxquels vous pouvez être amenés à penser,
54:05 mais à des lieux qui sont entièrement nouveaux.
54:08 Quand on voit les captures d'écran sur les réseaux sociaux,
54:11 il y a des rendez-vous qui vont être donnés,
54:13 pas dans des lieux de pouvoir, mais avec des magasins,
54:16 des grandes surfaces, ou éventuellement des maillets.
54:19 Peut-être qu'il y a deux natures, les personnes présentes là.
54:23 Il y a non seulement une dimension à caractère politique,
54:26 c'est-à-dire la volonté de s'affronter
54:28 directement aux forces de l'ordre,
54:30 et on l'a vu à l'égard de ce que pouvaient être les commissariats,
54:34 ce qui n'était pas à ce niveau-là en 2005,
54:36 et ceux qui vont profiter de la déstabilisation
54:39 pour se dire que si on peut faire "mes courses",
54:41 on va en profiter.
54:42 - Très bien. On finira sur cette phrase-là.
54:45 Une de la croix, demain ?
54:46 - Le désarroi des familles, avec un dossier sur...
54:51 On a beaucoup parlé de la question des parents
54:53 face à la jeunesse de certains émeutiers.
54:56 C'est à eux qu'on s'intéresse.
54:58 - Merci à tous les quatre et merci à vous
55:00 de nous avoir suivis.
55:01 Bonne soirée sur France Info.
55:03 Les Informés reviennent demain avec Jean-François Aquilli.