Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h
Category
🗞
NewsTranscription
00:00:00 Bonsoir à tous, bienvenue dans Face à l'Info.
00:00:02 Dans un instant, on commence les discussions avec mes invités,
00:00:05 comme chaque soir, mais tout de suite, un point sur l'actualité avec Adrien Fontenot.
00:00:09 Bonsoir, Adrien.
00:00:10 Bonsoir, Élodie.
00:00:11 Bonsoir, Élodie.
00:00:13 Le remaniement était attendu, les premiers noms sont tombés.
00:00:16 Gabriel Attal remplace Papendiaïa, l'Education nationale, à 34 ans.
00:00:20 Il va devenir le plus jeune titulaire à ce poste sous la Ve République.
00:00:24 Vous pourrez suivre d'ailleurs la passation de pouvoir dans quelques instants
00:00:27 sur ces news. Au budget, c'est le député Renaissance de Gironde, Thomas Cazenave,
00:00:32 qui est nommé. Autre changement, Aurélien Rousseau, ancien directeur du cabinet
00:00:36 d'Elisabeth Borne et précédemment directeur de l'Agence régionale de santé
00:00:40 Île-de-France, récupère le ministère de la Santé au profit de François Braune.
00:00:44 Aurore Berger passe des bancs de l'Assemblée à un ministère.
00:00:47 L'ex-présidente du groupe Renaissance remplace Jean-Christophe Combes
00:00:49 aux Solidarités. Nouvelle entrant également au ministère des Outre-mer,
00:00:53 c'est le député Modem, Philippe Vigier, qui est nommé en lieu et place
00:00:56 de Jean-François Carenco. Enfin, Olivier Klein ne sera plus ministre délégué
00:01:01 de la Ville et du Logement. C'est la députée Renaissance des Bouches-du-Rhône,
00:01:04 Sabrina Agresti Roubache, qui hérite de la Ville. Au Logement, on retrouvera
00:01:08 le maire d'Yvergauche de Dunkerque, Patrice Vergrit. A noter également
00:01:12 que Marlène Chiappa, épinglée dans la gestion du Fonds Marianne,
00:01:15 quitte le gouvernement d'Elisabeth Borne.
00:01:17 Merci beaucoup pour toutes ces précisions. Le sommaire de votre émission d'aujourd'hui,
00:01:21 on va commencer avec vous, Céline Pina. On parlera immigration.
00:01:25 On sait qu'on a souvent tendance à nous tourner vers le Danemark
00:01:28 pour regarder un pays qui aurait des solutions pour lutter contre l'immigration illégale.
00:01:32 Vous nous expliquerez pourquoi on pourrait regarder aussi du côté de la Grande-Bretagne.
00:01:36 Avec vous, Raphaël Stainville, on fera le point sur ce qui se passe dans des piscines
00:01:39 à Berlin et Chauffour et Bagarre, impliquant des jeunes immigrés.
00:01:42 En Allemagne, deux piscines berlinoises ont été contraintes de fermer
00:01:45 pendant quelques jours. Au-delà de l'anecdote, on verra comment il faut
00:01:49 comprendre ces faits et ce que cela dit du multiculturalisme.
00:01:52 Toujours sur le remaniement, on en parlera avec Gabriel Klusel.
00:01:56 On parlera spécifiquement du remplacement de Papendiaïe par Gabriel Attal à l'éducation nationale.
00:02:01 Quel bilan, quels échecs pour Papendiaïe ? Et puis surtout,
00:02:03 vous nous parlerez des défis de Gabriel Attal.
00:02:07 On parlera aussi avec Nathan Devers de l'ambassade de Suède qui a été attaquée
00:02:11 et brûlée aujourd'hui à Bagdad. Comment en est-on arrivé là ?
00:02:14 Que révèle cette affaire ? Nathan Devers la décryptera pour nous.
00:02:18 Et puis pour terminer, on reparlera de ces attaques subies par des femmes archéologues
00:02:22 sur un chantier de fouilles. Céline Pina, vous reviendrez sur les faits
00:02:25 et sur ce que cela dit de notre société.
00:02:27 Je le disais à l'instant, Céline, on a souvent tendance à regarder du côté du Danemark
00:02:44 quand on veut chercher un pays qui a réussi à réguler l'immigration irrégulière.
00:02:48 Mais aujourd'hui, on peut se tourner aussi vers le Royaume-Uni.
00:02:51 Oui, tout à fait. Le Royaume-Uni a adopté une loi à immigration en début de semaine,
00:02:56 après quand même pas mal de remous et de débats houleux, dirons-nous.
00:03:00 Et cette loi prévoit d'interdire aux individus de façon illégale arrivés dans le pays
00:03:05 de demander de déposer une demande d'asile ou une demande d'intégration de séjour.
00:03:13 Il y a encore une étape, c'est-à-dire que le roi doit promulguer la loi,
00:03:16 mais on sait qu'en Angleterre, c'est une formalité.
00:03:19 Aucun roi ne s'oppose à une loi légalement votée par le Parlement.
00:03:23 Et ce texte, il est important pour le gouvernement conservateur ?
00:03:26 Il l'est énormément parce qu'une des raisons du Brexit, rappelez-vous,
00:03:30 c'était de mettre en avant la souveraineté de la Grande-Bretagne et donc de protéger ses frontières.
00:03:35 Et Boris Johnson avait énormément instrumentalisé la question de l'immigration.
00:03:42 Donc ne pas avoir de résultats sur ces questions-là est un véritable problème.
00:03:48 Le problème, c'est que Richier Sunak, en 2023, s'est aussi fait élire
00:03:53 en rappelant exactement la même chose.
00:03:55 Et qu'est-ce que ça a donné ?
00:03:56 Eh bien, le pays enregistre une immigration au record.
00:04:00 C'est 606 000 habitants, enfin immigrés de plus, qui sont arrivés à l'intérieur de la Grande-Bretagne.
00:04:06 45 000 migrants ont traversé la Manche au départ de la France dans des bateaux de fortune.
00:04:13 Et c'est extrêmement embarrassant pour les conservateurs
00:04:15 parce que tous les chiffres montrent qu'à ce niveau-là,
00:04:18 leur politique est en train d'échouer totalement.
00:04:20 Et est-ce que cette critique, elle est pertinente ?
00:04:23 Oui, elle l'est parce qu'effectivement, ils avaient instrumentalisé l'immigration
00:04:30 pour obtenir le Frexit.
00:04:33 Mais le pire, c'est qu'à l'époque, ils étaient plutôt à l'aise dans leur politique migratoire.
00:04:40 À savoir que, comme le Danemark, ils avaient des procédures d'opt-out
00:04:45 qui leur permettaient d'échapper à un certain nombre d'obligations
00:04:49 mises en place par l'Union européenne.
00:04:52 Ils étaient même protégés par le protocole de Dublin,
00:04:55 qui fait que lorsque un demandeur d'asile arrive,
00:04:58 il doit déposer sa demande d'asile là où il accoste.
00:05:02 Or, la Grande-Bretagne n'est pas un lieu de première arrivée.
00:05:06 Ce qui fait que même quand les gens arrivaient jusqu'en Grande-Bretagne,
00:05:09 ils avaient la possibilité de les renvoyer au moins dans le pays
00:05:12 où ils avaient déposé leur demande d'asile.
00:05:14 Aujourd'hui, cette possibilité n'existe même plus.
00:05:17 Donc, les critiques que l'on fait à ce gouvernement sont tout à fait légitimes.
00:05:22 Mais est-ce que ça veut dire par exemple que les LR qui demandaient
00:05:25 de déroger du cadre européen souffrent finalement de la même critique ?
00:05:30 Pas du tout. En fait, au Danemark comme en Angleterre,
00:05:35 on est très extrêmement pragmatique quand il s'agit d'adopter une loi européenne.
00:05:39 On regarde les intérêts de son pays et on utilise à fond
00:05:42 les possibilités de dérogation comme l'opt-out.
00:05:45 C'est ce qu'a fait le Danemark, c'est ce qu'a fait l'Angleterre.
00:05:47 C'est ce que ne fait jamais la France, qui aime bien passer pour la bonne élève
00:05:51 et qui en général estime qu'elle peut être la variable d'ajustement
00:05:55 des besoins des uns et des autres.
00:05:57 Donc nous, au contraire, nous sommes complètement soumis
00:06:01 aux obligations mises en place par l'Union européenne.
00:06:04 Et retrouver un peu de marge de manœuvre serait sans doute une bonne idée.
00:06:07 Et concrètement, du coup, quel est le message de Richi Sounak aux migrants ?
00:06:11 Alors, le message de Richi Sounak aux migrants est très clair.
00:06:14 Il leur dit "écoutez, c'est simple, si vous venez ici,
00:06:17 soit nous vous renvoyons dans votre pays,
00:06:19 soit nous vous renvoyons dans un pays sûr, qui est le Rwanda.
00:06:23 Le problème, c'est que jusqu'à présent, ça ne marche pas beaucoup.
00:06:27 Si on part dans les effets concrets.
00:06:31 La législation, le juge britannique a interdit, en fait, à décréter
00:06:37 que la loi permettant d'envoyer les migrants au Rwanda n'était pas une loi légale.
00:06:42 De toute façon, il n'y a pas de structures qui ont été mises en place.
00:06:46 Donc tout ça est pour l'instant largement fantasmatique.
00:06:49 On vend aux Anglais du rêve ou alors des solutions qui n'existent pas
00:06:54 et qui ne sont pas prêtes d'exister non plus.
00:06:57 Et pendant ce temps-là, l'ONU s'indigne.
00:06:59 Et tout à fait.
00:07:01 L'ONU explique qu'elle craint de voir dans le raidissement de la Grande-Bretagne
00:07:06 des positions que pourraient prendre à terme plusieurs pays de l'Union européenne.
00:07:10 Elle se montre donc extrêmement critique.
00:07:14 En revanche, elle ne se pose jamais la question de savoir pourquoi
00:07:18 il y a une telle unanimité dans les pays
00:07:20 et un tel problème vis-à-vis de l'acceptation de l'immigration aujourd'hui.
00:07:26 Est-ce que cette loi est applicable ?
00:07:28 Probablement non.
00:07:30 Et c'est bien le problème.
00:07:32 C'est-à-dire qu'en Angleterre, comme partout ailleurs,
00:07:36 vous avez de plus en plus de dirigeants qui font des promesses de plus en plus mirabolantes,
00:07:42 allant jusqu'à annexer des pays tiers pour régler leurs propres problèmes
00:07:47 sans jamais aboutir.
00:07:49 À ce titre-là, ça ronde la confiance entre les habitants et leurs représentants.
00:07:54 Mais le véritable problème, c'est le sentiment d'impuissance des habitants
00:07:59 qui se rendent compte qu'ils n'arrivent plus à intégrer ou à gérer
00:08:03 une immigration extrêmement lourde,
00:08:05 y compris dans des pays multiculturalistes où on pourrait penser qu'il y a une forme de partition du territoire
00:08:11 et chacun vit selon sa loi.
00:08:12 Même là-bas, ça ne marche pas.
00:08:14 Même là-bas, aujourd'hui, il y a un ras-le-bol qui est profond.
00:08:17 Et mettre des citoyens en face de l'impuissance totale de leur gouvernement
00:08:22 ne peut avoir à terme que des conséquences difficiles et dramatiques.
00:08:27 Et la montée des extrêmes s'explique aussi par cette impuissance en permanence mise sur la table.
00:08:34 Est-ce que la question de l'immigration est utilisée comme un leurre
00:08:37 pour faire oublier le choix conservateur du Brexit ?
00:08:40 Probablement. Le problème, c'est que c'est sans doute un mauvais leurre.
00:08:42 Quand vous choisissez un écran de fumée, il vaut mieux que la fumée soit épaisse.
00:08:46 Là, ce n'est pas le cas.
00:08:47 Tout le monde voit bien que ça ne marchera pas.
00:08:49 Et cela ne fera pas oublier aux Britanniques qui, sondage après sondage,
00:08:54 disent à leur gouvernement que le choix du Brexit était une erreur qu'ils n'ont pas fini de payer.
00:08:59 Gabrielle Cluzel, ce que racontait effectivement Céline Pina est assez édifiant quand on voit à quel point
00:09:04 c'est aussi la stratégie politique, la communication.
00:09:07 On en parlait avec vous hier sur les promesses qu'on ne tient pas
00:09:09 ou les lois pas applicables à la fin, finalement.
00:09:11 Oui, mais je pense que sur ce sujet de l'immigration,
00:09:14 il est impossible de dire aujourd'hui aux Européens,
00:09:17 après avoir dit que l'immigration était une chance pour la France,
00:09:20 que c'est trop compliqué et donc on ne peut rien faire.
00:09:23 Donc, c'est un vrai casse-tête auquel se heurtent les dirigeants.
00:09:28 Alors, il y a quand même des pays, vous avez évoqué le Danemark,
00:09:32 il faut rappeler que c'est parce qu'ils ont écouté leur peuple au moment de l'entrée du référendum de Maastricht,
00:09:40 qu'aujourd'hui, ils ont la possibilité d'avoir une marge de manœuvre sur l'immigration,
00:09:44 possibilité que nous n'avons pas.
00:09:47 Mais on pourrait dire que quand il y a la volonté, il y a toujours moyen de chemin.
00:09:54 Voilà, je cherchais la citation.
00:09:55 Raphaël Stainville.
00:09:57 Oui, mais je n'ai pas tellement d'autres choses à rajouter,
00:10:00 sinon qu'on voit que tous ces sujets liés à l'immigration traversent tous les pays européens
00:10:05 avec une intensité, une acuité plus ou moins importante
00:10:09 et que chacun cherche des solutions.
00:10:12 Alors, certains sont encore plus ou moins dans le déni et ouvrent péniblement les yeux.
00:10:18 D'autres prennent des mesures radicales.
00:10:20 On évoquait le Danemark, l'Angleterre demain.
00:10:24 Mais voilà, les choses, c'est vraiment ce sujet est central
00:10:29 pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui en Europe.
00:10:32 Nathan Devers, c'est vrai que parfois, on a l'impression qu'en France, les choses ne bougent pas,
00:10:35 qu'on est coincé quand on regarde nos voisins européens.
00:10:37 Est-ce que quelque part, on se console ?
00:10:39 Oui, parce que l'immigration, ce n'est pas un phénomène de politique intérieure.
00:10:43 On vit dans un monde qui est un monde où les phénomènes migratoires sont importants
00:10:48 et où surtout, il ne faut pas mentir, où ils vont s'accentuer dans les décennies qui viennent.
00:10:52 Nous allons avoir un siècle où, notamment dû au réchauffement climatique,
00:10:57 on va avoir de plus en plus de mouvements de population.
00:10:59 Donc, à partir de la croire qu'on règle ça et qu'on pense cette question à l'échelle isolément d'un seul pays,
00:11:04 à mon avis, c'est un leurre.
00:11:05 Et ce qui était très intéressant, je trouve, dans ce que vous disiez,
00:11:07 c'était que finalement, la situation de l'Angleterre est quand même extraordinairement paradoxale.
00:11:11 Il y a eu cette campagne de référendum qui a été un moment de politisation,
00:11:15 comme tous les référendums.
00:11:16 Et là, aujourd'hui, on voit quand même, en effet, mois après mois, sondage après sondage,
00:11:21 la population anglaise changer d'avis et avec évidemment cette situation
00:11:25 où on ne peut pas revenir en arrière sur une décision qui était en plus une décision souveraine d'une démocratie.
00:11:30 On va changer de sujet avec vous, Raphaël Stainville.
00:11:32 Échauffourée, bagarre impliquant à des jeunes immigrés en Allemagne,
00:11:35 deux piscines berlinoises ont donc dû fermer pendant quelques jours.
00:11:38 Alors, en apparence anecdotique, cette histoire qui pourrait relever du simple fait divers
00:11:42 est pourtant révélatrice des problèmes liés à l'immigration récente
00:11:45 et montre surtout les limites du multiculturalisme, Raphaël.
00:11:49 Oui, comme un prolongement du sujet de Céline Pina.
00:11:54 C'est exactement cela et j'y reviendrai un peu plus tard.
00:11:56 Mais d'abord, permettez-moi de vous expliquer ce qui s'est passé dans ces deux piscines berlinoises.
00:12:01 Alors, les deux piscines sont situées dans des quartiers qui sont fréquentés,
00:12:05 qui sont peuplés principalement de Turcs d'origine et ça a une incidence.
00:12:12 Et donc, c'est au début du mois de juin, pendant plusieurs jours,
00:12:16 des bagarres, des échauffourées ont éclaté,
00:12:19 obligeant les forces de l'ordre à intervenir au milieu des baigneurs
00:12:22 et aux maîtres nageurs d'évacuer la piscine.
00:12:26 Et face à une telle situation, ces mêmes maîtres nageurs ont décidé de communiquer
00:12:31 et ils ont médiatisé ces affaires, ces incidents qui se comptaient par dizaines
00:12:36 en écrivant une lettre à un quotidien de la gauche libérale berlinoise,
00:12:41 le Der Dagelspiegel, et le personnel de ces piscines se plaignait de l'ampleur,
00:12:47 je les cite, intolérable des problèmes souvent causés,
00:12:50 et je les cite encore, par des jeunes issus de familles arabes, parfois tchétchènes.
00:12:54 Et ce qu'ils décrivaient, c'était que les femmes, les minorités, les homosexuels,
00:12:58 les trans, les queers étaient presque perpétuellement menacés.
00:13:04 C'était des agressions verbales, des crachats, des insultes, des bagarres.
00:13:08 Depuis, pour rouvrir ces piscines berlinoises, et de manière unanime,
00:13:13 c'est-à-dire pas seulement ces deux piscines, mais toutes les piscines berlinoises,
00:13:16 ont généralisé les contrôles d'identité quand elles n'appliquent pas des fouilles
00:13:20 à l'entrée des habitissements, et des patrouilles de police
00:13:24 interviennent fréquemment pour sécuriser ces piscines.
00:13:28 Ce qui est nouveau, c'est que jusque-là, la classe politique et les médias
00:13:30 étaient plutôt dans le déni, alors que là, ils s'en emparent,
00:13:33 au point d'en faire un vrai fait de société.
00:13:36 Oui, c'est exactement ça. Vous vous souvenez de la nuit du 31 décembre 2015 ?
00:13:41 En Allemagne, 1200 femmes avaient été agressées sexuellement par 2000 hommes.
00:13:45 C'était à Cologne, c'était en Bourg, et dans quelques autres villes allemandes.
00:13:49 Principalement par des immigrés arrivés en masse après qu'Angela Merkel
00:13:52 ait décidé d'ouvrir grand les portes de l'Allemagne aux réfugiés syriens.
00:13:56 On s'en souvient, je crois que c'était un million de réfugiés syriens
00:13:59 qui avaient été accueillis dans cette même période.
00:14:02 Alors, si les réseaux sociaux n'avaient pas existé à l'époque,
00:14:06 il est probable que nous n'aurions rien su des plaintes de ces centaines de femmes
00:14:10 qui, au lendemain de la Saint-Sylvestre, s'étaient précipitées dans les commissariats
00:14:15 pour dénoncer des attouchements, des agressions sexuelles et des viols.
00:14:20 Pire, sur l'air du "tout va bien, madame la Merkel",
00:14:23 la police de Cologne et de Hambourg avait établi un bilan positif de la soirée.
00:14:28 Silence radio chez les politiques, silence radio dans les médias.
00:14:32 Etouffés par le "politiquement correct", ils ne se contentaient pas de biais sémantiques.
00:14:36 Vous savez, on a l'habitude, lorsqu'il y a des troubles liés à des jeunes issus de l'immigration,
00:14:43 de se contenter de ce simple vocable de "jeune".
00:14:46 Donc là, étouffés par le "politiquement correct",
00:14:49 ils ne se contentaient pas de biais sémantiques.
00:14:51 Pour ne pas stigmatiser ces hommes d'origine étrangère, ils dissimulaient les faits eux-mêmes.
00:14:56 On le voit avec ces incidents dans ces piscines berlinoises qui se multiplient.
00:15:01 Les choses changent médiatiquement et politiquement aussi.
00:15:05 C'est Pierre April, le correspondant du FIARO à Berlin,
00:15:08 qui notait hier qu'il n'est pas jusqu'au groupe Vert à Berlin,
00:15:12 ouvertement antiraciste bien évidemment,
00:15:14 pour exiger le refoulement des têtes brûlées.
00:15:16 Dans le quotidien de droite d'Iwelt,
00:15:19 l'ancienne ministre de la Famille et de la Jeunesse d'Angela Merkel,
00:15:23 Christina Schroeder, écrit dans une tribune, je la cite,
00:15:27 "Nous ne devrions pas appeler un chat un chat.
00:15:33 Ce sont principalement des adolescents et des jeunes d'origine musulmane
00:15:37 qui créent des problèmes dans nos piscines".
00:15:39 On le voit, l'ancienne ministre ne prend pas de précautions,
00:15:42 comme s'il fallait en finir avec le politiquement correct.
00:15:45 Et au fond, qu'est-ce que révèle cette histoire
00:15:47 qui s'est passée dans ces piscines berlinoises ?
00:15:49 D'abord, je l'évoquais tout à l'heure,
00:15:50 c'est que le temps du déni, il est presque fini.
00:15:53 Longtemps, les médias et les politiques allemands,
00:15:55 pour ne pas faire le jeu de l'AFD,
00:15:57 on évoquait ces parties d'extrême droite
00:15:59 qui ont le vent en poubelle dans un certain nombre de pays européens.
00:16:02 Longtemps, les médias ont fait le choix de taire ces faits
00:16:06 pour ne pas que cela profite à l'AFD.
00:16:09 Résultat, l'AFD, ce parti populiste allemand,
00:16:12 pourtant largement diabolisé par les médias
00:16:14 et les autres partis politiques allemands,
00:16:16 que Papendia qualifierait, sans que personne ne le contredise,
00:16:20 de partie d'extrême droite,
00:16:21 l'AFD, aujourd'hui, a progressé dans les sondages avec 18%.
00:16:26 Il ferait même jeu égal aujourd'hui avec le PSD du chancelier Olaf Scholz,
00:16:30 qui projette d'assouplir, et ce n'est pas anodin non plus,
00:16:33 pour comprendre cette prise de conscience dans les médias allemands,
00:16:37 Olaf Scholz projette d'assouplir le processus
00:16:40 de naturalisation et d'immigration professionnelle.
00:16:43 Ensuite, la deuxième leçon que l'on peut tirer de cette affaire,
00:16:47 c'est que la question de l'insécurité culturelle,
00:16:50 vous savez que Laurent Bouvet, le premier, avait soulevé en France
00:16:54 pour analyser le malaise identitaire que nous connaissions,
00:16:57 n'est pas seulement une spécificité française,
00:17:00 mais aussi un problème allemand, et plus largement un problème européen.
00:17:04 Vous vous souvenez peut-être de l'été 2020,
00:17:06 la pandémie avait empêché un certain nombre de "blédards",
00:17:09 comme on les appelle, d'aller passer leurs vacances chez eux.
00:17:12 Et que s'était-il passé ?
00:17:13 Des incidents s'étaient multipliés partout,
00:17:15 dans les stations balnéaires, dans les centres nautiques, près de Paris.
00:17:18 Éric Zemmour, d'une formule grincante, comme il en a l'habitude,
00:17:23 avait parlé du premier été, du vivre ensemble.
00:17:26 En fait, je pense qu'à travers ce genre d'anecdotes,
00:17:29 c'est ce mythe même du vivre ensemble qui est en train de s'écrouler partout.
00:17:33 En Suède, au Danemark, où déjà des politiques,
00:17:35 on l'évoquait, draconiennes, ont été entreprises,
00:17:38 pour limiter désormais cette immigration massive.
00:17:42 En fait, le multiculturalisme est en train de montrer ses limites,
00:17:46 et même ses dangers.
00:17:48 Il serait peut-être temps que les politiques
00:17:51 remettent au goût du jour ce vieil adage plein de sagesse,
00:17:55 à Rome fait comme les Romains, à Berlin comme les Berlinois,
00:17:58 en France comme les Français.
00:17:59 Voilà un beau programme pour Elisabeth Borne, si elle nous écoute.
00:18:03 Céline Pina, sur ce qu'explique effectivement Raphaël,
00:18:06 ce fait anecdotique qui devient fait de société,
00:18:08 ce sursaut, cette prise de conscience,
00:18:09 est-ce que vous dites que c'est peut-être ce qui manque en France,
00:18:12 parce que le constat, il est fait,
00:18:14 mais on est toujours, comme vous le disiez, quelque part,
00:18:17 dans une sorte de déni de la place, pour une certaine partie, de la classe politique ?
00:18:21 Alors, je pense que, par exemple, dans le cas de Berlin,
00:18:25 les Turcs qui sont arrivés, ou en tout cas les migrants sont arrivés,
00:18:29 il y a relativement peu de temps.
00:18:31 C'est différent de se dire qu'on a en face une première vague d'immigration
00:18:35 qu'il faut gérer, parce que là, pour le coup,
00:18:37 la différence culturelle, elle se comprend.
00:18:39 C'est-à-dire, ce sont des gens qui ont grandi, baigné,
00:18:43 qui sont complètement structurés par des logiques
00:18:45 qui sont complètement différentes des nôtres.
00:18:47 Quand les gens qui refusent le fait d'être français
00:18:52 ont les papiers d'identité et on est à la troisième génération,
00:18:56 là, le problème se pose de manière extrêmement différente,
00:18:59 parce que, dans le premier cas,
00:19:00 vous pouvez impliquer, disons, des frottements entre cultures différentes.
00:19:05 Dans le deuxième cas, ça veut dire que vous n'avez pas transmis votre culture,
00:19:08 ou qu'elle n'a pas été jugée désirable,
00:19:10 en tout cas qu'il y a un problème et qu'une partie du problème vient de vous.
00:19:14 Donc, il s'agit de s'auto-flageller,
00:19:18 mais quand même de se dire, qu'est-ce qu'on croyait, nous ?
00:19:20 On se disait, on va accueillir des personnes,
00:19:22 et puis, comme leurs enfants iront à l'école de la République,
00:19:25 naturellement, ils deviendront français.
00:19:27 On ne s'est pas posé la question de ce qu'était devenu l'école de la République.
00:19:32 Face à l'échec de cette posture-là, on n'a absolument pas changé.
00:19:36 Et aujourd'hui encore, on accueille des gens sans mec de contrat d'accueil, quelque part.
00:19:40 Et voire même, à une époque, je me souviens, parler d'assimilation,
00:19:44 c'était un gros mot, et c'était être raciste.
00:19:48 Aujourd'hui, on en est là.
00:19:49 Je pense que notre cas est un peu plus inquiétant
00:19:52 que des gens qui viennent d'arriver et dont on peut penser
00:19:56 que peut-être, on peut encore leur transmettre quelque chose.
00:19:59 Nous, je trouve que c'est plus ennuyeux.
00:20:02 Et c'est d'ailleurs aussi pour ça qu'on en parle un petit peu moins,
00:20:05 parce que comment on distingue le français assimilé du français non assimilé ?
00:20:11 Surtout que ça ne se pose même pas en termes de couleur de peau.
00:20:14 Vous avez, je sais que par exemple,
00:20:15 parmi les gens qui se battent le plus contre l'islamisme,
00:20:18 vous avez beaucoup de personnes qui sont arabo-musulmanes
00:20:22 et qui le font parce qu'elles savent très bien de quoi elles parlent.
00:20:25 Donc voilà, la situation est quand même vraiment complexe.
00:20:28 Je pense qu'aujourd'hui, on gagnerait à dire franchement les choses,
00:20:32 ne serait-ce que pour éviter de stigmatiser des gens
00:20:35 qui ont toute leur place dans notre pays.
00:20:36 Nathan Devers, est-ce qu'effectivement, ce déni, ce silence,
00:20:39 parfois d'une partie de la classe politique française nuit
00:20:43 parce que, comme le disait Céline Pina,
00:20:44 on nomme mal les choses, voire on ne les nomme pas ?
00:20:47 Je pense qu'il y a trois choses.
00:20:48 Premièrement, je suis d'accord avec vous pour dire que
00:20:52 dans le combat pour les droits humains,
00:20:54 en l'occurrence ici pour le fait de respecter les femmes,
00:20:57 pour vous parliez des minorités,
00:21:00 évidemment qu'il ne faut pas avoir de déni
00:21:02 et qu'il ne faut pas avoir de géométrie variable.
00:21:03 Vous avez parlé tout à l'heure des archéologues de Saint-Denis,
00:21:06 quelles que soient les manifestations qu'on observe dans une société de féminisme,
00:21:10 pardon, de sexisme ou de transphobie, etc. ou d'homophobie,
00:21:13 d'où qu'elles viennent,
00:21:14 quels que soient l'horizon politique que ça pourrait avoir
00:21:18 et l'arrière-pensée politique que ça pourrait avoir de dénoncer cela,
00:21:21 il faut le faire et sans logique de déni.
00:21:23 Ensuite, il y a quand même deux choses.
00:21:25 Je pense que ce serait une erreur,
00:21:28 intellectuelle et politique, de croire que,
00:21:30 par exemple dans le cas du sexisme,
00:21:31 ça se résume à une culture.
00:21:34 C'est-à-dire qu'on observe quand même que dans les trois grandes religions du livre,
00:21:37 si on prend un peu de recul,
00:21:38 dans les trois grands monothéismes,
00:21:39 vous avez à la fois de la misogynie,
00:21:42 de l'homophobie, de la transphobie,
00:21:44 on n'en parle même pas parce qu'on n'est même pas à ce stade-là,
00:21:48 et qu'ensuite, ce qu'il faut considérer,
00:21:50 c'est comment historiquement,
00:21:51 des sociétés évoluent par rapport à ces trois héritages-là.
00:21:55 Ça évolue de deux manières.
00:21:56 Premièrement, à l'intérieur même d'une religion,
00:21:58 vous avez des théologiens qui conduisent à faire des progrès sur cette chose-là,
00:22:02 parce que les religions sont toujours évolutives en fonction d'interprétation, etc.
00:22:06 Dans le monde musulman, vous en avez aussi aujourd'hui.
00:22:08 Et puis ensuite, il y a une deuxième chose,
00:22:10 qui est à l'échelle historique,
00:22:11 comment une société s'émancipe du théologico-politique
00:22:14 pour arriver précisément à séparer ces deux registres.
00:22:17 Et la troisième chose, à mon avis,
00:22:18 mais ça, ce serait un débat intéressant,
00:22:19 c'est que est-ce qu'on peut juger de la question de savoir
00:22:22 si le multiculturalisme est un bon modèle ou un mauvais modèle,
00:22:25 au fait que dans une société où il y a du multiculturalisme,
00:22:28 il y a des problèmes ?
00:22:29 Ce que je veux dire par là,
00:22:30 c'est qu'évidemment, dans une société, il y aura toujours des problèmes.
00:22:32 Alors là, ça peut être des agressions massives dans des piscines,
00:22:35 et je suis d'accord avec vous pour dire qu'il faut les condamner
00:22:37 sans fermer les yeux, sans nommer les choses différemment.
00:22:39 Ça peut être la nuit de Cologne qui avait été une tragédie,
00:22:43 l'article de Kamel Gadaoud sur cette nuit-là avait été très important.
00:22:46 Mais est-ce qu'on peut juger, à partir du fait qu'il y a des problèmes
00:22:50 donnés dans une société multiculturelle,
00:22:51 dire que le principe même du multiculturalisme est à refuser ?
00:22:54 Je ne suis pas sûr, parce qu'à supposer qu'il y ait une société monoculturelle,
00:22:57 on assisterait aussi à des phénomènes, par exemple, d'agression,
00:23:01 dans des heures, dans des piscines.
00:23:03 On verrait ça aussi dans une société multiculturelle,
00:23:05 ça prendrait peut-être d'autres formes.
00:23:07 Gabriel Cuisel, sur ce sujet aussi.
00:23:08 Oui, moi je ne suis pas d'accord avec Nathan Devers,
00:23:11 parce qu'il développe une théorie un peu, à mon avis, facile,
00:23:14 qui est développée par beaucoup de gens, qui consiste à dire que,
00:23:17 finalement, toutes les religions se valent en matière de condition de la femme,
00:23:21 par exemple, et qu'il faut voir l'islam comme un christianisme
00:23:25 qui ne serait pas mûr, qui n'aurait pas fait son adjornamento.
00:23:28 Et je m'inscris en foi avec ça, parce qu'en réalité,
00:23:31 ce n'est pas un hasard si le féminisme a fleuri sur des terres occidentales,
00:23:33 c'est parce que le mariage monogame par consentement mutuel
00:23:36 qui a été institué par l'Église a permis, par essence, à la femme de relever la tête.
00:23:41 Et vous noterez qu'aujourd'hui encore,
00:23:44 la charia fait que l'héritage, la parole d'une femme vaut la moitié de celle d'un homme,
00:23:50 qui a la polygamie, et il reste encore, alors que des siècles se sont écoulés,
00:23:55 une condition féminine extrêmement archaïque.
00:23:57 Donc je trouve que c'est un peu, pardonnez-moi,
00:23:59 ce n'est pas pour vous agresser, mais un peu malhonnête de comparer les deux,
00:24:03 et un peu facile.
00:24:04 Je vous laisse répondre, Nathan, on a un peu de temps.
00:24:06 Je ne suis pas d'accord avec vous pour deux raisons.
00:24:08 Un, c'est que, comme je le disais tout à l'heure, les religions sont évolutives.
00:24:11 Vous regardez par exemple la question de la polygamie, de la monogamie dans le judaïsme,
00:24:14 ça a évolué assez tardivement.
00:24:16 Dans l'islam, vous avez aussi, d'abord,
00:24:18 parler de l'islam au singulier, je pense que ça ne veut rien dire.
00:24:20 Il y a des islams, déjà sunnites et chiites,
00:24:22 et puis plus généralement, l'islam n'est pas implanté de la même manière
00:24:25 à telle ou telle époque, dans tel ou tel pays.
00:24:27 Non, mais la domination de la radicalité aujourd'hui,
00:24:29 on la constate pour le coup partout.
00:24:31 C'est-à-dire que nous, nos radicaux, c'est un peu la honte de la famille.
00:24:36 On les cache.
00:24:38 En islam, c'est eux qui donnent le ton.
00:24:39 Et ça, pour le coup, c'est une différence majeure
00:24:42 et qui explique l'imprégnation culturelle de la religion.
00:24:46 Et on ne retrouve plus ça aujourd'hui dans les pays européens,
00:24:51 même en Israël, même si le poids existe encore.
00:24:55 Mais les intégristes sont minoritaires
00:24:58 et la volonté de gérer la société par le biais de la religion est minoritaire.
00:25:02 C'est ce qu'on a appelé la sécularisation.
00:25:04 Ce n'est pas le cas en islam, ni dans les pays arabes.
00:25:06 Vous avez totalement raison sur ce point, je suis d'accord.
00:25:08 Et donc, c'est pour ça qu'à mon avis, il ne faut pas se tromper d'ennemis.
00:25:10 Quand il y a un intégrisme, un fanatisme qui prend le visage de l'islamisme,
00:25:13 qui aujourd'hui, évidemment, mène un combat, un combat politique,
00:25:15 un combat culturel et un combat religieux au sein même du monde musulman,
00:25:18 pour essayer de s'imposer, quand il connaît de plus en plus de victoires,
00:25:22 il faut bien voir que l'ennemi, c'est l'islamisme
00:25:24 et que précisément, le remède face à l'islamisme,
00:25:26 c'est des islams qui sont des dolgiques d'islam éclairé.
00:25:28 Quand vous regardez, par exemple, ce qui se passe au Maroc,
00:25:30 ce que fait le roi Mohamed VI depuis qu'il est arrivé au pouvoir,
00:25:33 je suis désolé, mais évidemment, qu'il va...
00:25:35 Et qui est le roi Mohamed VI,
00:25:37 qui est très important dans l'islam sunnite,
00:25:38 ce n'est pas seulement un dirigeant politique.
00:25:39 Eh bien, évidemment qu'il va dans la direction d'une augmentation des droits des femmes.
00:25:43 Il a changé radicalement la question, par exemple, du divorce.
00:25:45 Avant le roi Mohamed VI, divorcer quand on était une femme au Maroc,
00:25:48 c'était beaucoup plus compliqué.
00:25:49 Et là, il a permis.
00:25:50 Vous voyez, il l'a fait au nom même d'un islam éclairé.
00:25:53 Il ne le fait pas en disant, je le fais au nom du catholicisme sécularisé.
00:25:56 Donc, c'est pour ça qu'à mon avis, à l'échelle des mondes musulmans,
00:25:59 parce que ce serait caricatural d'en parler comme si c'était un bloc figé,
00:26:02 il y a cette dynamique-là, qui est une dynamique difficile,
00:26:04 qui connaîtra évidemment des défaites, parce que l'islamisme est très puissant,
00:26:07 mais qu'il faut, à mon avis, saluer dans ce sens-là.
00:26:09 - Oui, on peut comparer tous les intégrismes comme on veut.
00:26:11 Moi, je ne connais aucun intégrisme catholique qui permet la polygamie
00:26:16 et qui divise par deux l'héritage de la femme.
00:26:17 On peut tourner le problème dans tous les sens.
00:26:20 Pardon, mais ce n'est pas la même chose.
00:26:22 - On va marquer une courte pause et justement, reviendra avec vous,
00:26:25 Gabrielle Cluzel, sur cette nomination de Gabriel Attal
00:26:28 en lieu et place de Papendiaïe.
00:26:29 À tout de suite.
00:26:30 On va parler maintenant dans cette deuxième partie de Face à l'Info du remaniement.
00:26:37 Et donc, Gabriel Attal remplace Papendiaïe.
00:26:39 Alors, inutile de présenter Gabriel Attal.
00:26:41 Il a été secrétaire d'État auprès du ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse,
00:26:45 porte-parole du gouvernement, puis ministre des Comptes publics.
00:26:48 Il convoitait ce ministère depuis longtemps,
00:26:50 briguait le poste dès le départ de Jean-Michel Blanquer.
00:26:53 Mais Gabriel, est-ce que finalement,
00:26:55 ça n'était pas plus facile de remplacer Papendiaïe que Jean-Michel Blanquer ?
00:26:58 - Alors déjà, il faut dire que c'est sans doute l'un des ministères les plus importants,
00:27:02 à mon sens, puisque c'est celui de l'avenir de la France,
00:27:04 donc notre avenir à tous.
00:27:06 Mais c'est aussi le plus explosif,
00:27:07 parce que quand le mammouth se réveille, le sol tremble.
00:27:09 Quand les profs ne sont pas contents, en général, ça s'entend.
00:27:12 Il y a plusieurs ministres qui l'ont appris, à leur dépend.
00:27:16 Alors, c'est vrai que le successeur de Papendiaïe
00:27:20 n'a pas la réputation conservatrice de son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer.
00:27:27 Ce n'est pas du tout un conservateur.
00:27:29 On se souvient, Gabriel Attal a dit en 2019, d'ailleurs, qu'il était pour une GPA éthique.
00:27:33 Ce n'est pas vraiment ce qu'on appelle un conservateur.
00:27:34 Mais néanmoins, à côté de Papendiaïe, tout le monde est un peu conservateur.
00:27:40 Donc, c'est vrai que pour Gabriel Attal, ce sera sans doute plus facile.
00:27:44 Et puis, un sondage, c'est ça pour ces news, je crois qu'ils datent de septembre 2022,
00:27:49 donc bien avant les affaires de harcèlement, de communautarisme,
00:27:54 d'atteinte à la naïcité, comme on dit pudiquement à l'école,
00:27:57 et bien montrait que 62% des Français,
00:28:00 donc bien au-delà du cadre de la droite,
00:28:01 ne faisaient pas confiance au ministre de l'Education.
00:28:03 Donc, c'est vrai que vous avez raison, remplacer une erreur de casting,
00:28:07 dans l'absolu, c'est quand même plutôt facile.
00:28:09 Comme dirait les enfants, ça sera toujours moins pire.
00:28:12 Est-ce que finalement, les polémiques qui ont émaillé le règne de Papendiaïe
00:28:16 n'ont pas illustré un petit peu ce que les Français attendent de leur mise de l'éducation ?
00:28:20 Oui, alors c'est ça qui est pratique avec Papendiaïe,
00:28:22 c'est que c'est un peu une boussole qui indique le Sud.
00:28:24 C'est-à-dire que quelles sont les attentes des parents ?
00:28:27 Exactement l'inverse de ce qu'a fait Papendiaïe.
00:28:31 Alors, j'ai un peu listé ces attentes,
00:28:34 en les mettant en regard avec ce qu'a pu dire Gabriel Attal par le passé,
00:28:38 pour voir, alors il y a toujours un écart entre les paroles et les actes,
00:28:41 mais néanmoins, c'est quand même intéressant,
00:28:43 parce que ça dit un peu ce qu'il risque de faire.
00:28:46 Alors, ils n'attendent pas un ministre idéologique, mais un ministre pragmatique.
00:28:49 Et je crois que c'est vrai d'un bout à l'autre de l'échiquier politique.
00:28:53 Ils n'attendent pas un ministre de la rééducation, mais un ministre de l'éducation.
00:28:58 Même les parents de gauche sont de cet avis,
00:28:59 parce que quel que soit leur avis sur la propagande qui est dispensée,
00:29:03 ils se disent que ce temps passé à faire de la propagande,
00:29:05 c'est un temps qu'on ne prend pas à dispenser les fondamentaux,
00:29:10 lire, écrire, compter, par exemple à l'école primaire.
00:29:13 Et c'est vrai qu'on peut dire que cela fait consensus.
00:29:18 Et comme disait Alain Finkielkraut, le premier but de l'école,
00:29:21 ce n'est pas de réduire les inégalités sociales, c'est de réduire l'ignorance.
00:29:25 Mais ce faisant, réduire l'ignorance, c'est réduire les inégalités sociales.
00:29:30 C'est ce qu'on appelle l'ascenseur social,
00:29:33 mais aujourd'hui, il faut bien dire qu'il s'apparente plutôt à un escalier
00:29:35 qui descend piteusement à la cave.
00:29:38 Et il est urgent, selon vous, de réparer cet ascenseur social ?
00:29:40 Oui, c'est urgent.
00:29:41 Même le ministre Papendia avait constaté, je cite,
00:29:45 que le niveau d'ensemble est en baisse.
00:29:47 Donc il est urgent de consacrer du temps, beaucoup de temps,
00:29:50 voire tout le temps à ces fondamentaux.
00:29:52 Vous savez que les Français sont inquiets pour l'avenir.
00:29:54 Ils ont conscience du déclassement de notre pays.
00:29:57 Ils savent que la concurrence désormais est internationale
00:30:00 et que les temps seront durs pour leurs enfants.
00:30:02 Donc ils se disent que pour tirer leur épingle du jeu,
00:30:04 ils auront besoin d'être compétents et même les meilleurs.
00:30:07 Et pour cela, il faut le retour de la méritocratie.
00:30:10 Alors, pour Gabriel Attal, et c'est une bonne nouvelle,
00:30:13 ce n'est pas un grand mot.
00:30:14 Il dit, c'est un entretien accordé je crois à CNews, le 21 novembre 2021,
00:30:20 "si parler de la méritocratie cède des deux droites,
00:30:23 je ne suis pas d'accord avec ça".
00:30:24 Donc visiblement, il pense que la méritocratie,
00:30:27 c'est un mot qui dépasse les clivages.
00:30:30 J'ai bien compris la signification de cette phrase.
00:30:34 Mais pour ça, il faudra joindre les actes aux paroles.
00:30:39 Et il faudra rétablir des indicateurs réels.
00:30:43 Moi, je suis toujours très frappée de voir que ce qui est autorisé dans le foot,
00:30:46 par exemple, et ce qu'il fait, la réussite du foot,
00:30:48 n'est pas autorisée pour l'éducation nationale.
00:30:51 Voyez bien que les meilleurs joueurs de foot,
00:30:52 ils ne sont pas recrutés sur une lettre de motivation en écriture inclusive
00:30:57 et sur un entretien devant un grand jury
00:31:00 autour de la transition écologique ou de la masculinité toxique.
00:31:03 Non, ils sont recrutés sur leur qualité à pousser le ballon, tout simplement.
00:31:08 Sinon, évidemment, au Qatar,
00:31:10 ce seraient des épigones de Marine Tendelier et Louis Boyard qui auraient joué.
00:31:13 On n'aurait pas eu les mêmes résultats.
00:31:16 Et de même, Didier Deschamps, il fait une forme de discrimination
00:31:18 au sens premier du terme.
00:31:20 C'est-à-dire, si tu sais jouer, tu viens, si tu ne sais pas jouer, tu ne viens pas.
00:31:23 Moi, par exemple, j'aurais beaucoup aimé jouer au Qatar,
00:31:25 mais je n'ai pas été sélectionnée.
00:31:27 Et c'est curieux parce que tout ce vocabulaire
00:31:32 là, qui est autorisé dans le foot, n'est plus permis à l'école.
00:31:37 Et très clairement, il faut le rétablir dans toutes les matières.
00:31:41 Tout le monde a des talents.
00:31:42 Encore faut-il savoir déterminer lesquels.
00:31:44 Dire que tout le monde a tous les talents, c'est évidemment un mensonge.
00:31:47 Et par quel signal fort il faudrait commencer, selon vous ?
00:31:49 Alors moi, je pense que c'est le bac.
00:31:51 Vous savez, le bac, c'est très emblématique en France.
00:31:53 En plus, ça réunit les générations.
00:31:55 Chacun parle de ses souvenirs du bac comme des souvenirs d'anciens combattants.
00:31:58 Il faut redonner au bac ses lettres de noblesse,
00:32:00 parce qu'aujourd'hui, il est dévalué comme un assignat de l'an 4.
00:32:03 C'est terrible, mais c'est comme la monnaie.
00:32:05 L'inflation de réussite au bac conduit à la dévaluation.
00:32:10 Et aujourd'hui, ça ne sert même plus de repère pour l'enseignement supérieur.
00:32:13 Vous voyez, il y a une jeune bachelière qui a écrit à Emmanuel Macron,
00:32:16 récemment qui s'appelle Amélie, en disant "ben écoutez, j'ai 18 de moyenne
00:32:19 et je ne suis prise dans aucune prépa parisienne".
00:32:21 Mais comment voulez-vous que les prépas parisiennes,
00:32:24 ou les prépas pas parisiennes du reste,
00:32:26 fassent le tri entre les bons élèves et les moins bons élèves,
00:32:30 quand tous les résultats, les dossiers de chaque école un peu gonflés,
00:32:34 plus le contrôle continu du bac, plus les euros du bac,
00:32:37 sont finalement l'école des fans.
00:32:40 Donc, sans examen réellement impartial,
00:32:43 eh bien, ces écoles préparatoires ne peuvent pas s'en sortir.
00:32:47 Je note au passage qu'il y a même un test qui est mis en place,
00:32:51 je le dis pour l'année prochaine, qui s'appelle le test TESIA,
00:32:53 par des professeurs d'école préparatoire, pour vérifier son niveau en mode,
00:32:57 tant le bac est aujourd'hui incapable de l'évaluer.
00:33:02 Mais là, évidemment, ça ne va pas sans l'ordre et l'autorité.
00:33:06 C'est vrai que ces outils, c'est un peu comme dans la police,
00:33:10 on somme les profs d'avoir de l'autorité, mais on ne donne pas d'outils coercitifs.
00:33:14 Je pense qu'à l'Éducation nationale, on a trop lu Michel Foucault
00:33:17 et on a considéré pendant des années que les punitions, ce n'était pas gentil.
00:33:21 Mais je note là aussi que Gabriel Attal a dit après les émeutes
00:33:24 que la seule réponse possible, je cite, était l'ordre et l'autorité.
00:33:28 Alors, sachant que les émeutiers avaient pour la plupart
00:33:31 l'âge d'être au collège et au lycée, on va le voir à l'œuvre,
00:33:35 on va voir s'il réussit à rétablir l'ordre et l'autorité.
00:33:39 Et quoi du communautarisme et du harcèlement
00:33:41 sur lesquels Papandiai s'est cassé les dents ?
00:33:43 Eh bien, écoutez, je pense que tout cela, c'est un continuum.
00:33:45 En fait, tout est lié, c'est un cercle vicieux ou vertueux,
00:33:48 selon qu'on arrive à le retourner comme une chaussette.
00:33:52 L'autorité devra venir à bout des communautarismes
00:33:54 sans lesquels il ne peut y avoir calme ni sérénité.
00:33:58 Alors, on se souvient que dans le domaine des abayas,
00:34:00 Papandiai avait été un peu Pape Pilate ou Ponsendiai, vous voyez.
00:34:05 Et il avait dit peu ou prou au directeur d'école, écoutez,
00:34:09 débrouillez-vous pour voir ce qui est laïquement correct ou pas.
00:34:11 Eh bien, Gabriel Attal, interrogé sur le grand rendez-vous européen
00:34:15 CNews et Les Echos du 16 octobre 2022,
00:34:18 il a dit sur la question de la laïcité à l'école,
00:34:21 les équipes pédagogiques ont besoin d'être soutenues.
00:34:23 Donc là aussi, on va le voir à l'œuvre.
00:34:27 Alors, est-ce qu'il ira jusqu'au port de l'uniforme ?
00:34:29 Vous savez, ça a été la grande question au moment des abayas.
00:34:32 Eh bien, c'est un peu une réponse de Normand qu'il a faite.
00:34:36 Vous savez, il y avait une proposition de loi du RN en janvier dernier.
00:34:39 Il avait répondu sur Europe 1 en disant peut-être bain que oui,
00:34:41 peut-être bain que non.
00:34:43 Il disait que l'uniforme, c'était intéressant parce que ça montrait
00:34:46 qu'un sentiment d'appartenance qui recherchait par les jeunes,
00:34:50 une identité, en somme, voyez ce vilain gros mot aujourd'hui, d'identité.
00:34:54 Eh bien, même Gabriel Attal en creux voit son utilité.
00:34:58 Et puis, il avait travaillé sur ce sujet lorsqu'il était secrétaire d'État,
00:35:02 vous savez, auprès du ministre de l'Éducation et de la Jeunesse.
00:35:06 Il s'agissait à l'époque du Service national universel.
00:35:08 Et donc, il avait décidé que les jeunes porteraient un uniforme.
00:35:12 Donc, il imagine qu'on pourrait faire un test,
00:35:15 que certaines écoles pourraient le tester.
00:35:16 Du reste, c'est déjà le cas dans le privé ou même dans les dom-toms.
00:35:20 Et si les tests s'avéraient positifs, eh bien, ça pourrait être généralisé.
00:35:26 Et gageons que si l'autorité est rétablie et que les caïds,
00:35:30 qui n'ont rien à faire dans certaines classes parce qu'elles n'ont pas le niveau,
00:35:33 pas les capacités, pas l'envie, eh bien, les quittent.
00:35:37 Le harcèlement trouvera une solution à une partie de ces problèmes.
00:35:43 Reste le serpent de mer de l'école privée que Papendiaïe a accusé
00:35:46 de ne pas pratiquer assez la mixité sociale.
00:35:48 Oui, alors on se souvient aussi ces derniers mois
00:35:50 des inspections commando dans les écoles privées hors contrat,
00:35:53 qui avaient été assez mal vécues et qui avaient choqué.
00:35:57 Alors, c'est un peu comme si Papendiaïe en voulait à ses écoles de réussir
00:36:01 là où l'école publique a échoué.
00:36:03 Et ce qui a évidemment heurté encore plus, c'est que lui-même, il scolarisait ses enfants.
00:36:07 Alors, il faut savoir, c'est un détail amusant, que Gabriel Attal,
00:36:09 lui n'a pas ses enfants à l'école des anciennes, il l'a été lui-même.
00:36:11 Et donc, du reste, ça lui est déjà reproché par un sénateur PCF
00:36:17 qui a écrit sur Twitter, Pierre Roussoulias,
00:36:20 "La Macronie n'aime pas l'école publique".
00:36:22 Mais si Gabriel Attal dit, moi, j'ai eu la chance d'avoir cette école élitiste,
00:36:27 ce que vous savez, l'école hexasiène fondée par M. Stourne,
00:36:30 un protestant, je crois, au début du XXe ou à la fin du XIXe,
00:36:35 s'il dit, moi, j'ai bénéficié de ça, je souhaite la même chose
00:36:38 pour tous les enfants français, un système qui permette de renouer
00:36:42 avec l'ascenseur social, eh bien, pourquoi pas ?
00:36:45 Ça ne choquera évidemment personne.
00:36:47 Et si, au lieu de torpiller ces écoles, eh bien,
00:36:50 il décide de réfléchir à ce qui est intéressant dans ce qu'il propose
00:36:55 et ce qui fait leur réussite, eh bien, ce sera là aussi une preuve d'intelligence.
00:37:00 Rappelons que même sur le plan budgétaire,
00:37:03 si on en croit l'IFRAP, un élève dans le privé coûte 30 à 40 % moins cher
00:37:08 qu'un élève dans le public, donc lui qui était ministre au compte public
00:37:12 ne saurait rester indifférent à cet argument.
00:37:14 Donc, nous allons voir si Gabriel Attal est un ministre pragmatique,
00:37:21 mais nous jugerons sur pièce.
00:37:23 Eh bien, Gabriel, il s'est passé quelque chose d'incroyable pendant votre édito,
00:37:26 c'est que enfin, l'Élysée a dévoilé son communiqué avec le remaniement,
00:37:31 puisque on a quand même assisté en un mot à Raffaelle Stainville
00:37:33 en fin d'après-midi et ce soir à quelque chose d'assez incroyable.
00:37:36 L'entourage des ministres appelait l'agence France Presse
00:37:39 pour expliquer qu'un tel, un tel était nommé ministre.
00:37:41 On a presque cru que vous et moi, on aurait pu appeler l'AFP et devenir ministre.
00:37:44 Oui, c'est exactement ça.
00:37:45 Et sans compter qu'un certain nombre de prétendants pour des ministères
00:37:51 ont vu leur ministère changer en l'espace de deux heures, trois fois.
00:37:56 Oui, c'est assez cacophonique.
00:37:58 Emmanuel Macron voulait qu'on passe sous silence cet ajustement,
00:38:02 comme il a voulu l'appeler.
00:38:04 Et finalement, on est à se concentrer sur l'absence de professionnalisme
00:38:07 et le côté absurde de ces nominations.
00:38:11 Pour mémoire, je crois que c'est la première fois,
00:38:13 en tout cas depuis qu'Emmanuel Macron est président,
00:38:16 qu'il n'y a pas d'annonce faite sur le perron de l'Élysée par Alexis Colère.
00:38:20 Voilà, on a voulu faire passer ça comme une lettre à la poste,
00:38:23 de manière un peu discrète.
00:38:24 Et puis finalement, on vient à se rire de la manière dont ça se...
00:38:30 Oui, parce qu'en attendant, on reçoit tous et on est prêts depuis plus d'une heure maintenant,
00:38:33 par exemple pour la passation de pouvoir entre Pape Ndiaye et Gabriel Attal.
00:38:36 Tout le monde est sur le trottoir, mais effectivement, il fallait attendre le communiqué.
00:38:40 On va changer de sujet avec vous maintenant, Nathan Devers,
00:38:43 puisqu'on va parler un petit peu d'international.
00:38:45 L'ambassade de Suède a été attaquée et brûlée aujourd'hui à Bagdad.
00:38:48 Oui, exactement.
00:38:49 Alors, c'est une histoire un peu compliquée à résumer.
00:38:51 Je vais essayer de la résumer clairement.
00:38:53 Donc aujourd'hui, il y avait une manifestation qui avait lieu à Bagdad
00:38:56 pour s'indigner d'un rassemblement qui avait lieu à Stockholm.
00:38:59 Donc à Stockholm, il y avait un Irakien réfugié en Suède
00:39:03 qui prévoyait de brûler aujourd'hui même un exemplaire du Coran ainsi que le drapeau irakien.
00:39:09 Tout cela devant l'ambassade d'Irak en Suède.
00:39:13 Donc en réaction à cela, évidemment, ça a suscité une énorme crise diplomatique par rapport à l'Irak.
00:39:17 Le gouvernement irakien a dit que c'était absolument scandaleux.
00:39:20 Il a menacé de couper les relations avec la Suède
00:39:23 et il a rappelé son ambassadeur à Stockholm et il a exclu l'ambassadeur suédois.
00:39:29 Il lui a demandé de repartir en Suède.
00:39:31 Donc ça, c'était la réaction des officiels irakiens.
00:39:33 Mais dans ce contexte, il y a eu en plus une manifestation organisée par un parti,
00:39:39 un mouvement politique à la fois très religieux, islamiste, en tout cas très intégriste et nationaliste,
00:39:45 de Moktada al-Sadr.
00:39:46 Donc ils ont organisé cette manifestation à Bagdad
00:39:49 et les forces de l'ordre ont essayé de dissiper les manifestants
00:39:53 parce qu'ils voyaient bien que c'était une manifestation qui pouvait dégénérer.
00:39:55 Ils ont vraiment fait ce qu'ils pouvaient faire,
00:39:57 mais les manifestants ont réussi à rentrer dans le complexe de l'ambassade saoudienne
00:40:02 et il y a eu un départ de feu, il y a eu un incendie.
00:40:04 Et donc, à peu près au même moment, retour à Stockholm,
00:40:07 le fameux monsieur qui voulait brûler un exemplaire du Coran,
00:40:11 il a lui-même organisé son rassemblement, protégé par la police, devant l'ambassade irakienne.
00:40:16 Il n'a pas brûlé l'exemplaire, mais il a piétiné un exemplaire du Coran
00:40:20 et il s'est fait filmer et la vidéo a fuité sur les réseaux sociaux.
00:40:23 Alors cette affaire, je voulais vous en parler aujourd'hui
00:40:25 parce qu'en fait, ça fait plusieurs semaines que je la suis,
00:40:28 avec énormément d'attention,
00:40:29 parce que je trouve qu'elle est extrêmement compliquée quand on voit sa généalogie.
00:40:33 Alors en fait, ce réfugié irakien qui est arrivé en Irak,
00:40:37 il s'appelle Salwan Momika, il a obtenu le statut de réfugié en 2018
00:40:42 et c'est un chrétien d'Irak qui, avant de partir en Suède,
00:40:46 a été impliqué, a fait partie d'une milice,
00:40:49 une milice proche de l'Iran, qui a été accusée de crime de guerre.
00:40:52 Alors normalement, on n'a pas le droit d'accorder l'asile
00:40:55 à quelqu'un qui a commis des crimes de guerre,
00:40:56 mais dans son cas, on ne sait pas si lui-même a commis des crimes de guerre
00:40:59 ou si c'est sa milice.
00:41:00 Donc c'est pourquoi il a obtenu l'asile en Suède.
00:41:04 Depuis qu'il est en Suède, il se déclare comme athée,
00:41:09 comme libre-penseur, etc.
00:41:11 Mais dans les faits, il y a eu des journalistes qui ont montré
00:41:12 qu'il s'était rapproché d'un parti d'extrême droite
00:41:14 qui s'appelle "Démocrate de Suède".
00:41:16 Et le 29 juin, le jour de l'Aïd,
00:41:19 il a publié une vidéo sur les réseaux sociaux
00:41:21 où il est allé devant la grande mosquée de Stockholm
00:41:23 avec un Coran dans les mains,
00:41:25 il a mis du jambon entre les pages
00:41:26 et il a brûlé le Coran en question.
00:41:29 Il s'est fait filmer sur TikTok
00:41:30 et ça a fait évidemment des millions de vues.
00:41:31 Ça a suscité un tollé international.
00:41:33 Le pape François a dit qu'il était personnellement dégoûté par la situation.
00:41:37 Le Maroc, l'Arabie Saoudite.
00:41:39 L'Arabie Saoudite qui a dit
00:41:40 "La liberté d'expression doit propager la coexistence pacifique
00:41:43 plutôt que provoquer un choc des civilisations".
00:41:45 J'y reviendrai.
00:41:46 La Turquie a dit que c'était scandaleux
00:41:49 et qu'ils allaient réfléchir à ne pas permettre à la Suède
00:41:52 d'intégrer l'OTAN.
00:41:54 Et l'Irak a eu la réaction que j'ai dit,
00:41:57 mais en plus ils ont dit qu'ils allaient couper leur collaboration
00:42:00 avec des entreprises suédoises qui travaillent en Irak.
00:42:02 Donc si vous voulez,
00:42:03 en fait ce réfugié irakien a mis la Suède dans une sorte de piège.
00:42:09 C'est-à-dire que d'un côté,
00:42:11 les autorités suédoises désavouent totalement
00:42:13 le comportement de ce militant.
00:42:15 Alors il y a un officiel qui a dit que c'était
00:42:18 un comportement, des manifestations islamophobes
00:42:21 et puis il les désavoue du point de vue de la réelle politique
00:42:23 parce que ça va totalement à l'encontre des intérêts de la Suède,
00:42:26 que ça met la Suède dans une très grande difficulté
00:42:28 sur la scène internationale,
00:42:29 l'OTAN par rapport à la Turquie,
00:42:31 les intérêts économiques en Irak, etc.
00:42:34 Et d'autre part, en fait en Suède,
00:42:36 la liberté d'expression et la liberté de manifester est totale.
00:42:39 Et donc par exemple, des manifestations
00:42:40 qui sont interdites par les autorités,
00:42:44 ça n'existe pas, sauf dans des cas extrêmement rares.
00:42:46 Donc si vous voulez, ce qu'a fait ce monsieur de brûler un Coran,
00:42:49 c'était absolument légal du point de vue de la Suède.
00:42:52 Mais l'affaire ne s'arrête pas là, Nathan.
00:42:54 Non, l'affaire ne s'arrête pas là.
00:42:55 C'est pour ça que je vous disais que c'est compliqué
00:42:56 parce qu'il y a des rebondissements dans les rebondissements.
00:42:58 Donc comme je vous disais, le jour de l'Aïd,
00:43:00 ce militant fait brûler un Coran.
00:43:03 Réaction internationale et à la suite de quoi,
00:43:06 un autre citoyen suédois,
00:43:09 mais cette fois-ci de confession musulmane,
00:43:11 prévient sur les réseaux sociaux que le 15 juillet,
00:43:14 il va lui-même aller devant l'ambassade israélienne
00:43:17 pour brûler des livres de la Torah.
00:43:20 Il prévient ça, il annonce.
00:43:21 Encore une fois, la Suède est placée dans l'embarras
00:43:24 parce qu'ils n'approuvent pas, mais c'est légal.
00:43:26 Donc ils disent bon, très bien, ça va être autorisé.
00:43:28 On ne peut rien faire contre.
00:43:29 Et puis il y aura sans doute même des policiers
00:43:31 pour protéger ce militant quand il fera ça.
00:43:33 Et donc là, nouveau tollé international,
00:43:35 mais pour essayer d'empêcher le fait de brûler des livres de la Torah,
00:43:38 sachant qu'évidemment, en plus, ça rappelle le précédent historique
00:43:41 des autodafés qui étaient organisés par les nazis.
00:43:43 Pardon, je vous coupe Nathan, parce que justement,
00:43:45 je suis désolée parce que vous étiez en pleine démonstration,
00:43:47 mais justement, on vous parlait, on voit arriver Gabriel Attal
00:43:50 sur ces images, le nouveau ministre de l'Éducation nationale,
00:43:54 puisque le communiqué est arrivé.
00:43:56 Et bien évidemment, c'est le moment maintenant des passations de pouvoir.
00:43:58 Elles doivent avoir lieu rapidement parce que le Conseil des ministres
00:44:01 avec ce nouveau gouvernement aura lieu demain.
00:44:03 On voit aussi Sarah El Haïry qui elle aussi change de portefeuille.
00:44:07 Elle était à la jeunesse, elle va à la biodiversité.
00:44:09 Effectivement, je ne vois plus qui est à l'antenne,
00:44:12 mais vous voyez cette passation de pouvoir.
00:44:14 Je ne sais pas si du coup, on reste sur ces images
00:44:16 ou si je peux vous laisser tranquillement finir cette démonstration.
00:44:19 Non, on a retrouvé.
00:44:20 - Je pense que c'est plutôt la citoyenneté, si elle est présente à Beauvau.
00:44:26 - Mais c'est parce qu'elle fait partie des anciens.
00:44:28 - Non, elle dépendait de...
00:44:30 - On va reprendre tout le communiqué.
00:44:32 Alors la petite photo de famille, évidemment, comme d'habitude.
00:44:34 Et ensuite, normalement, il y aura les prises de parole.
00:44:37 Chacun goûte son plaisir.
00:44:38 On voit aussi Prisca Téno qui est une nouvelle en 30.
00:44:40 Alors non, ils vont d'abord aller échanger quelques minutes.
00:44:43 Donc j'ai une bonne nouvelle, Nathan, pardon,
00:44:44 je vous ai coupé en pleine intervention,
00:44:47 mais vous pouvez repartir dans votre démonstration.
00:44:49 Je suis désolée, ce n'est pas très évident pour vous comme exercice.
00:44:51 - Je le remercie très chaleureusement.
00:44:51 - Je suis désolée, je vous ai coupé en plein.
00:44:53 Ce n'est pas très...
00:44:54 Mais voilà.
00:44:55 Non, parce que c'est dur d'être en pleine démonstration et de devoir repartir.
00:44:57 Pardon.
00:44:59 - J'en étais donc à ce tollé international.
00:45:01 Le gouvernement israélien envoie une lettre officielle à la Suède
00:45:04 en disant "on vous supplie d'interdire".
00:45:06 Et la Suède répond "non, non, c'est légal, on va autoriser,
00:45:08 un livre de la Torah va être brûlé".
00:45:10 Que se passe-t-il ensuite ?
00:45:11 Ce fameux citoyen, donc musulman,
00:45:13 qui avait dit qu'il allait brûler un livre de la Torah,
00:45:15 fait une déclaration en disant "je n'ai jamais prévu de brûler ce livre,
00:45:19 je vous ai tous menés en bateau,
00:45:20 j'ai annoncé que je faisais ça pour vous montrer
00:45:23 que c'est extrêmement violent de brûler un livre
00:45:24 et je voulais susciter un scandale et donc j'ai réussi
00:45:27 puisque tout le monde a bien vu que c'était scandaleux de brûler un livre religieux
00:45:29 et c'était le but de ma manipulation,
00:45:32 enfin de mon coup médiatique en quelque sorte.
00:45:35 - Et qu'est-ce qu'on peut déduire alors, selon vous, de ces événements ?
00:45:37 - Ce qu'on peut en déduire, à mon avis,
00:45:39 c'est qu'on a parfois une confusion
00:45:41 quand on parle du rapport entre liberté d'expression et les religions.
00:45:45 Parce qu'on confond trois choses qui sont à mon avis différentes.
00:45:48 La première chose, c'est la critique des religions.
00:45:50 Ce que j'entends par critique des religions,
00:45:52 c'est une critique intellectuelle, philosophique,
00:45:54 celle qu'on trouve par exemple quand Spinoza écrit le traité théologico-politique
00:45:57 et qu'il dit que la Bible a sans doute été écrite par des hommes et non pas par Dieu,
00:46:01 que la Bible n'a pas... c'est un code politique et que ce n'est pas autre chose,
00:46:05 ça c'est de la critique des religions.
00:46:06 La critique des religions, évidemment, non seulement il faut l'encourager,
00:46:10 mais il faut rappeler une chose,
00:46:12 c'est que ça peut même coûter très cher à des individus.
00:46:14 Spinoza a été poignardé,
00:46:15 quand Socrate est accusé de remettre en cause les dieux de la cité,
00:46:18 ça se finit avec l'assigüe pour lui.
00:46:20 Donc c'est quelque chose d'évidemment...
00:46:21 Ce n'est pas seulement quand on dit qu'il faut critiquer les religions,
00:46:24 ce n'est pas juste quelque chose d'un peu lâche, d'un peu abstrait.
00:46:26 Bon, ça c'est la première chose.
00:46:28 La deuxième chose, c'est le blasphème.
00:46:29 Le blasphème, on est dans une situation un peu hybride.
00:46:32 Parce qu'évidemment, on s'en prend à un objet sacré,
00:46:35 mais on n'attaque pas l'objet, on attaque son image.
00:46:38 Donc par exemple, ça existe en littérature,
00:46:41 ça existe, évidemment, on pense à Charlie Hebdo,
00:46:43 quand on va représenter des personnages sacrés
00:46:46 dans des positions scabreuses,
00:46:47 ou en train d'avoir des actions sexuelles,
00:46:49 ou en tout cas de manière un peu burlesque,
00:46:51 évidemment que là, on n'est pas simplement dans la critique,
00:46:53 parce que d'ailleurs, d'abord, on incarne la chose,
00:46:56 on s'en prend à des symboles sacrés,
00:46:57 mais on s'en prend précisément, uniquement, à leur imagerie.
00:47:00 Alors d'ailleurs, on peut se poser parfois des questions,
00:47:02 est-ce que le film "La vie de Brian" des Monty Python,
00:47:04 qui est un film génial, qui est une parodie de la vie du Christ,
00:47:06 est-ce que c'est du blasphème ou est-ce que ce n'est pas du blasphème ?
00:47:08 Donc vous voyez.
00:47:09 Et la troisième chose qui est différente, c'est la profanation.
00:47:12 Et là, précisément, dans ce cas suédois,
00:47:15 c'était légal, parce qu'on a le droit d'acheter un livre,
00:47:17 à partir du moment où on va en librairie, on achète un livre,
00:47:19 on peut en faire ce qu'on veut, on peut le mettre à la poubelle,
00:47:20 on a le droit.
00:47:21 Mais évidemment que là, on n'est pas dans la critique de la religion,
00:47:24 on n'est pas dans le blasphème,
00:47:25 on est dans quelque chose d'autre,
00:47:27 qui, quand c'est légal, ne doit pas...
00:47:28 Enfin, en tout cas, si c'est légal, ça doit le rester,
00:47:30 mais qui, en tout cas, est extrêmement problématique sur le plan de...
00:47:33 Là, on s'attaque directement à l'objet religieux,
00:47:36 c'est-à-dire au fait que deux individus puissent avoir la croyance en cet objet.
00:47:40 Merci beaucoup.
00:47:40 Effectivement, on a vérifié, si vous interrogez sur le sort,
00:47:42 ça a iri, elle va bien à la biodiversité,
00:47:45 elle est là parce qu'elle était, avant, à la jeunesse,
00:47:47 rattachée à Papendia et que la passation de pouvoir n'a pas encore eu lieu.
00:47:49 On a vérifié avec le communiqué de l'Élysée.
00:47:51 Alors Céline, on va revenir justement sur ce sujet
00:47:53 dont on a traité sur CNews, les fouilles,
00:47:55 ce chantier de fouilles archéologique où des femmes ont reçu des attaques sexistes et sexuelles,
00:47:59 puisque, visiblement, le port du débardeur, aujourd'hui,
00:48:02 c'est une provocation érotique pour certains.
00:48:04 Oui, en fait, ce qui est arrivé à ces jeunes femmes,
00:48:06 c'est que, normalement, lorsqu'on travaille sur un chantier de fouilles,
00:48:09 on est en bleu de travail, en fait, qui couvre à peu près tout.
00:48:13 Et puis là, avec la chaleur énorme, elles ont dénoué le haut,
00:48:16 elles se sont retrouvées en débardeur,
00:48:18 ce qui, normalement, ne choque absolument personne.
00:48:21 Et là, il s'est passé quelque chose d'assez étrange,
00:48:23 c'est-à-dire qu'elles ont été prises à partie autant par des hommes que par des femmes.
00:48:27 Les hommes les insultant ou les interpellant d'une manière extrêmement sexiste,
00:48:33 et les femmes venant leur dire qu'elles n'étaient pas dignes,
00:48:36 qu'elles se comportaient mal, qu'elles étaient impudiques,
00:48:39 et surtout qu'elles ne faisaient pas un travail de femmes.
00:48:42 Et c'est à ce niveau-là que les choses sont intéressantes,
00:48:45 parce que le fait qu'elles aient été reprises à la fois par des hommes et par des femmes
00:48:49 montre bien que ce qui joue, c'est une question d'habitus.
00:48:53 Autrement dit, à Saint-Denis, aujourd'hui,
00:48:55 on n'est pas dans le même espace-temps que dans énormément de territoires français.
00:49:00 Aujourd'hui, ce qui domine, la vision de ce que doit être la civilité,
00:49:05 n'a rien de français ni d'européen.
00:49:07 Et donc, ces femmes sont rappelées à l'ordre
00:49:10 parce qu'elles choquent la représentation du monde des personnes qui vivent à Saint-Denis.
00:49:16 Et ça, on le sait parce qu'on a énormément...
00:49:20 Il suffit de se promener à l'intérieur de Saint-Denis
00:49:23 pour voir à quel point la ville est marquée par une emprise islamiste.
00:49:28 Il y a énormément de femmes qui ne portent pas simplement un voile,
00:49:31 mais qui sont carrément en noir de haut en bas, etc.
00:49:36 Donc, tout ça est lié au fait que cette ville ne fonctionne plus
00:49:39 selon la civilité que nous sommes habitués à avoir.
00:49:43 Et ces agressions seraient liées à une vision rétrograde et inégalitaire de la femme.
00:49:47 Oui, ce dont on se rend compte, c'est que le fait simplement
00:49:50 que ce soit à la fois des hommes et des femmes
00:49:52 montre bien que c'est le positionnement de ces femmes qui choque.
00:49:56 Et ce qui est intéressant, c'est que la femme ne se permet de faire des remarques
00:50:01 à une autre femme que quand elle s'est instituée elle-même
00:50:04 dans le rôle de gardien du temple.
00:50:06 Normalement, c'est l'homme d'abord qui, en règle générale, fait des remarques sexistes.
00:50:10 Pour que la femme intervienne, il faut qu'elle soit sûre de sa légitimité à intervenir.
00:50:15 Donc, il faut que vraiment dans sa tête, elle se représente.
00:50:20 L'attitude de ces femmes, pour elles, n'est absolument pas acceptable.
00:50:24 Le seul problème, c'est que finalement, tout le monde est piégé dans cette histoire.
00:50:31 C'est-à-dire que les hommes sont renvoyés à un rôle où leur hyper-virilité
00:50:36 est agressée par des femmes qui font un métier d'hommes
00:50:40 et qui ne respectent pas les règles du pur et de l'impur.
00:50:43 Les femmes, elles-mêmes, sont agressées par ces gestes-là
00:50:45 parce que ça les met aussi en face de leur propre infériorité.
00:50:49 Et pour que cela fonctionne, il faut que la notion d'infériorité de la femme soit acceptée,
00:50:55 mais également que la proposition que fait la France soit refusée.
00:50:59 Et pourquoi ?
00:51:00 Parce que ce qu'elles ne voient pas, c'est la notion d'égalité.
00:51:04 Pour elles, l'égalité est un leurre.
00:51:06 C'est-à-dire que quand vous allez discuter avec elles,
00:51:08 elles vont vous expliquer que la femme occidentale croit être l'égale de l'homme,
00:51:12 mais ce n'est pas vrai.
00:51:13 D'ailleurs, regardez, elle ne touche pas les mêmes salaires, etc.
00:51:16 Il y a une vraie négation du fait que quand, en droit et dans les valeurs,
00:51:21 vous énoncez une égalité, cela se retranscrit dans le réel.
00:51:26 Et là, on fait comme si, que l'on parle d'égalité de la femme ou pas,
00:51:32 à la fin, tout cela est égal.
00:51:34 Ce n'est pas vrai et c'est quelque chose qui est extrêmement violent.
00:51:40 Il se trouve que face à ces agressions, il y a quand même eu quelques réactions.
00:51:43 L'adjointe, notamment à la mairie, a dénoncé ces agressions.
00:51:46 Oui, mais alors ce qui est intéressant, c'est que,
00:51:49 bien sûr, c'est la moindre des choses qu'elle le fasse,
00:51:51 mais c'est la manière dont elle les dénonce.
00:51:53 La phrase qu'elle prononce, c'est "comme partout,
00:51:56 des femmes sont victimes de harcèlement sexuel et de propos sexistes par des hommes".
00:52:00 Comme partout, ce n'est pas faux.
00:52:02 Le sexisme, c'est quelque chose d'humain.
00:52:04 Moyennant quoi, il peut se dérouler n'importe où.
00:52:07 En revanche, l'institution du sexisme, ça, c'est autre chose.
00:52:11 Autrement dit, que l'on pense qu'un homme est légitime
00:52:13 à faire un certain nombre de remarques à une femme, ça, c'est culturel.
00:52:18 Donc, vous pouvez toujours tomber sur un macho,
00:52:20 mais il se trouve qu'un macho, en France, vous avez un petit peu de répondants,
00:52:24 vous l'envoyez péter et ça se passe sans aucun problème.
00:52:27 Il faut juste avoir soi-même le courage de se faire respecter.
00:52:31 Mais en tout cas, pour les gens qui vont regarder autour,
00:52:34 votre réaction est parfaitement légitime.
00:52:36 Si vous êtes une femme appartenant à un milieu,
00:52:39 alors ça peut être un milieu arabo-musulman,
00:52:40 mais on peut parler de l'Inde aussi,
00:52:42 où l'infériorité de la femme est vraiment particulièrement consacrée,
00:52:46 à ce moment-là, vous n'avez pas le droit de vous rebeller,
00:52:49 parce que vous rebeller, c'est remettre en cause votre statut,
00:52:53 et de fait, le statut dominant.
00:52:55 Et du coup, que faire ?
00:52:58 Alors, il est effectivement possible de porter plainte.
00:53:01 La seule chose qu'on ne remarque, c'est que personne ne le fait,
00:53:03 parce que les femmes qui sont sur ces chantiers
00:53:05 pensent que leur vie deviendrait un enfer si elles le faisaient.
00:53:08 Mais c'est surtout, finalement,
00:53:10 le fait de fermer les yeux sur ces atteintes à la civilité commune.
00:53:14 Je reprends l'image de mon adjointe.
00:53:16 Si l'adjointe avait dit "écoutez, c'est simple",
00:53:19 à un moment donné, en France, les femmes sont légales des hommes,
00:53:22 elles sont libres de travailler.
00:53:25 Si ça ne vous convient pas, si la civilité occidentale ne vous convient pas,
00:53:30 il n'y a aucun problème, il y a d'autres pays
00:53:31 dans lesquels les inégalités sont consacrées.
00:53:34 À la limite, si pour vous l'égalité est insupportable, allez-y.
00:53:38 Il faut vraiment mettre en avant l'égalité femmes-hommes,
00:53:42 parce qu'aujourd'hui, elle est en train de reculer,
00:53:44 et dans certains pays, il y a déjà des femmes,
00:53:46 enfin dans certaines villes, il y a déjà des femmes
00:53:48 qui ne vivent pas comme vous, moi et Gabriel.
00:53:51 Mais on a remarqué aussi quand même le silence des féministes sur cette affaire.
00:53:56 Oui, parce que la dimension culturelle est extrêmement gênante.
00:53:59 Autrement dit, dénoncer le sexisme, oui.
00:54:03 Dénoncer le sexisme de gens qui apparaissent comme opprimés,
00:54:08 on oublie toujours que finalement, l'immigré est devenu le nouveau opprimé
00:54:14 dans la vulgate de gauche.
00:54:16 Comme énormément d'associations féministes sont de gauche,
00:54:20 s'attaquer à la culture de l'opprimé, c'est l'opprimé encore plus.
00:54:24 Donc on est dans une logique complètement dingue,
00:54:27 qui rappelle celle d'Oria Boutelja à l'époque,
00:54:29 Oria Boutelja disait, si une femme noire se fait violer par un blanc,
00:54:33 il faut qu'elle le dénonce parce qu'elle doit combattre
00:54:38 les injustices et cette domination.
00:54:41 En revanche, si elle se fait violer par un noir, il faut qu'elle se taise
00:54:44 parce que sinon, elle accentue encore un phénomène de stigmatisation.
00:54:48 Et donc on est dans une forme de deux poids, deux mesures,
00:54:51 qui fait qu'à la fin, on en arrive à accepter des comportements
00:54:55 absolument inadmissibles en brandissant une forme d'excuse culturelle.
00:54:59 Et comment on revient à une civilité commune ?
00:55:02 Tout simplement en la faisant respecter partout.
00:55:06 Là, ce qu'on voit aujourd'hui, c'est que finalement,
00:55:08 des incidents sexistes, on en a à l'école,
00:55:11 on en a dans l'espace public, on en a au sein du monde du travail.
00:55:16 Et à chaque fois, la réaction, ce n'est pas de vague,
00:55:20 et c'est d'essayer de nier ce qui est en train de se passer sous nos yeux.
00:55:23 Il suffirait simplement qu'ils deviennent coûteux
00:55:26 d'avoir ce type d'attitude.
00:55:28 Autrement dit, vous refusez de travailler avec une femme
00:55:31 parce que c'est elle qui doit vous commander,
00:55:33 ou même tout simplement parce que la présence d'une femme vous gêne,
00:55:36 eh bien, c'est un motif de licenciement.
00:55:39 Vous vous permettez, à l'intérieur d'une école, de refuser,
00:55:43 vous êtes un enfant, vous refusez de tenir la main d'une petite fille, etc.
00:55:46 On convoque vos parents.
00:55:48 Il faut qu'à chaque fois que ce type d'attitude soit faite,
00:55:52 on marque un refus et on réexplique la civilité occidentale.
00:55:57 Désolée Céline, vous n'êtes pas au goût de votre convo.
00:55:59 Voilà, précisément pour une question.
00:56:01 On va écouter cette fois la passation de pouvoir ces papes N'Diaye et Gabriel Attal,
00:56:06 puisque effectivement, parmi les ministres sortants,
00:56:08 il y a le ministre de l'Education nationale qu'on va écouter dans quelques instants,
00:56:12 Carole Grandjean à côté, qui est en charge de la formation,
00:56:16 Sarah El Haïry, qui était à la jeunesse, qui part à la biodiversité,
00:56:19 et Prisca Thévenot, bien connu à l'Assemblée nationale aussi,
00:56:21 qui fait son entrée au portrait de la jeunesse.
00:56:23 On écoute Papa N'Diaye.
00:56:24 (Applaudissements)
00:56:27 Monsieur le ministre, cher Gabriel,
00:56:30 Madame la ministre déléguée, chère Carole,
00:56:33 Madame la secrétaire d'État, chère Sarah,
00:56:36 Mesdames et Messieurs, chers amis,
00:56:39 vous trouverez dans le jardin de ce ministère
00:56:43 un platan magnifique qui a connu tous les ministres de l'Education nationale,
00:56:47 et avant eux, ceux de l'instruction publique depuis 1830.
00:56:51 Insensible aux vicissitudes de la vie,
00:56:54 cet arbre vénérable symbolise la transmission d'un ministre à son successeur,
00:57:01 un passage de témoin républicain,
00:57:03 comme le ferait un professeur à son collègue à la fin de l'année scolaire,
00:57:08 une passation qui consiste finalement à dire
00:57:11 "Prenez soin de nos élèves".
00:57:13 ...son collègue à la fin de l'année scolaire,
00:57:16 une passation qui consiste finalement à dire
00:57:19 "Prenez soin de nos élèves".
00:57:22 J'aime à penser et dire que le ministère de l'Éducation nationale
00:57:28 est le plus beau ministère qui soit.
00:57:31 Il est celui qui plonge au plus profond dans la nation,
00:57:35 dans l'intime de la société et des familles.
00:57:38 Il est le visage le plus bienveillant de l'État.
00:57:42 Avoir servi ce ministère a été un grand honneur
00:57:45 et je remercie le président de la République
00:57:48 et la première ministre de leur confiance.
00:57:52 En ces lieux, chaque matin,
00:57:54 la seule question qui valait pour moi consistait à me demander
00:57:58 en quoi je pouvais être utile aux élèves
00:58:01 et donc aussi aux professeurs.
00:58:04 C'est en effet aux professeurs que je pense en cet instant,
00:58:07 moi qui en suis un,
00:58:09 les professeurs qui sont si essentiels à notre pays, à son avenir.
00:58:14 Nous les avons confortés matériellement,
00:58:17 c'est l'objet des revalorisations qui sont mises en œuvre à partir de septembre.
00:58:22 Et je crois aussi, en tout cas nous avons commencé de le faire,
00:58:26 moralement et symboliquement.
00:58:28 Je pense que les professeurs doivent retrouver
00:58:33 une place centrale dans notre société,
00:58:35 mais cette place respectable ne dépend pas que d'un ministre,
00:58:39 c'est un choix collectif que nous avons la possibilité de faire.
00:58:44 Nous avons beaucoup travaillé depuis mai 2022
00:58:47 en préparant des mesures qui entreront en application à la rentrée.
00:58:51 Du côté des enseignants, je le disais,
00:58:53 des hausses de rémunération pour tous,
00:58:55 des pactes optionnels pour de nouvelles missions rémunérées.
00:58:59 Du côté pédagogique, des travaux d'écriture,
00:59:01 du calcul mental au cours moyen,
00:59:03 la nouvelle sixième avec la généralisation de devoirs faits
00:59:07 et l'heure de soutien et d'approfondissement en français et en mathématiques.
00:59:11 Une heure et demie de mathématiques aussi
00:59:13 pour le tronc commun des élèves de première.
00:59:17 La priorité placée sur les savoirs fondamentaux
00:59:20 doit aller de pair avec une politique d'égalité des chances.
00:59:24 Voilà pourquoi nous avons lancé des travaux de révision
00:59:27 de la carte de l'éducation prioritaire
00:59:30 en lien avec le ministère de la Ville et du Logement.
00:59:34 Voilà pourquoi nous mettons en place un programme de mixité scolaire et sociale
00:59:39 à l'échelle des académies ô combien utile et nécessaire aujourd'hui.
00:59:43 Voilà pourquoi la réforme des lycées professionnels a été instituée.
00:59:49 Tout cela s'est accompagné de l'insistance mise sur le respect strict
00:59:55 des règles de laïcité avec la fermeté et le discernement nécessaires.
01:00:00 J'ai une pensée à cet instant pour Samuel Paty,
01:00:04 lui dont un portrait est présent dans le bureau qui est désormais le vôtre.
01:00:10 Pour les élèves, l'émancipation par le savoir doit se faire dans un cadre laïc,
01:00:14 sans port de signe ou de tenue ostensiblement religieux,
01:00:17 sans refus de participation à tel ou tel cours.
01:00:22 Les chiffres d'atteinte à la laïcité sont désormais publiés mensuellement.
01:00:26 Nous avons intensifié les programmes de formation initiales
01:00:29 et continu des personnels et renforcé leur protection.
01:00:33 Nous avons aussi intensifié la lutte contre le harcèlement,
01:00:37 priorité de la rentrée, contre les LGBTphobies aussi,
01:00:41 et posé les fondations d'un nouvel élan pour l'école inclusive.
01:00:47 Nous avons enfin créé avec succès le CNR Education,
01:00:51 notre école faisant-la ensemble,
01:00:54 qui fait travailler des milliers de communautés éducatives,
01:00:57 des professeurs, des équipes de direction, des parents, des élèves, des élus,
01:01:01 des associatifs dans les écoles, les collèges et les lycées.
01:01:05 Des projets remarquables ont éclos et sont soutenus financièrement,
01:01:10 des projets qui s'inscrivent dans le sens d'une plus grande autonomie
01:01:14 des écoles et des établissements, au plus près des besoins des élèves,
01:01:18 dans un cadre national qui doit rester solide.
01:01:23 J'ai passé, Mesdames et Messieurs, du temps sur le terrain,
01:01:26 une vraie source de plaisir et de réflexion stimulante.
01:01:30 134 déplacements dans l'Hexagone et les Outre-mer m'ayant permis
01:01:33 de visiter une bonne centaine d'écoles, collèges et lycées.
01:01:36 À toutes celles et ceux qui m'ont accueilli, parfois de manière émouvante,
01:01:41 je pense par exemple à l'inauguration du nouveau lycée Schoelcher de Fort-de-France, merci.
01:01:47 Aux élèves et personnels avec lesquels j'ai échangé
01:01:50 pour recueillir les points de vue, les suggestions,
01:01:53 entendre les difficultés, merci.
01:01:57 Dans six semaines, M. le ministre, la rentrée s'annonce satisfaisante.
01:02:02 Nous avons tout fait pour qu'il en soit ainsi, en dépit des difficultés persistantes
01:02:06 de recrutement, moindre que l'année dernière toutefois.
01:02:10 L'ensemble de ce travail a été réalisé grâce à l'administration du ministère,
01:02:14 l'administration centrale, celle des académies et des directions des services départementaux.
01:02:19 Parfois décriées, parfois caricaturées,