Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h
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00:00 Et 19h00, bonsoir à tous, merci d'être avec nous en direct sur CNews dans Fers face à l'info.
00:06 Version été, dans un instant je vous présente mes invités mais avant le rappel de l'actu avec Triné Magdine.
00:12 *Musique*
00:15 - Jane Birkin est décédée ce dimanche à l'âge de 76 ans.
00:18 La chanteuse, actrice et réalisatrice a été retrouvée sans vie à son domicile parisien.
00:23 Ces derniers mois, elle avait annulé des concerts pour des raisons de santé.
00:26 Déjà en septembre 2021, elle avait été victime d'une forme légère d'accident vasculaire cérébral.
00:32 De nombreuses personnalités lui ont rendu hommage.
00:35 Huit jours après la disparition du petit Émile, le hameau du Haut-Vernay est toujours interdit au public.
00:40 Il le restera jusqu'à demain.
00:42 Le maire explique avoir pris cette décision pour protéger les familles et éviter un éventuel tourisme de curiosité.
00:48 Depuis l'ouverture d'une enquête pour recherche des causes de disparitions inquiétantes, l'enfant de deux ans et demi reste introuvable.
00:56 Au moins 37 morts et 9 disparus en Corée du Sud.
00:59 La mousson a causé des inondations et des glissements de terrain depuis quatre jours.
01:03 Et des centaines de secouristes s'efforcent d'atteindre des voitures coincées dans un tunnel souterrain.
01:08 Actuellement en déplacement à l'étranger, le président sud-coréen a tenu une réunion d'urgence
01:12 et a ordonné au Premier ministre de mobiliser toutes les ressources disponibles pour limiter au maximum le nombre de victimes.
01:19 Merci beaucoup, chère Trina Magdine.
01:22 Bonsoir à tous et merci d'être avec nous dans Face à l'Info.
01:25 Version été ce soir, nous sommes avec Gabriel Puzel.
01:28 Bonsoir, chère Gabrielle, rédactrice, directrice de la rédaction de Boulevard Voltaire.
01:32 Régis Le Sommier, bonsoir.
01:33 - Bonsoir.
01:34 Directeur de la rédaction de Omerta, Nathan Devers.
01:36 Merci d'être avec nous, écrivain.
01:38 - Bonsoir.
01:38 Et à côté de vous, Paul Melun, essayiste.
01:40 Bonsoir, cher Paul.
01:42 Au menu ce soir, elle était actrice, chanteuse, réalisatrice, Jane Birkin.
01:47 C'était teinte chez elle ce dimanche 16 juillet.
01:50 Nathan Devers rendra hommage aux mille vies de Jane Birkin.
01:54 La fin du numerus clausus est-elle vraiment mise en œuvre ?
01:57 Est-elle vraiment efficace ?
01:58 Gabriel Puzel s'interroge ce soir sur le gros mensonge de la fin du numerus clausus en médecine.
02:05 L'actualité internationale avec le conflit entre l'Ukraine et la Russie.
02:09 Régis Le Sommier nous donnera son analyse sur l'annonce des États-Unis
02:12 qui délivraient des bombes à sous munitions à Kiev.
02:16 Et puis les 100 jours d'apaisement sont désormais terminés.
02:19 Mais où est la parole présidentielle tant attendue ?
02:21 D'ailleurs annoncé, quel bilan ont tiré de ces 100 jours ?
02:25 On verra cela avec Paul Melun.
02:26 Et puis enfin, il y a quelques jours, le 12 juillet dernier,
02:28 un colloque a été organisé à Paris pour marquer le 4e anniversaire de la loi antifessez.
02:34 Un colloque qui fait en quelque sorte le procès de l'autorité.
02:37 Ce sera avec Gabriel Puzel en fin d'émission.
02:42 [Générique]
02:57 Nathan Devers, on va commencer avec vous.
02:59 C'est l'actualité de la journée, évidemment, la disparition de Jane Birkin.
03:04 Aujourd'hui, ce dimanche 16 juillet, et vous vouliez lui rendre hommage ce soir.
03:08 Oui, dans le sommaire, vous disiez tout à l'heure que Jane Birkin a eu 1000 vies.
03:11 Et c'est vrai qu'on l'associe à 1000 images différentes.
03:13 La chanteuse à l'accent anglais qui donnait sa voix aux plus belles paroles
03:18 et aux plus belles chansons de Gainsbourg.
03:20 La mannequin de Blow Up.
03:21 La Birkin, engagée, Nouvelle vague de Agnès Varga.
03:24 La Birkin, engagée en faveur du droit à l'abortement,
03:28 contre la peine de mort, contre Jean-Marie Le Pen.
03:30 La Birkin, des comédies populaires qui donnaient la réplique à Pierre Richard.
03:33 Donc, comme une sorte de kaléidoscope de Jane Birkin, dans lequel on peut se perdre.
03:38 Alors face à cela, il y aurait la tentation de distinguer deux Jane Birkins
03:42 selon le critère géographique, la britannique et la française,
03:45 ou selon le critère artistique ou professionnel,
03:47 l'actrice, la comédienne d'une part, et la chanteuse de l'autre.
03:51 Mais pour une fois, et même si je me méfie beaucoup en général de la chronologie
03:55 comme grid lecture biographique, parce que je ne pense pas que
03:57 l'identité profonde existentielle d'un individu se résume à la frise linéaire des années,
04:02 mais je pense qu'on peut faire confiance ici au temps linéaire
04:05 et qu'on pourrait distinguer au moins trois Jane Birkin temporelles.
04:10 Alors la première, c'est celle qui naît à Londres, juste après la Seconde Guerre mondiale,
04:14 dans une famille disons plutôt bourgeoise, et avec un père qui a été en quelque sorte
04:19 un héros de la Seconde Guerre mondiale puisqu'il était navigateur marin dans l'armée britannique
04:23 et qu'il faisait la liaison avec la Bretagne pour aider les résistants français pendant la guerre.
04:28 Une mère qui a été actrice, qui était une grande actrice,
04:31 et Jane Birkin a une enfance, donc je le disais, dans cet univers un peu bourgeois,
04:35 où elle va à l'internat, où elle est studieuse, elle n'a pas de très bonnes notes,
04:38 elle passe ses soirées à faire des devoirs, il y a des brimades,
04:41 vous savez à l'époque les internats c'était toute une ambiance avec la cruauté des jeunes filles
04:45 les unes par rapport aux autres, et très jeune en fait,
04:48 elle se met à écrire un journal intime qui est adressé à sa peluche, un singe en peluche,
04:54 et où elle fait toutes ces confessions que par exemple un jour elle a 2/10 en latin,
05:00 qu'elle doit dîner tôt, qu'elle ne peut pas finir ses devoirs, qu'elle aimerait tout recommencer à zéro,
05:03 mais continuer encore et encore et de pire en pire,
05:06 j'ai envie d'arrêter le latin, le français, la langue anglaise, la littérature,
05:09 je déteste l'école, je la hais, je la hais.
05:11 Alors on ne peut pas forcément trouver dans des extraits d'un journal intime d'une toute petite fille
05:15 quelque chose qui va annoncer, qui va être précurseur de sa vie,
05:18 mais en tout cas là on peut dire que c'est quelqu'un qui a un rêve de liberté,
05:21 et qui est par ailleurs très admiratrice de sa mère,
05:23 mère comédienne qu'elle va voir de temps en temps au théâtre,
05:27 et un jour elle assiste à un tournage,
05:29 et elle demande à Carol Reed si un jour elle aussi aura des chances de devenir actrice,
05:33 et la réponse est "ça dépend si la caméra tombe amoureuse de vous".
05:37 Alors à partir de là, elle commence les castings,
05:39 et elle fait notamment un premier casting au théâtre,
05:41 où elle arrive lors du casting, elle est complètement tétanisée d'angoisse,
05:45 et elle oublie tout son texte.
05:47 Et donc elle se retrouve, elle réussit quand même son casting,
05:49 comme quoi on peut rater un casting et obtenir quand même le rôle,
05:51 seulement elle obtient un rôle de sourmuette.
05:53 Et c'est à cette époque, quand elle a 18 ans,
05:57 qu'elle épouse, enfin elle le rencontre un peu avant ses 18 ans,
06:00 John Berry, qui était compositeur notamment des musiques de James Bond,
06:04 et le mariage, disons que dès le début, elle sent que ça se passe assez mal,
06:09 ou en tout cas que c'est en décalage par rapport à ses rêves d'amour,
06:13 et qu'elle ressent très très vite un sentiment de frustration
06:18 face à ce qu'elle vit comme une forme d'égoïsme masculin,
06:20 et surtout ce besoin de liberté.
06:22 Donc elle se lance là dans le cinéma,
06:24 et elle obtient son premier rôle vraiment visible,
06:26 son deuxième rôle de cinéma, mais son premier rôle vraiment visible,
06:28 dans "Blow Up" de Michelangelo Antonioni.
06:31 Et alors, ce rôle-là, c'était un rôle de nu,
06:34 donc elle a beaucoup hésité pour l'accepter,
06:36 et c'était précisément, c'est un film assez génial "Blow Up",
06:38 parce que ça raconte l'histoire d'un photographe
06:40 qui arrive dans un jardin,
06:42 qui prend en photo deux amoureux,
06:43 qu'il trouve absolument sublimes en train de s'embrasser.
06:46 Il prend la photo, et l'amoureuse le surprend,
06:48 c'est une photo clandestine,
06:50 et elle lui demande de rendre les pellicules,
06:51 ce qu'il refuse de faire.
06:53 Et quand il rentre chez lui et qu'il voit les pellicules,
06:54 il voit qu'il y a un cadavre derrière la photo,
06:57 il se rend dans le jardin, le cadavre apparaît, disparaît,
06:59 enfin voilà, donc c'est un film un peu assez iconique.
07:02 Et donc elle accepte ce rôle,
07:03 et elle joue un rôle de mannequin qui va se déshabiller,
07:06 et jouer avec une autre mannequin, femme aussi,
07:09 et elle joue toutes les deux nues.
07:10 Et donc cette scène fait scandale,
07:13 parce que c'est une des toutes premières au cinéma,
07:15 de nues intégrales.
07:16 Mais ça ne va pas être un...
07:17 C'est tout le paradoxe de Birkin, on le voit là.
07:19 C'est-à-dire qu'il y a ce scandale, si vous voulez,
07:21 de la liberté, de la nudité au cinéma.
07:23 Et en même temps, c'est une scène presque enfantine,
07:25 parce qu'elle joue, les deux mannequins jouent nues,
07:28 dans une forme de candeur, d'innocence.
07:29 Et donc là, on voit déjà tout le paradoxe d'une liberté totale,
07:32 mais si vous voulez, sans le scandale moral qui va derrière.
07:36 Donc là, son mariage commence à battre de l'aile,
07:38 elle ressent un besoin de liberté de plus en plus vif,
07:42 elle quitte son mari,
07:43 et elle quitte aussi l'Angleterre pour aller en France.
07:45 Et c'est là que naît, selon vous, la seconde,
07:48 la vraie peut-être, Jeanne Birkin ?
07:50 Oui, la seconde, la plus connue, la vraie, je ne sais pas,
07:52 mais en tout cas, la plus iconique sans doute.
07:55 Birkin arrive en France, pour jouer le film "Slogans".
07:58 Et dès le début, le tournage se passe assez mal,
08:00 parce qu'il y a un type qui est chanteur, musicien,
08:03 qui dirige la musique du film,
08:05 et qui se comporte de manière complètement imbuvable,
08:07 notamment avec Birkin.
08:08 Il la regarde mal, il la prend de haut,
08:10 il est un peu agressif, il a l'air un peu fou aussi.
08:12 Et donc, le réalisateur décide, pour apaiser la situation,
08:15 d'organiser un dîner, un dîner à trois avec Birkin.
08:18 Ce monsieur s'appelle donc Serge Gainsbourg, avec Gainsbourg,
08:20 et avec lui-même, il vient au dîner,
08:22 et puis il s'esquive très très vite.
08:24 Et donc, Birkin se retrouve seul,
08:26 avec ce monsieur imbuvable en apparence,
08:28 qui était Serge Gainsbourg,
08:29 et elle se rend compte tout de suite
08:30 que son agressivité de façade,
08:32 en fait, est le masque d'une profonde timidité,
08:35 d'une forme de profond génie aussi.
08:38 Et par exemple, il y a une scène,
08:39 ils se retrouvent à boire des verres ensemble,
08:41 ils commencent à danser,
08:42 et elle se rend compte qu'il ne sait pas danser,
08:43 et elle est charmée par ça.
08:44 Et donc là, ils vont aller écumer toutes les boîtes de nuit,
08:47 ils vont au Rasputin,
08:48 ils vont chez Madame Arthur, etc.
08:51 Et très très vite,
08:53 ils tombent fous amoureux,
08:55 et Gainsbourg l'accompagne notamment,
08:57 dans un de ses rôles les plus célèbres,
08:59 dont on parlait d'ailleurs tout à l'heure,
09:00 qui est la piscine,
09:01 il l'accompagne sur le tournage à Saint-Tropez.
09:05 Et donc c'est à ce moment-là
09:06 qu'elle va commencer son histoire d'amour avec Gainsbourg,
09:08 qui dure, je crois, de mémoire,
09:10 12 ans, 10 ou 12 ans, quelque chose comme ça.
09:12 Alors deux mots sur Gainsbourg, pour comprendre cette histoire.
09:15 Gainsbourg, donc, tout le monde le connaît,
09:17 mais c'est quelqu'un qui, au moment où il rencontre Birkin,
09:20 est travaillé par un paradoxe,
09:22 par un complexe artistique absolument fou.
09:24 On le sait, Gainsbourg a commencé sa vie en étant peintre,
09:27 il avait une admiration folle pour la peinture,
09:30 il avait une admiration folle pour la poésie,
09:31 pour Rimbaud, pour Lautréamont,
09:33 ça se passe très mal dans les deux cas,
09:34 et notamment, il y a cette fameuse légende
09:36 qu'il a brûlé toutes ses toiles un soir par désespoir,
09:39 qu'il débarque donc dans la chanson populaire,
09:41 où il est à la fois excellent,
09:42 et en même temps, il est tiraillé,
09:43 parce que d'un côté, il a beaucoup de mépris pour la chanson populaire,
09:45 d'ailleurs, il y a eu une émission chez Bernard Pivot,
09:47 où il était un petit peu ivre,
09:48 et il fait cette confédence que c'est un art qu'il n'admire pas,
09:51 et en même temps, il a une vision absolutiste,
09:52 ça veut dire qu'il aimerait pouvoir réinventer un Rimbaud musical.
09:56 Et cette contradiction, au moment où il rencontre Birkin,
09:58 Gainsbourg ne l'a pas dépassée,
10:01 parce que, si vous voulez, il s'est nourri un peu de toutes les modes,
10:04 il a connu un grand succès,
10:05 mais le succès, il l'a connu pour des chansons
10:08 qu'il ne jugeait pas excellentes,
10:09 et en revanche, les chansons dans lesquelles il misait vraiment
10:11 sur le plan esthétique sont passées un peu inaperçues.
10:13 Et avec Birkin, c'est l'explosion artistique,
10:16 dans les deux sens du terme,
10:17 c'est-à-dire que d'un côté, ils vont faire des chansons cultes,
10:19 des chansons qui connaissent un succès massif,
10:21 notamment parce qu'elles reprennent des musiques classiques
10:22 de Chopin, de Brahms,
10:24 Jane Bee, Babylone in Babylon, etc.
10:27 Et puis de l'autre, c'est un moment de grande apothéose esthétique.
10:30 Alors c'est Gainsbourg qui écrit les paroles et qui compose la musique,
10:33 et c'est Jane Birkin qui chante.
10:34 Et notamment, ils font cet album concept,
10:36 le premier album concept de Gainsbourg,
10:37 donc un album concept, c'est un album
10:39 dont toutes les chansons reprennent un même thème.
10:41 Donc c'est comme, si vous voulez, il y a un côté très romanesque,
10:43 histoire de mélodie Nelson, et où là,
10:45 Gainsbourg dit lui-même,
10:47 "J'ai atteint, je me suis rapproché de Rimbaud".
10:49 C'est le moment où on sort presque de la musique.
10:53 Et donc, c'est la grande époque de cette histoire d'amour iconique,
10:55 de la rue de Verneuil, une période de grande liberté,
10:58 où Birkin se lance aussi dans un cinéma plus populaire,
11:01 les fameux films avec Pierre Richard qui sont complètement géniaux,
11:03 La course à l'échalote, La montarde de Montonné.
11:06 Et d'ailleurs, il y a le frère de Birkin, Andrew Birkin,
11:09 a publié récemment un livre qui compilait toutes les photos
11:12 de Jane Birkin et de Gainsbourg chez Albin Michel,
11:15 et avec plein de photos complètement inédites.
11:17 Et là, malheureusement, ils vont se séparer,
11:21 non seulement, malheureusement ou heureusement, je ne sais pas,
11:23 mais non seulement à cause de l'alcoolisme de Serge Gainsbourg,
11:26 du climat toxique, sans doute des violences aussi,
11:29 mais en tout cas, ce qu'elle dit dans son journal,
11:32 c'est qu'elle ne veut pas être la marionnette de qui que ce soit,
11:34 comme avec son premier mari,
11:36 et qu'elle est toujours à la recherche de la liberté.
11:38 Et justement, commence à ce moment-là, la troisième vie de Jane Birkin.
11:43 Oui, alors je ne vais pas vous mentir, c'est une Birkin que je connais moins,
11:45 mais qu'elle raconte en détail dans le deuxième volume de son journal, Post Scriptum.
11:49 Mais en tout cas, si on pouvait définir cette troisième Birkin en quelques mots,
11:53 je dirais que c'est la liberté éprouvée et retrouvée.
11:56 Éprouvée parce que c'est une liberté difficile, parfois pour elle,
11:58 et retrouvée parce que c'est le lieu de toutes les inventivités.
12:01 Donc, elle va avoir énormément de nouvelles collaborations musicales
12:04 avec Étienne Dao, des albums de reprises, des albums de chansons originales,
12:07 notamment un album qui s'appelle "Enfants d'hiver",
12:10 qui est un album dont elle compose les paroles en français, qui est autobiographique.
12:13 Sur le plan cinématographique, il y a "Jane Bee" par Agnès Vey,
12:15 donc sa collaboration avec Agnès Varda, qui est un film absolument génial.
12:19 Il y a aussi le film de Charles de Gainsbourg que je n'ai pas vu,
12:21 mais qui est en 2021, qui est aussi un film autobiographique.
12:26 Sur le plan intime, elle a de nouvelles histoires d'amour,
12:28 Jacques Doyon, Olivier Rollin, ses enfants, évidemment.
12:31 Et c'est là qu'elle va aussi affirmer un certain nombre d'engagements politiques.
12:34 Amnesty International, ce que je disais tout à l'heure,
12:36 mais Jane Birkin est allée aussi à Sarajevo, en plein pendant le siège.
12:40 Elle a passé sept jours et elle y est restée pour soutenir la population.
12:43 Et ensuite, elle va aussi prendre des engagements contre Jean-Marie Le Pen.
12:46 Et enfin, j'aimerais finir là-dessus,
12:48 elle a publié les deux volumes de son journal intime,
12:51 et qui est vraiment quelque chose d'extrêmement original,
12:54 parce que c'est très rare dans la vie, quelqu'un qui tient un journal
12:57 depuis sa toute petite enfance, jusqu'à ses derniers jours,
12:59 en tout cas jusqu'à sa maturité.
13:01 Merci beaucoup, cher Nathan Devers, pour cet hommage à Jane Birkin ce soir.
13:07 Paul Melin, allez, je vous donne 30 secondes pour rendre hommage aussi,
13:13 peut-être à votre façon, à Jane Birkin,
13:14 réagir peut-être à ce que vient de dire Nathan.
13:17 Bien sûr, écoutez, je buvais la chronique de Nathan,
13:20 qui campe un personnage, finalement, une artiste assez singulière,
13:24 assez extraordinaire, qui avait, je crois que c'était le cas de ses icônes extraordinaires,
13:28 une forme, vous savez, de complexité, c'était une artiste complète.
13:32 Et je trouve, vous allez dire que je suis peut-être un message un peu conservateur,
13:35 ou en tout cas nostalgique, je trouve qu'on crève un peu
13:38 de ne plus avoir d'artiste aussi complet.
13:41 Pour moi, Jane Birkin était tout à la fois une chanteuse, bien sûr,
13:43 mais aussi une poétesse, une actrice.
13:46 Une de mes chansons préférées, "Fuir le bonheur de peur qui ne se sauve",
13:49 c'est extraordinaire, quand vous la détaillez, vous avez vraiment,
13:52 si vous parlez cette chanson, si vous ne la chantez même pas,
13:55 vous ressentez, si vous voulez, une profonde dimension poétique.
13:59 Et ça, je vous avoue que c'est assez rare.
14:01 Et elle fait partie de ces artistes, il y en a eu d'autres.
14:04 Marie Laforêt chantait, jouait la comédie,
14:06 il y en a eu plein d'autres à cette époque-là.
14:08 Et je regarde toujours cette époque,
14:11 dans le rétroviseur de certains films que j'adore, comme "La piscine",
14:14 emprunt d'une certaine forme de nostalgie.
14:16 Et je trouve qu'effectivement, l'hommage de Nathan
14:18 montrait bien, à travers ses différentes facettes, ce qu'est l'éidoscope,
14:22 une artiste complète, dont on a beaucoup parlé des engagements,
14:25 dont on a beaucoup parlé de la relation avec Serge Gainsbourg,
14:27 mais qui, je pense, va bien au-delà de ces prêtes à penser, finalement.
14:32 C'est à sa vie extraordinaire, et elle va plus loin que ça.
14:34 L'artiste aux mille vies, donc, dont on parlera évidemment en longueur
14:39 dans "Soir Info" à partir de 21h55, ce soir, Gabriel Cluzel.
14:44 Le magazine "Challenge" a tiré la sonnette d'alarme,
14:46 alors que les résultats des facs de médecine viennent d'être reconnus,
14:49 avec un article au titre assez brutal, on ne va pas se mentir,
14:53 le gros mensonge de la fin du numerus clausus en médecine.
14:56 La population en France vieillit, les hôpitaux sont submergés,
14:59 les déserts médicaux, eux, commencent à s'étendre aux grandes villes.
15:02 La crise du Covid a démontré le déficit de médecins,
15:05 et le nombre d'étudiants admis en deuxième année de médecine
15:07 n'a été relevé que de 15%, soit des cohortes comparables aux années 70,
15:11 quand nous étions 15 millions d'habitants en moins.
15:15 C'est un scandale pour vous ?
15:17 Alors, je ne sais pas si c'est un scandale,
15:18 mais en tout cas c'est un très gros sujet d'inquiétude,
15:20 et je crois que c'en est un aussi pour tous les Français,
15:23 s'ils s'y intéressent de plus près.
15:25 Alors, je ne sais pas si vous vous souvenez,
15:26 Emmanuel Macron, dans son plan santé 2018, avait dit
15:30 "le système est absurde, aujourd'hui c'est un gâchis"
15:33 qui concerne chaque année 25 000 étudiants.
15:35 Alors, il parlait de quoi ? Il parlait du numerus clausus,
15:37 ce fameux système instauré avec cette idée à la base
15:42 qu'avec moins de médecins, on aurait moins de prescriptions,
15:44 sauf qu'avec moins de médecins, on n'a pas moins de malades.
15:46 Donc, surtout avec une population vieillissante,
15:50 évidemment, ça ne risquait pas de s'arranger.
15:53 Mais alors, il y a eu des changements.
15:55 Il y a eu une réforme, évidemment.
15:57 Il y a eu une réforme lors de l'année universitaire 2021-2022,
16:01 et on a remplacé le numerus clausus,
16:04 alors je sais que j'ai des éminents latinistes face à moi,
16:07 par le numerus apertus,
16:09 c'est-à-dire un nombre ouvert,
16:13 et un nombre minimum fixé par à la fois,
16:16 par une consultation entre le ministère de l'Enseignement supérieur,
16:21 le ministère de la Santé et les ARS,
16:23 supposés connaître la réalité de terrain.
16:26 Mais malheureusement, comme dans la fable de La Fontaine,
16:29 eh bien, tous ces gens-là se hâtent lentement,
16:31 et avec un train de sénateurs,
16:33 et de fait, on est arrivé simplement avec ce 15% supplémentaire,
16:39 quand par exemple, la Grande-Bretagne a doublé
16:41 son numerus clausus.
16:44 Alors pourtant, c'est un peu curieux,
16:45 parce que pendant la crise Covid, on nous a répété,
16:48 à l'envie que ce n'était pas tant les lits qui mentaient,
16:50 qu'est-ce que les médecins,
16:51 et qu'un médecin, ça ne se trouvait pas sous le pain d'un cheval,
16:53 il fallait 10 ans pour faire un médecin.
16:54 Donc on se dit, plus vite on commence,
16:56 plus vite il sera terminé.
16:58 Donc c'est vrai qu'on a l'impression que,
17:00 là où on attendait un plan Marshall,
17:01 eh bien, on a un plan bancal.
17:04 Et ensuite, on nous explique que les étudiants déçus
17:07 vont partir à l'étranger,
17:10 pas tous, mais ceux qui ont vraiment une vocation,
17:12 chevillé au corps, et notamment en Roumanie,
17:15 pour tenter d'arriver au bout de ces études de médecine
17:18 qu'ils s'étaient faits.
17:19 Et on nous dit même, alors ça c'est la cerise sur le gâteau,
17:21 que finalement, ce diplôme roumain serait parfois
17:24 mieux reconnu à l'international que le nôtre.
17:28 C'est un problème désormais bien connu.
17:30 Pourquoi cette paralysie en France ?
17:32 Quels sont les problèmes, tout simplement, les obstacles ?
17:35 Alors c'est un peu comme souvent,
17:37 il y a un mélange de considération économique à court terme,
17:41 d'aveuglement et d'idéologie.
17:43 Alors c'est le Dr Juvin, vous savez, il est devenu célèbre,
17:46 qui a eu aussi un engagement politique, LR,
17:49 me semble-t-il, à un moment,
17:51 mais qui s'est beaucoup fait connaître en plein de la crise Covid,
17:53 qui dit le problème, c'est qu'on n'a pas,
17:56 comment dire, acté le fait qu'un médecin à la retraite qui part
18:00 doit être remplacé par deux médecins et demi.
18:03 Alors il explique, parce que le médecin,
18:05 vous savez, avec son stéthoscope greffé autour du cou,
18:08 corvéable à merci, que vous pouvez appeler jour et nuit,
18:11 quand le grand-père fait une crise cardiaque
18:12 ou le bébé a des convulsions, ça c'est terminé.
18:15 Alors c'est terminé et de ce fait, pour trois raisons.
18:20 Alors comme on le dit pudiquement, le rapport au travail a changé,
18:23 c'est-à-dire que c'est ce que je viens de vous expliquer,
18:25 cette version-là, ce n'est plus possible.
18:27 Alors il y a un gros, c'est un sujet de tabou,
18:29 mais je vois que Challenges l'a abordé et c'est intéressant,
18:32 la féminisation du métier.
18:33 Aujourd'hui, la médecine est un métier très féminin,
18:36 c'est majoritairement féminin pour les médecins de moins de 40 ans
18:40 et ce n'est pas misogyne de dire que les femmes
18:42 attendent des enfants, ont des congés maternités
18:44 et veulent peut-être équilibrer leur vie familiale
18:48 et leur vie professionnelle.
18:49 Alors je ne sais pas si vous vous souvenez,
18:50 je crois que c'était, je regarde la date,
18:51 c'était le 20 juillet 2015, un sénateur LR de l'Indre
18:54 qui s'appelle Jean-François Maillet avait essayé de soulever le sujet
18:57 en évoquant le cas de ses propres filles.
18:59 Et il s'était fait, mais traité de sexiste,
19:02 notamment par la sénatrice UDI, Chantal Jouanno,
19:05 donc exite le sujet, on n'avait plus le droit de l'aborder.
19:08 Pourtant un sondage avait été fait dans le quotidien de Paris,
19:10 juste après on avait dit, mais est-ce que ça a changé la donne,
19:12 la féminisation du métier ?
19:13 Et les médecins avaient dit, ben oui.
19:15 Alors évidemment, ne pas aborder tous ces sujets pour anticiper,
19:19 c'est évidemment une bêtise.
19:20 Et puis l'autre point, c'est l'attrition dans les études de médecine.
19:23 Et là aussi, c'est évalué par le docteur Juvin à 20%,
19:27 c'est-à-dire que tous les étudiants en médecine n'iront pas au bout du métier
19:30 ou encore moins ne seront pas tous médecins de ville,
19:34 peut-être parce qu'ils chercheront ailleurs un métier plus lucratif.
19:37 Vous savez, ce fameux dessin de plantu qui a fait beaucoup de...
19:41 qui a fait beaucoup, coulé beaucoup d'angles,
19:43 si on comparait la consultation du plombier avec celle du médecin.
19:46 Alors après Libération avait dit, oui, non, mais ce n'est pas du tout comparable.
19:48 Enfin, le fait est que l'idée était là.
19:50 Par ailleurs, il y a les agressions, c'est-à-dire qu'ils sont agressés, les médecins.
19:53 En 2022, il y a eu 1244 médecins au moins qui ont été agressés,
19:58 soit 23% de plus qu'en 2021.
20:00 Donc évidemment, en particulier des femmes d'ailleurs, c'est une donnée,
20:05 c'est-à-dire qu'un métier à forte vocation comme celui-ci
20:09 peut être abandonné en cours de route par un certain nombre d'étudiants déroutés.
20:12 On ne veut pas non plus faire appel uniquement à des médecins étrangers.
20:16 Alors voilà, ça, c'est un peu la solution qui est donnée à chaque fois.
20:20 Alors, et ce n'en est pas une, ce n'en est pas une tout simplement,
20:23 parce que déjà, on vide les pays de leurs propres...
20:25 Des pays qui en auraient bien besoin de leurs propres médecins.
20:29 Et il n'est pas dit qu'un jour, dans 10 ans, dans 20 ans, on ne nous le reproche pas.
20:33 Ensuite, parce qu'il est quand même assez incohérent d'être ultra pointilleux,
20:37 sélectif, de façon drastique avec ses propres étudiants pour ses propres diplômes,
20:42 et d'aller prendre comme médecin des étudiants dont on a nullement vérifié
20:46 la valeur du diplôme, la validité du parcours et la progression.
20:50 Ça, c'est quand même assez incohérent.
20:52 Et puis, en fait, on ne va pas se mentir, c'est toujours le même calcul,
20:55 c'est-à-dire que pour un peu tous les corps de métier,
20:57 à chaque fois qu'on fait appel à la "main d'œuvre" étrangère,
21:02 c'est-à-dire qu'on veut tirer les salaires à la baisse.
21:05 C'est une façon de moins rémunérer les médecins.
21:08 C'est un calcul à courte vue.
21:10 Moi, un médecin hospitalier me donnait un exemple.
21:12 Il me disait, par exemple, quand vous avez été formé, accompagné dans votre diagnostic,
21:17 dans le système français, que vous avez appris à construire un diagnostic de façon assurée,
21:21 vous faites moins d'examens complémentaires coûteux, vous les ciblez.
21:25 Alors que quand vous êtes parachuté dans un système que vous connaissez mal,
21:28 que vous êtes moins assuré,
21:29 eh bien, vous multipliez les examens complémentaires comme autant de béquilles.
21:33 Donc, on voit bien que tout cela est de la courte vue.
21:36 Mais enfin, voilà. Donc, nous en sommes là.
21:38 Nous espérons que ce signal d'alarme sera entendu.
21:40 Mais en attendant, ne tombez pas malade, surtout pas pendant les vacances.
21:44 Voilà un conseil bien avisé.
21:45 Merci beaucoup, cher Gabriel Cluzel.
21:48 Vous restez bien avec nous sur CNews.
21:50 Dans un instant, nous reviendrons sur le conflit entre l'Ukraine et la Russie.
21:54 Avec vous, Régis Le Sommier, notamment avec la livraison des bombes à sous-munition
21:58 de la part des États-Unis.
22:00 Les 100 jours d'apaisement, Paul Melun.
22:03 Comment ? Est-ce que nous sommes vraiment apaisés au final ?
22:05 Sommes-nous apaisés ?
22:06 Autour de ce plateau, oui.
22:07 Toujours, toujours autour de ce plateau.
22:09 Quoique, non, pas toujours autour de ce plateau, justement.
22:11 Mais non, ça fait la beauté des débats.
22:12 Également, Gabriel Cluzel, nous reviendrons également sur ce colloque
22:16 qui a fêté le quatrième anniversaire de la loi anti-fessée.
22:20 C'est dans la deuxième partie de Face à l'Info.
22:22 A tout de suite.
22:23 De retour sur CNews dans ce soir à l'info.
22:30 Non, Face à l'Info, j'allais dire soir à l'info.
22:31 C'est un petit peu plus tard.
22:32 Tout à l'heure, toujours avec Paul Melun, avec Nathan Devers, Régis Le Sommier
22:35 et Gabriel Cluzel.
22:37 Régis, les États-Unis ont annoncé il y a à peu près une dizaine de jours
22:40 la livraison de bombes à sous-munition à l'Ukraine pour l'aider
22:43 dans sa contre-offensive contre la Russie.
22:46 Est-ce que c'est un aveu de faiblesse ?
22:49 Alors, cette annonce, elle a été faite en plusieurs temps.
22:51 Elle a d'abord été annoncée par Joe Biden avant le fameux sommet de l'OTAN.
22:57 Vous savez, la semaine dernière, l'OTAN s'est réunie.
23:00 Zelensky est arrivé à demander à ce que son pays rejoigne l'OTAN.
23:04 On lui a dit ce n'est pas possible parce que globalement,
23:06 on rentrerait en guerre tous contre la Russie.
23:09 Et ça, en particulier, les États-Unis ne le souhaitent pas.
23:12 Donc, il y a eu ce sommet, il y a eu cette grosse échéance
23:16 et qui a beaucoup fait couler d'encre sur la guerre en Ukraine.
23:19 Et puis, au milieu de tout ça, il y a une petite phrase
23:22 prononcée par Joe Biden juste avant le sommet, le 7 juillet.
23:26 Il vient de terminer une conférence de presse à Washington.
23:29 Il a parlé de services de santé, de problématiques
23:33 qui n'avaient rien à voir avec la guerre en Ukraine.
23:35 Et vous savez comment ça se passe.
23:37 La conférence de presse se termine, le président part.
23:40 Et puis, des journalistes l'apostrophent parce qu'il y a eu cette annonce.
23:43 Et une confrère lui demande pourquoi avez-vous décidé
23:49 d'envoyer des armes à sous munitions en Ukraine ?
23:52 Et Joe Biden répond parce que nous manquons de munitions.
23:55 Plus tard, sur CNN, il dira parce que l'Ukraine manque de munitions.
23:59 Mais clairement, alors il ne faut pas surinterpréter ce que dit Biden.
24:02 Toujours, il dit pas mal de bêtises parfois.
24:04 Mais en l'occurrence, cette petite phrase, elle pose question
24:07 et elle a posé question parce que précisément,
24:10 nous commençons à manquer de munitions.
24:12 Donc, on va donner aux Ukrainiens des armes à sous munitions.
24:15 Et ces armes à sous munitions, elles posent problème.
24:19 Évidemment, elles posent problème.
24:21 Pourquoi ?
24:21 Alors, tout simplement.
24:23 Alors pourquoi ? Parce qu'elles sont interdites.
24:25 Il y a 162 pays qui ont décidé en 2008 de les rendre interdites.
24:30 Alors, qu'est ce que c'est qu'une arme à sous munitions ?
24:32 Une arme à sous munitions, c'est un obus tout simplement normal
24:36 qui, quand il atteint son point d'impact,
24:40 va libérer sur le territoire autour tout un tas de petits cylindres,
24:45 de petits sphères métalliques ou des micro-obus.
24:48 Pour vous donner une idée, il y a deux types prioritairement en Occident.
24:51 Il y a l'obus de 227 mm qui, lui, peut répandre jusqu'à 642 sous munitions.
24:57 Ce n'est pas rien.
24:59 Et le 155 mm, celui qu'on va fournir à l'Ukraine, qui lui répand 72 munitions.
25:05 Donc, vous voyez, ça laisse des traces sur le champ de bataille.
25:08 Moi, j'ai eu l'occasion de les voir quand j'ai couvert le conflit au Karabakh ou en Syrie.
25:14 C'est quelque chose d'assez imperceptible à la base.
25:17 Et on remarque tout à coup, on regarde, il y a toujours de la ferraille.
25:21 Vous savez, quand il y a eu des bombardements.
25:22 Et puis, au milieu du bombardement, vous avez ces petites sphères.
25:25 Et qu'est ce qui se passe ?
25:26 Les enfants après qui viennent, après la bataille, viennent jouer avec.
25:29 Et bien, ça saute. Voilà.
25:30 Donc, c'est une véritable, si permettez-moi l'expression, saloperie,
25:35 parce que ça peut durer pendant des années.
25:37 Je prends l'exemple du Cambodge, que j'avais visité il y a quelques années,
25:40 où des gens, il y a des ONG qui s'occupent des mines antipersonnelles
25:44 et des bombes à sous-munitions qui ont été larguées par les Américains il y a 50 ans.
25:48 Et il y a encore des enfants qui meurent.
25:50 Il y a encore des paysans qui meurent à cause de ces sous-munitions.
25:53 Alors, ces sous-munitions, précision importante, j'ai parlé des 162 pays.
25:59 Ni la Russie, ni les États-Unis n'ont signé cette convention, bien sûr.
26:03 Donc, la décision américaine, elle est lourde de conséquences.
26:05 On se rappelle, par exemple, qu'il y a un an,
26:08 Jane Paskey, qui était la porte-parole de la Maison-Blanche,
26:10 avait déclaré que l'usage observé par les Russes de ce type de munitions
26:14 dans la guerre en Ukraine pouvait être considéré comme un crime de guerre.
26:17 Donc là, il y a eu un volte-face important des Américains.
26:21 Il est spectaculaire. Et pourquoi il est spectaculaire ?
26:23 Parce qu'il a un sens précis.
26:25 La contre-offensive que le camp occidental a pressé l'Ukraine de déclencher
26:29 n'a pour l'instant pas porté ses fruits sur le terrain.
26:32 Justement, elle en est où, cette contre-offensive ?
26:34 Alors, la contre-offensive, elle a commencé le 4 juin dernier.
26:38 Elle a permis, en un peu plus d'un mois, de reconquérir 250 km².
26:42 Vous me direz, pendant l'hiver, on a vu les Russes aussi grignoter
26:46 des kilomètres carrés, parfois même quelques centaines de mètres carrés,
26:52 et perdre des hommes, et dépenser un nombre de munitions incroyable
26:57 pour des très petits territoires.
26:58 Eh bien, c'est ce qui est en train de se passer.
27:00 On est loin des objectifs affichés par les Ukrainiens.
27:02 La première ligne des Russes n'est même pas encore franchie.
27:05 Alors, on sait qu'il y a eu, sur le champ de bataille,
27:08 un matériel considérable fourni par les Occidentaux,
27:11 dont les fameux chars allemands, les Opardeux, et les véhicules Bradley.
27:17 Donc, la guerre continue à être inégale.
27:19 Les Américains ont fourni 100...
27:21 C'est le New York Times qui le cite dans son papier d'hier, de samedi.
27:26 Il y a eu une centaine de véhicules Bradley dernier cri
27:29 qui ont été transports de troupes donnés aux Ukrainiens.
27:32 Vous savez combien sont aujourd'hui, hors d'état d'usage, un tiers.
27:39 Donc, vous imaginez un peu l'intensité des combats.
27:42 Les Léopard, on en a vu un certain nombre qui ont été détruits.
27:45 Les Russes, la différence, en fait, la guerre, elle continue à être inégale.
27:49 Les Russes, ils peuvent utiliser tout leur arsenal de destruction
27:52 pour frapper des objectifs depuis les territoires
27:54 qu'ils ont conquis en Ukraine, comme depuis la Russie.
27:57 Mais les Ukrainiens, eux, ils n'ont pas d'armes à longue portée,
28:00 ils n'ont pas la maîtrise du ciel.
28:02 Leurs alliés leur interdisent de frapper le sol de la Russie.
28:05 Dans ce contexte, la victoire et l'objectif de reconquête
28:08 semblent très difficiles à réaliser.
28:10 À quoi vont servir ces armes ? Quel est l'objectif ?
28:13 Précisément, on sait que les Russes, on va dire, chez les Russes,
28:19 parce qu'il faut préciser une chose,
28:22 c'est que ces armes à sous-munitions, elles existent évidemment du côté russe.
28:25 On dira même que si l'artillerie est la première nature de l'armée russe,
28:31 la seconde nature, c'est l'arme à sous-munitions.
28:33 À peu près tous les calibres utilisés, du Toshka, l'Iskander,
28:39 au Schmers, au Grad, peuvent contenir des sous-munitions
28:42 et les Russes n'ont pas signé le traité, donc ils ne s'en privent pas.
28:46 À quoi vont servir ? Elles vont rétablir,
28:48 elles vont tenter de rétablir l'équilibre de la puissance de feu.
28:51 C'est important parce que le constat actuellement est alarmant.
28:54 Par exemple, l'arme des mines utilisées par les Russes a été mal évaluée.
28:59 Les champs de mines russes font des ravages.
29:02 Hier ou avant-hier, le général Zalouzhny,
29:04 qui est le chef d'état-major de l'armée ukrainienne,
29:07 donnait une interview au Washington Post.
29:09 Il expliquait qu'aujourd'hui, à cause des drones,
29:13 on n'arrive plus, les Ukrainiens n'arrivent pas à avancer.
29:17 Donc, ils n'ont pas assez de véhicules anti-mines pour enlever ces mines.
29:22 Donc, qu'est-ce qu'ils sont obligés de faire ?
29:23 Ils sont obligés d'y aller à pied et d'enlever les mines quasiment à la main.
29:27 Donc, le travail est absolument fastidieux.
29:29 Et qu'est-ce que permettraient ces armes ?
29:31 Eh bien, dans les tranchées russes, de pouvoir répandre des sous-munitions
29:35 et de pouvoir tuer plus de soldats russes, tout simplement.
29:38 Voilà. Donc, en levant l'arme des tabous à sous-munitions,
29:41 par cette petite phrase, Joe Biden a révélé une certaine fébrilité
29:45 du camp ukrainien et de ses alliés au sujet de la situation sur le champ de bataille.
29:49 Dans le même temps, vous savez, l'espoir d'un affaiblissement russe
29:52 en raison de la rébellion Wagner, eh bien, il s'est amenuisé.
29:56 On peut dire que l'épopée de Prigojin n'a eu quasiment aucun impact.
30:01 Et plus grave, en fait, la cadence de production des obus,
30:04 particulièrement du calibre 155.
30:06 Et il faut expliquer à nos téléspectateurs que le calibre 155,
30:10 c'est celui qui utilise nos canons César.
30:12 Voilà. Eh bien, ça pose problème.
30:14 Les Ukrainiens souffrent de ce qu'on appelle une véritable fin d'obus
30:18 qui ne semble pas concerner les Russes, dont les usines fonctionnent à plein.
30:23 Donc, sur le terrain, avec l'effet cluster,
30:26 on peut dire qu'on est parti pour des zones polluées,
30:28 voire inhabitables pour un très long moment.
30:31 Et sans qu'à aucun moment, la fournissure de ces armes
30:35 ne permette de garantir aux Ukrainiens qu'ils vont renverser la tendance et gagner la guerre.
30:40 Alors, à conclusion, je l'emprunterai à Elon Musk.
30:42 On ne peut pas l'accuser d'ailleurs d'être pro-russe,
30:44 puisqu'il offre son satellite Starlink pour améliorer la communication des Ukrainiens.
30:50 Elon Musk conclura ma chronique en disant
30:55 "Envoyer des armes, ça va changer le décompte des morts".
30:57 Sous-entendu, les Ukrainiens vont tuer plus de Russes, mais non le sort de la guerre.
31:03 Merci beaucoup, cher Régis.
31:05 Un petit peu d'apaisement désormais.
31:07 Ou peut-être pas d'ailleurs.
31:08 Si, si, si, je vais essayer de faire le boulot.
31:11 On compte sur vous.
31:12 Parce que c'est la fin, on a dépassé les 100 jours d'apaisement promis par Emmanuel Macron.
31:18 On en est où dans cet apaisement en France ?
31:20 Écoutez, solliciter cet apaisement, ou en tout cas l'invoquer,
31:25 c'est quelque chose d'assez paradoxal parce que ce quinquennat du président de la République
31:29 et le précédent, ce sont tous les deux caractérisés
31:33 par des crises de légitimité populaire successive.
31:36 Rappelons-nous, faisons un peu la généalogie de ces crises.
31:39 Il y a eu les Gilets jaunes, période assez nébuleuse,
31:42 assez complexe à appréhender pour le gouvernement,
31:45 période dans laquelle a été mise à mal cette légitimité populaire démocratique.
31:50 Souvenons-nous qu'un des mots d'ordre des Gilets jaunes,
31:52 après passer la crise sur les carburants,
31:54 a été celui du référendum d'initiative citoyenne.
31:57 Là, aucune réponse, si ce n'est un grand débat,
32:00 une réflexion quant à des doléances qui sont restées
32:03 depuis Claque-Muray dans des sous-préfectures.
32:05 Première crise de légitimité.
32:07 Deuxième crise, plus récente, le Covid,
32:09 avec le débat sur le pass sanitaire,
32:12 avec une verticalité du pouvoir absolument incroyable,
32:15 un conseil sanitaire qui était une sorte de,
32:18 comment dirais-je, de cénacle un peu bunkérisé,
32:20 dans lequel la démocratie sanitaire a été absolument absente.
32:24 Puis, dernier événement en date de crise de légitimité que j'identifie,
32:27 les retraites, qui ont fait effectivement grand bruit,
32:31 avec des enquêtes d'opinion qui ont toutes montré
32:33 que le président de la République et son gouvernement
32:35 étaient minoritaires sur le sujet des retraites.
32:38 Et puis, tout cela se solde par un passage en force,
32:41 à coup de 49-3, qui effectivement provoque cette période de casserolade
32:46 dans laquelle les ministres étaient interrompus
32:48 et où finalement, de façon bruyante,
32:50 un certain nombre de nos compatriotes
32:52 entraient dans le débat public,
32:53 faute d'avoir été entendus dans les urnes
32:56 ou dans leur mobilisation pacifiste syndicale.
32:59 Par conséquent, cette affaire des 100 jours, si je puis dire,
33:03 arrive après des centaines et des centaines de jours
33:05 où l'apaisement n'a pas été convoqué
33:08 et où la formule des 100 jours empruntée à Bonaparte,
33:12 qui effectivement tente,
33:13 et ça ne lui a pas porté chance d'ailleurs
33:14 puisque ça s'est soldé par la campagne de Belgique,
33:17 qui a été un désastre,
33:18 eh bien, le président de la République a tenté de faire cela,
33:21 comme pour l'empereur Napoléon,
33:23 cela se solde par un échec.
33:25 Parce qu'aujourd'hui, force est de constater que,
33:27 quelques jours après les émeutes,
33:29 on ne peut pas particulièrement considérer
33:31 que le pays ait été apaisé.
33:33 Par conséquent, quand on regarde la pensée en 100 jours,
33:37 on peut se dire légitimement que le général De Gaulle
33:40 pensait la France en siècles,
33:41 et là, nous avons un président de la République
33:44 qui pense la France en 100 jours.
33:46 On voit bien où cela nous conduit.
33:48 Aujourd'hui, cela se termine par des séquences
33:50 qui sont extrêmement complexes à appréhender.
33:52 Je ne fais pas partie de ceux qui,
33:54 comme beaucoup de communicants qui entourent le président,
33:56 raisonnent en séquences, voyez-vous,
33:58 qu'on évacue à coups de 100 jours.
33:59 Je pense que la France mérite mieux.
34:01 Elle mérite du plus long terme.
34:03 Les Français ont-ils toujours confiance au gouvernement,
34:06 aux hommes et femmes politiques ?
34:07 C'est ça la vraie question qu'il faut se poser.
34:10 Effectivement, il y a une enquête qui est assez édifiante là-dessus,
34:12 et j'invite nos téléspectateurs à se la procurer.
34:15 C'est l'enquête du Cevipof,
34:16 qui est faite en partenariat avec l'école Sciences Po,
34:18 et qui nous donne un certain nombre d'indicateurs
34:21 que le président de la République ferait bien de regarder à deux fois,
34:23 parce qu'ils sont très importants sur l'état de confiance du pays.
34:26 On y apprend que 72% des Français n'ont pas confiance dans le gouvernement,
34:30 ce qui est un niveau absolument énorme.
34:32 Vous imaginez quasiment les trois quarts des Français
34:34 qui n'ont pas confiance dans le gouvernement.
34:37 Près de 70% des Français qui n'ont pas confiance dans l'Assemblée nationale,
34:40 ce qui est là aussi très grave,
34:42 puisque l'Assemblée nationale, à la différence du gouvernement,
34:44 qui est le fruit de nomination,
34:46 l'Assemblée nationale, c'est tout de même l'émanation du vote du peuple.
34:49 Donc quand une nation politique, démocratique,
34:52 n'a pas confiance dans ses propres représentants,
34:55 ça montre là une profonde crise de la démocratie représentative.
34:58 J'en terminerai, vous savez que je suis souverainiste,
35:00 63% des Français n'ont pas confiance dans l'Union européenne.
35:04 Il faut dire que le référendum de 2005 avait été bafoué.
35:07 Et autre chiffre que nous enseigne le Cevipof,
35:10 64% des Français considèrent que notre démocratie ne marche pas bien.
35:15 Donc quand on en arrive à des niveaux pareils, si vous voulez,
35:18 il faut essayer de trouver les solutions.
35:20 Seuls rescapés, disons, de ces sondages au plan politique, ce sont les maires.
35:24 53% des Français ont confiance dans leurs conseils municipaux,
35:28 ce qui montre là qu'une architecture politique du pays,
35:32 basée sur une vision girondine,
35:34 où la décision est au plus proche des concitoyens avec des élus locaux dévoués,
35:38 peut peut-être conjurer cette crise de légitimité
35:41 qui conduit à cette absence d'apaisement.
35:43 Justement, comment retrouver la légitimité populaire ?
35:46 Comment renouer le lien, tout simplement ?
35:48 Écoutez, je vais essayer ce soir à votre micro de m'improviser,
35:51 visiteur du soir du président de la République, peut-être nous écoute-t-il,
35:54 pour lui donner un certain nombre de recommandations.
35:57 Alors, a priori, je me suis laissé entendre qu'il songeait à un remaniement.
36:01 Effectivement, le remaniement est une des premières solutions,
36:03 solution largement utilisée par le président de la République,
36:07 comme d'ailleurs tous ses prédécesseurs.
36:09 Le remaniement, effectivement, ça peut permettre de faire croire que tout va changer,
36:14 alors que dans les faits, effectivement, pas grand-chose ne change.
36:17 C'est quelque chose qui est moult fois utilisé.
36:19 Ce week-end, Jean-Louis Debré, gaulliste historique,
36:22 donnait un entretien assez long et assez passionnant aux Parisiens.
36:26 Et je reprends ses mots, il expliquait que les Français n'ont rien à faire des ministres.
36:30 Ils n'en connaissent pas beaucoup, finalement, de ministres du président de la République.
36:34 Ils en connaissent peut-être trois ou quatre.
36:36 Ils ne connaissent même pas le nombre.
36:38 Absolument, ils ne connaissent même pas le nombre de ministres.
36:40 Il faut dire qu'il y en a beaucoup, peut-être même un peu trop.
36:42 Et effectivement, le choix des ministres est pourtant quelque chose d'absolument crucial,
36:47 d'absolument fondamental.
36:48 Or, là, effectivement, nous sommes dans un temps politique
36:52 dans lequel l'action d'un ministre, sa légitimité,
36:55 sa puissance n'est plus aussi importante qu'avant.
36:57 Et donc, effectivement, d'où aussi une forme de crise de légitimité de l'action du ministre
37:01 qui n'a pas forcément toute sa place.
37:03 Donc, effectivement, un remaniement ministériel n'aurait guère d'effet sur l'opinion publique
37:09 et ne serait pas de nature à réconcilier les Français avec la légitimité politique.
37:13 Deuxième option qui est sur la table du président de la République, c'est la dissolution.
37:16 Alors là, on peut se dire, effectivement, qu'une dissolution,
37:19 ça aura plus de poids pour le président.
37:21 Dissolution, ça veut dire que les Français reviennent aux urnes
37:24 pour se reprononcer et, effectivement, que l'émanation des députés majoritaires
37:29 formerait un nouveau gouvernement potentiellement.
37:31 Solution assez risquée, s'il en est, puisque les dernières enquêtes d'opinion,
37:36 alors c'était l'IFOP en mars, montraient que le Rassemblement national
37:39 arrivait premier à 26-27%, la NUPES, pas loin derrière,
37:42 égalait ce qu'elle avait fait aux dernières élections,
37:44 mais la majorité s'effondra à 22%.
37:46 Par conséquent, si ce choix-là s'opérait, le président sait qu'il prendrait un risque.
37:50 J'en profite pour ajouter que la crise de confiance,
37:53 comme je le disais tout à l'heure, envers l'Assemblée nationale est telle
37:56 qu'effectivement, ça montre qu'il y a bien un problème de démocratie représentative.
38:00 Donc, je ne préconiserai pas non plus la dissolution.
38:03 Reste dans la main du président de la République une dernière option,
38:06 et vous me voyez venir, pour consulter le peuple le plus directement possible,
38:09 avec fluidité, le référendum.
38:12 Et effectivement, je crois que nous avons besoin de créer,
38:15 d'utiliser des instances de démocratie directe.
38:17 Je pense que c'est une demande des Français.
38:19 Il n'y a eu que neuf référendums depuis le référendum
38:22 de la Constitution de 1958.
38:23 Ce n'est pas énorme pour une grande démocratie.
38:25 L'article 11 de la Constitution explique que tout projet de loi
38:29 portant sur l'organisation des pouvoirs publics,
38:31 de la politique économique ou sociale de la nation,
38:33 peut donner lieu à un référendum.
38:35 Je pense que les sujets ne manquent pas,
38:37 et que nous devons renouer avec une pratique gaullienne du référendum,
38:41 c'est-à-dire triompher des résistances avec le Parlement,
38:43 mettre en place un lien direct entre le président et le peuple de France,
38:47 et engager la responsabilité personnelle du président,
38:50 comme avait eu le courage de le faire De Gaulle en 1969.
38:54 Je conclurai sur le fait que c'est une demande des Français.
38:56 73% des Français sont pour le référendum d'initiative citoyenne selon l'IFOP,
39:01 et 70% des Français, c'est un sondage CNews,
39:04 sont favorables à un référendum sur la question de l'immigration.
39:07 Donc si le président de la République veut renouer avec le peuple,
39:10 il ne faut pas le craindre.
39:12 Et je vais en terminer avec une citation de Machiavel,
39:16 qui est formidable, que j'aime beaucoup.
39:18 Alors, attendez que je la retrouve.
39:22 Oui voilà, sur les ministres.
39:23 "Choisir ses ministres est un acte de fort grande conséquence pour un prince.
39:27 Selon sa prudence, ils seront bons ou ils ne seront pas.
39:30 Le premier jugement qu'on fait d'un prince et de son esprit
39:32 est fondé sur les gens qui l'approchent.
39:34 Emmanuel Macron, s'il fait un remaniement, devra songer à ses mots de Machiavel."
39:38 - Et il était en tout cas sûrement devant sa télévision avec un bloc-notes ce soir.
39:41 - Je le souhaitais bien, je le souhaite d'ailleurs.
39:44 - Avoir un petit peu... Prendre les idées chez nous.
39:46 Gabrielle Cluzel, il y a quelques jours, le 12 juillet,
39:50 un colloque a été organisé à Paris pour marquer le 4e anniversaire de la loi anti-fessé,
39:55 qui a été votée en 2019.
39:56 Et à l'origine de ce colloque, il y a l'association Stop Violence Éducative Ordinaire.
40:01 - Oui, alors cette fois, c'est le Figaro qui s'en est fait l'écho.
40:04 Alors sur scène, parmi les intervenants, il y a des personnalités comme la sénatrice PES,
40:09 Laurence Rossignol ou la très ancienne députée UMP, Edwige Antiet.
40:14 Il n'y avait rien de triomphant dans ce colloque.
40:16 C'était même une ambiance un peu inquiète et dépitée parce qu'en filigrane,
40:22 il se disait qu'il y avait une contre-offensive de l'autorité, autoritaire actuellement.
40:28 Alors notamment, ont été longuement commentés les propos du préfet Moutou, vous savez,
40:34 qui a dit "la méthode, c'est quoi ? C'est de claquer au lit, c'est ce que faisaient nos grands-parents".
40:38 À propos des émeutiers.
40:40 La vidéo aussi, vous savez, où on voit ce que l'on pense être un père de famille
40:44 qui vient chercher un émeutier, qui a un jeune émeutier et qui le met dans son coffre aussi,
40:48 a été assez longuement critiquée.
40:50 De façon générale, toutes les propositions de responsabilisation des parents,
40:55 de suppression des allocations, là aussi, n'a pas trouvé un écho favorable au cours de ce colloque.
41:02 - Et alors ? Que fait-on ?
41:04 - C'est bien le problème. On fait quoi ?
41:06 Parce que c'est vrai qu'au-delà de la loi anti-fessé, ce qui dérange dans ce colloque,
41:10 c'est que c'est un peu, semble-t-il, le procès de toute forme d'autorité.
41:14 Alors vous avez remarqué qu'entre les Black Blocs, les antifas, les émeutiers, les délinquants de plus en plus jeunes,
41:20 peut-être que les enfants n'ont plus de fessé, réjouissons-nous-en.
41:24 En revanche, les parents, les profs, les policiers reçoivent beaucoup de fessé.
41:29 C'est quelque chose d'assez frappant. Et ils sont parfaitement désarmés et démunis.
41:36 Alors, il y a deux psychologues, je crois que c'est intéressant d'en parler au cours de cette chronique,
41:42 deux psychologues qui font grand bruit, qui dérangent actuellement.
41:46 C'est Carolyd Goldman, auteur de "File dans ta chambre", c'est du "No".
41:50 Et Didier Pleu, auteur de "L'éducation bienveillante, ça suffit" chez Odile Jacob,
41:55 qui disent voir défiler dans leur cabinet des parents littéralement épuisés
42:00 et qui constatent que les enfants tirants sont en fait des colosses aux pieds d'argile
42:05 et qu'ils sont en réalité extrêmement vulnérables.
42:08 Alors bien sûr, il ne s'agit pas de, et ils le disent longuement,
42:11 de jeter le bébé avec l'eau du bain. L'empathie, le dialogue, la gentillesse,
42:15 les marques d'affection, la compréhension, le calme, etc.
42:18 Tout cela, c'est parfait pour construire l'éducation.
42:21 Contre l'éducation positive, bienveillante, il ne s'agit pas de prôner le dressage négatif, malveillant.
42:27 Mais en fait, il montre que l'autorité, qui est une dissymétrie normale,
42:32 l'autorité des parents, l'autorité de l'école, c'est bienveillant.
42:36 Que les limites, c'est bienveillant. Que le bon sentiment de culpabilité,
42:41 il explique très bien ça, le psychologue Didier Pleu.
42:43 Il ne dit pas le sentiment qui fait que vous dites que je suis nulle.
42:46 C'est le sentiment qui vous fait avoir un retour sur vous-même,
42:50 qui vous fait vous demander si ce que vous avez fait est bien ou pas bien,
42:54 qui vous fait revenir sur une part de responsabilité qui vous est propre.
42:57 Cela, c'est bienveillant.
42:59 En quelques mots, Gabrielle Puzel, l'émission va se terminer, on entend la petite musique.
43:03 Ce n'est pas seulement des parents dont il s'agit, mais de toute une société.
43:06 Mais évidemment, parce que tout ce refus de l'autorité existe dans les familles,
43:12 mais également dans l'éducation, dans la justice.
43:16 Et c'est vrai que tout cela, après ce climat d'insurrection juvénile
43:23 que l'on nous vient de nous décrire ces dernières semaines,
43:26 devrait nous faire réfléchir. L'autorité, ce n'est pas un gros mot.
43:30 Merci, chère Gabrielle Puzel. Merci, Régis Le Sommier, Nathan Devers, Paul Melun.
43:35 Merci à tous les quatre. Dans un instant, Julien Dray et Alexandre Devecchio,
43:39 avec Gautier Lebret. Dans ce dispute, on se retrouve un peu plus tard pour ce soir.
43:44 ...