• l’année dernière
Avec Jean-François Loiseau, président inter céréales filières céréale France.

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##LE_DOSSIER_DE_L_ETE-2023-08-01##

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Transcription
00:00 Et nous allons tout de suite proposer notre dossier de l'été avec les moissons françaises de l'année 2023.
00:07 Oui, elles ont commencé évidemment il y a quelques semaines, mais elles ne sont pas terminées partout.
00:10 Et cette sacrée mauvaise météo du côté du nord de la France n'arrange pas les moissons.
00:15 On va en parler de ces moissons avec un spécialiste, Jean-François Loiseau, président intercéréale de la filière Céréales France.
00:21 Bonjour Monsieur Loiseau.
00:22 - Bonjour.
00:23 - Alors Jean-François, vous êtes vous-même agriculteur céréalier ?
00:27 - Oui, je suis agriculteur, je cultive des céréales dans la région centre, à côté de Blois.
00:31 - A côté de Blois ? Qu'est-ce que vous...
00:34 - Cultivez.
00:35 - Vous cultivez, vous agricultez. Mais Laurent s'est fatigué ce matin, qu'est-ce qu'il m'arrive ?
00:39 Que cultivez-vous essentiellement ?
00:41 - Du blé tendre, j'allais dire évidemment parce que c'est la culture majeure.
00:45 Blé tendre c'est fait pour faire le pain bien sûr, en priorité.
00:48 Du blé dur, c'est du blé qui est fait, utilisé pour faire des pâtes, semoule pâte.
00:55 De l'orge, l'orge de brasserie comme on dit souvent,
00:59 et l'orge de brasserie c'est fait pour faire la préparation de la bière et du whisky,
01:04 vous en avez parlé tout à l'heure.
01:05 Donc pour faire du whisky il faut de l'orge, l'orge de brasserie.
01:08 Et puis du maïs, du colza, des betteraves, des petits pois,
01:15 des légumineuses, des pois protéagineux.
01:18 Voilà, donc ça fait en fait une diversification assez importante.
01:22 - C'est important d'ailleurs la diversification ?
01:24 Vous avez toujours été diversifié ou vous avez dû le faire pour des histoires économiques également ?
01:29 - Alors c'est souvent ce qui a été reproché aux agriculteurs, aux producteurs de céréales,
01:33 c'est de ne faire que des céréales d'une année sur l'autre,
01:36 et donc d'appauvrir les terres ou d'homogénéiser un peu les cultures.
01:40 Non, non, il y a toujours eu des cultures qui en ont précédé d'autres pour des raisons assez simples.
01:46 En fait pour avoir un bon blé, il faut avoir l'année d'avant
01:50 une culture qui soit plutôt pas du blé, alors du colza, des pommes de terre, des betteraves, des petits pois...
01:56 - Et donc vous faites tourner vos parcelles ?
01:57 - Donc d'une parcelle à l'autre, d'une année sur l'autre, il y a en fait une rotation,
02:01 ça s'appelle une rotation, et ça permet finalement aux mauvaises herbes, aux maladies,
02:07 de ne pas s'habituer à la même parcelle ou à la même culture d'une année sur l'autre.
02:11 - Et vous avez choisi la céréale et pas l'animal, pourquoi ?
02:14 - Parce que c'est une ferme, je dirais, un peu familiale, historique,
02:19 et d'une manière générale, il y avait dans la région de l'élevage,
02:22 il y a à peu près 50 ans, dans les années 60,
02:26 et puis petit à petit, l'élevage, comme c'était pas forcément de grands élevages,
02:30 l'élevage a disparu en faveur des céréales,
02:35 parce que c'était plus facile de faire des céréales, il faut le dire, l'élevage c'est difficile,
02:40 c'est très compliqué, il y a beaucoup de contraintes de temps et d'horaire,
02:45 et donc ce sont plutôt des céréales avec de la spécialisation, comme je le disais tout à l'heure,
02:49 du blé dur ou autre.
02:51 - Alors on va parler des moissons, ce que j'avais très envie,
02:53 moi j'ai toujours cette image, l'été, depuis que je suis enfant,
02:56 de voir, selon les régions de France, ces moissonneuses
02:58 travailler dans les champs de blé ou même traverser la route,
03:01 et pour moi c'est vraiment le symbole de l'été, c'est vraiment le symbole des vacances,
03:05 même si maintenant je n'ai plus deux mois de vacances comme quand j'étais enfant !
03:08 - Plus !
03:10 - Non, non, j'en ai beaucoup moins et ça me va bien parce que je fais des matiépations !
03:14 Concrètement aujourd'hui, on est le 1er août,
03:17 d'ailleurs bon 1er août et bon mois d'août à tout le monde,
03:20 les moissons sont-elles tout aussi importantes que quand j'étais enfant,
03:24 c'est-à-dire il y a à peu près 30 ans, un peu plus,
03:26 ou est-ce que ça a changé, on en est où ?
03:28 - Non mais la moisson c'est toujours un moment extrêmement important,
03:32 puisqu'en fait c'est le moment de la récolte,
03:36 c'est-à-dire que l'agriculteur il investit en sement,
03:40 par exemple du blé au mois d'octobre de l'année précédente,
03:44 et quand arrive la moisson c'est le fruit en fait qui la récolte.
03:46 - Une année de travail pratiquement.
03:48 - Donc que ce soit dans les années 30, les années 70 ou les années 2020 comme en ce moment,
03:54 la moisson c'est le fruit de la récolte donc c'est extrêmement important.
03:57 C'est pour ça que la météo est importante au moment de la moisson,
04:00 il ne faut pas de pluie pour faire simple,
04:03 de façon à avoir un beau grain sec.
04:05 Alors jusqu'à maintenant il n'y avait pas d'eau,
04:07 parce que les moissons ils ont commencé assez tôt,
04:11 le 15-20 juin il y avait déjà des moissons d'orge puis de blé dans certaines régions,
04:16 mais à ce jour 1er août il y a encore des moissons dans le nord de la France,
04:20 c'est loin d'être terminé, et c'est normal,
04:23 ce sont des régions plus tardives qui habituellement récoltent plutôt fin juillet,
04:30 donc il n'y a pas de problème, ce n'est pas gravissime.
04:33 Il ne faut pas qu'il y ait trop d'eau pour qu'il n'y ait pas de nuisance sur la qualité des grains.
04:37 - Mais là pour le coup toute la partie nord de la France,
04:40 que ce soit même au sud de l'île de France, la Normandie, les Hauts-de-France,
04:44 la Champagne, tout ça, c'est très humide depuis 10 jours, donc ça a complètement ralenti.
04:50 - Il y aura des parcelles qui pourraient être un peu abîmées à cause de l'excès de pluie,
04:56 et puis d'autres pas du tout, il ne faut surtout pas dramatiser.
04:59 De toute façon d'une manière générale,
05:01 les parcelles sont soit stockées par les agriculteurs dans leurs silos,
05:06 soit emmenées dans des silos d'une coopérative ou d'un organisme stockeur,
05:11 et les lots, comme on dit, sont analysés.
05:14 Donc il ne faut surtout pas, enfin je ne le dis pas, il n'y a pas de risque aujourd'hui.
05:19 Il y aura de très bons blés récoltés même la semaine prochaine.
05:23 De toute façon jusqu'à maintenant la récolte est vraiment qualitative.
05:26 - C'est-à-dire mieux que les années précédentes,
05:28 un peu comme les millésimes de vin il y a des années plus fortes ?
05:30 - Mais c'est une très bonne comparaison.
05:33 Dans le vin il n'y a jamais de mauvaise année, il y a des années différentes.
05:35 - Oui j'adore ! Je suis d'accord.
05:38 - En moisson c'est pareil, parce que suivant les régions il peut y avoir des qualités différentes.
05:42 Donc ce qui fait un peu la richesse de la France,
05:44 c'est qu'il y a pas mal de micro-territoires.
05:47 Alors c'est vrai que le grand territoire céréalier il est plutôt,
05:51 c'est quoi, c'est 150 à 200 km autour de Paris.
05:54 La Normandie, la Beauce, la Champagne,
05:57 un peu sur la Bourgogne légèrement, et puis évidemment le nord de la France.
06:00 - Combien de tonnes à peu près par an ?
06:02 - Alors ça dépend du blé. - Le blé tendre.
06:03 - Le blé tendre, celui qui permet de faire des pains, de la pâte à tarte, des crêpes.
06:09 Il n'y a pas que le sarrasin. - On vous adore !
06:10 Vous savez que j'aime les agriculteurs, mais passionnément.
06:12 - Non mais ça c'est bien, il faut le dire à ceux qui ne nous aiment pas.
06:15 - Non mais ceux qui ne vous aiment pas c'est qu'ils ne connaissent pas,
06:17 et que s'ils ne veulent manger que des pilules, ça sera leur problème.
06:20 Mais vous nourrissez la population partout dans le monde,
06:22 pas que les agriculteurs français, mais particulièrement les agriculteurs français.
06:25 Que j'aime profondément, et que je vous appelle à nous rejoindre au 0800 26 300 300
06:29 pour nous parler de votre réalité, là on est plutôt sur le côté céréalier.
06:33 - Alors le blé tendre, cette année ça va être autour de 34 millions, 35 millions de tonnes.
06:38 Une année normale c'est ça, c'est 35.
06:41 - Tout pour la France ou vous exportez ?
06:43 - Ça c'est la production, ce que les agriculteurs produisent.
06:48 Vous avez à peu près 5 millions d'hectares qui sont semés en blé au mois d'octobre,
06:55 et vous avez, parce que le rendement il va être autour de 7 tonnes, 7 tonnes et demi,
07:00 7 tonnes virgule 2 à l'hectare suivant les années,
07:02 vous avez entre 33-34 et quelques fois 40 millions de tonnes produits tous les ans.
07:07 Cette année ça va être autour de 35-36 millions de tonnes.
07:10 - D'accord. Et qu'est-ce qu'on en fait avant d'accueillir Paul qui a fait le 0800 26 300 300 ?
07:15 Faites comme Paul, il est lui aussi agriculteur, venez nous raconter votre réalité,
07:18 venez nous raconter vos moissons, comment ça se passe puisqu'on parle de moissons dans notre rendez-vous.
07:23 - Alors, la moitié du blé produit en France est utilisé par des clients français.
07:30 - D'accord.
07:31 - Les meniers pour la boulangerie, la fabrication d'aliments pour les animaux, les volailles, les bovins, les porcs,
07:45 un secteur que l'on connaît moins qui s'appelle la midonnerie,
07:49 c'est-à-dire qu'en fait avec du blé vous pouvez fabriquer des cartons, des plastiques, des sacs, de la pâte dentifrice...
07:58 - On prend ça où ? C'est le fruit ou c'est la tige ?
08:00 - Dans le grain de blé, non c'est dans le grain, c'est dans le fruit.
08:03 Dans le grain vous avez ce qui s'appelle de la protéine,
08:06 c'est ce qui sert à faire un petit peu la qualité du pain, sa force boulangère.
08:10 Pour avoir du bon pain, il faut de la protéine.
08:12 Et puis vous avez à côté de la protéine, la protéine c'est 10, 12, 15, 13% suivant les années.
08:18 Et à côté vous avez ce qui s'appelle l'amidon, c'est une farine qui ne contient pas de protéine.
08:25 Et avec ce constituant qui s'appelle l'amidon, vous pouvez fabriquer des produits plastiques,
08:31 et vous pouvez même fabriquer, puisque ça existe depuis pas mal d'années maintenant,
08:35 des carburants, vous savez on a beaucoup parlé du bioéthanol, des biocarburants.
08:38 Les biocarburants sont fabriqués à partir de cette partie qui s'appelle l'amidon.
08:42 - D'accord, ok.
08:44 L'éthanol c'est aussi la betterave.
08:45 - C'est la betterave, c'est le blé, c'est le maïs, etc.
08:48 - On s'amuse nos amis des Hauts-de-France pour la betterave.
08:51 C'est une activité intéressante parce qu'en fait elle génère pas mal d'emplois,
08:55 et ce sont des usines qui sont en France.
08:58 La valeur elle est pas à 30 km², elle est chez nous.
09:01 - On accueille Paul.
09:02 On revient sur les moissons, et vous êtes passionnant M. Loiseau, j'ai envie de vous le dire,
09:05 comme ça, comme je le pense.
09:06 - Ce n'est que le début.
09:07 - Vous êtes passionnant.
09:08 Bon ben alors on va prévenir toute l'équipe de Sud Radio qu'on est ensemble jusqu'à minuit.
09:12 On peut faire sauter toutes les autres émissions.
09:14 Moi je rêve de faire une émission pour les agriculteurs.
09:17 Avis à mes boss, je pose ça là.
09:21 - On accueille Paul, qui est agriculteur dans le Lot et le Lot et les Garonnes.
09:26 Bonjour Paul.
09:27 - Bonjour.
09:28 Nous on a déjà moissonné notre blé.
09:30 Alors moi c'est pas mon activité principale, les céréales, parce que nous on est ultra-diversifiés.
09:34 On fait des fraises, des poivrons, des tomates, des canard gras, et après on a une activité céréale.
09:40 - Ok.
09:41 Et les moissons, vous avez combien ? Enfin pour le blé, vous avez combien d'hectares ?
09:44 - 5 hectares.
09:45 On est tout petits nous.
09:46 On est tout petits.
09:47 - Oui mais vous savez que le colibri fait toujours son oeuvre.
09:50 Qu'on soit petit ou grand.
09:51 - Tout à fait.
09:52 Et nous on travaille à un circuit ultra-court parce qu'on fait des fêtes.
09:56 Pour nous c'est destiné à l'alimentation animale.
10:00 On a quelqu'un qui fait des oeufs tout à côté de chez nous.
10:03 Donc ils nous achètent le maïs et le blé.
10:08 - Et vous êtes où dans le Lot et les Garonnes ?
10:10 - Blanc-Ravimet.
10:11 Alors c'est un tout petit village entre Thonès et Casteljalou.
10:16 - Et du coup, tout s'est bien passé pour vous cette année ?
10:20 Vous avez eu une bonne récolte ?
10:21 C'est une année différente ?
10:22 - Oui mais on n'a pas exposé les rendements.
10:25 On a fait 64 quintos, 6 tonnes 4 à l'hectare.
10:28 Mais bon c'est correct au vu de...
10:30 Parce que bon les conditions climatiques étaient compliquées.
10:33 On a eu du sec, on a eu de la pluie.
10:35 Comme tous les ans de toute façon.
10:37 Les plantes s'adaptent plus ou moins bien.
10:40 Et on a réussi quand même à sortir un produit de qualité.
10:44 On a récolté la paille aussi qui valait pour un élevage de canards.
10:48 - Oui la paille c'est important aussi.
10:50 Vous en vivez correctement Paul ?
10:52 De votre métier ou c'est compliqué ?
10:54 - On vit correctement notre métier.
10:56 On travaille de plus en plus.
10:57 En supportant des contraintes quand même qui sont très très difficiles à mettre en oeuvre souvent.
11:04 Là pour les céréales, il faut savoir qu'on est de plus en plus contrôlés.
11:07 Il faut semer au moins 3 céréales sur l'exploitation.
11:11 Il faut laisser du gel.
11:14 Donc là c'est pareil.
11:15 C'est tout à fait antagoniste avec ce qui se passe.
11:17 On a une augmentation de la population mondiale.
11:19 Et nous on nous demande de baisser nos productions.
11:21 Et ce que nous produisons on l'importe.
11:23 Donc il y a des choses compliquées.
11:25 - Je vais demander d'ailleurs tout de suite à Jean-François Loiseau
11:28 qui est président de la filière intercéréale française
11:31 de bien me faire comprendre ce que nous dit Paul
11:36 sur cette antinomie entre plus de gens à nourrir et...
11:39 - Non mais monsieur Paul il a dit des choses extrêmement intéressantes.
11:44 Suivant les régions, les rendements ne sont pas tous au même niveau.
11:48 Et c'est vrai que les régions du sud de la France
11:52 ont quelquefois de très belles années,
11:54 quelques fois des années plus difficiles à cause de la météo.
11:56 Ça a toujours été et ça ne changera pas.
12:00 Et c'est plus difficile de faire de bons rendements dans les régions sud.
12:04 - Pourquoi ? Trop sec ?
12:05 - Parce que c'est trop sec, parce que le temps de végétation est plus court.
12:09 Et donc plus le temps de végétation est court,
12:13 moins il y a de possibilités de sortir beaucoup de tonnes, de kilos ou de tonnes à l'hectare.
12:18 Et donc il a raison de diversifier.
12:21 Quelquefois c'est compliqué de diversifier,
12:23 mais c'est plutôt bien en général
12:25 parce que ça permet d'augmenter un peu le résultat ou le revenu d'une manière générale.
12:30 Et ce qu'il disait c'est qu'il faut diversifier en semant plusieurs céréales ou plusieurs cultures.
12:36 C'est ce que je vous ai expliqué pour ma ferme.
12:38 Mais que, c'est dingue parce qu'on ne s'en souvient pas,
12:41 nous étions tous très jeunes, mais en 1992,
12:45 ça date pas, c'est pas hier,
12:47 l'Union Européenne a imposé aux agriculteurs
12:49 de ne pas semer une partie de leur exploitation agricole.
12:53 C'était de 15 à 20%.
12:55 Enfin, on est dans un monde de dingos, si je peux me permettre.
12:58 Et aujourd'hui, et ce monsieur a complètement raison,
13:01 au moment où il y a des tensions alimentaires dans le monde,
13:03 la guerre en Ukraine, et je pense qu'on en parlera,
13:06 on demande encore à des producteurs européens et français
13:10 de consacrer une partie de leur exploitation agricole à la non-culture.
13:15 Alors, il y a un peu de compensation financière, mais je dirais que c'est pas...
13:19 - Mais pourquoi ? C'est une histoire d'écologie ? C'est une histoire d'environnement ?
13:23 - Si vous voulez, au début, c'était vraiment un sujet lié à ce qui s'appelait de la surproduction.
13:28 Il y avait trop de lait, trop de blé, trop de beurre...
13:30 - C'est ce qui était vrai ou pas ?
13:32 - Alors, ça a été un peu vrai, mais en fait, c'était vrai,
13:35 mais en même temps, il n'y avait pas d'ambition stratégique de la part de l'Union Européenne.
13:39 Parce que moi, je pense que l'Union Européenne, et franchement, sur le sujet Ukraine,
13:43 on devrait vraiment en parler, nous devrions avoir une ambition beaucoup plus forte,
13:47 qui est celle d'avoir une production saine, économique, écologique,
13:52 mais qui soit destinée à des clients en France, quelle que soit la taille de ces clients,
13:56 des petits, des grands, mais aussi, vous l'avez dit, à l'international.
13:59 À trois heures d'avion de Paris, il y a des gens qui n'ont pas de terre et qui ont besoin de se nourrir.
14:03 Quand je vois les conflits qu'il y a en Afrique en ce moment, le rôle de la France, il est majeur.
14:07 Donc, effectivement, il y a eu de la surproduction,
14:10 il y a eu après cette période un peu hyper environnementale, où il fallait moins produire,
14:15 et juste pour rappel, à la veille de la guerre en Ukraine, il y a un an et demi,
14:21 l'Union Européenne avait une feuille de route, la Commission,
14:23 qui consistait à proposer une moindre production générale en Europe.
14:31 C'est-à-dire qu'en fait, la Commission disait aux dirigeants de tous les pays d'Europe,
14:36 "Mettez en place des feuilles de route pour moins produire, parce que l'Europe n'a pas besoin de produire."
14:40 Mais c'est une foutaine !
14:41 - On marche sur la tête, quoi !
14:42 - On marche complètement sur la tête !
14:43 On parle de souveraineté alimentaire, de souveraineté industrielle, de souveraineté médicale...
14:48 Il faut que la France et l'Europe développent des vrais schémas stratégiques
14:53 de développement de la culture et de l'agroalimentaire.
14:55 - Mais quel poids vous avez, vous ? Parce que vous êtes quand même la filière inter-céréale,
14:59 avec toutes les associations...
15:01 Et merci à Paul d'être intervenu sur l'antenne de Sud Radio.
15:04 Paul qui est agriculteur, je vous rappelle, dans le Lot-et-Garonne.
15:07 Vous n'avez pas de poids, vous ?
15:09 - Mais le poids, il est relatif.
15:11 Le poids de l'agriculture, il était important dans les années 60.
15:14 Il y avait beaucoup d'agriculteurs, et en gros, la France et l'Europe, je veux dire, avaient faim.
15:20 Donc on reconnaissait l'agriculteur.
15:23 Depuis les années 90, en tout cas dans les années 90, il y a eu un dénigrement de l'agriculture.
15:30 Et aujourd'hui, on se rend compte que finalement, on a besoin d'agriculture, parce qu'il faut de la production,
15:34 parce qu'il y a la guerre, il y a ceci, cela...
15:36 Donc notre poids, il est relatif.
15:38 C'est pour ça que nous nous sommes regroupés dans cette association pour les céréales.
15:42 Et il y en a d'autres pour d'autres plantes, des légumes, la vigne, l'élevage, ou autre.
15:48 Et nous avons besoin, mais le gouvernement français, franchement, il nous entend,
15:52 et il sait ce que nous faisons aujourd'hui.
15:54 Mais nous sommes dans l'Union Européenne, et nous devons appuyer plus.
15:58 Ce qui est important...
16:00 - Oui, parce que dans les années 80, comme le dit AJC sur la page Facebook de Sud Radio,
16:03 c'est vrai que la France était le grenier de l'Europe.
16:05 - Oui, c'était le grenier de l'Europe, c'était le troisième pays exportateur de produits agricoles et agroalimentaires au monde.
16:10 Aujourd'hui, nous sommes à la sixième place.
16:12 Donc ça veut dire que depuis le début des années 2000, nous avons décroché de 3 à 4 places.
16:16 Donc il faut se poser les bonnes questions.
16:18 Et pendant 20 ans, on a mis un peu l'agricole et l'agroalimentaire de côté.
16:21 Je vais prendre un exemple très simple.
16:23 La République, qu'il soit parté dans un pays en voyage à l'international,
16:28 il n'emmenait pas ou il considérait que trop peu l'agriculture et l'agroalimentaire.
16:33 Alors que ce sont des centaines de milliers d'emplois...
16:36 - En plus des grands patrons qui l'emmènent ? Il faudrait qu'ils emmènent au moins...
16:39 - Bon, là, ça revient un peu, on y va un peu, c'est timide...
16:42 - Ah d'accord. Vous avez fait un voyage ?
16:44 - Oui, moi j'ai été invité plusieurs fois, donc je...
16:46 - Et vous arrivez à vous faire entendre ?
16:48 - Ben l'idée, c'est... Quand vous allez dans un pays à l'étranger,
16:51 - Vous allez faire des contrats ?
16:53 - C'est que vous allez déjà faire des contacts avant de faire des contrats.
16:56 Et puis ça permet en même temps, parce qu'il y a quelques frais, quelques heures de vol,
16:59 de parler avec le président, les conseillers du président, les ministres,
17:03 pour qu'ils sentent que l'agriculture et l'agroalimentaire, ça pèse.
17:06 Et les céréales, entre autres, mais pas que, c'est stratégique.
17:09 C'est ce qui fait aujourd'hui la valeur économique de la balance commerciale.
17:12 - Autant en France, d'ailleurs, ça pèse que pour l'étranger.
17:15 Revenons sur l'Ukraine, vous vouliez en parler.
17:17 On va en parler, Jean-François Loiseau, vous qui êtes président inter-céréale-filière Céréales France.
17:20 C'est évident que là, ce qui se passe en Ukraine, là aussi,
17:24 pour le blé, enfin pour les céréales françaises, on a un vrai souci.
17:28 Parce que tout venait de là-bas. Enfin, beaucoup, pas tout, mais c'était quand même un sacré fournisseur.
17:32 - Exactement.
17:33 - Et puis là, vu ce qui vient de se passer la semaine dernière, c'est encore pire.
17:36 - Oui, exactement.
17:37 Bon, le blé, c'est emblématique. Bien sûr qu'on peut se nourrir avec plein d'autres produits,
17:40 mais le blé, c'est le pain, c'est emblématique dans tous les pays du monde.
17:44 Il n'y a pas un pays au monde où on ne consomme pas de blé.
17:47 En tout cas, de produits dérivés du blé.
17:49 Donc la France, c'est un grand pays agricole, producteur de blé.
17:53 L'Union Européenne aussi, mais dans l'Union Européenne, ce sont plutôt l'Allemagne et la France.
17:57 Après, vous avez des grandes zones comme la Chine, l'Inde, l'Australie, le Canada, les Etats-Unis.
18:02 Et puis, depuis 20 ans, vous avez ce qu'on appelle un peu les pays autour de la mer Noire,
18:06 que sont l'Ukraine, la Russie et le Kazakhstan.
18:10 Et dans ces trois pays, l'Ukraine a une place particulière,
18:14 parce qu'en fait, c'est un pays qui est quasiment aussi grand que la France,
18:17 mais où l'agriculture s'est extraordinairement développée, un peu comme en Russie.
18:21 Donc il y a des terres de très bonne qualité, il fait très chaud, très froid,
18:24 mais ça leur permet quand même de produire beaucoup de blé.
18:27 Et la particularité de la Russie et de l'Ukraine, c'est d'exporter énormément.
18:31 C'est de vendre beaucoup, beaucoup de blé en dehors du pays.
18:34 C'est-à-dire qu'en fait, l'Ukraine ne transforme pas, il n'y a pas d'usine en Ukraine.
18:39 Comme en Russie, il y en a très peu. Et donc, ils vendent du blé beaucoup à l'extérieur.
18:43 Donc à la veille de la guerre, l'Ukraine fournissait plein de pays.
18:46 Je vais prendre deux exemples emblématiques, des pays très proches de la France,
18:50 la Tunisie et le Liban. On peut dire qu'il n'y a pas plus proche culturellement que la France.
18:55 Ces pays-là n'achetaient pas un kilo à la France.
18:58 Alors ils en ont acheté, et puis ils nous ont dit au revoir.
19:02 Ils ont besoin de nous, mais quand le blé est 50 centimes de moins en Ukraine,
19:06 ils vont acheter du blé. Et puis le lendemain de la guerre, ils nous ont appelés.
19:09 Et quand je dis "ils nous ont appelés", ils nous ont vraiment appelés.
19:11 Personnellement, pour qu'on puisse intervenir et de façon à leur fournir du blé.
19:16 Mais on ne peut pas comme ça, en claquant des doigts, produire ce que l'Ukraine ne peut plus cultiver.
19:22 - C'est quoi la solution ?
19:24 - Alors, une des solutions, c'est bien entendu d'installer un schéma long terme
19:28 pour que l'Europe, et particulièrement la France, produise plus et mieux.
19:33 C'est-à-dire plus de blé avec moins d'intrants chimiques.
19:37 Et nous pouvons le faire, ça ne veut pas dire qu'il faut tout arrêter la chimie,
19:41 c'est comme pour la santé humaine.
19:43 La deuxième solution, c'est d'avoir un petit peu de la contractualisation avec ces pays-là.
19:48 - Des contrats, des vrais contrats.
19:50 - Ils sont trop opportunistes, si vous voulez.
19:51 Le jour où ils vont prendre un peu de bonne santé, ils vont se barrer.
19:54 Et donc, il faut qu'on ait des relations fortes.
19:56 Et les relations, elles ne doivent pas être qu'agricoles ou alimentaires.
20:00 Elles doivent être industrielles, l'enseignement, la pédagogie, l'éducation, etc.
20:05 Et j'insiste parce que quand on voit ce qui se passe dans certains pays d'Afrique,
20:10 je me dis "mais quel gâchis".
20:12 À trois heures d'avion de Paris, ce sont les Russes qui inondent l'Afrique.
20:16 Vous allez me dire "pas que de céréales, mais d'armes aussi".
20:19 Mais la céréale est une arme douce quand même.
20:21 Donc il faut l'utiliser, parce que les Russes l'utilisent très bien.
20:24 - Jean-François Loiseau était notre invité ce matin,
20:26 président intercéréale de la Finiaire Céréale France.
20:29 On pourrait discuter encore pendant des heures et des heures avec vous.
20:32 Monsieur Loiseau, merci d'être venu et de parler vrai sur Sud Radio,
20:36 comme vous l'avez fait ce matin.
20:37 On a pris le sujet des moissons parce qu'on est en plein dedans.
20:40 Ce n'est pas terminé, on rappelle les départements où il en reste encore un peu à faire.
20:43 - Un peu au sud de Paris, l'île de France, Normandie, et puis les départements du Nord.
20:47 Mais il va faire beau la semaine prochaine. Je ne suis pas météorologue, mais je vous dis.
20:50 - Ah, moi je vous adore ! De toute façon depuis le début je vous aime.
20:52 Et là vous me dites qu'il va faire beau la semaine prochaine.
20:54 Est-ce qu'on n'en peut plus ? Il y a tellement de pluie qu'on a des écailles qui poussent.
20:56 - C'est du bien la pluie. Ça nettoie les trottoirs de Paris.
21:00 - En même temps ce n'est pas des pluies qu'il faut pour les trottoirs de Paris,
21:02 ça s'appelle des karchers. Mais par contre c'est bon pour la terre, effectivement.
21:05 Merci à vous et une fois de plus, toutes mes amitiés de la part de toute l'équipe de Sud Radio
21:09 et à tous les agriculteurs qui nous nourrissent toute l'année.

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