J'ai rencontré deux des tribus les plus éloignées au monde

  • l’année dernière
C'est lors d'un voyage en Amérique du Sud que Paola a pu rencontrer le peuple Kuna. Vivants sur les îles au large du Panama, les Kunas vivent en total autonomie et on su garder leur tradition et leur culture malgré la pression du monde moderne. Paola nous raconte sa rencontre, le choc des cultures mais également son étonnement face à la modernisation de ce peuple avec ses bons et ses mauvais côtés.

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Photo de fond pour la miniature : Pablo García Saldaña

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Travel
Transcript
00:00 Leurs déchets, ça a toujours été de la matière organique.
00:02 Ils ont toujours eu l'habitude de jeter à la mer.
00:04 Depuis quelques années, le plastique arrive un petit peu sur leurs îles.
00:07 Donc, leur solution, c'est soit de brûler les déchets, soit de les jeter à la mer.
00:12 Mais ils n'ont pas encore cette conscience écologique.
00:15 J'ai eu deux immersions différentes avec cette tribu-là.
00:19 La première a été avec San Blas Adventures,
00:21 une agence de voyage qui permet de traverser du Panama à la Colombie.
00:26 Il faut savoir que l'agence est dirigée par les Kuna eux-mêmes
00:29 parce que c'est les seules personnes qui sont autorisées
00:32 à faire entrer des touristes sur leurs îles.
00:34 En fait, c'est plusieurs îles.
00:36 Pour communiquer entre eux, c'est pratiquement que du verbal,
00:40 il n'y a pas vraiment d'écrit.
00:41 Ils parlent en Kuna.
00:42 C'est une langue totalement différente de l'espagnol ou des langues locales.
00:48 Ils ont vraiment leur propre dialecte.
00:50 Ce sont de vrais guerriers qui ont résisté à toutes les tentatives de colonisation.
00:54 La première fois qu'on est arrivé sur une île,
00:56 lorsqu'on est rentré dans le village,
00:57 on n'a pas tout de suite vu la communauté.
01:00 On voyait d'abord leurs petites maisons, leurs petites cabanes.
01:03 C'est très rudimentaire.
01:05 Ce sont des maisons qui sont faites en bambou.
01:07 C'est vraiment des petites cabanes.
01:09 Leur sol, c'est le sable de la plage.
01:11 En marchant un petit peu dans le village,
01:14 on a commencé par croiser quelques petits enfants
01:16 qui nous observaient, qui se cachaient un petit peu pour nous regarder.
01:18 Ils étaient aussi intrigués que nous, donc c'était assez marrant à voir.
01:21 En tant que touristes, on était vraiment amenés à être beaucoup avec les enfants
01:26 parce que c'est eux qui venaient le plus naturellement vers nous.
01:29 En fait, ils sont extrêmement dans le jeu, dans le sport.
01:31 Après, il y avait quelques petits temps qui étaient organisés
01:34 où on rencontrait d'autres personnes, mais on était en groupe.
01:37 Et c'est des adultes qui nous expliquaient un petit peu leur tradition, leur mode de vie.
01:42 Dans le quotidien, il y a les hommes qui vont à la chasse
01:47 ou à la recherche de condiments dans la jungle ou sur les îles.
01:52 Ils vont pêcher, ils vont chasser, ils vont récolter des fruits, des légumes, etc.
01:56 Et les femmes restent au village pour s'occuper des enfants,
02:00 de la maison, de la cuisine, le linge, etc.
02:04 Et en fait, ils dépendent vraiment de la nature,
02:06 c'est-à-dire que leurs ressources dépendent vraiment de ce qu'ils vont pouvoir récolter
02:12 dans la nature ou dans la mer.
02:14 C'est une société qui se dit matriarcale.
02:17 Donc en fait, ils ont trois fêtes traditionnelles chez eux.
02:20 Donc la première fête, c'est lorsque une femme naît.
02:24 La deuxième, c'est lorsqu'elle a 7 ou 8 ans
02:26 et qu'elle commence à devenir un petit peu plus grande
02:29 et qu'elle comprend beaucoup mieux le monde qui l'entoure.
02:33 Et la plus grosse fête, c'est lorsqu'une jeune fille a ses premières règles.
02:37 Et là, vraiment, tout le village se réunit pour une grande fête traditionnelle
02:42 qui va durer souvent plusieurs jours, en moyenne trois jours.
02:45 Du coup, la monnaie d'échange des Kuna, c'est la noix de coco.
02:49 Lorsque, par exemple, ils vont vendre une île,
02:51 ce n'est pas la superficie qui va être importante,
02:54 mais c'est le nombre de cocotiers qu'il y a sur l'île.
02:56 C'est eux les premiers producteurs de coco de la région du Darien.
03:00 Ils arrivent à échanger les cocos pour acheter certaines choses sur la côte,
03:06 que ce soit au Panama ou en Colombie.
03:08 Un des souvenirs qui m'a le plus marquée,
03:10 moi, je n'aime pas venir les mains vides,
03:12 surtout quand je sais qu'on va m'accueillir
03:13 et que ce sont des personnes qui n'ont pas grand-chose.
03:16 Donc j'avais prévu quelques petits cadeaux pour les enfants.
03:18 Je m'étais renseignée auprès de l'agence.
03:20 Ils m'avaient expliqué qu'il ne fallait pas ramener de consommables,
03:23 mais plutôt des jeux ou des choses qui peuvent réutiliser
03:26 et qui durent sur le long terme.
03:28 Donc je leur avais ramené des frisbees, des balles, quelques petits jeux.
03:34 J'ai ramené les frisbees et j'ai commencé à les jeter pour jouer avec eux
03:37 parce qu'on était en train de se courser.
03:39 Ça allait dans tous les sens.
03:40 J'ai expliqué à quelques-uns des enfants que c'était pour eux tous
03:43 et qu'il fallait partager.
03:45 Et juste après avoir fini de jouer, au bout de 2-3 minutes,
03:48 ils réunissaient les quelques frisbees et venaient me les ramener.
03:51 Je leur disais "mais non, c'est pour vous, vous pouvez les garder".
03:53 Ils ne comprenaient pas en fait.
03:54 Ils avaient vraiment ce truc de se dire "merci d'avoir prêté, mais c'est à vous".
04:00 Je disais "non, mais c'est un cadeau pour vous, vous pouvez le garder".
04:02 Et ils étaient vraiment surpris d'avoir quelque chose.
04:06 Ils avaient du mal à comprendre qu'ils pouvaient le garder et le partager.
04:10 Et j'ai trouvé ça vraiment très beau.
04:13 Une des choses qui m'a le plus surprise,
04:15 c'est vraiment la modernisation qu'il y a eu ces dernières années.
04:18 Lorsqu'on a eu l'occasion d'assister à une fête traditionnelle avec eux,
04:22 il y avait beaucoup de musique.
04:24 Le Kuna qui nous a accueillis à ce moment-là,
04:26 a ramené une enceinte de 1m sur 1m, je pense,
04:30 et a mis la musique à fond.
04:31 Et j'étais vraiment étonnée de voir une aussi grosse enceinte.
04:35 Et en fait, ils essaient vraiment de se moderniser.
04:39 Comme il commence à y avoir un peu d'écran dans les communautés,
04:42 ils sont plus ou moins au courant de toutes les choses auxquelles on a accès.
04:46 Même s'ils veulent garder leur fête un petit peu traditionnelle, etc.,
04:50 ils ont quand même une grosse partie d'eux qui ont envie de se moderniser,
04:54 de se rapprocher des côtes pour aller à l'école,
04:56 pour pouvoir accéder à d'autres métiers, etc.
04:59 C'est une inquiétude de la part des plus anciens
05:03 parce qu'ils ont peur que leurs traditions se perdent.
05:08 Mais en même temps, les jeunes aimeraient avoir un autre mode de vie,
05:11 un peu plus moderne.
05:12 Sur le coup, moi j'étais un petit peu gênée des fois,
05:15 donc j'évitais de parler de notre quotidien à nous en France
05:19 parce que j'avais peur que ce soit un petit peu déplacé,
05:22 de montrer que nous, on est vraiment dans un confort absolu
05:27 alors qu'eux, ils manquent de beaucoup de choses.
05:29 Et en fait, le dernier soir, les enfants ont commencé à vouloir prendre mon téléphone
05:35 pour filmer, pour faire des vidéos, etc.
05:37 Donc déjà, j'étais un petit peu surprise de voir qu'ils savaient se servir d'un téléphone.
05:41 Et je leur ai laissé pendant longtemps
05:44 et ils ont commencé à aller sur TikTok, sur Instagram
05:48 et ils sont allés voir mes photos, mes vidéos.
05:52 Et on s'est mis autour de la table comme ça
05:55 et on a commencé à tous regarder un petit peu nos vidéos,
05:57 enfin les vidéos et les photos que je propose sur les réseaux sociaux.
06:01 Ce qui m'a le plus dérangée, entre guillemets, pendant le séjour,
06:05 c'est de voir à quel point ils ont envie de se moderniser.
06:07 Et le problème de ça, c'est qu'ils ont des habitudes qui sont différentes des nôtres.
06:13 Depuis quelques années, le plastique arrive un petit peu sur leurs îles.
06:16 Ils ont mis en place quelques shops.
06:17 En général, leurs déchets, ça a toujours été de la matière organique.
06:21 Donc des restes de poissons, des palmiers, du bambou.
06:25 Ils ont toujours eu l'habitude de jeter à la mer tous leurs déchets.
06:29 Sauf qu'aujourd'hui, avec l'arrivée du plastique,
06:31 ils ont gardé un petit peu ce même mode de gestion des déchets.
06:35 Donc ils jettent énormément de choses à la mer.
06:37 Et au-delà de ça, il y a déjà le courant des Caraïbes
06:41 qui fait que tous les déchets de l'Europe et du reste des Caraïbes
06:45 arrivent déjà sur leurs îles.
06:47 Donc en fait, ils voient déjà une tonne de déchets qui sont sur leurs îles,
06:52 tels des déchetteries, vraiment, on dirait vraiment des déchetteries.
06:55 Et en fait, je pense qu'ils se disent "il n'y a aucun problème,
06:57 c'est comme ça que ça fonctionne, on jette dans la mer
07:00 vu que ça revient vers nous toujours".
07:02 Donc ça, ça m'a fait un peu de peine quand même de voir ça.
07:06 Mais après, il faut savoir qu'ils n'ont pas vraiment d'autres solutions
07:08 en fait pour gérer ces déchets-là.
07:12 De temps en temps, il y a certaines grosses communautés sur des grosses îles
07:16 où il y a des bateaux qui arrivent de temps en temps
07:19 pour récupérer un petit peu de bouteilles contre de l'argent,
07:23 des bouteilles en plastique pour le recyclage.
07:25 Mais la majorité des îles sont très, très éloignées et très petites
07:31 et ils n'ont pas du tout accès à ce genre de bateaux.
07:33 Donc leur solution, c'est soit de brûler les déchets,
07:37 soit de les jeter à la mer.
07:38 Mais ils n'ont pas encore cette conscience écologique
07:42 et ça, ça m'a fait un petit peu mal au cœur quand même.
07:45 Je pense qu'il y a beaucoup d'entre eux qui commencent à le savoir,
07:50 à connaître l'importance de tout ça.
07:53 Mais je pense que ça va venir petit à petit.
07:56 J'avais l'impression vraiment de dire au revoir à une nouvelle partie de moi,
08:01 quelque chose qui s'était ouvert en moi
08:05 et c'était dur en plus au niveau des barrières de la langue
08:10 de leur expliquer à quel point ils nous ont apporté.
08:13 Je pense qu'aujourd'hui, ils n'en ont même pas encore conscience.
08:16 Du coup, je suis rentrée en France depuis trois semaines
08:20 et c'est vrai que je me sens extrêmement chanceuse de plein de choses.
08:26 J'ai ouvert les yeux sur beaucoup de choses
08:28 et rien que le fait d'avoir de l'eau potable aux robinets,
08:31 je me sens extrêmement chanceuse.
08:34 Le fait d'avoir des magasins, accès à de la nourriture.
08:39 Surtout qu'on est en ce moment dans une période un petit peu compliquée
08:42 où il y a plein de choses qui augmentent, etc.
08:46 On a l'impression de perdre un petit peu en qualité de vie ces derniers temps.
08:50 Et finalement, je me dis qu'on est quand même très loin
08:53 de la pauvreté et du manque en fait.
08:57 Depuis que je suis rentrée, c'est comme ça que je me sens.
08:59 C'est vraiment chanceuse et reconnaissante de tout ce que j'ai et de ce que j'ai toujours eu.

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