Au premier semestre 2023, l'exercice Orion a préparé plusieurs milliers de militaires au combat de haute intensité dans tous les milieux et tous les champs de la conflictualité. Le Journal de la Défense revient sur cet entrainement de grande envergure, mené sur le territoire national avec réalisme et exigence.
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00:15 Deux mois après le lancement d'une opération militaire dans le sud d'Arlande
00:19 afin de stabiliser la région et mettre fin aux exactions des militantes,
00:23 le pays fait aujourd'hui face à une vaste offensive mercure qui fait craindre le pire.
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00:32 On pourrait y croire, mais ces journaux télévisés sont fictifs,
00:36 créés pour un exercice militaire baptisé "Orion",
00:39 le plus important jamais réalisé depuis 30 ans sur le sol français.
00:44 Imaginé il y a 3 ans, cet entraînement interarmé et interallié
00:48 s'est déroulé en France début 2023, dans plus de 20 départements,
00:52 avec près de 20 000 militaires mobilisés au total.
00:57 L'objectif, se préparer à l'éventualité d'une guerre moderne
01:00 pouvant aller jusqu'à la haute intensité.
01:04 Une perspective qui ne relève plus de la science-fiction
01:07 alors que la guerre a fait son retour sur le continent européen.
01:11 Plongée avec nous dans les coulisses de cet exercice hors normes.
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01:19 Je vais vous briefer le concept d'opération pour l'entrée en premier
01:22 par la troisième dimension, donc l'opération aéroportée
01:25 qui se déroulera dans la zone de Hachecastre.
01:28 Donc moi, je donne le verre maintenant
01:31 et après, c'est comme à l'OTAN, c'est procédure de silence.
01:34 Je fais simplement un contrôle, les deux composantes se parlent
01:38 et on revient vers moi si à un moment donné on a un doute
01:41 ou qu'on a besoin que je confirme quelque chose.
01:45 Mais à partir du moment où la situation tactique
01:48 et la situation météo est sur le trait que vous venez de me décrire,
01:52 c'est verre en avant.
01:54 On sort un peu de ce qu'on fait depuis 20 ans,
01:57 on est dans une autre échelle de guerre,
01:59 on est dans un autre tempo d'opération,
02:03 donc on ne provoque pas systématiquement des réunions décisionnaires
02:06 parce que sinon on ne s'en sort pas et on n'est pas dans les temps qu'on veut.
02:08 Donc là, moi, j'ai donné un verre, donc le verre, il est valable maintenant,
02:13 sauf si à un moment donné, on regarde que la météo s'est dégradée,
02:17 la manœuvre change, l'ennemi changé, ce n'était pas ce qu'on avait prévu.
02:21 Il y a un changement de planification
02:23 et ce changement de planification, il impacte toute la guerre.
02:27 À ce moment-là, on retravaille, on replanifie, mais sinon c'est bon.
02:32 Février 2023, dans le sud de la France.
02:35 Début des opérations, l'exercice Orion est lancé.
02:39 C'est un exercice qui est un jalon dans la nature des entraînements
02:42 que nous avons conduits jusqu'à présent
02:44 et qui acte le fait que nous avons changé de contexte stratégique,
02:49 que nous sommes désormais dans un contexte avec des conflits beaucoup plus durs.
02:53 On le voit aujourd'hui à l'est de l'Europe, entre l'Ukraine et la Russie.
02:56 Donc c'est ce que nous avons acté.
02:58 C'est la nature des changements des conflits
03:01 et le fait que nous devons nous entraîner pour des guerres
03:05 que nous pensions oubliées ou peu probables et qui le sont redevenues.
03:09 C'est tout l'enjeu de l'exercice.
03:14 Le scénario, l'attaque d'un pays fictif, Arnland,
03:17 par son voisin, Mercure, appuyé par des milices.
03:21 L'exercice se joue en quatre phases.
03:24 Après la planification,
03:26 une intervention aéroportée et amphibie dans le pays agressé,
03:31 puis une période de gestion de crise civile aux militaires
03:35 et un affrontement de haute intensité sur le champ de bataille.
03:40 Orion a démarré par une campagne aéromaritime d'entrée en premier,
03:44 autrement dit la projection amphibie et aéroportée
03:48 de forces armées sur le territoire déstabilisé.
03:52 C'est une capacité qui est difficile à acquérir
03:56 parce qu'elle nécessite un certain nombre de savoir-faire technique
04:00 et de savoir-faire tactique très complet,
04:03 notamment ce qu'on appelle nous de la projection de puissance,
04:06 donc la capacité à frapper le dispositif ennemi dans la profondeur
04:10 avant de projeter nos forces, avions, soldats ou bateaux.
04:15 Toutes les nations n'en sont pas capables.
04:17 La France fait partie des rares pays dans le monde
04:21 à être capable justement de mener ce type d'opération
04:24 parce qu'elle dispose des troupes entraînées pour le faire
04:27 et surtout parce qu'elle dispose des moyens pour le faire,
04:29 que ce soit des moyens de projection aérien
04:32 ou des moyens de projection maritime.
04:35 Orion est destiné à préparer les armées au combat de haute intensité
04:40 contre un ennemi de force égale.
04:42 Pour comprendre ce que c'est que la haute intensité,
04:45 je pense qu'il faut aller un peu dans la sémantique de la physique,
04:48 c'est-à-dire que la haute intensité, c'est le quotient de l'énergie et de la durée.
04:54 C'est-à-dire qu'on imagine l'énergie, c'est la violence, c'est les feux,
05:00 c'est les pertes matérielles et humaines associées
05:03 et la durée, plus cette violence est appliquée longtemps
05:07 et forcément plus les pertes sont importantes
05:10 et posent des difficultés à un pays, à une nation.
05:14 Alors les guerres inter-étatiques avaient vraiment disparu,
05:18 c'est-à-dire que le format, c'était plus un contingent expéditionnaire,
05:21 c'était le format OPEX pour les armées françaises,
05:24 donc un petit contingent qui va venir appelé par un autre État
05:29 de façon à le renforcer face à un acteur non étatique,
05:33 un groupe armé terroriste, les GATT, comme on a pu le voir dans l'opération Barkhane.
05:38 Ici, on s'est préparé, y compris dans le vocabulaire, au retour de la haute intensité.
05:44 Depuis la décennie 2010, en particulier dans la suite des printemps érables,
05:49 avec les conflits qu'on a vus au Moyen-Orient,
05:52 qui là déjà n'étaient plus vraiment contre-insurrectionnels,
05:55 on voyait émerger quand même un type de conflit avec le retour de la bataille en zone urbaine.
06:01 Et puis là, en février 2022, a marqué ce retour de la guerre en Europe au format inter-étatique.
06:09 Et là, c'est quelque chose d'assez inédit pour comparer cette date de fin février 2022.
06:16 Pour l'Europe, elle est comparable au 11 septembre américain en 2001,
06:19 parce que c'est le retour d'un format de guerre qui a tous les attraits d'un format historique,
06:25 donc quelque chose qu'on a connu au XXe siècle en Europe.
06:29 Orion a été conçu lors de l'année 2019-2020,
06:33 donc il ne faut pas chercher forcément à comparer la situation que l'on cherche à reproduire dans l'exercice Orion
06:40 avec ce qui se passe aujourd'hui en Ukraine.
06:42 Ce n'est pas tout à fait l'objectif.
06:44 En revanche, bien évidemment, on a regardé la façon dont le conflit se déroule en Ukraine.
06:49 Il y a certainement des séquences tactiques sur le terrain qui doivent nous interpeller.
06:54 Et donc toutes ces composantes du conflit, bien évidemment, on les a analysées, séquencées,
06:59 de façon à tester nos capacités, confronter nos capacités lors de l'exercice Orion à ces différents défis.
07:06 Les conflits armés dans un format inter-étatique qui correspond à ces caractéristiques de haute intensité,
07:13 dans la période récente, ils sont assez difficiles à trouver.
07:16 Nous sommes contraints de regarder plus loin dans l'histoire,
07:19 donc les batailles de la Seconde Guerre mondiale, en particulier sur le front de l'Est,
07:23 avec déjà ces villes d'Ukraine qui étaient au centre des affrontements,
07:27 mais aussi lors de la Première Guerre mondiale,
07:30 puisque plus ce conflit de haute intensité s'inscrit dans la durée,
07:35 plus les moyens hautement technologiques sont difficiles à produire en raison du temps,
07:40 et plus on va donc revenir à un format classique d'affrontement,
07:43 et c'est de cette façon qu'on voit revenir l'artillerie comme étant la reine des batailles en Ukraine.
07:48 Jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, jusqu'à l'apparition de la diffusion nucléaire,
07:54 le modèle typique de guerre, et là vous pouvez remonter jusque dans l'Antiquité,
07:58 c'était de l'affrontement entre cités-États, de l'affrontement entre États, entre armées,
08:03 y compris même s'il y avait des mercenaires, et là c'est encore une autre histoire de la guerre.
08:08 Depuis la fin des années 1990, des décennies de combats asymétriques,
08:13 où les opérations de stabilisation et de lutte contre le terrorisme ont été la priorité pour les armées.
08:19 Elles se préparent désormais à vivre des conflits plus durs,
08:23 qui s'exerceraient dans tous les domaines de la conflictualité,
08:26 ce que les militaires appellent le multimilieu multichamps.
08:30 C'est une façon de théoriser l'espace de bataille,
08:34 c'est-à-dire que des trois dimensions géographiques, naturelles,
08:39 le milieu maritime, aérien et terrestre, on a finalement rajouté d'autres dimensions.
08:45 On a rajouté déjà deux milieux, que sont le milieu cyber et le milieu spatial,
08:52 et deux champs, le champ informationnel et le champ électromagnétique,
08:58 qui est certainement le moins connu, peut-être le plus difficile à appréhender.
09:03 De trois dimensions, on est passé à sept dimensions.
09:05 Donc on s'aperçoit, avec les capacités, les prouesses technologiques,
09:08 qu'on est capable d'exploiter les milieux de façon beaucoup plus étendue que par le passé,
09:16 ce qui, en termes de conflictualité, forcément, fait peser des menaces supplémentaires.
09:21 L'exercice intègre sept dimensions, multimilieux, multichamps à tous les niveaux,
09:25 de l'état-major jusque sur le terrain.
09:28 Dans un exercice, dans une opération, il y a toujours trois niveaux de décision.
09:32 Il y a un niveau stratégique, qui est le niveau où on va concevoir,
09:36 on va fixer les objectifs politiques de l'opération.
09:39 Il y a un niveau tactique, qui est le niveau du champ de bataille ou du combat.
09:43 Et puis un niveau opératif, c'est le niveau auquel on se trouve ici,
09:47 qui est le niveau de la conduite de la campagne.
09:50 Et donc la principale difficulté au niveau opératif, c'est la coordination des actions
09:55 que peuvent conduire toutes les composantes qui contribuent à la manœuvre.
09:59 Terre, air, mer, cyber, spatial, logistique,
10:04 et dans le domaine de la lutte informationnelle, sans oublier les forces spéciales.
10:08 C'est l'une des nouveautés.
10:12 Les militaires s'entraînent pour la première fois grandeur nature à la guerre informationnelle.
10:16 Dans le camp ennemi, tous les coups sont permis.
10:21 Moi, je dispose d'un compte sur le réseau social pour chacun des deux ennemis que j'incarne,
10:28 et également d'un site internet,
10:30 qui est géré comme un espace presse sur lequel je publie des communiqués de presse.
10:34 La particularité de ces canaux, c'est que, c'est d'ailleurs l'intérêt pour les joueurs,
10:40 c'est que je ne m'applique pas les règles que s'appliquent les armées françaises.
10:44 Je suis un ennemi qui n'est pas un ennemi avec un fonctionnement démocratique,
10:49 justement pour entraîner les forces.
10:51 L'ennemi s'autorise différentes choses.
10:53 Il fait déjà de la propagande en déployant des narratifs,
10:56 qui vont être des narratifs hostiles à la France, des narratifs de menaces pour déstabiliser la France.
11:00 L'objectif, c'est de gagner les cœurs et les esprits,
11:04 et donc d'influencer une population pour qu'elle soit hostile à la France.
11:08 Nous avons constaté au cours des derniers mois et des dernières années,
11:11 en particulier au Sahel et en Afrique,
11:13 que si nous n'y prenions pas garde,
11:16 certains mensonges, certaines manipulations de l'information
11:19 se traduisent de manière très concrète dans le champ physique
11:22 par des entraves à notre liberté d'action.
11:24 J'en veux pour preuve l'exemple du convoi Voie Sacrée,
11:27 un convoi logistique qui cheminait entre Abidjan et Gao au mois de novembre 2021,
11:34 qui a été bloqué à plusieurs reprises sur le simple fait d'accusations portées contre l'armée française,
11:40 qui consistait à dire que ce convoi transportait des munitions et de l'armement
11:45 pour les groupes armés terroristes,
11:46 et donc les populations qui croyaient à ces fausses informations
11:50 voulaient arrêter le convoi pour le contrôler,
11:52 ce qui n'était bien sûr pas possible pour des raisons de sécurité.
11:55 Ce qu'on a vu se développer ces derniers temps,
11:57 c'est donc un usage planifié et coordonné,
12:00 en particulier par des acteurs comme Wagner,
12:03 ou les acteurs russes tout simplement,
12:05 qui vont industrialiser la production des informations
12:10 et qui vont donc faire de l'outil Internet,
12:12 de l'outil du smartphone, une arme.
12:15 C'est-à-dire que la désinformation va venir vous toucher
12:20 jusque dans votre écran personnalisé
12:23 et va vous enfermer dans une bulle informationnelle
12:27 qui va être renforcée par les algorithmes.
12:29 L'idée donc, c'est de trouver les moyens de percer cette bulle
12:33 dans laquelle n'importe quel type de citoyen,
12:36 y compris nos soldats, y compris nos militaires,
12:38 pourront être soumis à de l'influence
12:41 et pourront voir le doute s'instiller en eux
12:44 en raison de cette désinformation.
12:46 Tout au long de l'exercice, les militaires sont plongés
12:50 dans un environnement numérique et informationnel,
12:53 simulé pour l'occasion.
12:55 La lutte informationnelle dans l'exercice Orion,
12:59 c'est quelque chose d'expérimental,
13:00 de complètement expérimental,
13:02 que l'on a testé grâce à l'appui d'une société
13:04 qui s'appelle la société Kryzotech,
13:06 qui nous a mis à disposition un certain nombre d'outils
13:08 et de plateformes pour pouvoir simuler et animer
13:11 cet environnement informationnel.
13:13 C'est la première fois que l'on opère,
13:16 que l'on génère un tel environnement
13:18 dans le cadre d'un exercice.
13:19 C'est la première fois.
13:20 On n'est jamais allé aussi loin dans la simulation
13:23 et l'animation de l'environnement informationnel
13:25 et de la lutte informationnelle.
13:26 Nous ici, on est là pour mettre en place
13:29 la simulation de l'environnement informationnel
13:31 et pour l'animer.
13:32 Donc on anime du côté des Rouges
13:34 et on anime également sur l'intégralité
13:37 du spectre informationnel,
13:39 avec les opinions publiques,
13:41 les journaux français, les médias, etc.
13:44 Tout ça fonctionne avec à peu près 25 000 robots
13:48 qui fonctionnent sur la plateforme
13:49 et qui ont généré depuis le début de l'exercice
13:51 282 000 réactions sur le système.
13:54 Sur le terrain aussi, des actions médiatiques
13:59 auxquelles s'ajoutent des pressions psychologiques
14:01 de l'adversaire,
14:02 comme des manifestations, des tags
14:04 ou l'envoi de tracts appelant à la haine.
14:07 La première chose qu'on attend d'une unité
14:09 qui constate à son niveau
14:11 qu'elle a été victime d'une action d'intoxication,
14:14 c'est qu'elle rende compte
14:16 qu'elle a vu quelque chose.
14:18 Donc concrètement, physiquement,
14:21 des joueurs sont équipés
14:22 de téléphones portables dédiés, spécifiques,
14:26 pour capter des images intéressantes
14:28 qui puissent être ensuite réutilisées
14:30 par l'échelon au-dessus,
14:31 tactique jusqu'au niveau stratégique.
14:33 Et c'est à partir de l'analyse
14:35 qui va permettre de déterminer
14:37 la dangerosité de cette fausse information
14:39 que l'on va mettre en place des tactiques
14:41 ou des stratégies de contrage
14:43 qui vont permettre d'élaborer les messages,
14:45 qui vont contrer justement
14:47 la fausse information adverse.
14:48 En fait, produire du contenu,
14:49 ça revient à mener des actions très différentes.
14:53 Il y a la capacité à documenter ce que nous faisons
14:56 avec un enjeu de transparence,
14:57 voire de rapidité,
14:59 c'est-à-dire être capable de très vite
15:01 produire des images preuves, par exemple,
15:02 pour démonter des accusations.
15:04 C'est ce que nous avons fait en avril 2022
15:06 avec l'affaire du charnier de Gaucy,
15:08 où nous avons mis en évidence
15:10 une attaque informationnelle
15:11 contre les armées françaises
15:12 menées par les mercenaires de Wagner.
15:14 Et la meilleure arme pour lutter
15:16 contre les manipulations de l'information
15:17 et contre les attaques informationnelles,
15:18 c'est la liberté de la presse.
15:19 C'est permettre aux journalistes
15:21 de faire leur travail.
15:22 Orion permet aussi de travailler
15:26 l'interopérabilité avec plusieurs
15:28 des partenaires de la France,
15:29 tout comme la capacité à tenir
15:31 le rôle de nation cadre,
15:33 un enjeu crucial pour la haute intensité.
15:35 Agir en coalition, c'est agir avec des alliés,
15:40 soit au sein de l'alliance atlantique
15:42 ou de l'Union européenne,
15:44 soit au sein d'une coalition qu'on dit ad hoc,
15:46 c'est-à-dire avec des pays
15:49 qui, pour la circonstance,
15:51 sont prêts à agir avec nous,
15:53 comme on le fait, par exemple,
15:54 dans un certain nombre de théâtres.
15:56 Et être nation cadre,
15:58 c'est être la nation qui va commander l'opération
16:01 et qui, notamment, va fournir
16:03 les moyens de commandement
16:04 pour commander l'opération.
16:06 Et ça aussi, ça fait partie des capacités rares
16:08 dont disposent les armées françaises.
16:10 Effectivement, pour ce genre d'opérations
16:13 qui sont extrêmement lourdes,
16:15 extrêmement complexes,
16:17 on ne pourra le faire qu'avec des alliés.
16:20 On a des capacités, tous,
16:22 des capacités assez phénoménales,
16:24 assez énormes,
16:26 mais seulement l'intégration
16:28 de chacune de ces capacités
16:30 au sein d'un commandement unique,
16:32 qu'il soit français dans ce cas,
16:34 puisque nous sommes nation cadre,
16:36 permettront de vaincre un adversaire
16:38 avec une masse suffisante.
16:40 Sur les 12 000 militaires
16:44 commandés par le général Golin
16:46 pour la phase d'affrontement
16:47 dans l'Est de la France,
16:48 1 700 soldats sont étrangers,
16:50 issus de 14 nationalités différentes.
16:53 Un engagement inédit.
16:55 À l'issue, nous aurons à peu près
16:57 30 minutes de chargement.
16:59 Les opérations de combat à grande échelle
17:02 sont les opérations les plus complexes
17:04 que nous menons.
17:05 Donc si nous pouvons maîtriser ces opérations,
17:07 nous pouvons opérer à n'importe quel niveau,
17:09 y compris les opérations d'urgence,
17:11 de stabilité et de soutien.
17:13 Si nous avons appris quelque chose de l'histoire,
17:15 c'est que les alliances sont d'une importance cruciale.
17:18 Nous vivons dans un monde
17:21 de plus en plus interconnecté,
17:23 diplomatiquement, politiquement,
17:25 socialement, économiquement et militairement.
17:28 Ces exercices nous permettent
17:29 de développer l'interopérabilité
17:31 et la compréhension pour tirer,
17:33 se déplacer et communiquer sur le champ de bataille.
17:36 Le plus nous nous entraînons
17:38 et nous nous comprenons,
17:39 tant sur le plan culturel que dans nos systèmes,
17:41 le mieux nous sommes en mesure
17:43 de combattre ensemble en tant qu'alliance.
17:46 Ok les gars, je vous explique.
17:51 Certainement, en tout cas pour un petit pays
17:53 comme la Belgique,
17:54 on va très rarement s'engager tout seul,
17:55 donc on va généralement faire partie d'une coalition.
17:57 Et pour ça, il n'y a rien à faire,
17:58 il faut s'entraîner ensemble, encore et encore,
18:00 pour mettre en place des procédures
18:01 que tout le monde comprend,
18:02 mettre en place aussi des passerelles techniques
18:04 qui permettent de se parler, de communiquer.
18:06 Et donc ça, ça ne peut se faire
18:08 qu'avec de l'entraînement régulier.
18:10 Quand on parle d'interopérabilité,
18:11 on pense aux radios
18:12 qui simplement doivent pouvoir se parler,
18:14 on doit pouvoir communiquer entre nous,
18:15 mais en fait c'est beaucoup plus que ça.
18:17 C'est avant tout une interopérabilité,
18:18 je pense, interpersonnelle.
18:19 Donc il faut pouvoir comprendre
18:21 avec qui on va travailler,
18:22 pouvoir comprendre les différences culturelles
18:24 et pouvoir finalement vraiment collaborer
18:26 et tirer meilleur profit de chacun
18:28 pour pouvoir être meilleur à deux
18:30 plutôt que chacun séparément.
18:32 Bien au-delà du seul enjeu militaire,
18:35 le défi est national.
18:37 Orion intègre aussi une dimension civile,
18:39 autrement dit, tous les services de l'État
18:42 qui pourraient être touchés par le conflit imaginé,
18:44 pour étudier leur capacité à résister
18:46 et à soutenir les armées.
18:48 Les enjeux politiques et sociaux
18:51 de la préparation à la haute intensité,
18:54 on les synthétise en une notion, un concept,
18:58 qui est celui de résilience de la nation.
19:01 L'idée principale étant que,
19:03 de cette résilience,
19:05 qu'en dépit d'une attaque puissante,
19:08 forte, rapide,
19:09 d'un acteur doté de toutes ses composantes,
19:13 notre État, nos forces, soient capables
19:15 de résister à cette première attaque.
19:17 Et c'est une des raisons pour lesquelles,
19:19 dans l'exercice Orion, au tout début,
19:22 il a été imaginé une phase civilo-militaire,
19:26 parce qu'il était évident pour les concepteurs
19:29 de l'exercice qu'on ne pouvait pas se projeter
19:32 dans cette fiction,
19:34 avec simplement un engagement militaire.
19:36 Il fallait penser la mobilisation nationale
19:38 tout autour.
19:40 Et ce qui est intéressant, c'est qu'on est venus
19:42 à la rencontre d'une initiative
19:44 du Secrétariat Général de la Défense
19:46 et de la Sécurité Nationale,
19:48 qui travaillait sur la stratégie nationale
19:50 de résilience.
19:51 Monsieur le Directeur du cabinet,
19:52 merci de nous faire l'honneur de votre présence
19:55 pour cet exercice interministériel
19:58 qui est majeur, qui s'inscrit donc effectivement
20:01 dans l'exercice Orion,
20:03 et qui avait pour objectif de marquer
20:06 qu'aux côtés du ministère des Armées
20:08 et chevilles ouvrières de l'exercice Orion,
20:10 l'ensemble de l'État,
20:12 les administrations centrales,
20:14 mais aussi les administrations territoriales,
20:17 et on l'a vu, les collectivités locales,
20:19 et les citoyens, et les associations,
20:21 doivent pouvoir se mettre en ordre de bataille
20:24 pour pouvoir soutenir un effort de guerre
20:28 qui à la fois aura eu lieu à l'extérieur,
20:30 mais aurait aussi un impact sur notre territoire national
20:33 et sur le fonctionnement de notre société.
20:36 Je pense que l'aptitude d'un État à s'imposer
20:38 face à ses compétiteurs, adversaires, ennemis,
20:41 ne dépend pas uniquement de la compétence de ses armées,
20:43 mais c'est également la compétence
20:45 ou la performance de l'appareil d'État
20:47 qui conditionne et qui conditionnera le sujet.
20:49 On a découvert, lorsqu'on a eu la crise du Covid,
20:52 après l'état tonnement du début,
20:54 qu'en fait notre pays, notre société,
20:56 notre peuple avait des ressources extraordinaires
20:58 pour pouvoir s'organiser, se coordonner,
21:00 et faire en sorte que, même quand on était en confinement,
21:03 on arrivait toujours à se nourrir, à se soigner,
21:05 à avoir un certain nombre de services rendus.
21:08 Sur un conflit en haute intensité,
21:10 il faut que ce soit la même chose.
21:12 Ça va des sujets juridiques,
21:14 parce qu'est-ce qu'on réquisitionne,
21:16 qu'est-ce qu'on fait des contrats,
21:18 comment ça se passe, quel est le cadre juridique.
21:20 Ça va des sujets logistiques,
21:22 quelles entreprises sont capables de fournir des camions,
21:24 des trains, des avions.
21:26 Ça va sur les sujets stocks.
21:28 On a beaucoup parlé d'économie de guerre.
21:31 Et en fait, dans l'économie de guerre,
21:33 vous avez deux dimensions.
21:35 Vous avez d'abord la nécessité que l'industrie de défense
21:38 soit capable de produire plus, plus vite,
21:41 et dans de meilleures circonstances.
21:43 Ce qui veut dire qu'en droit,
21:45 on peut tout à coup modifier les textes
21:47 pour lui permettre de travailler plus
21:49 et de fournir un certain nombre d'éléments.
21:51 Et puis après, il y a l'autre aspect
21:53 qui est justement d'organiser notre économie,
21:55 de corriger nos règles de marché public,
21:58 pour faire en sorte que face à une situation exceptionnelle,
22:01 une situation d'urgence,
22:03 on puisse être en situation d'agir et de réagir vite.
22:06 Et de ne pas se retrouver coincé par des normes
22:09 ou par des procédures qui sont utiles
22:11 et même nécessaires en temps de paix,
22:13 mais qui, en temps de crise, entravent,
22:15 font perdre du temps et risquent de coûter des vies.
22:18 Deux PAX ennemis, juste sur la butée !
22:21 Là, 5 mètres, mais je ne sais pas si y en a un qui est mort ou pas !
22:24 En plus de l'adaptation du droit et des normes,
22:27 Orion permet de mesurer l'importance des réserves nationales.
22:30 Un renfort jugé indispensable
22:32 dans un scénario de haute intensité.
22:35 De nombreux réservistes ont été mobilisés pendant l'exercice.
22:41 C'est une grande chance d'être là.
22:43 On a travaillé avec la brigade Sinophil.
22:46 On a eu beaucoup de ressentis des militaires qui étaient là-bas.
22:53 On a eu beaucoup d'informations sur ce qu'ils faisaient.
22:56 J'ai découvert des régiments, j'ai découvert comment ils travaillaient,
22:59 j'ai découvert comment ça se mettait en place,
23:02 comment ils se répartissaient sur les camps,
23:05 comment ils travaillaient sur le terrain.
23:08 C'est la première fois que je vois ça.
23:10 Je trouve que c'est super important d'avoir des réservistes,
23:13 surtout au sein des exercices comme ça,
23:15 parce qu'on est le premier lien entre la vie civile et l'armée,
23:20 la nation et l'armée.
23:22 Ça nous permet de parler au quotidien à des gens de tous les jours
23:26 qui ne connaissent pas du tout l'armée.
23:28 Ça nous permet de les sensibiliser à ça,
23:30 parce qu'on peut avoir beaucoup d'a priori sur l'armée.
23:33 Et puis les gens, en fait, ils nous posent des questions,
23:38 on leur répond parce qu'on est dedans.
23:41 Là, je vais pouvoir leur répondre un peu plus,
23:43 parce que je connais un peu mieux maintenant le terrain
23:46 et tous les régiments qu'il y a ici.
23:48 Léo est étudiant dans l'audiovisuel.
23:51 Mathieu vient de terminer des études de finance
23:53 et souhaite désormais s'engager.
23:55 Réservistes depuis un an,
23:57 ils se sont portés volontaires pour participer à l'exercice.
24:00 En tant que réserviste, nous servons de différentes façons,
24:04 des missions telles que des checkpoints
24:06 pour contrôler les véhicules de la force ennemie,
24:09 des missions de surveillance de zones, de renseignements,
24:12 des missions de combat avec des actions où il faut s'emparer,
24:17 par exemple, de caches de munitions
24:19 ou d'aller au contact directement.
24:21 Ce qui m'a beaucoup plu dans la mission Orion,
24:23 c'est principalement de travailler avec les alliés,
24:26 nos camarades britanniques, américains, belges et autres,
24:30 de voir différents véhicules que nous n'avons pas,
24:33 en tant que réservistes, l'occasion de voir souvent.
24:35 Et de vivre des missions de haute intensité, j'aime beaucoup.
24:39 Les réservistes sont des gens qui ne sont pas importants,
24:42 ils sont essentiels, en fait, pour notre exercice,
24:46 mais pour notre vie de tous les jours
24:48 et pour nos opérations en général.
24:50 J'en ai de l'ordre de 1 000 ici sur l'opération.
24:55 Alors plusieurs rôles.
24:56 Dans un premier temps, j'ai beaucoup d'officiers d'état-major,
24:59 de sous-officiers d'état-major,
25:00 qui sont des spécialistes dans certains domaines
25:03 qui sont complètement intégrés dans les états-majors à tous les niveaux,
25:07 que ce soit au niveau du corps d'armée, au niveau de la division,
25:10 au niveau des brigades, au niveau des régiments.
25:13 Et deuxième temps, j'ai des unités de réservistes
25:16 qui ont des missions de protection,
25:20 qui ont des missions d'intervention.
25:22 Ils ont des savoir-faire qui sont très utiles,
25:25 qui sont en train de se durcir aussi,
25:27 tout comme l'armée d'actifs se durcit,
25:29 notre réserve est en train de se durcir.
25:32 Mais c'est effectivement une composante absolument critique pour nous.
25:37 - Le ministère des Armées
25:41 compte actuellement 40 000 réservistes opérationnels.
25:44 Ce nombre devrait doubler dans les prochaines années.
25:48 Orion s'est achevé au début du mois de mai
25:52 après trois semaines d'affrontements dans les plaines du Grand Est.
25:55 La France a prévu de renouveler l'opération tous les trois ans.
25:59 Prochaine étape donc, l'année 2026,
26:02 pour une nouvelle édition de cet exercice.
26:06 Sous-titrage Société Radio-Canada
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