• il y a 6 mois
En 2024, le tournant de l'intelligence artificielle est bel et bien amorcé dans l'hexagone. L’ambition de la France : devenir la première puissance militaire de l’IA en Europe et dans le top 3 mondial.
Découvrez les nouveaux usages de cette technologie et plusieurs projets en cours de développement dans ce Journal de la Défense inédit.

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00:00...
00:10Feu !
00:12Feu !
00:15Les avancées techniques récentes de l'intelligence artificielle
00:19l'ont propulsée au rang des technologies
00:21les plus stratégiques du XXIe siècle.
00:25Dans le domaine militaire,
00:27elle est considérée comme le prochain game changer
00:30du champ de bataille.
00:32Son utilisation de plus en plus massive,
00:34comme en Ukraine, où, dans le conflit israélo-palestinien,
00:38confirme le sentiment d'urgence.
00:41Pour y répondre, le ministère des Armées
00:43muscle son arsenal avec une nouvelle agence
00:46et des moyens plus importants.
00:47Au total, près de 2 milliards d'euros seront consacrés
00:51pour l'IA en matière de défense d'ici 2030.
00:57...
01:02...
01:04Bien porté.
01:05...
01:06L'intelligence artificielle est déjà une réalité
01:09au ministère des Armées depuis des décennies.
01:11Mais ses progrès exponentiels récents
01:14ouvrent la voie à de nouveaux usages.
01:16...
01:21Le Centre d'interprétation et de reconnaissance acoustique
01:24de la Marine nationale étudie aujourd'hui
01:26sa capacité à épauler ses oreilles d'or
01:29dans l'écoute et l'analyse des bruits marins.
01:31...
01:32Aujourd'hui, le CIRA se retrouve confronté
01:34à une donnée générale à toutes les armées,
01:37qui est l'afflux massif de données acoustiques.
01:39Pour vous donner quelques ordres de grandeur,
01:42en 2020, le CIRA a collecté environ un teraoctet de data.
01:45En 2024-2025, on est sur une échelle
01:48de 10 teraoctets de data.
01:50Et on imagine, sur une perspective 2030-2040,
01:53des années à plus de 100 teraoctets de data,
01:55parce que le nombre de sonars passifs a augmenté,
01:58parce que la performance de ces sonars passifs
02:01a également été améliorée.
02:02Il faut que l'on trouve des outils qui permettent
02:05de concentrer la valeur ajoutée de l'opérateur
02:08sur le signal utile.
02:10Et pour cela, on a imaginé l'application
02:13de l'intelligence artificielle selon le format suivant.
02:17Utiliser ce process pour éliminer d'un signal
02:20tout ce qui est inutile, c'est-à-dire les biologiques,
02:23les bruits de côtes, les bruits de mers,
02:25les bruits de commerce ou de trafic commercial,
02:28et permettre à l'oreille d'or d'aller chercher
02:31uniquement le signal qui l'intéresse,
02:34c'est-à-dire les bateaux de guerre, les sous-marins,
02:36les bateaux à caractère ou à intérêt particulier.
02:39Et ça va lui permettre de gagner du temps,
02:41d'être beaucoup plus réactif, d'être beaucoup plus précis,
02:44et de permettre aux sous-marins d'adopter
02:46le meilleur des comportements possibles
02:48avec un préavis sur l'adversaire.
02:53Depuis la création du CIRA en 1983,
02:56moins de 245 marins ont été certifiés
02:59aux oreilles d'or et envoyés en mission.
03:01C'est moins que le nombre d'astronautes
03:03envoyés dans l'espace.
03:07Il faut dire que la formation est exigeante.
03:10Entre autres, près de 10 000 sons à reconnaître et à mémoriser,
03:13et que leur rôle est indispensable
03:15à bord des sous-marins et des frégates.
03:17Aujourd'hui, je suis convaincu que l'IA va pouvoir nous faire
03:20gagner du temps, à nous, aux sous-marins, à la mer.
03:25J'en suis convaincu qu'on va pouvoir gagner 30 secondes,
03:30une minute sur une détection sonore.
03:32C'est énorme à la mer, en combat.
03:34Donc on va pouvoir gagner du temps
03:36et nous aider à la décision.
03:39On ne va pas lui apprendre notre métier,
03:41mais on va lui apprendre sur des masses de données
03:45qu'on arrive à collecter sur différents types de capteurs.
03:48On va noter en disant qu'il y a un phénomène
03:50qui se passe de telle minute à telle minute.
03:51Il y a ça qui est mesurable.
03:54Moi, je le classifie comme ça.
03:56Et que l'IA l'apprenne comme ça,
03:59et on voit ce que ça donne en retour.
04:01Elle est dans un rôle d'imitation de l'analyste humain.
04:05C'est pour ça que c'est très important de s'assurer
04:07que finalement, on aura à noter,
04:10labellisé un nombre de données suffisant
04:12qui correspond au domaine d'emploi qu'on veut
04:14pour notre produit d'intelligence artificielle,
04:16et pour s'assurer qu'il puisse bien généraliser
04:18sur tout ce domaine d'emploi.
04:19Et s'assurer qu'en fait, quand on va confronter
04:21à notre intelligence artificielle un nouvel échantillon,
04:24il ait bien été vu au moment de la conception
04:26de l'intelligence artificielle, et que l'analyste puisse vraiment
04:30récupérer l'information pertinente pour son besoin,
04:33et s'assurer d'avoir une IA de confiance entre ses mains.
04:37L'outil devrait être opérationnel d'ici 2025.
04:42Des fonds marins jusque dans l'espace,
04:44l'intelligence artificielle doit rendre les systèmes d'armes
04:47plus rapides, plus précis et plus efficaces.
04:50L'intelligence artificielle, c'est véritablement le fait
04:53que la machine puisse à la fois analyser des situations,
04:57prendre des décisions, et soulager finalement l'humain
05:02de tâches qu'il ne pourrait pas faire,
05:03ou de tâches qui sont à faible valeur ajoutée.
05:05C'est une définition assez restrictive de l'IA,
05:08mais elle porte également la manière dont on l'analyse
05:12et la manière dont on souhaite l'employer
05:14au sein du ministère des Armées.
05:16Je donne l'exemple du renseignement.
05:18L'analyse d'images satellites,
05:21c'est des dizaines de centaines de milliers d'images par jour
05:26que l'on doit analyser.
05:27Évidemment, il faudrait embaucher 20 000, 30 000 analystes
05:31pour être capable de réaliser ces tâches.
05:33Évidemment, l'IA est extrêmement précieuse dans ce domaine-là.
05:37Si je reprends le cycle de John Boyd,
05:39ce colonel américain qui a théorisé la boucle OODA,
05:43donc la boucle du targeting,
05:45qui consiste à dire que pour accomplir une mission militaire,
05:47il faut d'abord observer, orienter, décider et agir.
05:52Sur cette boucle OODA, on peut retrouver une IA par domaine.
05:56Sur l'observation, on voit qu'aujourd'hui,
05:58on est obligé de traiter des masses de données considérables.
06:01Ensuite, vous avez le Orient.
06:04C'est comment est-ce qu'on bâtit une décision militaire,
06:07comment est-ce qu'on bâtit un plan d'action.
06:09Là, on est beaucoup plus sur ce qu'on appelle
06:10les Large Language Models.
06:12C'est ce que vous connaissez avec CHAT-GPT.
06:14Vous avez une base de données considérable
06:16et vous lui posez des questions.
06:17Ensuite, on a le DECIDE.
06:20C'est décider de quelque chose de militaire.
06:22Là, on va avoir des IA qui sont beaucoup plus
06:24dans le domaine de la prédiction, du rejeu, de la simulation.
06:28Et puis, on a le dernier volet, qui est le ACT,
06:30c'est-à-dire ce qu'on appelle l'IA embarquée.
06:33Par IA embarquée, on entend intelligence artificielle
06:36intégrée dans des systèmes d'armes pour décupler leur efficacité.
06:39C'est l'un des enjeux du concept de combat collaboratif
06:42au cœur des programmes Scorpion de l'armée de terre
06:45ou SCAF de l'armée de l'air et de l'espace.
06:50Avec la délégation générale de l'armement,
06:53l'armée de l'air et de l'espace conçoit son système
06:55de combat aérien futur, le SCAF, pour les années 2040.
06:59Ce SCAF sera constitué d'un ensemble de plateformes,
07:02certaines pilotées par l'homme et d'autres autonomes.
07:05L'intelligence artificielle y repose.
07:07Elle sera partout, dans tous les capteurs,
07:08tous les effecteurs et tous les centres de décision.
07:11La guerre en réseau, qui a été conceptualisée
07:13au début des années 80, finalement devient une réalité
07:16parce que les technologies désormais le permettent
07:18et que nos ennemis investissent.
07:20L'usage de l'intelligence artificielle dans le SCAF
07:23est pour une partie confidentielle, et je ne peux pas l'évoquer.
07:26Néanmoins, ce que je peux dire, c'est que l'intelligence artificielle
07:29sera utilisée, par exemple, pour les drones,
07:32notamment les drones de la guerre en réseau.
07:34Elle sera utilisée, par exemple, pour les drones,
07:36notamment les esseins de drones, pour coordonner leurs actions,
07:39pour déterminer quel drone ira sur telle ou telle cible
07:43en fonction des capacités d'armement qu'il aura.
07:45Tout ceci sera réalisé par l'IA et pourra être repris
07:49dès qu'il s'agit d'engagement par l'homme derrière,
07:52qui sera dans son cockpit.
07:54Avec d'autres entreprises, comme Airbus,
07:57l'armée de l'air et de l'espace cherche à optimiser
07:59la maintenance de ses matériels et de ses équipements.
08:03Avec Dassault Aviation, elle imagine déjà le cockpit du futur.
08:07Le champ d'action de l'IA est vaste.
08:13Dans le cadre de nos missions de reconnaissance,
08:15réalisées à partir de nos drones Reaper,
08:17nous travaillons avec une société Préligence,
08:19qui est spécialisée dans la construction d'algorithmes
08:22d'intelligence artificielle qui permettent de détecter
08:24et d'identifier des cibles sur des flux vidéo
08:28diffusés en temps réel.
08:29Ce qui nous permet également de diminuer le temps d'engagement
08:32de nos armements.
08:35Pour réaliser nos opérations aériennes,
08:37il faut nous entraîner quotidiennement.
08:39Et l'intelligence artificielle joue un rôle fondamental
08:42dans ces entraînements.
08:43Nous travaillons avec la société française Synapse Défense
08:46pour développer notre centre d'entraînement
08:49au combat collaboratif.
08:51Lors de missions d'entraînement et sur des scénarios constitués,
08:54en plus des participants réels,
08:56l'intelligence artificielle viendra enrichir ces missions
09:00en simulant des ennemis ou des ennemies
09:03avec des comportements tactiques évolués.
09:05Nos entraînements seront ainsi plus réalistes
09:08et encore de meilleure qualité.
09:12La recherche s'oriente aussi vers la conduite autonome.
09:15Thalès et le laboratoire Bordelais de recherche en informatique
09:19y travaillent, avec comme objectif final
09:21un essein de drone capable d'imiter la signature radar
09:25d'un avion ou d'un hélicoptère pour tromper l'ennemi.
09:29Pour faire croire à un adversaire
09:31que ce qu'il a en face de lui est un grand aéronef,
09:34en tout cas beaucoup plus grand que ce type de drone,
09:36on travaille sur le positionnement très précis des drones entre eux.
09:40En fonction des distances qu'il va y avoir entre les drones,
09:43de la puissance des réflecteurs qu'ils vont embarquer,
09:46on va pouvoir simuler la surface équivalente radar
09:50de l'aéronef de notre choix.
09:52Dans le projet ACIDU, on a choisi d'utiliser uniquement
09:56des réflecteurs passifs.
09:57Et non pas des systèmes actifs qui vont envoyer des ondes vers le radar.
10:01Donc là, ce sont typiquement des jeux de miroirs
10:04ou des catadioptres, comme on a sur nos vélos,
10:07qui vont réussir à renvoyer l'ensemble des ondes radar qu'ils ont reçues.
10:12Mais en fonction des caractéristiques de ces catadioptres,
10:16alors on peut avoir des performances plus ou moins intéressantes.
10:22On est capable aujourd'hui, dans le cas de l'ACIDU,
10:23d'aller positionner les engins aux bons endroits.
10:25Mais ce qui se passe, c'est que quand les engins sont positionnés,
10:27ils vont dériver.
10:28Il y a du vent, il y a des vibrations, donc ils vont un peu dériver.
10:30Et du coup, la représentation qu'on va avoir au niveau du radar
10:33va être fluctuante.
10:35Elle peut être pertinente dans certains cas de figure.
10:37Dans certains autres cas, elle peut être un peu embêtante
10:39parce qu'on va obtenir une forme différente de ce qu'on cherche à avoir.
10:42Donc ce qu'on va faire, c'est qu'on va faire un ensemble d'expérimentations.
10:45On va collecter des données sur le positionnement de l'essai,
10:48sur ce qu'on voit au niveau du radar,
10:49et on va, en quelque sorte, apprendre la différence.
10:52Donc ça, on n'est pas capable de le faire par des algorithmes classiques
10:54parce qu'il y a un ensemble de paramètres qu'on ne maîtrise pas,
10:56les vibrations des engins, la météo,
10:59des comportements influençant les drones entre eux
11:01à travers les souffles qu'ils vont générer.
11:03Donc on va faire ça avec du deep learning,
11:05de l'apprentissage avec des réseaux de neurones profonds,
11:07ou du federated learning,
11:09qui consiste à faire de l'apprentissage
11:11de manière distribuée, disons, pour schématiser.
11:15...concernant les capacités de calcul embarqué,
11:16consommation énergétique également...
11:18Le projet est soutenu par l'Agence de l'Innovation de Défense du ministère.
11:23Ce type de projet participe de l'exploration scientifique et technique
11:27qui est absolument essentiel pour à la fois déceler des innovations,
11:32mais également identifier des technologies qui sont disruptives.
11:36À l'Agence de l'Innovation de Défense,
11:37tous les projets qui sont soutenus
11:39ont été identifiés pour leur intérêt à défense,
11:42entre autres critères.
11:44Le projet ACIDUS ne fait pas exception.
11:47Nous avons anticipé des besoins futurs.
11:49Il s'agit également d'anticiper
11:51les développements technologiques de nos adversaires potentiels,
11:54notamment en matière d'intelligence artificielle,
11:56et donc d'anticiper nos capacités de réaction
11:59face à ces manœuvres offensives.
12:02La Défense recense déjà plus de 400 projets d'IA
12:05du stade de l'idée au développement en cours.
12:08Il s'agit désormais de passer à l'âge adulte.
12:11C'est le sens des propos tenus par le ministre des Armées,
12:13Sébastien Lecornu,
12:15le 8 mars 2024 devant l'école polytechnique.
12:18Le saut technologique que représente l'intelligence artificielle
12:22est sans doute celui qui révolutionnera la manière de faire la guerre,
12:26ou même, plus important encore,
12:28de l'éviter comme l'atome en son temps...
12:33Réussir ce saut technologique,
12:35c'est la mission confiée à la toute nouvelle agence ministérielle
12:37pour l'IA de Défense, l'AMIAD, créée cette année.
12:42Ce qui se passe en 2024, c'est essentiellement
12:44un changement de méthode et une accélération.
12:46C'est-à-dire qu'aujourd'hui, quand, à une certaine époque,
12:49on était sur l'IA comme un objet d'innovation
12:52et un objet prospectif,
12:53aujourd'hui, on est sur l'IA qui est un objet opérationnel.
12:56Et donc, la mission de cette agence,
12:59c'est, en deux mots, de faire en sorte
13:01que l'IA atterrisse en production au profit des opérationnels,
13:05et, comme je le disais tout à l'heure, autant de l'organique,
13:07les agences et ministères, que les forces en opération.
13:11En ligne de mire de l'AMIAD, les meilleurs talents du numérique.
13:15L'intelligence artificielle, c'est une guerre de talents avant tout
13:17parce que, malgré son nom, c'est le résultat d'un jeu de cerveau.
13:21Il est clair que, pour arriver à faire cette opération,
13:24de produire de l'IA,
13:26les gens que l'on va recruter vont évidemment être clés dans le dispositif.
13:31On ne part évidemment pas de zéro, bien au contraire,
13:33on a un certain nombre d'avantages dans ce pays,
13:36des écoles de formation en mathématiques, en informatique,
13:39qui sont de premier ordre mondial.
13:41Il n'y a qu'à voir la présence des Français dans toutes les boîtes de la tech
13:44et dans d'autres pays pour se rendre compte qu'on a quand même des cartes à jouer.
13:49Vous avez à la fois des grands champions de l'IA,
13:52qu'on peut nommer des IBM, les Google, les Apple,
13:56mais également des start-up qui se disputent les talents
14:01qui sont capables de participer à cette révolution de l'IA.
14:06Ça veut dire qu'on a à la fois une compétition sur,
14:09on va se le dire, la rémunération des gens
14:12qui sont aujourd'hui les nouvelles stars de l'IA,
14:14mais également sur l'intérêt, les missions.
14:18Et là-dessus, je pense que notamment la difficulté des défis techniques
14:23que nous devons résoudre et le sens de la mission
14:26nous permettent aujourd'hui de retenir des talents.
14:29D'ici 2026, 800 personnes travailleront sur l'IA au ministère des Armées,
14:34dont 300 à l'AMIAD.
14:36Les experts sont indispensables, tout comme les données.
14:39Elles sont à l'IA ce que le carburant est au moteur,
14:42la matière première essentielle.
14:45Vous pouvez avoir le système qui calcule le plus vite au monde
14:47avec les meilleurs algorithmes,
14:49c'est-à-dire les meilleures méthodes mathématiques pour faire de l'IA.
14:51Si vous ne pouvez pas l'entraîner, ça ne sert à rien.
14:54Et non seulement il faut l'entraîner, mais il faut l'adapter au cours du temps.
14:58Je donne un exemple sur les données de maintenance
15:02qui sont aujourd'hui une préoccupation
15:05pour garantir ce qu'on appelle la disponibilité opérationnelle de nos matériels.
15:09Ces données doivent être sans arrêt adaptées
15:13à la manière dont on utilise les équipements.
15:15Elles doivent être fournies en temps réel
15:17de telle manière que la machine puisse réaliser cette anticipation
15:22et dire quand on aura besoin d'intervenir sur le matériel.
15:26Plus vous avez de données, plus vous avez de données de qualité,
15:29plus vous aurez des IA qui sont capables de comprendre,
15:31de généraliser cette donnée,
15:33et plus vous allez permettre à des cas d'usage et des opérateurs
15:36d'interroger cette donnée et d'en faire des choses.
15:38C'est pour ça que c'est le nerf de la guerre.
15:40Si on veut que sur nos théâtres d'opération nos IA soient efficaces,
15:44il va falloir qu'elles soient confrontées aux données de nos théâtres d'opération.
15:50Parmi ces données, certaines sont classifiées, donc secrètes.
15:53Il faut pouvoir les traiter sans risque.
15:55C'est pourquoi le ministère se dotera d'ici 2025
15:58du plus puissant supercalculateur classifié secret défense
16:02dédié à l'IA en Europe.
16:05Ce qu'on veut, c'est disposer de modèles
16:06qui correspondent à l'utilisation maîtrisée de nos données
16:09et donc de pouvoir avoir une vision de la mécanique du moteur
16:13qui est suffisamment robuste
16:15pour qu'on puisse garantir aux décideurs,
16:17et aux décideurs politiques notamment,
16:18que quand il va, sur la base d'un traitement d'IA de nos données,
16:22prendre une décision, cette décision est maîtrisée.
16:25Maîtrisée et fiable.
16:27En matière de tromperie,
16:28il y a bien un domaine où l'IA fait aujourd'hui ses preuves,
16:31en particulier sur les réseaux sociaux,
16:33celui de l'information.
16:35Il y a quelques années, lorsqu'on parlait d'IA et de militaires,
16:39ce qui se faisait peur, c'est que tout le monde voyait Terminator.
16:42On voyait le robot tueur.
16:43Aujourd'hui, c'est beaucoup plus insidieux.
16:45Et l'arrivée d'IA générative
16:48est quelque chose que nous prenons extrêmement au sérieux.
16:50C'est un danger pour les démocraties.
16:52On voit bien la manipulation de l'information.
16:55Regardez les images qui peuvent être générées
16:57du président Macron, du président Trump à l'époque,
17:01qui sont extrêmement difficiles à discriminer de véritables images.
17:05Nous retrouvons notre expert IA de la DGA à Brue, près de Rennes.
17:09Avec d'autres, il conçoit justement un logiciel
17:12pour détecter de faux contenus générés par l'IA.
17:16Un outil qui intéresse notamment la cyberdéfense et le renseignement,
17:20en vue de détecter les attaques informationnelles
17:22qui viseraient les armées françaises.
17:24L'objectif, c'est de venir détecter ces deepfakes
17:27qui pourraient nuire à l'image de la France
17:28et à l'image des armées françaises.
17:30Concrètement, on va opposer une intelligence artificielle
17:32qui va générer des fake news
17:33à une autre intelligence artificielle
17:35qui va réussir à détecter des fake news.
17:37Et donc, on va lui apprendre à détecter ces mauvaises informations
17:41en lui donnant beaucoup d'exemples.
17:42Et c'est comme ça, en construisant toute une base d'exemples
17:45qui sont des fake news et des deepfakes,
17:48que notre intelligence artificielle va réussir à apprendre
17:51les points les plus saillants de ces générations d'images
17:56et réussir à les détecter ensuite sur un nouveau jeu de vidéos,
18:02images ou sons qu'on lui proposerait.
18:05On a pris cet exemple de Président Macron.
18:09Françaises et Français, mes chers compatriotes,
18:12qui sème l'illusion, récolte la souffrance.
18:16C'est une vidéo du Président qu'on peut retrouver sur les réseaux sociaux
18:19et qui a été truquée.
18:21Grâce à notre logiciel, on peut voir, image par image,
18:24si le logiciel de détection considère que c'est un deepfake.
18:28Et donc, on voit qu'à partir du moment où il dépasse un certain seuil,
18:31on considère que l'image a été manipulée.
18:32Et donc, c'est ce qu'on voit ici avec cette vidéo
18:35disponible sur les réseaux.
18:37Aujourd'hui, on voit que beaucoup de deepfakes
18:39peuvent être détectés de façon humaine.
18:43On va avoir des altérations dans des pixels,
18:46on va avoir des problèmes de synchronisation,
18:49des bouches, des problèmes dans la génération des mains
18:52ou dans les générations d'images.
18:54Mais on voit que ces processus s'améliorent de jour en jour.
18:57Et donc, il est très certainement possible que dans le futur,
19:01on n'arrive plus à détecter humainement
19:03que des images, des sons, des vidéos
19:07aient été générées via de l'intelligence artificielle.
19:09Et donc, c'est pour ça que nous, on y oppose
19:11d'autres intelligences artificielles pour venir détecter automatiquement
19:15et, en fait, ajouter de l'information à un humain
19:19que cette information a potentiellement été manipulée
19:22ou générée automatiquement.
19:24En tout cas, les fonctions d'IA générative
19:27Une première expérimentation d'IA générative
19:30est menée sur le réseau interne du ministère
19:32par le centre expert IA du secrétariat général pour l'administration,
19:37un équivalent sécurisé de chat GPT pour assister les agents de la défense.
19:41On a eu pas mal de retours utilisateurs
19:45qui ont montré finalement la pertinence
19:48de disposer d'une telle technologie en propre.
19:52Et suite à ces retours, on a décidé de créer une plateforme
19:55qui s'appelle Génial,
19:56avec finalement une volonté de toucher une population
20:01assez élargie au sein du ministère
20:04et vos banques qui se concentrent à l'heure actuelle
20:06sur les métiers qu'on retrouve en intermédiaire.
20:09Un jeu de données où en fait...
20:11Aujourd'hui, de ce que l'on a comme recul,
20:13on voit que c'est des technologies qui peuvent être utiles
20:16déjà pour rédiger du contenu,
20:18donc une aide pour rédiger des mails,
20:20pour rédiger des comptes rendus de réunion,
20:22pour produire également, par exemple, des synthèses
20:25de documents.
20:27Certaines personnes les utilisent également
20:29pour faire, par exemple, de la traduction.
20:32Donc, voilà, il y a, j'ai envie de dire, beaucoup de possibilités
20:36et on n'en est qu'au début,
20:37donc je pense qu'on va découvrir également
20:38d'autres fonctions utiles, quoi.
20:42Chaque semaine, des officiers en état-major
20:45testent l'outil Vauban.
20:47On reste responsable de ses productions.
20:50Donc il est capital de relire les produits de sortie de l'outil
20:55Ce sont des petites équipes
20:57qui nous font des retours assez régulièrement
21:01de ce qui marche, mais aussi de ce qui ne marche pas,
21:04en vue de les corriger et de les améliorer.
21:07Alors, on estime une première utilisation
21:11un peu plus large aux alentours de juin 2024
21:15pour cette première sur nos propres réseaux,
21:18pour une première capacité, une première évaluation.
21:21Ça, c'est son analyse,
21:23qui peut varier d'un moment à l'autre.
21:25L'opérateur qui va utiliser l'IA, il va se démultiplier.
21:29C'est un peu comme un exosquelette.
21:30C'est-à-dire que si vous avez un exosquelette,
21:33vous allez pouvoir déménager votre appartement en deux jours
21:35au lieu d'avoir une bande de déménageurs chez vous.
21:37C'est un peu ça, l'IA, c'est comme si vous aviez une batterie de gens
21:40qui travaille pour vous et qui va vous apporter des synthèses
21:43et faire du travail qui était avant dévolu à l'opérateur
21:46et qui, aujourd'hui, mettra l'opérateur en situation de supervision.
21:54L'intelligence artificielle pourrait aussi aider le commandement
21:58à planifier les opérations militaires.
22:00C'est le projet de la start-up française Commande AI.
22:06Ce que notre plateforme logicielle fait,
22:09c'est accélérer la phase de planification
22:13et soutenir, enfin, augmenter nos utilisateurs officiers
22:17qui ont à planifier des missions,
22:21que ce soit, effectivement, en amont de l'opération
22:23et permettre de planifier une opération
22:28au lieu de le faire en 12 heures, de le faire en 3 heures,
22:30donc gagner jusqu'à un ordre de grandeur
22:34en termes de délai de planification
22:37ou, pendant l'opération, en cas de délai,
22:40si on doit changer les plans initialement prévus,
22:42on va pouvoir replanifier très rapidement une mission.
22:47Et ce qu'il faut comprendre, c'est que, souvent,
22:50ces phases de replanification
22:55en opération, pendant l'opération,
22:57se font dans des situations de temps assez contraintes.
23:01Et c'est là que l'apport de l'intelligence artificielle
23:03est très significatif puisqu'il permet,
23:06en 10 minutes, une demi-heure,
23:08de réaliser des opérations de planification
23:10qui peuvent prendre plusieurs heures.
23:13On mobilise au moins trois grandes briques de technologies différentes.
23:17Une partie, vraiment, modèle de langage naturel,
23:19compréhension du langage naturel.
23:21Une partie qu'on appelle IA symbolique, algorithmique,
23:24pour manipuler des données.
23:25Et puis une partie simulation et apprentissage par renforcement,
23:29un peu sur le même modèle que les IA qui jouent aux jeux de go
23:31ou aux échecs.
23:32Et ensuite, c'est vraiment une compréhension assez fine
23:36de la logique qui est derrière des concepts
23:39qu'on est en train de manipuler.
23:40Qu'est-ce que c'est une tâche ?
23:41Tactiquement parlant, qu'est-ce que ça veut dire ?
23:44À quel moment j'arrive à repérer le fait que c'est une tâche ?
23:46Donc d'avoir ce niveau de compréhension assez fin
23:48pour vraiment expliquer, en quelque sorte, à l'IA,
23:51lui faire un manuel assez précis qu'elle peut comprendre elle
23:56et faire cette traduction entre le langage tactique militaire
23:58et quelque chose qui est compréhensible par une IA.
24:02Cette plateforme logicielle et son data center
24:04sont déployables en opération, en conditions réelles,
24:07et fonctionnent hors du réseau Internet.
24:09Je ne sais pas si vous avez cette image dans Matrix de Néo
24:13qui bouge plus vite que les balles qu'on lui tire dessus.
24:16Voilà, c'est ça, en fait, ce qui est recherché.
24:18C'est-à-dire qu'avec un système de commandement
24:21qui est fondé sur des processus très rapides,
24:24qui sont fiables et qui vous permettent de décider plus vite,
24:27finalement, vous surclassez votre ennemi
24:29avant qu'il n'ait pu bouger, avant qu'il n'ait pu se rétablir,
24:32qu'il ait pu prendre en compte votre action et trouver une parade.
24:35Qu'il puisse engager cette infiltration.
24:37L'armée de terre explore toutes les pistes ouvertes par l'IA
24:40pour prendre cet avantage.
24:42Demain, on peut même imaginer aller un peu plus loin encore
24:46dans les sortes de graal
24:50que recherchent les armées.
24:52Il y a celui du rapport de force, le fameux rap fort,
24:55qui permet, in fine, de dire est-ce que, localement,
24:58c'est-à-dire à un instant T,
24:59est-ce que je suis plus fort ou moins fort que l'ennemi ?
25:02Et ça oriente la décision.
25:04Ce rap fort, on peut l'étudier un peu plus loin,
25:07un peu plus précisément que ce qu'on fait aujourd'hui
25:09en intégrant des éléments locaux, liés à la manœuvre,
25:13mais des éléments de doctrine,
25:15des capacités connues des plateformes de combat ennemies
25:19et les nôtres,
25:20et puis faire une comparaison un petit peu plus objective
25:25à chaque instant de la manœuvre.
25:26Une des deuxièmes pistes qui doit intéresser l'armée de terre,
25:29c'est que si j'ai un ennemi,
25:31qui doit intéresser l'armée de terre,
25:33c'est que si j'arrive à accélérer un processus,
25:35à le rendre plus fluide et moins consommateur de ressources,
25:40je peux imaginer diminuer le volume.
25:45J'ai moins de véhicules,
25:46j'ai une capacité à bouger supérieure.
25:50Peut-être que j'émets moins d'informations
25:52parce que mon information est plus précise,
25:54et donc on commence à rentrer dans une logique de survivabilité
25:58sur un théâtre d'opération qui est intéressant.
26:00Sans que ça soit le driver de ce type de projet,
26:03c'est un effet secondaire de ce qu'on peut attendre
26:05de l'intelligence artificielle,
26:07qui serait de rendre nos PC plus mobiles et plus sûrs.
26:12Le domaine qui restera souverain jusqu'au bout,
26:14c'est le domaine de la décision.
26:16C'est finalement la décision d'envoyer des gens
26:18faire quelque chose d'extrêmement dangereux,
26:20d'ouvrir le feu, de mettre en péril leur vie.
26:23Et ça, ça restera de toute façon quelque chose
26:26qui sera décidé par des hommes et des femmes
26:28qui seront autour d'une table
26:29et qui essaieront de peser les risques au mieux.
26:33En France, le tournant de l'intelligence artificielle
26:36est bel et bien amorcé,
26:37avec une ambition de devenir la première puissance militaire
26:41de l'IA en Europe et dans le top 3 mondial.

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