SMART BOURSE - Emission du vendredi 8 septembre

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Vendredi 8 septembre 2023, SMART BOURSE reçoit Olivier Malteste (Directeur des investissements, Yomoni) , Raphaël Thuin (Responsable des stratégies de marchés de capitaux, Tikehau Capital) , Didier Borowski (Responsable Recherche Politiques Macroéconomiques, Amundi Institute) et Christian Parisot (Président, Altair Economics)

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00:00 Bienvenue dans Smart Bourse sur Bsmart, votre émission quotidienne pour rester à l'écoute
00:12 des marchés du lundi au vendredi à 17h en direct si vous nous suivez à la télévision
00:17 via vos box sur Bsmart TV bien sûr et à retrouver chaque jour en replay sur bsmart.fr
00:23 et en podcast sur l'ensemble de vos plateformes.
00:25 Au sommaire de cette édition ce soir, une ambiance qui reste lourde sur les marchés
00:30 globaux, sur les marchés actions notamment en Europe après une série de plusieurs séances
00:36 de baisse consécutives pour marquer ce début de mois de septembre.
00:39 On notera aujourd'hui une tentative de stabilisation des indices actions en Europe et aux Etats-Unis
00:45 mais encore une fois l'ambiance est un peu plombée depuis le début du mois de septembre
00:49 avec des actifs clés qui amènent différentes perturbations sur les marchés, sur les marchés
00:55 de taux bien sûr avec, ça a été l'histoire de l'été, des taux nominaux et des taux
01:01 réels aux Etats-Unis qui ont continué de progresser.
01:04 On a vu jusqu'à plus de 4,30 sur le disant américain qui reste d'ailleurs très proche
01:08 de ces sommets récents.
01:11 Le dollar par voie de conséquence lui aussi a poursuivi son rebond tout au long de l'été
01:16 après un point bas qui avait été marqué en juin-juillet.
01:19 L'indice dollar face à un ensemble de devises majeures retrouve des niveaux qu'on n'avait
01:23 plus vus depuis plusieurs mois créant là aussi des perturbations, de la pression sur
01:28 les devises émergentes, sur le yuan chinois mais également sur le yen japonais et puis
01:32 le pétrole là aussi qui s'invite en cette rentrée après un rebond de 30% en trois
01:37 mois au cours de l'été et un baril de Brenne qui reste autour de 90 dollars au moment
01:42 où on se parle.
01:43 Ce seront évidemment des sujets clés de discussion avec nos invités dans quelques
01:47 instants et puis dans le dernier quart d'heure, le quart d'heure thématique de Smartbourse
01:51 comme une fois par mois, le vendredi à 17h45, nous reviendrons sur les dernières grandes
01:56 tendances au sein de l'industrie ETF avec l'Observatoire ETF de Yeomanie et son directeur
02:02 des investissements Olivier Malteste qui sera avec nous donc en plateau dans le dernier
02:06 quart d'heure de cette émission.
02:19 Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smartbourse, les infos clés de marché
02:22 avec une dernière séance cette semaine pour essayer de se stabiliser.
02:26 Le résumé du jour avec Sibylle Aoudjian.
02:29 Le CAC 40 est resté très hésitant aujourd'hui encore avec une semaine de performances négatives.
02:37 Les valeurs technologiques pâtissent toujours des tensions sino-américaines mais surtout
02:42 d'un contexte de hausse des rendements obligataires américains.
02:45 Une étude publiée par Bank of America Global Research donne quelques chiffres au cours
02:51 de la semaine et les actions technologiques accusent des sorties de capitaux de 1,7 milliard
02:56 de dollars, une première en 11 semaines.
02:59 Rien que pour Apple, sa capitalisation boursière a fondu de 200 milliards de dollars en deux
03:04 jours.
03:05 Pour les indicateurs, la hausse des prix à la consommation en Allemagne a été confirmée
03:09 à 6,4% sur un an en août.
03:13 En France, on observe un regain de la production industrielle, celle-ci rebondit de 0,8% en
03:19 juillet après une baisse de 0,9% en juin selon les chiffres de l'INSEE qui précise
03:26 que ce rebond s'observe dans la plupart des branches.
03:29 Du côté des marchés, quelques changements sont à prévoir.
03:33 Euronext annonce une recomposition de l'indice SBF 120 avec la sortie d'Altarea, de Casino
03:40 et d'Antin Infrastructure Partners et l'entrée de Lectra, Argan et Xfab.
03:46 Cela interviendra après la clôture des marchés le vendredi 15 septembre et sera effectif
03:51 le lundi 18 septembre.
03:53 Côté valeurs, on observe un rebond du titre LVMH aujourd'hui après une longue série
03:59 de séances en baisse et un repli de près de 20% depuis mi-juillet.
04:04 La semaine prochaine, la BCE annoncera sa décision monétaire jeudi prochain selon
04:09 une enquête de Reuters, une courte majorité d'économistes attend un statu quo sur les
04:14 taux et la Fed doit faire de même le mercredi suivant.
04:17 Tendance mon ami, chaque soir pour débuter Smart Bourse et c'est Sybille Aoudjane qui
04:23 nous accompagne aujourd'hui dans Smart Bourse sur Bsmart.
04:36 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
04:39 Christian Parizeau est avec nous, le président d'Altair Economics et conseiller économique
04:43 auprès d'Orel BGC.
04:44 Bonsoir Christian.
04:45 Bonsoir.
04:46 Merci d'être là.
04:47 Merci à Didier Borowski de nous accompagner également.
04:48 Bonsoir Didier.
04:49 Bonsoir.
04:50 Ravi de vous retrouver.
04:51 Vous êtes responsable de la recherche politique macro chez Amundi Institute et Raphaël Thuyn
04:54 à nos côtés également ce soir.
04:56 Bonsoir Raphaël.
04:57 Merci d'être là.
04:58 Vous êtes responsable des stratégies de marché de capitaux chez Ticéo Capital.
05:01 Parlons peut-être des taux réels.
05:03 Je trouve que c'est un bon point d'entrée pour entamer une discussion de marché Raphaël.
05:07 Je regardais le taux réel à 10 ans aux Etats-Unis, donc corriger des anticipations d'inflation.
05:15 Ce taux réel à 10 ans atteint aujourd'hui 2%, ce qui est un plus haut dans ce cycle,
05:21 ce qui est un plus haut depuis 2009.
05:23 C'est évidemment la conséquence de ce que veut faire et veut voir la réserve fédérale
05:28 américaine mais ce niveau de 2% effectivement encore une fois on ne l'a pas vu depuis très
05:32 très longtemps.
05:33 Est-ce que c'est un top ? Est-ce que c'est une nouvelle normalité qui va s'installer
05:38 peut-être pour plusieurs mois dans les marchés avec si oui, quelles conséquences sur le
05:42 cycle macro et sur le cycle des marchés financiers ?
05:45 C'est effectivement la question centrale des marchés aujourd'hui.
05:49 Quelle va être la direction de ces taux d'intérêt dans les mois qui viennent ?
05:52 Il y a un petit peu eu une douche froide cet été.
05:55 On était encouragé par ce cycle de désinflation qui s'était entamé en disons à l'automne
06:01 2022.
06:02 On avait l'impression que ça y est, le plus dur a été fait, que les banques centrales
06:05 allaient enfin gagner en marge de manœuvre.
06:07 Et puis force est de constater depuis quelques mois qu'il y a une stabilisation de cette
06:12 désinflation, peut-être même un retournement de tendance.
06:14 Les grands facteurs désinflationnistes de ces 12 derniers mois se sont renversés ou
06:19 en tout cas se sont épuisés.
06:21 Quand vous regardez les matières premières, vous en avez parlé à l'instant, cette fois-ci
06:25 elles repartent à la hausse depuis juin.
06:27 Vous avez parlé du pétrole, c'est assez remarquable, 30%.
06:30 L'indice Bloomberg des commos qui inclut toutes les commos est lui plus proche des 8% de rebond.
06:36 Donc ça commence à être significatif.
06:37 Ça se sent dans les chiffres de l'inflation.
06:39 On l'a vu récemment.
06:40 Donc ça, c'est un facteur de désinflation qui s'est épuisé.
06:43 Sur les biens, qui a mené aussi une grosse partie de cette désinflation, elle est terminée.
06:48 Il n'y a plus d'inflation sur les biens.
06:50 Et malheureusement, lorsqu'on regarde les chiffres récemment, en particulier aux États-Unis,
06:54 les ISM, on a vu une reprise de l'inflation sur les biens.
06:57 Donc, quid des mois à venir ? C'est incertain.
06:59 Et puis des effets de base, c'est un peu plus technique, mais on se compare à des
07:03 chiffres très élevés d'inflation.
07:04 Ces effets de base, maintenant, ils vont plutôt jouer en notre défaveur, avec une inflation
07:09 depuis un an qui a baissé.
07:11 Donc là, clairement, il va falloir que ce phénomène d'inflation soit jugulé, en tout
07:17 cas que d'autres segments prennent le relais.
07:19 Alors, on pense évidemment aux services.
07:22 Les services, c'est 80% de l'inflation aux États-Unis.
07:25 Ça a été un facteur déterminant dans l'envolée des prix.
07:28 Or, les services, on le sait, ça met du temps à baisser, les prix mettent du temps à baisser.
07:34 C'est moins sensible aux politiques monétaires, très sensible au marché de l'emploi.
07:38 Or, le marché de l'emploi reste robuste malgré tout.
07:40 Donc, une incertitude là aussi.
07:42 D'ailleurs, on n'a pas constaté aujourd'hui de cycles de désinflation s'entamer réellement
07:46 sur les services.
07:47 Et puis, toujours cette incertitude autour des commos dans les mois à venir, quid du
07:54 prix du gaz, quid de l'Ukraine.
07:55 Alors là, on ne va pas se lancer là-dessus, c'est absolument imprévisible.
07:58 Donc, résultat des courses, on est sur des taux qui continuent leur tendance haussière.
08:03 Une thématique des banques centrales qui devient beaucoup plus floue, dans quelle mesure cette
08:08 remontée des taux peut changer les attentes des marchés en termes de potentielle baisse
08:13 des taux à l'avenir.
08:14 Et puis, une vraie question sur les valorisations.
08:16 Une des parties du rebond des marchés portait sur cette thématique d'inflation maîtrisée,
08:23 d'une baisse de taux à venir qui justifierait potentiellement des multiples qui sont assez
08:27 élevés.
08:28 C'est ce qu'on va sentir.
08:29 Il y a un vrai risque pour vous de...
08:30 Alors, on a parlé beaucoup de la désinflation immaculée qui n'avait pas eu d'impact, notamment
08:35 sur le chômage aux Etats-Unis jusqu'à présent.
08:38 Là, l'idée, c'est une désinflation contrariée peut-être devant nous, Raphaël.
08:42 C'est un risque important ?
08:43 C'est un risque important.
08:46 Chez TKO, on mise vraiment sur cette idée que oui, certes, les prix vont baisser sur
08:51 le long terme, mais on est probablement dans un changement d'air où cette inflation,
08:54 elle est structurelle, elle va se maintenir à des niveaux beaucoup plus élevés dû au
08:59 fait que la démondialisation atteint des niveaux importants, les coûts de production
09:06 ont augmenté.
09:07 On a beaucoup parlé de cette dimension-là.
09:09 Et que finalement, lorsque vous regardez les attentes des marchés, les anticipations des
09:14 marchés, on reste sur une complaisance assez remarquable vis-à-vis de ces problématiques
09:19 d'inflation.
09:20 Donc, ça, ça pose question.
09:21 En tout cas, pour l'investisseur, aujourd'hui, ça va être une dimension à prendre en compte
09:25 pour la fin d'année.
09:26 La désinflation contrariée ou le risque de voir la mécanique de désinflation contrariée
09:30 après être passé de 10 à 5 en Europe et de 10 à 4 ou 3 aux Etats-Unis ?
09:35 Didier, qu'est-ce qu'on peut dire en cette rentrée ?
09:37 Et je reviens sur mon taux réel dix ans américain à 2%.
09:40 Est-ce que c'est un top ?
09:42 Est-ce que c'est un new normal qui s'installe pour les investisseurs ?
09:45 Il y a deux éléments dans la question.
09:46 Il y a d'abord la question inflation.
09:48 La désinflation est contrarie en effet par les prix de l'énergie, mais il faut regarder
09:50 aussi l'inflation sous-jacente.
09:51 Nous, notre sentiment, c'est quand même que l'inflation sous-jacente, bon an, mal an,
09:54 elle va ralentir.
09:55 Mais il faut avoir en tête qu'elle va ralentir lentement.
09:58 Donc, on va revenir à la cible de la Réserve fédérale plutôt fin d'année prochaine
10:02 et donc de façon très graduelle.
10:03 Alors, est-ce que ça va être avec des à-coups probablement sur certaines composantes des
10:07 prix ?
10:08 Parce que je pense que le nouvel environnement dont on vient de parler sur les prix, ce n'est
10:11 pas nécessairement sur l'inflation en tant que tel.
10:13 Ce sont des chocs sur les prix relatifs qui sont très difficiles à anticiper.
10:16 On va entrer dans un environnement avec la transition énergétique, dans ce nouvel
10:20 monde de mondialisation, on va dire, différente, en tout cas où des prix relatifs vont s'ajuster.
10:24 Donc, il y aura en effet une inflation probablement plus volatile et probablement structurellement
10:29 un peu plus élevée.
10:30 Mais je ne crois pas sur les taux nominaux que le sujet de l'inflation épuise le sujet
10:34 de la remontée des taux d'intérêt.
10:35 C'est-à-dire que ce qu'on a vu sur les segments longs de la courbe des taux américains, à
10:39 mon avis, reflète aussi une problématique liée à la dérive budgétaire américaine.
10:44 Je ne suis pas en train de dire que l'ensemble, mais fondamentalement, il faut quand même
10:48 avoir en tête qu'il y a une dégradation des finances publiques américaines.
10:50 Certaines agences ont envoyé des petits signaux d'alerte sur la notation américaine.
10:55 C'est assez inquiétant à l'horizon 5 ou 10 ans.
10:58 Quand on regarde la dynamique de la dette publique américaine, c'est assez peu su en
11:01 Europe.
11:02 Mais elle est bien plus mauvaise que celle de la zone euro prise dans son ensemble.
11:05 C'est-à-dire que la zone euro, depuis la grande crise financière, il y a eu une hausse
11:10 assez modérée.
11:11 Je parle de la zone euro agrégée, je vais revenir au pays.
11:12 Il y a eu une hausse assez modérée du ratio de dette sur PIB.
11:15 Aux Etats-Unis, on sera à 135-138% du PIB en 2028.
11:19 Et les déficits budgétaires sont assez élevés.
11:21 Il n'y a pas de politique budgétaire restrictive dans le tuyau.
11:24 Au contraire, on a bien sûr, évidemment, tout sans tête, le projet Inflation Reduction
11:28 Act qui a des effets multiplicateurs assez marqués.
11:30 Donc, il est possible, ce que je dis, c'est qu'il est possible qu'au-delà de la conjoncture
11:33 et de l'inflation, il y ait aussi une prise de conscience de ce que l'on est quand même
11:37 durablement dans un paysage et donc ça se paye par des primes de risque.
11:40 Je parle des segments longs de la courbe des taux.
11:41 Et sur les taux d'intérêt réels, attention, il y a différentes manières de les mesurer.
11:45 Il y a les taux d'intérêt réel de marché, les taux d'intérêt réel quand on enlève
11:49 l'installation moyenne, les taux d'intérêt, on est quand même avec des taux d'intérêt
11:53 réels qui sont encore très élevés.
11:55 En soi, ce n'est pas alarmant les niveaux des taux d'intérêt réels en niveau aujourd'hui.
11:59 C'est clair qu'on a une séquence de durcissement monétaire qui est telle qu'on devrait quand
12:03 même voir les conditions financières et monétaires commencer à mordre sur l'activité
12:08 au premier semestre de l'année prochaine.
12:09 Mais il y a des facteurs temporaires sur lesquels on reviendra qui expliquent pourquoi finalement,
12:13 en dépit de ce qui a été fait, de la remontée des taux d'intérêt réels, on n'a pas
12:15 vu au jour d'aujourd'hui la croissance américaine rallonger.
12:18 Non mais vas-y, une partie de la réponse c'est déjà la variable budgétaire qui
12:22 devient une variable clé aujourd'hui pour expliquer la différence dynamique américaine,
12:28 européenne et chinoise.
12:29 C'est vrai, mais il faut faire attention parce qu'il y avait, quand on mesure l'impulsion
12:32 budgétaire, la variation du seul budgétaire structurel.
12:35 En théorie, on devait avoir une impulsion budgétaire négative, c'est-à-dire où
12:37 en tout cas qui se normalisait mais qui n'était pas vraiment un soutien pour la croissance.
12:41 Mais ce type de mesure d'impulsion budgétaire ne prend pas en compte les effets multiplicateurs.
12:45 Or il y a des effets multiplicateurs absolument incroyables liés à l'inflation reduction
12:49 acte, aux déductions fiscales, etc.
12:52 Et ça, ça a eu un effet qui a surpris tout le monde, y compris la réserve fédérale,
12:55 y compris le Trésor américain, etc.
12:56 Et quand on regarde en détail les chiffres, il est possible que cette dynamique de l'investissement
13:00 perdure.
13:01 Et donc là on a quelque chose d'inobservé, c'est-à-dire qu'on a une banque centrale
13:04 qui durcit très fortement sa politique monétaire et l'investissement qui surprend à la hausse
13:07 en lien avec des effets multiplicateurs de la politique budgétaire qui ont été sous-estimés.
13:11 Alors ces effets multiplicateurs, on sait, ils ont un pic.
13:14 On ne sait pas bien chiffrer parce que ce sont des choses qui n'ont jamais été faites
13:17 par le passé.
13:18 Donc on ne sait pas très bien chiffrer mais normalement le pic, on devrait l'atteindre
13:22 dans les mois qui viennent.
13:23 Et on devrait avoir quand même, et du côté de la consommation, un autre facteur qui a
13:27 beaucoup surpris depuis le début de l'année, c'est l'ampleur du soutien apporté à la
13:30 consommation par l'épargne excédentaire.
13:33 Mais qui est en train de fondre comme un neige au soleil.
13:35 Les effets de l'épargne excédentaire devraient s'épuiser d'ici la fin de l'année, peut-être
13:39 même dès ce trimestre.
13:40 Et donc l'un dans l'autre, on voit que deux des grands moteurs de la croissance américaine
13:43 au premier semestre et probablement encore au troisième trimestre vont probablement
13:47 s'amenuiser, perdre un peu en dynamisme, voire s'épuiser d'ici le premier trimestre
13:52 2024.
13:53 Et qu'est-ce qui restera ? La montée des taux d'intérêt réels, le durcissement des conditions
13:56 financières et là on peut avoir un effet quand même d'aplatissement de la croissance
14:00 américaine assez marquée avec évidemment les questions récurrentes et sous-jacentes
14:04 sur ce qui va se passer en termes de politique de la Banque centrale.
14:07 Et ce qui est nouveau aussi dans ce que vous décrivez, c'est que les salariés américains
14:11 vont voir une croissance réelle positive de leur salaire avec une inflation qui s'est
14:16 quand même atténuée depuis un an et des hausses de salaire embarquées qui couvrent
14:20 aujourd'hui quand même en partie largement l'inflation telle qu'elle est mesurée aux
14:23 Etats-Unis.
14:24 Il y a quand même une dégradation lente du marché du travail, donc ça devrait se
14:27 poursuivre.
14:28 Ce ne sera pas un très fort soutien à l'activité économique de notre point de vue.
14:31 Il y a quand même une récession qui se prépare d'ici 2024 probablement.
14:35 Donc ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu de récession jusqu'à présent aux Etats-Unis
14:39 que 2024 sera immune de ce point de vue-là ?
14:41 Non, parce qu'il y a des effets dont on sait qu'ils sont temporaires.
14:43 Par contre, on ne sait pas bien jauger la fin de ces effets temporaires.
14:46 C'est ça la question aujourd'hui qui est posée aux conjoncturistes.
14:49 Christian, vos commentaires, vos remarques sur cette discussion ?
14:53 Le retour des taux d'intérêt réels, c'est lié aussi, alors il y a plusieurs choses,
15:00 mais il y a un des éléments structurels et ça a été en partie dit déjà, c'est
15:04 le fait que très clairement on est sur une hausse de l'investissement et d'un investissement
15:08 public fort qui n'est pas dépendant des taux d'intérêt.
15:10 C'est ça qu'il faut bien comprendre.
15:12 Quand on parle de transition énergétique, de plus en plus on parle d'investissement
15:14 public fort pour faire cette transition énergétique avec des tensions qui seront là sur certaines
15:20 matières premières qui seront vraiment indispensables de manière très importante pour cette transition
15:24 énergétique.
15:25 Donc ça veut dire que vous avez clairement un investissement aujourd'hui qui n'est
15:28 pas privé, qui est public, déconnecté des taux qui est là.
15:31 Et donc forcément…
15:32 Déconnecté des taux, il faudra bien les financer quand même ces investissements.
15:34 Il faudra bien les financer mais on sait que ça ne sera pas aussi…
15:36 Ce n'est pas le niveau des taux qui détermine la volonté politique ?
15:39 Ce ne sera pas la rentabilité du projet qui sera mis en avance, c'est plutôt cette
15:43 transition.
15:44 Oui mais on est quand même sur des investissements longs.
15:45 Quand on parle d'investir dans les centrales nucléaires, quand on parle aujourd'hui
15:49 de l'inflation…
15:50 De l'inflation acte.
15:51 De l'inflation acte, investis quel que soit le niveau des taux d'infed, c'est
15:56 des aides qui apparaissent.
15:57 Et donc ça, c'est même contradictoire par rapport à la politique de la Fed.
16:02 La Fed monte ses taux, renchérit le coût de l'investissement et derrière vous avez
16:05 des subventions publiques qui abaissent le coût de l'investissement donc améliorent
16:10 la rentabilité.
16:11 Donc ça ce sont des vrais effets.
16:12 Mais au-delà de tout ça, c'est que je pense que les marchés commencent à prendre
16:15 en compte cet élément-là où on va avoir véritablement un investissement qui va être
16:20 durablement plus fort alors qu'avant on était sur un excès d'épargne, maintenant
16:23 on va devoir financer cet investissement.
16:25 L'autre élément, alors ça c'est structurel, je ne vous dis pas que ça n'empêchera
16:28 pas les taux de baisser, mais conjoncturellement ou très ponctuellement, mais en tout cas
16:32 c'est un vrai élément.
16:33 Et puis l'autre élément, c'est peut-être que le marché se dit aussi que la période
16:37 de taux négatifs, de banque centrale qui achète la dette à tout va, elle est quand
16:41 même largement finie aujourd'hui.
16:42 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, même si vous aviez une récession aux Etats-Unis,
16:46 même en Europe si on a une récession, je ne vois pas la BCE tout de suite repasser
16:49 à des taux négatifs pour relancer l'économie.
16:51 Et je ne vois pas la BCE mettre en place un programme de rachat d'obligations.
16:55 Donc on est quand même sur l'idée que les banquiers centraux ont pris en compte,
16:59 et d'ailleurs regardez le dernier discours de Madame Lagarde, elle a dit "voilà, on
17:03 est sur une période de retour de l'inflation".
17:05 Alors, est-ce qu'on sera à l'inflation ou au retour de l'inflation, ça ne veut
17:07 pas dire qu'on va rester sur une inflation qui va être à 3, 4, indéfiniment.
17:11 Elle peut revenir à 2, mais ça veut dire qu'aujourd'hui, l'objectif c'est de
17:15 la faire revenir à 2.
17:17 Avant l'objectif c'est qu'elle aille à 2.
17:18 Donc on change de monde.
17:20 Et donc ça veut dire que les banquiers centraux aujourd'hui ne sont pas prêts à monétiser
17:23 la dette, ils ne sont plus prêts à injecter des liquidités.
17:26 Et donc forcément, ça veut dire qu'aujourd'hui, on donne un prix à ces liquidités, à l'argent,
17:31 et donc on est sur un vrai changement structurel.
17:33 Alors après, de manière un petit peu plus conjoncturelle et ponctuelle, ce que commence
17:39 à intégrer le marché, c'est très clairement de l'incertitude sur l'inflation.
17:42 Et ça c'est quelque chose, alors il y a encore quelques semaines, qui était assez
17:45 incroyable, quand vous regardiez les marchés, le marché c'était "on tire la ligne droite,
17:50 on avait un beau mouvement de désinflation, on tire la ligne droite et puis on se dit
17:53 on y va, on va vers les deux".
17:54 D'ailleurs il y avait même une certaine incohérence, puisque quand vous regardiez
17:57 les prévisions de la Fed...
17:58 On arrive à les trouver les deux, quand on enlève le moyen implicite, quand on enlève
18:02 toutes les parties qui n'ont pas encore baissé, il y en a plein qui nous montrent qu'en rythme
18:05 annualisé sur 3 mois, sur 6 mois, on est déjà quasiment à 2 d'inflation aux Etats-Unis.
18:10 Puis on y était, l'Espagne par exemple, l'Espagne était même repassée en dessous
18:13 de 2 par indice global.
18:15 Alors là, c'était formidable.
18:16 Bon, on sait qu'il y a des éléments techniques, on sait que c'est plus compliqué que ça,
18:20 et on sait qu'en plus quand on sort des boucliers énergétiques en Europe, ça va faire remonter
18:23 l'indice des prix mécaniquement.
18:25 Et puis surtout il y avait un vrai décalage, c'est-à-dire que si vous preniez, il y a
18:28 encore au mois de juin, les marchés obligataires nous disaient "on est à 2", alors surtout
18:33 aux Etats-Unis un peu plus tard en Europe, mais on est à 2 d'ici la fin 2023.
18:37 Vous interrogiez les banquiers centraux, le FMI, le CDE, ils vous disaient "on sera au-dessus
18:42 de 2 jusqu'en 2025".
18:44 Donc il y avait quand même une vraie incohérence de marché, et je pense que le marché n'a
18:47 pas encore totalement intégré ça, mais il va falloir qu'il l'intègre.
18:50 Maintenant, on est dans un moment de volatilité de l'inflation, et ça sera beaucoup plus
18:54 long.
18:55 Et puis dernière chose, c'est quand même une bonne nouvelle, c'est au réel positif
18:58 pour la Banque Centrale Américaine, puisqu'aujourd'hui, alors il reste un levier aux Etats-Unis pour
19:03 vraiment réduire l'inflation, parce que le mouvement de désinflation s'est fait sur
19:06 les prix de l'énergie et sur les prix des biens.
19:08 Donc ça c'est fini, les prix des biens ils vont désintégrer.
19:11 Et il nous reste encore les prix de l'immobilier.
19:15 Et pour freiner l'immobilier, il faut absolument que les taux longs américains restent élevés,
19:20 parce que sinon l'immobilier repart très très vite aux Etats-Unis, on n'a pas de
19:23 stock aux Etats-Unis.
19:25 Si la demande est de nouveau stimulée par une baisse des taux d'intérêt, ça va repartir
19:28 très vite.
19:29 D'où le fait qu'on a forcément des banquiers centraux, qu'ils y croient ou non, qui vont
19:33 devoir maintenir un discours, faut qu'ils maintiennent des taux longs.
19:37 Parce que s'ils commencent à dire "ça y est, on a gagné, c'est fini, l'hausse
19:40 de taux c'est fini", le marché va dire "dans 6 mois ils baissent les taux" et vous
19:43 allez avoir les taux longs qui vont baisser immédiatement, la courbe des taux qui va
19:47 s'inverser.
19:48 Et donc il faut maintenir ces taux-là, et donc le seul moyen c'est de maintenir un
19:52 discours très fort.
19:53 Et ça je pense que le marché n'est pas prêt aussi, parce que le marché est toujours
19:55 dans l'idée "bon, pause, et après ils montent les taux".
19:58 - Et ça baisse très vite après.
19:59 - Voilà.
20:00 Et ce qu'ils disent aujourd'hui, et ce qu'ils essayent de faire passer le message,
20:02 et ça c'est pas encore totalement intégré dans les marchés, et on a encore eu, alors
20:06 on a eu 7 discours sur les dernières 24 heures de banquiers centraux, mais en gros ils disent
20:10 "on peut skipper, vous savez, on ne monte pas les taux une fois, mais ça ne veut pas
20:15 dire qu'on fait une pause".
20:16 Et ils essayent vraiment de casser ce mouvement.
20:18 - Le mouvement de l'été prend peut-être déjà un peu en considération cette idée
20:21 du "hire for longer", etc.
20:22 - Voilà, mais il va falloir quand même vraiment l'intégrer, donc ça veut dire qu'on n'a
20:26 pas totalement tout intégré sur les marchés, notamment sur ces niveaux de taux d'intérêt.
20:29 - Raphaël, s'il y a des points à ajouter, et puis ce qui me marque quand on parle des
20:33 Etats-Unis, c'est autant je trouve que le sentiment côté cycle américain reste globalement
20:39 positif, on est toujours, on continue d'être toujours un peu plus surpris positivement
20:44 par les Etats-Unis par rapport à ce qu'on peut attendre, on verra, on reporte l'idée
20:47 de la récession peut-être sur 2024 ou j'en sais rien, et à l'inverse du spectre, on
20:53 a la Chine, où le sentiment était déjà quand même très très négatif depuis plusieurs
20:59 mois voire quelques trimestres, et en cette rentrée j'ai l'impression que le sentiment
21:03 continue d'être toujours plus négatif sur la Chine alors qu'on est déjà, enfin quand
21:07 on regarde la valorisation des marchés actions chinois, on se dit que déjà on anticipe
21:12 des choses très très négatives.
21:13 - Alors parlons de valorisation, pour commencer vous avez raison, la valorisation du marché
21:18 chinois elle est à la cave, la décote de valeurs entre les US et la Chine est la plus
21:24 large historique, jamais la Chine n'a été si peu chère comparée aux US.
21:28 Donc en termes de valeurs il n'y a pas d'argument.
21:30 C'est vrai en plus, et je m'étonne avec vous, le sentiment reste très négatif alors
21:34 que les nouvelles récentes ont été marginalement plus positives.
21:37 Août a été un petit peu meilleur que juillet sur les imports et exports, sur le manufacturier,
21:44 sur les ventes d'autos, il y a eu quelques chiffres plus encourageants, on a cru déceler
21:49 une détente géopolitique aussi avec les Etats-Unis, quoi qu'elle soit très incertaine,
21:54 mais on peut l'argumenter de ce point de vue là.
21:57 Des mesures de stimulus qui s'accumulent, alors aucune d'entre elles n'est bazooka,
22:02 mais en tout cas ça s'accumule et sur le marché de l'immobilier peut-être qu'on
22:05 peut pressentir qu'elles ne sont pas anodines ces mesures-là, en tout cas on entend qu'elles
22:10 pourraient contribuer à stabiliser ce marché.
22:11 Donc effectivement c'est étonnant de voir le manque de regain de ce marché compte tenu
22:16 d'une décote très importante d'une part et d'autre part de nouvelles plus constructives
22:22 depuis quelques semaines.
22:23 On en dit long sur le sentiment général.
22:25 Plus long terme, et c'est quand même là-dessus qu'on va raisonner, parce que sur le court
22:29 terme de toute façon on se trompe toujours, sur le long terme quand même, et pour l'investisseur
22:34 c'est ça qu'il faut regarder, on est sur des vents de face pour l'investisseur en
22:40 Chine qui sont très importants, pour certains très handicapants.
22:44 On va parler d'une croissance qui structurellement décroît au fur et à mesure des années,
22:50 la croissance structurelle du pays va aller en décroissant.
22:53 Tout ça, il y a beaucoup de facteurs, mais on pourra aussi parler de facteurs démographiques
22:57 qui sont dramatiques en Chine, utilisons les mots, dramatiques.
23:01 Une économie qui croule sous la dette, sur la dette publique et privée, et des épisodes
23:09 de marché, de segments d'économies trop endettés, on sait comment ça se finit, ça
23:13 se finit mal, et c'est long.
23:14 Un autre facteur, en particulier à travers ce segment immobilier qui est essentiel à
23:20 l'économie, avec 20% du PIB je crois qui est l'immobilier, une grosse partie de l'épargne
23:27 des Chinois, donc un gros problématique de dette, et puis une dimension géopolitique
23:32 qui est aussi grave, avec une bipolarisation de ce monde qui finira par coûter, ou en
23:37 tout cas on s'éloigne des fondamentaux qui ont porté l'économie chinoise pendant 10,
23:43 20, 30 ans, ou en tout cas depuis leur entrée de la Chine.
23:45 Donc pour vous c'est les perspectives de long terme de la Chine qui expliquent que
23:50 même sur le court terme, les investisseurs n'arrivent pas à trouver d'argument suffisant
23:54 pour au moins tactiquement peut-être se dire que le fond de la piscine est proche ?
24:00 Alors je n'argumenterai pas sur le court terme, vous me laisserez cette pirouette,
24:04 et on peut imaginer un rebond compte tenu des deux côtes et de nouvelles qui sont bien
24:08 meilleures.
24:09 Ça ne changerait pas l'investisseur néanmoins, mais ça apporterait un peu de flagement.
24:11 Et la big picture, elle est très difficile, c'est très difficile d'aller faire un pari
24:16 sur ce marché.
24:17 On peut spéculer sur le court terme, on peut faire un coup.
24:18 Pour l'investisseur fondamental qui a investi sur de la conviction long terme, on a beaucoup
24:24 de fagnons orange ou rouge qui sont agités devant nous.
24:27 On peut avoir une petite bouffée d'oxygène de quelques mois à court terme en provenance
24:34 de Chine, qui améliorerait un peu le sentiment, juste l'ambiance sur les marchés vis-à-vis
24:39 de l'Allemagne, etc.
24:40 Je pense que la vraie big picture, comme on dit, c'est la transition un peu accélérée
24:44 vers un régime de croissance plus lent.
24:46 On attendait depuis des années, et là, il semble bien que les autorités chinoises abandonnent
24:51 de facto la cible de croissance de 5%.
24:53 Et donc, on va converger plus rapidement.
24:56 Ça veut dire quoi en creux ? En dépit de l'éclatement de l'abus de l'immobilière,
25:00 puisque c'est quand même une crise immobilière assez sévère, malgré cette crise immobilière,
25:05 les autorités prennent des petites mesures qui, de notre point de vue, ne sont pas susceptibles
25:09 de changer radicalement la donne sur ce ralentissement.
25:11 On est 13 ans de ça des anticipations moyennes sur l'économie chinoise.
25:14 On anticipe 3,7 l'an prochain, un peu moins à l'horizon 2025.
25:17 Donc, on voit bien qu'on a une trajectoire baissière vers ce nouveau régime de croissance.
25:22 Il n'y a pas de réimpulsion pour vous ? Le but actuellement des autorités chinoises,
25:25 ça semble être le fait de limiter les dégâts et d'éviter les effets de bord sur la consommation
25:30 des ménages.
25:31 Donc, ils prennent le minimum des mesures possibles.
25:33 Mais pas de stimuler ? Non, parce qu'il y a un excès d'offres
25:35 qu'il faut apurer.
25:36 Je pense qu'ils ont bien pris conscience de ça.
25:39 Et puis, il y a d'autres objectifs.
25:40 Les autorités chinoises ont d'autres objectifs que le simple cible de croissance.
25:43 On voit bien que ces objectifs, il faut être politique étrangère, politique interne,
25:46 etc.
25:47 Donc, il faut faire très attention, en effet, avec cette nouvelle gouvernance.
25:49 Donc, il faut être prudent, en effet, en termes d'allocations.
25:52 Mais la chose la plus importante qu'il faut avoir en tête, en effet, c'est qu'il y a
25:57 des facteurs structurels, ça a été dit, qui pèsent sur le potentiel de croissance
26:01 de moyen terme de l'économie chinoise.
26:03 Et pour l'investisseur, ça va aussi mal que ce que les indicateurs macro, déjà,
26:08 avec la capacité ? Ou est-ce qu'il y a quand même des trucs
26:10 booming en Chine ? Moi, j'ai des investisseurs qui me parlent
26:13 de la transition, les panneaux solaires.
26:14 Ils ont installé plus de 200 gigawatts de panneaux solaires cette année.
26:17 C'est plus que ce qui a été fait dans l'ensemble du monde l'an dernier.
26:20 Les véhicules électriques, tout le monde nous parle de la déferlante qui arrive, etc.
26:24 Il y a quand même des secteurs d'activité en Chine, j'ose le montre, où c'est quand
26:29 même booming.
26:30 Mais il y a une opacité sur la gouvernance chinoise qui, je pense, se paye au prix fort
26:35 en termes d'attractivité pour les investisseurs.
26:36 D'accord.
26:37 Ça ne suffit pas d'avoir quelques secteurs clés comme ça ?
26:39 Ça ne suffit probablement pas pour les investisseurs, en tout cas à court terme, qui attendent
26:43 d'y voir un peu plus clair en termes d'objectifs des autorités chinoises qu'elles sont prêtes
26:47 à faire pour stabiliser la croissance.
26:48 Ceci dit, on n'est pas dans le pire des scénarios.
26:50 Il n'y a pas d'atterrissage brutal de l'économie chinoise.
26:52 Si les autorités chinoises veulent vraiment stabiliser les choses parce que ça ralentit
26:56 trop fortement, ils continueront, ils amplifieront les mesures qu'ils sont en train de prendre.
27:00 Donc ils ont les mesures, ils ont les moyens quand même de stabiliser.
27:02 Mais ils sont prêts à accepter…
27:04 L'objectif c'est stabilité, ce n'est pas relance.
27:06 Ils sont prêts à accepter le coût en croissance de la crise immobilière.
27:10 C'est ce qu'on est en train de voir et ça va sans doute se poursuivre dans les trimestres.
27:13 Ça se voit sur les devises.
27:14 C'est vrai qu'on reparle un peu du yuan.
27:16 Il y a le dollar fort en face qui a rebondi tout au long de l'été.
27:19 Et puis le yuan, ils ont même du mal à tenir visiblement la bande de fluctuation qu'ils
27:23 fixent tous les jours.
27:25 Oui, alors par contre il y a quand même un vrai changement par rapport aux débuts d'année.
27:31 Au début d'année, on parlait tous de le fameux plan de relance chinois, la sortie
27:35 du Covid, les plans de relance chinois.
27:37 Et j'avais même des clients qui pensaient ouvrir des fonds spécials dédiés à la
27:40 Chine pour profiter de cet effet boom de relance chinoise.
27:43 On a calé l'idée de la revanche, du shopping revanchard sur les Chinois de ce qu'on avait
27:48 vu en Europe.
27:49 Honnêtement, j'étais aussi un peu sur cette idée de redémarrage assez fort.
27:51 Je ne vous jette pas la pierre, mais ce que je veux dire c'est que cet été, j'ai été
27:56 très marqué par l'ensemble des articles qui sont sortis dans la presse.
27:59 Il y a un mélange toujours de conjoncture et de structurel.
28:04 Et j'ai trouvé qu'on a eu un vrai déplacement de la communication dans la presse où on
28:10 ne parlait que des problèmes structurels de la Chine et non plus des problèmes conjoncturels.
28:14 Dans la presse chinoise ou dans la presse internationale ?
28:16 Chinoise et internationale.
28:17 Elle comprend tout.
28:18 Il a invité un de ses méliques, sa économiste a fait deux « une » sur la Chine parce
28:21 qu'elle n'avait jamais vu deux « une » successives pour dire que ça n'allait pas bien.
28:24 Vraiment sur les aspects structurels.
28:25 Alors pourquoi ? Pourquoi je dis ça ? Ça peut paraître anecdotique, mais pour les
28:29 investisseurs, ça joue énormément.
28:30 Parce que vous aviez encore, il y a six mois, des investisseurs qui raisonnaient conjoncture
28:34 chinoise, plan de relance chinois.
28:36 Et là maintenant, on commence de plus en plus à avoir un consensus qui est en train
28:39 de se mettre en place sur un problème structurel chinois.
28:42 Et là, ça change beaucoup de choses dans les choix d'investissement, dans les choix
28:46 de valorisation des entreprises chinoises et puis sur le yuan maintenant.
28:50 D'où les pressions sur le yuan très fortes.
28:52 Alors très court terme, je pense qu'il va y avoir un rebond de l'économie chinoise
28:55 parce qu'il y a quand même des mesures qui sont mises en place.
28:57 Alors ce n'est pas des mesures aussi flamboyantes que l'on pouvait croire.
29:01 Ce n'est pas un plan systémique.
29:03 Mais il y a quand même cette baisse des taux d'intérêt sur les crédits hypothécaires
29:07 chinois qui va quand même redonner du pouvoir d'achat au chinois.
29:10 Et sur les crédits existants, si j'ai bien compris.
29:11 Sur les crédits existants, voilà.
29:12 Le stock.
29:13 À partir du 25 septembre, on a les grosses banques chinoises qui ont annoncé cette baisse
29:17 de taux d'intérêt.
29:18 Donc ça a quand même donné un peu de pouvoir d'achat au chinois.
29:19 Mais je parle vraiment du conjoncturel.
29:21 Ça ne règle pas le problème.
29:22 Les problèmes plus structurels.
29:23 Et puis il y a aussi un autre élément qu'on ne parle pas souvent, je ne trouve pas assez.
29:28 Mais c'est toutes les conditions climatiques qu'on a pu avoir au cours de cet été qui
29:31 étaient très désfavorables.
29:33 Et la Chine est l'un des pays qui est le plus sensible au monde à ces dérèglements
29:37 climatiques.
29:38 Et ça a vraiment freiné l'économie chinoise.
29:40 Qu'on le veuille ou non, des inondations, des vagues de chaleur, ce n'est pas des choses
29:44 qui permettent à l'industrie de tourner à plein.
29:46 Donc il y a eu aussi peut-être des éléments un peu techniques.
29:49 Vous allez me dire, peut-être que les grosses banques climatiques vont rester dures cet
29:51 été, cet hiver.
29:53 Mais je pense qu'il y a quand même des facteurs un peu ponctuels qui ont un peu amplifié
29:56 et dégradé la vision qu'on avait.
29:58 Donc ça c'est l'aspect purement conjoncturel.
29:59 Structurellement, il y a un vrai problème en Chine, c'est le poids de la consommation.
30:03 C'est-à-dire que rappelez-vous, après la crise financière, ils ne voulaient plus être
30:08 dépendants de l'extérieur et ils voulaient avoir une demande intérieure, une croissance
30:11 de la demande intérieure.
30:12 Et ça, c'est un échec complet, puisque finalement le poids de la consommation dans le PIB n'a
30:16 pas réellement remonté.
30:17 Donc on a une crise sur le consommateur chinois qui perd une confiance parce qu'il y a une
30:21 crise immobilière, qu'il avait placé toute son épargne dans la crise immobilière et
30:24 donc il n'a pas envie d'un seul coup de réduire son épargne parce qu'il est en train de voir
30:28 que sa retraite…
30:29 Il n'y a pas de welfare state en Chine, oui.
30:31 Il y a sa retraite qui est en train de s'effacer avec la baisse des…
30:34 Donc le consommateur chinois, à mon avis, est lourdement impacté, il va être durablement
30:37 impacté.
30:38 Et puis l'autre élément structurel, et ça je pense qu'on n'en parle pas encore
30:41 assez, c'est la perte de part de marché qu'a la Chine sur le marché américain.
30:45 Et ça, c'est quand même très visible.
30:47 Quand on voit la part des exportations chinoises dans le total des importations américaines,
30:56 on voit qu'il y a cette baisse continue et on peut se dire que finalement les taxes
31:00 de Trump, les taxes qui ont été poursuivies par l'administration Biden, commencent à
31:05 vraiment vraiment handicaper.
31:06 Et ce qui se passe aussi, c'est qu'on voit très clairement que l'investissement
31:10 privé en Chine stagne.
31:11 Il n'est plus aussi dynamique.
31:13 Pourquoi ? Parce que les entreprises chinoises aujourd'hui investissent au Vietnam, investissent
31:16 dans d'autres pays d'Asie pour contourner les règles américaines.
31:20 Mais ce sont des investissements qui ne sont plus faits sur le territoire chinois.
31:24 Donc d'une part, il y a ce déséquilibre de la consommation, mais ça va se poursuivre
31:28 et ils n'ont pas réussi à le régler.
31:29 Et en plus, cet investissement est durablement affecté à cause de cette désynchronisation
31:34 des marchés.
31:35 Et on peut dire aujourd'hui que les Américains ont gagné leur pari qui était de vraiment
31:39 freiner la Chine.
31:40 Et là, c'est vraiment visible.
31:41 Les grands perdants, c'est les Chinois pour l'instant.
31:43 On peut dire ce que l'on veut, mais des mesures américaines, ils ont coupé le consommateur
31:48 américain.
31:49 Ils sont en train de désensibiliser le consommateur américain du producteur chinois.
31:51 Et ça, pour l'instant, ça marche.
31:53 Et ça, par contre, c'est un vrai coup pour l'économie chinoise.
31:56 On aura toute une série de données en provenance de Chine relative au mois d'août, la semaine
32:00 prochaine, production industrielle, vente au détail, CAPEX, investissement, etc. pour
32:04 prendre un peu la mesure du mois passé côté chinois.
32:08 Si on parle des marchés, Raphaël, alors évidemment, d'un point de vue indiciel, pour
32:14 les marchés actions, ce qui compte aujourd'hui, c'est je ne sais pas, 30, 40 mégacaps dans
32:19 le monde, à commencer par les 7 premières américaines et peut-être une dizaine en
32:25 Europe, qui sont concentrées dans des secteurs clés, la tech au niveau mondial et donc américain
32:31 en premier lieu.
32:32 Et puis chez nous, c'est le luxe qui représente ce secteur clé important pour la tenue des
32:39 indices.
32:40 Sur quelques séances, c'est quand même des secteurs qui envoient des signaux de sous-performance.
32:45 Le luxe, notamment, je n'ai pas fait le compte de la série de séances de baisse de LVMH,
32:50 mais il y a dû en avoir moins 5, 6, 7 peut-être d'affilée.
32:53 Ça perdait 2% tous les jours.
32:54 Je prends l'exemple de LVMH parce que c'est emblématique, mais j'ai rarement vu ça.
32:59 Est-ce qu'il y a quelque chose qui est en train de tourner dans les marchés actions,
33:02 notamment du point de vue de l'intérêt des investisseurs ?
33:05 Oui, on peut sentir un pivot, en tout cas une zone de consolidation, d'interrogation.
33:10 Évidemment, les marchés ont beaucoup payé cette année, des très belles performances.
33:14 Vous l'avez très bien dit, cette performance, elle est principalement due à une poignée
33:18 de valeurs, je dirais même une poignée de facteurs.
33:20 Donc tout ça inquiète et on arrive à un moment, on a beaucoup débattu là-dessus,
33:25 où on a des doutes sur l'inflation, où les taux d'intérêt ne semblent pas vouloir coopérer,
33:30 ce qui était un espoir fort des investisseurs, et où on se pose aussi des questions sur
33:36 la résilience des résultats des entreprises à venir.
33:38 Elle a littéralement porté les marchés.
33:41 On a tous été très surpris de cette capacité des bénéfices à être maintenus à des niveaux
33:46 si élevés.
33:47 Et on commence à avoir des doutes sur la soutenabilité de cette tendance.
33:51 Le consommateur, il fatigue, le pauvre, il a des hausses d'énergie, l'inflation commence
33:56 à renier son épargne, on voit des chiffres, en particulier aux États-Unis, qui ne sont
34:00 pas très encourageants en termes d'épargne disponible, en termes de dette, de carte de crédit.
34:05 Et donc on commence à imaginer que le consommateur, qui jusqu'à présent a bien voulu payer
34:12 ces hausses de prix successives, commence à s'essouffler.
34:14 On commence aussi à se dire que finalement, le phénomène inflationniste a été très
34:19 bénéficiaire aux entreprises à la hausse.
34:21 Elles ont réussi à répercuter les hausses des coûts, et un peu plus, pour faire grossir
34:27 les bénéfices.
34:28 Et donc potentiellement, à la baisse, on pourrait imaginer que la désinflation puisse
34:32 les pénaliser.
34:33 On va voir.
34:34 Mais c'est un risque.
34:35 On ne l'a pas encore vu.
34:36 C'est-à-dire qu'on a vu aux États-Unis, les indices d'inflation passaient de 9 à
34:40 4 ou 3.
34:41 Mais dans les résultats du T2, par exemple, ce phénomène de désinflation et de pression
34:47 sur le pricing power des entreprises, on ne l'a pas encore vraiment constaté.
34:50 On ne l'a pas vu.
34:51 Maintenant, on voit l'essoufflement des hausses de prix.
34:53 Ça commence à être marqué sur l'été.
34:56 Et inversement, les coûts peuvent être potentiellement encore significativement élevés.
35:01 On va parler des matières premières, l'énergie, qui repart très fortement à la hausse.
35:05 Ça, ça va attaquer les marges.
35:06 Donc on verra.
35:07 Mais en tout cas, l'ambiance est moins réjouissante qu'elle a pu être.
35:12 Et puis, nous, chez TKO, on regarde beaucoup un facteur indépendamment des sujets d'inflation
35:16 et récession.
35:17 Il y a un facteur qui nous inquiète, dont on parle peut-être moins.
35:19 C'est le facteur liquide.
35:21 Et nous, on n'est pas économistes.
35:23 On n'est pas macro-physiciens.
35:25 Ce qu'on fait, c'est qu'on finance en dette et en capital des petites entreprises, sur
35:30 le PIB, sur l'immobilier, sur la dette.
35:33 Et ce qu'on constate, c'est qu'effectivement, cet effet retard des hausses des taux, qui
35:37 a été beaucoup discuté, y compris par les banquiers centraux, par Mme Lagarde, à peu
35:42 près à chaque fois…
35:43 Est-ce que ça se transmet ?
35:44 Quand ?
35:45 Quand ?
35:46 Est-ce que ça se transmet d'une part ? Et quand ?
35:47 Mme Lagarde l'a très bien dit.
35:48 On a vu une répercussion de ces hausses des taux dans les conditions financières.
35:52 Les banques sortent.
35:53 Les conditions financières deviennent restreintes.
35:56 Le prêt immobilier devient compliqué à obtenir.
35:58 Donc ça, c'est une chose.
35:59 Ce qu'on n'a pas vu encore, c'est des répercussions sur l'économie.
36:02 Or, on le sait, le risque est grand que cette répercussion se fasse sentir.
36:06 Vous regardez, la dette souveraine, évidemment, va être financée, on en a parlé, à des
36:11 niveaux beaucoup plus élevés.
36:12 On a les explosions des déficits.
36:14 Et à côté de ça, des taux qui montent et une demande qui diminue.
36:18 La dette souveraine, on en a un sujet.
36:19 La dette corporecte est un sujet.
36:21 On avait jusqu'à présent le plaisir d'avoir des bilans d'entreprises assez sains.
36:26 2022-2023, très peu de besoin de refinancement.
36:29 Elles avaient anticipé.
36:30 2024-2025, on est sur une autre histoire.
36:33 Et on commence à avoir une telle figure.
36:35 Dès l'an prochain, oui.
36:36 Dès maintenant.
36:37 Dès maintenant.
36:38 Nous, on voit des émetteurs venir vers nous en disant "attention, on a un souci".
36:42 On voit aussi sur les marchés cotés, il y a eu des grandes entreprises.
36:46 Oui.
36:47 Mais qui étaient des usual suspects.
36:49 Qui n'étaient pas non plus...
36:50 Oui, Casino, Altis, d'accord.
36:53 Mais ce ne sont pas des dossiers...
36:54 Ça reste très spécifique et bien identifié par tout le monde.
36:59 Je l'espère.
37:00 Car toutes les entreprises qui ont un problème de levier, trop de dettes et des besoins de
37:05 refinancement aigus sont en difficulté et auront du mal.
37:08 Besoin de capital, ça coûte cher.
37:10 Besoin de liquidité, il y en a de moins en moins.
37:12 Les banques sortent des marchés.
37:14 Et donc, les marchés obligataires commencent un petit peu à stresser sur ce sujet-là.
37:21 On va faire payer la liquidité, le coût de la liquidité.
37:23 Le coût de la liquidité.
37:24 Le crédit a de la valeur.
37:26 Le capital a de la valeur.
37:27 La liquidité a un coût.
37:28 C'est une nouveauté.
37:29 On va voir si c'est réel.
37:30 Mais on a parlé de la dette corporelle.
37:32 On peut parler des banques, de la hausse des dépôts.
37:34 On peut parler évidemment de l'immobilier.
37:37 On a des effets retards certains.
37:39 Les baux ont une certaine durée.
37:41 On le voit par exemple dans l'inventaire des maisons neuves aux États-Unis.
37:45 Il était à 2 millions avant le Covid.
37:47 Il est aujourd'hui à 1 million.
37:48 Les gens arrêtent de vendre.
37:49 Parce que de toute façon, ils ne pourront pas se faire refinancer pour racheter.
37:52 Mais à un moment, on fait des enfants.
37:54 Il va falloir acheter plus grand.
37:55 Tout ça va venir.
37:56 Nous mordons les mollets petit à petit.
37:58 Le risque de marché, c'est celui-là.
38:00 Selon nous, c'est celui-là qu'il faut avoir à l'œil.
38:02 Tout ça incite à la plus grande présence.
38:04 Didier, je vous laisse apporter vos éléments.
38:09 Mais ça pose la question effectivement.
38:10 Où est-ce que la politique monétaire telle qu'elle a été menée aux États-Unis et en Europe,
38:14 où est-ce qu'elle se transmet le plus vite dans le système et dans l'économie réelle ?
38:18 Comme on a un système bancarisé en Europe,
38:21 le durcissement des conditions de crédit bancaire va se transmettre peut-être un peu plus rapidement à la zone euro.
38:26 La zone euro est plus en risque à court terme que les États-Unis,
38:30 qui bénéficient encore des faits, même s'ils sont temporaires, qui soutiennent la croissance.
38:34 Un élément, je suis complètement d'accord avec cet élément de durcissement des conditions de liquidité,
38:39 durcissement des conditions de crédit, qui va au final commencer à mordre sur l'activité économique l'an prochain.
38:44 Si on regarde l'économie mondiale, ce qu'on aperçoit,
38:47 c'est qu'il y a des éléments de resynchronisation du cycle qui vont se mettre en place.
38:49 Parce qu'on attend un ralentissement de l'économie américaine.
38:52 L'Europe ralentit. La Chine ralentit.
38:54 Le ralentissement chinois va forcément avoir un impact sur l'Asie et aussi sur certains pays européens comme l'Allemagne.
39:00 Donc on a un beau ralentissement de l'économie mondiale.
39:02 Il y aura moins d'écarts entre les économies l'an prochain ?
39:04 Alors moins d'écarts, ça dépend entre lesquels, parce que je pense qu'il y a beaucoup d'économies émergentes,
39:07 même si elles ralentissent, restent avec les niveaux de croissance.
39:10 Donc il n'y a pas de risque de récession mondiale.
39:12 Mais en revanche, la croissance mondiale, telle qu'on la mesure,
39:17 va ralentir assez nettement en dessous de 3 %, 2,3, 2,4 % l'an prochain.
39:21 Et de notre point de vue, ça va mettre une pression sur les profits des entreprises.
39:24 Et donc je partage à 100 % ce qui a été dit sur les effets, sur les marges des entreprises.
39:28 Il y aura moins de capacité à répercuter les hausses de prix,
39:32 par exemple les hausses de prix énergétiques récentes, dans une phase d'affaiblissement de la demande.
39:36 Donc il y aura moins d'effets marges positifs,
39:38 qui a beaucoup surpris la plupart des observateurs cette année.
39:41 Et il y aura une contraction normalement, en tout cas des chiffres d'affaires qui sont moins présents.
39:46 Donc au final, on devrait quand même avoir des profits qui vont passer par une période de trou d'air.
39:51 Et ça, c'est pas anticipé par les marchés.
39:53 Donc il y a sur les actifs, entre guillemets, type les bourses,
39:56 il y a probablement une période, un moment de vérité,
39:59 qui va se matérialiser dans les mois qui viennent.
40:03 Et on a commencé à voir une petite correction, mais cette correction ne permet pas de rendre attractifs les marchés et les bourses de l'enveloppe,
40:11 compte tenu de ce qu'on anticipe sur les profits en lien avec cet affaiblissement de la croissance.
40:14 Ce n'est pas parce que les profits, alors dans la phase d'inflation,
40:17 ont même mieux que bien tenu, puisque les marges ont augmenté.
40:22 Ce n'est pas parce que jusqu'à présent, dans le début, la première phase de désinflation,
40:27 là aussi les niveaux de marge sont présents.
40:29 Ce n'est pas pour ça que ça continue encore en 2024.
40:32 Oui, ce n'est pas pour ça.
40:33 Alors surtout qu'on aura des effets d'acquis qui vont être très, très négatifs.
40:35 Parce que si vous prenez un deuxième semestre qui ralentit,
40:40 pour l'année 2024, ça n'annonce pas très, très, très positif,
40:43 puisqu'on aura un bon premier semestre 2023, un deuxième semestre en ralentissement,
40:48 et donc la comparaison forcément en variation sur un an
40:51 sera beaucoup plus difficile et beaucoup plus négative avec cette dynamique-là.
40:55 Ce qui s'est traduit d'ailleurs par ce que nous a dit Lindsay,
40:57 l'acquis de croissance en France par exemple pour 2024, elle sera presque nulle.
41:01 Donc c'est la même chose au niveau des entreprises, au niveau des résultats des entreprises.
41:04 Donc ça, c'est un élément forcément négatif pour les prochains mois.
41:09 Ça va jouer quand même sur le discours des entreprises,
41:12 parce que j'ai vu encore beaucoup d'entreprises
41:13 qui, lorsqu'elles ont publié leur premier semestre IELS,
41:16 n'ont pas révisé à la hausse leur guidance annuelle.
41:19 Donc elles ont eu un premier semestre au-dessus des attentes,
41:21 mais elles n'ont pas voulu relever.
41:23 Donc ça vous montre bien qu'elles n'étaient pas très confortables sur le deuxième semestre.
41:26 Donc ça veut dire que ça, on ne va pas pouvoir le faire pour l'année 2024.
41:29 Donc il y a un vrai problème sur les résultats des entreprises,
41:33 mais surtout, je pense, et ce qui n'est pas intégré,
41:35 ce qui pourrait véritablement faire réagir les marchés,
41:38 c'est si on a la perception qu'il y a véritablement un risque de récession.
41:42 Là, en ce moment, on a un discours qui est de dire,
41:45 alors la voie en or, comme certains banquiers centraux l'appellent aux États-Unis,
41:49 dans lequel on tue l'inflation, on monte les taux,
41:52 et puis, bon, croissance molle, mais finalement pas de récession.
41:56 Alors c'est génial, c'est super.
41:58 Je n'y crois pas beaucoup, personnellement.
42:00 Je ne crois pas que les économies vont agir.
42:02 Mais en tout cas, tant qu'on est dans cette voie en or,
42:04 entre cette possibilité en tout cas,
42:06 ça veut dire quoi ?
42:07 Ça veut dire que je ne vends pas mes actions,
42:09 je reste sur le compartiment actions.
42:10 Alors certes, j'ai le monétaire qui rapporte pas mal,
42:13 mais je reste sur les actions parce que je me dis,
42:14 je vais jouer le prochain cycle de redémarrage.
42:17 Par contre, si je vous dis que dans les trois prochains mois,
42:18 il va peut-être falloir passer par une récession,
42:20 là, on aura des arbitrages,
42:21 et c'est un peu ça, à mon avis, le risque qu'on a sur les marchés d'actions,
42:25 c'est le fait qu'on n'a pas intégré véritablement un risque de récession.
42:30 Niveau de prudence, là, par rapport aux actifs risqués et aux actions,
42:34 chez Tickeo aujourd'hui,
42:36 dans une logique d'investissement de rentrée,
42:38 où est-ce qu'on est confortable ?
42:40 Alors, on est très prudent, je pense qu'on a compris.
42:43 En particulier sur les actions,
42:44 on constate d'une part un risque sur les multiples de valorisation
42:48 avec des taux haussiers,
42:50 et un risque sur les earnings, sur les bénéfices,
42:52 les attentes de résultats,
42:53 qui semblent très optimistes à la lumière de ce qu'on vient de dire.
42:55 Pour rappel, plus 11% selon le consensus
42:58 de croissance des bénéfices en 2024 aux États-Unis,
43:01 plus 7% en Europe.
43:03 On n'est pas sur une récession de bénéfices selon le marché.
43:05 Donc là, il y a un vrai risque baissier,
43:07 on va être défensif.
43:09 On est plus contractif sur l'obligataire,
43:11 où il nous semble que les primes de risque sont un peu plus adéquates.
43:15 Et le bon vieux "carm pounding",
43:17 l'effet d'accumulation cher à notre ami Warren,
43:20 aujourd'hui peut être valable.
43:23 Globalement, on va être très sélectif,
43:25 très sélectif sur les valeaux, très sélectif sur les dossiers.
43:29 On ne fait rien de distress,
43:30 on évite le levier comme la peste,
43:33 on a peur du risque de refinancement.
43:35 Et puis inversement,
43:36 aller apporter du capital, des liquidités
43:39 à des bonnes entreprises qui en ont besoin
43:41 et qui ont fait leur preuve à travers le cycle,
43:43 c'est probablement la bonne façon de faire.
43:45 On peut aujourd'hui rentrer dans les dossiers
43:47 à des niveaux de décote très importants,
43:49 parce que le capital est très cher,
43:50 il est rare.
43:51 La même chose pour les liquidités,
43:53 et pouvoir en...
43:54 En fournir.
43:55 En fournir, ça peut être la recette.
43:58 Didier, un mot ?
43:59 En plus de ça, il y a des opportunités
44:00 probablement du côté des pays émergents,
44:01 c'est notre sentiment,
44:02 du côté des obligations dans les pays émergents,
44:04 parce qu'on oublie que l'inflation a été maîtrisée
44:06 dans un certain nombre de pays
44:07 qui ont un certain degré de liberté de baisse
44:09 des taux d'intérêt,
44:11 ça a commencé,
44:12 qui ont des niveaux de taux d'intérêt plus élevés
44:13 dans un portefeuille diversifié.
44:14 Même avec ce qu'on a vu sur le dollar
44:15 et les taux américains cet été,
44:17 ça ne va pas contrarier ces banques centrales
44:19 des pays émergents ?
44:20 Le dollar, de notre point de vue,
44:21 il va connaître une séquence baissière.
44:23 Fondamentalement, il est surévalué
44:25 par rapport à un certain nombre de devises,
44:26 donc c'est même la devise en dette locale.
44:29 Donc il faut regarder ça.
44:30 Il faut regarder évidemment
44:31 tous les écarts de cycle à l'échelle mondiale,
44:32 parce que même si l'économie mondiale ralentit,
44:34 les émergents hors Chine
44:35 représentent encore des opportunités d'investissement,
44:37 y compris du côté des actions.
44:40 On l'a compris,
44:41 du côté de la bourse américaine,
44:42 de la bourse européenne,
44:43 c'est pas là qu'il faut faire des paris
44:44 très marqués, directionnels.
44:45 Ceci dit, il y a toujours de la valorisation relative aussi,
44:47 il faut bien regarder de très près
44:49 ce qui peut amener de la valorisation.
44:51 Christian ?
44:52 Naturellement.
44:53 Déjà, le monétaire,
44:54 je trouve que c'est un couple rendement-risque exceptionnel.
44:56 Mais il faut le rappeler à chaque fois,
44:57 vous avez raison !
44:58 Quand on ne sait pas où on va,
44:59 c'est plutôt...
45:00 C'est ce qu'on cherche,
45:01 le rendement-risque idéal, le couple...
45:03 Aujourd'hui, ça reste quand même très attrayant.
45:04 Au-delà de ça,
45:05 on peut, à mon avis,
45:06 revenir clairement sur l'obligataire,
45:08 puisque aujourd'hui, très clairement,
45:10 on a des taux qui peuvent un peu remonter,
45:13 mais on ne va pas atteindre des niveaux très élevés,
45:15 puisqu'on voit que l'économie ne le supportera pas,
45:17 et on aura forcément, à un moment donné,
45:19 à mon avis, un ralentissement
45:21 qui favorisera l'obligataire.
45:23 Donc, aller sur ces secteurs-là,
45:24 je suis beaucoup plus embêté sur la bourse.
45:26 Parce que sur la bourse, où aller ?
45:28 Jouer les techno, oui,
45:30 mais ce n'est pas forcément un scénario si positif.
45:34 Et puis, en cas de récession,
45:36 ce n'est pas vraiment le secteur
45:37 sur lequel j'ai envie d'aller
45:38 avec une valorisation qui reste élevée.
45:39 Aller sur les défensives,
45:41 bon, il n'y a rien qui fasse rêver en ce moment.
45:43 Et les cycliques, ce n'est pas le moment d'y aller.
45:45 Je sais qu'il y a eu quelques mouvements,
45:46 quelques arbitrages sur des valeurs cycliques.
45:48 On a du mal à les comprendre, économiquement.
45:50 Parce que c'est cher, parce que c'est value,
45:52 parce qu'il y en a qui ont des multiples de récession déjà,
45:55 dans le secteur auto, dans la banque,
45:58 on trouve des multiples qui sont des multiples de crise.
46:00 Tout ce qu'on vient de dire, c'est la Chine qui ralentit,
46:02 l'Europe qui va mal.
46:03 Oui, je sais bien.
46:05 Globalement, j'ai du mal à dire que globalement.
46:06 Mais dans certains secteurs,
46:07 c'est peut-être déjà marqué en partie quand même.
46:09 Oui, mais j'ai quand même du mal aujourd'hui
46:10 de y aller parce que ce n'est pas cher.
46:11 Donc, ça peut encore être un peu moins cher.
46:13 Donc, globalement, sur la bourge,
46:15 je pense que le meilleur moyen maintenant,
46:16 c'est de commencer à sous-pondérer très clairement le marché d'action.
46:19 Et c'est ça qu'il faut faire.
46:20 Et bien voilà pour ces recommandations de rentrée.
46:22 Merci beaucoup, messieurs.
46:23 Merci d'avoir été les invités de Planète Marché.
46:25 Ce soir, Christian Parizeau, Altair Economics,
46:27 Didier Borowski, Amundi Institute
46:29 et Raphaël Thuyn, TKO Capital.
46:32 Une fois par mois, le deuxième vendredi du mois,
46:45 nous prenons le temps de plonger dans l'industrie ETF
46:49 avec les éléments que nous apportent les équipes de Yomoni
46:53 dans ce dernier quart d'heure de Smart Bourse.
46:55 Et Olivier Maltès, qui est avec nous,
46:56 le directeur des investissements de Yomoni.
46:58 Bonsoir, Olivier.
46:59 Bonsoir, Yannick.
46:59 Ravi de vous retrouver pour ce rendez-vous mensuel.
47:02 C'est l'observatoire ETF de Yomoni
47:04 qui a été lancé il y a quelques années maintenant
47:07 et dont vous nous faites partager,
47:09 que vous nous apportez effectivement chaque mois
47:12 les enseignements de ce baromètre, de cet observatoire ETF.
47:16 Déjà pour mesurer les flux, la dynamique de collecte
47:19 et où est-ce que l'argent est allé, sur quel type de support.
47:23 L'idée, c'est de faire un bilan de l'été,
47:25 peut-être juin, juillet, août,
47:27 pour se remettre un peu les idées en place correctement
47:29 en cette rentrée, Olivier.
47:31 Si on regarde déjà les flux au global,
47:33 sur le mois d'août, encore un flux positif.
47:35 Donc juillet, juin, juillet et août
47:37 ont été des flux positifs, des flux de collecte.
47:39 Donc là, le mois d'août, c'est le 11e mois consécutif
47:41 de collecte positive globalement sur les ETF en Europe.
47:45 Donc voilà, ça c'est déjà une bonne nouvelle.
47:46 Et on a eu, au mois de juin,
47:48 on avait environ 10 milliards de collecte.
47:50 Juillet, encore plus fort avec 13.
47:51 Donc c'est le deuxième mois de collecte
47:53 le plus important depuis le début de l'année.
47:55 Le mois le plus important, ça a été janvier avec 17.
47:57 Mais donc un mois de juillet très actif.
47:58 Et sur le mois d'août, on est un peu plus en retrait,
48:00 un petit peu en dessous de 9 milliards, 8 milliards, 8.
48:02 Mais un mois aussi relativement conséquent.
48:05 Si on regarde en classe d'actifs,
48:06 ce qui est intéressant cette année,
48:07 c'est qu'on voit que la collecte sur le marché obligataire
48:10 est très importante et est venue,
48:12 donc également en juin et en juillet,
48:14 vraiment talonner la collecte action.
48:16 Donc la collecte action reste un peu plus forte.
48:17 Mais à chaque fois, juin, juillet,
48:20 la collecte obligataire est venue vraiment talonner,
48:23 pratiquement à touche-touche.
48:24 Et sur le mois d'août, on revient sur quelque chose
48:25 d'un peu plus classique, avec sur les 8 milliards, 8.
48:28 On a un peu plus de 6 milliards sur les actions
48:30 et 2 milliards et demi sur les obligations.
48:32 Donc là, on revient sur une collecte un peu plus action.
48:35 Mais voilà, ce qui est vraiment l'événement de l'année.
48:38 La montée en puissance de l'obligataire
48:40 pour arriver au coude à coude avec la collecte action
48:43 sur les 2-3 derniers mois que vous décrivez.
48:45 On avait eu un mois où la collecte obligataire
48:47 avait été plus importante.
48:49 Mais là, au coude à coude, juin, juillet,
48:51 et puis donc août, une collecte plus importante au niveau action.
48:54 Quand on dit obligataire,
48:55 il y a les investisseurs qui mettent de l'argent
48:58 dans des produits de taux obligataires.
49:00 Est-ce qu'il y a des intérêts particuliers à signaler
49:02 dans ce monde obligataire vaste ?
49:04 Ce qu'on note vraiment, oui, c'est l'importance des subscriptions
49:07 sur les obligations souveraines, en fonction des mois,
49:10 plutôt sur les Etats-Unis ou plutôt sur l'Europe,
49:12 mais vraiment sur le souverain.
49:14 Et ce qu'on note aussi, c'est que l'investment grade
49:16 a toujours collecté.
49:17 Le high yield aussi, par moment.
49:19 Et là, sur le mois d'août, il y a une sortie plus importante
49:21 à la fois du high yield, donc à la fois en Europe
49:23 et aux Etats-Unis.
49:24 Donc une sortie un petit peu du high yield.
49:26 Il y a des arbitrages au sein de cette classe d'actifs obligataire.
49:28 Toujours, toujours, toujours.
49:29 Et il y a des arbitrages aussi en termes de durations.
49:31 Evidemment, ça fait depuis, même avant l'été,
49:34 on commençait à parler de l'importance et de l'intérêt potentiellement
49:37 à prendre des positions obligataires sur le marché américain.
49:40 C'est toujours important, mais qu'on continue de monter un peu sur le taux.
49:43 Qui sont encore plus intéressants aujourd'hui.
49:45 Mais c'est vraiment cet appétit sur le souverain.
49:48 Après une année de trésor,
49:50 on a un vrai retour du souverain.
49:52 Le rendement est de retour.
49:54 Qu'en est-il des actions ?
49:56 Vous l'avez dit, juin, juillet, août,
49:58 on était encore des mois positifs de collecte sur les ETF actions.
50:01 Là aussi, comment se répartissent les intérêts des investisseurs ?
50:05 Sur l'été, comme sur l'année,
50:07 l'événement important, c'est vraiment les grosses capitalisations.
50:09 Pour apporter jusqu'à présent le plus de flux.
50:11 On a vu quand même une tentative des small cap et des median cap US
50:16 sur juin, juillet, avec des flux relativement importants.
50:18 Qu'on ne voit plus en août et en août.
50:20 Tout le monde attend sur le retour en termes de performance sur ces zones-là.
50:26 C'est vraiment tout ce qui est large cap.
50:28 Si on note un peu plus sur le mois d'août,
50:30 parce que c'est plus proche de ce qu'on peut voir,
50:33 c'est que toujours les grosses capitalisations US
50:35 qui ont souscrit au niveau actions,
50:37 mondial aussi, le Japon aussi,
50:39 les actions émergentes.
50:41 On voit aussi Hong Kong intéresser les investisseurs ETF européens.
50:44 Par contre, le large cap euro, lui, est en décollecte.
50:49 Ainsi que la Chine, toujours.
50:51 Après un mois de juillet assez important,
50:53 on l'a vu en termes de performance sur le marché chinois.
50:56 On voit une décollecte sur le mois d'août.
50:58 Une décollecte aussi sur la zone euro.
51:00 Alors est-ce qu'on fait le lien directement sur l'ouverture de l'économie européenne ?
51:04 Oui, c'est ça. Allemagne = Chine.
51:06 Et puis le luxe un peu aussi en France.
51:08 Oui, bien sûr.
51:09 C'est peut-être ce qui explique cela.
51:11 C'est vraiment les événements.
51:12 Et après, on voit toujours les mouvements sur les secteurs techno et financières
51:15 en fonction de l'évolution des taux.
51:17 Alors que les taux remontent, ça se traduit bien sur les flux des ETF.
51:20 C'est vraiment le barbel parfait.
51:22 Tech et financière.
51:24 Est-ce que les supports ESG dans l'industrie ETF,
51:29 est-ce qu'on est toujours sur ce trend structurel
51:32 qui semble s'être installé depuis plusieurs années maintenant ?
51:34 Oui, sur l'action, on est vraiment sur un trend un peu plus structurel.
51:37 De l'ordre de 30% des flux sur l'été vont sur l'ESG.
51:42 Globalement, que ce soit sur des labellisés
51:44 ou juste sur des composantes extra-financières.
51:46 Mais ça, c'est vraiment maintenant un petit peu le rythme de croisière.
51:49 Il y a eu un petit essoufflement au début d'année,
51:50 mais c'est vraiment ce rythme-là.
51:52 Donc, c'est peut-être moins important que ce qu'on a pu observer.
51:54 Mais ce qu'il faut avoir aussi en tête,
51:55 c'est que lorsque c'est arrivé de manière plus importante au niveau des ETF,
51:59 c'est qu'il y a beaucoup de gens qui ont déjà fait le remplacement.
52:01 Et donc là, on n'est plus sûr de la collecte.
52:03 Donc, 30%, c'est quelque chose qui est relativement important.
52:05 C'est relativement stable sur les actions.
52:07 C'est beaucoup plus variable sur le marché obligataire.
52:10 Avec un mois d'août qui était relativement important sur les flux ESG
52:13 et un mois de juillet, par contre, très très faible.
52:16 Après, ce qu'il faut avoir en tête sur le marché obligataire,
52:18 c'est qu'en termes d'ESG, c'est beaucoup plus compliqué.
52:20 Oui, c'est ce que vous disiez déjà la dernière fois qu'on s'est vus.
52:23 Exactement.
52:24 On voit bien comment noter une entreprise.
52:26 Et donc, les émissions obligataires sur les entreprises,
52:28 ça se conçoit relativement facilement.
52:30 C'est plus compliqué sur les États.
52:31 Qu'est-ce qu'on prend en compte en termes d'émissions ?
52:32 Qu'est-ce qu'on prend en compte en termes de notation aussi sociale ?
52:35 C'est peut-être moins pertinent aussi. J'en sais rien.
52:37 Mais c'est moins standardisé en tout cas.
52:40 Ce qui est intéressant, c'est qu'on commence à voir des ETF spécialisés sur cette thématique-là.
52:43 Mais c'est vrai que globalement, c'est plus compliqué à appréhender
52:45 comme mécanisme et comme système de notation.
52:48 Qu'est-ce qu'on peut dire des émetteurs,
52:50 ceux qui fournissent les produits à cette industrie ETF ?
52:56 Qui a le plus collecté ?
52:57 Est-ce qu'il y a eu des mouvements particuliers à signaler
52:59 parmi les top 3, top 5 des plus gros émetteurs mondiaux, Olivier ?
53:03 Si on regarde les émetteurs, en juin, BlackRock, toujours le premier.
53:06 Juillet, BlackRock, toujours le premier.
53:08 Août, à votre avis ?
53:11 BlackRock, troisième.
53:12 Troisième, BlackRock ?
53:14 C'est la grande surprise.
53:15 Depuis le début, que vous nous apportez ces éléments,
53:18 je ne suis pas sûr que j'ai entendu BlackRock troisième sur un mois.
53:21 BlackRock troisième, le premier des WS.
53:23 Deuxième ou troisième, c'est vraiment touche-touche entre amondes.
53:25 En fonction des retraitements qu'on peut faire,
53:27 on peut peut-être les voir deuxième ou troisième.
53:29 Nous, on les voit plutôt troisième.
53:31 C'est quand même des très fortes collectes, toujours, de BlackRock.
53:34 Il faut bien avoir ça en tête.
53:35 Juin et juillet, c'est quand même 60% des flux qui vont sur les ETF BlackRock.
53:39 Ce qui peut expliquer ça, c'est un peu le retrait obligataire.
53:42 C'est vrai que BlackRock a une offre très importante
53:44 et très, très forte sur tout ce qui est ETF obligataire.
53:46 Lorsque le marché obligataire souscrit beaucoup en termes d'ETF,
53:50 ils ont un positionnement qui est a priori meilleur que les compétiteurs.
53:53 Ça peut expliquer ça.
53:55 Ça peut avoir expliqué que là, du coup, sur le mois d'août,
53:58 il y a eu un petit peu de place aussi pour les autres compétiteurs.
54:01 Mais voilà, BlackRock, toujours, toujours très, très fort,
54:03 toujours très important.
54:04 45% de part de marché environ, globalement.
54:06 En termes de collecte, c'est très, très important, c'est sûr.
54:11 Oui, il en faudra beaucoup pour détrôner un jour peut-être BlackRock du podium.
54:17 Mais c'est la surprise.
54:18 Il fallait pas que vous ayez une surprise pour la voir rentrer.
54:20 La lecture sur le poids des ETF obligataires chez BlackRock,
54:23 qui a peut-être pesé effectivement au cours du mois d'août, est très, très intéressante.
54:27 Justement, en termes de produits, on ne va pas faire juin, juillet et août,
54:30 mais sur l'ensemble de l'été, est-ce que ça a été une période dynamique
54:34 pour lancer des nouveaux produits quand on est émetteur de TF ?
54:38 Oui, juin, juillet, on est à plus de 10 produits lancés.
54:40 Donc c'est relativement dynamique, c'est important, surtout pour l'été.
54:43 Août, un peu plus en retrait aussi, mais il y a quand même beaucoup de produits.
54:46 Là, si on veut noter vraiment deux choses, globalement toujours,
54:48 ce qui est très important, on est souvent aussi questionné sur l'intérêt de l'ESG,
54:52 et notamment lorsque les flux sont un petit peu plus bas.
54:54 Ce qu'on peut voir, c'est qu'en termes de nouveaux produits,
54:56 l'ESG est toujours quelque chose de très important,
54:58 avec des gammes qui sont lancées thématiques ESG,
55:01 ou même des sectoriels vraiment avec ce filtre-là ESG le plus important.
55:04 Donc globalement, c'est toujours ça à avoir en tête.
55:07 Maintenant, dans les innovations et dans les nouveaux produits,
55:09 c'est beaucoup de produits qui ont trait avec l'ESG,
55:11 avec les composantes extra financières.
55:13 Et on a eu là, au mois d'août, une belle innovation sur le marché obligataire de BlackRock,
55:19 et que je trouve intéressante aussi sur le thème industriel,
55:21 pas uniquement en termes de produits,
55:23 c'est que BlackRock a lancé en Europe des ETFs datés, obligataires datés,
55:27 sur la même manière que les fonds d'AT.
55:30 Que les fonds datés, bien sûr, qui marchent très bien, bien sûr,
55:33 et qui ont un poids très important dans les allocations de CGP aujourd'hui pour les clients.
55:36 Exactement, et qui vont du coup permettre de bénéficier des taux relativement importants,
55:40 et de loquer en formation.
55:42 Et donc on a ETFisé ces fonds datés.
55:44 Exactement, donc ça existait déjà aux Etats-Unis, mais ils ont importé en Europe des techniques
55:48 qui s'utilisaient déjà aux Etats-Unis.
55:49 Très intéressant ça.
55:50 Et c'est vrai que c'est là aussi la gestion passive qui rentre dans un univers plutôt de gestion active
55:54 en termes de sélection, etc.
55:56 Dès que la gestion active trouve un truc, bam !
55:59 Deux mois après, il y a un ETF qui se met dessus.
56:01 C'est vrai que là, c'est une manière...
56:02 Enfin, pas deux mois après, mais c'est vrai que c'est assez intéressant.
56:05 Très intéressant ce point.
56:06 On voit qu'il y a eu des tentatives aussi de gestion active mises sous format ETF.
56:10 Là, c'est vraiment de la gestion passive, donc avec des règles de construction propre
56:14 et complètement passives, et ce n'est pas uniquement le format ETF qui est utilisé,
56:17 c'est vraiment de la gestion passive.
56:19 Et c'est un accroissement de la gamme et des possibilités en termes obligataires.
56:23 Je trouve ça intéressant à la fois en termes de produits, puisque ça permet de sortir de la gestion active
56:27 si on veut faire ce thème-là, et aussi en termes industriels, de voir comment la gestion passive
56:31 et les fournisseurs d'ETF réfléchissent pour essayer d'offrir le plus de produits possibles
56:35 dans le gamme de la gestion passive.
56:37 Bon, du point de vue du positionnement et de la gestion des allocations des différents portefeuilles
56:41 que vous supervisez chez Yeomanie, Olivier, quels ont été les enseignements des mouvements de l'été
56:47 qui se retrouvent peut-être dans les allocations aujourd'hui chez vous ?
56:51 Alors on avait passé l'été nous de manière plutôt défensive, on était plutôt constructif,
56:55 donc un petit peu plus d'obligations que d'actions sur les profils, plutôt mitigés à 50/50.
56:59 Donc on avait voulu se protéger un petit peu des risques toujours de l'été,
57:03 il y avait Jackson Hole, il y avait beaucoup de choses, donc on a été plutôt défensif sur tout l'été.
57:07 Là on a remis un petit peu de risques, alors j'entendais qu'à côté il fallait faire attention juste avant au marché actions,
57:12 nous on a remis un peu de risques donc on revient sur une neutralité.
57:14 Oui c'est ça, d'accord.
57:15 Donc c'est pas non plus un emballement.
57:17 C'est pas agressif, mais c'est…
57:18 En fait l'analyse qu'on a c'est que tous les critères qu'on avait un petit peu d'inquiétude avant l'été,
57:22 et notamment aussi sur la liquidité, sont plutôt calmés, on voit qu'effectivement la consommation américaine tient,
57:28 la croissance américaine tient, Jackson Hole a montré aussi que les discours des banques centrales
57:32 avaient été bien anticipés, qu'ils maîtrisaient bien leurs discours, qu'ils continuaient leurs efforts,
57:36 mais que voilà, tout avait l'air d'être bien piloté, donc on avait quand même beaucoup moins de risques que là,
57:40 donc on s'est dit "ben on va remettre un petit peu de risques et revenir à la neutralité,
57:43 sinon on va passer on sait pas combien de mois en étant défensif alors qu'il n'y a plus vraiment de raisons objectives".
57:47 Et en termes de pari, donc on avait un pari sur les actions américaines qu'on conserve,
57:51 un pari sur l'attention américaine, parce que la croissance tient, la Fed est vraiment aux manettes,
57:57 et les Etats-Unis par rapport à l'Europe nous paraissent quand même plus résistants,
58:01 et on a rentré un secteur sur la santé, et un petit pari aussi technologique sur la santé,
58:05 pour deux raisons, il y a le côté aussi un petit peu défensif, donc ça permet de jouer ça,
58:09 et c'est surtout le thème de l'IA, on a été longtemps sur les valeurs technologiques,
58:13 on est ressorti avant l'été pour des valorisations importantes en se disant que c'était risqué,
58:17 et on voit que les thèmes de l'IA ruissellent vraiment, commencent vraiment à ruisseller.
58:20 Et que la santé est un secteur très bien identifié comme étant peut-être un des secteurs,
58:23 et la médecine bénéficiant le plus possible, et le plus vite possible des nouveaux progrès en matière de l'IA.
58:29 Clairement, et c'est la manière dont on a envie aujourd'hui de continuer à jouer ce thème-là,
58:33 par la santé, et donc on a ouvert ce pari tactique-là sur la santé.
58:37 Merci beaucoup Olivier, merci d'être avec nous chaque mois,
58:41 pour nous faire profiter effectivement de votre observatoire ETF.
58:45 Vous suivez évidemment au jour le jour l'actualité de l'industrie ETF chez Yeomanie,
58:50 avec ce baromètre que vous publiez une fois par mois, à retrouver dans Smart Bourse,
58:54 le deuxième vendredi de chaque mois à 17h45 dans le quart d'heure thématique,
58:58 et en replay bien sûr sur bsmart.fr.
59:00 Olivier Malteste, directeur des investissements de Yeomanie, était avec nous en plateau ce soir.
59:04 [Musique]

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