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00:00Les informés en direct jusqu'à 9h30 sur France Info avec Renaud Delis. Bonjour Renaud.
00:08Bonjour Salia, bonjour à tous.
00:09Et bonjour à nos informés Aurélie Herbe, mon chef adjoint du service politique de France Info.
00:13Bonjour.
00:14Et à vos côtés Gilles Bernstein, éditorialiste politique à France Info Télé.
00:17Bonjour Salia, bonjour à tous.
00:19Renaud Delis, l'Assemblée va débattre du traité sur le libre-échange avec le maire Caussure.
00:23Et oui, le gouvernement l'a annoncé hier. Il y aura donc un débat suivi d'un vote.
00:27L'Assemblée nationale se sera mardi prochain sur ce traité du maire Caussure négocié entre l'Union européenne et 5 pays d'Amérique latine.
00:34Un débat que tous les groupes de l'Assemblée nationale réclamaient et que le gouvernement s'est donc fait un plaisir de proposer.
00:42Pourquoi ? Parce que tout le monde est contre ce traité, en tout cas au sein du Parlement français, au sein de l'Assemblée nationale française.
00:48L'exécutif aussi, d'ailleurs le gouvernement aussi, il est donc probable qu'il y ait une assez nette majorité qui se dégage.
00:53Ce qui n'est pas fréquent en ce moment à l'Assemblée nationale.
00:56Monsieur, contre ce texte, est-ce que ce débat est utile ? A quoi va-t-il servir ?
01:00Voici ce qu'en disait il y a quelques minutes sur ce plateau votre invité, Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA, le principal syndicat agricole.
01:06C'est une bonne nouvelle que le Premier ministre ait annoncé qu'il souhaitait mettre cette discussion à l'Assemblée la semaine prochaine.
01:13Mais ça ne sera pas suffisant parce que ce sujet, c'est un sujet européen.
01:17Et si la France semble alignée au moment où on se parle, et encore une fois, on s'en réjouit.
01:21On a besoin de continuer à convaincre nos partenaires européens.
01:24C'est ce que nous faisons nous avec nos partenaires des syndicats agricoles européens
01:28qui se sont tous unanimement prononcés en défaveur de cet accord sur le plan agricole.
01:33Et faisons en sorte qu'ils soient capables de convaincre leur gouvernement
01:37pour que demain on puisse dire non à cet accord, en tous les cas sur son volet agricole.
01:42Alors à quoi va servir ce débat dès lors que la France, à l'heure qu'il est, est assez isolée dans son hostilité, en tout cas au plan européen ?
01:48Est-ce qu'elle va convaincre la France, un certain nombre de ses partenaires, de la soutenir pour rejeter ce traité ?
01:55Pendant ce temps-là, le mouvement paysan, le mouvement de la colère des agriculteurs se répand un peu plus dans le pays.
02:01Un certain nombre de blocages sont mis en place.
02:03Et puis la coordination rurale, l'organisation rivale de la FNSA, appelle elle carrément à sommer le chaos.
02:09D'abord sur le débat avec vote qui va avoir lieu à l'Assemblée nationale la semaine prochaine Aurélie.
02:14Il faut montrer une France unie sur ce sujet-là.
02:16Exactement, c'est vraiment tout l'objectif de ce vote.
02:19Ça ne va pas être très difficile puisque de LFI au RN, en passant par la droite et les macronistes, tout le monde est contre le Mercosur.
02:27Donc ça va permettre d'afficher un visage uni de la représentation nationale en soutien de l'exécutif.
02:33C'est surtout un message pour la Commission européenne en disant attention, la France, pays fondateur de l'Union européenne, est contre ce traité.
02:40Vous ne pouvez pas passer outre notre avis.
02:43C'est vraiment un message à Ursula von der Leyen parce que pour l'instant, la France est assez isolée.
02:49Et c'est vrai que c'est au niveau de l'Union européenne que ça va se jouer puisque les accords de libre-échange, c'est une compétence exclusive de la Commission européenne.
02:57Je vais vous donner un petit exemple pour prouver à quel point le vote des parlementaires nationaux, ce n'est pas forcément ce qui est le plus important dans l'affaire.
03:07Au début de la colère agricole, en début d'année, c'était le CETA.
03:10Le traité de libre-échange avec le Canada qui était dans le collimateur des agriculteurs et de toutes les oppositions.
03:16Le gouvernement était pour le CETA.
03:19Ce traité CETA s'applique provisoirement dans l'Union européenne et donc en France depuis 6 ou 7 ans.
03:26Il avait été ratifié par l'Assemblée nationale.
03:28Le Sénat français ne s'est emparé du texte qu'au printemps dernier.
03:32Le Sénat a rejeté le traité du CETA.
03:36Et puis qu'est-ce qui se passe depuis ?
03:38L'accord du CETA s'applique toujours provisoirement en France.
03:41C'est bien pour vous montrer que ce n'est pas au niveau des parlements nationaux que ça se joue.
03:46C'est à Bruxelles.
03:47Michel Barnier veut montrer à Bruxelles qu'on est la France.
03:51Quand toute la classe politique en soutien des agriculteurs dit non, ce ne serait pas très raisonnable de dire non à la France.
03:57Mais ce n'est pas gagné de remporter ce bras de fer à la fin.
03:59C'est ça.
04:00Pendant que Michel Barnier lui organise le débat à l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron essaie de convaincre tous nos voisins.
04:06Exactement. C'est ceinturé bretel.
04:07Le gouvernement essaie de faire les deux parce qu'Emmanuel Macron, tout Emmanuel Macron qu'il est, n'est pas du tout assuré d'avoir avec lui.
04:14Donc on rappelle la minorité de blottage.
04:16C'est quatre pays de l'Union européenne qui représentent 35 % des habitants.
04:20Ce qui veut dire qu'il ne suffit pas d'avoir Malte, Chypre et quelques petits pays avec soi.
04:24Il faut des gros pays.
04:2535 % des habitants des 27, c'est beaucoup.
04:28Emmanuel Macron n'est pas sûr de les obtenir.
04:30Après ce débat, l'Europe, c'est comme le rugby, il y a la loi.
04:35La loi, effectivement, c'est ce qu'on vient de rappeler, c'est qu'il y a des règles de ratification.
04:40Et pour l'instant, elles sont défavorables à la France.
04:42Jusqu'à présent, ça ne se passait pas comme ça.
04:44C'est-à-dire qu'aucun texte très important ne passait s'il n'y avait pas l'accord des pays fondateurs importants.
04:51La France, l'Allemagne, l'Italie, c'était assez compliqué de faire passer des règles comme ça.
04:56On a beaucoup critiqué l'Europe qui est sourde aux volontés des peuples.
05:00Après le rejet du traité européen, il y a eu ce fameux accord de Lisbonne.
05:04En tout cas, le peuple français a dit qu'il était contre.
05:07Ce n'est pas très grave.
05:08On s'arrangeait pour le faire passer quand même.
05:10Ça a été critiqué.
05:11C'est sûr que si le Parlement montre à l'unanimité, ce qui n'est pas très fréquent en France,
05:15on a quand même l'esprit, l'image d'un pays qui se querelle, qui n'est jamais d'accord sur rien, etc.
05:21Si les parlementaires français montrent à l'unanimité que les citoyens français, par leurs représentants, sont contre,
05:28ça ne va pas être si facile que ça, comme le disait Aurélie.
05:31Pour l'Europe, en dépit du respect des règles de droit, de faire passer un test qui s'opposera à la volonté du peuple.
05:36Alors, c'est vraiment compliqué parce que les Allemands sont pour.
05:41Il ne vous a pas échappé qu'Ursula von der Leyen est allemande, qu'elle fait partie de la CDU,
05:45qui est en campagne électorale et qui a aussi tous les candidats qui auront besoin de l'accord
05:49pour valider la force de l'industrie allemande pour les élections qui vont arriver.
05:54Donc, ça sera un débat intéressant entre les règles de droit à l'intérieur de l'Union et l'expression de la volonté des peuples.
06:01Et c'est pour ça que ce ne sera pas forcément facile pour la Commission européenne.
06:05Gilles Bantian a raison, comme souvent, il faut le reconnaître, de le souligner.
06:09Si jamais le Parlement français, l'Assemblée nationale, en tout cas, s'exprime unanimement contre le texte.
06:13Mais c'est aussi pour ça, me semble-t-il, que le gouvernement joue avec le feu.
06:16C'est-à-dire qu'il met en scène un débat qui est tout à fait légitime et utile.
06:20Un vote, pourquoi pas, mais c'est donc un vote pour du beurre.
06:22Il faut bien comprendre que la règle en question, la règle européenne,
06:26ça n'est pas de se plier au vote d'un Parlement national,
06:29mais donc de faire ratifier ce traité s'il est signé, d'abord, évidemment.
06:33Et pour ne pas le faire ratifier, il faut, comme c'était rappelé à l'instant,
06:36qu'Emmanuel Macron convainque une minorité de blocage.
06:39Et donc, le risque que prend le gouvernement, c'est qu'effectivement, il y ait mardi prochain,
06:43une unanimité de l'Assemblée nationale, que tout le monde vote contre ce texte
06:48qui est d'ailleurs, par certains argumentaires, quand même démonisé, voire diabolisé.
06:53On a entendu des choses.
06:54Xavier Bertrand a expliqué que nos assiettes n'étaient pas des poubelles,
06:57comme si les Argentins ou les Brésiliens mangeaient des détritus.
07:00Il y a aussi une dimension qui est quand même assez caricaturale
07:03dans un certain nombre d'arguments avancés.
07:05Donc, toute la France, en tout cas toute sa représentation,
07:07va être contre mardi prochain.
07:09Et si derrière, finalement, le texte est signé d'une part
07:13et ratifié en vertu des règles européennes auxquelles nous avons librement consenti,
07:18il faudra aller expliquer aux électeurs français
07:21que finalement, le vote de l'Assemblée nationale a été inefficace.
07:24Et donc, c'est très dangereux parce que ça peut servir aussi
07:27à un certain nombre d'émagogues, suivez mon regard,
07:29notamment Marine Le Pen et le Rassemblement national,
07:31en disant que c'est bien la preuve que l'Europe piétine la volonté des peuples
07:34puisqu'on ne tient pas compte du vote de l'Assemblée nationale.
07:36Sauf qu'encore une fois, la règle de la construction européenne,
07:39c'est parfois des abandons ou des partages de souveraineté
07:43librement consentis, démocratiquement consentis.
07:45Il y a un certain nombre de règles où, effectivement,
07:48encore une fois, rassembler une minorité de blocage
07:51pour s'opposer à ce texte.
07:52Mais on peut quand même regretter que dans les autres pays européens,
07:55il n'y ait pas ce débat et ce vote dans les parlements nationaux,
07:59sur ce sujet-là en particulier.
08:00Oui, mais rien ne l'impose dans les règles européennes.
08:03On peut organiser autant de débats qu'on veut, mais si...
08:06Rien ne l'impose.
08:07Par exemple, si on prend le cas de l'Allemagne,
08:09qui est le principal pays européen,
08:11il est possible que si ce débat avait lieu,
08:13en ce moment, ce serait compliqué de par la situation politique en Allemagne,
08:16ce serait compliqué.
08:17Si ce débat avait lieu au Parlement allemand,
08:19vraisemblablement, le Mercosur serait validé,
08:22parce que les Allemands ont très envie de vendre des voitures en Amérique latine.
08:26Ce qui serait intéressant, par contre, ce serait de voir en Italie,
08:29parce que l'Italie...
08:30Ils ne sont pas trop fixés pour le moment.
08:32L'Italie, à la base, est pour le Mercosur,
08:34sauf qu'avant-hier, le ministre de l'Agriculture italien,
08:37donc un proche de Giorgia Meloni,
08:38a dit qu'il était contre le traité en l'État.
08:40Pour l'instant, Giorgia Meloni, à ma connaissance,
08:42ne s'est pas prononcé à nouveau.
08:44Peut-être qu'en Italie, ça pourrait être intéressant, effectivement,
08:46de voir ce qu'en disent les parlementaires.
08:49Mais vous avez plein de pays, majoritairement,
08:51qui sont pour le Mercosur.
08:52Donc, organiser les votes, au contraire, dans ces pays-là,
08:55montrerait une validation
08:57et renforcerait peut-être la position d'isolement de la France.
09:00Et le paradoxe politique, c'est qu'Emmanuel Macron et la France
09:03doivent attendre leur salut,
09:04non pas d'un chancelier social-démocrate allemand,
09:07mais d'une néo-fasciste italienne
09:09qui est la seule, aujourd'hui, à pouvoir venir,
09:12qui, numériquement, parce qu'elle représente l'Italie,
09:14troisième pays le plus peuplé de l'Union,
09:16qui est la seule à pouvoir aider Emmanuel Macron
09:19dans sa volonté de ne pas faire ratifier le traité.
09:21De ce point, il faut juste rappeler,
09:22puisqu'on parle de parlement,
09:23qu'à l'issue du processus,
09:24c'est le Parlement européen qui devra aussi se prononcer.
09:26Les députés européens, eux, seront amenés à voter.
09:28Dans un instant, on va parler de la différence de stratégie
09:30dans cette mobilisation entre la FNSA et la coordination rurale.
09:33Mais d'abord, c'est le Filinfo à 9h15.
09:35Maureen Suynard.
09:37Si le pouvoir d'achat des Français est amputé par le budget,
09:40nous voterons la censure.
09:41Marine Le Pen, la chef de file des députés du RN,
09:44agite cette menace.
09:46Elle parle de ligne rouge.
09:47Le Premier ministre envisage d'utiliser le 49-3
09:50pour faire passer son budget,
09:52mais cela expose le gouvernement à une motion de censure.
09:54Marine Le Pen, qui exprime, par ailleurs,
09:57des inquiétudes sur l'état de santé de son père, Jean-Marie,
09:59à 96 ans.
10:00Il est hospitalisé depuis près de 15 jours.
10:02La mesure doit permettre au gouvernement
10:04de faire 100 millions d'euros d'économie.
10:06Dans le décret que France Info a pu consulter,
10:08l'exécutif définit les nouvelles règles de transport sanitaire.
10:11Les dialysés, les malades du cancer,
10:13les immunodéprimés vont devoir partager leur taxi
10:17ou leur ambulance avec d'autres patients.
10:19Le détour avant d'atteindre l'hôpital
10:21pourrait être de 30 kilomètres.
10:23L'armée libanaise annonce ce matin la mort d'un militaire
10:26dans une attaque israélienne dans le sud du pays.
10:28Le conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer aujourd'hui
10:31sur un projet de résolution réclamant un cessez-le-feu
10:34immédiat et permanent à Gaza.
10:36Mais il pourrait être bloqué par les Etats-Unis.
10:38Et puis un gros coup de vent en Corse aujourd'hui.
10:41Vigilance orange en cours.
10:42Il n'y a pas de transport scolaire.
10:56Les informer continue avec Aurélie Herbe,
10:57mon chef adjoint du service politique de France Info
10:59avec Gilles Bornstein, éditorialiste politique à France Info TV
11:03et Renaud Delis.
11:04On parlait de la différence de stratégie entre la FNSEA
11:07et la coordination rurale dans cette mobilisation des agriculteurs.
11:11Arnaud Rousseau qui a annoncé il y a quelques minutes
11:13une deuxième phase de mobilisation la semaine prochaine,
11:15mardi, mercredi et jeudi.
11:16La FNSEA qui effectivement, comme vous le rappeliez à l'instant,
11:19appelle à poursuivre le mouvement la semaine prochaine
11:21avec ses trois jours, donc à prolonger cette mobilisation.
11:23Il y a cette concurrence entre la FNSEA et la coordination rurale
11:27en particulier qui n'est pas nouvelle.
11:28Ce sont deux organisations de nature un peu différentes
11:30qui ont des positionnements différents.
11:31La coordination rurale étant marquée beaucoup plus à droite,
11:33d'ailleurs ayant parfois des modes d'action
11:35beaucoup plus brutaux voire violents.
11:37Rappelons qu'aujourd'hui d'ailleurs, la coordination rurale
11:40évoque le chaos, la perspective du chaos
11:42et on voit un certain nombre d'actions de blocage plus dures
11:46qui sont initiées par certains membres de cette coordination.
11:48On se souvient aussi de l'accueil particulièrement houleux
11:51et même violent qu'avait subi le chef de l'État Emmanuel Macron
11:54lors du dernier salon d'agriculture en février dernier
11:56et beaucoup avaient vu la main d'un certain nombre d'éléments
11:58de la coordination rurale dans ces violences.
12:01Il faut bien savoir qu'il y a une rivalité par nature
12:05mais il y a aussi une rivalité conjoncturale
12:07puisqu'il y a des élections aux chambres d'agriculture
12:08qui doivent arriver au début de l'année
12:10avec la FNRA qui est le syndicat historiquement
12:13le plus puissant, le plus installé
12:15et qui revendique un esprit de responsabilité.
12:17Arnaud Rousseau le disait ici même sur ce plateau
12:19il y a quelques minutes,
12:20mais dont les positions s'effritent voire se fragilisent
12:22et la FNRA qui pourrait perdre un certain nombre
12:25de chambres d'agriculture.
12:27On parle parfois peut-être d'une quinzaine
12:29voire plus qui seraient menacées
12:31notamment par la percée de la coordination rurale
12:33auprès d'une frange de l'électorat agricole
12:36et ça pourrait d'ailleurs y compris
12:38fragiliser les finances de la FNRA
12:40puisqu'il y a une partie du financement public
12:42qui est liée évidemment à l'influence
12:44à l'implantation dans les chambres d'agriculture
12:46des différentes organisations.
12:47Et donc là l'objectif c'est de s'accaparer
12:49pour la coordination rurale,
12:50c'est de s'accaparer la colère des agriculteurs
12:52pour la campagne.
12:54Effectivement quand vous avez ce calendrier
12:57très contraint par les élections professionnelles
12:59fin janvier, vous savez que de toute façon
13:01les syndicats sont en campagne
13:03et donc forcément la colère allait reprendre
13:08d'une manière ou d'une autre
13:09parce que c'est vrai que traditionnellement
13:11la FNSEA est même accusée par ses détracteurs
13:14de faire de la congestion avec le gouvernement.
13:16Ça fait des années que ça dure,
13:17surtout quand vous avez des gouvernements de droite
13:19et donc vous avez la coordination rurale
13:21qui est plus dans la contestation
13:22et qui depuis quelques années
13:24commence à tailler des croupières à la FNSEA
13:26qui jusqu'ici était toute puissante.
13:28Donc là évidemment vous avez une espèce de surenchère.
13:31Vous avez d'un côté évidemment la FNSEA
13:33qui ne peut pas rester à la maison
13:35et laisser les tracteurs dans les fermes
13:37en période électorale
13:38sinon ce serait abandonner les agriculteurs
13:40et vous avez la coordination rurale
13:42qui pousse le curseur plus loin
13:44pour montrer que c'est elle
13:45qui défend le mieux les intérêts
13:47des agriculteurs français.
13:49C'est vrai que de toute façon
13:51politiquement ces deux syndicats
13:53sont assez différents
13:55puisque la FNSEA par nature
13:57n'est pas du tout hostile
13:59aux traités de libre-échange.
14:01C'est bien ce qu'expliquait Arnaud Rousseau.
14:03Il y a beaucoup d'exportations
14:05quand la coordination rurale
14:07est plus sur une agriculture
14:08qui devrait être refermée
14:10sur les frontières nationales.
14:11On produit pour nous
14:12et on n'exporte que nos excédents
14:14et vraiment on n'importe
14:15que ce qu'on ne peut pas produire en France.
14:17Donc ils ont un positionnement
14:19même de conception de l'agriculture
14:21qui est assez différent
14:22et donc c'est ces deux modèles-là
14:23qui s'affrontent sur front de campagne électorale
14:25où forcément le gouvernement
14:27est tout à fait conscient
14:28que jusqu'à la fin de la campagne électorale
14:30pour les chambres d'agriculture
14:31il y aura une pression des syndicats
14:34au sein de cette mobilisation agricole.
14:37Il y a aussi une différence géographique
14:39entre les deux syndicats
14:40parce que la coordination rurale
14:41est très forte dans le sud-ouest.
14:42On voit que c'était parti d'Agin
14:44en janvier dernier.
14:45C'est à nouveau parti du sud-ouest
14:46parce que ce sont des endroits
14:47où les difficultés du monde agricole
14:49sont les plus importantes
14:50parce qu'il y a de la viticulture,
14:51parce qu'il y a de l'élevage.
14:52Là où la FNSEA est surtout forte
14:54dans les grands céréaliers
14:55du nord et de l'ouest de la France
14:57qui franchement ont beaucoup moins,
14:59je ne dirais pas que ça va bien,
15:00mais ont beaucoup moins de difficultés.
15:02C'est vrai que la différence entre...
15:03Enfin, j'ai rarement vu
15:04une telle différence entre des syndicats.
15:06Ce qu'on décrivait à l'instant,
15:07c'est-à-dire un syndicat accusé
15:09de faire un peu de la cogestion
15:10avec le gouvernement,
15:11on le voit aussi dans les syndicats classiques.
15:13La CFDT a souvent été accusée
15:15par la CGT d'être trop complice du gouvernement.
15:17On sait que les relations
15:18entre Laurent Berger et François Hollande
15:20étaient très proches.
15:21Mais enfin,
15:22ils ne se sont jamais opposés
15:23publiquement comme ça.
15:25Vous aviez Arnaud Rousseau,
15:26il a eu des mots très durs.
15:27« Ça rime à quoi de menacer,
15:29d'affamer la France ? »
15:30etc.
15:31Ce qu'a fait la coordination rurale.
15:33Hier, moi, j'avais sur le Canal 27
15:36la patronne de la coordination rurale
15:38qui, pareil, avait des mots
15:39d'une dureté incroyable pour la FNSEA
15:42et pour Arnaud Rousseau
15:43accusé d'être un syndicaliste en carton
15:45et de ne défendre que les intérêts
15:47des gros industriels de l'agroalimentaire.
15:50On sent que ce n'est pas,
15:51comme dans le syndicalisme classique,
15:53deux façons différentes de revendiquer.
15:55C'est deux mondes différents,
15:58comme l'a dit Renaud.
16:00C'est vraiment deux mondes différents
16:01qui s'opposent.
16:02Effectivement, un regain de tension
16:03qui illustre aussi
16:04une certaine dégradation du débat public,
16:05une certaine hystérisation du débat public
16:07qu'on connaît globalement,
16:08soit dans le débat politique,
16:09soit dans le débat syndical
16:10et qui n'est pas sans rapport
16:12avec la percée et l'avancée
16:14du RN dans le pays,
16:15y compris au sein de la coordination rurale.
16:18Renaud, l'autre sujet d'actualité,
16:20ce sont les cheminots aussi de la SNCF
16:21qui s'apprêtent à faire grève.
16:23Eh oui, la saison de la grève est ouverte
16:25aujourd'hui avec une première grève
16:27de 24 heures à partir de ce soir
16:29et donc surtout demain.
16:31Pourquoi ? Parce que les syndicats de cheminots
16:32dénoncent le démantèlement de fret SNCF
16:34et l'ouverture à la concurrence
16:36aussi, selon eux, du transport de voyageurs.
16:38Le trafic sera normalement quasi normal
16:40sur les TGV demain.
16:41Un seul intercité sur deux circulera.
16:43La circulation sera un peu plus perturbée
16:45sur plusieurs lignes régionales,
16:47mais surtout le PDG de la SNCF,
16:48Jean-Paul Farandou,
16:50Jean-Pierre Farandou,
16:52autant pour moi, Gilles, heureusement
16:53que vous êtes là avec votre vigilance proverbiale,
16:55a mis la pression sur les syndicats
16:57de cheminots.
16:58C'était dimanche, dans un entretien
16:59à la tribune dimanche.
17:00Il a jugé que la grève était évitable.
17:02Il a affirmé que les Français ne comprendraient pas
17:04que le trafic soit perturbé
17:06à l'occasion des fêtes de Noël.
17:07Jeudi, aux cheminots,
17:08rester du côté des Français,
17:10leur a-t-il dit ?
17:11La réponse de Fabien Vildieu,
17:12secrétaire général du syndicat Sud Rail,
17:14qui était l'invité de France Info dimanche.
17:17Jean-Pierre Farandou fait du cheminot bashing.
17:19On attend autre chose de notre patron.
17:21Pour être du côté du Français,
17:23il faut se battre contre la privatisation de la SNCF
17:25et contre la casse de frais de SNCF.
17:27Ça, c'est du côté des Français.
17:29Et aujourd'hui, je vous le dis très concrètement,
17:31le 11 décembre, on sera en grève.
17:32Si le 11 décembre, la grève est suivie,
17:34en 4 jours, c'est plié, on aura gagné.
17:35Si le 11 décembre, la grève n'est pas suivie,
17:37en 3 jours, on aura repris le travail.
17:39Donc, la probabilité qu'on soit en grève à Noël,
17:41c'est 1%, même pas 1%.
17:43Alors, est-ce qu'effectivement,
17:44il n'y a aucun risque qui plane sur les vacances
17:46de fin d'année, comme le dit Fabien Vildieu
17:48de Sudrail à l'instant ?
17:50Pourquoi cette bataille de communication entre la direction
17:52et les syndicats ?
17:54Comme le disait Fabien Vildieu, il s'agit aujourd'hui, en fait,
17:56d'un coup de semence avant la grève programmée
17:58à Comté du 11 décembre.
18:00Aurélie ?
18:01Ce qui est intéressant dans ce préavis de grève,
18:04c'est, on parlait tout à l'heure des agriculteurs,
18:07c'est la réaction du gouvernement
18:09vis-à-vis de ces deux mobilisations.
18:11Autant Michel Barnier, vous savez, adore
18:13être dans sa méthode
18:15écoute-dialogue-respect,
18:17et la semaine dernière,
18:19quand Michel Barnier est interrogé par Westfrance
18:21sur cette future grève
18:23à venir de la SNCF,
18:25il a dit « je ne trouverais pas acceptable
18:27que les Français soient privés de leurs vacances au moment des fêtes »,
18:29ce qui est
18:31assez rare dans la bouche
18:33de Michel Barnier, qui généralement
18:35veut être dans l'écoute et le respect.
18:37Là, il a un peu tapé du poing sur la table,
18:39parce qu'évidemment, c'est la hantise
18:41du gouvernement, parce que, évidemment,
18:43si jamais il y a une grève qui paralyse les vacances de Noël,
18:45les Français vont être furieux.
18:47On se souvient de 2022, quand des milliers
18:49de Français s'étaient retrouvés naufragés,
18:51n'avaient pas pu aller passer les fêtes
18:53de fin d'année dans leurs familles.
18:55Et forcément,
18:57en première intention, on en voudra
18:59à la SNCF, en deuxième intention,
19:01on en voudra au gouvernement, qui n'a pas pu
19:03empêcher ce dénouement.
19:05C'est d'ailleurs l'argument des sociobinets de la CGT,
19:07qui dit « c'est parce qu'ils n'ont pas fait les choses dans l'ordre,
19:09ils ne peuvent pas maintenant se plaindre
19:11qu'il y ait des mouvements de grève en cette période particulière. »
19:13Oui, c'est vrai que c'est un très bon
19:15moment, objectivement, pour faire grève,
19:17pour, dans un bras de fer,
19:19pour une négociation, menacer de
19:21« pourrir » les vacances de Noël des Français.
19:23C'est le meilleur argument
19:25pour essayer de parvenir
19:27à ses fins dans la négociation avec la SNCF,
19:29même si, dans les revendications
19:31des syndicats, tout n'est pas possible.
19:33Ils sont en colère contre
19:35le démantèlement de la filière frette SNCF,
19:37mais en fait, il y a aussi l'ouverture
19:39à la concurrence, mais ça, ce sont des
19:41obligations européennes. On parlait de l'Europe
19:43tout à l'heure avec les agriculteurs.
19:45Il y a des contraintes
19:47européennes qui font que la France est obligée
19:49de se mettre en conformité. Et puis, il ne faut pas oublier
19:51qu'on est en période de négociations salariales.
19:53Il y a aussi, du côté des syndicats,
19:55une volonté de
19:57pouvoir peser sur
19:59les augmentations de salaires, même s'il faut rappeler que
20:01depuis 2022, à la SNCF, les augmentations
20:03salariales ont été en moyenne de 17%,
20:05même jusqu'à 21%
20:07pour les bas salaires. Ce n'est pas dit, effectivement,
20:09que ce soit très populaire auprès des Français en ce moment.
20:11Et là, je me mets à la place des auditeurs qui nous écoutent, qui disent
20:13qu'en fait, contrairement aux agriculteurs,
20:15nous, on ne va pas du tout soutenir les cheminots,
20:17Gilles. Exactement, c'est ce qu'espère,
20:19j'imagine que c'est ce qu'espère le gouvernement,
20:21parce qu'autant, vous l'avez dit, le mouvement des agriculteurs
20:23est populaire pour tout un tas de raisons
20:25qui ne sont pas que sur leur mode de vie,
20:27parce que je pense qu'il y a aussi un aspect identitaire
20:29que les Français se reconnaissent dans ce combat.
20:31Pour les cheminots, ça va être plus compliqué.
20:33Aurélie l'a dit, le motif officiel
20:35de la grève, c'est le fret.
20:37On constate que les NAO,
20:39les négociations annuelles obligatoires
20:41qui doivent décider de l'augmentation des salaires,
20:43commencent aujourd'hui. A votre avis,
20:45les cheminots sont-ils plus motivés
20:47par le démantèlement de la filière fret
20:49ou l'augmentation des salaires ? J'ai une idée
20:51sur la question.
20:53J'ajoute que, pour relier les deux dossiers,
20:55la coordination rurale
20:57a dit, oui, des grèves
20:59annuelles, en même temps que
21:01les cheminots, ce n'est pas impossible,
21:03et que la France... J'ai posé la question hier à Véronique Lefranc,
21:05je lui ai dit que une France avec des trains
21:07qui ne circulent pas et des routes bloquées, c'est possible.
21:09Je lui ai dit, oui, c'est possible.
21:11L'objectif aussi, c'est de bloquer le fret alimentaire pour la coordination rurale.
21:13Ça dépend du gouvernement. On sent un bras
21:15de fer monter. Et, dernier point,
21:17c'est pas très facile. Enfin, pour toutes
21:19ces négociations-là, il faut un budget.
21:21Parce que, par exemple, pour les
21:23revendications des agriculteurs, il y a beaucoup de choses
21:25qui dépendent du budget.
21:27Pareil, la SNCF, c'est une entreprise
21:29qui fait ce qu'elle veut. Mais, enfin, des marges de manœuvre,
21:31on en a quand un budget est voté
21:33et que, pour le gouvernement, en ce moment,
21:35avoir du grain à moudre,
21:37tant que le budget
21:39n'est pas voté, c'est compliqué.
21:41Et, quand il sera voté, ça ne sera pas tellement plus facile
21:43parce que ça ne sera pas les vannes ouvertes partout.
21:45De surcroît, comme le rappelait Aurélien Herbemont,
21:47les augmentations de salaire à la SNCF
21:49ont été conséquentes ces trois dernières années,
21:51supérieures, d'ailleurs, au montant global
21:53de l'inflation. Effectivement, il y a des
21:55négociations annuelles qui s'ouvrent là.
21:57Sauf que, comme l'inflation baisse,
21:59ralentit, là, la direction de la SNCF
22:01veut, effectivement,
22:03mettre le haut là aux augmentations de salaire.
22:05C'est évidemment une des motivations de ce mouvement.
22:07Mais c'est un mouvement qui, à mon avis, pose plus problème
22:09aux syndicats eux-mêmes
22:11parce que c'est difficile, je pense,
22:13à expliquer et à défendre ce mouvement
22:15dans ce contexte actuel de surcroît à l'approche des fêtes.
22:17Ça, c'est déjà vu. Des syndicats de cheminots qui déposent
22:19des prêts à vite grève à l'approche des fêtes
22:21de fin d'année, on a l'impression d'un remake.
22:23C'est une énorme différence
22:25entre ce mouvement, justement, et le mouvement
22:27paysan qui, lui, est populaire, soutenu
22:29dans l'opinion, quels que soient les éventuels désagréments,
22:31en tout cas, jusqu'à un certain point,
22:33sur la liberté de circulation.
22:35— Bonhomme Rotailleau, le ministre de l'Intérieur, qui parle de gréviculture
22:37à la SNCF. C'est tellement une habitude.
22:39Donc, il parle de gréviculture et il dit qu'il en a marre.
22:41On va voir comment ça va se dérouler.
22:43Merci à tous les trois. Aurélie Herbemont,
22:45chef adjointe du service politique de France Info,
22:47Gilles Bornstein, éditorialiste politique
22:49à France Info Télé. Merci à tous les deux d'être passés.
22:51Merci à vous, Renaud. — Merci, salut.
22:53— À demain, 20h, Les Informés du soir, avec Agathe Lombret
22:55et Jean-Rémi Baudot.

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