L'invité de 20h : Jean-François Piège - Clique - CANAL+

  • l’année dernière
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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ ! 

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Transcription
00:00 ...
00:07 -Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins...
00:11 -Un jour, Lucas me dit "t'es prêt ?"
00:13 Je lui dis "si je suis en face de vous, je suis prêt."
00:16 -Nous étions quelques bons copains, y avait Fernand, y avait Firmin,
00:19 y avait Francis et Sébastien...
00:23 -On fait pas une cuisine moderne, on fait une cuisine actuelle.
00:25 ...
00:27 -On était tous amoureux d'elle, on se sentait pousser des ailes...
00:31 A bicyclette...
00:33 -J'aime beaucoup, c'est à chaque fois tout en délicatesse.
00:35 -Sur les petits chemins de terre, on a souvent vécu l'enfer...
00:40 -Ce qui m'intéresse, c'est de savoir ce qui s'est fait,
00:42 mais pour ne jamais le refaire,
00:44 et m'appuyer là-dessus pour faire ma cuisine.
00:46 ...
00:48 -N'oubliez pas que notre restaurant est l'ambassadeur
00:50 de la gastronomie française.
00:52 ...
00:57 -Quand on approche...
00:59 -Quand on en a une, on en veut deux, quand on en a deux, on en veut trois.
01:01 -Le métier de cuisinier, c'est faire plaisir aux autres
01:04 et mettre tout en oeuvre pour y arriver.
01:06 ...
01:10 -Bienvenue dans "Clique", chef.
01:12 -Bonjour, mon loup.
01:13 -Comment ça va ? -Très bien.
01:15 -Jean-François Piège, c'est un bonheur de vous recevoir dans "Clique".
01:19 J'ai toujours ce truc de vous appeler chef.
01:22 -Voilà, c'est comme ça.
01:23 Vous êtes entré sur une musique choisie par Benabar,
01:26 en personne, et on l'écoute.
01:28 -Si Jean-François était une chanson,
01:30 je dirais, sans hésiter, "Bicyclette",
01:33 parce que c'est la chanson qui m'a demandé de lui jouer
01:36 à son mariage.
01:38 Et j'espère qu'elle l'aime bien,
01:40 parce que sinon, c'était uniquement pour me faire galérer à la prendre.
01:43 Si on m'avait demandé quel est son chanteur préféré,
01:45 évidemment, j'aurais dit "moi",
01:47 mais là, je m'incline avec la fausse humilité
01:50 devant Yves Montand.
01:52 Je l'embrasse.
01:53 -Donc, c'est Yves Montand, votre chanteur préféré.
01:55 -J'aime bien, oui.
01:56 -Pourquoi avoir demandé à Benabar de chanter ce morceau à votre mariage ?
01:59 Déjà, à quel moment on se dit "je veux Benabar à mon mariage" ?
02:01 -Ha !
02:03 Parce que ça, c'est un pote, donc...
02:05 -C'est une bonne raison. -C'est une bonne raison.
02:07 -En plus d'être talentueux.
02:08 -En plus !
02:10 Et "Bicyclette", c'est une chanson que j'ai écoutée
02:13 quand j'étais jeune, que mes parents écoutaient.
02:16 Et en fait, c'est une chanson qui a bercé mes jeunes années.
02:19 Je pense que c'est cette petite...
02:22 Cette petite musique qui revient à "Bicyclette",
02:24 à "Bicyclette", et qui revient comme ça.
02:26 Et quand on a des moments forts dans la vie,
02:27 et le mariage en est un, évidemment,
02:30 on a envie parfois de cette machine,
02:32 de remonter le temps, de vivre ses émotions.
02:34 Et j'avais la chance d'avoir Bruno, qui est un chanteur incroyable.
02:38 -Je voulais parler de votre mariage,
02:39 pas pour rentrer dans votre vie privée,
02:41 mais c'est aussi pour dire que derrière Jean-François Piège,
02:44 il y a Elodie Piège.
02:45 -Pas derrière, avec ! -Avec.
02:46 Vous êtes un vrai duo, en fait. -Oui.
02:48 -Comment ça s'organise ?
02:50 Et à quel point c'est important d'avoir ce mariage soudé,
02:55 à la fois dans la vie personnelle et dans le travail ?
02:57 À quel moment ça s'accorde ? Comment on fait ?
02:59 -On s'est rencontrés déjà en travaillant,
03:02 parce qu'à l'époque, on a vu les images tout à l'heure
03:05 quand j'étais au Crion.
03:06 Donc le Crion, c'est ma première place de chef,
03:08 et c'est ma première place à Paris en 90.
03:11 C'est ma première place de chef,
03:12 et c'est là où j'ai rencontré mon épouse.
03:14 Donc c'est un lieu qui est incroyablement important pour moi.
03:18 Et on a appris à travailler ensemble avant de s'aimer,
03:23 et on a continué à s'aimer et à travailler ensemble.
03:27 -Comment ça tient ? -Ça tient.
03:29 -Mon répertoire de recettes,
03:30 c'est disponible aux éditions Hachette Cuisine.
03:32 C'est un livre qui répertorie près de 1 500 recettes,
03:35 les classiques du patrimoine français,
03:36 mais également les recettes contemporaines,
03:38 personnelles, familiales et venues d'ailleurs.
03:40 Est-ce que c'est pour les professionnels
03:42 ou pour tout le monde ?
03:43 -C'est pour tout le monde, en fait.
03:45 Quand j'ai commencé ce métier, on nous a donné un livre,
03:49 quand on rentre à l'école hôtelière,
03:50 qui s'appelle "Le gringoire et sonnerie".
03:52 C'est un répertoire qui ressemble un peu à celui-là.
03:55 Et moi, je suis un amoureux des objets aussi.
03:58 Donc j'avais envie un jour de le faire.
03:59 Et puis les recettes, c'est pas fait pour être gardé,
04:01 c'est fait pour être transmis.
04:03 Donc voilà.
04:04 J'ai voulu mettre dedans des choses un peu personnelles,
04:07 des choses qui venaient d'ailleurs,
04:08 parce qu'aujourd'hui, on a envie de savoir faire une cacio e pepe, peut-être.
04:11 C'est pas français, mais on a envie...
04:14 -C'est mes pâtes préférées. -Ben voilà.
04:16 -Comment on les fait ?
04:18 -C'est pas très compliqué.
04:19 -Justement, faut me faire rêver, là.
04:22 -Faut cuire les pâtes, donc spaghettis,
04:26 deux, trois minutes de moins que la cuisson traditionnelle.
04:29 On les égoutte, on les met dans une poêle, si on en a à la maison,
04:32 et on prend de l'eau de cuisson qui a déjà servi,
04:35 et on commence à finir la cuisson en le remuant.
04:38 Et dedans, on va rajouter l'élément essentiel,
04:41 qui est le pecorino romana,
04:43 qui va créer la liaison, et avec le poivre, c'est tout.
04:46 -Je veux qu'on passe une émission comme ça,
04:49 à vous poser des questions sur des recettes
04:51 et à vous regarder avec des yeux d'enfant,
04:53 après "Zéro gras, zéro viande, zéro poisson",
04:56 un nouveau livre qui s'annonce être encore un carton,
04:58 parce que c'est rare, les chefs qui font des cartons dans l'édition.
05:01 Ce livre, il s'appelle "Zéro gaspi".
05:03 C'est un livre qui a été imprimé en papier recyclé,
05:05 et le principe est simplissime.
05:07 Vous nous apprenez comment utiliser les aliments dans leur entièreté,
05:10 et pas réutiliser, c'est pour ça que j'utilise le mot "utiliser",
05:13 avec ce qu'on appelle les restes, les épluchures,
05:14 et de tout ce qu'on met en général à la poubelle,
05:17 vous mettez des recettes "Zéro gaspi", faciles et accessibles.
05:21 Est-ce que le fait de sortir un livre qui s'appelle "Zéro gaspi",
05:24 dans une période où il y a de l'inflation,
05:26 où tout le monde a peur pour son panier moyen,
05:28 c'est un acte militant ?
05:29 -Oui, c'est un acte militant.
05:31 Moi, j'entends tous les jours...
05:35 J'allume la télé, j'allume la radio, j'allume mon téléphone,
05:37 on voit qu'il y a des problèmes de budget,
05:39 et puis je le vois, moi, dans mes restaurants,
05:41 je vois que tout ce qu'on achète est en train d'exploser,
05:43 le prix est en train d'exploser,
05:44 donc je me dis, à un moment donné,
05:46 moi, qu'est-ce que je peux faire ?
05:48 Je peux juste parler de ma spécialité,
05:51 ma spécialité, c'est la cuisine.
05:53 Je me dis, qu'est-ce qu'on peut faire avec ?
05:55 J'ai pris mon téléphone, j'ai appelé mon éditeur,
05:57 je lui ai dit "Écoute, j'ai une idée,
05:58 on va traiter non pas les restes, on va traiter ce qu'on jette,
06:02 ce qui va permettre de faire à manger deux fois
06:05 avec le même budget, et si on arrive à faire ça,
06:07 on aura fait quelque chose qui va apporter quelque chose aux gens,
06:11 ceux qui n'ont pas forcément les moyens."
06:13 Alors, il y a des choses qui sont parfois complexes,
06:16 mais la salade, aujourd'hui, quand on achète de la salade,
06:19 on jette les feuilles, il faut pas les jeter,
06:21 il faut en faire autre chose.
06:23 Quand on achète des crevettes,
06:25 alors c'est déjà un produit un peu plus de luxe,
06:27 mais on peut peut-être, pour ces moments de fête,
06:30 acheter des crevettes, manger les crevettes,
06:33 et de pas acheter des têtes, et en faire une crème,
06:35 en consommer, et même cette crème pour layer des pâtes.
06:39 -Est-ce que la notion de luxe, elle a changé maintenant
06:42 par rapport à ce qu'on peut se permettre d'acheter ?
06:44 -Alors, moi, quand j'ai commencé la cuisine,
06:47 le luxe, c'était le caviar, le foie gras, la truffe.
06:49 Moi, je crois qu'aujourd'hui, le luxe, c'est des produits...
06:52 très choisis, c'est des produits qui ont été cultivés
06:56 avec le plus grand soin, le plus grand respect.
07:00 Le luxe, aujourd'hui, c'est la nature,
07:02 c'est le côté sain, c'est le côté authentique.
07:05 C'est plus forcément le caviar, le foie gras et la truffe.
07:08 Aujourd'hui, le luxe, c'est des produits de grande qualité.
07:10 -Et est-ce qu'aujourd'hui, pouvoir aller au restaurant,
07:13 c'est devenu un luxe ? -C'est difficile de répondre.
07:15 C'est peut-être pour ça que j'en ai fait plusieurs,
07:17 parce que j'en ai un qui est l'Epidor,
07:19 le menu est entre 40 et 50 euros.
07:22 Ça permet d'avoir une accessibilité, c'est déjà cher,
07:26 mais entre plat et dessert,
07:29 une formule plus courte à 29 euros.
07:32 C'est vrai que le grand restaurant, lui,
07:35 c'est un produit qui est déjà un peu plus cher,
07:39 mais on mange 15, 16, 17 choses.
07:42 On mange du homard, on mange du loup,
07:44 on mange du loup de mer,
07:46 on mange du riz de veau,
07:48 on mange du cheroi.
07:50 C'est des choses qui coûtent un certain prix.
07:53 -On est ce qu'on mange, et on est tous, malheureusement,
07:56 de plus en plus inégaux par rapport à la nourriture,
07:59 à cause de la crise, de l'inflation,
08:00 et j'ai l'impression qu'on en parle juste après ce sujet-là.
08:03 -On en parle beaucoup et on l'a subi au quotidien.
08:05 L'inflation a miné nos portefeuilles,
08:07 et ça se répercute dans nos assiettes.
08:08 Les produits sont de plus en plus chers,
08:10 et ça devient difficile de se payer des aliments de qualité.
08:12 -Nous faire payer 6 dollars une bouteille de flotte
08:14 avec un concombre dedans, c'est ça qui est barge.
08:17 -Et même si on connaît les dangers liés aux pesticides
08:19 et qu'on est conscient des conditions d'élevage
08:21 dans l'agriculture intensive, quand on fait nos courses,
08:23 on finit trop souvent par opter pour le produit le moins cher.
08:26 -Je suis obligée de prendre le nécessaire,
08:27 donc les pâtes, le riz, les patates, les légumes.
08:31 Les légumes, c'est très, très cher aussi,
08:33 et il y a beaucoup de choses que j'ai arrêtées d'acheter.
08:34 -Car la qualité, ça a un prix.
08:36 Et même s'il existe des alternatives,
08:37 elles ne sont pas forcément accessibles à tout le monde.
08:39 En novembre dernier, 37 % des Français
08:42 se déclaraient en insécurité alimentaire.
08:44 -De plus en plus de familles en sont réduites
08:46 à sauter des repas à cause de l'inflation.
08:47 C'est le cas d'environ 15 % des foyers.
08:50 -Mais le problème va bien au-delà de l'inflation,
08:52 car même si les causes sont multifactorielles,
08:54 plus on est précaires, plus on a de chances
08:56 d'être atteints d'obésité,
08:57 parce que bien manger, ça coûte cher,
08:58 ou plus exactement, mal manger, ça ne coûte pas cher.
09:01 -Et oui, la faim justifie les moyens,
09:03 mais on n'a pas tout le temps les moyens de satisfaire sa faim,
09:05 surtout quand on est jeune.
09:06 -Ça ressemble à du vomi, non ?
09:07 En même temps, c'est ça, la réalité,
09:08 quand on n'a pas de quoi se payer à bouffer.
09:10 -Alors quand on sait que l'inflation impacte nos assiettes
09:13 et que la malbouffe est un marqueur de précarité,
09:15 on se demande, est-ce qu'on est tous égaux face à la nourriture ?
09:18 -Jean-François Piège,
09:21 est-ce qu'on est tous égaux face à la nourriture ?
09:22 -Non. Non.
09:24 Après,
09:26 on peut être égaux, mais c'est du temps.
09:29 Parce qu'en fait, qu'est-ce qu'on a vu, là ?
09:31 On a vu que des produits manufacturés.
09:33 Et c'est vrai que les produits manufacturés, ça coûte cher.
09:36 Si on va au marché,
09:37 si on va acheter des choses qui sont à côté de chez soi,
09:41 faites par des producteurs, il va falloir les cuisiner.
09:43 On va passer plus de temps, mais on va les payer moins cher
09:45 et on va mieux manger.
09:46 C'est ça, le sujet, en fait.
09:49 -Pourquoi est-ce que mal manger, ça coûte moins cher ?
09:51 -Parce que c'est les industriels qui s'en occupent.
09:54 Et que si on veut bien manger,
09:56 quand je dis des produits manufacturés,
09:59 c'est des produits qui...
10:00 qui contiennent du sucre,
10:03 c'est des produits qui contiennent des éléments
10:05 qu'il faut peut-être pas forcément manger dans les mêmes quantités,
10:08 que si on fait sa cuisine, on va réguler tout ça.
10:11 Donc, c'est une question de temps.
10:13 Moi, j'ai jamais vu ça quand j'étais jeune.
10:16 Ma maman, ma grand-mère allaient au marché cuisiner,
10:19 et c'était ce lien familial.
10:22 Les familles se sont un petit peu éparpillées, distendues,
10:25 et de ce fait,
10:28 on va peut-être à la facilité, parce qu'on n'a pas transmis
10:30 cette éducation.
10:32 Moi, elle m'a été transmise.
10:33 -Est-ce que c'est un sujet que devrait prendre en main
10:35 l'éducation nationale, en fait ?
10:36 Dans les cantines, dans les écoles ?
10:39 -Mais... Dans les écoles, oui. Dans les écoles.
10:42 Dans les écoles, on devrait avoir un cours,
10:44 surtout dans le pays dans lequel on est, la France.
10:48 Ce pays où...
10:50 C'est un hexagone où il y a des producteurs incroyables.
10:53 On devrait le transmettre.
10:54 -La France, c'est le pays de la nourriture,
10:56 c'est aussi celui des droits de l'homme,
10:58 mais c'est aussi celui de la loi immigration.
11:00 Lundi, le projet de loi immigration a été rejeté
11:02 à l'Assemblée nationale.
11:03 Ca vous concerne dans les cuisines,
11:05 parce que vous êtes un secteur touché
11:06 par la pénurie de main-d'oeuvre,
11:07 et on sait que ce secteur marche beaucoup
11:09 grâce aux travailleurs sans-papiers.
11:11 L'article 3 du projet crée une carte de séjour d'un an
11:14 pour les personnes qui travaillent dans des métiers en tension.
11:17 Vous, comment vous la vivez, cette loi,
11:18 et quel impact ça a sur votre cuisine ?
11:20 -Bah...
11:22 Aujourd'hui, je pense qu'il faut qu'on arrive à s'ouvrir,
11:25 parce qu'on est dans...
11:27 Comme vous le dites très bien,
11:29 il y a une tension sur le monde du travail,
11:31 et surtout sur le monde du travail dans la restauration,
11:34 mais sur tous les métiers de service, en général.
11:36 Et ces métiers de service qui sont en tension
11:38 devraient bénéficier d'une plus grande ouverture
11:40 pour que l'immigration qui souhaite venir travailler chez nous
11:44 puisse venir et travailler.
11:46 Je pense que ça, c'est essentiel.
11:48 -Et vous, dans vos équipes, comment est-ce que c'est perçu ?
11:51 -Mais ça a toujours été chez nous.
11:54 Pour nous, ça a toujours été.
11:56 Il y a toujours eu...
11:57 Pardon, je veux pas stigmatiser,
11:59 mais il y a toujours eu un étranger qui venait se former en France.
12:02 Ça a toujours existé.
12:04 Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'on est en train de le découvrir.
12:07 Chez nous, ça a toujours existé.
12:08 Moi, j'ai toujours travaillé avec un Japonais,
12:12 avec un Américain, avec un Anglais qui venait se former chez nous.
12:16 -Mais c'est pas eux qui semblent viser par cette loi.
12:20 C'est pas d'où on parle. -Oui, mais sauf que...
12:22 -En tout cas, sur les plateaux. -C'est ça.
12:24 Mais moi, je l'ai toujours connu.
12:25 Chez nous, il y a pas d'exclusion.
12:28 Moi, dans mes cuisines, il y a plusieurs nationalités,
12:30 il y a pas d'exclusion.
12:31 Et c'est un monde, pour nous, d'ouverture.
12:33 On accepte tout le monde.
12:35 C'est vrai que la vindicte, aujourd'hui,
12:39 fait qu'on n'a pas envie d'accepter ces gens-là.
12:42 On n'a pas envie.
12:43 Mais nous, on l'a toujours fait.
12:45 -Et vous en avez besoin, aussi. -Et on en a besoin.
12:47 -C'est important de le dire.
12:49 -Mais même au-delà de ça, au-delà du travail,
12:52 quelle richesse d'échanger avec quelqu'un qui est différent.
12:54 Non, mais quelle richesse !
12:56 Quelle richesse !
12:57 Au grand restaurant, on a une Coréenne,
12:59 et une fois par semaine, elle fait un plat de chez elle.
13:03 Ça plaît à tout le monde.
13:04 -Jean-François Piège vous propose des recettes
13:06 zéro gaspilles, faciles et accessibles.
13:08 On va passer en revue plein d'aliments,
13:11 et vous nous dites ce que vous savez faire avec,
13:12 parce que c'est fascinant.
13:14 Qu'est-ce que vous pouvez nous donner comme recette
13:16 à utiliser pour notre pain quand il devient du pain sec ?
13:20 -Premier élément de gaspille, c'est le pain.
13:22 -Voilà. -Ce qu'on jette le plus, c'est le pain.
13:24 Donc moi, je me suis attelé dans mon livre,
13:27 ça a été la première chose.
13:29 J'ai pas voulu faire le pain perdu, donc j'ai fait de la farine.
13:34 J'ai pris le pain, je l'ai mixé très, très longtemps,
13:36 ça a fait une farine de pain. -D'accord.
13:39 -Vous faites une pâte avec ça, vous faites des sablés.
13:41 -On peut refaire du pain avec de la farine avec du pain ?
13:43 -Oui. -Waouh !
13:45 Je vais le faire ce soir. -Ah ouais !
13:46 Mais il faut qu'il soit sec, hein !
13:49 Qu'est-ce qu'on fait avec des restes de croissant ?
13:51 -Le croissant, c'est un gâteau. -Ouais.
13:54 -On le mixe, un peu de lait, un peu de crème, des oeufs,
13:56 et on en fait une gaufre.
13:58 Franchement, ça marche super bien.
13:59 -Donnez-moi les étapes, parce que là, ça a l'air facile,
14:01 je veux comprendre. -Donc, ce matin,
14:03 on est allé acheter un croissant, on en a acheté trop,
14:05 parce qu'on a toujours... -Oui.
14:07 -Hein ? -Voilà.
14:08 -Voilà, on sait de quoi on parle. -Évidemment.
14:11 -Et il y a restant, au lieu de le manger rassi le lendemain,
14:15 on va le prendre, on va le mixer,
14:17 un mixeur plongeant, avec un petit peu de crème, un peu d'oeuf,
14:20 quelque chose qui a du goût, de l'eau de fleur d'oranger,
14:22 de la vanille, quelque chose comme ça.
14:24 Une fois que c'est mixé, ça va faire une pâte,
14:27 mais il n'y a pas besoin de rajouter du sucre,
14:28 il y en a dans le croissant, la farine, il y en a dedans,
14:31 du beurre, il y en a.
14:32 -Bah oui. -En fait, c'est la pâte à gaufre,
14:37 mais on peut faire des crêpes aussi.
14:39 En fait, je suis parti de ce postulat-là,
14:40 de réfléchir les éléments qui composent l'élément
14:44 qui va être gaspillé,
14:45 pour en faire un élément qui contient les mêmes ingrédients.
14:49 -Qu'est-ce qu'on fait avec les croûtes de fromage ?
14:51 Elles sont précises, mes questions.
14:52 Mais le livre, il me passionne.
14:54 -On peut faire une béchamel, une sauce mornée,
15:00 mais ce livre, j'ai voulu qu'il soit petit,
15:03 je voulais qu'il soit pas trop cher,
15:05 donc j'ai pas pu mettre toutes les recettes.
15:07 Mais allez, petit clin d'œil pour la clique,
15:11 une recette qui est pas dans le livre,
15:13 c'est les croûtes de fromage.
15:15 -Comment on fait ?
15:16 -Qu'est-ce qu'on peut faire ?
15:17 Un dashi, une soupe.
15:19 -Une soupe de fromage ?
15:21 -On prend de l'eau, de l'eau minérale,
15:24 on la met au frais avec les croûtes de fromage pendant 24 heures.
15:28 On fait chauffer à infuser,
15:29 et on a de l'eau qui a le goût du fromage.
15:31 C'est super bon.
15:32 -De l'eau au fromage ?
15:34 -C'est super bon. -De l'hommage ?
15:36 Incroyable.
15:37 OK, je vais boire ça ce soir.
15:39 Alors, je savais pas qu'on pouvait aussi faire quelque chose
15:42 avec les restes du café du matin.
15:44 Ah ! Ouais.
15:46 -Le kawa. -Ouais, le kawa.
15:48 Parce que ça, c'est le matin, en fait,
15:50 on est pressé, on en fait trop.
15:52 Le matin, on n'est quand même pas très habile
15:55 pour juger les quantités,
15:56 et moi, ça m'embête à chaque fois qu'il y a du café de le jeter.
16:01 On prend le café dans un plat au congélateur.
16:04 Une fois qu'il est... On met un carré de sucre,
16:06 une dizaise de citron si on veut donner un petit peu de...
16:09 -De délire, ouais. -Ouais.
16:10 Voilà. Puis ceux qui veulent autre chose, ils mettent autre chose.
16:13 Une fois qu'il est congé, on gratte. Ça fait un granité.
16:16 C'est incroyable. Un granité au café.
16:19 Mais il fallait y penser.
16:20 Alors, j'en ai plein.
16:21 -Ouais. -Qu'est-ce qu'on fait
16:22 avec les peaux d'orange ?
16:25 Et me dites pas, tu te les pluches et tu te la manges.
16:27 Alors, ça, c'est quelque chose qui...
16:32 Moi, au restaurant, quand on fait du jus d'orange,
16:35 parce qu'on a une recette, on prend...
16:37 Et puis...
16:38 Il y en a plus à la poubelle que le résultat.
16:41 Je dis que ça, c'est pas possible.
16:43 Eh bien, on va les confire.
16:45 Donc, de l'eau, du sucre.
16:48 On les met à cuire tout doucement, on les garde dans un pot,
16:51 et puis on fait une crème à l'orange,
16:53 on fait des fruits confits pour mettre dans un cake.
16:56 En fait, au lieu d'acheter les fruits confits,
16:58 eh bien, on va utiliser ce qu'on jette.
17:00 En ce moment, j'ai un délire, c'est les brocolis.
17:03 Ne me posez pas de questions, j'ai des phases comme ça.
17:05 Qu'est-ce qu'on fait avec le bas des brocolis ?
17:08 En vrai, on va pas se mentir, on le mange jamais.
17:11 Ah bah non ! Bah non.
17:13 Qu'est-ce qu'on fait avec ce truc ?
17:15 - Des cornichons. - Quoi ?
17:18 - Des cornichons. - Alors...
17:19 Comment on fait ?
17:21 Donc, on voit bien, on enlève les semités,
17:24 on va les cuire, on va les manger.
17:26 Je suis un bon papa, donc c'est ce que je fais.
17:28 Des brocolis, mes enfants.
17:29 Et quand je vois ce qu'il reste de ça...
17:31 Donc, je me suis mis à goûter.
17:35 Ouais, comme ça, c'est un peu raide.
17:37 Donc, j'ai eu la petite idée,
17:39 on l'épluche, on le coupe en morceaux,
17:41 du vinaigre, de la coriandre, du piment, du poivre, de l'estragon,
17:45 dans un pot, du vinaigre blanc, et on met ça au frais.
17:49 Ça a un goût de fou.
17:50 Allez, il faut attendre 15 jours.
17:52 Ah oui, quand même.
17:53 Et dire que ces cornichons étaient devant nous et qu'on les voyait pas.
17:56 Ce soit piège, on va tirer les cartes ensemble,
17:58 fermer les yeux, tirer un thème d'interview.
18:00 C'est parti, c'est l'interview à la carte.
18:02 Ouh là, incroyable !
18:05 - Miam-miam. - Le miam-miam.
18:07 On va faire l'interview miam-miam.
18:09 Si un sandwich devait porter votre nom, il y aurait quoi dedans ?
18:12 Ah !
18:13 Le club sandwich.
18:15 - Il y aurait quoi ? - Il y aurait...
18:17 de la salade, de la mayonnaise, des oeufs, des tomates,
18:20 du blanc de volaille, du pain de mie,
18:23 et des fines tranches d'heure croustillantes.
18:26 Est-ce que vous préférez lécher ou saucer ?
18:28 Saucer.
18:30 Si vous pouviez manger un seul truc jusqu'à la fin de vos jours,
18:33 ce serait quoi ?
18:34 - Ça se dit pas. - C'est quoi ?
18:36 Ah, c'est mon péché mignon.
18:39 Le saucisson.
18:40 Qu'est-ce qu'il faut jamais vous servir à table ?
18:43 J'aime pas le melon.
18:46 Quel est votre Madeleine de Proust, le plat de votre enfance ?
18:49 L'île flottante.
18:51 Si vous invitez votre pire ennemi à dîner,
18:52 qu'est-ce que vous lui préparez ?
18:54 Quelque chose qui pique, qui pourra pas manger.
18:58 C'était l'interview miam-miam avec Jean-François Piège.
19:01 On allait faire un tour sur vos réseaux sociaux.
19:02 C'est le clic sûr.
19:04 On a cliqué sur vous, Jean-François Piège.
19:06 Et on ne vous remercie pas.
19:07 Déjà parce qu'on se rend compte qu'une simple recette de radis beurre,
19:10 vous en faites un truc hyper stylé.
19:12 Alors que pour nous, laver les radis, c'est déjà une épreuve.
19:14 Et puis, en une après-midi de recherche sur votre Insta,
19:16 on a chopé une indigestion et 22 kilos.
19:18 Alors forcément, sur vos réseaux, il y a votre univers,
19:21 votre passion, la cuisine et de la viande.
19:24 On mange trop de viande.
19:25 - Trop de viande. - Bah oui.
19:27 Vous partagez vos recettes sur une playlist de tipeurs
19:30 et vous partagez vos résumés sur votre site.
19:32 Vous partagez vos recettes sur une playlist de type rétro.
19:35 Souvenir, souvenir
19:37 Saint-Étienne, Neuvalle
19:40 Moi, je te donne mes lalala
19:41 Et quand vous goûtez vos plats à la fin,
19:43 vous êtes aussi contents que quand nous,
19:44 on se gourre pas dans la cuisson des pâtes.
19:46 En cliquant sur vous, on s'est rendu compte
19:47 que votre cuisine était appréciée de tous
19:49 et reconnue par de grands médias culinaires,
19:50 comme Le Point, spécialisé en politique, économie et Moussaka.
19:53 Les chefs, désormais, sont ultra présents sur les réseaux.
19:56 Et vous n'y manquez pas, Jean-François.
19:58 Vous reprenez tous les codes des Instagrammeurs, des tutos.
20:01 Bonjour, aujourd'hui, on va parler de la cuisson des œufs.
20:03 Des jeux concours.
20:04 On va procéder au tirage du gagnant de ceux qui vont manger en cuisine.
20:07 Et même des placements de produits.
20:09 Je suis très heureux de vous présenter aujourd'hui cette collaboration.
20:11 On attend le code promo.
20:12 Et quand on clique sur vous, on boit vos paroles.
20:14 À mi-chemin entre la philosophie culinaire...
20:16 Je vais partager avec vous plus que des recettes,
20:18 plus que des techniques.
20:19 Et je vais partager de l'émotion.
20:21 Et du coaching, en mode Philippe Lucas.
20:22 Je pense qu'il n'y a aucune difficulté.
20:24 La seule difficulté, c'est la peur.
20:26 Rangez-la dans le placard.
20:27 OK, chef, la peur est dans le placard.
20:29 Mes talents culinaires aussi.
20:31 La peur est dans le placard.
20:32 Mais est-ce qu'aujourd'hui, les chefs ont peur des réseaux sociaux ?
20:36 Comme ils pouvaient avoir à un moment peur des étoiles
20:38 et de la pression que ça pouvait mettre ?
20:39 Non, pourquoi avoir peur ?
20:41 J'aimerais vous faire écouter Cédric Grelet,
20:43 qui, lui, a une relation compliquée avec les réseaux et les commentaires.
20:47 Quand on passe de 1 000 likes à des vidéos qui sont vues 47 millions de fois,
20:51 qu'est-ce qui change ?
20:52 C'est vraiment difficile à...
20:56 Franchement, c'est pas facile parce que...
21:01 Aujourd'hui, il faut que je fasse les choses bien.
21:02 Les gens regardent ce que je fais et à tout moment, ils peuvent être méchants.
21:07 C'est les réseaux.
21:08 Ou bienveillants, bien entendu.
21:09 J'ai 99 % de personnes qui sont bienveillantes derrière mon travail.
21:13 Mais j'avoue que maintenant,
21:15 mon travail ne consiste pas à faire des pâtisseries.
21:17 C'est quoi les commentaires méchants quand tu fais de la pâtisserie ?
21:19 C'est une vraie question !
21:23 Merci.
21:24 Pour moi, c'est bien parce que ça me fait du bien,
21:26 parce qu'ils se rendent pas compte.
21:27 Vous avez des commentaires méchants ?
21:30 Oui, ça arrive, mais...
21:31 Il dit quelque chose d'intéressant.
21:35 Il faut faire bien, en fait.
21:37 Quand on le fait avec la plus grande honnêteté,
21:39 qu'on le fait bien, on aura pas de problème.
21:41 J'ai connu ça quand on a commencé la télé.
21:43 Vous savez, aujourd'hui, on regarde ça avec beaucoup de distance,
21:46 mais en 2010, quand on a commencé l'aventure Top Chef,
21:49 les premiers commentaires, ils étaient pas glorieux.
21:51 Ça s'est affiné avec le temps,
21:53 c'était même plutôt très positif par la suite.
21:55 Et c'était difficile au début.
21:57 Et là, ça va mieux ?
21:59 Oui, ça va mieux, mais c'est pas très grave.
22:01 Mais c'est pas fini.
22:02 On a un compte à rebours avec un maximum de questions
22:04 pour un maximum de réponses.
22:06 Qu'est-ce qu'il faut surtout pas vous donner à manger après minuit ?
22:09 Du saucisson.
22:11 Quel moment de votre vie vous voudriez effacer ?
22:14 Celui qui sera le dernier.
22:21 À quel moment de votre vie vous vous raccrochez
22:23 quand vous avez envie d'être heureux ?
22:25 Mes enfants.
22:26 C'est quoi le bruit qui vous agace le plus ?
22:29 Le silence.
22:30 Dans la peau de quel star aimeriez-vous passer 24 heures ?
22:32 Tom Cruise.
22:34 C'est quoi votre meilleur cadeau de Noël que vous ayez jamais eu ?
22:37 Un très joli repas.
22:42 Si vous êtes élu à la tête du pays, quelle est votre première mesure ?
22:45 Ma première mesure, si je suis président de la République,
22:51 c'est l'ouverture à tous les Français des palais nationaux.
22:57 Si vous aviez un membre en plus, c'est lequel et où ?
23:02 Si j'avais un membre en plus, ça serait une main supplémentaire
23:08 pour cuisiner plus vite.
23:10 Est-ce qu'il y a un cauchemar récurrent dont vous vous souvenez souvent ?
23:13 Non, je fais que des rêves.
23:15 Qu'est-ce que vous passez votre temps à chercher ?
23:17 Ce que je n'ai pas.
23:19 Est-ce que vous savez imiter une personnalité ou un animal ?
23:22 Non, je suis très mauvais.
23:24 C'était quoi votre plus grand pétage de câble ?
23:28 Ça m'arrive, mais je me soigne.
23:30 Qu'est-ce que vous ne voulez surtout pas montrer sur vos réseaux sociaux ?
23:34 Mes enfants et ma vie privée.
23:38 Et bien voilà !
23:40 - Eh ben voilà !
23:42 [SILENCE]

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