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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ ! 

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Transcription
00:00 Ce n'était pas le radeau de la méduse, ce bateau qu'on se le dise...
00:07 Très tôt j'ai su que je voulais être pâtissier dès l'âge de 2 ans, ça ne m'a jamais quitté.
00:11 Il naviguait en perpénable sur la grand mare des canards...
00:17 Pour moi il y a sur le nôtre c'est le maître.
00:19 ... les copains d'abord...
00:22 Il est tout à fait magique, il s'appelle Pierre Hermé, premier chocolatier de France, ça c'est important de savoir.
00:27 ... et tenu le coup qui n'est jamais viré de bord...
00:31 C'est de la pure bourmandise.
00:33 ... naviguait en perpénable...
00:37 C'est un encouragement à continuer la voie que j'ai tracée et en ayant toujours en tête l'idée d'être différent.
00:43 ... les copains d'abord...
00:55 La passion c'est ce qui nous guide.
00:58 Bienvenue dans Clique Pierre Hermé.
01:04 Bonjour.
01:05 Vous allez bien ?
01:06 Très bien merci.
01:07 Merci, asseyez-vous.
01:09 Alors Pierre Hermé, vous êtes l'un des plus grands pâtissiers du monde et de l'histoire en France.
01:14 Pour comprendre un petit peu qui est Pierre Hermé, vous êtes dans le luxe, il y a l'histoire de Christian Dior, Grand Couturier, il y a Louis Vuitton, il y a Coco Chanel.
01:21 Eh bien vous, vous êtes l'équivalent de ces grands créateurs mais dans la pâtisserie.
01:26 Est-ce que j'ai raison ?
01:28 En tout cas, je crée des goûts, je travaille sur l'architecture du goût.
01:34 J'imagine des gâteaux, des associations de saveurs qui deviennent des associations fétiches de la maison Pierre Hermé Paris.
01:43 Quand on voit par exemple l'histoire d'un Christian Dior, quelqu'un qui a dédié toute sa vie à sa maison, est-ce que c'est pareil pour vous ?
01:49 Moi, je ne fais rien d'autre, je n'ai pas d'autre activité que de m'occuper de la maison Pierre Hermé et de travailler sur les créations,
01:58 sur tout ce qui est aussi autour de cette création parce qu'il ne suffit pas de créer des goûts, il faut aussi ensuite les mettre en œuvre,
02:06 garantir que chaque jour, le produit sort de la même façon, il est aussi bon le mardi, le mercredi que le samedi
02:15 et puis ensuite de travailler sur la manière de le promouvoir et de le présenter au public.
02:22 Vous représentez un repère pour tous les Français qui voyagent dans le monde.
02:26 Partout où on va et qu'on voit un magasin Pierre Hermé, on se sent Français.
02:30 Au Japon notamment, c'est là où vous avez ouvert votre première boutique.
02:33 Qu'est-ce que vous avez à votre veste là ? C'est quoi comme décoration ?
02:36 Alors c'est la Légion d'honneur et la décoration de commandeur des arts et lettres.
02:43 Qu'est-ce que ça représente pour vous ?
02:45 C'est un encouragement et c'est vrai que pour moi c'est un encouragement à continuer à suivre ma trace,
02:55 à la faire évoluer bien sûr parce qu'un style est destiné à évoluer,
03:00 mais toujours être déterminé et focus sur ce que j'ai envie d'exprimer.
03:06 Dans le monde entier, je le répète, on va manger vos macarons au Japon, aux Etats-Unis,
03:09 plus d'une soixantaine de boutiques dans le monde.
03:13 Aux Etats-Unis, on vous a surnommé le Picasso de la pâtisserie.
03:16 C'est un journaliste américain qui avait fait un reportage sur moi en 1994.
03:20 Il s'appelle Jeffrey Steingarten et il avait passé une semaine avec moi.
03:25 Et pendant une semaine, il m'a suivi, il m'a posé plein de questions.
03:28 Après, j'ai eu la surprise de voir ce titre, mais c'est resté parce que je pense que c'est un titre qui parle aux gens aussi.
03:37 C'est pareil, je l'ai reçu comme un encouragement.
03:41 Qu'est-ce qu'il y a d'artistique chez vous quand vous créez une pâtisserie ?
03:45 C'est l'expression de ce que je suis, de ce que j'ai en tête.
03:48 La dimension artistique, on est bien sûr, la pâtisserie, c'est un métier artisanal, vraiment artisanal.
03:56 Et la création en matière de pâtisserie, pour moi, c'est là que se trouve la dimension artistique.
04:04 Vous êtes très ému quand vous parlez de votre passion. Il y a quelque chose de très émouvant à vous écouter, dire des choses comme ça.
04:09 Qu'est-ce qui vous rend si ému, si fier ?
04:12 C'est que ce que je fais, ça vient de moi, c'est très personnel.
04:18 J'essaye de communiquer aux gens qui travaillent avec moi.
04:21 J'essaye de leur partager cette passion et surtout de partager certaines valeurs
04:28 qui sont la qualité, la créativité, cette idée de différenciation.
04:36 Ça veut dire que moi, je ne fais pas du marketing, je fais de la création.
04:41 Et donc, dans la création, c'est aussi cette volonté de différenciation.
04:46 Je tenais à vous recevoir pour parler de quelque chose qui me semble essentiel,
04:50 et ce que vous êtes dans la transmission.
04:52 Et aujourd'hui, vous nous montrez des modèles de réussite de gens qui, pour moi, font du mal à la société.
04:57 Des gens comme Elon Musk, des super entrepreneurs, des gens qui ne vivent que par la réussite financière.
05:02 Vous, vous valorisez l'artisanat, le travail.
05:05 Moi, c'est ma passion, c'est mon métier.
05:08 Je suis issu d'une famille de boulangers-pâtissiers, dont je suis la quatrième génération.
05:13 Donc, ma passion, c'est aussi de transmettre à des jeunes.
05:18 J'ai formé beaucoup de gens qui sont aujourd'hui devenus des très bons, des très grands pâtissiers,
05:24 qui eux-mêmes, à leur tour, forment des gens.
05:27 Et c'est comme ça, notre devoir en tant qu'artisan, c'est de transmettre.
05:33 C'est inhérent au métier de l'artisanat, cette transmission, ce devoir et ce besoin, pour moi,
05:41 parce que c'est ce qui va assurer aussi la pérennité, le développement de nos métiers.
05:47 Est-ce que c'est des métiers qui épanouissent ?
05:50 Ah oui, moi, j'adore ce métier.
05:52 En fait, pour moi, la tradition n'est de bon que si elle évolue.
05:57 Pour moi, la tradition, c'est quelque chose sur lequel on s'appuie pour la faire évoluer,
06:04 pour y apporter des choses nouvelles, pour l'enrichir.
06:08 Et je crois que de tous les temps, ça a été comme ça.
06:11 La tradition n'est pas un retour en arrière, c'est au contraire.
06:16 C'est ce sur quoi on s'appuie pour aller ailleurs.
06:18 On vient d'entendre une chanson sur votre arrivée, c'était "Les copains d'abord" de Georges Brassens.
06:23 Et ça a été choisi par Hélène Darroze.
06:26 Pierre, j'aurais bien aimé me souvenir de cette chanson que tu nous avais faite une fois,
06:31 que tu nous avais chantée lors d'un karaoké.
06:33 Je crois que tout le monde s'en souvient de la façon dont tu avais chanté,
06:37 parce que ce n'était pas très juste quand même.
06:39 Mais bon, par contre, je ne me souviens pas du titre.
06:42 Alors, s'il y a une chanson quand même qui, pour moi, te définit,
06:47 c'est une chanson qui s'appelle "Les copains d'abord"
06:50 parce que je suis ta copine, parce que tu es mon copain
06:53 et parce que tu as un sens de l'amitié qui m'est très cher
06:57 et qui est toujours très, très profond et qui rend les gens heureux.
07:01 Merci Hélène.
07:04 C'est beau.
07:05 Oui, oui, oui.
07:06 C'est un joli témoignage de quelqu'un que j'aime beaucoup
07:11 parce que c'est quelqu'un qui fait évoluer le métier,
07:15 qui a une richesse incroyable
07:18 et qui, elle aussi, s'appuie sur une tradition familiale
07:22 qu'elle fait évoluer à sa façon, avec ses envies, avec sa passion, avec son cœur.
07:28 Vous, vous êtes issu de quatre générations de pâtissiers.
07:32 Vous faisiez ça de...
07:33 Alors, plutôt boulanger-pâtissier, mais pour moi, c'est la même lignée.
07:38 Et il s'est passé quelque chose, c'est que
07:41 quand vous avez commencé à vouloir, vous, être pâtissier,
07:45 à un moment, vous vous êtes dit "Je vais créer mon truc,
07:48 je ne vais pas reprendre l'entreprise familiale".
07:50 Comment est-ce que vous avez annoncé ça ?
07:52 Alors, effectivement, comme j'ai appris le métier de pâtissier,
07:57 mes parents s'étaient mis en tête que j'allais reprendre la maison
08:04 et j'ai pris du temps pour... Parce que j'avais aucune envie de revenir...
08:08 J'étais parti à Paris, donc j'avais aucune envie de revenir
08:11 et de retrouver le même schéma que mes parents,
08:14 schéma familial et professionnel.
08:17 Et donc, du coup, un jour, il a fallu que je leur annonce
08:21 que je ne voulais pas reprendre la maison familiale.
08:25 C'est vrai que pour eux, c'était une difficulté, je le pense vraiment,
08:32 mais je ne voulais pas faire quelque chose qui m'obligeait.
08:37 Si j'avais eu envie de reprendre l'entreprise familiale,
08:40 je l'aurais fait volontiers, mais j'avais envie d'autre chose
08:42 et j'ai envie de rester à Paris, parce que c'est à Paris
08:44 que j'ai appris mon métier, c'est à Paris que...
08:46 - Chez Le Nôtre ?
08:47 - J'ai eu cette chance de travailler chez Le Nôtre
08:51 et c'est à Paris que j'ai développé mon savoir-faire.
08:54 - Et M. Le Nôtre a dit à vos parents "J'aurais aimé avoir un fils comme Pierre Hermé".
08:59 - Oui, il l'a dit à ma mère un jour, oui, c'était fou.
09:02 Ma mère, bon, c'était du pain béni, mais ma mère n'était pas très expansive,
09:10 mais je sais que ça lui a fait plaisir.
09:13 - Est-ce que ça leur a fait plaisir, à vos parents,
09:15 de voir leur nom de famille au Japon quand vous ouvrez votre première boutique ?
09:20 - Alors, c'est difficile à appréhender parce que ma mère, quand je l'appelais,
09:26 il y a une chose qui était importante pour elle, "Est-ce que tu vas bien ?
09:30 Est-ce que tu es en bonne santé ? Est-ce que tu as maigri ?"
09:34 - Est-ce que vous allez bien ? - Je vais bien.
09:37 - Est-ce que vous êtes en bonne santé ? - Je suis en bonne santé.
09:39 - Est-ce que vous avez maigri ? - Non.
09:41 - Moi non plus. - Je suis trop gourmand.
09:43 Mais je me rappelle un moment où j'avais envie de publier un livre,
09:48 donc je lui ai expliqué ce que je voulais faire, comment je voulais faire.
09:51 Ma mère, elle me dit "Tu sais, je ne comprends pas tout ça.
09:54 Je ne comprends pas, mais si tu as envie, c'est bien."
09:58 - Et maintenant, vous sortez un nouveau livre, ça s'appelle "Pâtisserie",
10:02 c'est votre maman. - Et mon papa.
10:05 - Et votre papa. Vous vous souvenez de cette image ?
10:08 - Ah oui, bien sûr, oui. Je crois que c'est la dernière que j'ai d'eux ensemble, oui.
10:13 Dans une émission sur France 2, tournée par Jean-Yves Perrin.
10:19 - Quelle mémoire.
10:21 Donc vous sortez un livre, ça s'appelle "Pâtisserie végétale", aux éditions Solaire.
10:25 Vous avez fait ce livre avec une ancienne styliste dans la mode du luxe,
10:27 reconvertie dans la pâtisserie végane, qui s'appelle Linda Bondart.
10:31 Vous avez revisité les grands classiques de la pâtisserie en version végétale.
10:35 Alors c'est quoi une pâtisserie végétale ?
10:38 - Alors, pour moi, une pâtisserie végétale, c'est une pâtisserie sans beurre,
10:45 sans oeufs, sans lait, sans crème.
10:49 Je me suis autorisé une recette dans laquelle il y a du miel.
10:53 Sinon, c'est que des ingrédients d'origine végétale.
10:55 - Et il est où le kiff ?
10:57 - En fait, ce qui est intéressant pour moi, c'est la dimension créative.
11:01 C'est-à-dire d'aborder un sujet que je ne connais pas bien
11:05 et d'arriver à en faire quelque chose de très bon.
11:09 Et l'idée de ce livre, c'est de faire des bons gâteaux
11:13 à partir d'un savoir-faire de pâtisserie végétale.
11:16 Parce que ce que j'ai vu, dans la plupart des cas,
11:20 il y a quelques exceptions,
11:22 c'est très sommaire et c'est réduit à sa plus simple expression.
11:27 Et là, pour moi, la pâtisserie végétale peut être aussi bonne et aussi belle
11:33 que de la pâtisserie classique.
11:35 - Alors là, les gens qui nous regardent, vous allez comprendre que Pierre Hermé
11:38 est l'un des plus grands pâtissiers de l'histoire.
11:40 Juste de tête, je vais vous demander des recettes, d'accord ?
11:43 Qui sont dans votre livre. Le croissant, ça donne quoi le croissant végétal ?
11:47 - Croissant végétal, ça veut dire qu'on a remplacé le lait dans la pâte
11:51 par de la boisson d'avoine et le beurre par de la margarine.
11:58 Mais ce qui compte dans le croissant et notamment dans le croissant aux amandes,
12:02 c'est la qualité de la pâte d'amande qu'on met dedans.
12:05 Et bien sûr, on n'a pas le goût du beurre,
12:09 mais on a la texture d'un croissant normal.
12:12 Et pour la petite histoire, mon père était boulanger pâtissier
12:16 et la seule chose qu'il faisait au beurre, c'était le couloff.
12:21 Mais tous les restes de ses pâtisseries étaient faits à base de margarine.
12:24 Donc c'est pour moi un repère et je n'ai découvert la pâtisserie au beurre
12:29 que quand je suis arrivé chez Garçon Le Nôtre à 14 ans.
12:32 Donc pour moi, il n'y a rien d'extraordinaire dans le fait d'utiliser de la margarine ou du beurre.
12:38 Bien sûr, c'est contre les règles de la haute pâtisserie,
12:41 mais je pense que dans la pâtisserie végétale,
12:44 il y a une vraie dimension, une vraie opportunité créative.
12:49 Et ça, je l'ai compris quand je suis allé manger un jour chez Jean-Georges à New York,
12:53 dans ce restaurant ABC V, donc ABC Vegan.
12:58 Et à Paris, quand j'ai goûté les pâtisseries d'un ancien collaborateur
13:05 qui s'appelle Rodolphe Landman dans sa pâtisserie qui s'appelle London Monké.
13:09 Oui, oui, oui.
13:10 C'est vachement bien ce qu'il fait.
13:12 Et là, je me suis dit, ah oui, la pâtisserie ou la cuisine végétale, ça peut être très bon.
13:18 Et ça peut être aussi très beau.
13:19 Regardez, on a un gâteau qui arrive.
13:20 Là, je ne vais pas faire l'affront de le manger tout de suite.
13:24 Merci, Méline.
13:25 Alors, c'est une tarte infiniment au chocolat et les fameux macarons.
13:30 Alors, des macarons vegan, avec un biscuit qui est toujours composé de sucre.
13:37 On peut faire un gros plan dessus pendant que Pierre-Ernest parle.
13:39 J'essaie de vous regarder dans les yeux en même temps.
13:42 Excusez-moi.
13:43 Toujours composé d'amandes, de sucre.
13:45 Et au lieu que ce soit du blanc d'œuf, c'est de l'eau et de la protéine végétale.
13:50 Ça donne une belle texture, la texture qu'on a en tête des macarons.
13:58 Et la garniture, elle, elle est faite avec des noix de pécan.
14:05 Pardon.
14:06 Et des noix de pécan caramélisées réduites en purée et qui donnent un goût incroyable.
14:12 Vous avez un vrai beau macaron.
14:14 Est-ce que c'est light ou pas ?
14:16 Non, c'est pas...
14:17 Alors, c'est pas une approche qu'on a pris en compte.
14:20 Parce que parfois, une pâtisserie végétale peut être plus calorique ou moins calorique.
14:25 Vraiment, c'est une autre...
14:28 Ça serait encore une autre approche que de rentrer dans une pâtisserie gourmandise raisonnée.
14:35 Pierre Hermé, on connaît tous votre nom, vos macarons, vos pâtisseries.
14:39 On en sait finalement très très peu sur vous.
14:41 On vous a demandé c'était quoi votre madeleine ?
14:43 Votre madeleine de Proust à vous ?
14:46 Et vous avez répondu ça, c'est la madeleine de Clique.
14:48 Allez, on écoute ça.
14:49 Pierre, un choix qui en dit long.
14:54 Vous avez choisi le film Taxi Driver de Martin Scorsese avec évidemment Robert De Niro.
14:58 On regarde un extrait.
15:00 Vous parlez à moi ?
15:01 Vous parlez à moi ?
15:05 Vous parlez à moi ?
15:09 Alors, qui je suis que vous parlez ? Vous parlez à moi ?
15:14 Je suis le seul ici.
15:17 Qui est-ce que vous pensez que vous parlez ?
15:21 Ah oui ?
15:24 Ok.
15:29 Hein ?
15:30 Cette scène, elle est intéressante dans votre choix, Pierre Hermé.
15:34 Mythique.
15:35 Mythique, mais ça pose aussi une question.
15:37 C'est que là, on a quelqu'un qui est seul face à son miroir.
15:39 Vous faites un métier finalement qui est très très solitaire.
15:42 Est-ce que des fois, cette solitude peut rendre fou, peut rendre dépressif ?
15:47 Ah non.
15:48 Pas du tout ?
15:49 Pour moi, non, non.
15:50 Au contraire, c'est le fait de réfléchir à des créations, à des nouveautés.
15:55 Pour moi, c'est vraiment une joie, c'est un bonheur.
15:58 Vous êtes heureux quand vous êtes seul à penser et à imaginer des recettes ?
16:01 Oui.
16:02 J'aime bien partager le temps avec l'équipe qui m'entoure,
16:05 mais j'aime aussi réfléchir tout seul et j'ai souvent ce besoin.
16:10 Je peux discuter avec quelqu'un sur un sujet, et ensuite j'ai souvent besoin d'un temps.
16:15 Je dis toujours que je suis un diesel.
16:18 Je ne suis pas quelqu'un qui va très vite dans la réflexion.
16:21 J'ai besoin d'apprivoiser les choses et ensuite de les retranscrire à ma façon.
16:26 J'ai plein de questions à vous poser encore.
16:28 Déjà, cette passion sur le macaron.
16:31 À la base, le macaron, c'était un objet de décoration dans les gâteaux.
16:35 Vous vous êtes dit que ça allait être votre passion.
16:37 Et à quel moment vous avez fait de ce macaron votre signature ?
16:41 Tout d'abord, quand j'ai appris le métier, je n'aimais pas les macarons
16:47 parce que je trouvais que c'était très sucré et que ça manquait de goût.
16:51 Parce qu'à l'époque, on collait deux biscuits, comme on le voit sur l'image, avec un peu de crème.
16:57 Et je me suis dit qu'il fallait donner plus de goût à ces macarons.
17:00 Je me suis dit que pour donner plus de goût, ce n'est pas le biscuit qu'il faut changer,
17:04 parce que là, il y a des propriétés physiques un peu incontournables, mais c'est dans la garniture.
17:09 Et donc, mon travail a porté sur faire une garniture beaucoup plus généreuse et extrêmement savoureuse.
17:18 Et j'ai commencé à l'époque où j'étais chef pâtissier de Fauchon à développer des parfums de macarons.
17:25 J'ai continué après, quand j'ai conseillé la durée.
17:30 Et puis, lorsque j'ai créé la Maison Pierre-Mé, j'ai vraiment accentué sur la création en matière de macarons.
17:39 - C'est quoi votre goût préféré à vous de macarons ?
17:42 - C'est le prochain que je vais créer.
17:44 Là, on est en train de travailler sur un macaron avec la sauce soja déshydratée.
17:55 Il y a une salinité, il y a un goût incroyable.
17:58 Ce matin, j'ai testé des chocolats aussi à base de soja.
18:02 C'est délicieux, délicieux.
18:04 - Donc, c'est les prochains ?
18:05 - Les prochains.
18:06 Et j'ai travaillé aussi, c'est le hasard des rencontres, mais j'ai aussi travaillé sur un macaron au chocolat avec l'algue Nori.
18:19 C'est délicieux, c'est fou.
18:21 - Est-ce que c'est vrai qu'un richissime client vous a demandé un macaron que pour lui ?
18:26 - C'est un service que l'on propose dans la maison Piramid Paris, c'est de créer des macarons juste pour vous.
18:32 Si vous venez me voir demain, je vais vous créer votre macaron en fonction d'une discussion qu'on aura tous les deux.
18:39 Je vais vous créer votre goût.
18:41 J'ai un client qui, un jour, voulait un macaron au cigar, à l'infusion de tabac de cigare.
18:48 Et là, du coup, j'ai réfléchi et je lui ai proposé plusieurs accords avec du pur malt, avec du café, avec du caramel, avec du chocolat.
18:57 Et ce client a choisi deux parfums parmi mes propositions.
19:02 - Ça marche avec du salé ?
19:04 - Alors, le macaron, pour moi, c'est toujours sucré.
19:09 Par contre, dans mon parcours de création dans le macaron, j'ai souvent associé des ingrédients du salé que j'ai ramenés dans le sucré.
19:19 - Donc merguez, merguez, pas possible.
19:21 - Alors, j'ai créé un macaron eau de noix et caviar, foie gras et figues et glantines.
19:28 J'ai créé un macaron avec aussi du petit pois et menthe, asperges et huile de noisette, carottes, oranges, cannelle.
19:38 - Macaron lasagne de l'ail abecti ?
19:41 - C'est plutôt les ingrédients plutôt que les plats, la transcription des plats.
19:48 - Il y a aussi quelque chose de dingue dans vos boutiques, c'est qu'il n'y a pas de musique, il n'y a pas de parfum.
19:52 Et ça vous fait un point commun avec quelqu'un qui ne supporte pas la musique lounge dans les endroits où il va, c'est Benoît Poulvard.
19:57 - Le pire truc à être inventé aussi, c'est la musique qu'ils appellent la musique lounge.
20:01 - Si on réfléchit au monde, c'est de la musique qu'on doit écouter dans un couloir du lounge.
20:05 Donc le lounge, c'est l'endroit où tu ne restes pas.
20:08 Je tuerais pour le lounge, je serais capable d'abattre.
20:11 - Je crois qu'il n'y a même pas de titre, c'est juste des numéros.
20:13 - C'est très intéressant de rencontrer tout de même, je voudrais quand même pas médire, mais un type qui vraiment s'intéresse.
20:19 Pas en tant qu'auditeur, en tant que producteur, si, je peux encore les imaginer, se dire "on en sort 22, ils sont un foutu de reconnaître les morceaux".
20:27 Mais celui qui le fait par plaisir, avec le...
20:34 - Si tu veux me faire souffrir, tu m'enfermes dans une pièce pendant une journée, avec une courbure le bout d'un bar.
20:41 - C'est agréable des endroits sans musique tout le temps.
20:44 - Alors nous on a un tout petit fond musical, mais on l'entend à peine.
20:48 Et surtout, effectivement, il n'y a pas d'odeur.
20:51 Par exemple, on demande à nos vendeurs, vendeuses, de ne pas porter parfum,
20:56 pour ne pas rentrer en compétition avec l'odeur des gâteaux.
21:01 Alors, les gâteaux ont peu d'odeur lorsqu'ils ne sont pas cuits forcément sur place.
21:06 Mais en tout cas, moi je n'aime pas aller au restaurant et que, par exemple, un maître d'hôtel arrive avec un parfum abondant.
21:15 Donc, pour moi, il n'y a pas de parfum.
21:19 - En tout cas, on salive quand on regarde les pâtisseries de Pierre Hermé.
21:22 Et on salive encore plus quand on va sur vos réseaux sociaux.
21:24 C'est le clic sur le plus gourmand depuis la rentrée.
21:28 *Musique*
21:32 On a cliqué sur vous Pierre Hermé.
21:34 Et on peut le dire, la pâtisserie, vous êtes tombé dedans tout petit.
21:37 Du coup, vous faites des rêves sucrés aussi.
21:39 - Ça vous fait rêver une pâte à tatin ?
21:41 - Plus ou moins.
21:42 - Et du coup, quand on vous demande de choisir entre deux pâtisseries,
21:44 c'est comme demander à Patrick Sébastien de faire une chanson avec du fond.
21:47 C'est impossible.
21:48 *Musique*
21:49 - Non mais là, vous posez un problème.
21:52 *Musique*
21:54 - Les deux.
21:55 - Et sur vos réseaux, on retrouve vos pâtisseries.
21:57 Enfin, vos oeuvres d'art.
21:58 Une reconnaissance mondiale pour un pâtissier.
22:00 La preuve avec toutes les photos de personnes qui vous mentionnent.
22:03 Et même les chiens aiment vos pâtisseries.
22:05 Et le post sur Insta.
22:06 Un pâtissier qui se pose beaucoup de questions sur sa profession
22:08 et son approche de la pâtisserie.
22:10 - Quand on parle d'architecture de goût, on parle de quoi ?
22:13 Question.
22:14 Est-ce que ça correspond vraiment à ce que j'ai imaginé au début ?
22:18 Question.
22:19 - Et des questions aussi un peu plus légères.
22:21 - Est-ce que vous aimez les poules, les lapins, les oeufs ?
22:24 - Question.
22:25 - Vous vous êtes aussi mis au live.
22:26 Avec autant d'aisance que moi quand je marche sur un trottoir plein de gel.
22:29 - Coucou.
22:31 Et...
22:33 Euh...
22:37 - Bonjour.
22:38 - Bonjour.
22:39 - Bonjour.
22:40 *Bruit de téléphone*
22:41 - Donc...
22:45 - Et vous avez donné votre fameuse recette du macaron.
22:47 Mais soyons honnêtes.
22:48 Pour la réussir, il faut avoir fait un doctorat en...
22:51 en macaron, quoi.
22:53 - On va le faire cuire à 118 degrés.
22:55 1,2 centimètre, c'est le crottage.
22:58 Environ 4 centimètres et demi.
23:01 C'est ce qu'on appelle le macaronage.
23:03 - Avec quelques fails, quand même.
23:04 Ça rassure.
23:05 - Vous pouvez faire ça, vous le faites à la main.
23:07 - Bon.
23:08 - Bon, vous savez quoi ?
23:10 On va continuer à les déguster.
23:11 Ça au moins on le fait bien.
23:12 Pierre Hermé, vous êtes l'un des plus grands pâtissiers de l'histoire de France.
23:17 Il nous reste peu de temps.
23:19 Une minute, un maximum de questions pour un maximum de réponses.
23:21 C'est parti ?
23:23 C'est quoi les premières paroles de chansons qui vous viennent en tête ?
23:25 - Wishlist ?
23:30 - Ouais.
23:31 Avec quel star vous rêvez de sortir ?
23:32 - Quelqu'un qui...
23:36 J'ai pas de personne en particulier, mais...
23:38 Ah, si, Robert De Niro.
23:40 - Très bien.
23:41 Est-ce qu'il y a un cauchemar dont vous sonnez tout le temps ?
23:43 - Non.
23:44 - Est-ce que vous êtes déjà allé voir une voyante ?
23:46 - Il y a longtemps.
23:48 - Qu'est-ce qu'elle vous a dit ?
23:49 - Elle m'a prédit un avenir radieux.
23:51 C'était un monsieur.
23:52 - Vous étiez fan de qui, quand vous étiez enfant ?
23:56 - Adolescent, Mike Brandt.
24:00 - Si vous pouviez remonter dans le temps, vous iriez où et pour faire quoi ?
24:03 - J'aime pas remonter le temps.
24:05 - C'est quoi votre animal totem ?
24:07 - Le chien.
24:13 - Qu'est-ce que vous détestez chez vous ?
24:15 - Mon impatience.
24:17 - Pour vous, c'est quoi une journée parfaite ?
24:20 - Une journée où toutes les choses se passent tranquillement.
24:24 Il n'y a pas trop d'emmerdes.
24:27 - Ça va, tout s'est bien passé aujourd'hui.
24:28 Pierre Harmé, merci beaucoup d'être venu dans le Clé.
24:30 d'être venu dans le cli.
24:33 [SILENCE]

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