Avec Raphaël Glucksmann, député européen Place Publique
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##L_INVITE_POLITIQUE-2023-12-15##
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NewsTranscription
00:00 Sud Radio, l'invité politique,
00:03 Jean-Jacques Bourdin.
00:07 - Bonjour, bonjour à toutes et à tous, 8h30/9h, l'interview politique les français veulent savoir,
00:12 parlons vrai ce matin avec Raphaël Glucksmann, député européen. Raphaël Glucksmann bonjour. - Bonjour. - Jeudi, député européen,
00:19 tête de liste aux prochaines européennes, on est bien d'accord ?
00:24 - Pas encore décidé ? - Je vais y aller Jean-Jacques, et je vais porter une liste qui va faire la surprise de cette élection.
00:31 - Ah bon ? - Oui, je pense qu'il y a
00:34 une attente partout en France pour un discours vrai, pour des convictions, pour un projet pour l'Europe, un discours qui assure
00:42 d'être la vision proprement antagonique à celle des populistes, des nationalistes,
00:47 quelque chose qui réenchante la démocratie dans notre pays et en Europe.
00:51 - Donc, parti socialiste et place publique, c'est ça ? - C'est pas encore fait,
00:55 mais nous, avec place publique, avec Aurore Laluc, avec
00:58 tout nos états, on est déjà en campagne, et je vous invite d'ailleurs à venir dans nos salles, et vous verrez que cette élection
01:02 passionne déjà les gens, il y a des centaines de jeunes, des milliers de jeunes, partout, qui se rassemblent pour défendre leurs
01:08 convictions, pour défendre leurs principes, pour défendre un projet sur l'Europe, pour répondre à la question posée par cette élection qui est
01:14 qu'est-ce que nous voulons faire de cette union européenne dans un moment de crise qui va rendre, à mon avis, ces élections, c'est les élections
01:20 les plus importantes, les élections européennes les plus importantes, qui aient jamais eu lieu.
01:23 C'est-à-dire qu'on est dans un moment où la décision qu'on doit prendre, c'est est-ce qu'on veut que l'Europe survive ou pas ?
01:28 C'est aussi simple que ça, c'est aussi basique que ça. - Où l'Europe,
01:31 donc, peut mourir, si je vous comprends bien, aujourd'hui. Non seulement l'idée européenne, mais l'Europe telle qu'elle est construite.
01:39 - Au moment où on se parle, on fait face
01:42 à une guerre sur le continent européen, à l'offensive des régimes autoritaires contre nos démocraties, à une vague
01:50 nationaliste partout en Europe qui sera extrêmement compliquée à arrêter.
01:54 On fait face à un péril climatique qui s'affirme de plus en plus, et on fait face à un immense doute dans les populations
02:02 européennes, mais c'est vrai de toutes les démocraties occidentales, sur nos institutions.
02:05 On n'en peut plus de ce sentiment d'impuissance et de faiblesse des démocraties. Et donc, il y a un vrai moment historique de bascule.
02:14 - Je reviendrai, Raphaël Glucksmann, sur...
02:17 On sort un sondage ce matin, avec l'IFOP et Fiducial,
02:21 un sondage très intéressant sur les intentions de vote aux prochaines élections européennes du 9 juin.
02:26 Et vous arrivez en troisième position dans ce sondage. Il y a encore une poussée du Rassemblement National,
02:33 ensuite, il y a la liste
02:35 de la majorité présidentielle, et vous êtes en troisième position. Je vais y revenir, mais je voudrais
02:41 regarder l'actualité avec vous, et ce qu'il s'est passé en Europe.
02:45 Sommet européen à Bruxelles, les chefs de gouvernement, les chefs d'État sont réunis, accord de l'Union Européenne pour
02:51 ouvrir des négociations d'adhésion de l'Ukraine à l'Union Européenne,
02:56 ainsi que de la Moldavie, d'ailleurs. La Hongrie s'est abstenue, Viktor Orban, lors du vote, c'est éclipsé, il a quitté la SAE, il est parti,
03:04 et il a laissé les autres voter, donc la Hongrie s'est abstenue.
03:09 Attention, attention, accord sur une future adhésion, mais pas accord, parce que là Orban a dit non, pas accord
03:17 pour les 50 milliards d'euros d'aide à l'Ukraine,
03:22 50 milliards d'euros de l'Union Européenne,
03:25 ils jouent un double jeu là. - Mais surtout ils jouent avec nous.
03:28 - Ils jouent avec vous, avec nous. - Avec nous tous. C'est un homme qui représente un pays de 10 millions d'habitants,
03:33 qui retient en otage l'ensemble du continent européen.
03:37 Alors il a lâché du lest sur la décision symbolique qui est fondamentale, qui était extrêmement importante, qui est historique, qui est d'ouvrir les négociations
03:44 avec l'Ukraine et la Moldavie, mais derrière quand il a fallu aller dans le concret, c'est-à-dire l'aide qu'on apporte concrètement à la résistance ukrainienne,
03:51 il a bloqué. Et c'est un moment
03:54 décisif dans la guerre en Ukraine, parce qu'en fait l'aide occidentale,
03:59 qu'elle soit américaine, on voit que les républicains au congrès américain bloquent l'aide décidée par Biden,
04:07 ou européenne, où on voit que Orban bloque l'aide
04:10 décidée par les 26 autres pays, et bien cette aide se tarie. Et donc c'est pas du tout impossible
04:16 que dans les semaines qui viennent, et bien l'Ukraine se fasse enfoncer.
04:21 - Ça veut dire que l'Ukraine dans les semaines qui viennent peut perdre en guerre ?
04:24 - Il manque de tout sur le front. Aujourd'hui à cause de nous, à cause de notre incapacité à fournir l'aide
04:31 dont ils ont besoin, il manque de tout sur le front. Vous savez qu'en ce moment, au moment où on se parle sur le front,
04:36 et bien les russes tirent sept fois plus d'obus que les ukrainiens. On a voté au parlement européen
04:41 un texte porté par le commissaire breton qui s'appelait "As soon as possible", aussi vite que possible, pour produire des munitions.
04:48 - Oui, on avait promis des munitions !
04:50 - Produire un million de munitions en Europe, d'accord ? Aujourd'hui, on n'en a le livre que 300 000 sur les un million. Pourquoi ? Pourquoi ?
04:58 Pas parce qu'on ne les produit pas,
05:00 mais parce que les états membres ont refusé
05:02 que l'Ukraine soit la priorité. Et donc qu'est-ce qu'on fait ? On produit des obus qu'on vend aux Émirats Arabes Unis, à l'Arabie Saoudite
05:08 et pas à la résistance ukrainienne. Et donc c'est pas simplement le problème d'Orban, c'est aussi le problème de Macron, c'est aussi le problème de
05:16 Scholz, c'est aussi le problème des dirigeants européens
05:18 démocrates et bien sous tout rapport, qui ne sentent pas avoir compris à quel point le moment qu'on traverse est décisif. Parce que si l'Ukraine perd,
05:25 M. Bourdin, si l'Ukraine perd, c'est pas simplement l'Ukraine qui perd, c'est l'ensemble du continent européen.
05:31 Vladimir Poutine ne va pas s'arrêter aux frontières de l'Ukraine, il se vit comme étant en guerre contre nos démocraties et ce,
05:37 depuis bien avant le 24 février 2022. - Mais Raphaël Glucksmann, ce que vous dites est grave.
05:42 Ça veut dire qu'on a voté des crédits,
05:45 l'Union Européenne a voté des crédits pour fabriquer des munitions. On fabrique ces munitions qui devaient être destinées à l'Ukraine
05:53 et ces munitions en grande partie sont vendues ailleurs. - Parce que nous avons des gouvernements... - Mais c'est une lâcheté, c'est de la lâcheté ou pas ?
06:00 - C'est de la lâcheté et c'est de l'affairisme.
06:02 Il y a un an et demi, le président Macron a dit "nous passons en économie de guerre".
06:07 Quels sont les contrats à long terme qui ont été signés avec l'industrie de la défense en France ?
06:11 Quelles sont les orientations qui s'imposent aux industriels ?
06:15 Aucune. Vous avez aujourd'hui des industriels qui continuent leur contrat avec des pays
06:20 qui ne représentent aucun intérêt stratégique pour la sécurité des Européens et qui, du coup, donnent la priorité
06:27 aux Émirats ou à l'Arabie Saoudite, alors même qu'ils sont aidés par des subventions européennes pour pouvoir produire.
06:34 C'est le business as usual et c'est ça le problème depuis le début. Cette guerre aurait pu être finie au moment où on se parle là,
06:40 maintenant, si on avait
06:42 justement rompu avec ce business as usual.
06:44 Mais le problème de nos dirigeants, c'est qu'ils n'ont pas pris conscience du moment tragique qu'on traverse.
06:49 Et ils font comme s'il s'agissait juste de solidarité avec l'Ukraine. Mais je veux le répéter aujourd'hui,
06:53 si on aide les Ukrainiens, ce n'est pas parce qu'on aime les Ukrainiens, bien sûr qu'ils sont héroïques et qu'il faut les aider par solidarité
06:59 au nom de nos principes. Mais moi, ce n'est pas au nom de nos principes que je prône cette aide, c'est au nom de nos intérêts
07:05 vitaux. J'ai présidé pendant quatre ans au Parlement européen la commission spéciale sur les ingérences étrangères.
07:11 J'ai analysé, documenté, enquêté sur cette guerre hybride que Vladimir Poutine et son régime mènent contre nos démocraties.
07:18 Il envoie ses hackers attaquer nos hôpitaux, des hôpitaux français comme celui de Corbeil-Essonne, pas loin d'ici.
07:24 Les docteurs français ne peuvent plus avoir accès aux dossiers médicaux des patients français. En pleine
07:31 pandémie, il envoie ses hackers attaquer l'Agence européenne du médicament au moment où elle doit statuer sur les vaccins.
07:37 Il assassine des gens, il fait assassiner des gens sur notre sol, des gens sur le sol européen.
07:43 Il mène des opérations de corruption contre nos élites. Je ne vous raconte pas la liste
07:49 de gens qui étaient premiers ministres, chanceliers allemands, de gauche, de droite et qui ont été
07:55 achetés par le régime de Poutine. Et au-delà de ça, il envoie ses milices
08:00 cibler nos soldats en Afrique, les milices Wagner, nos soldats, les soldats français. Et donc son offensive,
08:07 son offensive, elle ne vise pas que l'Ukraine, elle vise les démocraties européennes en tant que telles. Et donc quand on aide les ukrainiennes
08:13 on s'aide soi-même. Chaque euro qu'on investit en Ukraine, c'est un investissement dans notre propre sécurité.
08:19 - Alors, je vais revenir sur Vladimir Poutine. Il y a eu cet épisode hier
08:23 classique, même s'il ne l'avait pas organisé l'année dernière, où il fait face pendant
08:29 quatre heures aux questions des journalistes et aux questions des citoyens russes. Ça dure quatre heures.
08:33 Habituellement, ça durait beaucoup plus, mais là ça a duré quatre heures.
08:36 Je vais revenir sur ce qu'a dit Vladimir Poutine et je vais revenir sur le parallèle entre
08:42 effectivement, effectivement,
08:44 l'Europe divisée et les positions de Poutine aujourd'hui.
08:47 Mais, parlons des États-Unis.
08:50 Est-ce que les États-Unis sont fiables ? Je vous pose franchement la question. Pourquoi ? Parce qu'on les a vus.
08:56 On les voit flancher vis-à-vis de l'Ukraine. On les a vus vis-à-vis des Irakiens. On les a vus vis-à-vis des Afghans.
09:03 On les a vus vis-à-vis des Kurdes. On les a vus les abandonner. Est-ce qu'ils ne sont pas au début d'un abandon de l'Ukraine ?
09:11 Je ne sais pas si Biden,
09:13 précisément Biden, est au début d'un abandon de l'Ukraine. Je pense que, heureusement,
09:17 qu'on a eu un président comme Biden et pas comme Trump ou même Obama d'ailleurs, au moment de l'invasion de l'Ukraine.
09:23 Par contre, ce qui est certain, c'est que les Européens se comportent comme des enfants.
09:28 Comme s'ils avaient un papa qui allait les protéger toute leur existence. Ça, c'est fini.
09:32 Il faut savoir que le shift, le tournant des États-Unis en dehors des affaires européennes est profond.
09:40 Et qu'il n'y a pas que les élections européennes l'année prochaine. C'est pas que le 9 juin, il y a aussi le 5 novembre.
09:45 Et on va avoir une élection américaine qui peut porter au pouvoir un président des États-Unis qui se soucie comme d'une guigne
09:51 de la sécurité collective européenne. Donc c'est possible que l'année prochaine, à la fin de l'année prochaine, l'Europe soit seule.
09:55 Seule face à la guerre. Seule pour assurer sa sécurité. Est-ce qu'on est prêt ? Non. On n'est pas prêt parce qu'en fait on a vécu
10:01 mais dans le mythe que les États-Unis allaient nous protéger ad vitam aeternam. On n'a pas de capacité de défense collective.
10:08 Mais qu'est-ce qu'il dit Vladimir Poudine ? Il dit lui-même, c'est ce qu'il a dit dans son discours hier.
10:11 Il dit "attendez vous êtes au service des Américains, vous les Européens". C'est ce qu'il a dit.
10:17 Mais on n'est pas au service des Américains. On est en fait dans un mythe qui est qu'ils sont nos protecteurs.
10:22 Soumis aux Américains. Est-ce qu'on est soumis aux Américains ?
10:25 On est...
10:27 Tant qu'on n'arrivera pas à assurer notre propre défense, tant qu'on ne sera pas capable d'investir dans nos capacités de défense, tant qu'il n'y aura pas une défense européenne
10:34 autonome, eh bien oui nous serons des éternels vassaux des États-Unis. Donc maintenant la question c'est de devenir des adultes.
10:39 La question c'est aussi simple que ça, devenir des adultes. Est-ce qu'une cité est réellement libre si sa protection
10:44 dépend de la décision des électeurs du Michigan ou du Wisconsin dont on ne sait rien ? Vous n'en savez rien vous, je n'en sais rien moi.
10:51 Et tous les quatre ans on fait une nuit blanche pour savoir si Varsovie ou Berlin seront protégés. C'est pas une attitude digne.
10:56 Moi je veux que les Européens soient capables de se protéger eux-mêmes.
10:59 Que notre cité soit libre, qu'on soit capable de mener la résistance à Poutine. Au fond quand les Américains nous diront "mais
11:04 l'Ukraine ça sera... c'est votre problème, c'est en Europe", ils auront en partie raison.
11:08 Puisque c'est notre problème, c'est en Europe. Donc on doit être capable, nous-mêmes, de faire face à ce problème, nous-mêmes,
11:14 de résister à Vladimir Poutine. Et c'est ça l'enjeu pour l'Europe aujourd'hui. Vous savez le président Zelensky au début de la guerre, le président ukrainien,
11:20 il a fait une intervention devant le parlement britannique au tout début de la guerre et il a cité la fameuse phrase de Hamlet
11:25 "To be or not to be", être ou ne pas être. Et il a dit "nous les Ukrainiens
11:29 nous avons répondu que nous voulions être". Mais la question elle se pose à vous maintenant les Européens. Est-ce que vous,
11:33 vous voulez être ? Et être c'est d'abord être capable de se défendre tout seul. - Même si l'entrée de l'Ukraine
11:39 inquiète dans l'Union Européenne, notamment les agriculteurs. Et pas que les agriculteurs français, les agriculteurs européens.
11:46 Enfin avec Luxman, n'y a pas un gros risque là ?
11:49 - L'entrée de l'Ukraine c'est pas demain.
11:52 Là on ouvre les négociations. Et pour que l'Ukraine rentre, il va falloir des réformes en Ukraine, mais il faut aussi des réformes des politiques sectorielles
11:58 européennes. Et évidemment on peut pas maintenir la PAC exactement comme elle est, quand on fait rentrer une grande nation agricole
12:04 comme l'Ukraine. Et donc tout l'enjeu des années qui viennent, puisque ça va prendre des années, c'est de réformer nos politiques sectorielles pour assurer que
12:11 la réunification du continent européen, qui est notre mission historique, ne va pas léser les agriculteurs en France ou ailleurs en Europe.
12:18 - La solution sera négociée ou obtenue par la guerre. C'est ce qu'a dit Vladimir Poutine hier.
12:25 - L'intransigeant, toujours, il se sent plus fort aujourd'hui. Parce que militairement, il se sent plus fort.
12:30 Parce que tout ce qui a été dit sur tous les plateaux, que le peuple russe allait se révolter,
12:36 évidemment c'était faux. Parce que le peuple aujourd'hui,
12:39 pas majoritairement, enfin si majoritairement, pas à l'unanimité, mais le peuple russe soutient Poutine.
12:46 Une partie, une grande partie du peuple russe soutient Poutine encore.
12:51 - Que fait-on ? Que lui dit-on aujourd'hui ?
12:54 - Moi je n'ai jamais, jamais adhéré au discours qui nous a expliqué,
12:58 d'ailleurs c'est les mêmes qui nous ont expliqué qu'il n'y aura pas la guerre, parce que Poutine est notre partenaire, et qui du jour au lendemain
13:03 nous ont dit "mais
13:05 la guerre ne va pas durer longtemps, parce que les ukrainiens vont mettre une fessée à l'armée russe, regardez, ils sont déguenillés et c'est le bordel en Russie".
13:12 Je n'ai jamais adhéré à ce discours. Cette guerre sera longue et elle sera difficile.
13:18 Le pari de Poutine, au départ, c'était une guerre courte, ce pari-là il l'a perdu, il a misé sur l'effondrement de l'Ukraine,
13:25 il a perdu ce pari, mais il a fait un deuxième pari, et ce pari il est en train de le gagner. C'est le pari de
13:31 l'incapacité congénitale des sociétés européennes à fournir un effort sur le moyen et sur le long terme.
13:38 Et donc il a mené ce qu'on appelle une guerre d'attrition,
13:40 il a réorganisé la production et il a misé sur notre faiblesse, et donc c'est dans nos mains, est-ce que nous sommes, nous,
13:48 des serpillers ? Est-ce qu'on est capable ou pas de réorganiser nos capacités de production ?
13:53 Est-ce qu'on est capable ou pas de rester focalisé sur un sujet qui est vital pour l'avenir de notre continent, pour notre sécurité, pour notre
13:59 stabilité pendant plus de 15 jours ? Ou est-ce qu'on est devenu des sociétés de zappeurs qui sautent de conflit en conflit,
14:05 qui sautent d'émotion en émotion et qui sont incapables de comprendre ce qui est vital ?
14:10 Eh bien nous ce qu'on doit être aujourd'hui c'est des sociétés de la responsabilité, de la cohérence, de la consistance, on doit avoir un cadre
14:17 rapide et s'y tenir. C'est pas pour les ukrainiens encore une fois qu'on veut qu'ils gagnent cette guerre, c'est parce que c'est nécessaire pour nous,
14:23 parce qu'on n'a pas envie que dans deux ans la décision ce soit est-ce qu'on envoie des troupes en Pologne ou en
14:27 Lituanie. Là pour l'instant les questions qui sont posées à nous c'est combien d'obus on fournit et quel type d'armes on envoie. C'est pas nos
14:34 soldats qui sont en train de crever sur le front, ce sont les ukrainiens qui crèvent sur le front par dizaines de milliards.
14:38 - Et dites-moi, il y a 200 milliards d'avoirs russes qui sont bloqués dans les banques,
14:41 et les intérêts de ces avoirs n'en fait quoi ?
14:44 - Eh bien c'est tout le scandale actuel, c'est-à-dire qu'on demande des efforts aux populations européennes, alors qu'on a 200 milliards russes en Europe.
14:52 Ces 200 milliards, nous au Parlement européen nous demandons leur
14:56 saisie. On nous explique, les États membres Paris et Berlin en tête nous expliquent que c'est impossible. Alors la Commission européenne est venue avec une solution.
15:02 Elle a dit "ok, ces 200 milliards vous ne voulez pas y toucher, très bien, mais par contre
15:07 ces 200 milliards ils continuent à faire du fric pendant ce temps, c'est de l'argent qui est gelé et qui continue à produire de l'argent.
15:12 Il y a plus de 9 milliards gagnés en intérêts. Ces 9 milliards ils n'appartiennent à personne.
15:17 Prenons-les, prenons-les, donnez-les à l'Ukraine". Et même ça c'est bloqué. Pourquoi ? Je vais vous dire pourquoi c'est bloqué.
15:23 Alors que ça coûterait rien aux contribuables français, rien aux contribuables européens.
15:27 C'est bloqué parce qu'en fait si vous gelez les biens, vous montrez à Poutine que vous êtes un peu fâché mais que ça peut s'arranger.
15:32 Par contre si vous saisissez de l'argent, vous montrez que c'est vraiment grave et ça les dirigeants français et allemands
15:37 ne l'assument pas. Il faut saisir ces biens et les affecter à l'aide de l'Ukraine.
15:41 - Bien, Raphaël Glucksmann, "Je change de conflit, le Proche-Orient". Jean-Luc Mélenchon était hier soir à un meeting à Rennes.
15:49 Il souhaite que des sanctions économiques contre Israël soient prises.
15:56 - Moi je ne commente pas les interventions de Jean-Luc Mélenchon sur le Proche-Orient
16:02 parce que je ne commente pas les interventions de gens qui sont incapables d'expliquer que le Hamas est une organisation terroriste qui bégaye au moment
16:08 de disqualifier les terroristes qui commettent les massacres du 7 octobre.
16:13 - Il est discrédité pour vous ?
16:15 - Oui, on a des géopolitiques qui sont discrédités sur ce conflit, oui totalement.
16:19 Si on n'arrive pas à qualifier le Hamas d'organisation terroriste, qui est une organisation terroriste, surtout après les massacres du 7 octobre ?
16:25 - Donc discrédité.
16:26 - Bon, maintenant, on doit lutter contre le terrorisme. Mais lutter contre le terrorisme, ça ne peut pas être
16:32 raser Gaza. Lutter contre le terrorisme, ça ne peut pas être l'extension infinie des colonies en Cisjordanie. Lutter contre le terrorisme, ça ne peut pas être ce que fait
16:40 Netanyahou au moment où on se parle. Donc avant de parler de sanctions économiques sur Israël, ce qu'il faut déjà, c'est sanctionner, par exemple, ce que
16:48 on doit faire et ce que la présidente de la Commission européenne a enfin accepté de discuter, c'est-à-dire sanctionner les colons
16:56 qui, en ce moment en Cisjordanie, sans aucun lien avec la lutte contre le terrorisme,
17:00 sont en train de persécuter et même de tuer des Palestiniens,
17:03 d'étendre les colonies et de rendre impossible ce qui est la seule solution, la seule solution, ces deux États. Et tant que vous avez l'extension des colonies,
17:11 c'est impossible de pousser cette solution à deux États. Donc il faut sanctionner ces colons.
17:15 - Est-ce que Benjamin Netanyahou conduit Israël à sa perte ?
17:18 - Benjamin Netanyahou, depuis le début, a tout fait pour empêcher la solution à deux États. Il a même
17:25 favorisé la mainmise du Hamas sur Gaza. Il a laissé passer les fonds qu'Atari. Et donc Benjamin Netanyahou,
17:33 ce ne sera pas la solution. Il n'apportera jamais la paix et la sécurité. Et ce qu'il faut comprendre, c'est que on doit lutter
17:41 contre les terroristes. Mais pour lutter contre les terroristes, il faut offrir aux Palestiniens une perspective politique qui est celle de la reconnaissance de leur
17:50 État. Et pour que cette reconnaissance de l'État palestinien arrive, il faut faire en sorte que le Hamas s'effondre. Et ça, les Européens peuvent aider.
17:59 Très simple. Vous avez des parrains du Hamas, et notamment des amis à nous,
18:03 des amis à nous qui s'appellent les émirs qu'Atari.
18:05 Eh bien, il faut faire pression sur les parrains du Hamas pour qu'ils cessent de financer et d'équiper des terroristes.
18:10 Et par ailleurs, il faut faire pression sur le gouvernement israélien pour qu'il arrête cette politique de colonisation qui rend toute
18:16 solution politique
18:18 impossible au moment où on se parle. - Raphaël Gulsman, ce sondage, j'y viens donc, IFOP Fiducial en tête
18:24 sondage pour les Européennes du 9 juin, en tête la liste RN, conduite par Bardella, Jordan Bardella 30%, deuxième position, la liste
18:33 majorité présidentielle 18%, vous êtes en troisième position,
18:36 liste PS Place Publique à 10%, ensuite on trouve les écologistes à 8, la liste LR à 7,5 et la liste Marion Maréchal
18:46 aussi la liste LFI à 7, etc.
18:48 etc.
18:50 Ensuite, après les Européennes, il va y avoir une recomposition de la gauche, c'est ce que demande Marine Tondelier, vous avez vu,
18:56 il faut reconstruire la gauche après les Européennes.
18:59 Que dites-vous ? Vous êtes devant tout le monde !
19:03 - Mais je suis devant tout le monde parce que je suis le seul à répondre à la question posée par l'élection qui est "Quelle Europe on veut ?"
19:10 En France, on a cette tendance à considérer les élections européennes comme une élection
19:15 intermédiaire. Vous savez que les grandes décisions pour notre avion... - Mais c'est un vaste sondage politique !
19:19 - Mais non, c'est beaucoup plus qu'un sondage politique, Jean-Jacques Bourdin,
19:22 mais c'est considéré comme ça par les élites françaises et c'est pour ça qu'on perd de l'influence en Europe et c'est pour ça qu'on n'arrive plus
19:28 à orienter la construction européenne, c'est pour ça qu'on envoie des gens au Parlement européen qui sont
19:32 d'abord des politiques nationaux. Non, ce qu'il faut c'est qu'on vote sur l'Europe.
19:37 Les grandes décisions qui impactent notre quotidien, elles sont prises par le Parlement européen et la Commission européenne. Ces élections, c'est pas un sondage.
19:43 Ces élections, c'est une question qui est posée "Quelle Europe on veut ?" Est-ce qu'on veut l'Europe qui soit un cheval de Troie de la globalisation ?
19:49 Est-ce qu'on veut l'Europe qui fasse la transformation écologique ou est-ce qu'on veut l'Europe qui
19:54 décide de continuer avec l'austérité et le libre-échange ? Ça change tout ! Si on veut des usines, si on veut des contrats à
20:01 durée indéterminée, si on veut un investissement dans nos infrastructures, si on veut du train de quotidien,
20:07 tout ça, ça se prend comme décision à l'échelle européenne. Donc ces élections, c'est pas une maîtrise de l'immigration.
20:14 Ça se prend à l'échelle européenne.
20:16 Mais ça se décide à l'échelle européenne.
20:17 Les gens qui prennent leur bateau, ils viennent pas pour aller en Italie ou en Grèce, ils viennent pour aller en Europe. Donc c'est une politique
20:23 européenne. Et nous, en France, on a toujours tendance à considérer que c'est un sondage. Eh bien moi je vais vous dire, je suis
20:29 borné, je suis obstiné, je suis studieux, je suis tout ce que vous voulez. Peut-être ennuyeux à la mort,
20:34 mais moi mon horizon, c'est le 9 juin. Ce que je veux, c'est que ce 9 juin marque qu'il y a en France
20:40 des humanistes, des gens qui sont épris de solidarité sociale et de transformation écologique et qui sont
20:46 fondamentalement conscients que tout cela se décide à l'échelle européenne et qu'il faut changer l'Europe pour changer les politiques menées par l'Union européenne
20:54 et qu'il faut assumer,
20:56 assumer que si nous voulons reprendre le contrôle sur notre destin, si nous voulons arrêter d'être les jouets des multinationales,
21:01 ça passe par l'affirmation d'une puissance politique européenne,
21:04 qu'on en a marre de cette faiblesse, qu'on en a marre d'une politique du laisser faire, laisser passer et qu'on va reprendre le contrôle
21:10 de la question européenne. - Et c'est à partir de là qu'on construit,
21:12 après, une offre politique... - Mais d'abord on montre que notre offre politique, elle fonctionne, qu'il y a une adhésion... - Pour l'instant à gauche, rien ne fonctionne.
21:19 - On en est au début de la campagne et cette campagne, elle va marquer une clarification aussi des lignes à gauche.
21:25 Est-ce qu'on veut une gauche qui veut sortir de l'Union ou qui veut, je sais pas,
21:29 s'allier avec des dictatures ou est-ce qu'on veut une gauche qui assume de faire de l'Europe le nouvel espace politique ? Qui va nous ?
21:36 Mais ça va changer nos vies. Si vous voulez
21:38 reprendre le contrôle, par exemple, sur les GAFAM qui contrôlent vos vies, sur Google, Amazon, tous ces géants du numérique,
21:45 vous avez besoin de le faire à l'échelle européenne.
21:47 Si vous voulez de la justice fiscale, vous savez, vous allez au coin de la rue, là, vous allez au coin de la rue, vous avez un
21:52 Starbucks et vous avez un PMU, ils vendent tous les deux du café, d'accord ?
21:56 Eh bien, le Starbucks, il paye trois fois moins d'impôts que le PMU. Pourquoi ? Parce qu'on n'a pas de politique fiscale européenne,
22:01 parce qu'il n'y a aucune cohérence fiscale à l'échelle européenne. Et vous savez pourquoi ?
22:04 Eh bien parce que, en fait, on vote à l'unanimité. Et donc, il faut changer l'Europe pour qu'on puisse imposer qu'il n'y ait plus de paradis fiscaux.
22:11 - Pourquoi aussi ? Parce que c'est l'entrisme américain.
22:13 - Mais parce que, surtout, ils payent leurs impôts aux Pays-Bas et que les Pays-Bas, ils n'ont pas les mêmes
22:17 taxation que les Français. Donc, pourquoi est-ce que le pauvre mec qui fait un PMU,
22:20 il paye trois fois plus que le géant Starbucks ? C'est à ça qu'il faut mettre fin. Et ça, on ne peut y mettre fin qu'à l'échelle européenne.
22:26 Ça se décide le 9 juin. Donc, on ne sait pas. Un sondage, ça. C'est une élection qui va décider de votre avenir.
22:31 - Raphaël Gucksmann, merci d'être venu nous voir ce matin. Vous êtes d'accord ou pas d'accord ? Je sais que ça va faire réagir.
22:37 0 826 300 300. Après les infos de 9h, on en parle.
22:41 A plus.