SMART SPACE - Spatial européen & enseignement supérieur, à la hauteur ?

  • l’année dernière
Son nom est sur toutes les lèvres : Allan Petre s’apprête à rejoindre prochainement les rangs de la célèbre NASA. Tout juste diplômé de l'école d'ingénieur de la Technopole du Futuroscope, le jeune français de 24 ans sort également de l’école ISAE-ENSMA. Alors qu’il s’envole bientôt pour les États-Unis, nous pouvons nous demander si le secteur spatial européen est de taille pour cette nouvelle génération de talents qui sort de nos prestigieuses écoles. Il est sur le plateau de SMART SPACE pour en parler, en compagnie de Majdi Khoudeir, le directeur de son école, l’ISAE-ENSMA.
Transcript
00:00 Est-ce que le spatial européen a de quoi faire rêver nos innombrables talents étudiants,
00:09 doctorants ? On va en parler ensemble aujourd'hui dans cette émission, de ces talents et des
00:13 opportunités qui s'offrent à eux à mesure que le secteur spatial se transforme.
00:18 Avec nous pour en parler en plateau, nous avons Alan Petr, ingénieur aéronautique
00:23 et spatial, Knam Isae Ansma.
00:25 Bonjour, bienvenue sur le plateau de Smart Space.
00:28 On parle beaucoup de vous en ce moment parce que dans quelques semaines maintenant, vous
00:32 allez rejoindre la NASA.
00:33 On va y revenir dans cette émission.
00:34 Avec nous à distance, on a le directeur de votre école, de l'école avec laquelle vous
00:40 avez été diplômé, Mahdi Kouder, qui est avec nous.
00:42 Bonjour.
00:43 Bonjour.
00:44 Bienvenue dans cette émission.
00:46 Alors quand on est étudiant en aérospatial, à quoi on aspire ?
00:50 On aspire je pense d'abord à faire évoluer tout ce qui touche au monde de l'aéronautique
01:00 et spatiale.
01:01 Donc tous les aéronefs, pouvoir les mettre notre pierre à l'édifice pour avoir aujourd'hui
01:08 en fait c'est vraiment avoir des aéronefs qui sont plus verts et qui permettent d'être
01:14 continuément, penser continuellement à l'environnement et ne pas trop penser à l'empreinte carbone
01:19 parce que forcément c'est un domaine qui aujourd'hui fait parler parce que voilà.
01:22 Très ambigu dans le spatial aujourd'hui.
01:24 Le spatial aéronautique, on a la carbus, on a aussi beaucoup de recherches qui se fait
01:29 en ce moment sur l'environnement, comment on peut avoir des avions plus verts.
01:32 Donc je pense que le focus des prochaines générations, ça va vraiment être ça,
01:35 de vraiment prendre en compte l'écologie.
01:38 Finalement complètement en accord avec ces nouvelles générations.
01:41 Quel est votre regard à vous Mahdi Kouder ? Selon vous, quand on est étudiant en aérospatial,
01:48 en tout cas vos étudiants, à quoi ils aspirent ?
01:50 Je crois que c'est, on est dans une phase un peu particulière dans ce domaine parce
01:55 qu'il y a eu l'aventure spatiale au début du siècle dernier et là on aborde une nouvelle
02:00 aventure spatiale qui est comme l'a dit aussi Alan, c'est de continuer l'aventure spatiale
02:05 avec tous ces aspects développement durable et puis en quoi le spatial peut nous aider
02:11 parce que si vous regardez les aspects on va dire surveillance du climat, surveillance
02:15 des télécommunications, et bien tout ça passe par l'espace.
02:19 Et donc toute la question c'est de continuer à utiliser ces éléments tout en développant
02:25 un aspect vert et développement durable.
02:27 Quelles ambitions on peut espérer, quelles ambitions peuvent espérer en tout cas vos
02:33 étudiants quand ils sont chez vous ? Est-ce que c'est direction la NASA comme Alan ? Qu'est-ce
02:38 qu'on peut attendre aujourd'hui du secteur ?
02:41 Je crois que par essence ce secteur est un secteur international et mondialisé.
02:48 Alors c'est vrai qu'il y a l'exemple d'Alan mais il y a aussi l'agence spatiale européenne
02:51 qui est très bien aussi.
02:53 Il y a plusieurs possibilités et on voit bien les environnements qui s'intéressent
02:58 à l'aéronautique et au spatial.
03:00 Il y a les Etats-Unis bien sûr, il y a l'Europe, il y a d'autres pays et c'est dans cet environnement
03:05 mondial qu'on peut aborder cette question-là.
03:07 Est-ce que le secteur spatial français européen est suffisamment productif, prolifique pour
03:16 embarquer cette nouvelle génération que vous représentez ?
03:19 Alors déjà, une chose que beaucoup de personnes ne savent pas forcément c'est que la France
03:26 est quand même le troisième pays de l'histoire à avoir envoyé un objet dans l'espace.
03:32 Donc ça remonte, c'est très très vieux.
03:36 CNES c'est une des plus vieilles agences spatiales du monde, la troisième après la
03:39 NASA et après Roscosmos l'agence spatiale russe.
03:41 Donc la France a une histoire déjà spatiale qui est chargée et donc on a une expertise
03:46 qui est présente sur le territoire depuis plus de 50 ans.
03:51 Donc c'est vraiment important de le dire.
03:55 On part déjà d'une histoire qui est très chargée avec la création d'Arianespace
03:59 en 1980, la poursuite avec tout ce qui est vraiment l'entité aérospatiale avec Safran,
04:04 Airbus, Ariane qui était un peu une seule entité avant.
04:07 Donc on a énormément d'acteurs d'un point de vue aéronautique.
04:12 Déjà Airbus qui est un peu le champion mondial avec Boeing de l'aéronautique.
04:17 Donc on a de quoi faire, on a l'expertise en France déjà d'un point de vue aéronautique
04:21 et d'un point de vue spatial.
04:22 On a Ariane qui est un groupe franco-allemand et qui vraiment fait la fierté de l'Europe
04:28 pendant très longtemps et qui fait encore aujourd'hui la fierté de l'Europe.
04:31 Mais c'est ça la question, c'est peut-être là que le bas blesse.
04:33 On a les acteurs, donc vous dites on a les acteurs pour faire rêver les ingénieurs
04:38 puisque c'est de ça qu'on parle.
04:40 Mais est-ce qu'on a les ambitions pour les faire rêver ?
04:42 Alors on a les acteurs et on a aussi les ambitions parce qu'on a des projets qui sont vraiment
04:48 très ambitieux comme Ariane 6 qui est un lanceur, le futur lanceur européen qui va
04:52 aussi, je suis sûr qu'il y aura aussi un très grand succès et qui va aussi révolutionner
04:56 le spatial en Europe.
04:57 On a aussi des projets qui sont beaucoup, comme a dit Monsieur Coudert, le directeur,
05:01 on a aussi beaucoup de projets qui sont aujourd'hui internationalisés dans le sens où là on
05:05 a le programme Artemis de la NASA qui est en partenariat avec la France et l'Europe.
05:10 L'ESA participe sur le vaisseau des astronautes qui va être envoyé vers la Lune.
05:16 On a le télescope spatial James Webb qui est en partenariat entre l'ESA aussi, les
05:20 Européens, les Canadiens et les Américains.
05:22 Donc on a l'expertise, on a des ambitions qui sont aujourd'hui, qui dépassent les frontières
05:30 de l'Europe mais on a les ambitions et on a les projets qui suivent.
05:34 Donc on a avec Airbus des projets de voile d'avion vert, on a avec Ariane, l'Ariane
05:38 6, on a des projets qui, aussi le projet très utilisable, MySpace et d'autres acteurs
05:42 qui rentrent en jeu aujourd'hui dans le domaine spatial qui font qu'on a les ambitions et
05:45 on a aussi les projets.
05:46 Ces nouveaux acteurs, Majdi Kouder, vous pensez qu'ils vont offrir des opportunités à
05:53 votre vivier de talent qu'on retrouve dans tout le groupe ISAE de toute façon ? Est-ce
06:01 que vous êtes prêts pour cette transformation qui a déjà commencé à révolutionner le
06:05 secteur spatial ?
06:06 Non seulement ils vont nous offrir des opportunités mais en plus ce qu'il faut voir c'est que
06:13 la France a aussi des possibilités en recherche, donc sur des secteurs qui sont en pleine mutation
06:18 comme vous l'avez évoqué, qui sont très importantes et notamment dans l'école on
06:22 a des laboratoires qui sont reconnus internationalement et à la pointe dans certains domaines sur
06:27 ces secteurs-là.
06:28 Et donc l'aspect recherche vient renforcer, nous fait un lien très fort avec nos partenaires
06:34 industriels et les partenariats sont nombreux et donc ce potentiel de demain dont vous parlez
06:39 finalement on est en train de le construire ensemble avec nos partenaires que ce soit
06:44 recherche ou industriel.
06:45 Donc les opportunités sont nombreuses et Alan peut en témoigner, les journées métiers
06:52 qu'on fait dans l'école avec les différents partenaires sont très nombreuses, les entreprises
06:56 viennent et les opportunités sont vraiment là.
06:59 Est-ce que ça change vos méthodes d'apprentissage ? Rejoindre une chaîne de production dans
07:03 un énorme groupe industriel et rejoindre une chaîne dans une start-up c'est peut-être
07:07 pas la même chose ?
07:08 Non, mais je crois qu'il y a des troncs communs dans l'apprentissage, c'est-à-dire à la
07:14 fois l'apport de connaissances, de compétences mais aussi un degré d'adaptation et puis
07:19 cette notion d'apprendre à apprendre par soi-même et de pouvoir innover à tous les
07:23 niveaux et c'est dans cet esprit-là qu'on évolue et on fait évoluer nos formations.
07:28 Alors vous rejoignez la NASA Alan dans quelques semaines, deux semaines à peu près, c'est
07:34 quoi c'est en janvier ?
07:35 En un mois, plus de trois semaines.
07:36 Un peu plus de trois semaines, vous êtes un peu stressé ?
07:38 Non, j'ai surtout hâte, je ne suis pas stressé, j'ai surtout hâte.
07:43 Qu'est-ce que vous allez faire là-bas ?
07:44 Alors je vais intégrer le service propulsion thermique et matériaux.
07:48 Au JPL ?
07:49 Au JPL, le NASA JPL qui est le centre de la NASA situé en Californie, Los Angeles.
07:54 Donc c'est un département qui est lié à ce que j'ai fait en DUT auparavant, ce que
07:59 j'ai fait à l'école et la spécialité que j'ai choisi en l'occurrence à l'ANSMA,
08:02 spécialité énergétique.
08:03 Donc forcément, il y a un fil conducteur et je suis très content de rejoindre ce département
08:08 et de pouvoir travailler moi aussi.
08:10 C'est un rêve qui se réalise de travailler à la NASA.
08:13 Donc c'est un département qui a des spécialités qui sont liées à ce que j'ai fait à l'ANSMA,
08:18 ce que j'ai fait au CNAM et à l'ANSMA.
08:19 Donc forcément, je pars sans stress, je pars surtout avec l'excitation et le fait de me
08:25 dire, je réalise mon rêve, je vais, je fonce et je me donne à fond pour aussi donner une
08:28 belle image de la formation française.
08:32 La formation que j'ai eue à l'ANSMA, la formation que j'ai eue au CNAM.
08:35 Donc voilà, c'est aussi ça, j'ai envie de laisser une belle trace, une belle image
08:39 pour qu'après, s'ils ont envie de prendre des étudiants des écoles par lesquelles
08:42 je suis passé, qu'ils n'hésitent pas.
08:44 Est-ce que vous en avez marre qu'on vous demande pourquoi vous n'avez pas choisi l'ESA
08:48 et pourquoi vous allez à la NASA ?
08:50 Non, je n'en ai pas marre.
08:51 D'ailleurs, c'est pour ça que je vais répondre.
08:52 Non, en fait, oui, c'est vrai que j'ai reçu un commentaire du président Macron
08:58 et aussi du ministre Bruno Le Maire qui m'ont dit, qui m'ont gentiment fait comprendre
09:03 que oui, ce serait quand même bien que je revienne à l'ESA.
09:06 Enfin voilà, ils m'ont aussi demandé pourquoi j'ai choisi la NASA.
09:08 Ils ont un peu prêché pour leur part ou est-ce quoi ?
09:10 C'est ça, je peux comprendre.
09:11 Moi, c'est juste que là, on va dire que depuis que je suis petit, ce qui me faisait
09:17 rêver en l'occurrence, c'était plus la NASA.
09:18 Parce que la NASA, forcément, c'est une agence au-delà du fait que ce n'est pas
09:23 forcément mon continent, surtout le fait que ça m'a fait rêver.
09:27 C'est une culture du spatial qui est complètement différente aujourd'hui et qui n'existe
09:31 pas tout à fait en Europe.
09:32 C'est ça, exactement.
09:33 Et puis, c'est surtout que la NASA, c'est l'agence spatiale qui a le plus de budget
09:38 à travers le monde, je pense.
09:39 Ça va être peut-être l'agence spatiale chinoise aujourd'hui.
09:40 Forcément, c'est l'agence spatiale qui a eu les missions les plus emblématiques.
09:43 Du coup, quand on a le budget qui suit, forcément, on peut faire des missions qui sont très,
09:48 très, vraiment prometteuses.
09:50 Voilà, c'est un reste, une marque.
09:52 En fait, c'est devenu une marque qui forcément, quand on est petit, quand on lit des documents,
09:56 quand on regarde des livres, quand on regarde des documentaires, on a toujours le mot NASA
09:59 qui revient et ça devient un rêve, en fait.
10:01 C'est difficile d'aller contre cette culture américaine, même au sein de vos institutions,
10:06 Majd Jikouder, ou de toute façon, ce n'est pas la peine d'aller contre, peut-être ?
10:11 Non, je crois qu'au contraire, il faut faire en sorte que cette différence de culture
10:16 soit un vrai plus.
10:17 Et quand quelqu'un comme Alain va à la NASA, il va aussi apporter son regard et sa culture
10:21 qu'il a acquis au niveau français.
10:24 Et puis, quand nous, on reçoit des élèves aussi étrangers ou des étudiants pour nos
10:28 recherches et en doctorat, ils nous amènent aussi ce regard-là.
10:31 Et je crois que c'est le mixage de tous ces éléments qui font qu'on peut innover, on
10:36 peut avancer avec des regards qui se croisent.
10:39 Est-ce que, alors là, on parle de la NASA et de la culture de la NASA, on peut comparer
10:45 peut-être cette culture du spatial avec celle des entreprises comme SpaceX aujourd'hui,
10:49 qui ont créé un véritable engouement, il y a quand même une espèce de spectre derrière
10:52 ce mot-là, bien davantage que derrière beaucoup de noms d'entreprises françaises qui, pourtant,
10:57 ont accompli plus, en tout cas, qui sont des acteurs historiques.
11:02 Là encore, est-ce qu'en tant qu'étudiant, on se rêve d'aller rejoindre SpaceX ? Quel
11:09 est l'attrait ?
11:10 Moi, en l'occurrence, si on me demande de choisir entre Ariane ou SpaceX, je choisis
11:15 d'aller chez Ariane sans hésiter.
11:16 Pourquoi ?
11:17 Pour plusieurs raisons.
11:18 Ariane, déjà, forcément, c'est l'histoire de mon pays.
11:23 Le fait que j'ai fait trois ans d'alternance chez Ariane, déjà, j'étais très content
11:27 parce que, forcément, quand on est français, on a tous vu les lancements des fusées Ariane.
11:32 SpaceX, c'est différent.
11:33 SpaceX, c'est sûr que ça a la pointe de l'innovation, mais un peu comme ce que j'ai
11:37 dit avec la NASA, c'est qu'ils ont aussi énormément de budget comparé à Ariane ou
11:42 à d'autres acteurs du spatial européen.
11:44 Forcément, ils ont des missions où ils peuvent mettre plus d'argent sur leurs missions
11:48 et ils ont forcément plus de moyens pour y arriver.
11:51 Mais ce qui est important, j'aimerais dire aussi, c'est que chez Ariane, moi, quand
11:56 j'étais pendant trois ans chez Ariane, j'ai compris et même on m'a dit, on m'a fait
12:01 comprendre que le spatial européen, l'expertise qu'on a en Europe, tout ce que fait SpaceX,
12:05 on peut le faire.
12:06 C'est juste que SpaceX, ils ont forcément les budgets qui suivent et nous, en Europe,
12:10 on n'a pas fait encore ce pas, vraiment ce grand pas, le saut vers le réussiteur qui
12:15 est en cours aujourd'hui.
12:16 Mais voilà, c'est un peu au-dessus.
12:19 Ça relève vraiment au-dessus de la Commission européenne, l'ESA.
12:22 Le fonctionnement de l'agence spatiale européenne, la question du retour de budget, morceler
12:26 l'industrialisation, la réussite de SpaceX, c'est d'avoir aussi ramené toute la chaîne
12:30 de production en un seul endroit, réduit les coûts.
12:33 Et ça, on est capable, mais en même temps, on est bloqué par notre système européen.
12:38 On ne se rend pas compte, mais le fait que, par exemple, sur ION-6, il y a 13 ou 14 pays
12:42 qui partent pour programme.
12:44 Donc forcément, ça prend plus de temps à chaque fois pour communiquer entre eux, aller
12:49 chercher une pièce dans tel pays, aller chercher une autre pièce dans tel pays, aller pour
12:52 tout assembler.
12:53 En plus, le pire, c'est qu'on lance loin, on lance à Kourou, on vient.
12:56 Il faut que tout arrive à Kourou, que tout soit acheminé, que tout soit assemblé là-bas.
12:59 Ça ne marche pas toujours très bien, la preuve avec l'avion qui a perdu des pièces de son
13:04 lanceur Vega.
13:05 Donc on voit que ça crée des tensions, et ces tensions-là, les étudiants, vous le
13:08 voyez, vous voyez que parfois, ça freine.
13:11 Je ne sais pas de vous faire aller dans cette direction, mais j'ai besoin de comprendre
13:14 s'il y a une inquiétude peut-être dans cette génération-là à ce que va arriver
13:19 à devenir le spatial européen.
13:21 Non, il n'y a pas vraiment d'inquiétude parce qu'on sait que, voilà, on est une
13:26 terre d'aérospatial, la France.
13:28 On sait qu'on a l'expertise.
13:29 Dans tous les cas, quoi qu'il arrive, on pourra s'en sortir, on pourra avoir notre
13:35 accès à l'espace autonome.
13:36 Mais c'est sûr que quand on voit un peu ce qui se passe aujourd'hui en Europe avec
13:41 Avio qui s'éloigne d'Arenespace, le nouveau lanceur de MySpace qui va en l'occurrence
13:46 concurrencer la fusée Vega d'Avio, on sent qu'il y a un climat un peu différent,
13:54 différent de ce qu'on a connu, qui était un peu plus vraiment compacté entre les
13:58 pays européens.
13:59 Là, on a plus de séparation, mais peut-être que c'est aussi la clé pour après faire
14:02 évoluer les choses.
14:03 Alors ce climat, justement, on en parle aussi beaucoup dans cette émission, c'est cette
14:07 question de renationaliser un petit peu les ambitions spatiales.
14:11 Vous avez cité l'Italie avec Avio qui se détache un petit peu, l'Allemagne aussi,
14:15 la France aussi.
14:16 Dernièrement, le président de la République parlait de la nécessité d'avoir un champion
14:22 européen tout en rappelant que s'il faut aller plus loin, on ira plus loin.
14:25 Est-ce que de votre côté, Majdi Kouder, vous avez un regard, d'un point de vue de l'enseignement
14:35 supérieur, vous avez un regard sur cette renationalisation, sur ces nouvelles ambitions
14:39 et sur cette distribution qui prend forme en Europe où on a tendance un petit peu à
14:44 jouer perso ?
14:45 Je crois que la question qui se pose, c'est que c'est un domaine qui est en pleine mutation,
14:51 où tout le monde est convaincu que les enjeux sont très importants.
14:54 Il y a forcément des questions aussi qui sont reliées à des souverainetés d'État
14:58 et donc des stratégies développées par les États.
15:01 L'espace européen est un espace de collaboration et de partenariat et je vais dire quelque
15:07 part aussi un espace de concurrence cordiale.
15:09 Il faut travailler avec tout ça parce que c'est notre histoire et puis c'est notre
15:12 structuration.
15:13 Mais je crois qu'il faut rester optimiste dans cette démarche parce que je crois que
15:17 tout le monde est convaincu de l'objectif à atteindre et de la nécessité de se positionner
15:22 sur ce domaine.
15:23 On voit Sophie Hanno à l'image, ça me fait une transition toute faite.
15:28 Sophie Hanno qui est passée par l'ISAE Super Hero, Thomas Pesquet aussi est passé
15:32 par l'ISAE Super Hero.
15:33 Et tout à l'heure on a vu une image de vous en astronaute américain.
15:37 J'ai l'impression qu'il y a un gros flou dans les médias sur le sujet.
15:40 Est-ce que vous pouvez peut-être nous éclaircir d'abord ?
15:43 Oui, bien sûr.
15:44 En plus je le dis après tous les médias.
15:47 Mais en fait la photo d'astronaute, c'est un montage qui a été fait par un ami à
15:52 moi, Dariane, quand j'étais en alternance chez Ariano Muro parce que je voulais créer
15:56 un compte sur Instagram, un compte où je parle d'espace.
15:58 Donc j'ai créé ce compte-là et je me suis dit que j'allais avoir une photo sympa
16:02 de moi en astronaute un mois plus tard.
16:04 Et il m'a fait ce fameux montage qui est resté.
16:07 C'est en 2021, ça remonte.
16:10 Mais je l'ai laissé et je me suis dit que c'est sympa.
16:13 Mais ça fait partie de vos ambitions ou pas ?
16:14 Oui, clairement.
16:15 C'est une ambition claire que je vise dans les prochaines années.
16:22 Après un appel de l'ESA, il y en a un à peu près tous les 10 ans.
16:25 Thomas Pesquet c'était 2009, Sophie Anneau 2020-2021.
16:27 Donc là le prochain ça risque d'être vers 2030.
16:29 Il va falloir 27 ans minimum.
16:31 Donc 2030, j'aurai 30 ans.
16:33 Je pourrai en l'occurrence, s'il y a un appel, tenter ma chance.
16:36 Après voilà, dans tous les cas, je me dis que je ne mets pas trop de pression.
16:39 Je tenterai ma chance.
16:41 Si je réussis, tant mieux.
16:43 Si je n'y arrive pas, il n'y a pas de souci.
16:46 Ça ne me dérange pas du tout de rester en tant qu'ingénieur dans ma vie
16:49 ou d'évoluer dans le métier d'ingénieur.
16:51 Donc je ne mets pas trop de pression, mais je tenterai.
16:54 Donc dream job, astronaut ?
16:55 C'est ça.
16:56 Est-ce que c'est le dream job de tous vos étudiants à l'ESA et ANSMA ?
17:02 Non, je ne crois pas.
17:03 Mais je crois que pour l'image qu'on a vue, ce n'est pas une fake news.
17:06 C'est juste une image prémonitoire.
17:08 C'est ce qu'on peut souhaiter à l'âme.
17:11 Je crois que le domaine du spatial et de l'aéronautique est tellement diversifié.
17:16 On peut s'épanouir et trouver à réaliser ses ambitions
17:21 dans tellement de différents domaines.
17:23 Être astronaute, ça fait partie du jeu.
17:25 Ça peut faire rêver.
17:26 Mais je ne pense pas que ce soit le rêve de tous nos étudiants.
17:31 Certains ont peur d'aller dans l'espace.
17:34 Oui, même certains sont plus intéressés par l'aéronautique que par le spatial.
17:38 Ils sont plus à même de devenir pilote d'avion plutôt qu'astronaute.
17:44 Ça dépend des personnes, ça dépend des profils.
17:47 À l'ANSMA aussi, c'est très large parce qu'on a aussi des métiers.
17:50 Quand on sort, on peut aussi travailler dans l'automobile.
17:52 Pas que forcément l'aéronautique ou le spatial.
17:54 C'est vrai que c'est plus axé à l'aéronautique spatiale,
17:56 mais on peut aussi aller dans l'automobile, même parfois le ferroviaire.
18:00 Il y a différents types de métiers.
18:01 L'astronaute, même en tant qu'ingénieur dans le spatial,
18:04 ce n'est pas forcément une finalité.
18:05 On peut vouloir être ingénieur spatial sans forcément devenir astronaute.
18:08 Très bien. Merci à tous les deux d'avoir pris le temps de venir sur le plateau de Smart Space
18:13 pour nous parler de l'avenir des futures générations déjà concernées par leurs propres enjeux,
18:18 notamment l'écologie, on l'a dit ici,
18:21 et qui devrait dessiner le futur du secteur spatial.
18:24 Alain Pett, je rappelle, vous êtes ingénieur en aéronautique et en spatiale,
18:28 KNAM, ISAE, ANSMA, et vous, Majdi Kouder, directeur de l'ISAE-ANSMA.
18:33 Merci à tous de nous avoir suivis pour cette émission de Smart Space à la production.
18:38 Lily Zalkin, comme toutes les semaines, je vous dis à l'année prochaine.
18:41 En attendant, je vous souhaite de passer de très belles fêtes de Noël.
18:45 [Musique]

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