Rodica Negroiu, la veuve noire roumaine

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"Rodica Negroiu, deux mariages, trois enterrements" / Le 14 décembre 1990, dans la banlieue de Nancy, Raymond Jactel, militaire à la retraite, meurt d'un infarctus. Mais un corbeau accuse bientôt Rodica Negroiu, une aide-soignante d'origine roumaine, de l'avoir tué après s'être frauduleusement appropriée ses biens. La police découvre que le mari de la suspecte est également décédé dans des circonstances troubles. Imen Ghouali et Dominique Rizet ont recueilli les témoignages des protagonistes du dossier et, notamment, de Rodica Negroiu.

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Personnes
Transcription
00:00 Elle développe en fait une position qui est celle d'argumenter un vécu de préjudice.
00:07 Elle estime qu'elle est mise en cause injustement, qu'elle est incarcérée injustement.
00:14 Donc dans cette situation, dans ce vécu qu'elle développe de victime, elle attaque à ce moment-là.
00:21 Et c'est aussi une façon d'exercer un contrôle sur l'ensemble des personnes qui l'ont mise en cause,
00:26 c'est-à-dire qui l'ont mise dans cette situation-là.
00:29 Elle est une personne qui a été mis en cause.
00:32 Elle a été mis en cause par les autres.
00:34 Elle a été mis en cause par les autres.
00:36 Elle a été mis en cause par les autres.
00:38 Elle a été mis en cause par les autres.
00:40 Elle a été mis en cause par les autres.
00:42 Elle a été mis en cause par les autres.
00:44 Elle a été mis en cause par les autres.
00:46 Elle a été mis en cause par les autres.
00:48 Elle a été mis en cause par les autres.
00:50 Elle a été mis en cause par les autres.
00:52 Elle a été mis en cause par les autres.
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01:00 Elle a été mis en cause par les autres.
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01:04 Elle a été mis en cause par les autres.
01:06 Elle a été mis en cause par les autres.
01:08 Elle a été mis en cause par les autres.
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01:12 Elle a été mis en cause par les autres.
01:14 Elle a été mis en cause par les autres.
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01:32 Elle a été mis en cause par les autres.
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06:00 Elle a été mis en cause par les autres.
06:02 Elle a été mis en cause par les autres.
06:04 Elle a été mis en cause par les autres.
06:06 - Vous êtes chargé d'analyser les prélèvements effectués sur Raymond Jactel.
06:10 Quels sont les résultats de vos analyses ?
06:12 - D'emblée, on met en évidence chez M. Jactel des taux importants
06:17 d'un produit qu'on appelle le phénobarbital,
06:20 qu'on utilise dans un certain nombre de pathologies neurologiques,
06:24 et d'un autre produit qu'on appelle la digitaline ou la digoxine.
06:28 C'est un médicament, on va dire, à visée cardiaque.
06:31 - Vous étudiez le dossier médical de M. Jactel
06:34 pour voir s'il y a des prescriptions qui expliqueraient
06:37 la présence de ces médicaments et qu'est-ce que ça donne ?
06:40 - On n'a pas retrouvé de prescriptions médicales pouvant contenir
06:44 l'un ou l'autre des médicaments que je viens de citer,
06:48 c'est-à-dire la digoxine et le phénobarbital.
06:51 Si on les retrouve dans le corps de M. Jactel
06:54 à la suite des analyses toxicologiques effectuées après l'exhumation,
06:59 c'est qu'ils ne sont pas là par l'opération du Saint-Esprit.
07:02 Ça, c'est certain.
07:04 - Les policiers interrogent alors les pharmaciens de Nancy
07:08 et, coïncidence, ils découvrent que Rodica Negroyu
07:12 s'est justement procurée du phénobarbital.
07:15 Décidément, tout semble converger vers cette femme.
07:18 Mais qui est donc cette Rodica Negroyu ?
07:21 - C'est une femme de 51 ans, qui est d'origine roumaine
07:27 et qui est arrivée en France 5 ans avant le décès de M. Jactel.
07:31 Avec son fils, un jeune homme de 22 ans.
07:34 Ensuite, elle a acquis la nationalité française
07:37 en épousant un certain Gérard Eluit.
07:40 - Gérard Eluit, un mari décédé dans d'étranges circonstances en 1988,
07:47 2 ans avant la mort de Raymond Jactel.
07:50 Décidément, on meurt beaucoup dans l'entourage de Rodica.
07:54 Le juge d'instruction décide d'ouvrir une autre information judiciaire
08:00 pour rechercher les causes de cette mort et s'intéresser à cet homme.
08:04 Retraité et veuf, Gérard Eluit avait 68 ans.
08:09 - Il aimait bien jouer avec les enfants.
08:13 Il nous fabriquait, c'était le MacGyver des jouets.
08:16 Il nous fabriquait toujours un jouet avec un bout de tuyau, un entonnoir.
08:21 Il nous faisait une trompette ou un lance-pierre ou une poupée.
08:25 Il nous faisait aussi des tartes à la Mirabelle, je me souviens de ça.
08:29 - Ce père de 3 enfants menait une vie paisible
08:33 jusqu'à ce qu'il croise la route de Rodica Négroyou.
08:37 - Quand il l'a vue comme ça, il dit à sa sœur, "C'est une belle poulette."
08:43 C'était une femme qui s'arrangeait, qui était pas mal physiquement quand même,
08:48 qui avait des grands cheveux blancs, etc.
08:51 Donc, bon, elle lui avait tapé dans l'oeil. "Excusez-moi l'expression."
08:56 - Le 7 décembre 1985, un mois à peine après leur rencontre,
09:02 Rodica et Gérard se marient dans le plus grand secret.
09:06 - Jean et lui, vous avez assisté au mariage de votre père ?
09:25 - Absolument pas. On a été prévenus quasiment une fois que c'était fait.
09:30 - Vous n'étiez pas invité ? - On n'était pas invités, absolument pas.
09:34 - J'imagine qu'ils s'installent ensemble ?
09:36 - Oui, c'est ce qu'ils pensaient, mais ça a pas été le cas,
09:39 puisque le jour du mariage, elle est partie avec son fils,
09:42 et puis mon père, je crois, qui est parti chez sa sœur à Nancy, le jour-là.
09:47 Mais même le jour même du mariage, ils étaient plus ensemble.
09:51 - Vous avez des contacts réguliers avec votre père ou pas ?
09:54 - Oui, je le voyais régulièrement.
09:56 J'habitais pas à côté, puisque j'habitais en région parisienne,
09:59 mais je remontais en Lorraine pour venir le voir.
10:02 Et à chaque fois, il y avait la présence de Rodica Négrouyou,
10:05 alors qu'elle ne vivait pas sur place.
10:08 - Un couple qui ne partage pas le même toit, étrange.
10:13 D'autant que pour la famille de Gérard et lui,
10:15 cette Rodica semble s'intéresser davantage aux revenus de son mari qu'à lui.
10:21 - Quand il touchait sa retraite, elle venait prélever la retraite.
10:26 Elle lui achetait son pain et son vin, puis elle repartait.
10:29 - Il vivait dans la misère, en fait.
10:31 Une fois, j'étais chez lui,
10:33 et j'ai voulu utiliser la télécommande du téléviseur.
10:38 Ça ne fonctionnait pas.
10:40 En fait, la pile était usée.
10:42 Alors je l'ai prévenu, j'ai dit,
10:44 "Tu pourrais au moins te racheter une pile pour ta télé."
10:47 Surtout que lui, c'est un fervent utilisateur de la télévision.
10:51 Là, il m'a dit, "Mais j'ai même pas l'argent pour l'acheter."
10:54 Il avait même pas 5 francs sur lui.
10:56 - Gérard vit dans la misère,
11:01 mais il ne rate pas une occasion de gâter sa femme.
11:05 - Il offre une chambre au fils de Mme Négrouyou,
11:09 et il offre à Mme Négrouyou un manteau de vison.
11:13 Acheté à Nancy, donc, pour un montant de 14 500 francs.
11:19 - Cette fois-ci, c'en est trop.
11:22 La famille de Gérard intervient.
11:24 - On a essayé de lui reprendre
11:27 pour demander au fourreur s'il voulait bien le reprendre.
11:30 Alors lui, il a dit, "Si il est en bon état, on veut bien."
11:34 Ah bah oui, mais elle l'avait déjà repris.
11:39 - Gérard est ruiné.
11:41 Il n'a plus d'autre choix que d'aller vivre chez sa belle-sœur
11:45 à Livry-Gargan, en région parisienne.
11:48 - Gérard couchait chez moi.
11:51 Je lui avais donné une chambre.
11:53 Et puis, il passait sa journée à me dire...
11:55 "Elle m'a pris pour un pigeon, elle m'a pris pour un pigeon."
11:58 - Gérard a été un peu déçu par la situation.
12:06 - J'ai pas retrouvé mon oncle parce que, bon, c'était quelqu'un de rigolo,
12:11 c'était quelqu'un de joyeux,
12:13 et je l'ai trouvé très triste, très...
12:16 Très affaibli.
12:18 C'était bizarre de le voir comme ça.
12:20 On l'avait jamais vu comme ça.
12:22 - Je lui dis, "Écoute, décide-toi.
12:27 "T'as pas d'autre solution, il faut divorcer.
12:30 "Tu peux pas continuer comme ça."
12:33 - La famille fait alors pression pour que Gérard annule la donation
12:37 aux derniers vivants qu'il a signées en faveur de Rodica,
12:40 un acte par lequel il lui lègue tout.
12:43 Après 3 mois en région parisienne,
12:46 Gérard et lui retournent dans sa maison à Custine.
12:49 Il suit les conseils de sa famille, demande le divorce...
12:53 Et annule toutes les dispositions en faveur de sa femme.
13:00 Mais Rodica revient, et cette fois-ci, elle s'installe chez lui.
13:04 - Elle va se maintenir maintenant dans les lieux,
13:08 elle va faire un effort pour rester,
13:10 et dans le but d'atteindre les délais d'acquisition
13:14 de la nationalité française.
13:16 - Un délai de 2 ans durant lequel le couple cohabite.
13:21 Gérard et lui retombent fatalement sous l'emprise de Rodica.
13:28 - Mon oncle était quelqu'un d'influençable,
13:30 c'était pas quelqu'un qui était calculateur, etc.
13:34 Il travaillait comme tout le monde, mais il était pas bien méchant.
13:38 - Retour à la case départ.
13:42 Gérard annule la demande de divorce,
13:45 refait sa donation au bénéfice de sa femme.
13:48 Alors même que dans la maison, l'ambiance est invivable.
13:54 - Il avait peur d'elle, oui.
13:57 Il s'attendait à un mauvais coup d'un jour à l'autre,
14:00 et en fait, il vivait dans la crainte.
14:03 Il allait se coucher, il fermait ses portes à clés.
14:06 Il avait très peur d'elle.
14:08 - Rodica est naturalisé en janvier 88.
14:12 La famille de Gérard n'a plus de nouvelles jusqu'au 16 février.
14:17 Sa soeur Francine reçoit un coup de fil à son travail.
14:22 - J'étais au lycée, et le directeur m'appelle.
14:27 Il m'a dit, "Madame Derriac, allez vite vous habiller,
14:31 "il faut que vous partiez tout de suite à Nancy.
14:34 "Il y a arrivé un accident à votre frère."
14:37 Je dis, "Qu'est-ce qui peut lui avoir arrivé ?"
14:40 Il me dit, "Il est décédé."
14:42 - Ca a été l'étonnement, évidemment, incroyable.
14:46 Et puis, bon, ben, on a filé à Custine, hein.
14:51 ...
14:55 - En arrivant à la maison, chez mon père,
14:59 Rodica était là, très froide, comme d'habitude.
15:04 Aucune émotion.
15:06 On n'aurait jamais cru que c'était son mari qui était décédé.
15:10 Surtout après un mariage aussi proche.
15:13 Il devait s'aimer, les amoureux.
15:15 Donc elle aurait dû être un peu touchée, quand même.
15:18 - La 1re chose qu'elle nous a montrée, c'était la table de salon
15:22 avec un étalage de bouteilles.
15:24 Des bouteilles vides. - Des bouteilles d'alcool.
15:27 - Des bouteilles d'alcool, mais c'était des bouteilles que je connaissais.
15:31 C'était des bouteilles qui étaient rangées sous l'évier depuis très longtemps.
15:36 Donc elle a sorti tout ça. C'était son scénario, en fait.
15:39 Pour montrer que mon père est alcoolique, que mon père buvait beaucoup
15:43 et que là, il a passé sa nuit à boire.
15:46 C'est pour ça qu'il est mort. Regardez-le. Voilà, c'est ça.
15:49 - Donc c'est l'alcool qui l'a tué, c'est ce qu'elle vous dit ?
15:52 - Pour elle, ouais. Pas pour moi.
15:54 Je sais très bien que mon père ne buvait pas.
15:57 - Pour vous, dès ce moment-là, la mort de votre père est suspecte ?
16:00 - Suspecte, oui. Et on n'a pas voulu entamer une démarche
16:04 style demande d'autopsie et toutes ces choses-là,
16:07 puisqu'on n'avait aucune preuve.
16:09 - Gérard et lui est donc mort 3 semaines seulement
16:13 après que Rodica Négroyou ait acquis la nationalité française.
16:17 Quant à Raymond Jactel, 2 mois se sont écoulés
16:22 entre la vente de sa maison enviagée et son décès.
16:26 Un calendrier pour le moins troublant.
16:29 Et si Gérard avait lui aussi été empoisonné ?
16:33 Le juge d'instruction décide de faire exhumer son corps
16:36 pour en avoir le coeur net.
16:40 - Professeur Henry Coudane, vous êtes à nouveau chargé
16:44 de ces analyses. Comment procédez-vous ?
16:47 - Pour monsieur et lui, la procédure dans l'instruction
16:52 des recherches des causes de la mort est identique.
16:56 Une autopsie est pratiquée après l'exhumation.
16:59 On a envoyé au laboratoire à Strasbourg,
17:02 chez mon collègue le professeur Mangin,
17:04 tous les prélèvements et là, résultat mis en évidence
17:07 de digoxine, c'est-à-dire de digitaline,
17:10 pour faire simple, à un taux élevé, conclusion,
17:14 mort là aussi suspecte.
17:17 - Est-ce que vous avez relevé une présence de phénomares vitals ?
17:21 - Pas de phénomares vitals chez monsieur et lui.
17:24 - Les quantités ingérées par l'un et l'autre
17:27 nous apprennent quelque chose ?
17:29 - Oui, parce que ce sont des quantités importantes.
17:33 Ce sont des taux élevés, retrouvés dans plusieurs organes,
17:38 ce qui est confirmé par l'analyse des cheveux.
17:42 - Donc pas à dose thérapeutique ?
17:44 - La réponse est non. C'est au-dessus des doses thérapeutiques.
17:48 - Les résultats des expertises sont clairs.
17:54 Vu la dose de médicaments, dans les deux cas,
17:58 il s'agit d'un empoisonnement.
18:02 - Jean et lui, d'après l'étude toxicologique,
18:06 votre père a été empoisonné.
18:08 - Oui.
18:09 - Comment vous réagissez quand vous apprenez ça ?
18:12 - Au départ, sous la colère un peu.
18:15 Elle en a eu tout le bénéfice, la nationalité française,
18:19 la donation aux derniers vivants et la pension de reversion.
18:23 Tout était gagné, il n'y avait plus qu'à se débarrasser
18:27 de la personne gênante. C'est tout.
18:30 C'est peut-être cru, mais c'est comme ça que je le ressens.
18:34 - Voilà un an et demi que l'instruction est ouverte
18:39 et Rodican et Grouillou n'ont toujours pas été entendus.
18:43 Avec ces analyses, le juge a désormais du solide.
18:49 Le 9 juin 1992, Rodican et Grouillou sont placés en garde à vue.
18:56 (Générique)
18:59 ---
19:11 Rodican et Grouillou, ce 9 juin 1992, vous êtes interpellés.
19:16 Vous vous y attendiez ?
19:18 - Absolument pas.
19:20 - Les policiers vous soupçonnent de deux empoisonnements.
19:23 C'est grave. Comment est-ce que vous réagissez ?
19:26 - Bien sûr que j'ai répondu avec la sincérité que j'ai.
19:31 J'ai été combattue. J'ai dit non, c'est faux.
19:34 J'ai rien fait de mal.
19:36 - Vous êtes innocente ? - Absolument.
19:39 J'ai rien fait de mal à qui que ce soit, même pas aux mouches.
19:42 Absolument pas. Rien du tout.
19:45 - La veuve campe sur ses positions.
19:52 Son mari Gérard est mort parce qu'il buvait beaucoup.
19:56 Quant à Raymond Jactel, il a succombé à un infarctus.
20:01 - On peut la mettre devant le fait accompli. Elle va le nier.
20:05 C'est un principe chez elle.
20:07 - Que répondez-vous aux policiers qui vous soupçonnent de la mort de Gérard et lui, votre mari ?
20:15 - Je n'avais pas intérêt.
20:17 Je n'avais pas intérêt. Parce que moi, Gérard, il était pauvre.
20:20 Donc je n'avais pas pris un homme riche.
20:23 Après, je me suis mariée par amour avec une personne qui était pauvre, qui était très bien.
20:29 Donc je n'ai rien gagné. Je n'ai rien gagné.
20:32 - Et vous, vous l'aimiez ?
20:34 - Si je l'aimais ? Ah oui.
20:36 C'était tout... C'était un bijou d'homme.
20:40 - Et concernant la mort de Raymond Jactel, alors ?
20:43 - Son décès, il est dû à sa maladie d'hypertension artérielle.
20:47 - À l'issue de votre garde à vue, vous êtes finalement mise en examen pour homicide volontaire
20:52 et placée en détention provisoire.
20:54 - Oui.
20:55 - Vous allez donc en prison. Comment vous le vivez ?
20:58 - Oui. J'ai été mise en prison.
21:00 Je savais que je n'avais rien fait de mal.
21:03 Bien sûr que je n'ai pas pu accepter la prison.
21:08 Je n'ai pas pu accepter le fait qu'elle me traite d'imposéneuse.
21:12 - L'enquête continue.
21:15 Les policiers vont perquisitionner le domicile de Rodica, à Maxéville, en banlieue de Nancy.
21:22 - Nous trouvons à l'intérieur de la maison une multitude, un amoncellement d'objets, de choses, de meubles,
21:32 d'objets de collection, enfin, des vases galets, des choses comme ça.
21:41 C'est des vases galets, donc, vraiment de la région de Nancy.
21:45 Elle dit que ça lui appartient, c'est à elle qu'elle l'a ramené de Roumanie.
21:49 On n'y croit peu, hein.
21:56 En fait, on s'aperçoit que ces objets-là proviennent de chez M. Jacques Tell.
22:01 (Générique)
22:04 ---
22:09 (Générique)
22:12 ---
22:21 - Maître Gérard Michel, vous avez assisté à la perquisition.
22:25 Qu'est-ce qu'on a trouvé ?
22:27 - Rodica Négrouyou, il y a une chose extraordinaire, elle habite rue de la Justice,
22:31 ce qui ne s'invente pas, et on va perquisitionner chez elle, en présence de sa vocace, ce qui est normal,
22:38 et on va découvrir un tas d'objets, mais qui n'ont rien à faire chez elle.
22:42 Une tour Eiffel, des cadres représentant M. Jacques Tell, jeune, des souvenirs de la guerre de 1914,
22:49 toutes des choses, bien entendu, qu'elle n'a pas pu ramener de Roumanie.
22:52 Et on va l'interroger en lui disant "Madame, ça, vous l'avez pris chez M. Jacques Tell,
22:56 et à la place de dire, comme il m'a fait son héritière, je pensais que j'avais le droit,
23:02 en réalité, elle est héritière que de la maison, et pas de ce qu'il y avait dedans,
23:05 et donner l'impression d'être de bonne foi, ou encore une fois, avouer,
23:08 à la place de ça, elle va nier l'évidence, ce qui est terrible en matière judiciaire !
23:12 (Générique)
23:14 - Rodica Négrouyou le crie haut et fort, elle n'a rien à se reprocher.
23:19 Mais un mois plus tard, une lettre vient donner une nouvelle dimension à l'affaire.
23:24 Ce courrier, à l'attention du juge d'instruction à Rives d'Israël.
23:29 Il y est question d'un certain Herman Goldstein, un homme que Rodica avait épousé en Roumanie.
23:37 Un homme décédé d'une crise cardiaque en 1982, à l'âge de 51 ans.
23:43 Sa soeur Esther, qui n'a jamais porté Rodica dans son cœur, considère aujourd'hui qu'il a été empoisonné.
23:51 - Rodica Négrouyou, cette lettre qui arrive d'Israël, et dans laquelle votre ancienne belle-soeur
23:57 vous accuse d'avoir tué Herman Goldstein, votre premier époux, comment vous en entendez parler ?
24:04 - À la télé. J'ai attendu, j'ai dit "mon Dieu, qu'est-ce qui se passe ? Je n'arrive pas à croire."
24:09 La soeur de mon mari, qui est une personne très méchante et jalouse, on n'a pas été en Israël avec elle.
24:17 - Mais alors pourquoi elle vous accuserait ?
24:19 - Puis elle m'a accusée sur le fait de prétexte. C'était la vengeance, c'est tout.
24:26 Elle n'avait qu'une preuve, c'était rien. Herman, il était décédé d'une infarction myocardique,
24:35 athéromatose, c'était une grosse fumeur. La mort l'avait prise à cause de sa maladie.
24:41 - Mais pour la justice, à ce moment-là, un troisième homme qui meurt autour de vous,
24:46 dans des circonstances étranges, ça fait beaucoup.
24:50 - Ce n'est pas autour de moi, c'était autour de leur vie, de leur maladie.
24:56 - Maître Gérard Michel, cette lettre, c'est un coup dur pour votre cliente.
25:05 - Sur le plan psychologique, c'est catastrophique et c'est pas de chance, parce qu'on va dire "ha ha,
25:11 son premier mari aussi est mort, ce monsieur de certain âge, il est mort de maladie, mais il a été incinéré.
25:17 Quand on remonte le temps, on a l'impression qu'il y a 3 morts. Il y a 3 décès différents.
25:21 Mais ça aura un effet catastrophique, ça donne l'impression que c'est une tueuse en série,
25:26 et surtout, pour l'opinion publique, ça devient "y a pas de fumée sans feu".
25:35 Le juge d'instruction ouvre une troisième information judiciaire pour rechercher les causes de la mort.
25:41 Rodican et Grouillou est maintenant inculpé pour 2 empoisonnements et un homicide volontaire.
25:49 Mais pourquoi aurait-elle empoisonné tous ces hommes ? Par apas du gain ? Par vengeance ?
25:55 Pour tenter de comprendre, les policiers se penchent sur la vie de cette femme.
26:01 Elle est née en 1939 dans un village isolé, reculé de la Roumanie.
26:06 Elle grandit aussi dans une famille modeste.
26:09 C'est une jeunesse pauvre dans un pays pauvre.
26:12 Une jeunesse dans un pays qui a été ruiné par la guerre.
26:17 Dans un pays écrasé par un régime communiste.
26:20 Il faut avoir en mémoire que nous sommes en plein air tchio-tchéskou.
26:23 Où le moindre objet est extrêmement difficile à trouver, où on ne peut pas faire des études facilement,
26:29 et quand on ne fait pas partie du système du régime, c'est très difficile de vivre.
26:34 En 1967, Rodican épouse Hermann Goldstein.
26:40 Un garçon naît un an plus tard et le couple s'installe dans la maison de la belle-famille.
26:45 Les rapports sont tendus. La vie de Rodican bascule en 1982.
26:50 Hermann meurt en 1982 et Rodican reprend ses études et devient infirmière dans un hôpital psychiatrique.
26:59 En 1985, Rodican et Grouillou arrivent à Nancy avec son fils, un visa touristique et quelques valises.
27:07 Pour gagner sa vie, elle travaille comme aide-soignante.
27:13 Docteur Francis Boquel, c'est vous qui avez expertisé Rodican et Grouillou alors qu'elle était en prison.
27:24 Quels sont les traits de caractère qui se dégagent de sa personnalité ?
27:28 Quand je la vois en prison, je suis en présence d'une femme, je ne dirais pas dans la manipulation,
27:36 mais en tout cas, développant un comportement et un discours qui, bien entendu, est dans la dénégation formelle.
27:44 Est-ce que vous avez le sentiment que c'est quelqu'un qui a une revanche à prendre sur la vie ?
27:49 Oui, absolument.
27:51 Il s'agit d'une femme qui pourrait très certainement être prête à beaucoup.
27:55 Et pas seulement pour elle, mais aussi pour son fils.
27:59 Comment qualifieriez-vous son rapport avec les hommes ?
28:03 Je pense que les relations et les rapports qu'elle peut avoir avec la genre masculine
28:08 ne sont pas des rapports inscrits dans le registre ou dans la dynamique de la séduction.
28:13 Je pense que c'est tout à fait d'un autre registre.
28:17 Lorsqu'elle est en présence d'un homme, est-ce que cet homme est intéressant pour moi
28:23 de telle façon que je puisse l'utiliser ?
28:25 Et une fois qu'elle l'a utilisé, il n'a plus d'intérêt à exister pour elle.
28:31 Elle le jette, comme elle jetterait un objet.
28:34 Pendant ce temps, en prison, Rodica ne se laisse pas abattre.
28:40 Elle est innocente et elle compte bien le démontrer.
28:46 Son avocat demande une contre-expertise toxicologique.
28:50 Maître Gérard Michel, qui est désigné pour procéder à cette contre-expertise ?
28:55 Cette contre-expertise va être confiée aux plus grands experts français d'époque.
28:59 Mme Rudler, qui dirige le laboratoire de la préfecture de police,
29:03 qui est experte pour la Cour de cassation, qui a une autorité incontestée.
29:07 Quels sont les résultats ? Qu'est-ce qu'elle dit ?
29:10 Mme Rudler arrive à des conclusions contraires de ceux de ses confrères nocéens.
29:15 Dans le cas de M. Jactel, on retrouve du phénobarbital, mais pas de digoxine.
29:19 Pour M. Eluist, c'est encore mieux, puisque Mme Rudler vient dire qu'il n'y a aucun élément.
29:25 Ni phénobarbital qui aurait pu l'endormir, ni digoxine qui aurait pu l'assassiner, rien !
29:30 La contre-expertise de Michel Rudler, c'est une fabuleuse nouvelle pour votre cliente.
29:34 C'est une fabuleuse nouvelle. On va demander au vu de cela la mise en liberté.
29:38 Et preuve, si on a besoin, que les juges se sont dit "Ah oui, il y a un problème".
29:42 Dans cette affaire de triple homicide, elle est mise en liberté.
29:46 Elle est mise en liberté parce qu'effectivement, l'expertise établit qu'il n'y a pas d'homicide.
29:50 Une libération qui passe mal chez les policiers.
30:07 Ça nous fait drôle. Ça fait drôle quand on a fait l'enquête et qu'on voit que sur une seule analyse,
30:15 les choses peuvent changer comme ça. Donc ça paralyse un petit peu l'enquête.
30:20 Il est 16h quand Rodican et Grouillou retrouvent son fils, qui est à sa maison de Maxéville.
30:32 Professeur Koudan, on a du mal à comprendre que cette nouvelle expertise puisse avoir des résultats
30:38 quasiment opposés aux vôtres. Est-ce que vous vous êtes trompé ?
30:42 Alors, à partir du moment où on a un prélèvement et on utilise la même technique,
30:47 les résultats, ça c'est mathématique, doivent être les mêmes.
30:50 Que ce soit dans les cheveux, que ce soit dans le foie.
30:53 Puisque de toute manière, le produit toxique diffuse de façon grosso modo uniforme.
30:57 Vous me dites qu'il y a eu des différences de résultats. Je les constate.
31:04 La seule explication scientifique, c'est que les méthodes ont été différentes.
31:09 Alors qui croit ?
31:14 Pour départager les experts, le juge demande une troisième expertise.
31:19 Les résultats confirment finalement le travail du professeur Koudan.
31:26 Les deux hommes ont bel et bien été empoisonnés.
31:29 Une déception pour Rodica, qui pendant ce temps n'est pas restée les bras croisés.
31:35 Dès sa libération, en avril 1993, elle attaque en justice tous ceux qui se sont mis sur son chemin.
31:51 Familles des victimes, policiers, médecins légistes, directeurs de la prison,
31:56 tout le monde en prend pour son matricule.
31:59 Maître Michel, elle y va pas un peu fort votre cliente en attaquant tout le monde comme ça à tort et à travers ?
32:05 Bien sûr qu'elle a tort et bien sûr que ça se comprend.
32:09 Imaginez que vous ayez fait dix mois de détention.
32:13 Imaginez que vous soyez traîné dans la boue de la presse tous les jours.
32:18 Imaginez qu'on vous accuse d'avoir tué votre premier mari, votre deuxième mari, un vieux monsieur que vous connaissiez.
32:24 Dans ce cas-là, vous avez envie d'exploser ?
32:27 Je pense en même temps qu'elle avait une lecture de la société française qui était fausse.
32:32 Elle pensait qu'on était comme en Roumanie.
32:34 Elle pensait que les juges et policiers recevaient des instructions.
32:37 Bref, elle entretenait sa paranoïa comme ça et ça explique beaucoup de son comportement.
32:42 Et elle est renvoyée devant le tribunal correctionnel, elle va être condamnée d'ailleurs.
32:45 Elle est renvoyée devant le tribunal correctionnel, notamment pour avoir accusé le juge d'instruction dans des conditions tout à fait étonnantes.
32:52 Comme elle est en liberté, elle se promène à Nancy tranquillement.
32:55 Elle croit ce juge d'instruction qui passe devant elle alors qu'elle allait traverser.
32:59 Elle se couche par terre, elle crie "au secours, au secours, la voiture vient de me renverser".
33:03 Elle va à la pharmacie en face en disant "le juge a voulu m'écraser".
33:07 Et donc, vous imaginez le tollé, poursuivi pour dénonciation imaginaire, poursuivi pour outrage, elle passe devant le tribunal correctionnel.
33:17 Et c'est là où la justice va la rattraper, alors qu'on avait été obligé de la mettre en liberté au moment du rapport de Mme Rudler.
33:26 On l'envoie en détention, ferme pour dénonciation calomnieuse, ferme.
33:31 Ce qui va permettre de la juger devant un cours d'assises détenue et non pas libre, ce qui aurait sans doute tout changé.
33:38 Vous savez, une dame qui assise sur une chaise au premier rang et quelqu'un qui est dans le boxe entre deux gendarmes, c'est pas pareil.
33:44 Vous avez attaqué les témoins, les policiers, le juge d'instruction ?
33:52 Oui, j'ai été accusée de défamation. Ils ont dit que j'avais inventé tout ça.
34:01 Comment je peux inventer une telle chose sans voir le numéro d'immatriculation de ton juge ?
34:09 C'était pas une invention, c'était mon réalité.
34:13 Est-ce que tout ça, toutes ces plaintes que vous avez faites, tous ces courriers que vous avez écrits, est-ce que tout ça, ça ne vous a pas desservi ?
34:20 Bien sûr que ça m'a desservi. Mais moi, je ne suis pas quelqu'un qui se laisse marcher sur les pieds quand on marche sur mes pieds et que j'ai mal.
34:29 Je pleure, je réagis, je suis un être humain.
34:33 Docteur Boquel, elle en fait tellement qu'elle perd presque toute crédibilité, est-ce qu'elle en a conscience ?
34:45 Elle développe en fait une position qui est celle d'argumenter un vécu de préjudice.
34:53 Elle estime qu'elle est mise en cause injustement, qu'elle est incarcérée injustement.
34:59 Donc dans cette situation, dans ce vécu qu'elle développe de victime, elle attaque à ce moment-là.
35:07 Et c'est aussi une façon d'exercer un contrôle sur l'ensemble des personnes qui l'ont mise en cause, c'est-à-dire qui l'ont mise dans cette situation-là.
35:15 Est-ce que vous, vous pensez qu'elle est pleinement responsable de ses actes ?
35:20 Elle présente des traits de caractère très particulier, mais en tout cas, elle ne présente pas de troubles psychiatriques, elle ne présente pas de troubles psychopathologiques.
35:31 Effectivement, on peut considérer qu'elle est totalement responsable de ses actes.
35:36 Rodican et Grouillou n'est pas folle. Elle peut donc être jugée.
35:42 Son procès s'ouvre en juin 1999 à Nancy. L'affaire Goldstein est trop ancienne et s'est soldée par un non-lieu.
35:52 Elle comparaît donc pour l'empoisonnement de Raymond Jactel et de Gérard Eluie.
35:59 La famille attend que Rodican et Grouillou soient condamnés. Si on a attendu 7 ans au niveau de la procédure, c'est qu'on a accumulé suffisamment de preuves et suffisamment d'éléments pour avoir une décision, pour qu'une décision soit enfin prise.
36:15 La salle d'audience est comble lorsque l'accusé fait son entrée dans le box.
36:27 Rodican et Grouillou, à son procès, elles arrivent très apprêtées.
36:31 Elle a sa chevelure blonde presque platine, impeccablement ordonnée. Elle a une petite veste de tailleur à rayures et elle entre dans le box.
36:45 On sent déjà avec beaucoup d'énergie. On sent dès les premières minutes que ça ne sera pas facile, facile.
36:51 Maître Michel, vous allez devoir composer pendant ce procès avec la personnalité de votre cliente.
36:57 À chaque instant, elle intervient, elle parle à tort et à travers, elle parle quand il faut ou pas. On a beau lui poser la main dessus pour qu'elle se taise, il n'y a rien à faire. Elle parle quand même.
37:08 Je veux dire quelque chose, monsieur le président. Et c'est parti.
37:10 Vous lui dites, c'est pas comme ça qu'il faut faire.
37:13 Le problème, c'est qu'elle ne s'en rend pas compte. Et je vais même plus loin. Je ne suis pas certain qu'elle avait une confiance totale en ses avocats.
37:20 Parce qu'elles se sont tellement persécutées, victimes d'accusations injustes, qu'elle pense que tout le monde est contre elle.
37:28 Elle perd son calme en permanence. Qu'est-ce que vous redoutez le plus ?
37:31 Moi, ce que je redoute le plus, c'est qu'elle devienne antipathique. Vous savez, il n'y a rien de plus injuste qu'un procès d'assises.
37:38 Parce que vous pouvez être le pire des salopards et paraître sympathique.
37:43 La veuve de Maxéville ne recule devant rien. Elle menace et insulte les témoins.
37:49 J'ai trouvé que le juge la laissait faire tout ce qu'elle voulait, raconter tout ce qu'elle voulait.
37:56 Et avec elle, qui avait la parole. Mais au bout de 8 jours, je dis, c'est pas possible qu'il la laisse hurler comme ça dans le tribunal.
38:05 Mais ce tempérament explosif va se retourner contre elle.
38:09 Nous avons parfois titillé ou provoqué, je dirais, Rodica pour que finalement, elle se lâche.
38:16 Passez-moi l'expression. Et c'est quand on se lâche que souvent, eh bien, on oublie naturellement d'être prudent.
38:24 Et on peut être amené à dire la vérité, ce qu'on va ensuite regretter.
38:32 Rodica perd son calme. Elle tombe dans le piège lorsque la cour apprend enfin où sont passés les fameux bons du trésor.
38:41 Les 750 000 francs si attendus et tellement voulus par Rodica sont entre les mains d'une de leurs connaissances, qui n'est autre que Claude, l'héritier de M. Jactel.
38:53 Maître Michel, cet aveu, c'est une chance pour vous.
38:56 Ça aurait dû être le tournant du procès. On devrait se dire, finalement, M. Jactel, il est peut-être mort de rien du tout.
39:03 Il y avait autour de lui, pas que Mme Négroyou, mais une série de gens qui étaient intéressés à ramasser tout ce qui pouvait venir de la petite fortune de M. Jactel.
39:14 Et en fait, elle va transformer ça en quelque chose de désastreux.
39:17 Elle se met debout. Elle crie "c'est un voleur, il m'a pris mon argent", c'est-à-dire en hurlant.
39:23 Et donc, ce n'est plus ce monsieur qui a pris l'argent de son oncle, c'est Mme Négroyou qui va absolument le butin.
39:32 "Il a pris mon argent" et ça donne un effet épouvantable.
39:35 Tout le monde oublie que le neveu avait menti, qu'il n'avait jamais dit ça, qu'il a pris cet argent quand il n'avait aucun droit à l'époque pour le faire.
39:43 Tout cela est suspect, elle va tout détruire par cette attitude irresponsable.
39:48 Finalement, elle est elle-même sa pire ennemie et il y aura un autre moment d'ailleurs dans le procès où elle va faire la même chose.
39:54 Mais exactement de la même façon.
39:56 On a disposé sur une table devant la cour d'assises tous les objets qu'on a trouvés chez elle au moment de la perquisition et qui lui appartenaient manifestement à M. Jactel.
40:06 On lui montre au fur et à mesure une tour Eiffel, un tableau de la guerre de 1914, contre toute évidence.
40:12 Elle dit "c'est à moi, c'est à moi, c'est à moi".
40:15 Et cela agace tellement mon confrère de la part civile que celui-ci prend sa montre, la pose sur la table des pièces à conviction et dit "et ceci madame".
40:25 Elle dit "c'est à moi, c'est à moi".
40:27 Il la prend et dit "non madame, c'est à moi".
40:29 Il la remet, rire général, c'est terminé.
40:31 Pour les jurés, elle est une menteuse jusqu'à la fin.
40:33 Mais en réalité, bien sûr que c'est une menteuse là-dessus, c'est une menteuse par cupidité, c'est de la bêtise.
40:41 L'avocat général demande 20 ans de prison.
40:44 Après seulement 3 heures de délibéré, le verdict tombe.
40:49 Les jurés ont suivi les réquisitions.
40:52 Coupable est condamné à 20 ans de réclusion.
40:57 Quand j'ai attendu les 20 ans, je ne croyais pas.
41:01 20 ans de prison pour des choses que je n'ai jamais commises.
41:06 J'ai crié "je suis innocente, c'est vous les criminels".
41:11 Comme ça j'ai dit "c'est vous les criminels qui m'accusez d'être innocente".
41:16 Et voilà, imaginez-vous, je me suis vu en prison, c'était un calvaire.
41:24 Et ils ont jeté avec leur boue sur ma personne propre.
41:30 Ils m'ont salie avec... Mais je suis propre, madame, je suis propre.
41:36 J'ai rien à me réprocher, rien du tout.
41:38 Pour Rodica, c'est un scandale.
41:42 Pour les familles, un soulagement.
41:45 Jean-Edoui, vous vous entendez coupable ?
41:48 J'ai pas entendu longtemps, puisqu'elle s'est mise à crier.
41:52 Elle s'est mise à crier, à insulter toute la cour.
41:55 En particulier de traiter le juge d'assassin.
42:00 Pour quelqu'un qui a eu un passé comme elle, sympathique.
42:06 Donc quand j'ai entendu ça, j'ai dit "bon, enfin, on est arrivé au bout".
42:10 Je me suis dit aussi, comme je ne crois pas au hasard,
42:14 1, 2, 3, bon, on arrête là.
42:17 Il y aurait peut-être eu 4, 5, 6 après.
42:20 A raison d'un, tous les deux ans...
42:23 Bon, je n'accuse pas là.
42:26 Mais je vous dis, je ne crois pas au hasard.
42:29 Aujourd'hui, Rodica est libre.
42:41 Elle est revenue vivre à Maxéville, où elle continue à crier son innocence.
42:48 Toutes ces années de prison, comment vous les avez vécues ?
42:52 J'ai survécu.
42:55 Je suis restée 17 années innocente parmi les personnes violentes.
43:00 Des vrais criminels, des vrais fautifs.
43:04 Respirer même l'air.
43:08 Et avoir peur d'eux.
43:11 Parce qu'en me promenant, je sentais quand même que j'avais besoin de respirer.
43:16 Parce qu'il y a une spéculation aussi de la personnelle de la prison,
43:21 d'administration pénitentiaire,
43:25 qui voit une personne qui a un peu la tête plus haute que les autres.
43:31 Et bien, il essaie de l'écraser.
43:36 Le fait que je suis innocente et combative,
43:42 ça m'avait gênée.
43:47 Vous occupiez vos journées comment en prison ?
43:51 Le moment-là, il a fallu travailler.
43:54 Parce que je travaillais dans une cellule enfermée.
43:58 Je faisais des tailleurs, des claquetures.
44:01 "Allez, tu fais ça, dépêche-toi."
44:05 Enfermée, comme une bête.
44:08 Et je travaillais quand même, dans toutes les prisons, gratuitement.
44:12 C'était un travail forcé. Je peux dire que c'était un travail forcé. Je travaillais.
44:16 Quand elle est libérée en janvier 2015,
44:19 la sulfureuse blonde est devenue une vieille dame.
44:22 Elle a alors 75 ans.
44:25 Le fait de la savoir libre, qu'est-ce que ça vous fait ?
44:28 Il y a une petite crainte derrière quand même.
44:31 Déjà, ça donne des frissons quand on apprend ça.
44:34 Et une petite crainte, qu'est-ce qu'elle va faire ?
44:38 Parce qu'avant, quand elle avait déjà des poignets liés,
44:43 c'était des plaintes contre tout le monde.
44:46 Aujourd'hui, comment allez-vous ?
44:49 Aujourd'hui, je suis...
44:52 soulivante.
44:54 De quoi vivez-vous ?
44:56 Aujourd'hui, j'ai une petite retraite.
44:59 Une retraite malheureuse.
45:02 Et j'ai fait également un petit...
45:05 J'ai fait le jardinage à part un potager.
45:08 Voilà, pour pouvoir exister,
45:11 manger des choses qui sont naturelles,
45:14 qui m'aident aussi financièrement, c'est-à-dire pour moi-même.
45:18 Bien sûr, le jardinage est pour moi-même et pour mon fils.
45:21 - Vous cultivez des légumes ? - Voilà, je cultive des légumes.
45:24 Les fleurs qui sont... Voilà.
45:27 J'ai fait des choses. Regardez mes mains.
45:30 Eh bien, ça se voit qu'il a beaucoup travaillé.
45:33 Mes mains et ma tête, ils ont travaillé honnêtement.
45:36 Pour les autres et pas pour moi,
45:39 parce que maintenant, j'ai tout rien.
45:42 - Rodica n'a plus un sou.
45:45 Depuis quelques années, elle a subi plusieurs déconvenues.
45:48 La famille élue a décidé de riposter.
45:51 A son tour, elle a attaqué Rodica Négroyou en justice.
45:54 - C'était dû au fait
45:57 qu'elle a eu beaucoup plus d'avantages que ce qu'elle méritait.
46:00 C'est-à-dire au niveau de l'héritage,
46:03 elle a eu un peu plus que la part des enfants.
46:06 Il y a eu aussi la pension de reversion,
46:09 qu'elle n'y a absolument pas droit.
46:12 - Elle continue de toucher ? - À l'époque, oui.
46:15 - Et donc, qu'est-ce que ça a donné, ces poursuites ?
46:18 Vous avez pu...
46:21 - On a récupéré l'argent touché en trop par elle.
46:24 Voilà, ça s'est arrêté là.
46:27 Et depuis, on n'a plus eu du tout de contact.
46:30 - C'était important pour vous ? - Oui, ça remettait les choses à leur place.
46:33 C'était surtout ça. C'était plus symbolique
46:36 qu'une histoire d'argent.
46:39 - Ultime humiliation pour elle,
46:47 la justice a considéré que son union avec Gérard Elue
46:50 était un mariage blanc.
46:53 La Francese lui a donc été retirée.
46:56 - Rodéka Negroyou, cette déchéance de nationalité,
46:59 vous qui teniez tellement à devenir française,
47:02 qu'est-ce que ça vous a fait ?
47:05 - Pour faire face à l'adversité,
47:31 elle a toujours pu compter sur un homme, son fils.
47:34 - Son fils va passer sa vie, il va la consacrer entièrement
47:39 à reprendre le dossier de sa mère,
47:42 à l'étudier feuille par feuille pour essayer de trouver la moindre faille
47:45 capable de faire tomber la condamnation de Rodéka Negroyou.
47:48 - Une ténacité qui finit par payer.
47:52 Après des mois de travail minutieux,
47:55 le fils de Rodéka fait une découverte qui va relancer l'affaire.
48:00 - Il s'aperçoit que dans l'expertise médicale,
48:03 on a dit que M. Jagtel prenait du colchimax.
48:06 Et dans le colchimax, dans la composition de ce médicament,
48:09 on retrouve du phénobarbital.
48:12 - Le phénobarbital, c'est cette molécule
48:17 qui a été retrouvée dans le corps d'Oraymon Jagtel,
48:20 celle qui aurait contribué à l'empoisonner, selon les experts.
48:23 Mais si le retraité prenait un médicament qui en contenait,
48:26 alors ça change tout.
48:30 - Professeur, cette découverte, c'est un revers pour vous ?
48:33 - À partir du moment où, dans le rapport d'expertise,
48:36 j'ai écrit qu'il n'y avait pas eu de prescription thérapeutique,
48:39 il faut reconnaître que c'est une erreur.
48:42 Voilà.
48:43 - Et finalement, cette discussion sur les expertises,
48:46 ça jette le trouble ?
48:49 - Je veux dire, et donc Mme Negroyou,
48:52 et bien sûr ses conseils,
48:55 peuvent se jeter effectivement sur ce détail
48:58 de l'histoire médico-légale,
49:01 qui, à mon avis, n'est pas très importante
49:04 si on analyse les faits sur le plan toxicologique
49:07 de façon mathématique,
49:10 mais néanmoins, je veux dire que ça me paraît tout à fait normal.
49:13 - Sur la base de ce nouvel élément,
49:18 Rodican Negroyou saisit en octobre 2007
49:21 la commission de révision des condamnations pénales.
49:24 [Musique]
49:27 - Maître, vous êtes l'avocat de Rodican Negroyou.
49:33 Vous déposez une demande de révision. Sur quel fondement ?
49:36 - Alors, en matière d'empoisonnement, il faut bien dire
49:39 quel est le produit qui a servi à l'empoisonnement.
49:42 On nous a servi pendant des années, vouloir veiller à empoisonner
49:45 au phénomène barbital, mais le phénomène barbital, ça faisait partie
49:48 des médicaments habituels de M. Jacques Tell.
49:51 Il a été le premier à faire cette requête devant la commission de révision
49:54 de la Cour de cassation. - Parce que ça, c'est un élément nouveau
49:57 de nature à faire naître un doute ? - Bien sûr, c'est un élément nouveau.
50:00 La commission de révision de la Cour de cassation
50:03 interroge des experts. Les experts vont effectivement
50:06 déclarer qu'il y a eu une erreur d'appréciation
50:09 et que ce médicament contenait bien du phénomène barbital,
50:12 mais ils vont considérer que la dose
50:15 de phénomène barbital qui a été relevée
50:18 dans le corps de M. Jacques Tell
50:21 est une dose non pas thérapeutique, c'est-à-dire que c'est pas une dose
50:24 qui corresponde à des médicaments, mais une dose toxique,
50:27 ce qui signifierait qu'on aurait pu rajouter
50:30 plusieurs doses de phénomène barbital
50:33 pour attenter à sa vie.
50:36 La demande est rejetée en avril 2010.
50:39 Une nouvelle déception pour Rodica
50:42 qui refuse pourtant de renoncer.
50:45 Un an plus tard, elle dépose une nouvelle demande en révision.
50:48 De récentes études viennent apporter un éclairage inattendu.
50:51 La présence de digoxine dans le corps des deux victimes
50:54 pourrait s'expliquer autrement que par un empoisonnement.
50:57 - Que disent ces nouvelles études anglo-saxonnes ?
51:00 - Il s'avère que des études effectuées
51:03 par des anglo-saxons qui ont suivi
51:06 une population d'obèses pendant plusieurs années
51:09 ont permis de s'interroger sur le fait
51:12 que les traces de digoxine sont présentes dans les analyses biologiques.
51:16 Ces obèses n'en prenaient pas,
51:19 mais ils avaient des traces de digoxine
51:22 dans leurs analyses biologiques.
51:25 Cela a permis à ces médecins de poursuivre leurs investigations
51:28 et de constater que certains individus,
51:31 plus particulièrement ceux qui étaient atteints
51:34 de pathologies comme diabète ou hypertension,
51:37 fabriquaient de manière endogène
51:40 de la digoxine.
51:43 Et bingo !
51:46 Une des victimes souffrait de diabète
51:49 et l'autre souffrait d'hypertension.
51:52 Ils rentraient dans le champ d'application des études citées.
51:55 - Ces morts pourraient être des morts naturels ?
51:58 - Ces morts sont des morts naturels.
52:01 Tout est possible, mais ça me paraît tellement extraordinaire.
52:04 Pour moi, on est plutôt au niveau du roman.
52:07 On est plutôt au niveau du roman,
52:10 de l'utopie, plus que de la démonstration scientifique.
52:13 - Donc, si on l'a retrouvé dans des proportions pareilles
52:16 dans leur corps, il a fallu aider un peu la nature ?
52:19 - Oui, c'est le moins qu'on puisse dire.
52:22 - Des avis scientifiques, une fois de plus,
52:25 complètement opposés, et une première véritable victoire
52:28 pour Rodica.
52:31 Fait rarissime, la commission de révision ordonne de nouveau
52:34 un supplément d'informations.
52:37 Les arguments de Rodica ont visiblement fait mouche.
52:40 Des investigations sont en cours.
52:43 Pour la famille élue, ces recours à répétition
52:46 sont de plus en plus difficiles à supporter.
52:49 - Pour nous, effectivement, c'est épuisant,
52:52 mais c'est une façon aussi de faire parler d'elle.
52:55 Je trouve ça pénible et...
52:58 Non, mais elle a le droit de le faire.
53:01 La loi française le lui permet.
53:04 - Vous renoncerez un jour ?
53:07 - Jamais. Je continuerai jusqu'à la fin de ma vie
53:10 à défendre mon innocence et ma liberté.
53:13 Ils m'ont volé la vie.
53:16 17 années de vol.
53:19 J'espère que j'aurai une révision.
53:22 Je suis l'innocente de Maxéville, madame.
53:25 Je suis l'innocente de Maxéville.
53:28 Et je crois qu'un jour viendra
53:31 et que tout sera vu à la lumière
53:34 et que je serai innocentée.
53:37 Santé.
53:38 [Musique]

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