Nomination de Gabriel Attal et son "passage éclair" à l'Education... Les informés du matin du mercredi 10 janvier 2024

  • il y a 8 mois
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00 Bienvenue dans les Informer en direct jusqu'à 9h30 sur France Info avec Renaud Delis.
00:04 Toujours Renaud Delis, bonjour Renaud.
00:06 Bonjour Saliha.
00:07 Et autour de la table ce matin, nos informés, Julie-Marie Lecomte, chef du service politique
00:11 de France Info, bienvenue.
00:12 Bonjour.
00:13 Et Gilles Bornstein, éditorialiste politique à France Info Télé, Canal 27.
00:17 Bonjour à tous.
00:18 Bienvenue Gilles.
00:19 Renaud Delis, on va tout de suite commencer, on va parler de notre nouveau Premier ministre
00:22 qui a fait ses premiers pas hier.
00:23 Eh oui, Gabriel Attal qui a donc été nommé hier par le chef de l'État.
00:27 Le chef de l'État qui, rappelons-le, lors de ses voeux aux Français avait fixé notamment
00:32 deux objectifs à l'exécutif, enclencher ce qu'il appelle le réarmement civique de
00:36 la nation et puis une année de régénération.
00:39 Alors est-ce que le profil de Gabriel Attal, ce nouveau et si jeune Premier ministre, colle
00:45 justement à cette fiche de poste en quelque sorte ?
00:47 Voici en tout cas quelques mots du nouveau Premier ministre Gabriel Attal hier lors de
00:51 la passation de pouvoir à Matignon.
00:53 Le plus jeune président de la République de l'Histoire nomme le plus jeune Premier
00:57 ministre de l'Histoire.
00:58 Je ne veux y voir qu'un seul symbole, celui de l'audace et du mouvement.
01:03 Le symbole aussi et peut-être surtout de la confiance, celle accordée à la jeunesse,
01:10 cette génération qui mérite que l'on se batte pour elle sans relâche.
01:14 Alors le plus jeune Premier ministre s'est dit répété, c'est vrai, 34 ans, mais la
01:19 jeunesse est un État, un État qui passe, j'en sais quelque chose.
01:22 Au-delà, Gabriel Attal, c'est effectivement une trajectoire extrêmement rapide, une ascension
01:28 extrêmement rapide.
01:29 C'est aussi un grand communicant, on l'a vu d'ailleurs à l'œuvre d'hier lors de son
01:33 déplacement dans le Pas-de-Calais.
01:35 Mais au-delà, est-ce que cette nomination marque une rupture, une relance du quinquennat
01:40 où en fait la continuation du macronisme, voire un retour aux sources sous un autre
01:45 nom synonyme qui serait donc cet Attalisme en gestation ?
01:49 Gilles Bornstein.
01:50 Je dirais un peu les deux.
01:53 Le fait que ce soit un retour au macronisme est une rupture parce que je trouve Macron
01:57 II s'était un peu éloigné de Macron I, cette promesse de en même temps, cette promesse
02:02 de dépassement.
02:03 On avait vu que ça allait de plus en plus vers la droite et j'ai le sentiment qu'en
02:07 nommant Gabriel Attal, en acceptant de nommer quelqu'un qui prendra une partie de la lumière
02:11 et on l'a vu hier, une grosse partie de la lumière, en renonçant à nommer un techno,
02:17 une sorte de directeur de cabinet à Matignon.
02:19 Emmanuel Macron nous a quand même un petit peu surpris parce qu'il y a une semaine,
02:24 on ne s'y attendait pas.
02:25 Il a montré qu'il était capable de travailler avec quelqu'un qui lui ferait peut-être
02:28 pas de l'ombre, mais qui encore une fois lui prendrait une partie de la lumière.
02:33 Ça, c'est pour la forme.
02:34 Sur le fond, est-ce que ça sera un retour à ce que beaucoup de macronistes de la première
02:39 heure espèrent, c'est-à-dire un retour au dépassement, un retour en même temps,
02:43 un retour et de droite et de gauche ? J'ai été frappé hier dans les réactions des
02:48 députés Renaissance, à quel point ça y est, on avait trouvé qu'ils ne sont tous
02:53 pas très contents d'avoir comme héritier potentiel Edouard Philippe, qui trouve vraiment
02:56 de droite, ou Bruno Le Maire, ou Gérald Darmanin.
02:58 À quel point ils étaient contents d'avoir enfin quelqu'un sur qui ils pouvaient miser,
03:03 qui était lui un vrai macroniste de la première heure, en espérant renouer avec leur même
03:07 temps.
03:08 Donc la gauche a raison de l'appeler le Macron bis, le Macron junior ?
03:11 Exactement, le Macron junior, mais plutôt Macron première forme.
03:15 Alors on verra si dans l'exercice de son mandat, il arrive à renouer avec ce Macron
03:21 de 2017, mais c'est à la fois une continuité avec 2017 et un petit peu une rupture avec
03:27 2022, je trouve.
03:28 Alors le Premier ministre a fait un premier déplacement hier dans le Pas-de-Calais, qu'a-t-il
03:33 dit ? Est-ce que sur le fond, parce qu'il y a la communication, on en a parlé, il est
03:36 très bon Gabriel Attal, mais sur le fond, quelle sera sa feuille de route ? Qu'a-t-il
03:40 prévu pour les mois, les années à venir ? On continue d'en parler juste après le
03:43 FIL INFO de Sophie Eichen à 9h10.
03:46 L'Azerbaïdjan appelle la France à stopper toute ingérence dans ses affaires internes
03:50 après l'arrestation d'un Français accusé d'espionnage par Bakou.
03:54 Il est incarcéré depuis plus d'un mois.
03:56 Arrestation arbitraire selon Paris.
03:58 Le Nord et le Pas-de-Calais sont toujours placés en vigilance orange cru.
04:02 Sur France Info, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, appelle
04:05 à des travaux d'extrême urgence alors que les abyssantes subissent des inondations
04:09 à répétition depuis deux mois.
04:10 Xavier Bertrand plaide pour un nettoyage des cours d'eau tout de suite, même si cela
04:14 ne suffira pas, selon lui.
04:16 Les armées britanniques et américaines disent avoir repoussé la plus importante attaque
04:20 de Houthis en mer rouge à ce jour.
04:22 La nuit dernière, le groupe rebelle a tiré depuis le Yémen une vingtaine de missiles
04:26 et de drones explosifs.
04:27 Les policiers sont appelés à manifester ce matin à Paris par le syndicat Unité SGP
04:32 Police pour protester notamment contre l'absence de congés pour les agents pendant les Jeux
04:36 Olympiques de l'été prochain.
04:37 De son côté, le syndicat Alliance appelle à une journée noire le 18 janvier.
04:41 De retour sur le plateau des informés avec Renaud Delis, avec Gilles Bernstein, aussi
04:56 éditorialiste politique à France Info TV, avec Julie-Marie Lecomte, chef du service
05:00 politique de France Info.
05:02 On a donc un nouveau Premier ministre de 34 ans qui est là pour relancer le quinquennat
05:07 d'Emmanuel Macron.
05:08 Mais avant, il faut constituer un gouvernement.
05:11 C'est ce qu'il fait en ce moment.
05:12 Un nouveau Premier ministre, en soi, ça ne suffit pas.
05:15 J'allais vous dire, j'ai eu le même sentiment que Gilles.
05:18 Ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu l'effet « waouh » dans la bouche des députés
05:22 macronistes.
05:23 On entendait ça très régulièrement pendant le premier quinquennat.
05:28 Et c'est vrai que depuis le second, c'était plutôt « mouais » voire « ouille ».
05:32 Donc voilà, retour de l'effet « waouh ».
05:35 Sauf qu'en réalité, rien n'est fait.
05:37 Et ça, dans les rangs du camp présidentiel, on en est parfaitement conscient.
05:42 Il ne suffit pas de nommer Gabriel Attal, d'avoir ce jeune visage à défaut d'être
05:49 nouveau.
05:50 Maintenant, il lui faut une équipe.
05:52 Et il va falloir voir…
05:53 – Mais il peut y avoir un effet « waouh » dans le gouvernement ?
05:55 – Je ne sais pas s'il peut y avoir un effet « waouh », mais en tout cas, dans la composition
06:01 de l'équipe, il y aura un certain nombre de messages et un certain nombre de jalons
06:08 qui seront posés pour essayer de comprendre de quelle manière Gabriel Attal souhaite
06:13 faire évoluer une donne politique qui, pour l'instant, est inchangée.
06:18 Xavier Bertrand, vous le rappelez tout à l'heure.
06:21 C'est-à-dire que Gabriel Attal, au-delà de la belle gueule, les 34 ans, le dynamisme,
06:27 les talents de communicant, arrive à Matignon exactement dans les mêmes circonstances qu'Elisabeth
06:33 Borne.
06:34 C'est-à-dire, sans majorité relative et avec des oppositions, pas franchement décidée
06:40 à lui mener une vie paisible.
06:42 – Sur la constitution du gouvernement, il y en a quand même des poids lourds qui sont
06:45 encore là.
06:46 – Oui, et ce qui est intéressant, d'ailleurs, ce qui est révélateur, c'est hier, par exemple,
06:48 Gérald Darmanin qui fait savoir qu'il traite avec le président de la République.
06:51 Il a eu très longuement au téléphone, ça c'est le ministère de l'Intérieur, la place
06:54 Beauvau qui l'explique, Emmanuel Macron.
06:55 – Et qu'il s'est fuité, ce qui est intéressant.
06:56 – Bien sûr, c'est évidemment Gérald Darmanin qui raconte tout de suite "j'ai eu le chef
06:59 de l'État, je l'ai eu longuement, il m'a renouvelé sa confiance, je reste place Beauvau".
07:03 Donc je ne traite pas avec le petit jeune de Matignon, le message est clair.
07:05 C'est sûr que pour Gabriel Attal, évidemment, il va falloir qu'il impose son autorité
07:11 à un certain nombre de poids lourds, dont celui-là et quelques autres.
07:13 On peut imaginer que Bruno Le Maire, même s'il a tweeté une photo où il est côte
07:17 à côte avec Gabriel Attal, Bruno Le Maire qui il y a quelques semaines, d'ailleurs,
07:22 confiait que Gabriel Attal ferait une excellente tête de liste pour les élections européennes.
07:25 Bon, manque de bol, voilà.
07:26 – Arrêtez, j'ai bien son boss.
07:27 – Au moment où une bonne partie de la majorité, dont Gabriel Attal, d'ailleurs, laissaient
07:31 entendre que Bruno Le Maire ferait une bonne tête de liste pour les élections européennes.
07:35 Au passage d'ailleurs, ce problème-là est résolu.
07:37 Dès lors que Gabriel Attal est à Matignon, peu importe le nom de la tête de liste pour
07:40 les élections européennes, c'était un casse-tête pour la majorité Emmanuel Macron,
07:43 de toute façon, de fait, c'est maintenant le nouveau Premier ministre qui va de fait
07:46 mener la campagne et essayer d'installer ce duel avec Jordane Bardella, justement,
07:51 puisque dans l'esprit d'Emmanuel Macron, c'est supposé être une arme anti-Bardella
07:54 aussi, la nomination de Gabriel Attal.
07:56 Peut-on s'attendre à vraiment, on le verra, peut-on s'attendre vraiment à des surprises
08:01 dans le gouvernement, des choses médiatiques à un fort impact dans l'opinion ?
08:05 Peut-être pas, justement, parce que cette nomination à fort impact dans l'opinion,
08:10 elle a déjà eu lieu avec Matignon.
08:12 En revanche, c'est vrai qu'un certain nombre de ministres dits de gauche ou issus de l'aile
08:17 gauche ont plutôt du souci à se faire.
08:18 Ils ont déjà laissé entendre de toute façon qu'ils avaient quelques états d'âme avec
08:22 la politique du gouvernement.
08:23 Et on peut imaginer que dès lors que Gabriel Attal est à Matignon, effectivement, Clément
08:27 Brune, Rima Abdel-Malak et quelques autres qui sont dans le viseur du chef de l'État
08:32 depuis qu'ils ont laissé transparaître leurs états d'âme au moment de leur immigration
08:35 n'ont pas forcément un très long avenir au sein du gouvernement.
08:38 Et juste un tout dernier point, c'est vrai que Gilles Banchelin a raison de dire qu'on
08:42 ne s'y attendait pas, il y a encore une semaine on entendait parler d'autres noms.
08:46 Et je me mets tout à fait volontiers dans cette cécité collective, alors qu'en fait,
08:52 c'était assez logique et c'est une nomination qui est logique, c'est-à-dire qui correspond
08:54 à un moment politique.
08:56 C'est le ministre le plus populaire du gouvernement sortant, c'est à peu près la dernière carte
09:00 qui reste d'ailleurs à Emmanuel Macron.
09:01 C'est un fidèle absolu, c'est effectivement un sosie, un mini-Macron.
09:05 Et il peut participer de cette politique de communication davantage, d'affichage, peut-être
09:11 plus d'ailleurs que de réforme.
09:13 Et tout l'enjeu, effectivement, Julie-Marie Lecomte avait raison de le souligner, c'est
09:16 que la situation politique n'est pas plus simple, il n'y a pas plus de majorité absolue
09:19 aujourd'hui.
09:20 Ce qui lui reste peut-être, c'est peut-être que les réformes les plus difficiles sont
09:23 derrière lui.
09:24 La réforme des retraites, la loi de migration, et qu'on peut se tourner vers un âge qui
09:28 sera plus tourné vers la communication et l'image pour essayer de relancer le pays.
09:31 Mais quand même, quand on arrive à Matignon et qu'on est Premier ministre, on n'a pas
09:33 envie d'afficher ses convictions, montrer ce qu'on a dans le ventre, Gilles Bernstein,
09:38 avoir une ligne politique.
09:39 Ça n'a jamais été le profil de Gabriel Attal.
09:42 Gabriel Attal, depuis le début, par choix ou peut-être parce qu'il n'en a pas réellement,
09:46 a toujours ses convictions, c'était Macron.
09:49 C'était assez simple.
09:50 Il a été adepte du macronisme, adepte du dépassement, adepte du "et de gauche et de
09:54 droite", adepte du "on peut travailler avec tout le monde", adepte du dialogue.
09:58 Et justement, lui, il a joué cette carte, là où certains faisaient jouer une singularité,
10:03 une politique un petit peu différente.
10:04 La droite populaire avec Gérald Darmanin, le rétablissement des comptes publics avec
10:09 Bruno Le Maire.
10:10 Lui, comme les deux autres favoris d'ailleurs, ça aurait été Julien Denormandie, ça aurait
10:13 été exactement la même chose.
10:14 Lui n'a jamais fait état.
10:17 En fait, il est exactement… C'est pour ça qu'il plaît à tous les maires.
10:21 Je pense qu'au sein de Renaissance, il n'aura aucun problème.
10:24 Il réconciliera la gauche et la droite de Rennaissance.
10:26 Il irrite personne, quoi.
10:27 Voilà, c'est pas un irritant.
10:28 Il n'y a pas d'irritant.
10:29 Tout le monde a de l'ambition, tout le monde sait qu'il a d'ambition, mais il n'a
10:33 pas vraiment d'ennemis parce qu'il se comporte à peu près… Il a des adversaires.
10:37 Il n'a pas que des amis.
10:40 Jean-Michel Blanquer, l'ancien ministre de l'éducation nationale, mais qui n'est
10:41 plus dans le jeu politique, garde un souvenir amer de sa collaboration avec Gabriel Attal
10:45 et ses récits pro-accord.
10:46 Les deux se détestaient.
10:47 Pour répondre à la question…
10:48 Jean-Michel Blanquer et Gabriel Attal.
10:49 Ses convictions, c'est le macronisme.
10:51 Et donc, je ne pense pas qu'il va faire entendre… Je ne pense pas… Enfin, je n'ai pas le
10:55 sentiment.
10:56 Il va certainement essayer de capitaliser sur ce qu'il a fait à l'éducation nationale,
11:01 le retour de l'autorité, etc.
11:03 Mais pas de conviction particulière.
11:06 J'ai été, si j'ai encore 30 secondes, frappé d'une chaussière…
11:08 Plus que ça, Gilles, allez-y.
11:09 Pendant la passation de pouvoir, où lui affichait une feuille de route, on le sentait assez
11:14 régalienne, où Elisabeth Borne lui a signé elle-même une feuille de route en disant
11:19 « il ne faut pas oublier qu'on a été élu sur une promesse d'égalité ».
11:22 Elle a dit « il reste beaucoup de chemin à parcourir pour que, quelle que soit son
11:28 origine, quelle que soit son adresse, chacun ait ses chances ».
11:31 Elle ne l'a pas dit pour elle, justement, pour laisser une image comme ça, puisqu'elle
11:35 avait l'image de l'autoritaire, de la technocrate et repartir…
11:38 Moi, j'ai eu le sentiment qu'elle lui disait « voilà, ton cahier des charges,
11:42 c'est très bien de faire de l'autorité, c'est très bien de faire du savoir, mais
11:47 c'est aussi de renouer, toujours pareil, avec la promesse de 2017, qui était aussi
11:51 une promesse d'égalité, une promesse d'égalité des chances, du macronisme originel, lui disant
11:58 « ça fait 7 ans qu'on est au pouvoir et cette promesse, elle n'est pas vraiment
12:01 remplie et si tu es fidèle à Macron, il faut que tu la remplisses ».
12:05 Mais cette feuille de route, en fait, finalement, Julie Marie Lecomte, ce n'est pas Emmanuel
12:09 Macron lui-même qui va la définir, on a le rendez-vous avec la nation qui est prévu
12:14 encore en janvier.
12:15 Emmanuel Macron, il doit donner du contenu, en fait, à ces expressions qu'il nous a
12:20 livrées, notamment lors de ses voeux et de nouveau hier, en félicitant Gabriel Attal
12:29 pour sa nomination, je ne sais pas si Emmanuel Macron est le mieux placé pour féliciter
12:32 Gabriel Attal puisque c'est lui qu'il nomme, mais en tout cas pour l'encourager
12:35 dans ses nouvelles fonctions, ces mots de régénération, réarmement, voilà, maintenant
12:42 il faut qu'ils disent concrètement aux Français ce que ça veut dire, mais là où, sans doute,
12:48 quand même cette nomination de Gabriel Attal marque un tournant, sinon d'ailleurs dans
12:55 le deuxième quinquennat que dans le moment de pouvoir d'Emmanuel Macron, donc si on
13:03 englobe les deux, on arrive à un moment où, effectivement, Emmanuel Macron, pour la première
13:09 fois alors que c'était complètement tabou autour de lui, dit « bon ben voilà, là
13:15 je fais monter une nouvelle génération, avec les risques que ça représente d'ailleurs
13:20 pour Gabriel Attal parce qu'il peut se cramer dans l'enfer de Matignon, mais je fais monter
13:25 une nouvelle génération et puis surtout j'électrise un petit peu le jeu, y compris
13:29 dans mon propre camp en vue de la présidentielle de 2027, parce que j'envoie aussi un message
13:35 à des Bruno Le Maire ou à des Édouard Philippe qui… écoutez, en fait, il n'y a pas de
13:42 potentat, il n'y a pas de chasse gardée, vous n'êtes pas nécessairement les seuls
13:50 candidats à potentiel dans cette course à la succession.
13:55 – Un gros coup de vieux à Édouard Philippe donc.
13:56 – Non mais ça c'est très clairement un message, un tournant, d'abord pour Édouard
14:00 Philippe mais aussi d'ailleurs par ricochet pour Gérald Darmanin ou Bruno Le Maire, très
14:04 clairement, c'est-à-dire qu'il y a une forme de successeur potentiel adoubé par
14:07 le chef de l'État, les plus anciens d'entre nous se souviennent d'ailleurs que François
14:10 Mitton avait fait le coup en 84 en nommant Laurent Fabius, c'est-à-dire que Laurent
14:13 Fabius, l'irruption de Laurent Fabius qui était jusque-là le précédent plus jeune
14:17 Premier ministre, il avait été nommé, il n'avait pas 38 ans à Matignon, avait électrisé
14:22 le Parti Socialiste de l'époque et Lionel Jospin avait assez mal vécu la promotion
14:26 de Fabius à l'époque.
14:27 – Ce qui était dit jusqu'ici de Gabriel Attal c'était "il joue en première ligue",
14:31 mais là effectivement Emmanuel Macron fait de lui quelqu'un dont la présence remodèle
14:38 d'une certaine manière assez durablement le paysage politique parce qu'un député
14:42 me disait, la formule était assez drôle, en fait Gabriel Attal, qui est l'enfer de
14:46 Matignon, même au moment où il va quitter Matignon, vu l'âge qu'il a, il peut aller
14:49 jouer de la guitare pendant 20 ans, il revient, il a toujours un prochain de présidentiable
14:54 parce que…
14:55 – Il jouera bien et il pourra revenir politique.
14:58 – Parce qu'en réalité, voilà, il aura eu cette expérience-là, donc en fait il
15:02 est étoffé et durablement.
15:04 – On s'arrête une petite minute, le temps du Fil info à 9h21 et c'est Sophie Echêne.
15:09 [Générique]
15:10 Il fait encore très froid aujourd'hui en France, 7 départements sont maintenus en
15:13 alerte orange neige verglas, La Manche, le Calvados, l'Orne, l'Or, l'Or et l'Oire,
15:18 les Yvelines et les Sönnes.
15:19 Les transports scolaires sont suspendus dans plusieurs de ces départements.
15:22 En Ile-de-France, la vitesse reste limitée à 70 km/h sur les grands axes.
15:26 Il est notamment à l'affiche d'"Anatomie d'une chute" de Justine Trier, l'acteur
15:30 et réalisateur Samuel Taï s'est visé par une plainte pour viol, déposé par un technicien
15:35 pour des faits présumés commis l'été dernier sur un tournage en Moselle.
15:38 Le patron de Boeing reconnaît une erreur.
15:41 Après le décrochage d'une porte en plein vol vendredi dernier aux Etats-Unis, l'incident
15:44 a provoqué le maintien au sol de dizaines de 737 MAX et l'appareil concerné, lors
15:49 de vérifications sur plusieurs de ses avions, des boulons pas assez resserrés ont été
15:53 découverts.
15:54 Le dirigeant promet de traiter le problème en toute transparence à chaque étape du
15:58 processus.
15:59 Le coup d'envoi de l'euro masculin de handball aujourd'hui en Allemagne.
16:02 Les bleus champions olympiques en titre affrontent la Macédoine du Nord, ce sera à 18h.
16:07 Et les informer continue avec Julie Marie Lecomte, chef du service politique de France
16:23 Info, avec Gilles Bornstein, éditorialiste politique à France Info Télé.
16:27 Et Renaud Delis, parmi les critiques qui sont adressées à Gabriel Attal, nouveau Premier
16:31 ministre.
16:32 Il y a ce passage éclair au ministère de l'Education nationale.
16:34 Et oui, parce que cette promotion à Matignon, elle vient donc couronner des débuts en fanfare.
16:38 Rue de Grenelle, un petit peu moins de six mois, beaucoup d'annonces, quelques décisions
16:42 aussi.
16:43 L'interdiction de la baïa et du camis à l'école au nom de la défense de la laïcité,
16:47 mais aussi ce qu'il appelait le choc des savoirs.
16:50 Modification du calendrier du bac avec le report au mois de juin des épreuves de spécialité.
16:54 La promesse d'instaurer des groupes de niveau au collège en français et en mathématiques.
17:00 Et quelques autres annonces, sauf que voilà, un peu moins de six mois donc.
17:03 Et puis, s'en va.
17:05 Est-ce bien raisonnable et que vont devenir les engagements de l'éphémère ministre
17:08 d'Education nationale ? Voici ce qu'en disait ce matin sur l'antenne de France Info, Pierre
17:13 Mathieu, qui est directeur de Sciences Poly et qui est aussi l'inspirateur de la réforme
17:17 du bac.
17:18 Il n'a pas fait de rentrée.
17:19 Là, ils étaient en préparation de la rentrée.
17:21 Donc, bien entendu, les équipes administratives, donc la haute fonction publique du ministère
17:26 de l'Éducation nationale est stable, reste en fonction.
17:28 Donc, on va dire que la haute administration assure évidemment la continuité du travail
17:32 qui est lancé.
17:33 Mais ce qu'il faut voir, évidemment, c'est que plusieurs des réformes annoncées ou des
17:36 changements annoncés qui, quand même, sont pas minces dans le système éducatif, en
17:40 effet, sont lancés, mais n'ont pas encore trouvé leur mise en œuvre, puisque en général,
17:44 ça se met en place au moment des rentrées scolaires.
17:46 Donc, la prochaine fois, c'est au mois de septembre prochain.
17:48 – Voilà, donc, effectivement, Grébert Attal ne sera pas resté longtemps en rue de Grenelle.
17:51 Attention, hier, lors de la passiation de pouvoir, il a eu cette formule "j'emmène avec moi
17:55 la cause de l'école à Matignon".
17:57 Bel engagement, une fois de plus, sauf qu'il n'emmènera pas le ministère, visiblement,
18:01 parce que du côté de l'Élysée, on fait savoir très clairement qu'il en est hors
18:03 de question et qu'il ne cumulera pas Matignon avec le ministère de l'Éducation nationale.
18:09 Dès lors, que vont devenir les engagements de ce ministre de l'Éducation nationale,
18:16 aussi populaires à ce poste qui leur occupait fort peu de temps ?
18:18 – On imagine la déception de l'administration, du personnel enseignant, Gilles Bernstein.
18:23 – Oui, hier, ils étaient tous énervés de perdre leur ministre aussi vite,
18:26 mais à la façon dont ils disaient qu'ils étaient énervés de le perdre,
18:30 ça voulait dire aussi qu'ils n'étaient pas si mécontents que ça
18:32 de ce ministre de l'Éducation nationale.
18:35 C'est vrai qu'on se demande ce qu'il en sera de toutes ces annonces.
18:37 Moi, enfin, s'il y a bien quelque chose auquel Gabriel Attal va être attentif,
18:41 c'est son propre capital politique, la préservation de son capital politique,
18:45 qu'il a battu, j'écoutais des sondeurs hier disant,
18:49 c'est ce qu'il n'y a plus dans l'opinion, c'est "je dis, je fais".
18:52 Mais ça veut dire aussi "je dis, ça se fait".
18:55 Et donc, je pense que lui, qui a dit qu'il emmènera l'Éducation nationale à Matignon,
19:01 le président de la République qui avait dit que désormais c'était le domaine réservé,
19:05 ils vont tous les deux avoir à cœur, ne serait-ce que pour leur intérêt politique,
19:08 que ce qui a été annoncé se fasse, pour qu'ils en tirent, et l'un et l'autre,
19:14 les bénéfices politiques, donc l'interdiction de la baïa, c'est déjà fait,
19:18 il y a un certain nombre d'autres choses qui n'ont pas besoin d'appareils législatifs,
19:21 c'est une question de moyens, pour les classes de niveau,
19:24 pour un certain nombre de choses, il faut mettre les moyens pour qu'il y ait des profs.
19:27 Mon sentiment, évidemment, il y aura de la perte en ligne, évidemment, tout ne se fera pas.
19:31 Mais je pense que pour des intérêts politiques,
19:34 et Emmanuel Macron et Gabriel Attal feront très attention à ce qui a été promis,
19:39 que la plus grande partie se fasse, de toute façon.
19:41 – Oui, mais alors, qui pourra incarner ce ministère ?
19:43 – Ça, ça va compter aussi.
19:45 – Ça, c'est la question, parce que ce ministre-là sera doublement sous tutelle,
19:48 et c'est compliqué de trouver une personnalité suffisamment…
19:52 – Qui n'a pas de personnalité ?
19:53 – Il faut quand même un mélange, il faut quand même une personnalité,
19:56 mais il faut quelqu'un qui accepte d'être quand même un ministre sous tutelle.
19:59 – Julie Marie Lecompte, est-ce qu'on a des infos là-dessus ou pas ?
20:02 – Non, je ne me risque pas du tout à ce genre de pronostic,
20:07 mais oui, effectivement, tout porte à croire que les choses seront faites
20:12 dans l'éducation nationale, mais en réalité, ce passage express,
20:17 je crois de cinq mois, il porte préjudice à Gabriel Attal,
20:23 parce qu'il accentue ce qu'on disait tout à l'heure sur la question
20:29 de savoir exactement ce qu'il a dans les tripes.
20:32 Gilles, la question…
20:33 – Ça ne va jamais au bout.
20:34 – La question de son ossature politique, par exemple,
20:37 est une question que certains, y compris de ses amis, se posent en macronie,
20:46 et certains de ses ex-amis encore plus,
20:49 parce que Gabriel Attal sera toujours confronté au soupçon de l'ambition,
20:56 c'est-à-dire à quoi est-il prêt au nom de l'ambition ?
21:01 Et ce passage de cinq mois-là, il y sera, je le crains, durablement renvoyé.
21:07 – Renaud ?
21:08 – Oui, je suis assez d'accord avec ce que dit Julie Maran au Compte un instant.
21:10 Alors, pour être bien clair, c'est de la faute d'Emmanuel Macron,
21:12 ce n'est pas tellement de la faute de Gabriel Attal,
21:13 c'est-à-dire que dès lors qu'Emmanuel Macron lui propose…
21:15 – Mais ce serait sa tâche à lui, son poids lui.
21:17 – Non, non, bien sûr, je suis d'accord avec vous.
21:18 C'est-à-dire que dès lors qu'Emmanuel Macron lui propose Matignon,
21:20 c'est difficile que Gabriel Attal refuse.
21:22 Donc là, ça pose d'ailleurs plutôt la question d'Emmanuel Attal,
21:24 dans quelle mesure il a instrumentalisé Gabriel Attal
21:26 et le ministère de l'Éducation nationale avec un certain nombre d'annonces
21:29 spectaculaires pour désamorcer, en tout cas, ce ministère au bout de moins de 6 mois.
21:37 C'est vrai que ça ne fait pas très sérieux en termes d'engagement,
21:39 du côté du chef de l'État encore une fois, lorsqu'on met en avant la priorité de l'école.
21:44 Et je pense que ça peut nuire aussi à Gabriel Attal,
21:46 parce que ça souligne effectivement des interrogations,
21:49 d'une part sur ses vraies convictions et sur le contenu idéologique.
21:53 On s'interroge souvent, parfois déjà, même si on le pratique maintenant
21:56 depuis quelques années, sur la vraie nature idéologique du macronisme.
22:00 Je pense qu'on n'a pas fini d'enquêter pour essayer de définir la vraie nature du attalisme.
22:05 Et puis d'autre part, ses sauts de puces aux différents ministères
22:09 soulignent le côté communiquant extrêmement brillant et ambitieux,
22:12 qui réussit, qui assouvit ses ambitions.
22:15 Mais ce n'est pas un réformateur jusque là, Gabriel Attal.
22:17 Il n'a pas mené de réforme.
22:18 Et d'ailleurs, les annonces qu'il a faites à l'Éducation nationale,
22:20 c'est des choses qui, effectivement, comme le disait Julie Bentschein,
22:22 ne passent pas par la voie législative.
22:24 Contrairement, par exemple, à Bruno Le Maire à Bercy
22:27 ou à Gérald Darmanin à l'intérieur, ou même en son temps d'ailleurs, au budget,
22:31 qui a été occupé aussi par, brièvement aussi, par Gabriel Attal.
22:35 Gérald Darmanin, c'est celui qui avait instauré le prélèvement de la source, par exemple.
22:38 Gabriel Attal, lui, n'a pas de réforme alors qu'il est à son actif.
22:41 L'épreuve du Parlement avec cette majorité relative
22:43 auxquelles il va devoir faire face.
22:44 Merci beaucoup à tous les trois.
22:46 Julie Marie Lecomte, chef du service politique de France Info,
22:49 Gilles Bernstein, éditorialiste politique à France Info Télé sur le Canal 27.
22:53 Donc, Renaud Delis, nous, on se retrouve demain.
22:55 A demain, salut.
22:56 Avec plaisir, les informés sont de retour ce soir à 20h
22:59 avec Bérangère Bonte et Jean-François Aquilli.

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