• il y a 11 mois
Les stages et l’apprentissage constituent des leviers privilégiés d’insertion. Éric Varin, dirigeant d’ACP Thermique Sedra, en a conscience et tient à embaucher ses apprentis, à défaut il active son réseau pour leur trouver un poste ailleurs. De son côté, Leïla Grison, directrice Equité et Inclusion chez Publicis France, nous parle de ses actions pour la diversité en entreprise et du programme Publicis Track, qui donne accès aux agences du groupe à des élèves boursiers en BTS Communication.

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Transcription
00:00 Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
00:06 Bismarck, partenaire du collectif Les Entreprises s'engage une fois par mois.
00:17 Je reçois dans ce Smart Impact deux membres de cette communauté qui agit pour une société inclusive et un monde durable.
00:22 Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Leïla Grison. Bonjour.
00:25 Bonjour.
00:26 Et pour finir, on a avec nous, directrice équité inclusion chez Publicis France et Eric Varin. Bonjour.
00:31 Bonjour.
00:32 Et bienvenue à vous aussi, dirigeante d'ACP Thermique, Cédra.
00:35 Je vais commencer par une question toute simple et la même pour tous les deux.
00:38 Pourquoi vous avez rejoint cette communauté Les Entreprises s'engage ? Qu'est-ce que ça représente pour vous ?
00:42 Alors d'abord, c'est l'occasion d'échanger avec des gens de grande qualité.
00:46 Alors je pense tout particulièrement à Sylvain Raymond et Joséphine Naboux, que j'ai la chance de voir régulièrement.
00:52 Pour une fois et depuis longtemps, la capacité de mettre en relation les entreprises et les instances gouvernementales
00:59 et de faire se rencontrer à la fois des besoins qui sont ceux de la nation, mais aussi les réalités de l'entreprise qui ont parfois du mal à se rencontrer.
01:06 C'est deux univers qui ne parlent pas toujours le même langage.
01:08 C'est ça. Exactement. On parle souvent de la même chose, pas toujours avec le même langage.
01:12 Et là, ça permet de connecter plus rapidement, notamment en matière d'éducation et d'inclusion, qui sont les sujets que, pour ma part, je porte.
01:18 On va parler ici, Eric Varin, sur ces thèmes-là. On peut dire qu'en quelque sorte, ils vous ont repéré, les entreprises qui t'engagent.
01:23 Oui, exactement. Parce que justement, je réfléchissais à votre question.
01:27 Moi, je suis engagé depuis 1994. Dès la création de l'entreprise, j'ai commencé à m'engager au niveau de l'apprentissage.
01:34 Et donc, toujours reprendre des apprentissages, les former, etc., les amener dans un emploi.
01:39 Pas forcément celui dans lequel ils ont appris, en quelque sorte, mais au moins leur faire connaître le monde du travail.
01:46 C'est un engagement que j'ai fait depuis 1994. Et j'ai été effectivement, à P, à un moment donné, dans les entreprises qui s'engagent.
01:52 Et c'est comme ça que j'ai pu être dans ces entreprises qui s'engagent.
01:56 C'est quoi, votre domaine d'activité ?
01:59 Alors nous, nous sommes plombiers, chauffagistes. On fait de la salle de bain également et de la climatisation.
02:04 Petite PME, on est 14 dans l'entreprise. Donc petite entreprise. Donc on ne peut pas embaucher tout le monde, bien entendu.
02:11 Mais on a 5 apprentis, toujours, et les compagnons. Et ces compagnons que nous avons, ce n'est pas des compagnons qui sont arrivés chez nous en étant compagnons, déjà.
02:21 Ils sont arrivés apprentis. Donc on les a recrutés. Il y en a certains qu'on a recrutés à 15 ans.
02:26 Ils sont maintenant des compagnons qui forment les apprentis. Donc on a un cercle vertueux qui nous permet d'avoir...
02:31 Et ça nous fait une équipe super jeune de 25 ans. Si nous enlevons... On m'enlève.
02:36 Ça fait une super moyenne d'âge. 25 ans, très dynamique et très volontaire.
02:42 Les seniors sont aussi dynamiques que les volontaires.
02:44 Mais oui, ça marche même avec vous dedans.
02:46 Oui, ils nous suivent.
02:48 Alors on va beaucoup parler d'inclusion, évidemment, dans notre échange.
02:51 Publici, je le disais en préparant l'émission, s'est donné des objectifs de juste représentation de la société française dans ses effectifs.
02:57 Quel levier vous activez pour y arriver ?
03:00 Le premier levier... Il y en a deux en réalité.
03:04 On est effectivement un groupe important de communication et de marketing en France.
03:09 On est le numéro 2 mondial. On est parmi les agences les plus primées en termes de belles campagnes et de belles réalisations.
03:15 Chaque jour, on touche des millions de personnes.
03:18 Quand on fait cela, et je le dis de manière hyper humble, on a aussi une immense responsabilité.
03:24 On a une surface et un terrain de jeu qui sont objectivement très excitants pour des publicitaires.
03:28 Pour autant, on a aussi une immense responsabilité.
03:30 Donc le premier levier, c'est celui de l'éthique de responsabilité.
03:34 Quand on est une grande entreprise qui fabrique de l'image toute la journée, et qui la produit,
03:38 et qui a pour effet de créer des imaginaires collectifs...
03:41 Donc déjà, c'est ce que vous diffusez.
03:43 C'est ce qu'on diffuse.
03:44 C'est déjà ce levier-là.
03:45 Mais pour être juste dans ce que nous diffusons, et des justes représentations des personnes et de leur singularité,
03:52 alors il convient que les équipes soient elles aussi mixtes et plurielles.
03:57 Parce que la réalité, c'est que les différentes populations, selon votre parcours socio-économique,
04:02 votre parcours éducatif, l'endroit où vous vivez, vous n'avez pas les mêmes expériences,
04:05 et pas les mêmes langages de la réalité.
04:08 Et donc des équipes mixtes permettent aussi d'être plus juste dans les représentations.
04:11 Et ça, c'est parce qu'on a un deuxième devoir, qui est celui de la performance.
04:15 De la même manière qu'une chaîne de télévision ou qu'un média,
04:18 les acteurs de la création ont tout intérêt à rester connectés avec leurs audiences.
04:23 Et rester connecté avec son audience nécessite quand même de bien la comprendre.
04:26 Mais alors, là on est dans les objectifs,
04:29 mais est-ce que ça suppose de sortir de ces critères de recrutement,
04:35 d'un certain nombre de biais, pour atteindre ces objectifs ?
04:38 Bien sûr, ça s'impose. Ça ne suppose pas, ça s'impose.
04:42 Tout petit exemple, quand j'ai pris mes fonctions il y a deux ans,
04:45 on a créé ce département Diversité, Équité et Inclusion,
04:48 et on constatait qu'on était assez peu divers dans les équipes, j'étais une exception en réalité.
04:53 Après, il n'y a pas que des diversités visibles, en tout cas celle-ci.
04:57 Et on a fait le constat que 90% de nos stagiaires et alternants venaient de grandes écoles de commerce.
05:03 Quand on regarde la sociologie des grandes écoles de commerce en France,
05:06 ou des grandes écoles publiques notamment en France,
05:09 alors on se rend bien compte qu'il y a très très peu de diversité.
05:12 Et ce peu de diversité qu'on retrouve dans les études supérieures,
05:15 seulement 12% de fils et filles d'ouvriers, alors qu'ils représentent 21% des enfants de la France.
05:21 - J'ai trouvé ces chiffres-là, 2022, pardon de vous interrompre, mais ça donne un argument et un détail.
05:27 Les enfants d'ouvriers ou d'inactifs représentaient, on va regarder cette infographie,
05:31 seulement 6% des élèves d'écoles de commerce et 10% des étudiants en université.
05:39 Donc c'est contre ça qu'il faut lutter.
05:41 - Absolument, absolument. Et puis vous montez à l'université,
05:44 c'est-à-dire qu'ils vont être un certain nombre à rentrer en première année,
05:48 ils seront encore 13% en licence, ils ne sont plus que 7% en Master 2.
05:52 Est-ce que c'est un défaut d'intelligence ? Je ne crois pas.
05:54 Est-ce que c'est un défaut d'envie, d'ambition ? Certainement pas.
05:57 En revanche, on sait qu'en France, le contexte socio-économique dans lequel vous vivez
06:02 pèse encore beaucoup trop lourdement sur votre trajectoire.
06:05 Et je ne parle pas non plus des origines autres que le contexte socio-économique.
06:09 - Je voudrais qu'on parle de l'apprentissage avec vous, Éric Varin.
06:11 Vous l'avez dit, ça fait plus de 20 ans que vous le pratiquez.
06:14 Vous avez fait le bilan ? Combien d'apprentis accompagnés, embauchés ? Comment ça se passe ?
06:22 - Alors, effectivement, j'ai fait un petit bilan parce que tout à l'heure,
06:25 on est une cinquantaine de personnes que j'ai pu former.
06:28 Donc, il y a des apprentis qui restent.
06:30 - À la taille de votre entreprise, c'est important.
06:32 - Donc, ce qui veut dire que j'en ai… Comme j'en ai cinq en permanence,
06:35 donc ce qui me permet de… Alors, ça tourne.
06:38 Je veux dire, je ne peux pas embaucher tous les cinq chaque année
06:41 sinon j'aurai une entreprise super importante.
06:44 Mais ce que je fais, généralement, ces apprentis vont soit prendre un cursus complémentaire
06:49 dans une autre entreprise. Et donc, pour ça, j'utilise mon réseau.
06:53 Donc, je suis membre de la Fédération française du bâtiment.
06:56 - Vous les placez à la fin de l'apprentissage ?
06:58 - Je les place dans d'autres entreprises de façon qu'ils puissent continuer leur cursus
07:01 si chez moi, ça ne peut pas se faire.
07:03 Ou alors à des confrères qui vont les embaucher avec l'expérience qu'ils auront chez moi.
07:09 - Mais ça veut dire, si vous faites ça depuis 20 ans, la réforme de Muriel Pénicaud
07:13 quand elle a été ministre du Travail, qui a quand même reboosté l'apprentissage,
07:16 ça n'a rien changé pour vous ? Vous le faisiez déjà ?
07:19 - Ça n'a rien changé. Et puis de plus, il y avait une partie qui existait.
07:22 Donc, on l'a simplement médiatisé. Donc, ça existait.
07:26 Donc, pourquoi ? On l'a médiatisé. Effectivement, ça a donné un boost.
07:29 Et donc, à ce moment-là, on a eu une pénurie d'apprentis.
07:31 Il y avait moins de personnes qui arrivaient sur le marché.
07:34 - Ça se donnait plus difficile pour vous d'en trouver.
07:35 - Plus difficile d'en trouver. Mais ceci dit, c'est très bien. Tant mieux.
07:39 - Est-ce que l'apprentissage, ça fait partie des habitudes, des métiers de la communication
07:43 et de la publicité ? Ou pas totalement ?
07:46 - Alors, de plus en plus, l'apprentissage, l'alternance, de plus en plus.
07:51 Pendant un temps, ça a profité quasiment plutôt au bac +4, +5, de grandes écoles,
07:56 parce qu'on restait enfermé un peu dans ce prisme-là.
07:58 Et tout l'enjeu, c'était justement d'ouvrir et de faire que ça serve tout le monde.
08:02 Donc concrètement, ce qu'on a fait, nous, c'est qu'on a commencé à élargir le vivier
08:07 dans lequel on recrutait en apprentissage et en alternance,
08:10 notamment auprès des BTS et en alternance dès le bac +3.
08:15 - Vous avez un programme qui s'appelle Publicis Trax, c'est ça ?
08:17 - Oui, absolument.
08:18 - Donc c'est de ça dont on parle. Comment ça marche, racontez-nous.
08:21 - Comment ça marche ? Donc ça partait du constat que j'évoquais tout à l'heure,
08:23 à savoir qu'on recrutait à peu près toujours aux mêmes endroits.
08:27 Et on a constaté par ailleurs, dans les chiffres de l'éducation nationale,
08:30 que le BTS était la formation la plus égalitaire en France.
08:34 Donc avec une juste représentation des proportions d'enfants d'ouvriers dans la société,
08:38 d'enfants d'ouvriers en BTS, et jusqu'au cadre dirigeant, ou enfants de cadre dirigeant.
08:42 Il existe des BTS communication.
08:44 On a donc répertorié cinq lycées publics, au début en Ile-de-France, et on va s'élargir,
08:49 en REP et REP+ classés en zone d'éducation prioritaire, comme on aurait dit auparavant,
08:54 et adressé donc des élèves de première et de deuxième année de BTS communication
08:57 qui ont proposé des stages dans nos très belles agences,
09:00 ce qui ne se serait jamais produit avant,
09:02 en les accompagnant de bout en bout aussi avec des masterclass,
09:06 avec des parcours un peu sur mesure de coaching, de confiance en soi.
09:10 Ce n'est pas évident de rejoindre un groupe du CAC 40
09:12 avec des gens qui ont tous trois langues.
09:15 C'est une question que j'allais vous poser.
09:16 Est-ce qu'il y a aussi, je n'arrive pas à trouver le mot,
09:21 un blocage personnel à combattre chez certains ?
09:25 Non, publiciste, ce n'est pas pour moi.
09:27 Bien sûr, je vois très bien ce que vous dites.
09:28 Je n'ose pas y aller, ça ne sert à rien que j'essaie.
09:30 Peut-être parce que pendant longtemps, la porte était vraiment fermée d'ailleurs.
09:33 Alors voilà, parce que beaucoup nous l'ont dit, et je sais que c'est vrai,
09:36 c'est-à-dire publiciste, je n'aurais même pas osé y penser.
09:41 La réalité, c'est que rares sont les gens qui s'autocensurent,
09:43 que ce soit les élèves ou les femmes ou les personnes LGBTQI+,
09:46 ou les personnes en situation de handicap,
09:48 sans qu'à un moment, il y ait eu une forme de censure,
09:51 sans qu'on ait dit son nom, qui venait aussi des codes sociaux,
09:54 et donc des espaces qui vous sont "autorisés", et ceux qui vous le sont moins.
09:59 Et là, effectivement, le fait qu'on crée des passerelles
10:02 permet à la fois aux jeunes de se dire "c'est aussi pour moi",
10:05 et de se rendre compte qu'ils sont complètement capables,
10:07 et pour les managers, de se rendre compte que c'est aussi pour eux,
10:10 et que ces étudiants, un peu plus jeunes,
10:13 mais pour autant apportent beaucoup de talent, de richesse,
10:18 et d'ouverture à nos métiers.
10:20 Donc c'est une rencontre qui finit par lever l'autocensure des deux côtés.
10:25 Merci beaucoup, merci à tous les deux.
10:28 C'est l'heure de notre rubrique consacrée aux startups,
10:31 c'est Smart Ideas, tout de suite.

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