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Les invités de Nelly Daynac débattent de l'actualité dans #180minutesInfo du lundi au vendredi

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00:00:00 L'actualité se poursuit bien sûr consacrée au troisième train de mesures annoncée par Gabriel Attal à l'occasion d'une assez longue conférence de presse,
00:00:07 épaulée de trois de ses ministres pour aller un petit peu plus dans la matière après son propos liminaire.
00:00:12 C'est bien sûr de tout cela dont nous allons parler cet après-midi avec beaucoup de réactions sur le terrain de la part des agriculteurs.
00:00:17 On va aussi le commenter en plateau avec Pierre Lelouch qui est là. Bonjour Pierre.
00:00:21 Bonjour Nathalie.
00:00:21 Je rappelle que tu es un ministre et qu'en plus vous avez présidé au destiné de ce qui s'appelle l'Europe.
00:00:27 Vous étiez aux affaires européennes à l'époque donc vous connaissez bien toutes ces questions autour de la PAC notamment.
00:00:32 Bonjour. Merci à vous Edouard Legra d'être là. Vous êtes agriculteur, président de la coordination rurale du Loire-et-Cher.
00:00:37 Bonjour.
00:00:38 Vous allez nous dire tout le bien ou le mal, je ne sais pas, que vous pensez de ces annonces de Gabriel Attal.
00:00:43 Et puis Vincent Roy, journaliste, est là également.
00:00:45 Donc partout en Europe la même question. Il y a un malaise, il y a un marché qui est une jungle.
00:00:49 Nous avons fait des erreurs. C'est aussi la chose qu'on pourra retenir.
00:00:52 C'est que Gabriel Attal a concédé aujourd'hui un certain nombre d'erreurs et puis beaucoup d'annonces, parfois fleuves, parfois techniques.
00:00:59 Il va falloir les décortiquer mais j'aimerais évidemment qu'on aille voir sur le terrain si celle-ci trouve l'assentiment des agriculteurs.
00:01:05 Dans l'attente de la conférence de presse de la FNSEA, en réponse à Gabriel Attal, nous sommes avec vous Antoine et Steph à Chilimazarins.
00:01:11 C'est sur la 6. Vous êtes entourés d'agriculteurs depuis plusieurs heures. J'imagine qu'ils l'ont suivi sur leur écran.
00:01:17 Quelles ont été les réactions à chaud ? Est-ce que ça va dans le bon sens ?
00:01:19 On vous dit encore que ce sont des effets d'annonce.
00:01:22 Alors on n'a pas eu le grand mouvement de colère qu'on a eu lors des dernières annonces la semaine dernière du Premier ministre Attal, souvenez-vous.
00:01:31 Lorsqu'il avait terminé son propos, il y avait eu quand même quelques mouvements de colère, des bottes de paille qui avaient été déversées
00:01:37 ou encore des feux qui avaient été allumés sur les barrages. Et là on n'a pas assisté à ça.
00:01:41 Pour l'instant, tout le monde se pose des questions. On va dire que c'est mi-figs, mi-raisins.
00:01:45 La simplification notamment administrative du travail des agriculteurs semble avoir fait mouche pour beaucoup d'entre eux.
00:01:52 On a pu entendre ici et là autour de nous des agriculteurs se satisfaire de cette simplification.
00:01:57 Ils sont assez satisfaits aussi de tout ce qui est mesures européennes pour l'instant en tout cas.
00:02:03 Je vous rappelle ici sur le barrage de la 6 avec des agriculteurs de la FNSEA et des jeunes agriculteurs.
00:02:08 Ils sont les chefs en ce moment en train de parler avec leurs organes nationaux qui vont décider oui ou non d'élever des barrages.
00:02:17 Pour l'instant, ici le barrage reste et vous le voyez derrière moi, il y a encore beaucoup de ravitaillement dans tous les sens du terme.
00:02:23 Il y a du bois pour le feu, il y a encore de l'eau qui vient d'arriver et de la nourriture aussi qui est arrivée ce matin.
00:02:28 Bref, ils sont prêts à tenir encore plusieurs jours, certains nous disent même plusieurs semaines.
00:02:32 Merci beaucoup Antoine et ça vous reviendra vers vous lorsque tout cela aura un petit peu décanté.
00:02:37 Vous avez vu cette petite vignette apparaître, c'est la conférence de presse de la FNSEA qui elle aussi s'organise
00:02:42 et qui va dire si Gabriel Attal au fond est allé au cœur du sujet et a trouvé les réponses adéquates pour faire cesser le mouvement de colère
00:02:49 et peut-être ramener les agriculteurs chez eux sur leurs exploitations.
00:02:53 C'est aussi la question que je vais vous poser et doire le gras dans les grandes lignes avant d'aller dans la matière.
00:02:57 Est-ce que c'est encore, on en est encore selon vos discours d'intention,
00:03:01 ou le fait de donner des données chiffrées dans des domaines bien précis et d'aborder à défaut de secteur ou filière par filière
00:03:08 les grandes thématiques qui posent problème, que ce soit la transmission, le changement climatique, le foncier,
00:03:14 les retraites aussi, on a appris quelque chose sur les retraites, et puis le pouvoir d'achat, le revenu des agriculteurs.
00:03:21 Vous avez appris des choses que vous n'aviez pas encore entendues. Ma question est toute simple déjà.
00:03:25 Effectivement, j'ai l'impression qu'il y a une prise de conscience. Il y a plus d'éléments qu'au début du conflit.
00:03:32 J'ai l'impression que les choses avancent et il y a du mieux.
00:03:36 D'accord. Qu'est-ce qui vous a le plus satisfait ?
00:03:41 On est toujours frappé par les chiffres, bien sûr, dans ces conférences de presse.
00:03:45 Est-ce que ce sont les fameux 150 millions compromis en soutien fiscal et social ?
00:03:51 Et ces allègements de charges aussi qui concernent les jeunes agriculteurs ?
00:03:54 Vous êtes un jeune agriculteur, même si vous n'appartenez pas à ce syndicat.
00:03:58 C'est peut-être ce qui m'a le plus déçu, parce que 150 millions d'euros, à chaque fois, comme vous dites, ça fait une enveloppe énorme.
00:04:02 Et quand vous divisez par le nombre de producteurs, ça ne fait pas grand-chose au final.
00:04:06 Donc, on va dire que sur la partie élevage, j'ai l'impression qu'il manque encore quelques volets.
00:04:11 Ce que j'ai le plus noté, quand même, c'est sur la partie, on va dire, phytosanitaire,
00:04:16 où notamment le plan Eco-Phyto 2030 a l'air d'être suspendu. Donc, je pense que c'est quand même une bonne nouvelle.
00:04:22 D'accord. C'est quelque chose qui vous touche au premier chef ? C'est-à-dire, qu'est-ce que vous faites, vous, comme activité ?
00:04:27 Je suis céréalier. Et dans le plan Eco-Phyto 2030, il y avait 50% de suppression des phytosanitaires.
00:04:33 Et sans vraiment de solution. Et là, il a également dit qu'à chaque fois qu'il y aurait suppression de produits phytosanitaires,
00:04:39 il y aurait une solution. Ce qu'on n'a jamais eu auparavant, notamment avec les nécrotinoïdes, par exemple.
00:04:44 D'accord. Sur ce qu'il a dit à propos des céréales ukrainiennes, sur lesquelles on va se pencher,
00:04:49 après avoir a priori décidé qu'on serait plus restrictif sur l'importation, en tout cas plus regardant sur l'importation de volailles ukrainiennes.
00:04:57 Ça aussi, c'est quelque chose qui trouve votre assentiment ? Vous attendiez beaucoup de ce point de vue ?
00:05:00 Oui, c'est très bien. J'étais du coup à Matignon hier avec Gabriel Attal. Donc, on a parlé de l'Ukraine.
00:05:06 Et bien évidemment, on sait que l'Ukraine, entre guillemets, fait le bouclier – il ne faut pas tout mélanger – par rapport à la guerre.
00:05:13 Donc il y a un moment où on ne veut pas enfoncer l'Ukraine non plus. Mais de là à amener du poulet qui ne correspond pas du tout à nos marchandises, ça ne va pas.
00:05:20 Et ça, je pense qu'on va dire de contrôler toutes ces importations. C'est très bien.
00:05:25 De votre point de vue, en tout cas, vous n'êtes pas encore concerté, mais pour la coordination rurale, le mouvement, selon vous, va s'arrêter là
00:05:32 ou va se poursuivre pour continuer à obtenir des choses ?
00:05:34 J'en sais absolument rien. Là, ça vient juste de sortir. Et nous, vous savez, on a une démarche. C'est toujours le terrain qui décide.
00:05:40 Donc le temps de reprendre un peu tout, on va dire, le poumon du terrain de tous les départements,
00:05:45 et après une concertation avec notre présidente, et on prendra une décision par la suite.
00:05:49 Alors Pierre Lelouch, je sais, je connais votre regard et votre oeil critique sur toutes les décisions gouvernementales.
00:05:57 Pas toujours.
00:05:59 Pas toujours, mais enfin, je vous ai vu être un petit peu dubitatif sur ce qui a été annoncé. Pourquoi ?
00:06:04 Parce que c'est l'expérience. Malheureusement, je suis suffisamment vieux, disons le mot, pour savoir comment ça se passe.
00:06:14 Clairement, aujourd'hui, on a une opération assez bien ficelée, avec plusieurs éléments.
00:06:21 L'un, c'est le président à Bruxelles et les annonces qu'il va faire, parce qu'il va prendre la parole, d'après ce que je comprends,
00:06:30 pour dire ce qu'il a obtenu de l'Europe, et on y reviendra, parce que là, c'est très compliqué, en même temps que assez facile à vendre, si j'ose dire.
00:06:40 C'est-à-dire, sur le Mercosur, vous n'êtes pas convaincu ? Vous dites "la France ne peut pas peser tout son poids, ça ne marche pas comme ça" ?
00:06:45 Le problème, c'est que la Commission, elle ne fait pas les choses toute seule.
00:06:51 La Commission ne fait que sur le mandat des États.
00:06:55 Et donc, le Mercosur, nous avons signé un mandat de négociation, avec les autres États.
00:07:01 C'est comme ça que la négociation a été menée.
00:07:03 Et d'ailleurs, ça a failli être signé avant Noël, et ça devait l'être ce mois-ci, si les paysans ne s'étaient pas réveillés à temps pour le bloquer.
00:07:11 Donc, d'une part, un gouvernement qui donne un mandat, de l'autre, quand ça va mal, qui se réveille en disant "bah non, finalement, il faudrait peut-être stopper, renégocier, etc."
00:07:20 Sauf que, nous sommes 27, que dans les 27, il y a un tas de gens qui n'ont pas d'agriculture et qui n'en ont rien à faire.
00:07:27 D'autres qui ont d'autres intérêts au Brésil, en Argentine, des voitures allemandes, ou des intérêts politiques comme l'Espagne et autres, eux, ils veulent signer.
00:07:34 Nous, on est réticents, parce que ça pose des problèmes, notamment dans le secteur le plus sinistré qui est l'élevage.
00:07:40 Et là, le Président, en fait, il est dans une grande difficulté, parce qu'il n'est pas sûr qu'on soit soutenu par les autres.
00:07:48 Donc, à moins de faire une crise, je pense que l'affaire de Mercosur, honnêtement, elle va continuer.
00:07:54 À moins que je sois sourd, ou que j'entende tout à l'heure que Madame von der Leyen dise "on arrête", ce qui m'étonnerait beaucoup.
00:08:02 L'idéologie de la Commission, c'est quand même le libre-échange.
00:08:05 - Et puis, il n'y a pas que le Mercosur, en fait, c'est ça ?
00:08:06 - Et puis, il n'y a pas que le Mercosur.
00:08:07 Donc, ce qu'il faut, c'est concevoir ces négociations de libre-échange, ça ne s'agit pas d'être protectionniste.
00:08:13 Il s'agit de les faire avec un esprit de réciprocité, c'est quand même un thème que moi, à l'époque, j'avais introduit dans l'Union,
00:08:19 et qu'on soit sûr que les concessions, que les conditions de concurrence soient équitables des deux côtés de l'Atlantique.
00:08:26 Ça, c'est un des points.
00:08:27 Mais je reviens, encore un mot, hein.
00:08:30 Donc, il y a l'opération Bruxelles, l'opération Attal avec ses déclarations, et puis la négociation qu'il y a eu hier avec les syndicats.
00:08:37 Donc, tout ça est coordonné pour qu'en fait, aujourd'hui, ce soit le moment tournant où les paysans acceptent de rentrer chez eux.
00:08:44 C'est ça le sujet.
00:08:45 - Alors, je vous propose d'aller voir Harold Eman, qui nous attend à Bruxelles,
00:08:48 où semble-t-il donc Emmanuel Macron va prendre la parole à l'issue de la journée
00:08:53 pour revenir sur ce qu'il estime avoir pu négocier, ou en tout cas, avoir pu mettre en avant.
00:09:00 Emmanuel Macron, Harold, dont on a dit qu'il avait peut-être un petit peu fanfaronné sur tous ces dossiers,
00:09:05 avec une importance peut-être qu'il s'attribue plus grosse que celle réelle.
00:09:12 En fait, c'est un petit peu ce que nous dit Pierre Lelouch sur ce plateau.
00:09:16 Racontez-nous un petit peu ce qui se joue et sur quoi le président de la République peut vraiment peser de tout son poids aujourd'hui.
00:09:23 - Alors, si les 27 chefs d'État et de gouvernement sont à Bruxelles, c'est à cause de l'Ukraine, c'est pas à cause de l'agriculture.
00:09:32 Et voilà que les agriculteurs se sont invités par milliers. On les voyait déjà hier soir dans les rues, ils ont klaxonné toute la nuit.
00:09:39 Et donc, ça s'est injecté dans le dossier ukrainien. Et le dossier ukrainien a été réglé en très très peu de temps.
00:09:44 C'est déjà réglé. Victor Orban a accepté un compromis. Il aura un droit de regard tous les deux ans.
00:09:50 Pour faire très très simple, maintenant, l'agriculture, évidemment, est sur la table et c'est le silence total.
00:09:56 Ici, à Bruxelles, aucun chef d'État n'est sorti pour dire quoi que ce soit.
00:10:01 Et notez que l'Ukraine et l'agriculture, c'est lié, puisque les agriculteurs ukrainiens ont des facilités pour exporter leurs biens en Europe.
00:10:09 Et cela fâche notamment la Pologne. Et en plus, Orban, qui n'est jamais à une surprise prêt, est sorti dans la rue hier pour serrer la main des agriculteurs
00:10:18 groupés autour du quartier européen pour dire que eux, c'était le peuple.
00:10:22 Donc, vous voyez qu'il y a beaucoup de pression diplomatique croisée. Il y a l'Ukraine, mais il y a l'agriculture. Les deux se touchent.
00:10:28 Merci beaucoup, Haroldo. On vous retrouve tout à l'heure et vous nous dites, bien sûr, si la prise de parole d'Emmanuel Macron se confirme
00:10:34 et si l'horaire s'affine également. Vincent Roy, qu'on n'a pas encore entendu, on va rester un petit peu sur cette question de Bruxelles,
00:10:40 parce que ça va être l'actualité immédiate dans les prochaines heures. On verra si ça corrobore aussi ce que nous annonçait Gabriel Attal, assez confiant, tout à l'heure.
00:10:49 Il y a le Mercosur, mais pas que. Vous avez raison de dire qu'on ne va pas se concentrer sur ça.
00:10:53 Il y a les importations ukrainiennes, mais il y a aussi, et on n'en a pas beaucoup parlé, la question de la jachère.
00:10:58 Là-dessus, on pourrait obtenir quelques avancées et un délai des dérogations qui durent.
00:11:02 Un propos liminaire sur le Mercosur, Gabriel Attal est très clair. Il dit "il n'est pas question pour la France d'accepter ce traité, c'est clair, net et précis".
00:11:14 Oui, mais il vous dit, il n'y a pas de plus qui décide.
00:11:16 J'ai parfaitement entendu ce qu'a dit Pierre Lelouch. Je ne fais que rapporter les propos. Effectivement, on voit mal comment ça peut se négocier à long terme.
00:11:25 Vous avez également la question des "close-miroirs", les fameuses "close-miroirs", c'est-à-dire ces fameuses réciprocités dont parlait Pierre Lelouch dans le cadre des libres-échanges.
00:11:37 Là, encore une fois, on voit mal comment ça peut se passer. Et puis, évidemment, la question des céréales ukrainiennes.
00:11:44 Là encore, ce qu'on n'arrive pas à comprendre, c'est quelle est, parce qu'il y a beaucoup d'effets d'annonce, c'est quelle est la marge de manœuvre du président de la République actuellement à Bruxelles.
00:11:55 Il va s'exprimer, on va voir. Mais là, pour l'instant, pour ce qui est de la partie européenne, qui est quand même la grosse partie dans la question de l'agriculture française, il faut attendre de voir.
00:12:08 Moi, je reste un peu sur ma fin, même si on nous dit, par exemple, qu'on va mettre dans la loi, non pas la souveraineté alimentaire française, mais l'objectif de la souveraineté alimentaire française.
00:12:18 C'est assez adroit d'un point de vue purement sémantique.
00:12:21 Ça peut être une déclaration d'intention pure, en fait.
00:12:24 Comme le droit à l'avertement de la Constitution, le droit de respirer de l'air pur. Vous savez, en 25 ans de vie au Parlement, j'en ai vu des lois avec des mots comme ça. On dit des mots, oui.
00:12:33 Donc ça, c'est quoi ? C'est de la poudre aux yeux pour apaiser un peu les esprits ?
00:12:36 Ça veut rien dire, surtout dans le cadre d'une politique qui est fédéralisée. Je répète, dans le cadre de l'Union européenne, il y a deux choses qui sont fédéralisées.
00:12:45 Il y a l'agriculture et le commerce extérieur. À la limite, vous pourriez supprimer le ministère ou la Banque de France.
00:12:52 D'ailleurs, c'est pareil, depuis qu'on a une monnaie unique, vous pourriez supprimer la Banque de France en France et le ministère de l'Agriculture, car il ne sert rigoureusement à rien, sauf à faire de la paperasse.
00:13:01 Car la politique agricole, nous l'avons déléguée à Bruxelles. Et c'est Bruxelles qui paye les agriculteurs français au pro-ata des hectares de la production, selon un barème décidé là-bas, pas en France.
00:13:14 C'est ça qui est fou. Donc, qu'on me dise « souveraineté », très bien, mais alors ça voudrait dire reprendre le contrôle de cette politique agricole.
00:13:21 Or, nous ne le faisons pas, puisque le statu quo, c'est nous donnons 21 et quelques milliards chaque année de contributions obligatoires de la France,
00:13:31 et on aurait pu récupérer aujourd'hui que 9,5 milliards ou 10 milliards, la moitié, qui sont essentiellement donnés aux agriculteurs.
00:13:38 Le reste s'évapore, puisqu'on n'a plus de fonds structurels, on ne reçoit plus d'aide d'aucune sorte de l'Union, sauf pour l'agriculture.
00:13:45 Donc, si on met « souveraineté nationale » sur l'agriculture, on est en train de dire quelque chose qui est contre-intuitif par rapport à la réalité.
00:13:54 C'est pour ça que, si vous voulez, les mots c'est bien, mais moi ce que je voudrais comprendre, c'est exactement ce que ça veut dire.
00:14:01 Est-ce que, par exemple, le Green Deal de Madame van der Leyen, qui implique le plan phyto de 2030, la réduction drastique, vous savez ça, -50% d'utilisation,
00:14:12 c'est de ça dont vous parliez, vous dites « ces temporaires morts n'ont pas supprimé mais suspendu ».
00:14:18 - Ça veut dire quoi ? - Faut voir si on y reviendra un jour ou pas.
00:14:21 - Ça veut dire quoi concrètement ? Vous pensez que la Commission et les autres États vont renoncer à la suppression du phyto dans une politique ?
00:14:29 À moins de dire « on arrête le Green Deal ».
00:14:31 - Les autres pays européens ont l'air d'avoir le même problème que nous.
00:14:34 - Edouard Legras, vous pensez que peut-être c'est reculer pour mieux sauter, ou alors on botte en touche pour calmer, apaiser une colère,
00:14:39 mais en se disant « advienne que pourra un petit peu plus tard ».
00:14:42 - Je ne sais pas, en fait, quand j'entends M. Lelouch, peut-être que je suis naïf, en fait, effectivement,
00:14:46 et peut-être que je ne maîtrise pas toutes les mesures européennes, mais on va dire qu'en fait il y a du conjoncturel et du structurel.
00:14:52 Et j'ai envie de dire que sur le conjoncturel et sur la crise vraiment du moment, encore une fois, je pense qu'il y a une première avancée.
00:14:58 Après, sur le structurel et au niveau de l'Europe, de toute façon, c'est très bien qu'on ne va pas tout résoudre en 10 mois.
00:15:03 - Tout gagner non plus.
00:15:04 - Le plan Green Deal, le pacte vert, prévoit 50% de pesticides en moins, 20% d'engrais chimiques en moins, 50% d'antibiotiques en moins pour les animaux,
00:15:20 25% de surface bio et 10% de jachères.
00:15:25 Ce n'est pas utopique, c'est le programme qui est prévu.
00:15:29 - On marche sur la tête pour le coup.
00:15:31 - La question que je pose, mais ce n'est pas une critique encore une fois, c'est qu'est-ce qui a été changé par rapport à ce plan ?
00:15:39 - J'aimerais, parce que là, je vous assure que ça reste peut-être un peu abstrait pour ceux qui nous regardent, quand on élabore comme ça des pensées sur des grandes lignes,
00:15:51 et là on sait qu'on est sur les intentions du gouvernement, mais j'aimerais quand même qu'on thématise un petit peu.
00:15:58 - Vous disiez tout à l'heure qu'il n'y a pas grand-chose concernant l'élevage, Edouard Legras.
00:16:01 Mais quand même, il y a eu un certain nombre d'annonces quand il parle de la valeur alimentation.
00:16:05 Là, je parle de Gabriel Attal, c'est lui au fond qui a fait le plus d'annonces.
00:16:09 Les viandes de synthèse feront l'objet d'une législation pour définir ce que c'est vraiment.
00:16:15 Pareil, la promotion de l'étiquetage de l'origine des produits français sera renforcée.
00:16:20 Alors ça ne signifie pas uniquement la viande, tous produits, mais bon, visiblement, ils ont l'intention quand même de ne pas induire les consommateurs en erreur.
00:16:28 Ça, ce sont des choses quand même, c'est du concret, ça pour le coup.
00:16:30 - C'est concret, mais en fait, les éleveurs, ils attendent de la trésorerie, enfin du cash.
00:16:34 - Pour rouler de l'argent, en fait. Enfin, à dispo, rapidement.
00:16:38 - C'est ça, et là, la viande de synthèse, ça ne change rien.
00:16:41 Évidemment, il faut en parler, c'est très bien, mais c'est loin d'être suffisant.
00:16:44 - D'accord. Et sur les collectivités locales et les cantines qui doivent passer à 20% de bio,
00:16:48 ça va renforcer quand même une filière bio qui, pour l'instant, est presque transparente.
00:16:51 - Non, il vaut mieux dire local que bio. Si le bio, ça vient de l'autre bout du monde, ça n'a aucun sens non plus.
00:16:57 - Donc voilà, vous voyez, c'est toujours, tout est dans la subtilité, en fait, du langage de l'exécutif, Vincent Roy.
00:17:03 Ils peuvent dire des grands labels ou faire des grandes affirmations sans que ça signifie qu'on va aller vers plus de protectionnisme, en fait.
00:17:10 - Non, mais le fond du problème, effectivement, c'est dramatique parce que ça a été évoqué par Pierre Lelouch.
00:17:16 Le fond du problème, c'est que, vous aviez un exemple criant d'ailleurs ce matin dans le Figaro,
00:17:19 le fond du problème, c'est que tout est décidé à Bruxelles. Il faut en être conscient.
00:17:25 C'est uniquement là que tout se passe. Vous avez ce matin un article dans le Figaro qui est vraiment très intéressant.
00:17:30 On vous explique, Bruxelles, vous expliquent les petits hommes gris, comme dit Pascal Praud, comment vous devez faire de la confiture.
00:17:36 On vous donne le taux de fruits que vous devez avoir dans vos confitures.
00:17:39 Ce qui fait que quand vous allez vouloir vendre votre confiture, merdement, c'est que si vous n'êtes pas dans les normes, vous n'aurez plus le droit de la vendre.
00:17:45 Le système devient totalement fou. Alors, soit vous avez à la fois du cœur et du courage, c'est pas mal en politique,
00:17:55 et vous allez à Bruxelles en disant "Vous voyez ce qui se passe, je veux protéger mon agriculture"
00:17:58 et auquel cas je tape un grand coup sur la table en disant "Tout cela n'est plus possible" et vous renversez la table,
00:18:04 ce qui est une manière de procéder, faut-il à la fois avoir du cœur pour ses agriculteurs et du courage pour ce qui est de la politique,
00:18:11 soit effectivement vous ne faites que des effets d'annonce. C'est le cas de la rentrée de la souveraineté alimentaire dans la loi dont on parlait.
00:18:20 - Vous parlez de l'objectif de souveraineté. - Oui, voilà. Et j'allais insister, ça n'est pas la souveraineté alimentaire qui rentre dans la loi,
00:18:25 c'est l'objectif de souveraineté alimentaire. Tout ça est de la mauvaise rhétorique ou du mauvais théâtre, vous appelez ça comme vous voulez.
00:18:32 - Alors on va s'arrêter un instant sur le Mercosur à nouveau, parce qu'Éric Derrida-Mathais nous a rejoint, vous avez beaucoup travaillé sur ce sujet.
00:18:39 Il a dit cette phrase, évidemment que tout le monde retiendra, « Mercosur, c'est non, c'est clair, net et ferme ». Est-ce que c'est si clair, Éric ?
00:18:47 - Non, ce n'est pas clair du tout, du tout, parce que de toute façon, vous savez, le Mercosur, on parle toujours de la viande bovine,
00:18:52 c'est ça qui inquiète les agriculteurs français, sauf erreur de ma part, mais c'est extraordinaire pour les producteurs de fromage,
00:18:59 c'est extraordinaire pour les viticulteurs qui vendent leur vin, donc on ne peut pas dire « Mercosur, stop ! ».
00:19:04 C'est un nouveau marché qui s'ouvrirait, je rappelle que quand même, les discussions sont en cours depuis 1999,
00:19:11 il y a eu ensuite un accord en 2019, mais bloqué, et que là, aujourd'hui, il faut prendre une décision urgente pour savoir si on y va ou on n'y va pas.
00:19:17 - Donc ce que vous êtes en train de nous dire, c'est qu'il y a des viticulteurs, en tout cas des filières, qui sont certainement insatisfaites du fait que ça s'arrête.
00:19:24 - Ils seraient très embêtés, vous savez, plus ça va, plus la France et l'Europe, d'une manière générale, perdent de l'argent avec les marchés sud-américains.
00:19:32 Regardez le chiffre, le commerce extérieur avec l'Europe, l'Europe vers l'Amérique du Sud, c'est 7,3 milliards de déficits.
00:19:42 Donc c'est pour ça que les Européens sont pour le Mercosur, et dedans, vous avez les Allemands, ils sont pour le Mercosur,
00:19:48 parce que vous savez, c'est le fameux deal « je vous vends mes voitures, je vous vends mes équipements industriels, et ok pour importer de la viande bovine argentine ».
00:19:56 C'est ça le truc. L'Espagne, pareil, est pour. Les Pays-Bas sont pour le Mercosur, le Danemark, l'Irlande sont pour.
00:20:02 Nous, la France, on est contre. D'ailleurs, un petit peu, je ne dirais pas du jour au lendemain, mais on s'est réveillés tard, parce qu'à un moment, j'oublie pas...
00:20:09 - Surtout qu'on était pour. - On était plutôt pour, absolument. Il avait dit que c'était plutôt positif et qu'il fallait prendre une décision à ça. Voilà ce qu'on peut dire aujourd'hui.
00:20:18 - Jean-Luc Thomas, on va retourner sur le terrain. On privilégie évidemment les réactions des agriculteurs qui sont concernés au premier chef,
00:20:23 qui se mobilisent depuis plusieurs semaines, qui sont parfois fatigués d'avoir passé des nuits à attendre sur leur point de blocage.
00:20:31 Jean-Luc, vous êtes à Montastruc, la conseillère. Vous avez eu le temps de leur parler depuis environ une heure, maintenant, que Gabriel Attal a procédé à ses annonces.
00:20:41 Que vous disent-ils ? Est-ce qu'on est satisfait ? On rentre à la maison ? Ou rien n'est si simple, aujourd'hui ?
00:20:48 - Non, rien n'est simple. Et à chaque fois, avec les personnes avec qui nous avons pu parler, tous ces agriculteurs ici qui sont autour de nous,
00:20:59 eh bien ils sont sceptiques. Sceptiques parce que, finalement, pour eux, il n'y a pas réellement de nouveautés par rapport à vendredi dernier.
00:21:10 Ensuite, effectivement, il y a 150 millions qui sont annoncés, mais ils ne veulent pas vraiment des aides.
00:21:19 Et puis, comment vont être répartis ces 150 millions ? Point d'interrogation.
00:21:24 Et en fait, c'est peut-être ça qu'ils disent chaque fois que l'on parle avec eux, c'est qu'il y a énormément de points d'interrogation.
00:21:33 Ce qui veut dire qu'il va falloir que l'on voit et qu'on puisse voir vraiment ce qu'il y a dans les propositions.
00:21:41 Même s'ils acceptent des propositions qui peuvent permettre d'avancer dans leur métier, évidemment, les contrôles permanents autour de la loi EGalim, c'est une bonne chose.
00:21:55 Ensuite, eh bien, ils vont se réunir pour savoir s'ils vont ou pas arrêter le blocage. En tout cas, ici, on n'en prend pas le chemin.
00:22:06 Merci beaucoup, Jean-Luc. Et si vous avez l'occasion d'en avoir un à vos côtés, peut-être qu'on pourra lui poser des questions sur le secteur qui le concerne.
00:22:15 Parce qu'on a l'impression qu'aujourd'hui, ils ne sont pas tous logés à la même enceinte.
00:22:19 Pierre Lelouch, allez-y, allez-y, on en profite.
00:22:23 – Vous avez une dernière, allez-y. – Mathieu Maronnes, il est céréalier ici, tout près de Montastruc.
00:22:34 Donc c'est les propositions de Gabriel Attal, de Marc Fesneau, etc. Vous n'êtes pas totalement convaincu, loin de là ?
00:22:45 – Très loin de là, c'est encore une fois des belles paroles qui ont été prononcées, mais vide derrière.
00:22:50 Il n'y a pas de concret, et tant qu'on n'aura pas de matière à discuter, tant qu'on n'aura pas de matière concrète derrière,
00:22:58 qui nous en sauront vraiment les choses, là, c'est que des belles paroles, c'est les mêmes que vendredi en plus.
00:23:02 Abondez un petit peu avec deux, trois plans de plus, mais au final, il n'y a rien.
00:23:06 Il y a 150 millions, mais ce n'est pas de l'argent qu'on veut, c'est vraiment de vivre notre métier sans subvention,
00:23:12 aujourd'hui, qu'on veut. C'est que les règles qui sont en place, égaliment, soient respectées,
00:23:16 et aillent dans le sens de l'agriculteur, vraiment. Ils nous annoncent une pause des cofitos, c'est bien,
00:23:23 ça reste une pause, et c'est un plan qui était contre l'agriculture, au final.
00:23:28 Il faut que quand il sera remis en route, il soit pour l'agriculture, et pas contre notre métier.
00:23:32 Donc voilà, c'est beaucoup de belles paroles, mais vide derrière.
00:23:36 – Mais les contrôles sur Egalim, des contrôles quasi permanents, c'est quand même une avancée.
00:23:43 – Si avec 150 contrôleurs, ils arrivent à faire des contrôles permanents,
00:23:47 ils ne vont pas dormir beaucoup, je pense.
00:23:49 – Et puis, il y a quand même votre crainte, c'est tout ce qui découle de l'Europe.
00:23:56 – Mais alors, l'Europe, ce n'est pas une crainte, bien au contraire.
00:23:59 L'Europe, c'est un bel outil, à condition qu'on soit tous logés à la même enseigne.
00:24:02 Actuellement, nos voisins ont des normes qu'on n'a pas, nous.
00:24:06 Donc il faut que maintenant, nos représentants politiques assument ce qu'ils viennent de dire en direct,
00:24:11 et aillent imposer à l'Europe les mêmes contraintes qu'aux agriculteurs français.
00:24:15 Et là, il n'y aura pas de souci.
00:24:16 – Et vous y croyez ?
00:24:17 – Ben non, je n'y crois pas, sinon je ne serais pas sur le blocage.
00:24:20 – Et donc, rien ne dit à cette heure que vous allez lever le blocage ?
00:24:26 – Tant qu'on n'aura pas d'éléments concrets sur quoi travailler,
00:24:30 et avec du concret derrière ces belles paroles, on ne lèvera pas les blocages, non.
00:24:34 Et une fois qu'on aura ces éléments concrets, on verra ce qu'il y a derrière,
00:24:38 et à ce moment-là, on lèvera ou pas les blocages, potentiellement non,
00:24:41 mais j'espère que le concret sera positif, et qu'on pourra tous rentrer chez nous,
00:24:46 et être fiers de ce que le monde agricole a accompli en 15 jours.
00:24:50 – Voilà donc, parole aux agriculteurs ici,
00:24:54 et vous voyez qu'il y a encore beaucoup, beaucoup de chemin à parcourir.
00:24:58 – Et oui, en effet, merci beaucoup Jean-Luc Thomas pour cet exemple, cette illustration.
00:25:02 C'est vrai que jusqu'à présent, Pierre Lelouch, de ce qu'on entend,
00:25:06 ce n'est pas assez concret, en tout cas ce n'est pas suffisamment tangible
00:25:09 pour les faire rentrer chez eux, ce qui signifie qu'ils pensent
00:25:12 pouvoir obtenir plus quand même de la part de l'exécutif.
00:25:15 – Tu sais ce qui me frappe, en écoutant reportage après reportage,
00:25:18 ce que disent les agriculteurs, dans la plupart des cas,
00:25:21 on a des gens qui sont très pointus, ils ont parfaitement compris ce qui se passe.
00:25:25 Ce monsieur, il a listé à peu près tous les problèmes lourds,
00:25:28 à savoir à l'intérieur de l'Union Européenne, les normes différentes,
00:25:32 par exemple, le maraîchage, les fruits, en Espagne, pas du tout pareil qu'en France,
00:25:37 donc des différences de prix que vous retrouvez en supermarché,
00:25:40 catastrophiques pour les producteurs français,
00:25:42 quand vous trouvez des produits français dans les grandes surfaces.
00:25:45 Deuxièmement, il y a Galim, ça ne marche pas.
00:25:47 Troisièmement, les doutes qu'il y a sur, non pas qu'il est anti-européen,
00:25:51 c'était très intéressant, il dit "non, moi, l'Europe c'est bien,
00:25:54 à condition que les règles du jeu soient les mêmes partout".
00:25:57 C'est ça qui est difficile à faire, surtout avec des gouvernements
00:26:00 qui signent des trucs et qui ensuite disent "bah non, finalement, j'ai pas signé".
00:26:04 Donc c'est le manque de cohérence qui crée cette crise
00:26:10 et qui rend très difficile des réponses dans les différents domaines qui sont sur la planète.
00:26:14 - Edouard Legras, vous disiez à un moment "il faut être réaliste".
00:26:18 Vous n'êtes pas tout à fait au diapason de ce qu'on entend sur le terrain,
00:26:21 sur les points de blocage ?
00:26:23 - Non, là où je dis "il faut être réaliste", en fait, c'est qu'on est tous des agriculteurs
00:26:26 et à un moment donné, enfin là, ça fait une dizaine de jours,
00:26:28 je compte même plus les jours, mais ça fait une dizaine de jours
00:26:31 qu'on est sur les blocages et à Paris.
00:26:33 Et à un moment donné, physiquement, on va devoir retourner aussi sur nos exploitations.
00:26:37 Donc je pense que là, on a franchi une première marche.
00:26:40 Et pour être constructif et avoir des échanges avec le gouvernement,
00:26:43 la deuxième marche, elle se fera au Salon de l'agriculture, je pense.
00:26:46 - Oui, mais pourtant, en dix jours, vous avez obtenu, allez, moins de dix jours même,
00:26:50 trois trains d'annonce parce que la pression s'est exercée.
00:26:53 Pourquoi pas un quatrième ou un cinquième ? On peut aller encore plus loin.
00:26:56 - C'est aussi la logique qui préside chez certains qui continuent de dormir sur les autoroutes.
00:27:01 C'est-à-dire, plus on met la pression, plus on obtient.
00:27:03 C'est-à-dire, il ne faudra que faire tant qu'il est chaud, sinon on n'obtiendra pas plus.
00:27:06 - Oui, je suis d'accord. Mais en fait, la principale préoccupation des agriculteurs,
00:27:10 et on l'a dit, c'est ce phénomène de réciprocité par rapport aux importations.
00:27:14 Et ça, je pense qu'on peut encore bloquer pendant dix jours la réponse.
00:27:17 - On ne l'aura pas immédiatement. - On ne l'aura pas tout de suite.
00:27:19 - Vincent, Vincent Roy, je ne vous ai pas encore entendu.
00:27:21 - Vous avez abondé dans ce sens. Il y a des choses qu'on ne peut pas régler aujourd'hui.
00:27:25 - La vraie question, c'est celle-ci. C'est-à-dire qu'il faut que tout le monde,
00:27:29 toutes les agriculteurs, toutes les agricultures européennes, déjà, pour commencer,
00:27:35 jouent toutes le même jeu. C'est ça la grande difficulté.
00:27:39 Or, aujourd'hui, vous pouvez effectivement bloquer tout ce que vous voulez.
00:27:43 La réponse n'arrivera pas aujourd'hui. D'abord, c'est la première réponse.
00:27:46 Et puis la deuxième réponse, c'est de savoir, effectivement, hors des frontières européennes,
00:27:50 lorsqu'on importe, il faut importer des produits qui soient soumis aussi aux mêmes normes.
00:27:55 Et pour remettre tout cela à plat, ce n'est pas en 15 jours que ça va arriver.
00:28:01 - Éric Ardern, un mot s'il vous plaît. - Oui, parce qu'en plus de ça,
00:28:03 les néonicotinoïdes, il faut arriver à citer le mot,
00:28:07 il est autorisé dans plein de pays d'Europe, et chez nous, c'est interdit.
00:28:11 - Non, c'est à nouveau autorisé. La loi a été modifiée.
00:28:14 La loi l'interdisait, mais elle a été modifiée à deux reprises.
00:28:18 - Et les métraviers du Nord, ils avaient des sacrés problèmes.
00:28:21 - Dans M. Rousseau, d'ailleurs. - Je voulais juste dire, très rapidement,
00:28:25 j'ai reçu une photo qui montre ce qu'on trouve ce matin, je peux citer une grande chaîne d'hypermarché.
00:28:30 Importation des fruits, raisins, pérous. Ce matin, raisins, alaide, Espagne, papaye, Brésil, mangue, pérou.
00:28:40 Alors vous me direz, c'est des fruits exotiques. Vous avez aussi les prunes rouges, Afrique du Sud.
00:28:45 Est-ce que c'est normal qu'on a... Vous voyez, comment voulez-vous faire ?
00:28:48 - Mais ça, c'est partout, partout, partout, tout le temps.
00:28:51 Mais après, c'est libre... Enfin, charge à chacun de manger saisonnier.
00:28:54 - Non, mais c'est pas... - Non, mais il faut manger de saison, et il faut manger local.
00:28:57 - Non, mais Nelly, le problème, c'est pas les fruits exotiques.
00:28:59 Les fruits exotiques et l'idée d'aller manger des fruits de Noël, c'est une chose.
00:29:04 Non, ce qui me frappe, quand je vais faire mes courses, et je vais faire mes courses dans les supermarchés,
00:29:08 j'observe que la quasi-totalité des fruits et légumes, c'est en France, c'est espagnol, un peu marocain.
00:29:14 Et très exceptionnellement français, sauf peut-être pour les bananes de nos Dom-Tom.
00:29:18 Mais il y a quasiment plus de fruits français dans les supermarchés.
00:29:21 - Alors, je vous propose... Il est 14h30, bien entamé d'ailleurs.
00:29:26 On passe au journal avec vous, Vincent Flandage, et on va à nouveau aller sur le terrain,
00:29:29 au plus près de ceux qui, à la fois manifestent, ça va être le cas à Bruxelles dans un instant,
00:29:33 et ceux qui, et voilà, ont tenté de faire pression sur l'exécutif, sont-ils satisfaits des annonces ?
00:29:37 - Effectivement. Vous venez de débriefer les annonces de Gabriel Attal avec les agriculteurs sur le terrain.
00:29:41 Nous, on va partir, en début de ce journal, à Bruxelles.
00:29:44 Vous rejoindre Célia Barod, vous êtes avec Charles Bajet, place du Luxembourg, c'est en face du Parlement européen.
00:29:49 Il se tient sur place une manifestation depuis ce matin.
00:29:52 La tension est montée petit à petit. Quelle est la situation à 14h30 ?
00:29:57 - Eh bien, à 14h30, Vincent, la situation est plutôt calme.
00:30:04 Il y a encore les stigmates des affrontements de ce matin sur place,
00:30:09 puisque ce matin, il y a eu plusieurs échauffourées entre les agriculteurs et les forces de l'ordre,
00:30:15 puisque les manifestants ont allumé plusieurs feux avec les ballots de paille présents sur place.
00:30:21 Les forces de l'ordre ont répliqué avec des jets d'eau.
00:30:24 Plus d'un millier de tracteurs est présent sur la ville de Bruxelles.
00:30:30 C'est une ville qui est complètement paralysée par la présence des tracteurs,
00:30:35 puisque toutes les rues qui encerclent le Parlement européen sont bouchées.
00:30:41 Il y a vraiment une présence importante d'agriculteurs venus de nombreux pays européens,
00:30:47 des Allemands, des Italiens ou encore des Espagnols,
00:30:50 et puis des Français qui ont quitté les blocages sur les autoroutes en France
00:30:55 pour rejoindre le mouvement ici à Bruxelles,
00:30:58 un mouvement qui pourrait encore continuer ce soir et les jours à venir
00:31:02 s'il n'y a pas de solution ou encore de réponse concrète à leur revendication commune.
00:31:06 Célia Barotte avec Charles Bajet, merci à tous les deux.
00:31:09 Harold Diman, vous n'êtes pas loin de Célia Barotte dans le Parlement européen,
00:31:13 parce que l'ordre du jour de ce Conseil extraordinaire,
00:31:16 ce n'est pas forcément la crise des agriculteurs.
00:31:18 Le sujet s'est invité de fort sur la table.
00:31:29 Petit problème de connexion visiblement avec Harold Diman.
00:31:33 Allez-y Harold Diman, allez-y, on vous écoute.
00:31:35 Oui, très bien, oui.
00:31:37 Vous savez que ce Conseil spécial européen était fait pour l'Ukraine
00:31:43 et l'Ukraine, les aides de 50 milliards d'euros qui ont été débloquées,
00:31:47 s'est réglée dès 10h du matin.
00:31:50 Donc depuis, ce sont les 27 qui se sont enfermés, sans donner aucun signal.
00:31:56 Donc évidemment, il parle de l'agriculture,
00:31:59 ces milliers d'agriculteurs qui sont tout autour et qui klaxonnent
00:32:03 autour du quartier européen.
00:32:06 Et ce qui est assez cocasse, c'est que c'est Viktor Orban,
00:32:10 le Premier ministre hongrois, qui a levé son veto
00:32:13 sur les 50 milliards d'aides à l'Ukraine.
00:32:17 Et c'est aussi lui qui est allé hier soir
00:32:20 serrer la main aux agriculteurs dans les rues de Bruxelles
00:32:23 en disant "C'est eux le peuple, je suis avec vous".
00:32:25 Donc on le retrouve là où on ne l'attendait pas.
00:32:27 Et quelque part, l'Ukraine, c'est un sujet à la fois de défense,
00:32:31 mais aussi agricole, parce que les Polonais n'aiment pas
00:32:34 l'importation massive de produits ukrainiens
00:32:37 qui ont été complètement dédouanés pour cause de guerre.
00:32:40 Donc à l'heure qu'il est, c'est le silence total,
00:32:42 on ne sait même pas s'il y aura une conférence de presse ici à Bruxelles.
00:32:47 Et évidemment, l'agriculture s'est invitée à la table de l'Ukraine.
00:32:51 – Merci beaucoup Olivier Madiné.
00:32:53 Non, Harold Eman, pardonnez-moi,
00:32:55 on vous retrouve un petit peu plus tard dans l'après-midi.
00:32:57 Justement, on vous retrouve Olivier Madiné
00:32:59 sur un blocage au niveau de l'autoroute A6,
00:33:01 sur le péage de Villefranche sur Sône.
00:33:03 Quelle est l'atmosphère autour de vous ?
00:33:06 Quelle suite va être donnée à ce mouvement
00:33:09 après les annonces de Gabriel Attal ?
00:33:11 – Eh bien écoutez, les agriculteurs qui occupent ce péage
00:33:17 de l'autoroute A6 depuis lundi sont actuellement réunis,
00:33:21 vous les voyez peut-être derrière moi,
00:33:23 et ils décident actuellement de la suite
00:33:26 qui va être donnée à leur mouvement.
00:33:29 Soit ils vont prolonger ce blocage de l'axe stratégique
00:33:32 de l'autoroute entre Paris et Lyon,
00:33:34 soit ils vont lever le barrage dans l'après-midi
00:33:38 pour peut-être mener d'autres actions dans les jours qui viennent.
00:33:42 Alors j'ai discuté avec les agriculteurs
00:33:44 et il y a deux sons de cloche.
00:33:46 D'abord, il y a la base, les agriculteurs sont assez sceptiques
00:33:49 après avoir entendu les déclarations du Premier ministre Gabriel Attal.
00:33:54 Et puis il y a un autre son de cloche,
00:33:56 je le discutais par exemple avec le président régional de la FRSEA
00:34:00 qui me disait que le ton du Premier ministre avait changé.
00:34:04 Il me dit "Cela va dans le bon sens, on est moins dans la communication
00:34:07 et on a le sentiment que le Premier ministre a pris en compte nos problèmes".
00:34:11 – Olivier Madinier, merci à vous.
00:34:13 Et on va vous rejoindre, Maxime Legay, vous êtes avec Jean-Laurent Costantini
00:34:17 à Dourdan avec les agriculteurs qui sont montés du Lot et Garonne
00:34:21 pendant quelques jours, qui sont arrivés à Rangis hier,
00:34:24 on s'en rappelle avec ces images.
00:34:26 Quel est le son de cloche de votre côté ?
00:34:29 – Oui Vincent, je suis avec les agriculteurs de la coordination rurale
00:34:36 qui ont écouté avec attention le discours de Gabriel Attal.
00:34:39 Justement, je me trouve avec Jacques qui est éleveur.
00:34:41 Bonjour Jacques, avez-vous été convaincu par cette prise de parole du Premier ministre ?
00:34:45 – Non, pas du tout, il nous a fait toujours des promesses, des promesses.
00:34:49 Bon, pour l'élevage, puisque ça me concerne, il a promis une enveloppe,
00:34:53 mais moi c'est pas une enveloppe qu'il me faut,
00:34:56 c'est vivre tous les ans, vendre nos produits à un bon prix.
00:34:58 Parce qu'il va donner une enveloppe maintenant,
00:35:00 mais les années à suivante, il va pas donner des enveloppes tout le temps.
00:35:03 Là il nous donne une enveloppe pour nous calmer un petit peu,
00:35:06 il a le temps de nous acheter.
00:35:07 Tout ce qu'on veut c'est vendre nos produits,
00:35:09 arrêter les exportations extérieures, avec des cours mondiaux
00:35:12 qui sont la moitié du prix de notre viande à nous.
00:35:15 Et les centrales d'achat, tout le monde travaille avec ça.
00:35:18 Ils se font des marges avec ça, nous, avec nous, ils se font pas des marges.
00:35:21 – Vous disiez souffrir également de la concurrence déloyale,
00:35:23 c'est au niveau européen, c'est la concurrence mondiale même qui doit être…
00:35:27 – Ah ben c'est mondial, c'est la concurrence mondiale.
00:35:30 La viande, il en vient de partout, et ce qu'on ne sait pas,
00:35:33 parce que ça on ne le voit pas, ça arrive dans des bateaux, dans des camions,
00:35:36 qu'est-ce qu'on va les contrôler ?
00:35:38 Il a dit qu'il allait les contrôler, mais il pourra pas,
00:35:40 il a dit il a 150 contrôleurs, il va les trouver où ?
00:35:44 – Dernière question, peut-être la suite maintenant,
00:35:46 qu'est-ce que vous allez compter faire ?
00:35:48 – Ah ben nous la suite, on va déjà rentrer dans nos fermes,
00:35:50 retrouver nos animaux, et puis je pense que le mouvement,
00:35:54 l'ARAGEN, ils sont aujourd'hui pour nous soutenir devant la préfecture,
00:35:58 et j'espère qu'il faudra continuer le combat.
00:36:02 – Voilà, écoutez, vous l'aurez compris, Vincent,
00:36:04 ici les agriculteurs qui, le lien de confiance avec le gouvernement
00:36:08 semble bel et bien rompu ici.
00:36:10 – Merci beaucoup, alors la question qui se pose maintenant,
00:36:14 c'est stop ou encore, est-ce que tout le monde d'ailleurs est au diapason ?
00:36:18 On va se rendre du côté de l'Assemblée Nationale,
00:36:20 où vous vous trouvez Thomas Bonnet, je crois que vous avez un invité à côté de vous,
00:36:23 vous allez aussi lui poser la question sur un plan plus politique,
00:36:25 c'est Philippe Ballard, député du Rassemblement National,
00:36:28 mais vous avez pu aussi vous entretenir avec un des représentants
00:36:31 de la coordination rurale, et lui vous a donné un petit peu le ton
00:36:35 de ce qui va se jouer dans les prochains jours pour ce syndicat-là.
00:36:39 [Brouhaha]
00:36:42 – Oui absolument, alors d'abord pour vous expliquer la situation,
00:36:44 on est à quelques mètres de l'Assemblée Nationale
00:36:46 et vous voyez un dispositif de sécurité très conséquent
00:36:48 qui a été installé depuis ce matin,
00:36:50 beaucoup de CRS sont tout autour du Palais Bourbon pour empêcher toute manifestation,
00:36:56 et tout à l'heure il y avait des membres de la coordination rurale
00:36:58 représentés par Patrick Legra, et qui nous expliquaient
00:37:01 qu'ils ne voulaient pas se transformer en gilets jaunes en quelque sorte,
00:37:04 et donc ne pas aller à la confrontation avec les forces de l'ordre.
00:37:07 Et c'est pour cette raison qu'ils nous disaient qu'ils allaient sans doute
00:37:09 calmer quelque peu la mobilisation pour les jours à venir.
00:37:13 Ils nous disaient par exemple que les agriculteurs qui viennent du Lot-et-Garonne
00:37:16 allaient sans doute rentrer chez eux d'ici la fin de la semaine,
00:37:19 calmer les esprits d'ici le Salon de l'Agriculture,
00:37:22 et voir pour les nouvelles formes de mobilisation dans les jours à venir.
00:37:25 Voilà pour les propos de la coordination rurale.
00:37:27 Il faut savoir qu'ils ont été bloqués,
00:37:29 ils n'ont pas pu accéder à l'Assemblée Nationale
00:37:31 parce qu'il y a ce cordon de sécurité très imposant,
00:37:34 et c'est pour cette raison que des députés sont allés à leur rencontre.
00:37:37 C'est le cas de Philippe Ballard, avec qui je suis actuellement.
00:37:39 Bonjour Monsieur le député, merci d'être avec nous en direct.
00:37:41 Vous êtes allé à la rencontre de ces agriculteurs
00:37:44 qui voulaient venir devant l'Assemblée Nationale.
00:37:46 Pour quelle raison êtes-vous allé à leur rencontre ?
00:37:48 On est allé à leur rencontre parce qu'eux ne pouvaient pas se déplacer, avancer.
00:37:52 Vous avez montré le barrage des forces de l'ordre qui sont là.
00:37:56 Pourtant ils sont arrivés avec une petite sacoche avec des papiers dedans.
00:37:59 Il n'y avait pas de matraque, il n'y avait pas de gaz lacrymogène,
00:38:02 il n'y avait rien de tranchant dedans.
00:38:04 Mais on les a bloqués, sur ordre évidemment, sur ordre du ministère de l'Intérieur,
00:38:08 donc de M. Darmanin.
00:38:10 M. Darmanin, je pense qu'il ferait mieux, plutôt que de bloquer des gens
00:38:12 qui veulent venir rencontrer des parlementaires pour parler de leurs problèmes,
00:38:16 des gens qui travaillent 50, 60 heures par semaine, 7 jours sur 7,
00:38:20 il ferait mieux de s'occuper de la délinquance.
00:38:22 On va rappeler les chiffres publiés hier,
00:38:24 plus 63% par exemple pour les coups et blessures volontaires en France
00:38:28 depuis l'arrivée de M. Macron à l'Elysée.
00:38:30 Donc voilà, je pense que le gouvernement panique.
00:38:33 Il a peut-être voulu laisser pourrir la situation,
00:38:35 comme lors de la crise des gilets jaunes.
00:38:37 Là c'était tous les jours que les agriculteurs manifestaient,
00:38:40 donc ce n'était pas la même perspective qu'offrait ce gouvernement.
00:38:43 Je pense qu'on a compris que les agriculteurs allaient rentrer tranquillement chez eux,
00:38:48 en donnant rendez-vous, moi c'est ce qu'ils m'ont dit.
00:38:50 Je parlais avec des responsables de la Cordillerie nationale rurale,
00:38:53 par contre ils donnent rendez-vous au Salon de l'agriculture,
00:38:55 c'est dans trois semaines.
00:38:56 Là je dis bon courage à la majorité.
00:38:57 Justement un mot sur le fond,
00:38:58 il y a eu des annonces ce midi de la part du Premier ministre depuis Matignon.
00:39:02 Est-ce que c'est de nature selon vous,
00:39:04 à calmer les esprits au sein des agriculteurs ?
00:39:06 Que vous ont-ils dit, ceux avec lesquels vous avez échangé ?
00:39:09 Alors en fait ils sont un peu comme nous,
00:39:11 parce que moi j'étais dans l'hémicycle, je suis sorti pour les accueillir.
00:39:13 On n'a pas entendu M. Attal.
00:39:16 Il y a quelques brides quand même qui nous sont parvenues.
00:39:18 Il emploie les mots que nous employons.
00:39:20 L'exception agricole dans les traités,
00:39:23 enfin l'exception agricole,
00:39:24 alors est-ce que ce sera dans les traités internationaux ?
00:39:26 Non mais très bien tout ça, ok.
00:39:27 Sauf que les négociations, c'est l'Union Européenne qui les mène.
00:39:32 Donc la France a peu de marge.
00:39:33 Donc ça c'est le premier point.
00:39:34 Et puis après, vous connaissez la formule,
00:39:36 il n'y a pas que des déclarations d'amour,
00:39:38 il y a des preuves d'amour.
00:39:39 Donc ça c'est du blabla, c'est du baratin, c'est de la com'.
00:39:42 Les Français n'en peuvent plus, ils se sont échaudés.
00:39:44 Donc on verra ce qui se passe par la suite.
00:39:46 Mais franchement on n'attend pas grand-chose.
00:39:48 Merci beaucoup d'avoir répondu à nos questions en direct.
00:39:51 Voilà Nelly pour la situation au moment où je vous parle.
00:39:53 Je vous rappelle quand même qu'il y avait eu des appels à manifester
00:39:56 à proximité de l'Assemblée Nationale.
00:39:58 Vraisemblablement ces appels ont été levés.
00:40:00 C'est en tout cas ce que nous disaient les représentants de la coordination rurale.
00:40:03 La question maintenant, c'est de savoir
00:40:05 est-ce que certains d'entre eux vont être reçus à l'Assemblée Nationale
00:40:07 par des députés, des délégations de députés ?
00:40:10 Merci beaucoup cher Thomas.
00:40:11 Le moins qu'on puisse dire, Édouard Legra,
00:40:13 vous êtes un homonyme de Patrick Legra
00:40:16 dont on parlait à l'instant pour la coordination rurale avec Thomas,
00:40:19 c'est que vous aviez bien senti ce qui était en train de se jouer.
00:40:21 De votre côté, on va vers la fin du mouvement quand même.
00:40:24 Et vous nous disiez, c'est indéniable qu'il y ait un élément de fatigue aussi à prendre en compte.
00:40:28 Il y a un élément de fatigue et puis il y a du concret en fait.
00:40:31 On est agriculteur donc...
00:40:33 Alors là, par exemple, moi c'est mon papa qui prend le relais sur l'exploitation
00:40:38 mais il ne peut pas tenir indéfiniment tout seul à gérer ça.
00:40:41 Donc on doit tous rentrer pour gérer notre ferme.
00:40:44 Vous sentez, Vincent Leroy, que c'est peut-être la fin d'une certaine manière de ce mouvement ?
00:40:49 En tout cas, avec cette ampleur-là, on a vu aussi ce que ça a donné après Rungis
00:40:52 où certains sont en train de se replier sur la 6 pour rentrer du côté d'Agen.
00:40:56 Il y a quelque chose qui est en train de s'essouffler là ?
00:40:59 Moi je l'ai senti hier matin, j'ai écouté le patron de la FNSEA.
00:41:03 J'ai senti hier matin qu'il se passait des choses.
00:41:06 C'est-à-dire qu'il s'était négocié des choses avec le Premier ministre.
00:41:14 Je l'ai senti hier matin.
00:41:16 Et tout à l'heure, quand il va parler, je ne serai pas étonné d'entendre de sa part
00:41:20 qu'il est assez content des annonces du Premier ministre.
00:41:23 Auquel cas, vous disiez tout à l'heure, stop ou encore, auquel cas ce sera stop.
00:41:28 Retour au statu quo hanté ou à peu près.
00:41:32 Et ceux qui vont partir du système, ce sont les petits.
00:41:37 Je ne dirai pas stop, je dirai peut-être autrement.
00:41:40 Et encore une fois, on l'a bien dit.
00:41:42 Comment pouvez-vous vous mobiliser autrement qu'en ayant fait des actions
00:41:45 qui sont aussi visibles comme ces derniers jours ?
00:41:48 On n'avait pas vu ça depuis 15-20 ans en France.
00:41:51 Avoir un point de rencontre avec ces hommes politiques au Salon de l'agriculture.
00:41:55 Avec des nouvelles annonces justement.
00:41:57 C'est intéressant ce que vous dites, parce qu'il a pression de préciser à plusieurs reprises.
00:42:00 Je ne sais pas si vous l'avez noté, Gabriel Attal.
00:42:02 Nous avons l'intention de mettre tout cela en place avec des retours d'expérience
00:42:05 sur certains sujets avant le Salon de l'agriculture.
00:42:08 Je vous rappelle qu'il démarre le 24 février, Pierre Belouch.
00:42:10 Non mais je pense que c'est tellement compliqué.
00:42:13 Dès le premier jour que ça a commencé, j'ai dit que c'était une polycrise
00:42:16 parce qu'il y a énormément de réalités différentes dans le monde de l'agriculture en France.
00:42:21 Et donc, quelque part pour le gouvernement,
00:42:24 ce n'est pas possible de répondre à tout en trois jours.
00:42:27 Il n'y a pas de magicien.
00:42:30 Donc il lui faut du temps.
00:42:32 Ils ont pas mal géré leur affaire d'ailleurs, encore une fois,
00:42:36 en donnant quelques mesures tout de suite, là où ils pouvaient agir.
00:42:39 Par exemple sur le gazole, un peu sur les jachères,
00:42:44 sur la simplification, ça l'État français peut jouer.
00:42:48 Après, il y a les choses plus compliquées à mettre en œuvre,
00:42:51 c'est égalible, le nombre de contrôleurs, comment ça se passe, etc.
00:42:54 La traçabilité des produits qui arrivent de l'étranger,
00:42:57 parce que, en fait, les accords vont rester en place
00:43:00 et puis ça va continuer à rentrer, mais jusqu'à quel point et avec quel contrôle ?
00:43:05 Je pense que d'ici qu'un jour, trois semaines, les agriculteurs le sauront ça.
00:43:08 Parce que les organisations professionnelles vont voir
00:43:11 si le gouvernement fait sérieusement son travail ou pas.
00:43:14 Et le rendez-vous du salon de l'agriculture sera, de ce point de vue,
00:43:18 un vrai tournant, si tout le monde est de bonne foi.
00:43:22 Mais je pense qu'ils ont obtenu, je crois, une prise de conscience
00:43:26 de la part du monde politique en général et de l'opinion publique
00:43:30 qu'il y a un problème dans l'agriculture.
00:43:32 Il y a un aiguillon supplémentaire qui est les élections européennes
00:43:35 qui fait que le gouvernement doit délivrer quelque chose.
00:43:38 Sinon, ils vont se faire massacrer définitivement aux européennes.
00:43:42 Donc, je pense qu'il y a peut-être espoir que les problèmes les plus immédiats,
00:43:47 c'est-à-dire la tonne de papier que ces pauvres gens doivent remplir,
00:43:51 les contrôles inopinés, armes à la ceinture, exécutifs,
00:43:55 voilà, ces espèces de punitions soient supprimées.
00:43:59 D'un autre côté, il ne faut pas non plus qu'on fasse n'importe quoi après.
00:44:03 C'est-à-dire qu'on commence à épandre n'importe quoi,
00:44:06 qu'on commence à raser les haies.
00:44:08 Donc, il faut que tout ça soit fait de façon intelligente.
00:44:11 - Alors, Éric de Ryd-Mathané, avant de retourner voir ce qu'en disent
00:44:13 les agriculteurs eux-mêmes sur le terrain avec une autre de nos équipes,
00:44:16 parlons chiffres.
00:44:17 Parce que, en la matière, c'est quand même ce qu'on retient de plus important.
00:44:22 Et c'est aussi ce que nous ont dit les agriculteurs.
00:44:24 Ils veulent du concret, ils veulent de la rémunération,
00:44:28 ils veulent des allégements de charges.
00:44:29 Il y a donc ce paquet de 150 millions de soutien fiscal et social.
00:44:33 Vous allez peut-être nous en dire un mot, parce que soutien fiscal et social,
00:44:36 il faut voir quel enveloppe concerne quoi.
00:44:39 Ensuite, permettez-moi de vous dire juste ce que j'ai noté.
00:44:42 Non, mais juste, je vais en dérouler deux, trois, puis vous les choisissez.
00:44:45 Sur le contrôle, il y aura 10 000 contrôles dans le cadre de la loi EGalim,
00:44:49 avec des sanctions.
00:44:50 Moi, je trouve que ces sanctions sont importantes.
00:44:52 10% du chiffre d'affaires pour une grande enseigne,
00:44:54 un agriculteur qui ne jouerait pas le jeu,
00:44:56 c'est quand même pas du tout négligeable.
00:44:58 Et puis, pour l'accompagnement de l'installation des jeunes agriculteurs,
00:45:02 à la fois les allégements de charges, on en a dit un mot,
00:45:04 mais on ne sait pas à quelle hauteur exactement,
00:45:06 et puis un accompagnement pour les installations de 13 à 20 millions.
00:45:11 C'est sans compter aussi l'enveloppe qui sera louée aux viticulteurs
00:45:14 et qui est encore séparée.
00:45:15 Ce n'est pas rien non plus.
00:45:16 Ce n'est pas rien.
00:45:17 Les trois points, moi je pense que vous avez raison,
00:45:19 ce sont les trois points essentiels qui peuvent soulager les agriculteurs.
00:45:22 Vous savez qu'il y a un agriculteur sur deux qui va partir en retraite.
00:45:24 Comment faire en sorte que les jeunes aient envie d'y aller et de travailler ?
00:45:28 - Je veux qu'ils puissent acheter.
00:45:29 - Et qu'ils puissent acheter.
00:45:30 Alors, sur les transmissions, moi j'ai retenu trois choses.
00:45:32 Exonération de plus-value, alors ça on parle,
00:45:34 s'il y a une cession bien sûr des terrains, des domaines,
00:45:38 donc jusqu'à 1 200 000 euros l'exonération, ce qui n'est pas rien.
00:45:41 La donation de biens ruraux va être facilitée,
00:45:44 je ne rentre pas dans les détails, les seuils vont être relevés.
00:45:46 Et puis si un agriculteur part à la retraite,
00:45:48 et d'ailleurs là aussi c'est un autre point qui n'a pas été évoqué,
00:45:51 parce que la retraite des agriculteurs, elle n'est pas évidente,
00:45:53 elle n'est pas du tout sur le régime commun, j'allais dire,
00:45:55 vous êtes vraiment pénalisé, vous aussi sur ce point-là,
00:45:57 et je sais que les agriculteurs réclament d'être alignés,
00:46:00 ou en tout cas d'avoir un régime plus favorable.
00:46:02 - J'ai aperçu, les 25 meilleures années apparemment ?
00:46:04 - Ça serait là.
00:46:05 - Alors oui, ça serait les 25 meilleures années,
00:46:07 mais je crois que c'est quelque chose qui avait déjà été pré-négocié,
00:46:09 qu'il a juste confirmé.
00:46:11 - Exactement, ça va voir, mais c'est bien parti.
00:46:13 Alors ça, c'est déjà très important, la transmission.
00:46:16 Deuxièmement, les contrôles, ça vous avez raison,
00:46:18 c'est un peu un égalime 4, si je comprends bien,
00:46:20 parce que l'égalime 3 était déjà pas mal,
00:46:22 il permettait de faire des contrôles dans les hypermarchés.
00:46:24 - C'est un égalime tout court, c'est-à-dire qu'on le met enfin en place.
00:46:27 - Oui, on le renforce, mais surtout,
00:46:29 alors je terminerai, je ne vais pas être trop long,
00:46:31 un point qui est fondamental, c'est l'origine animale,
00:46:34 l'origine de la viande bovine, l'origine aussi des fruits,
00:46:38 parce que vous savez qu'aujourd'hui, surtout la viande bovine,
00:46:41 on peut l'importer, donc elle sera faite en France, par exemple,
00:46:45 mais elle sera élevée à l'étranger, rapatriée en France,
00:46:48 et transformée, et sur la barquette, vous aurez le droit de mettre
00:46:51 "made in France" ou "fabriquée en France", ce qui n'est pas normal.
00:46:54 Et ça, Bruno Le Maire et Marc Fesneau ont dit tout à l'heure
00:46:57 que ça serait fini, le drapeau français doit être respecté,
00:47:00 et il y aura des contrôles, ce qui fait que si vous achetez du poulet,
00:47:03 ça ne sera pas du poulet, théoriquement, si c'est contrôlé,
00:47:06 ce ne sera pas du poulet venant d'Ukraine,
00:47:08 parce qu'il ne faut pas oublier qu'il y a un poulet sur deux
00:47:10 aujourd'hui qui est apporté d'Ukraine et de Pologne,
00:47:12 donc ça sera un poulet...
00:47:13 - Il n'y en a que le tiers qui est déclaré,
00:47:15 il y a d'autres pays où il est mis en barquette,
00:47:17 et il arrive à être allemand.
00:47:19 - Et 70% du poulet que vous mangez dans les restaurants collectifs
00:47:22 ou dans les cantines, 70% est importé.
00:47:25 Et après on vous dit "oui mais origine France,
00:47:27 on voit sur les ardoises des restaurants,
00:47:29 comment va-t-on faire pour les contrôler ?"
00:47:31 Mais en tout cas on ne pourra plus utiliser le "made in France"
00:47:33 comme ça facilement.
00:47:34 - Alors, je vous propose de retourner, comme je vous le disais,
00:47:36 voir ce qui se passe du côté de l'A1, au niveau de l'aire de Chenevière,
00:47:40 où vous vous trouvez, Anne-Isabelle Tollet,
00:47:42 avec un agriculteur, en l'occurrence il s'agit de Julien Mailleu,
00:47:45 qui fait de la polyculture.
00:47:48 Évidemment la première question c'est,
00:47:50 qu'a-t-il pensé des annonces de Gabriel Attal et de ses trois ministres ?
00:47:53 - Absolument Nelly, nous sommes à bord du tracteur de Julien Mailleu,
00:47:59 et nous allons effectivement lui demander
00:48:01 quelle a été sa réaction à chaud, en fait,
00:48:03 aux mesures annoncées par le Premier ministre Gabriel Attal.
00:48:07 - Donc c'est des annonces plutôt déçues,
00:48:11 après je vais vous dire que je n'ai pas écouté jusqu'au bout.
00:48:14 Il y a eu un long moment où il a raconté tout ce qui se passe depuis huit jours.
00:48:19 Ce qu'on m'a raconté, c'est qu'il a annoncé
00:48:21 150 millions d'euros pour les éleveurs.
00:48:24 - C'est pas mal ça, non ?
00:48:26 - Oui, c'est un beau chiffre.
00:48:28 Maintenant il y en a un de nos collègues qui a dû faire un calcul
00:48:31 par rapport au nombre d'éleveurs qu'on a, ça doit faire 800 euros.
00:48:34 S'il pense qu'avec ça, ça va résoudre le problème,
00:48:37 c'est que ils n'ont pas encore pris conscience justement des problèmes qu'il y a.
00:48:41 Après pour sa défense, c'est un Premier ministre qui est arrivé il n'y a pas longtemps
00:48:45 et qui doit résoudre 40 ans de problèmes en huit jours.
00:48:49 Sachant qu'il n'a pas toute la main,
00:48:52 vu qu'il y a une partie des décisions qui se prennent à Bruxelles.
00:48:55 - Alors vous êtes arrivé cette nuit à une heure du matin.
00:48:58 Vous concrètement, dans votre travail au quotidien,
00:49:01 quelles sont les mesures les plus importantes
00:49:04 qui doivent être au plus vite prises pour vous en sortir le mieux possible ?
00:49:09 - Pour moi, je suis en polyculture,
00:49:12 les principales décisions qu'il faut prendre,
00:49:15 c'est de retirer les 4% de jachères qui sont incompréhensibles.
00:49:20 - Ça, ça va se jouer au niveau de Bruxelles.
00:49:22 Mais par rapport aux mesures qu'a annoncées Gabrielle Attal,
00:49:24 ainsi que les quatre ministres de tutelle,
00:49:26 qu'est-ce qui a résonné quand même ?
00:49:28 Même si vous n'avez pas écouté jusqu'au bout, vous savez ce qui a été dit.
00:49:31 Il y avait forcément des mesures qui répondent quand même à vos revendications.
00:49:36 - Les syndicats sont en train de débriefer,
00:49:39 ils vont nous faire un résumé.
00:49:41 Pour nous, je n'ai pas vu grand-chose.
00:49:43 J'ai surtout retenu que les éleveurs n'allaient pas avoir
00:49:46 grand-chose en compensation par rapport à tous les problèmes qu'il y a.
00:49:50 - La question de la souveraineté, c'est plutôt une bonne initiative, ça.
00:49:55 Parce que c'est précisément ce que vous demandez,
00:49:57 c'est que tout le monde soit égalité, finalement.
00:49:59 - Oui, après moi, ça fait longtemps que je pense qu'il faut y être.
00:50:04 Ça s'appelle du bon sens paysan.
00:50:06 J'ai l'impression qu'il n'y a que nous qui l'avons encore
00:50:09 et que tous ceux qui habitent sur Paris ou autre ne l'ont plus ou ne l'ont pas.
00:50:15 - En tout cas, vous êtes prêt à maintenir le blocage s'il le faut
00:50:18 ou est-ce que vous avez besoin de reprendre le travail
00:50:20 parce que vous êtes fatigué aussi et que vous avez besoin
00:50:22 de travailler dans votre exploitation ?
00:50:24 - Non, je pense qu'il va falloir continuer,
00:50:28 il va falloir aller jusqu'au bout.
00:50:30 Comme j'ai dit, soit ça passe, soit ça casse.
00:50:32 Mais il va falloir y aller.
00:50:35 Là, ça fait 40 ans que ça dure, il faut résoudre le problème.
00:50:38 - Comme vous disiez, Julien Maillot et Nelly,
00:50:40 40 ans de politique à résoudre en une semaine, ce n'est pas simple.
00:50:45 Mais vous voyez que la détermination est toujours aussi omniprésente ici
00:50:49 parmi ces 450 agriculteurs présents sur l'autoroute 1.
00:50:54 - Merci beaucoup, Annie.
00:50:56 Isabelle Tollé, vous êtes avec Bamba Gueye
00:50:58 pour les images à l'air de Chenvières.
00:51:00 Edouard Legras, tous les avis sont dans la nature,
00:51:03 il y a ceux qui veulent maintenir la pression,
00:51:05 il y a ceux qui attendent peut-être aussi les instructions de leur syndicat,
00:51:08 il y a ceux qui veulent rentrer chez eux,
00:51:10 je crois que c'est un peu votre cas si j'ai bien compris,
00:51:12 parce que ça suffit, vous estimez que la fatigue aidant,
00:51:15 vous n'obtiendrez pas beaucoup plus.
00:51:18 Quel sentiment vous conservez et ressort de ces 10-15 jours
00:51:24 qui vous ont mobilisés, avec aussi peut-être ce qui s'est passé hier,
00:51:29 on peut dire un mot, peut-être des gardes à vue qui entre-temps ont été levées,
00:51:33 est-ce que c'est quelque chose qui a un petit peu érodé le mouvement ?
00:51:36 - Si vous voulez, pour revenir à la situation d'hier soir,
00:51:38 je trouve que c'était complètement disproportionné en fait.
00:51:41 On aurait pu avoir juste un rappel à l'ordre et les sortir tout simplement de Rungis,
00:51:45 au lieu de les mettre en garde à vue quasiment toute la nuit.
00:51:48 - Ça n'a pas duré très longtemps mais néanmoins c'était une erreur pour vous.
00:51:51 - Oui, je sais que Karine n'a même pas pu avoir accès à son avocat hier soir,
00:51:55 je ne trouve pas ça très clair et très judicieux de leur part.
00:52:00 Encore une fois, il n'y a pas eu de dégradation et je tiens à le rappeler.
00:52:03 - J'aimerais qu'on place aussi la discussion, Pierre,
00:52:06 vous le disiez à demi-mot tout à l'heure sur un plan un peu plus politique,
00:52:10 parce qu'on sait qu'il y a des rivalités entre syndicats,
00:52:14 là c'est la FNSEA qui a la main aujourd'hui,
00:52:16 parce qu'elle négocie directement avec le gouvernement
00:52:18 et qu'elle va pouvoir sortir victorieuse.
00:52:20 - Oui, elle a négocié avant les autres.
00:52:21 Mais un mot sur ce qui s'est passé hier soir,
00:52:23 je trouve ça vraiment inconvenant.
00:52:24 Il y avait des présidents de chambres d'agriculture,
00:52:26 il y avait des syndicalistes...
00:52:28 - Des éléments dans les poches.
00:52:29 - Qui en rien provoquaient quoi que ce soit,
00:52:32 les fait passer la nuit au poste.
00:52:35 Il me semble que pendant les émeutes du mois de juillet,
00:52:39 j'ai l'impression qu'on a un deux poids deux mesures,
00:52:41 c'était facile, ils ne se battent pas, ils ne cassent rien,
00:52:44 et c'est eux qui vont en garde à vue.
00:52:47 Je trouve ça vraiment tout à fait injustifié et détestable,
00:52:52 parce que ces gens-là sont français, ils travaillent,
00:52:54 ils paient les impôts, ils veulent juste...
00:52:57 Ils menacent personne, au contraire,
00:53:00 ils veulent être reconnus,
00:53:01 et ce n'est pas comme ça qu'on les reconnaît.
00:53:03 Je pense que c'est une des fausses notes
00:53:05 de la gestion de cette affaire par le gouvernement,
00:53:07 qui par ailleurs est en train de trouver une sortie de crise,
00:53:09 on le voit bien,
00:53:10 alors ça on revient à votre question.
00:53:11 - Oui, c'est la question plus politique.
00:53:12 - Bon, il s'appuie sur le principal syndicat,
00:53:15 qui de tout temps est le pilier du monde agricole,
00:53:19 en gros depuis Jacques Chirac,
00:53:21 qui sait extrêmement bien travailler la com' et le reste,
00:53:24 qui a réussi à pénétrer la quasi-totalité, en réalité,
00:53:27 des chambres de réculture dans les départements.
00:53:29 - Quasiment.
00:53:30 - Quasiment.
00:53:31 Ce qui met en grande difficulté les syndicats concurrents,
00:53:35 qui ont beaucoup de mal à s'imposer,
00:53:37 et se faire entendre,
00:53:38 même s'ils ne représentent pas nécessairement toujours les mêmes.
00:53:42 Je crois que le pluralisme est utile dans le syndicalisme,
00:53:46 mais je pense que c'est quand même avec la FNSEA
00:53:49 que le gouvernement a déjà dîlé.
00:53:52 - Et les jeunes agriculteurs, parce que c'est un petit peu...
00:53:54 - C'est pareil, c'est la même chose.
00:53:56 - Oui, mais on aime bien les distincts...
00:53:58 - Oui, mais c'est la version jaune.
00:54:00 Ils ont une section jeune,
00:54:02 ils ont des sections départementales, régionales,
00:54:04 ils sont extrêmement bien organisés,
00:54:06 ils ont une com' extrêmement élaborée,
00:54:08 un réseau d'influence vraiment très compétent à l'Assemblée
00:54:11 et à Bruxelles,
00:54:13 donc c'est une puissance,
00:54:14 et c'est pour ça que le gouvernement s'appuie sur eux.
00:54:17 - Vincent Roy, dans quelques minutes,
00:54:19 elle est en train de prendre un petit peu de retard,
00:54:21 cette conférence de presse de la FNSEA,
00:54:23 où on va voir de quelle boite se chauffe.
00:54:25 Je pense que dans le quart d'heure, les 20 minutes qui suivent,
00:54:27 on va savoir si le mouvement prend fin,
00:54:29 parce qu'il y avait une crainte au départ que la FNSEA
00:54:31 ne se fasse pas déborder par sa base.
00:54:33 - Ce qui était le cas au début.
00:54:35 - C'est la raison d'ailleurs pour laquelle
00:54:37 Gabriella Tall avait reçu tout de suite la FEDSEA.
00:54:40 - Elle a repris la main.
00:54:41 Est-ce qu'elle peut mettre un terme à la mobilisation sociale,
00:54:45 parce qu'elle estime,
00:54:46 visiblement c'est ce qui va être dit dans les prochaines minutes,
00:54:49 qu'on a des gages,
00:54:51 ou en tout cas des signes d'encouragement pour la profession ?
00:54:54 - Comme il vient d'être dit,
00:54:55 elle a déjà dealé,
00:54:57 donc elle est sans doute satisfaite
00:54:59 des annonces de Gabriella Tall.
00:55:01 Donc il n'y aurait rien d'étonnant
00:55:03 à ce que la FNSEA
00:55:06 dise stop au mouvement.
00:55:10 Oui, il n'y aurait rien de très surprenant.
00:55:13 Attendons tout de même de voir ce qu'elle va dire,
00:55:16 mais il n'y aurait rien d'étonnant,
00:55:18 encore une fois,
00:55:19 au fait qu'elle s'exprime positivement
00:55:22 et qu'elle dise des choses positives
00:55:24 sur les annonces de Gabriella Tall.
00:55:26 - Deux points sur lesquels j'aimerais vous sonder,
00:55:29 Edouard Legras,
00:55:30 parce que ça me paraissait un petit peu plus technique
00:55:32 et ardu à comprendre.
00:55:33 Lorsqu'il a parlé des mesures miroirs,
00:55:35 il a parlé d'une clause de sauvegarde sur le pesticide,
00:55:37 j'espère que je l'ai bien noté,
00:55:38 Thiaclopride, qu'est-ce que c'est ?
00:55:41 - Une mesure de sauvegarde ?
00:55:43 - Vous ne le connaissez pas non plus ?
00:55:44 - Non, c'est peut-être sur des fruits ?
00:55:46 - C'est celui qui est sur les fruits.
00:55:48 - Sur les fruits.
00:55:49 Donc ça veut dire que là,
00:55:50 il y a quand même une avancée pour les maraîchers.
00:55:53 - Tant mieux, mais je vous dis,
00:55:54 sur le volet phytosanitaire,
00:55:55 j'ai l'impression que...
00:55:57 - C'est un pesticide de mémoire
00:55:58 qui est utilisé par nos concurrents en Europe
00:56:00 et pas en France.
00:56:02 - D'accord. Et alors sur le plan...
00:56:03 - Il y en a tellement de molécules que...
00:56:05 - Sur le plan, oui, c'est pas grave.
00:56:06 Sur le plan de l'eau,
00:56:08 le plan eau, ça, ça vous concerne au premier chef
00:56:10 parce que vous êtes un céréalier,
00:56:12 il y a une réduction des délais
00:56:14 de 4 à 2 mois pour les recours
00:56:18 et une simplification des normes aussi
00:56:19 de la part des préfets.
00:56:20 Qu'est-ce que ça veut dire là encore ?
00:56:22 Pardon, moi, je me fais, je pense,
00:56:24 le reflet des interrogations de Français
00:56:26 qui n'y connaissent très trop rien à l'agriculture
00:56:28 dont on voit que c'est un domaine très complexe, en fait.
00:56:30 - Ça, c'est pour faciliter les paperasses,
00:56:32 ça, encore une fois, c'est inavancé,
00:56:34 mais c'est pas suffisant sur l'eau.
00:56:36 J'avais donné un exemple tout simple,
00:56:38 c'est la charge d'électricité pour l'irrigation.
00:56:41 Moi, elle est passée de 10 000 à 40 000 euros
00:56:43 et j'ai l'impression que ce volet électricité,
00:56:45 pour l'instant, j'en entends pas beaucoup parler.
00:56:47 - Alors, on va peut-être faire venir
00:56:49 d'autres de nos intervenants
00:56:51 parce que, vous voyez, tout ceci se déroule en direct,
00:56:53 toujours avec cette attente qui perdure,
00:56:55 qui dure, de la part de la conférence de presse
00:56:58 de la FNSEA qui doit répondre à Gabriel Attal.
00:57:01 Alors, il y a un certain nombre de mesures financières,
00:57:04 c'est celle qu'on retiendra peut-être le plus aisément,
00:57:06 150 millions de soutien fiscal et social.
00:57:09 On a appris quelque chose aussi sur les retraites,
00:57:12 ça, c'était pas si évident
00:57:14 parce que c'est un domaine qui avait été complètement
00:57:16 occulté dans les discussions.
00:57:18 Il est pratiquement 15h,
00:57:20 Vincent Fordet, je vous ai rejoints pour le journal,
00:57:23 le temps de procéder à un changement de plateau d'invité.
00:57:25 Je vous laisse la parole, mon cher Vincent.
00:57:27 - On va débuter à l'Assemblée nationale.
00:57:29 Thomas Bonnet, vous êtes avec Sacha Robin.
00:57:31 Il y a un rassemblement devant l'Assemblée nationale d'agriculteurs.
00:57:35 Quelle est la situation, quelle est l'atmosphère autour de vous ?
00:57:38 - Écoutez Vincent, les agriculteurs sont encore présents
00:57:43 pour certains d'entre eux.
00:57:44 Pour rappel, ils ont voulu venir près de l'Assemblée nationale,
00:57:48 notamment pour s'entretenir avec des députés.
00:57:50 Mais ça a été rendu très compliqué parce que le dispositif de sécurité
00:57:53 que vous allez voir sur les images de Sacha Robin
00:57:55 est très conséquent.
00:57:56 Vous ne voyez là qu'une partie de ce dispositif de sécurité.
00:57:59 Nous sommes à quelques mètres d'une des entrées
00:58:01 de l'Assemblée nationale.
00:58:02 Ce que je peux vous dire, c'est que par exemple,
00:58:04 sur le pont de la Concorde, qui est donc devant le palais Bourbon,
00:58:07 il y a de très nombreux camions de CRS qui sont disposés
00:58:10 depuis ce matin.
00:58:11 La crainte des autorités, c'était celle d'une manifestation
00:58:15 qui se formerait à proximité de l'Assemblée nationale.
00:58:18 Depuis ce matin, je croise des agriculteurs
00:58:21 qui se sont donc rassemblés, qui sont venus en voiture
00:58:24 pour passer plus ou moins inaperçus.
00:58:26 Tous ne sont pas syndiqués, mais tous espéraient pouvoir
00:58:29 faire entendre leur message aux députés.
00:58:32 Ça a donc été très compliqué.
00:58:33 Mais tout à l'heure, des élus sont venus à leur rencontre,
00:58:36 ont dépassé les barrages policiers pour venir à leur rencontre,
00:58:40 échanger avec eux.
00:58:41 Et ce que l'on peut retenir des prises de parole
00:58:43 que nous avons entendues, notamment de la part des représentants
00:58:46 de la coordination rurale, c'est que nous sommes visiblement
00:58:49 dans une phase d'affaissement.
00:58:51 Je me dois d'interrompre ce duplex, parce qu'on va directement
00:58:56 à la conférence de presse de la FNSA pour la réponse.
00:58:58 A Gabriel Attal.
00:59:00 - Bien, bonjour à tous et merci d'être présents
00:59:02 dans un moment qui est important pour notre syndicat,
00:59:05 pour nos syndicats, pour l'ensemble des agriculteurs
00:59:08 que nous représentons.
00:59:10 Puisqu'il est 15h touron, au moment où je vous parle,
00:59:13 débutent dans l'Ariège les obsèques d'une de nos adhérentes
00:59:18 et de sa fille, qui ont marqué le début de cette action
00:59:23 du mois de janvier.
00:59:25 Et si vous nous permettez, avec l'ensemble des agriculteurs
00:59:28 qui sont sur le terrain, à ce moment précis,
00:59:30 nous souhaiterions observer une minute de silence
00:59:32 pour Alexandra et Camille.
00:59:34 ...
01:00:03 Merci beaucoup.
01:00:05 Bien.
01:00:07 ...
01:00:09 Vous le savez, nous sommes depuis quelques mois maintenant
01:00:12 au cœur d'une mobilisation historique de nos réseaux.
01:00:15 Cette mobilisation, elle est historique à plusieurs égards.
01:00:19 D'abord parce qu'elle a occupé depuis octobre,
01:00:22 avec des actions qui ont conduit à retourner les panneaux
01:00:25 d'agglomération et de village.
01:00:28 Elle a conduit à signifier à tout le monde qu'on marche
01:00:32 sur la tête depuis trop longtemps en agriculture
01:00:35 et que depuis près de 20 ans, nous sommes trop nombreux
01:00:38 à ne plus comprendre ce qu'on nous demande
01:00:40 dans notre métier quotidien.
01:00:43 C'est près de 40 000 agriculteurs qui se sont mobilisés
01:00:47 depuis octobre et plus spécifiquement depuis le 16 janvier
01:00:52 pour dire finalement leur incompréhension
01:00:55 de ce que la société, de ce que nos concitoyens
01:00:58 veulent de l'agriculture.
01:01:00 Finalement, ces 15 derniers jours, c'est l'histoire
01:01:03 de nos 20 dernières années agricoles,
01:01:06 de ces questions que nous posons et qui ne trouvent pas
01:01:09 toujours de réponse.
01:01:11 Alors je voudrais dire que cette mobilisation,
01:01:13 elle s'est particulièrement distinguée par son esprit
01:01:16 de responsabilité.
01:01:18 Elle continue à le faire, que cette manifestation,
01:01:21 elle a regroupé énormément d'agriculteurs
01:01:24 et notamment beaucoup de jeunes, ça nous a frappés,
01:01:27 qui veulent prendre aussi l'avenir de leur métier en main.
01:01:30 Et puis, elle a fait preuve, je crois,
01:01:33 des plus belles valeurs agricoles,
01:01:35 celles de la solidarité, celles de la responsabilité,
01:01:37 celles finalement de la volonté de ne pas se faire récupérer,
01:01:41 de ne pas se faire reprendre.
01:01:43 Et vous avez pu voir que toutes ces semaines,
01:01:45 nous sommes et nous continuerons à être des gens indépendants,
01:01:49 attachés à notre indépendance.
01:01:52 Alors notre objectif, il était clair.
01:01:55 Il était de dire à la fois au gouvernement français,
01:01:58 mais aussi à Bruxelles, qu'il fallait changer de logiciel.
01:02:05 Changer de logiciel, ça veut dire finalement
01:02:07 reconnaître que l'acte de production,
01:02:11 reconnaître que la souveraineté alimentaire,
01:02:14 reconnaître que le revenu sont des éléments intangibles
01:02:17 de l'avenir de notre métier.
01:02:20 Nous avons eu beaucoup de chance parce que,
01:02:22 face à cette dignité, nous sommes très touchés
01:02:26 du soutien que nous apporte l'ensemble de la nation.
01:02:30 Beaucoup de messages de soutien sur le terrain,
01:02:33 beaucoup de messages d'accompagnement,
01:02:36 de compréhension.
01:02:38 Et c'est vrai que, pour notre part,
01:02:41 qui sommes engagés depuis près de 25 ans,
01:02:44 c'est la première fois qu'on perçoit, qu'on ressent,
01:02:48 de manière quasiment charnelle, ce soutien des Français.
01:02:51 Je veux dire que c'est très touchant,
01:02:53 c'est très motivant et, en même temps,
01:02:56 ça nous a donné une force et une détermination sans égale.
01:03:01 Concernant la France et Bruxelles,
01:03:05 nous sommes au moment où je vous parle
01:03:07 avec deux situations diamétralement opposées.
01:03:11 Une écoute de la part du Premier ministre
01:03:14 pour essayer de comprendre ce que sont nos enjeux,
01:03:17 nous recevoir, échanger, discuter
01:03:20 et, finalement, annoncer en plusieurs salves
01:03:24 des mesures d'urgence et réaffirmer que, finalement,
01:03:28 la souveraineté alimentaire française est quelque chose
01:03:31 qu'il entend porter avec l'ensemble de son gouvernement.
01:03:35 On reviendra sur les mesures, mais je voudrais dire
01:03:38 que, dans le même temps, nous nous interrogeons
01:03:41 sur la surdité de l'Europe.
01:03:43 Or, ce combat de notre agriculture,
01:03:46 notre combat à tous, il est intimement lié
01:03:49 à l'avenir de ce qui se passe en Europe.
01:03:52 Nous l'avons dit à plusieurs reprises,
01:03:54 l'Europe, c'est notre avenir.
01:03:56 L'Europe, c'est l'espace de paix dans lequel
01:03:58 nous avons la chance de vivre depuis près de 80 ans.
01:04:01 En revanche, concernant la question agricole,
01:04:05 cette Europe technocratique, nous ne la comprenons pas.
01:04:09 Nous n'en comprenons pas ni les ressorts, ni la vision.
01:04:13 Et nous constatons que les sujets portés autour de nous,
01:04:18 sujets portés autour du Green Deal et singulièrement
01:04:21 du Farm to Fork, le fameux de la fourche à la fourchette
01:04:24 qui est la déclinaison agricole, n'est pas au rendez-vous.
01:04:28 Constatez que, dans toute l'Europe,
01:04:31 au terme de ces cinq années de mandat,
01:04:35 les agriculteurs se lèvent massivement
01:04:39 pour dénoncer des politiques ziniques
01:04:42 et le symbole de l'incompréhension grandissante
01:04:45 d'une technostructure mûrée dans ses bureaux à Bruxelles
01:04:48 et la réalité de ce que vivons dans nos exploitations.
01:04:51 Ce n'est pas tenable.
01:04:53 Et donc, réaffirmer son attachement à l'Europe,
01:04:55 c'est aussi réaffirmer notre volonté de combattre
01:04:58 cette technocratie, ces décisions prises de loin
01:05:01 qui ne respectent pas le travail des agriculteurs
01:05:04 qui ont encore une fois la noble mission,
01:05:07 celle de produire pour nourrir.
01:05:10 Dans nos réseaux, nous avons dit que cette Europe,
01:05:13 elle n'était pas au rendez-vous sur plusieurs sujets
01:05:15 que je voudrais aborder.
01:05:17 Sur la question ukrainienne,
01:05:20 non pas tant dans son soutien à ce peuple en pleine guerre,
01:05:22 mais sur le fait que nous avons tergiversé
01:05:25 depuis plus d'un an sur les sujets d'importation agricole.
01:05:28 Et nous attendons aujourd'hui des décisions fortes
01:05:31 qui vont permettre de protéger
01:05:34 le marché intérieur européen
01:05:37 et faire en sorte que, sur la volaille,
01:05:40 sur les œufs, sur le sucre, mais aussi sur les céréales,
01:05:43 nous puissions protéger la production européenne.
01:05:46 Mais on redit que sur un certain nombre de directives,
01:05:49 nous ne comprenions pas le sens.
01:05:52 Je veux par exemple parler de la directive IED.
01:05:55 Comment expliquer à un élevage familial français
01:05:58 qui produit des volailles, des dindes, du porc,
01:06:01 qui va être reconnu comme un élevage d'idées industrielles,
01:06:04 ce qui va l'amener à faire plus d'administratifs
01:06:07 et plus d'investissements,
01:06:10 alors que ses compétiteurs sont sensiblement plus gros
01:06:13 que lui en Europe, mais au-delà.
01:06:16 Et je veux évidemment parler de l'Ukraine.
01:06:19 Cette incompréhension. Je parlais des conditions,
01:06:22 des exercices, des bonnes conditions agroenvironnementales
01:06:25 qui heurtent le nombre d'agriculteurs,
01:06:28 à commencer par ce fameux ratio prairie
01:06:31 qui va amener un certain nombre d'agriculteurs,
01:06:34 d'agriculteurs et de prairies,
01:06:37 alors même que pour un certain nombre d'entre eux,
01:06:40 ils n'ont plus d'animaux.
01:06:43 La position de l'Europe sur un certain nombre d'échanges
01:06:46 et d'accords commerciaux.
01:06:49 Et je veux dire que la position sur le Mercosur
01:06:52 est une position ferme tenue par la France
01:06:55 qui doit être tenue.
01:06:58 La voie de la réduction, la voie de la souveraineté alimentaire
01:07:01 est inévitable et ne sera pas tenue.
01:07:04 Alors on comprend évidemment que les chantiers européens
01:07:07 puissent prendre du temps, que ce n'est pas en quelques jours
01:07:10 qu'on va modifier les règles.
01:07:13 Mais quelque part, au moment où on est, il est essentiel
01:07:16 que les chefs d'État et de gouvernement entendent
01:07:19 que si on veut protéger l'Europe, si on veut promouvoir l'Europe,
01:07:22 si on veut porter cette idée d'une Europe dans laquelle
01:07:25 l'agriculture représente près de 27 à 28 % du budget,
01:07:28 alors il faut qu'on puisse le faire avec des hommes et des femmes
01:07:31 qui ont envie d'avancer. Et chacun sait que le commissaire
01:07:34 européen à l'agriculture n'a pas été à la hauteur de sa tâche.
01:07:37 Je le regrette. Nous avons besoin de porter
01:07:40 une ambition collective. Elle n'a jamais été rassemblée.
01:07:43 Alors évidemment, pour nous, l'échéance de juin
01:07:46 est une échéance capitale. Je veux parler des élections européennes.
01:07:49 Vous savez que nos réseaux ne donnent pas de consignes de vote.
01:07:52 Mais nos réseaux veulent réaffirmer ici que finalement,
01:07:55 entre ce qui se passe aujourd'hui et ce que les européens
01:07:58 décideront au mois de juin, nous allons nous engager
01:08:01 pleinement pour pouvoir rétablir une vision d'une Europe
01:08:04 qui assume sa production alimentaire,
01:08:07 qui regarde son marché intérieur avec intérêt,
01:08:10 qui comprend que le mot exportation est aussi finalement
01:08:13 un élément de son rayonnement, notamment dans la coopération.
01:08:16 Et finalement, nous voulons plus d'Europe,
01:08:19 mais vous l'avez compris, pour que l'Europe soit
01:08:22 plus proche de l'Europe. Et finalement, nous voulons
01:08:25 plus d'Europe, mais vous l'avez compris,
01:08:28 ça ne se fera pas sans une totale intransigeance.
01:08:31 Alors, je veux revenir au niveau français,
01:08:34 puisque l'intervention du Premier ministre et d'un certain
01:08:37 nombre des membres de son gouvernement a quand même
01:08:40 donné des gages, et le gouvernement s'est engagé
01:08:43 sur un calendrier. Autant le dire,
01:08:46 l'exercice de vendredi dernier était un exercice raté,
01:08:49 incomplet, et nous nous réjouissons
01:08:52 de l'écoute attentive du Premier ministre
01:08:55 pour apporter des réponses complémentaires
01:08:58 que nous lui avions demandées.
01:09:01 Je peux dire qu'au moment où nous sommes,
01:09:04 nous avons été entendus sur un certain nombre de points
01:09:07 avec des avancées tangibles que nous allons vous décrire
01:09:10 dans quelques minutes et qui concernent
01:09:13 des mesures d'urgence. Mais il y a aussi des choses
01:09:16 qui ne sont pas au rendez-vous et qu'il faudra éclairer.
01:09:19 D'abord, nous sommes sensibles
01:09:22 à l'annonce de mesures d'urgence qui concernent
01:09:25 le GNR, l'indemnisation sanitaire et climatique,
01:09:28 le versement rapide des dernières ACPAC
01:09:31 qui ne l'ont pas été et qui sont encore aujourd'hui
01:09:34 en souffrance et qui attendent urgemment d'être payées
01:09:37 par ceux qui, depuis octobre, patientent.
01:09:40 Les mesures fiscales, notamment sur le secteur
01:09:43 de la viande bovine, mais aussi sur les jeunes agriculteurs.
01:09:46 Un plan d'aide d'urgence pour la viticulture.
01:09:49 Des mesures sur lesquelles le Premier ministre
01:09:52 a rappelé son cap, celui de la souveraineté,
01:09:55 celui de la production et d'une politique agricole
01:09:58 qui s'assume. Nous sommes à ses côtés
01:10:01 dans ce cap. Nous voulons avancer.
01:10:04 Sur les mesures, notamment en lien
01:10:07 avec le pacte et la loi pour le renouvellement
01:10:10 des générations d'agriculture. Vous aviez entendu
01:10:13 le ministre le repousser de quelques semaines
01:10:16 pour y intégrer de nouvelles mesures,
01:10:19 notamment sur la souveraineté alimentaire
01:10:22 qui doit être, et vous l'avez entendu,
01:10:25 reconnue comme une agriculture d'intérêt général
01:10:28 au niveau français. Donc d'inscrire comme objectif
01:10:31 la souveraineté alimentaire dans le projet de loi.
01:10:34 On inscrira aussi des indicateurs parce qu'inscrire
01:10:37 comme quoi la souveraineté alimentaire c'est une chose
01:10:40 mais il faut avoir des indicateurs pour la mesurer
01:10:43 et donc l'inscription dans le projet de loi
01:10:46 d'indicateur permettant de mesurer
01:10:49 cette souveraineté alimentaire.
01:10:52 Sur l'installation et la transmission,
01:10:55 nous sommes plutôt rassurés que le Premier ministre
01:10:58 avec sa prise de parole ait pu corriger son erreur
01:11:01 de vendredi dernier où il avait complètement omis
01:11:04 de parler du renouvellement des générations
01:11:07 parce que quel avenir pour une agriculture
01:11:10 sans installation de nouveaux agriculteurs
01:11:13 et agricultrices. Des mesures fortes
01:11:16 pour la transmission, Bruno Le Maire
01:11:19 les a détaillées avec des rehaussements de seuil
01:11:22 en lien avec les GIA, des exonérations
01:11:25 de taxes pour les jeunes agriculteurs
01:11:28 qui existaient mais où on demandait l'automatisme
01:11:31 de nombreuses années. Le travail
01:11:34 qui a été engagé et qui est dès la semaine prochaine
01:11:37 pour aller encore plus loin sur des mesures de transmission
01:11:40 qui permettront à des jeunes d'accéder au métier, de reprendre
01:11:43 les exploitations. La possibilité de discuter
01:11:46 sur le prêt garanti par l'état de 2 milliards
01:11:49 qui a été mis à l'heure actuelle dans le PAC, de pouvoir
01:11:52 voir ces évolutions possibles vers des prêts bonifiés
01:11:55 qui aideront les jeunes à reprendre les exploitations
01:11:58 que vous constatez tous mais l'évolution des taux
01:12:01 représente un handicap pour reprendre les fermes
01:12:04 donc la porte est ouverte pour discuter
01:12:07 sur ces choses là.
01:12:10 Sur les mesures pour le revenu
01:12:13 et ça c'est un gros point qui a été demandé
01:12:16 par les agriculteurs. Le point c'est le contrôle
01:12:19 de l'origine France. Ça fait des années, il y a quelques années
01:12:22 on avait obtenu l'origine France, l'obligation
01:12:25 de mettre l'origine France sur les produits qui nous avaient été cassés
01:12:28 en appel au niveau de Bruxelles. La volonté du gouvernement
01:12:31 de vraiment contrôler quand il y a un drapeau français
01:12:34 et que les produits qui sont sous le drapeau français
01:12:37 soient bien d'origine France, donc élevé
01:12:40 né en France, nous, semble être une bonne voie
01:12:43 et il faut le faire parce que jusqu'à maintenant
01:12:46 vous avez des fois une tromperie parce que malheureusement
01:12:49 des consommateurs en achetant des produits avec un drapeau français
01:12:52 s'ils le contrôlent à la maison se rendent compte que vous avez
01:12:55 peut-être une origine polonaise, ukrainienne sur un poulet
01:12:58 et donc c'est des tromperies que nous trouverons
01:13:01 scandaleuses. Sur les mesures de compétitivité
01:13:04 et notamment les mesures d'emploi de main d'oeuvre
01:13:07 c'était des choses qu'on demande régulièrement et notamment
01:13:10 la mesure TODE, c'est l'exonération
01:13:13 des charges pour les travailleurs saisonniers et ça, ça pèse
01:13:16 beaucoup dans des filières qui sont déjà en tension, je pense
01:13:19 à la viticulture mais je pense aussi à notre filière
01:13:22 fruits et légumes et donc là, la pérennisation
01:13:25 du TODE
01:13:28 avec notamment aussi le rélevement des SMIG
01:13:31 les mesures de production aussi avec
01:13:34 la reconnaissance du travail
01:13:38 comme quoi le métier travaille mis en tension
01:13:41 c'est une bonne chose aussi. Sur les conditions d'exploiter
01:13:44 vous savez, ça faisait partie aussi du pack de retrouver
01:13:47 la dignité, de retrouver des conditions pour exercer
01:13:50 le métier. L'inscription dans la loi
01:13:53 du principe de pas d'interdiction sans solution porté par
01:13:56 le Président de la République qui stipule
01:13:59 qu'on n'interdit pas des produits si les agriculteurs sont sans
01:14:02 solution, qu'on les laisse dans des espaces et ça crée à l'heure actuelle
01:14:05 un gros désarroi et c'est ce qui est porté
01:14:08 par de nombreux agriculteurs sur le territoire.
01:14:11 Le changement d'approche et ça c'est l'engagement qui est pris
01:14:14 sur Ecofito avec, comme l'a dit le Premier ministre
01:14:17 la mise en arrêt et d'ici le salon de l'agriculture
01:14:20 que ça soit retravaillé sur les indicateurs
01:14:23 sur les cartographies, sur les registres
01:14:26 parce qu'on ne peut pas continuer à avoir des choses qui sont indépendamment
01:14:29 de ce qui se passe à l'Europe et c'est ce qu'on dénonce depuis un moment
01:14:32 donc c'est une chose qui va dans le bon sens
01:14:35 les mesures sur l'eau, ça avait été annoncé
01:14:38 et notamment l'inscription rapide au Sénat
01:14:41 du trouble anormaux des voisinages, le ministre
01:14:44 et le Premier ministre l'a réaffirmé très clairement
01:14:47 de dire qu'à un moment donné quand on vient à la campagne, oui il y a des agriculteurs
01:14:50 oui il y a des animaux qui font du bruit et que oui
01:14:53 c'est une activité qui se développe et qui des fois
01:14:56 prend un peu plus de place que quand on est arrivé.
01:14:59 Sur notre calendrier syndical
01:15:02 parce qu'une fois ces annonces faites, il faut savoir
01:15:05 ce qu'on fait pour la suite et comment on continue
01:15:08 dans le moment où on se trouve.
01:15:11 Après consultation il y a quelques
01:15:14 minutes qui viennent de se conclure avec nos deux réseaux
01:15:17 respectifs, nous avons
01:15:20 décidé qu'à l'heure actuelle, au vu
01:15:23 de tout ce qui avait été annoncé, à condition
01:15:26 que très rapidement une note soit
01:15:29 mise à disposition de nos réseaux sur le terrain
01:15:32 pour avoir un écrit de tout ce qui a été dit pour que ça soit clair
01:15:35 et que ça puisse être digéré, nous considérons
01:15:38 qu'il faut qu'on change de mode d'action et donc
01:15:41 nous appelons nos réseaux par les voies nationales
01:15:44 à suspendre les blocages et à rentrer
01:15:47 dans une nouvelle forme de mobilisation.
01:15:50 Cette nouvelle forme c'est de dire que dès lundi on va se mettre au travail
01:15:53 dans les préfectures, dans les ministères pour aller
01:15:56 travailler tous les points qui ont été annoncés, pour aller voir
01:15:59 comment on les met en application, comment on fait pour que ça se
01:16:02 réalise réellement sur le terrain, avec
01:16:05 plusieurs conditions à cette levée. La première
01:16:08 c'est de dire que la première corde de rappel c'est le salon de l'agriculture
01:16:11 et ça a été dit dans le discours du Premier Ministre, par
01:16:14 certains ministres, il y a des travaux qui vont être lancés d'ici
01:16:17 la semaine prochaine et donc il faudra qu'au
01:16:20 salon de l'agriculture il y ait les premiers résultats.
01:16:23 Ça doit être le marqueur fort du changement
01:16:26 de logiciel, du changement de fonctionner
01:16:29 de ce gouvernement. La deuxième chose
01:16:32 c'est qu'il y a, ça a été dit par Arnaud,
01:16:35 c'est qu'il y a des travaux qui sont sur du plus long terme, des mesures
01:16:38 européennes, des mesures qui vont passer par
01:16:41 la loi, je l'ai dit, dans la loi d'orientation et d'avenir agricole.
01:16:44 Et donc ça, on demande que l'engagement qui a été
01:16:47 pris que d'ici juin ces mesures soient inscrites,
01:16:50 que cette loi passe au Parlement, que tout le volet européen
01:16:53 soit mis en action, sera aussi un marqueur très
01:16:56 fort et que si d'ici le mois de juin, nous
01:16:59 hésiterons pas, si ces marqueurs ne sont pas remplis, à re-rentrer
01:17:02 dans un mouvement de mobilisation d'ampleur générale.
01:17:05 Voilà ce que je pouvais vous dire sur
01:17:08 les annonces qui ont été faites.
01:17:11 Alors, je voudrais conclure notre propos
01:17:14 pour vous dire plusieurs choses. D'abord, vous l'avez compris,
01:17:17 le mouvement débuté en octobre ne
01:17:20 cesse pas, il se transforme.
01:17:23 Et il sera toujours actif aussi longtemps
01:17:26 que nous n'aurons pas gravé dans la loi
01:17:29 la reconnaissance de la souveraineté
01:17:32 alimentaire française.
01:17:35 Et aussi longtemps que les phrases portées
01:17:38 du type "pas d'interdiction sans solution",
01:17:41 "reconnaissance de l'agriculture comme
01:17:44 d'intérêt général majeur" ne s'y
01:17:47 retrouveront pas. Pour nous, c'est essentiel.
01:17:50 On l'avait dit en démarrant, au mois d'octobre,
01:17:53 il nous faut des actes, il nous faut des choses concrètes.
01:17:56 Les agriculteurs ne veulent pas simplement des mots.
01:17:59 Ce discours, il monte la direction. Il faut maintenant
01:18:02 transformer l'essai. Il faut très clairement que l'on
01:18:05 puisse mesurer ce que cela change.
01:18:08 Je le dis aussi parce que j'ai indiqué qu'à Bruxelles
01:18:11 nous n'étions pas au rendez-vous et je sais que le président de la République
01:18:14 entend prendre la parole dans quelques minutes. Moi, je l'invite
01:18:17 à s'engager pleinement pour dire aux agriculteurs français
01:18:20 qui attendent beaucoup de lui comment cette Europe va répondre
01:18:23 très concrètement à leurs attentes. Là, dans quelques minutes,
01:18:26 sur le sujet des jachères,
01:18:29 avant la fin de l'année, sur le sujet du ratio prairie,
01:18:32 sur IED, sur la vision
01:18:35 que va porter la France sur les sujets agricoles.
01:18:38 Et puis ensuite, encore une fois, la campagne.
01:18:41 Je voudrais évidemment saluer toutes les agricultrices
01:18:44 et tous les agriculteurs de nos réseaux
01:18:47 mais aussi d'au-delà.
01:18:50 Parce que ce mouvement, ce n'était pas, je l'ai dit,
01:18:53 une querelle de boutique. C'était un vrai mouvement profond
01:18:56 dans lequel nous avons mis à disposition
01:18:59 nos réseaux pour que chacun puisse dire son attachement
01:19:02 à l'avenir de l'agriculture. Je voudrais très sincèrement
01:19:05 vous remercier tous, ceux qui depuis des jours,
01:19:08 des semaines, assurent la logistique, l'encadrement,
01:19:11 assurent le suivi médiatique. C'est une fierté pour nous
01:19:14 d'avoir pu vous compter à nos côtés et de continuer
01:19:17 dans l'avenir à construire cette ambition
01:19:20 collective pour l'agriculture. Alors, vous l'avez,
01:19:23 je vous l'ai dit, nous n'allons pas régler en quelques jours
01:19:26 ces 20 ans de désarmement
01:19:29 de l'agriculture. Mais puisqu'aujourd'hui, plus que jamais,
01:19:32 vous avez vu la mobilisation du monde agricole pour porter une ambition,
01:19:35 je voudrais, en concluant, dire que
01:19:38 il faut aussi donner de la vision et de l'ambition
01:19:41 à l'agriculture, parce que l'agriculture est capable de beaucoup,
01:19:44 parce que les hommes et les femmes qui font ce métier ont le goût
01:19:47 d'entreprendre, aiment la liberté d'entreprendre, veulent agir
01:19:50 sur les territoires, au quotidien, pour porter
01:19:53 finalement ce qu'on ignorait trop,
01:19:56 mais que tout le monde a vu en France depuis quelques jours,
01:19:59 une ambition pour la nation, une ambition pour l'agriculture.
01:20:02 Merci beaucoup à tous.
01:20:06 Beaucoup de choses à dire,
01:20:09 beaucoup de conférences de presse, à vrai dire, qui s'enchaînent
01:20:12 depuis le début de l'après-midi, et ça n'est pas fini,
01:20:15 puisque vous voyez, juste en bas de votre écran,
01:20:18 ce pupitre, nous sommes là à Bruxelles, qui se prépare
01:20:21 à accueillir le président de la République, Emmanuel Macron,
01:20:24 qui va aussi parler des avancées qu'il pense avoir obtenues
01:20:27 auprès de ses homologues européens
01:20:30 et de la Commission européenne, et notamment le fameux accord
01:20:33 Mercosur, dont on nous a dit qu'il devait s'arrêter
01:20:36 de manière claire, nette et ferme,
01:20:39 ce sont les mots de Gabriel Attal, mais là on attendait beaucoup de la réaction de la FNSEA,
01:20:42 on a compris, à travers les mots de son président,
01:20:45 corroboré d'ailleurs par les jeunes agriculteurs,
01:20:48 que la levée du mouvement était imminente, en tout cas on va changer
01:20:51 de mode d'action, parce qu'on estime avoir obtenu
01:20:54 suffisamment de gages pour, en l'état,
01:20:57 arrêter le mouvement tel qu'on l'a vu.
01:21:00 - Une phrase intéressante qu'il a dit, les 15 jours que nous venons de vivre,
01:21:03 c'est l'histoire de nos 20 dernières années
01:21:06 en matière d'agriculture, donc j'imagine que dans sa voix ça voulait dire
01:21:09 20 années de renoncement, c'est de tout cela dont nous allons parler
01:21:12 avec nos invités, que je vous présente sans plus tarder.
01:21:15 Mathilde Parry, bonjour, merci d'être là, vous êtes députée du Rassemblement National
01:21:18 du département du Loiret, à vos côtés,
01:21:21 Judith Vintraub, bienvenue en tant que reporter au Figaro Magazine,
01:21:24 qu'on ne présente plus, ou presque, sur ce plateau de 180 minutes,
01:21:27 bonjour Hervé Bricou, merci de nous avoir rejoints,
01:21:30 vous êtes agriculteur en polyculture, basé,
01:21:33 il me semble, tout près de 50 ans, c'est dans l'année, n'est-ce pas ?
01:21:36 - Oui, à côté de 50 ans. - Bonjour Raphaël MCLM,
01:21:39 merci d'être là également, vous êtes analyste en politique publique,
01:21:42 Pierre Lelouch, qui est avec nous,
01:21:45 qui nous accompagnait pour cette première heure déjà,
01:21:48 et Karim Zérébi pour compléter le tableau.
01:21:51 On attend évidemment Emmanuel Macron d'une minute à l'autre, donc je suis susceptible
01:21:54 de vous couper en plein essor, en plein élan, mais globalement,
01:21:57 sur les annonces à Thal, 3e salve, on le rappelle,
01:22:00 et sur la réponse de la FNSEA et la suite,
01:22:03 l'issue du mouvement de la mobilisation sociale,
01:22:06 je vais peut-être ouvrir le bal avec vous, Judith,
01:22:09 qu'est-ce que vous avez retenu ?
01:22:12 Est-ce qu'aujourd'hui, on peut dire qu'ils sont satisfaits,
01:22:15 ou la fatigue est passée par là, et ils sont un peu réalistes aussi
01:22:18 sur l'issue de leur mobilisation ?
01:22:21 En tout cas, ce qu'on peut constater, c'est que cette 3e salve,
01:22:24 vous avez raison de le souligner, ils se sont repris à 3 fois
01:22:27 pour obtenir des appels à l'apaisement,
01:22:30 à la fois de la coordination rurale
01:22:33 et à la fois de la FNSEA.
01:22:36 Alors, ces deux mouvements ne représentent pas
01:22:39 à eux seuls tous les agriculteurs.
01:22:42 On a vu en particulier avec la FNSEA
01:22:45 qu'il y avait un phénomène "je suis leur chef, donc je les suis",
01:22:48 puisque la FNSEA avait négocié
01:22:51 avec le gouvernement et donné son accord
01:22:54 à la "refiscalisation" du fameux GNR,
01:22:57 le gazole vent routier,
01:23:00 et quand elle a vu que ça ne passait pas du tout à la base,
01:23:03 elle s'est mise dans le camp des durs en disant
01:23:06 "non, non, pas question".
01:23:09 Mais ça a été subtil, parce que pour le coup, elle a repris la main quand même.
01:23:12 Moi, j'ai trouvé ça moyennement subtil.
01:23:15 Elle a repris la main de manière assez magistrale quand même.
01:23:18 Elle a repris la main. Le gouvernement est habitué,
01:23:21 très habitué à négocier avec elle.
01:23:24 Il y a une longue tradition de dialogue entre la FNSEA
01:23:27 et le pouvoir, quel que soit le pouvoir d'ailleurs.
01:23:30 Donc c'est à peu près naturellement qu'elle a repris sa place.
01:23:33 Si elle s'était coupée de sa base, c'est ce dialogue-là
01:23:36 qui aurait été mis en danger.
01:23:39 Donc pour le moment, c'est plutôt un succès politique
01:23:42 pour Gabriel Attal.
01:23:45 D'ailleurs, M. Rousseau a bien bien insisté
01:23:48 pour mettre en opposition l'écoute du Premier ministre.
01:23:51 - Est-ce que ça aussi c'était subtil ?
01:23:54 - Non. - Je n'ai pas de non.
01:23:57 Peut-être que vous avez trouvé ça subtil, mais là non plus,
01:24:00 je n'ai pas été frappée par la subtilité de la chose.
01:24:03 Et la surdité de l'Union européenne.
01:24:06 Vraiment, c'est insatisfaissante, encadré, affiché.
01:24:09 Mais dans la dernière partie de la conférence de presse,
01:24:12 tous les intervenants ont dit "attention, d'abord mettez-moi ça par écrit,
01:24:15 c'est toujours plus sûr".
01:24:18 - Il faut négocier avec quelqu'un.
01:24:21 Et puis il y a une clause de revoyure en juin, on se remobilisera.
01:24:24 - Et puis il faut remplir les concepts, parce qu'inscrire
01:24:27 la souveraineté agricole dans la loi,
01:24:30 je ne sais pas si ça...
01:24:33 - Un de nos intervenants précédents avait noté, sans doute assez justement,
01:24:36 moi ça m'avait complètement échappé,
01:24:39 c'est un objectif de souveraineté, ce qui est encore moins engageant
01:24:42 que d'inscrire la souveraineté à proprement parler.
01:24:45 Mathilde Parry, parce que j'aimerais bien que tout le monde puisse avoir la parole
01:24:48 avant qu'on reparte à Bruxelles. Globalement, sur les annonces,
01:24:51 les agriculteurs nous disaient "on veut du concret, du concret".
01:24:54 Est-ce que vous, vous avez entendu du concret dans la voix de Gabriel Attal ?
01:24:57 - Je trouve que ce sont des grandes promesses, qu'on en a déjà eues d'ailleurs par le passé.
01:25:00 Maintenant on demande des actes, ça fait des années en réalité
01:25:03 que les agriculteurs, quand on parle justement maintenant d'inscrire
01:25:06 ce principe de souveraineté alimentaire dans le droit,
01:25:09 moi je trouve que ça me fait penser tout de suite à la loi biodiversité de 2016
01:25:12 qui elle, a inscrit dans le code de l'environnement
01:25:15 un principe de non-régression en matière environnementale.
01:25:18 Donc ça va s'entrechoquer, parce qu'aujourd'hui, notre souveraineté alimentaire
01:25:21 est mise à mal justement par cette écologie punitive
01:25:24 qui est décriée par les agriculteurs.
01:25:27 Et d'ailleurs hier le ministre Béchut disait "il n'est pas question de reculer
01:25:30 en matière écologique sur ce qui a été fait".
01:25:33 Alors donc on met les choses en pause, on dit "voilà sur éco, phyto,
01:25:36 on met ça en pause", mais du coup on ne revient jamais en arrière.
01:25:39 Sur les traités de libre-échange c'est pareil,
01:25:42 on va essayer de bloquer le Mercosur, mais qu'est-ce qu'on fait
01:25:45 des anciens traités de libre-échange ? Sur les surtranspositions,
01:25:48 on va arrêter la surtransposition, mais qu'est-ce qu'on fait de tout ce qui a déjà été surtransposé
01:25:51 et qui met des contraintes énormes, normatives, administratives ?
01:25:54 - Est-ce qu'on revient vraiment en arrière ou est-ce qu'on interrompt le processus ?
01:25:57 - Il y a un moment en fait, moi ce que je retiens c'est en fait on met en pause
01:26:00 mais on ne revient pas en arrière. Donc en réalité on va éviter que la situation
01:26:03 pour les agriculteurs s'empire, mais on ne va pas l'améliorer.
01:26:06 - C'est-à-dire que le changement de logiciel aujourd'hui, en gros, en somme, vous ne l'avez pas vu ?
01:26:09 - Exactement. - Il n'y a pas eu de prise de conscience réelle.
01:26:12 - Avant de vous faire réagir à nouveau sur le plateau, nos équipes sur le terrain
01:26:15 qui sont aux côtés des agriculteurs, ce sont eux évidemment les premiers concernés.
01:26:18 Bonjour Maxime Legay, vous êtes du côté d'Ourdan,
01:26:21 avec sans doute un de ceux qui a écouté attentivement
01:26:24 le Premier ministre tout à l'heure.
01:26:27 Est-ce qu'il est satisfait au point de partir chez lui ?
01:26:30 - Oui, tout à fait Nelly. Je suis avec les agriculteurs
01:26:36 de la coordination rurale, avec Patrick.
01:26:39 Bonjour Patrick. Vous avez écouté avec attention cette prise de parole
01:26:42 de Gabriel Attal. Est-ce que vous avez été convaincu ?
01:26:45 - Ecoutez, M. Attal a de belles formules, mais est-ce qu'il pense ce qu'il dit ?
01:26:49 Le sujet est là, écoutez. Effectivement il reprend
01:26:52 quelques idées qu'on a eues, l'exception agriculturelle,
01:26:55 même si il le formule différemment, parce qu'il parle de loi,
01:26:58 de création de loi pour protéger l'électe française.
01:27:01 Mais on attend les actes, c'est tout. Tout ça, ça sonne très creux.
01:27:04 Il est en droit d'adonner une parole, mais en fait ça ne suffit pas.
01:27:07 - Qu'est-ce que vous attendez comme acte précisément ?
01:27:10 - Que la loi qu'il souhaite soit promulguée,
01:27:13 mais on sait que ce sera très très long tout ça.
01:27:16 Et ensuite, nous on a besoin de... Ecoutez, les trésors des agriculteurs
01:27:19 sont au plus bas, donc il faut maintenant
01:27:22 quand même qu'il y ait un peu d'argent qui arrive sur les comptes
01:27:25 pour que la saison recommence. - Alors la suite, qu'est-ce que c'est ?
01:27:28 Là on voit les tracteurs sur les images de Jean-Laurent Constantini
01:27:31 qui sont en train de faire le plein, vous êtes sur le départ, vous rentrez, vous partez ?
01:27:34 - Ah non, on nous chasse. On est considérés dans ce département
01:27:37 comme des OQTF, et l'État va effectivement nous conduire
01:27:40 dans le département suivant. Donc on nous conduit
01:27:43 à la frontière du département parce qu'on ne souhaite plus nous voir ici.
01:27:46 C'est un scandale. - Voilà Nelly, vous l'aurez compris,
01:27:49 des agriculteurs qui ont été donc déçus, une nouvelle fois, celle de trop
01:27:52 par la prise de parole de Gabriel Attal, et qui ont donc
01:27:55 sur le retour vers Agen, un départ qui est
01:27:58 prévu là, en ce moment même, d'ici une quinzaine de minutes.
01:28:01 - Oui, c'est la fin, on a bien senti que... Voilà, la coordination
01:28:04 rurale nous a fait comprendre tout à l'heure qu'ils étaient eux aussi
01:28:07 sur l'arrêt du mouvement. Hervé Bricou, c'est votre métier, vous êtes agriculteur
01:28:10 en polyculture, vous pouvez peut-être nous dire un mot des difficultés que vous rencontrez
01:28:13 dans votre exploitation. Globalement, il y a eu pas mal
01:28:16 d'annonces chiffrées, mais quand on fait
01:28:19 le ratio, par exemple, sur les 150 millions
01:28:22 de soutien fiscal, enfin d'aide
01:28:25 fiscale et sociale, si on fait un calcul
01:28:28 grossier par rapport au nombre d'agriculteurs ou d'exploitants que ça concerne
01:28:31 réellement, on arrive à des chiffres qui sont beaucoup moins impressionnants.
01:28:34 - Tout à fait, vous avez raison.
01:28:37 - Les enveloppes dites comme ça, ça devient un peu abstrait.
01:28:40 - Le brouillard, c'est génial, c'est du brouillard. On envoie le brouillard,
01:28:43 vous rentrez les abeilles et hop, terminé.
01:28:46 Aujourd'hui, je pense que le discours, c'est un
01:28:49 discours d'apaisement, on est tous unifiés,
01:28:52 on est tous d'accord. Je pense pas que dans la tête des agriculteurs
01:28:55 aujourd'hui, on ait tous cette sensation.
01:28:58 On a plutôt une sensation, rentrez chez vous,
01:29:01 terminé, il n'y a plus rien à voir. - Alors ça, c'est pour votre
01:29:04 ressenti. Maintenant, pour ce que vous avez entendu concrètement,
01:29:07 c'est des choses qui recueillent votre ressentiment et qui vous font dire
01:29:10 "voilà, moi, pour la filière qui m'intéresse, quand même,
01:29:13 je sens que je vais pouvoir évoluer dans mon travail" ou pas du tout ?
01:29:16 - Je vais vous dire une chose, quand
01:29:19 on s'adresse aux directeurs des DDT,
01:29:22 aujourd'hui, ils savent même pas nous expliquer
01:29:25 eux-mêmes la nouvelle PAC, le nouveau
01:29:28 magazine qui est arrivé, et là, à un moment donné,
01:29:31 je me dis "mais c'est quoi ce truc ? On veut nous faire gober
01:29:34 quelque chose ?" qu'ils arrivent même pas à gober eux-mêmes.
01:29:37 - Donc c'est trop ardu, c'est trop fût ?
01:29:40 - Non, ça devient un peu stupide, il y a de la stupidité
01:29:43 par moment, et je pense qu'aujourd'hui, il va falloir dégraisser
01:29:46 un petit peu toutes ces mesures qui ont été prises et des injonctions
01:29:49 qui sont complètement stupides. Aujourd'hui, on a besoin
01:29:52 de libérer un petit peu nos agriculteurs parce que
01:29:55 on est dans un métier vraiment hyper encadré,
01:29:58 on ne fait pas n'importe quoi, on n'a jamais
01:30:01 fait n'importe quoi, mais on nous a fait passer pour des pollueurs,
01:30:04 ça c'était facile. Aujourd'hui,
01:30:07 je pense qu'il est temps de changer, changer cette agriculture.
01:30:10 - Alors pour vous montrer quand même que tous les avis sont dans la nature,
01:30:13 à l'instant, on entendait à Dourdan, cet agriculteur, nous dire
01:30:16 "on part, on est en train de faire
01:30:19 le plein et on rentre chez nous". Antoine et Steph, vous êtes
01:30:22 à Chilly-Mazarin, c'est sur l'Assis, c'est pas si loin de
01:30:25 l'Essonne que ça, on est assez près finalement
01:30:28 de Maxime Legay et c'est pas du tout le son
01:30:31 de cloche que vous avez entendu autour de vous, racontez-nous.
01:30:34 - Effectivement, nous sommes à quelques kilomètres de Rungis, ici,
01:30:40 c'est l'un des plus gros barrages en Ile-de-France, vous voyez derrière moi une grosse mobilisation,
01:30:43 150 à 200 tracteurs, toujours ici,
01:30:46 300 agriculteurs qui sont en train d'écouter le président
01:30:49 FNSEA de la région Ile-de-France, vous voyez ce petit groupe
01:30:52 derrière moi et ces hommes qui sont debout sur des palettes pour leur parler,
01:30:55 eh bien ils sont en train d'expliquer exactement ce qu'ils ont compris
01:30:58 dans ces mesures, mais ils ont commencé leur discours
01:31:01 les présidents en disant "attention, ce barrage
01:31:04 pour l'instant est maintenu, nous n'avons pas bien compris
01:31:07 ces explications et surtout, ils attendent maintenant des écrits
01:31:10 de la part du gouvernement concernant les mesures annoncées,
01:31:13 ils veulent un détail, des précisions, tout ça va être
01:31:16 dilué dans l'information, dans les informations
01:31:19 qu'ils vont recevoir dans les heures qui viennent, mais pour le moment, ce barrage
01:31:22 est bien maintenu ici sur l'autoroute A6, évidemment,
01:31:25 qui continue à engendrer des dizaines de kilomètres de bouchons dans les parages
01:31:28 comme vous pouvez imaginer, on est au sud de Paris, c'est ici
01:31:31 l'un des accès au marché de Rungis évidemment, mais aussi à l'aéroport
01:31:34 d'Orly ou encore à la Francilienne, cette grande autoroute qui fait le tour
01:31:37 de Paris, bref, tout cela est compliqué à gérer pour les forces
01:31:40 de l'ordre, sur ce barrage qui pour le moment, je vous le rappelle, est maintenu.
01:31:43 Merci beaucoup cher Antoine pour cette incarnation.
01:31:46 Raphaël Amselem, on voit que ce n'est pas simple, finalement c'est un peu à l'image
01:31:49 de la complexité et de la diversité de cette profession.
01:31:53 C'est-à-dire qu'il y a beaucoup d'agriculteurs qui n'ont pas les mêmes
01:31:56 considérations, certains pour qui l'Europe est plutôt une chance,
01:32:00 on ne peut pas dire que tous les traités de libre-échange soient
01:32:03 à mettre à la poubelle, à jeter, mais il y en a d'autres évidemment
01:32:08 qui se stimulaisent. C'est ça aussi le mouvement de terrain,
01:32:12 c'est-à-dire que chacun voit un peu midi à sa porte.
01:32:15 Ce qui m'a beaucoup marqué dans l'intervention du porte-parole de la FNSEA
01:32:19 lors de la conférence de presse, c'était dès l'introduction, cette phrase
01:32:22 où il explique "nous ne savons plus ce qu'on attend de nous au quotidien".
01:32:26 Et je pense que c'est une phrase qui synthétise une grande partie
01:32:29 des problèmes rencontrés par les agriculteurs, à la fois par les politiques
01:32:33 nationales et européennes. Je pense notamment à un élément très marqueur
01:32:36 de cette incohérence-là, c'est la politique "farm to fork",
01:32:40 de la ferme à l'assiette, dans laquelle on voit que l'Europe,
01:32:45 qui pendant des années a plaidé pour une politique extrêmement productiviste
01:32:49 en matière agricole, tout de suite nous annonce des mesures
01:32:52 radicalement opposées, décroissantes, de baisse d'utilisation des terres,
01:32:56 de jachères, de baisse des produits sanitaires et phytosanitaires.
01:33:00 C'est-à-dire que les agriculteurs sont perdus entre des injonctions
01:33:03 contradictoires qui auront en plus des impacts, un impact extrêmement
01:33:08 pénible pour eux, en termes de baisse des revenus, en termes d'augmentation
01:33:13 des prix pour les consommateurs. Il y a un ensemble de rapports
01:33:16 et de publications qui ont été présentés par la journaliste
01:33:18 Emmanuelle Ducrot, qui soulignent justement à quel point ça fait
01:33:22 consensus de dire que cette politique-là incohérente va peser sur les agriculteurs.
01:33:27 Donc ça, je pense que c'est le premier point qui est important.
01:33:29 Le deuxième point qui a été souligné en fin de conférence de presse,
01:33:32 c'est de rappeler que ces agriculteurs sont des entrepreneurs.
01:33:35 Et la conclusion de cette conférence de presse était de dire
01:33:38 "mais nous aimons la liberté d'entreprendre".
01:33:40 Or, en France, nous avons extrêmement de difficultés en la matière
01:33:43 pour laisser la liberté d'entreprise, et pour le coup, les mesures
01:33:47 annoncées par Gabriel Attal...
01:33:48 - Ah oui, il y a la question d'alléger quand même les charges,
01:33:50 pour qu'ils s'installent...
01:33:51 - Oui, mais c'est extrêmement conjoncturel à court terme.
01:33:53 Le fait est que depuis 5 ans, 6 ans, nous n'avons pas eu assez de mesures
01:33:57 en ce sens-là, et nous avons aussi un problème de surtransposition
01:34:02 des normes européennes par rapport à la France, qui met directement
01:34:05 nos agriculteurs en concurrence et loyale avec les autres européens,
01:34:09 sans parler du reste du monde.
01:34:10 Donc ça, c'est le deuxième point.
01:34:11 Le troisième point, pour réagir juste en conclusion sur ce qui a été dit,
01:34:14 je suis absolument d'accord pour dire qu'il y a une certaine vision
01:34:17 de l'écologie politique qui se fait aujourd'hui à la défaveur
01:34:20 des agriculteurs, à la fois dans les discours qui sont portés
01:34:23 dans le débat public, et dans les mesures qui sont adoptées
01:34:25 aussi par le gouvernement.
01:34:26 Néanmoins, il ne faut pas oublier qu'il va falloir quand même
01:34:29 penser deux choses.
01:34:30 D'une part, la question animale qui commence à prendre
01:34:33 de plus en plus d'importance, quel est le traitement qu'on souhaite
01:34:36 réserver aux animaux et qui, il faut bien le dire franchement,
01:34:39 parfois n'est pas assez satisfaisant.
01:34:41 Et puis un problème souligné par le philosophe Gaspard Koenig
01:34:43 dans son dernier livre, qui est qu'il faut 1 000 ans à la nature
01:34:46 pour créer de la terre, de la terre fertile.
01:34:48 Aujourd'hui, nous avons détruit une très grande partie
01:34:50 de cette fertilité, et donc il va falloir penser malgré tout,
01:34:54 même s'il y a une mauvaise écologie politique,
01:34:56 il faudra quand même penser la bonne écologie qui nous permettra
01:34:59 d'allier à la fois le travail légitime des agriculteurs
01:35:02 et l'intérêt de la nature, sans lequel il n'existe tout simplement
01:35:05 pas de vie humaine.
01:35:06 - Alors avant de continuer et de poursuivre ce tour de table,
01:35:08 évidemment intéressant, parce que vous avez des avis,
01:35:11 et en tout cas vous avez choisi des angles un peu disparates,
01:35:13 j'aimerais quand même qu'on sonde Patrick Bénézit,
01:35:16 qui est éleveur de bovins, qui a assisté à la conférence
01:35:19 de presse de la FNSEA.
01:35:20 Bonjour monsieur, merci d'être en direct avec nous.
01:35:22 Réaction à chaud.
01:35:24 Vous êtes au diapason des consignes, d'une certaine manière,
01:35:27 qui viennent d'être données par le président de la FNSEA.
01:35:30 Est-ce qu'à titre personnel, vous avez entendu les réponses
01:35:34 adéquates à vos problèmes du moment ?
01:35:36 - Alors adéquates, il y a un début de réponse,
01:35:41 il y a des choses, sur l'élevage notamment,
01:35:44 contrairement à ce qui s'était passé vendredi dernier.
01:35:47 Donc il y a un certain nombre de réponses,
01:35:49 et puis il y a surtout le fait, cet engagement,
01:35:51 de travailler durablement sur l'élevage,
01:35:54 et dès lundi prochain, effectivement,
01:35:56 faire en sorte d'avoir des travaux qui doivent amener
01:36:01 à répondre à toutes les questions auxquelles on ne nous répond pas
01:36:04 depuis des années.
01:36:05 Au-delà de la mesure fiscale qui a été annoncée,
01:36:08 qui devra peut-être travailler, puisque nous avons déjà été
01:36:11 échaudés sur ces questions-là, mais en tout cas,
01:36:14 pour nous, c'est une avancée, il y a la mise en place
01:36:16 du renforcement des EGA, de manière à ce que les coûts
01:36:19 de production soient enfin pris en compte,
01:36:22 et puis tout ce qui est le travail sur les concurrences déloyales,
01:36:25 notamment, qui est quelque chose d'important.
01:36:28 Aujourd'hui, ça a été dit et redit par le Premier ministre,
01:36:31 on espère que les choses vont se concrétiser rapidement,
01:36:34 et puis de toute façon, effectivement, c'est une suspension,
01:36:37 et si jamais, effectivement, les dires ne se transformaient pas
01:36:42 en actes, on est prêt à reprendre le chemin de blocage
01:36:45 si jamais les choses ne s'arrangeaient pas d'ici le salon
01:36:49 ou d'ici le printemps, puisqu'il y a des échéances au printemps.
01:36:52 Je crois qu'il a donné comme date, comment dire,
01:36:56 de butoir, d'une certaine manière, le mois de juin,
01:36:59 et Arnaud Rousseau qui nous disait en effet, il faut transformer l'essai,
01:37:03 mais sur les réponses sur le plan européen.
01:37:06 On l'a bien compris, enfin c'est ce que nous disait la FNSA
01:37:08 tout à l'heure, que c'était du long terme, c'est-à-dire que vous n'attendez pas
01:37:11 à ce qu'on renverse la table, même si Emmanuel Macron
01:37:14 est à peu près certain de pouvoir peser tout son poids,
01:37:16 notamment sur le Mercosur, on ne va pas changer les choses
01:37:19 drastiquement du jour au lendemain, c'est pour ça aussi que vous
01:37:22 suspendez le mouvement, en attendant de voir ce que ça donne là-dessus ?
01:37:25 Alors, il y a un petit problème de réseau, c'est pas grave.
01:37:33 On a bien compris en tout cas que ce monsieur était satisfait,
01:37:37 mais avec un "oui mais", c'est-à-dire qu'il va falloir transformer l'essai.
01:37:40 Pierre Lelouch.
01:37:41 Moi je vais faire deux remarques très rapides.
01:37:44 La première, c'est un coup de chapeau à ce gouvernement,
01:37:47 et au Premier ministre, au jeune Premier ministre, qui a très brillamment
01:37:50 dénominé une histoire qui lui est arrivée en pleine figure, qu'il n'avait pas vu venir du tout,
01:37:54 où il a un peu paniqué au début, mais la machine de communication
01:37:58 des macronistes, qui est quand même extrêmement bien rodée,
01:38:01 fonctionne à plein régime. Je dois dire que la séquence d'aujourd'hui,
01:38:05 depuis hier soir, négociation avec la FNSA,
01:38:08 qui aboutit aujourd'hui, naturellement,
01:38:11 et puis aujourd'hui, la séquence magique,
01:38:14 Premier ministre, FNSEA, Président.
01:38:17 C'est sûr qu'on est loin de l'image catastrophique du top-là sur une botte de paille.
01:38:20 Et à la fin de la journée, tout le monde rentre chez soi, et ça va bien.
01:38:24 Donc là, chapeau la Com', formidable.
01:38:27 Sur Bruxelles. Vous avez un prisme européen quand même sur ces...
01:38:31 Ma deuxième remarque, elle, c'est celle du citoyen,
01:38:33 qui s'intéresse quand même au devenir de l'agriculture de notre pays.
01:38:36 Bon, j'espère que tout le monde est bonne foi,
01:38:38 et qu'ils vont faire le boulot qu'ils disent qu'ils vont faire,
01:38:41 sachant qu'il y a toute une partie de ce travail qu'ils n'ont pas fait,
01:38:44 et qu'ils ne pourront pas faire, sauf à créer une crise à Bruxelles.
01:38:48 Tout ce qui touche sur la compétition extérieure,
01:38:52 sur le libre-échange, sur les règles, notamment le Green Deal,
01:38:57 le fameux Green Deal, qui en effet est un système de décroissance.
01:39:01 Toutes les analyses disent que si c'est mis en oeuvre,
01:39:03 c'est moins 12% l'agriculture française.
01:39:05 Donc ça, c'est complètement pas dans l'équation.
01:39:08 Donc, comme citoyen, j'ai vraiment l'impression
01:39:11 qu'on nous prend un peu pour des imbéciles, quoi.
01:39:15 Il y a une espèce d'écran de fumée bien monté.
01:39:18 Après, j'espère pour les agriculteurs que ça va fonctionner.
01:39:23 Parce que quand même, le souci, c'est qu'on arrête de manger
01:39:26 de la saloperie importée avec des produits chimiques,
01:39:28 et qu'on fasse manger aux Français des bons produits,
01:39:31 comme on avait l'habitude de les produire dans ce pays.
01:39:33 Donc il faut casser ces années de très mauvaise gestion.
01:39:38 C'est ça qu'il faut arriver à faire.
01:39:40 J'espère que c'est le début de quelque chose de positif.
01:39:42 Donc moi, je ne porte pas un jugement de valeur cynique
01:39:45 ou méchant sur le gouvernement.
01:39:47 Ils ont fait un bon travail de com' pour arrêter quelque chose
01:39:50 qui pouvait dégénérer.
01:39:52 - La com' ça ne suffit pas.
01:39:54 - Mais après, maintenant, c'est maintenant que le vrai boulot commence.
01:39:56 Je ne voudrais pas que dans trois semaines, au Salon de l'agriculture,
01:39:59 puis cet été, au moment des Européennes, on se retrouve dans une situation...
01:40:02 - Karim, comment vous sentez les choses pour la suite ?
01:40:05 Est-ce qu'on a cherché à temporiser, et ça peut réveiller encore quelque chose
01:40:09 s'ils s'estiment lésés ou pris pour des imbéciles ?
01:40:13 Ou on a vraiment donné les réponses à des questions ?
01:40:16 Quand même, on a balayé à peu près tous les champs.
01:40:18 Mais est-ce que ça va assez loin ?
01:40:20 - Ecoutez, moi, je ne veux pas être négatif...
01:40:21 - On est loin du GNR, quand même. On a un petit peu évolué depuis...
01:40:23 - Je ne voudrais pas être négatif, mais je sens mal les choses, quand même.
01:40:26 Dans une... je dirais... le moyen terme,
01:40:30 je pense que, d'abord, nous ne réglerons pas le problème des agriculteurs,
01:40:34 contrairement à ce que prétend le gouvernement,
01:40:36 d'abord parce que les décisions au sein de l'Union Européenne
01:40:38 se prennent à la majorité qualifiée,
01:40:40 et que la voix de la France ne sera pas suffisante,
01:40:43 et que d'autres pays s'opposeront au fait que nous voulons lutter...
01:40:47 - Sauf avec une crise.
01:40:49 - Pardon ?
01:40:50 - Oui.
01:40:51 - Que nous voulons lutter contre la concurrence illoyale
01:40:54 au sein de l'Union Européenne elle-même.
01:40:55 Donc, nous ne serons pas suivis.
01:40:57 C'est un leurre de laisser entendre qu'on réglera ces questions à l'échelle européenne.
01:41:01 Il faut quand même noter que nous avons toujours été plus royalistes que le roi,
01:41:05 parce que notre législation française va au-delà de ce qu'imposent les règles européennes.
01:41:11 Ça veut dire qu'on fait partir nos agriculteurs sur une ligne de départ
01:41:15 qui n'est pas, je dirais, la même que nos amis espagnols,
01:41:18 que les polonais, que les autres.
01:41:20 Et c'est un non-sens de faire preuve d'impuissance,
01:41:23 alors qu'on a créé nous-mêmes ces règles-là.
01:41:25 Ça veut dire que, structurellement parlant, on n'apporte pas les réponses de fond aux agriculteurs.
01:41:29 On est sur des réponses immédiates, on colmate des brèches,
01:41:32 on essaie effectivement de dire à la base, qui a dépassé les mouvements syndicaux.
01:41:38 La FNSE a été prise de court, a été complètement dépassée par sa base,
01:41:42 comme ça arrive souvent dans les mouvements sociaux.
01:41:45 La CGT en son temps a connu ça, sur d'autres mouvements sociaux.
01:41:49 Et là, on sent qu'ils ont voulu recoller à la base,
01:41:52 mais cette base-là, elle va repartir dans ses exploitations.
01:41:55 Elle verra bien que tout ça va prendre du temps, trop de temps,
01:41:58 et on risque d'avoir un désenchantement, une désillusion,
01:42:01 qui, tel un effet boomerang, va revenir encore plus fort.
01:42:04 Moi, je ne suis pas convaincu que Gabriel Attal se soit totalement sorti de la situation.
01:42:08 La communication, ça ne suffira pas pour calmer l'ardeur des agriculteurs
01:42:13 qui vivent quand même des conditions qui sont inacceptables.
01:42:17 Comment, j'en termine par là, valoriser le travail,
01:42:19 quand on n'est pas capable de valoriser des femmes et des hommes
01:42:22 qui font 70, 80 heures par semaine,
01:42:24 qui, pour 20% d'entre eux, vivent en dessous du chêne de pauvreté,
01:42:27 qui, sur les 30 dernières années, ont perdu 40% de revenus,
01:42:30 et pour 52%, vivent avec 20 000 euros par an.
01:42:33 Je vous propose de retourner voir aussi ce que ça suscite du côté des politiques,
01:42:36 et je reviendrai vers vous dans un instant, Mathilde Parry.
01:42:39 Bonjour Thomas Bonnet, vous êtes à l'Assemblée nationale.
01:42:41 À vos côtés, Nicolas Dupont-Aignan, pour réagir à ces multiples annonces.
01:42:48 Oui, avec une information d'abord, Nelly,
01:42:50 parce que Véronique Lefloque, la présidente de la coordination rurale,
01:42:54 est également présente, et elle nous a annoncé, il y a quelques minutes,
01:42:57 qu'ils allaient suspendre la mobilisation, au moins,
01:43:00 jusqu'au salon de l'agriculture.
01:43:02 Pour réagir à cette annonce, je suis donc avec Nicolas Dupont-Aignan.
01:43:05 Bonjour, monsieur le député, merci de répondre à nos questions en direct sur CNews.
01:43:08 D'abord, une réaction.
01:43:09 Le mouvement va, semble-t-il, faire une pause, au moins pour un temps.
01:43:13 Je crois que c'est reculer pour mieux sauter,
01:43:15 parce qu'en fait, les agriculteurs, les quelques-uns qui ont été autorisés
01:43:19 à approcher de l'Assemblée, sont tous très tristes, parce qu'ils sont fatigués.
01:43:25 Ils sentent bien que Gabriel Attal ne fait que des annonces,
01:43:29 et Véronique Lefloque a simplement annoncé une pause pour digérer ces annonces,
01:43:34 et voir si vraiment, ce n'est que pour gagner du temps de la part du gouvernement.
01:43:39 Et on a vraiment le sentiment, quand on écoute le discours d'Attal,
01:43:42 je l'ai écouté sur la totalité, que ce sont des mesurettes,
01:43:46 et que la vraie question n'est pas traitée, c'est-à-dire concurrence déloyale,
01:43:50 le Mercosur est bloqué, mais les autres accords s'appliquent,
01:43:54 et de l'autre côté, le pacte vert n'est pas supprimé, il y a juste un an de dérogation.
01:43:58 Donc on voit bien qu'en fait, rien n'est réglé au fond.
01:44:01 Il y a des pansements utiles, mais ces pansements ne traitent pas le mal profond.
01:44:07 Et voilà pourquoi les agriculteurs, en tout cas, qui étaient là,
01:44:10 ont envie à la fois de rentrer dans leur ferme, mais sont très désabusés,
01:44:14 parce qu'ils voient bien que la question n'est pas traitée au fond,
01:44:18 et que sans doute ce mouvement devra repartir s'il veut obtenir vraiment satisfaction.
01:44:22 – Un mot sur ces images, on a le Palais-Bourbon et beaucoup de caillons de CRS
01:44:26 qui sont disposés tout autour, parce que les forces de l'ordre
01:44:30 ne voulaient pas d'une manifestation à proximité de l'Assemblée Nationale.
01:44:33 C'est pour ça que vous êtes allé à la rencontre de Véronique Leflocq aujourd'hui ?
01:44:35 – Mais ce qui est insensé, je n'ai jamais vu ça en 20 ans de Parlement,
01:44:38 j'ai jamais vu un pouvoir oser des choses pareilles.
01:44:41 Il n'y avait pas de manifestation, il y avait des délégués syndicaux
01:44:44 qui voulaient rencontrer des députés. On nous a interdit de les voir.
01:44:49 J'ai dû aller avec un autre, d'un autre parti politique,
01:44:52 ce n'est pas une question politique. – Les Coquerelles, si on le…
01:44:54 – Les Coquerelles, j'ai dû aller chercher Mme Leflocq.
01:44:57 Quel est le pays, si Poutine faisait ça en Russie, si les Américains faisaient ça,
01:45:03 si ça se faisait dans d'autres pays, tout le monde dirait,
01:45:05 mais c'est quoi ce pays sans liberté ? C'est insensé ce qui se passe.
01:45:09 Et ça participe du découragement et de la colère profonde du peuple.
01:45:13 Donc il faudra à un moment une réponse politique,
01:45:16 parce que si les Français acceptent ça, que les députés,
01:45:19 les représentants de la nation ne peuvent même pas voir
01:45:21 la présidente d'un syndicat agricole, alors on va où ?
01:45:24 C'est extrêmement grave ce qui se passe.
01:45:26 Et vous savez, je pense que c'est le signe d'un pouvoir qui a peur,
01:45:29 qui a très peur, parce qu'il voit bien que les Français ne supportent plus ça.
01:45:33 Je crois que vraiment les Français, ce mouvement aura été utile déjà,
01:45:37 parce qu'il y a une prise de conscience qu'on ne peut pas continuer
01:45:40 avec un pouvoir aussi dangereux, qui a besoin de CRS pour garder sa légitimité.
01:45:47 C'est terrible quand on y réfléchit.
01:45:49 Merci beaucoup d'avoir répondu à nos questions en direct.
01:45:51 Et vous l'avez compris Nelly, sans doute maintenant des délégations,
01:45:54 des représentants syndicaux des agriculteurs qui vont être reçus
01:45:57 à l'Assemblée nationale par des députés de plusieurs parties différentes.
01:46:00 Merci beaucoup cher Thomas. Mathilde Paré, vous êtes d'accord avec Nicolas Dupont-Aignan ?
01:46:04 Il y a une forme d'entrave où vous a empêché de voir les représentants syndicaux ?
01:46:09 Oui, je crois que ce qui est important de voir, c'est que derrière toute cette communication
01:46:13 bien huilée, bien propre, il y a la réalité du terrain.
01:46:16 Donc effectivement, un dispositif autour de l'Assemblée nationale qui est juste délirant,
01:46:20 qui est même, soit, voire aussi important que celui qu'on a connu au moment
01:46:24 du mouvement contre la réforme des retraites, avec énormément de policiers,
01:46:28 de CRS partout pour bloquer les abords de l'Assemblée,
01:46:31 face à quelques représentants, finalement, syndicaux qui voulaient rencontrer des députés,
01:46:36 qui venaient à pied, de manière pacifique.
01:46:40 Et puis, dans le même temps, moi je suis du Loiret,
01:46:44 hier on a cité quand même quelque chose de phénoménal,
01:46:47 je voulais en parler sur votre plateau, on a bloqué,
01:46:50 les forces de l'ordre ont eu pour instruction très ferme,
01:46:52 de bloquer le passage des agriculteurs sur tous les ponts de la Loire,
01:46:55 parce que c'était le dernier point de blocage qu'ils ne pouvaient pas contourner,
01:46:59 face aux fleuves, pour rejoindre Paris.
01:47:01 On a eu des blindés qui ont été envoyées,
01:47:04 je veux dire, la dernière fois qu'il y a eu des dispositifs de blocage de pont de la Loire,
01:47:09 c'était au moment de la seconde guerre mondiale,
01:47:11 face à l'ennemi allemand qu'on voulait empêcher de progresser.
01:47:14 Et là, c'est face à des agriculteurs qui simplement lancent un cri d'alerte
01:47:17 face à la mise en danger de mort de notre agriculture,
01:47:20 et qu'on empêche de rejoindre Paris pour faire entendre leur voix.
01:47:23 Donc je pense que ça en dit long, finalement, il y a le discours polissé
01:47:26 du Premier ministre qui se dit à l'écoute,
01:47:28 et il y a la réalité sur le terrain d'un dispositif qu'on a déployé d'agriculteurs,
01:47:34 hier, qui se sont retrouvés quand même en garde à vue,
01:47:36 parce qu'ils ont pénétré de manière pacifique à Rungis,
01:47:40 parce qu'en fait on leur reprochait de peut-être vouloir commettre des dégradations.
01:47:45 Alors que face aux Black Blocs, quand il y a eu les Black Blocs,
01:47:48 on nous a dit "on ne peut pas les arrêter, on ne peut pas les arrêter".
01:47:52 - Car ça soupçonnait d'intrusions...
01:47:54 - Oui mais il y en a parmi les 92, il y en a plein qui n'ont rien fait.
01:47:58 - C'était le blocage de la circulation du Canada.
01:48:00 - Ils étaient 2 sur 92 qui ont été mis en détention provisoire.
01:48:05 Donc moi en garde à vue, je suis désolée,
01:48:07 mais quand il y a eu les Black Blocs, à chaque fois dans les manifestations,
01:48:11 dans les cortèges qui venaient justement pour casser et envenimer les mouvements sociaux,
01:48:15 on nous a dit "ah mais non, mais on ne peut rien faire, ils sont identifiés,
01:48:17 mais on ne peut rien faire parce qu'en fait il faut les prendre sur le vif".
01:48:19 Donc là, visiblement, non.
01:48:20 - Allez, Karim Zarbib, pourquoi non ? Parce qu'il n'est pas tout à fait d'accord.
01:48:22 - Je pense qu'il ne faut pas jeter de l'huile sur le feu dans le rapport
01:48:24 qu'il y a eu entre les forces de sécurité et les agriculteurs.
01:48:26 Ça s'est plutôt très bien passé, il n'y a pas eu de charge,
01:48:29 et tout le monde est sorti assez rapidement et tranquillement des gardes à vue,
01:48:33 on les a vu témoigner.
01:48:34 Je veux dire, très sincèrement, je pense qu'on a 2 corps là,
01:48:37 qui sont en souffrance dans notre pays pour des raisons différentes,
01:48:40 les forces de sécurité et les agriculteurs,
01:48:42 ils ne se sont pas affrontés, les uns n'ont pas chargé sur les autres,
01:48:45 il n'y a pas eu de violence, il faut s'en satisfaire.
01:48:47 Donc il faut quand même le dire.
01:48:48 - J'aimerais juste, avant de commencer cette discussion,
01:48:51 on est en direct avec Nadine Morano,
01:48:53 c'est intéressant aussi d'avoir son point de vue,
01:48:54 parce qu'il me semble qu'elle est avec des agriculteurs.
01:48:57 Ah voilà, j'avais bien deviné, Madame Morano,
01:48:59 merci beaucoup d'être avec nous.
01:49:01 Alors déjà, vous allez peut-être nous dire exactement où vous vous trouvez,
01:49:04 et quelle a été la réaction autour de vous à l'issue de la conférence de presse de Gabriel Attal,
01:49:07 après vous nous donnerz votre sentiment en tant que politique.
01:49:10 - Écoutez, je suis ici sur l'A31, entre Nancy et Metz,
01:49:15 à l'échangeur d'Atton, exactement.
01:49:18 Je suis avec les agriculteurs et avec les représentants de la FDSEA,
01:49:24 à côté de moi Vincent Jean-Pierre, qui est secrétaire général de la FDSEA de Morte-et-Moselle.
01:49:29 Moi je peux vous dire une chose, c'est que les agriculteurs sont mobilisés,
01:49:34 extrêmement mobilisés, heureusement qu'ils l'ont fait.
01:49:37 Mais je pense qu'ils en ont un peu ras-le-bol de voir le double discours aussi qu'on entend,
01:49:42 à savoir le Premier ministre qui parle de souveraineté alimentaire d'un côté,
01:49:47 et en même temps, puisque vous savez à quel point le "en même temps" est dévastateur pour l'ensemble de notre pays,
01:49:53 et en même temps votent au Parlement européen tous les députés européens renaissants, donc macronistes,
01:50:00 des textes de décroissance agricole.
01:50:02 Donc comment est-ce qu'on peut dire d'un côté souveraineté alimentaire,
01:50:06 ce qui est parfaitement contradictoire, en réduisant les capacités de nos agriculteurs,
01:50:11 à savoir les mises en jachères, la réduction des engrais,
01:50:16 le nombre de produits phytosanitaires qui ne sont pas les mêmes dans les autres pays européens,
01:50:21 et puis par ailleurs, l'ensemble des normes, des surtranspositions excessives,
01:50:27 ils en ont marre tous ces agriculteurs qui sont là, de voir la patrace qu'on leur impose,
01:50:32 de voir les contrôles qu'on leur impose, ce qu'ils veulent c'est pouvoir travailler.
01:50:35 Alors après ils ont entendu, moi je laisserai évidemment la parole à Vincent Jean-Pierre,
01:50:39 ils ont entendu les propositions qui ont été faites,
01:50:44 sans doute vont-ils faire une pause, mais ils attendent du concret,
01:50:47 c'est-à-dire que tout ce qui a été proposé puisse être mis par écrit,
01:50:52 et que ces propositions ne soient pas que, encore une fois, des mots en l'air,
01:50:57 qui n'apporteraient rien de concret dans les revendications des agriculteurs
01:51:02 qui vraiment n'en peuvent plus, c'est ça la réalité.
01:51:05 Encore une fois, je veux vraiment dénoncer à votre antenne le double discours,
01:51:09 parce que dire des choses à Paris, et puis avoir une délégation française, macroniste,
01:51:15 avec l'ancien d'ailleurs député européen devenu ministre des Affaires Européennes aujourd'hui,
01:51:20 monsieur Séjourné, qui vote des textes de décroissance agricole,
01:51:24 quand M. Attal parle de preuve d'amour, je réponds qu'il y a des preuves de vote,
01:51:28 et que tous ces textes qui ont été votés, avec François-Xavier Bellamy,
01:51:32 avec Anne Sander et toute la délégation des députés européens français,
01:51:36 nous avons voté contre ces textes de décroissance agricole,
01:51:39 parce que nous, nous défendons les agriculteurs, mais concrètement et dans la réalité.
01:51:44 D'accord. Alors pour M. Jean-Pierre, ça va peut-être être difficile,
01:51:46 parce que j'imagine qu'il n'est pas équipé, c'est vous qui avez l'oreillette et le micro.
01:51:50 Il est équipé, vous entendez.
01:51:51 Ah il est équipé, magnifique.
01:51:53 Vous pouvez l'interroger, il est secrétaire général de l'agriculture.
01:51:56 Vous êtes une pro, Nadine Morano.
01:51:58 Bon, alors, voilà, Nadine Morano, effectivement, elle met un gros bémol sur tout ce qui a été dit.
01:52:04 Il va falloir que ce soit suivi des faits, sur les annonces concrètes du jour.
01:52:08 Mais néanmoins, est-ce que vous levez le camp à partir d'aujourd'hui,
01:52:10 ou vous ne suivez pas les directives qu'on a entendues de la part de la FNSE à Paris ?
01:52:14 Au jour d'aujourd'hui, la position n'est encore pas fermée définitive,
01:52:18 parce qu'aujourd'hui, on a demandé confirmation de toutes les mesures qui ont été prises,
01:52:22 donc à Matignon, parce qu'aujourd'hui, ça n'a été que des annonces verbales.
01:52:25 Donc nous, on aime bien les écrits, et donc on attend, pour l'instant,
01:52:29 on attend le courrier de Matignon qui doit arriver.
01:52:33 L'engagement écrit, c'est une chose, mais on a entendu le président de la FNSE dire
01:52:37 que si en juin, il n'y a rien qui bouge réellement, on reviendra,
01:52:40 avec peut-être des formes d'actions différentes. Vous y serez aussi ?
01:52:43 Je pense que ce sera avant juin.
01:52:46 Je pense que nous, on va garder comme ultimatum plutôt le salon à Paris,
01:52:49 que s'il n'y a pas de décision de prise vraiment concrète avant le salon à Paris,
01:52:53 nous sortirons avant le salon.
01:52:56 Ça laisse un délai relativement court, là, on parle de plutôt 3 semaines, 3 semaines et demie.
01:53:00 Donc vraiment, vous voulez des... Alors le courrier d'engagement, ça, j'imagine que vous l'aurez
01:53:03 dans les prochaines heures, mais pour l'application des mesures, ça fait un délai de 3 semaines, quoi.
01:53:08 À l'application, non, mais déjà, s'il y a des grandes décisions qui sont prises avant le salon,
01:53:13 ou des engagements qui soient pris définitivement,
01:53:16 aujourd'hui, il y a bien une discussion qui est au Parlement européen en ce moment,
01:53:20 on a beaucoup de nos mesures aussi qui sont des mesures européennes,
01:53:23 et ces mesures européennes, elles ne vont pas se faire en un claquement de doigts,
01:53:26 et ça, on en est conscient.
01:53:28 Mais aujourd'hui, il faut qu'il y ait une réelle prise de conscience de la situation où on est.
01:53:32 Merci beaucoup, merci Vincent Jean-Pierre, et merci Nathalie Morano.
01:53:35 Est-ce que je peux rajouter quelque chose ?
01:53:37 Allez-y, une phrase de conclusion, si vous voulez.
01:53:39 Juste une phrase, parce qu'il y a aussi un texte de décroissance agricole
01:53:43 qui s'appelle le texte "Direstauration de la nature",
01:53:46 où nous avions, nous, proposé une motion rejet de ce texte.
01:53:50 Si les Français de la délégation macroniste avaient voté avec nous,
01:53:54 ce texte aurait été blackboulé au Parlement européen.
01:53:57 Or, il nous a manqué 12 voix, et encore une fois,
01:54:00 là, ceux qui n'ont pas été aux côtés des agriculteurs,
01:54:04 eh bien, ce sont les élus d'Emmanuel Macron.
01:54:07 Et ça, il faut que les Français le sachent.
01:54:09 Merci beaucoup Nathalie Morano pour votre intervention cet après-midi.
01:54:12 Raphaël, MCLM, on a coutume de dire qu'il y a un double langage
01:54:16 qui est tenu par la majorité sur ces questions.
01:54:20 On l'a vu à l'occasion de Mercosur.
01:54:22 Et puis, il y a toujours cette désagréable impression qu'il faut, en France,
01:54:25 que les corporatismes aillent dans la rue pour se faire entendre,
01:54:29 et pour qu'on leur dise "mais bien sûr, c'est une évidence,
01:54:32 pourquoi ne l'avons-nous pas fait plus tôt ?"
01:54:34 C'est toujours ça l'impression, finalement.
01:54:36 Ça vaut pour ça, puis ça vaut pour d'autres sujets.
01:54:38 Ça valut, par exemple, sur la question du nucléaire et de l'énergie
01:54:41 de façon générale.
01:54:43 Pendant un certain temps, on a quand même prévu dans la loi
01:54:46 la baisse de notre part du nucléaire.
01:54:48 Puis, cinq ans plus tard, on s'est réveillés en se disant
01:54:50 "Tiens, pour notre souveraineté au niveau des prix,
01:54:52 ce serait quand même pas plus mal qu'on le maintienne."
01:54:54 Donc, ça vaut pour ça.
01:54:55 Ça vaut pour le glyphosate aussi.
01:54:57 On nous dit maintenant, on interdira plus de produits
01:55:00 s'il n'y a pas d'alternative.
01:55:01 Mais enfin, jusqu'à maintenant, c'est pourtant ce qu'on a fait,
01:55:04 et que les gens au quotidien payent directement le prix.
01:55:07 Donc, d'une part, j'ai envie de dire que c'est assez habituel,
01:55:10 mais c'est venu non seulement pour le gouvernement français,
01:55:12 mais aussi pour le gouvernement, enfin, pour la politique européenne,
01:55:15 ce que j'évoquais tout à l'heure sur le "Farm to Fork".
01:55:17 Puis, il y a un problème plus général de communication
01:55:20 et d'emploi des mots, puisque parmi les annonces
01:55:22 de Gabriel Attal, on nous a dit qu'on allait inscrire
01:55:25 dans la loi un principe d'objectif de souveraineté alimentaire.
01:55:29 Bon, d'abord, la loi est là pour définir la norme commune,
01:55:33 pas pour servir de support à des effets de communication.
01:55:36 Et ça suffit de voir qu'à chaque fois, on dévalorise la loi
01:55:39 et le rôle du Parlement, qui, sous cette mandature
01:55:42 et celle précédente, a déjà été bien impactée
01:55:45 par la verticalité de nos institutions.
01:55:48 - C'est pas Mathilde Paré qui vous dira le contraire.
01:55:50 - Ensuite, qu'est-ce qu'un objectif de souveraineté alimentaire ?
01:55:54 C'est-à-dire, vraiment, on est dans le flou le plus absolu.
01:55:56 Et puis, la souveraineté, ça passe notamment aussi,
01:55:59 par ce qui a été évoqué tout à l'heure,
01:56:01 par les représentants de la FNSEA, par les témoignages qu'on a,
01:56:04 par de la liberté, c'est-à-dire moins de bureaucratie,
01:56:07 moins de normes, moins de surtransposition des normes.
01:56:11 On a aussi un problème, c'est que, je crois,
01:56:13 on a eu une diminution de 100 000 agriculteurs
01:56:16 sur les dix dernières années.
01:56:18 C'est un chiffre à vérifier.
01:56:20 Mais dans le même temps, le nombre de fonctionnaires
01:56:22 au ministère de l'Agriculture a augmenté.
01:56:24 Aujourd'hui, on a un rapport de 1 à 10.
01:56:26 Donc, c'est un problème, il faut s'y attaquer.
01:56:28 - 1 à 10 avec, encore une fois, une administration
01:56:31 qui ne gère rien, puisque tout est décidé à Bruxelles.
01:56:34 Donc, c'est un des grands paradoxes du ministère de l'Agriculture.
01:56:37 On augmente le nombre de fonctionnaires
01:56:39 pour gérer rien du tout.
01:56:41 - On était un petit peu restés sur notre train
01:56:43 sur les contrôles dans le cadre de la loi EGalim.
01:56:45 Là, on a appris qu'il y aurait 150 contrôleurs,
01:56:47 qu'il y aurait surtout, systématiquement,
01:56:49 toutes les chaînes de supermarchés,
01:56:51 de la grande distribution, des marques de distributeurs
01:56:54 aussi qui y sont associées, qui seraient contrôlées,
01:56:56 et des sanctions qui sont quand même assez conséquentes,
01:56:58 parce que, pardon, mais 10% du chiffre d'affaires,
01:57:01 c'est pas mal.
01:57:03 Ça, c'est quand même quelque chose
01:57:05 qui a complété le propos initial.
01:57:07 On était restés un petit peu dans l'expectative
01:57:09 contraire de la loi EGalim.
01:57:11 - Tout à fait.
01:57:12 - Donc, ça, ça fait partie des choses tangibles aujourd'hui pour vous ?
01:57:15 - Oui, de toute façon.
01:57:16 Le problème dans la loi EGalim,
01:57:18 il y a EGalim 1, EGalim 2, EGalim 3
01:57:21 qui sont en train déjà de fabriquer.
01:57:23 Donc, déjà, quand on voit la première,
01:57:25 elle ne fonctionne pas, la deuxième ne fonctionne pas,
01:57:27 ça va être la troisième.
01:57:28 Donc, c'est exactement le même problème de l'agriculture.
01:57:30 Aujourd'hui, j'ai pris mon bain au temps de pèlerin,
01:57:33 je suis allé chez le supermarché.
01:57:36 J'ai été voir ce qui se passait avec la loi EGalim.
01:57:39 En fin de compte, le supermarché,
01:57:42 c'est l'arbre qui cache la forêt aujourd'hui.
01:57:44 Parce qu'aujourd'hui, on se rend compte que la loi EGalim,
01:57:47 qui est-ce qui a capté l'argent de tous les Français ?
01:57:50 C'est clair, c'est l'industrie agroalimentaire.
01:57:54 Et aujourd'hui, l'argent est détenu par l'industrie agroalimentaire.
01:57:58 Donc, aujourd'hui, j'invite justement les contrôles
01:58:01 à se focaliser sur l'industrie agroalimentaire.
01:58:05 Il faut aller chercher l'argent où il est arrivé.
01:58:07 Parce qu'aujourd'hui, on a détourné le problème.
01:58:09 L'agroalimentaire, en fin de compte,
01:58:12 c'est quelque chose qui est opaque,
01:58:14 parce qu'il ne publie pas leur compte, il faut le savoir.
01:58:17 Et secondo, vous avez une...
01:58:20 Je veux dire, on revoit sur les grandes enseignes,
01:58:25 en fin de compte, une augmentation.
01:58:27 Mais forcément, si on fait une augmentation d'un produit,
01:58:31 forcément, ils reprennent une marge supplémentaire.
01:58:35 Et c'est ainsi de suite. Ça n'arrêtera jamais.
01:58:37 Oui, c'est un effet domino.
01:58:39 Il est pratiquement 16h.
01:58:41 On va remercier ceux qui nous ont rejoints au courant de cette heure.
01:58:43 Mathilde Parry et Raphaël Amselem, vous restez ?
01:58:46 Oui, absolument.
01:58:47 Je vais regarder ma liste un peu plus tard.
01:58:49 Voilà, absolument. Hervé Bricou également.
01:58:51 Merci, Nabi.
01:58:52 Et Judith, vous êtes là ?
01:58:53 Oui, bien sûr.
01:58:54 Judith, elle n'est pas prête de quitter sa place.
01:58:56 Juste après le journal de Vincent Flandel. C'est parti.
01:58:58 Et on ouvre avec, effectivement, la réaction des agriculteurs
01:59:01 quant aux annonces de Gabriel Attal.
01:59:03 Anne-Isabelle Tollet, vous êtes avec Laurent Scellarié
01:59:06 au niveau de l'aire de Chenevière dans le Val-d'Oise,
01:59:08 sur l'autoroute A1, l'autoroute du Nord.
01:59:10 La situation, c'est quelque peu tendue.
01:59:13 Il a quelques minutes. Expliquez-nous.
01:59:15 Oui, absolument, Vincent.
01:59:18 Là, nous sommes précisément à 1 km des pistes de Roissy-Charles-de-Gaulle-Etoile.
01:59:22 Il y a une centaine de tracteurs qui viennent d'arriver à l'instant
01:59:24 et qui ont occupé l'autoroute A1 en direction de l'île.
01:59:28 Donc, en fait, les 4 voies de l'autoroute A1 sont complètement bloquées.
01:59:32 Et ces tracteurs se sont rapprochés des forces de l'ordre.
01:59:35 Ils étaient presque sur le point de les pousser
01:59:40 jusqu'à ce que des anciens viennent leur dire
01:59:43 « Non, non, attendez, on ne force pas les barrages. »
01:59:45 Parce que ce qu'on constate ici, c'est que les agriculteurs ne sont pas d'accord.
01:59:49 Ils essayent de trouver une façon de manifester à la fois leur mécontentement
01:59:54 suite aux annonces de Gabriel Attal, mais aussi sur les lever ou non du blocage.
01:59:59 Parce que leur objectif, pour la majorité des jeunes ici, et quelques anciens aussi,
02:00:04 c'est d'aller à Paris, c'est de marquer un coup de force vraiment qui soit poignant.
02:00:09 Parce que là, ils ont l'impression qu'en fait, ça ne sert à rien de rester un jour de plus ou moins.
02:00:12 Et donc, ils n'arrivent pas à se mettre d'accord.
02:00:14 Et ce qu'on peut voir, c'est que les policiers aussi, qui étaient plutôt détendus,
02:00:18 commencent un peu à se tendre et à se redresser, même s'ils ont encore les calots sur la tête.
02:00:22 On sent que les camions se rapprochent, que le rapport de force s'intensifie
02:00:28 et que de toute façon, ils ne vont pas en rester là,
02:00:31 puisqu'il y a au moins 300 agriculteurs qui veulent aller jusque dans Paris.
02:00:36 – Merci beaucoup, Elisabeth Biltollet.
02:00:38 Merci à Laurent Serraillet qui vous accompagne.
02:00:40 On va évidemment suivre cette situation de près en cette fin d'après-midi.
02:00:44 Antoine Estève, vous êtes sur l'assise au niveau de Chili-Mazarin
02:00:47 avec Dimitri Coudray.
02:00:49 Quelle est la suite du mouvement de votre côté pour les agriculteurs ?
02:00:53 – Pour l'instant, c'est très calme.
02:00:58 On a été très surpris au moment de l'annonce, déjà, des nouvelles mesures par le Premier ministre,
02:01:03 mais ensuite du discours du responsable local de la FNSEA
02:01:06 sur ces palettes qui se trouvent juste derrière moi ici.
02:01:08 Il a pris la parole pendant une bonne trentaine de minutes
02:01:10 pour expliquer que ces mesures, pour le moment, ne suffisaient pas,
02:01:14 que le barrage sur l'autoroute A6, ici le plus gros barrage au sud de Paris,
02:01:18 restera à demeure tant qu'il n'y aura pas d'explication précise de ces mesures
02:01:22 et surtout des écrits de la part du gouvernement.
02:01:25 C'est ce que veulent les agriculteurs FNSEA qui se trouvent ici sur ce barrage pour le moment.
02:01:29 Ils veulent des écrits, ils veulent des preuves de tout ce qui a été annoncé
02:01:32 par le Premier ministre et le ministre de l'Agriculture tout à l'heure.
02:01:36 Sans cela, ils ne lèveront pas le barrage, ils n'enlèveront pas ces 150 tracteurs
02:01:41 qui continuent à être mobilisés ici sur l'autoroute à bloquer la circulation
02:01:45 avec ce face-à-face, avec les forces de l'ordre qui, pour l'instant, je vous le rappelle,
02:01:48 est très calme, tout le monde se regarde, tout le monde reste à distance,
02:01:51 il n'y a aucune échauffourée, aucun problème de sécurité en tout cas sur ce barrage pour le moment.
02:01:56 Et c'est important de le dire. Merci beaucoup Antoine et Steve,
02:01:58 merci à Dimitri, pardonnez-moi, à Dimitri Coudray qui vous accompagne sur l'A6.
02:02:04 Maxime Legay, vous êtes avec Jean-Laurent Costantini à Dourdan.
02:02:07 Dans cette ville, les agriculteurs du Lot-et-Garonne ont dormi dans une salle des fêtes la nuit dernière
02:02:12 en attendant les personnes qui avaient été préalablement interpellées.
02:02:16 Ils devraient bientôt repartir donc dans le Lot-et-Garonne en cette fin de journée.
02:02:20 Oui Vincent, des agriculteurs de la coordination rurale qui ont été déçus par les annonces de Gabriel Attal,
02:02:30 une nouvelle fois, celle de trop sans doute, et qui ont donc décidé de rentrer à Agin et de lever le camp.
02:02:36 Vous pouvez le voir sur ces images, cette file de tracteurs, des dizaines et dizaines de tracteurs
02:02:41 qui sont sur le départ, ils viennent tout juste de faire le plein et ils attendent simplement le retour de leurs collègues,
02:02:48 ceux qui se sont infiltrés au sein du marché de Rungis hier et passés la nuit en garde à vue.
02:02:54 Alors une fois les effectifs au complet, ils prendront la route, vous l'avez dit, en direction de Agin.
02:02:59 Des agriculteurs fatigués qui sont mobilisés depuis le début de la semaine, qui veulent rentrer tout simplement également pour s'occuper de leur ferme.
02:03:08 Un retour qui se fera néanmoins sous haute surveillance, puisque ici, vous pouvez le voir, c'est la police, la gendarmerie et des dizaines de CRS
02:03:16 qui sont mobilisés pour escorter ce convoi, un convoi qui devrait donc partir, vous l'aurez compris, d'une minute à l'autre.
02:03:23 Maxime Legay avec Jean-Laurent Constantinier, merci à tous les deux. Et justement, les 79 personnes interpellées hier sont sorties effectivement de garde à vue ce matin.
02:03:31 Les investigations vont néanmoins se poursuivre. On voit cela avec Noémie Schultz.
02:03:36 79 des 91 personnes interpellées ont donc passé la nuit en garde à vue après leur action hier à Rungis.
02:03:43 Elles ont été arrêtées pour des faits de dégradation en réunion. Un rideau de fer aurait notamment été endommagé.
02:03:48 Et participation à un groupement en vue de la préparation de dégradation de biens.
02:03:53 Des accusations vivement contestées par les agriculteurs. Ils évoquent une action totalement pacifique, sans aucune dégradation commise, sans la présence d'ailleurs de leur tracteur.
02:04:02 À la sortie de sa garde à vue, Karine Duc, une des figures du mouvement, nous a fait part de son étonnement et de son inquiétude d'avoir été interpellée dans de telles conditions.
02:04:10 Mesurer la disproportion entre la manifestation pacifique que l'on a fait, sans dégradation aucune, et le sort qui nous a été réservé juste après.
02:04:23 Le temps a été complètement différent. Comment voulez-vous accepter que j'ai été reçue le midi à Matignon et le soir je me retrouve au commissariat en garde à vue ?
02:04:34 Si c'est la réponse qu'on donne aux paysans de France et les paysans qui sont ici en convoi avec nous, pour avoir uniquement des mesures et des réponses concrètes pour revenir avec sérénité sur leur ferme, c'est très grave.
02:04:50 Les gardes à vue ont donc toutes été levées sans poursuite à ce stade.
02:04:54 Le parquet de Créteil nous indique que les investigations vont se poursuivre dans le cadre d'une enquête préliminaire, avec notamment l'exploitation des vidéos pour identifier les principaux auteurs des dégradations.
02:05:05 Merci Vincent. On vous revoit un petit peu plus tard pour un nouveau point sur l'actualité, mais largement consacré, vous l'aurez compris, à la mobilisation agricole, avec des annonces de Gabriel Attal aujourd'hui, et la réponse derrière de la FNSEA et des jeunes agriculteurs.
02:05:18 On va y revenir dans le détail. J'aimerais quand même qu'on aille du côté de l'Assemblée nationale. Vous vous trouvez Thomas Bonnet, parce qu'on a vu quelques agriculteurs tenter de s'approcher avec un cordon sécuritaire qui était quand même bien présent.
02:05:30 Et les forces de l'ordre ont demandé, visiblement, aux agriculteurs qui étaient encore là de bien vouloir partir. Racontez-nous ça.
02:05:39 Oui, c'est tout à fait ça Nelly. Vous avez la brigade de répression de l'action violente, la BRAV-M, qui est présente désormais et déployée à proximité très immédiate des agriculteurs qui, depuis tout à l'heure, prenaient la parole à quelques pas du palais Bourbon, près de l'Assemblée nationale.
02:05:54 Et des représentants des forces de l'ordre sont venus à leur rencontre pour leur demander de quitter les lieux explicitement.
02:05:59 C'est Nicolas Dupont-Aignan qui était avec nous en direct tout à l'heure, s'y est opposé, demandant des explications.
02:06:04 Les forces de l'ordre maintiennent leurs propos et veulent donc qu'ils quittent les lieux sur le champ.
02:06:10 Et donc, ils ont été empêchés tout au long de la journée, en fait, de s'approcher de l'Assemblée nationale.
02:06:14 Il y a un dispositif de sécurité très important qui a été déployé tout autour du palais Bourbon.
02:06:19 Je peux vous dire qu'il y a de très nombreux CRS qui sont présents un peu partout autour de l'Assemblée nationale.
02:06:24 Et donc, il leur a été demandé de partir. Et c'est pour cette raison que, depuis tout à l'heure,
02:06:29 des représentants des députés sont venus à leur rencontre pour justement tenter de les faire entrer au sein de l'Assemblée nationale.
02:06:36 Certains des élus avec lesquels nous avons pu échanger, c'est le cas par exemple de Nicolas Dupont-Aignan,
02:06:40 font d'état d'une sorte de deux poids, deux mesures, avec une fermeté ici à l'Assemblée nationale,
02:06:46 et pas forcément pour d'autres opérations de police.
02:06:49 Merci beaucoup, en tout cas, pour cette image dans le 7e arrondissement. C'est à Paris.
02:06:55 Et puis de là, on prend la direction de l'A1, sur l'aire de Chenevière, où se trouve toujours Anne-Isabelle Tollet,
02:06:59 à côté de certains agriculteurs. Et en l'occurrence, Anne-Isabelle, là, vous êtes avec un commercial en matériel agricole,
02:07:06 qui lui aussi, sans doute, est concerné quand même par ces annonces. Est-ce qu'il est rassuré ?
02:07:14 Absolument, il nous le dit. Il se sent dans le même bateau que les agriculteurs, et c'est pour ça qu'il est là.
02:07:20 Martin, vous êtes donc en solidarité avec les agriculteurs, mais vous êtes aussi concerné, puisque vous vendez du matériel agricole.
02:07:27 Je disais tout à l'heure, sur l'antenne de CNews, qu'il y avait un peu un débat sur quoi faire, comment faire,
02:07:33 comment se faire entendre, puisque les mesures annoncées par Gabriel Attal n'ont pas été finalement jugées suffisamment satisfaisantes.
02:07:40 Vous êtes plutôt partisan pour aller jusque dans Paris.
02:07:44 Oui, c'est ça, tout à fait. Nous, on est arrivés très tôt ce matin pour prendre le relais sur les collègues du Nord.
02:07:49 Aujourd'hui, le relais est arrivé du reste du Pas-de-Calais, mais on reste un petit peu sur notre faim,
02:07:55 parce que nous, ce qu'on aurait voulu, c'est avancer, montrer notre empreinte, parce que ce qu'on a fait, c'est juste occuper le terrain.
02:08:00 Nous, on veut aller plus loin. Maintenant, on doit suivre les objectifs de nos dirigeants.
02:08:04 Donc, aller plus loin, concrètement, c'est ?
02:08:06 C'est d'avancer, c'est de grappiller les quelques kilomètres qu'on pourrait prendre chaque jour, et puis éventuellement, se rapprocher de Paris.
02:08:14 Pourquoi c'est si important d'aller à Paris ?
02:08:16 C'est symbolique, c'est quand même la capitale de la France. Ce n'est pas pour rien qu'on a tous quasiment des drapeaux français sur nos tracteurs.
02:08:22 C'est parce qu'on représente aussi le pays. Il n'y a pas que Paris, il y a aussi toute la France, les paysans, les agriculteurs également.
02:08:29 On veut s'y rendre et montrer que c'est aussi eux, la France.
02:08:33 Vous avez l'espoir, justement, que le sort des agriculteurs et de votre sort, finalement, aussi, Paris-Cochet, change avec de nouvelles mesures prises par Bruxelles et aussi par la France ?
02:08:44 Je pense qu'il faut continuer de mettre la pression, et puis je pense que ça peut déboucher sur de bonnes choses,
02:08:49 mais il faut que tout le monde reste solidaire et de continuer comme on fait là, maintenant.
02:08:53 Là, on a le sentiment que vous n'êtes pas tout à fait d'accord, en fait, sur la marche à suivre.
02:08:57 Donc, quelle serait la bonne issue, finalement, selon vous ?
02:09:01 La bonne issue, c'est forcément toujours rester dans le respect, dans le respect des biens et des personnes.
02:09:05 Mais après, voilà, il faut être roublard, malin, jouer au jeu du chat et de la souris avec les forces de l'ordre,
02:09:12 et puis réussir à s'offiler, mais il faut faire ça dans les règles de l'art.
02:09:15 Merci, Martin. Voilà, Nelly, vous voyez, ici, c'est un peu compliqué. Ils ont du mal à se mettre d'accord sur quoi faire,
02:09:21 mais on vous tient au courant, évidemment, dès qu'une décision est prise de manière formelle.
02:09:25 Merci beaucoup. Florian Tardif nous a rejoints.
02:09:28 Je rappelle qu'on est toujours sur ce plateau en compagnie de Karim Zeribi, Judith Vintraud,
02:09:31 Raphaël Amselem et Hervé Bricoult, qui est agriculteur en polyculture dans l'Aisne.
02:09:36 On attend Alice Cordier aussi, d'un moment à l'autre.
02:09:39 Florian Tardif, ce qui est intéressant, c'est qu'on a l'impression qu'on va vers un stop.
02:09:43 On se disait stop ou encore, tout à l'heure, visiblement, on va suspendre la mobilisation,
02:09:47 ou en tout cas, lui donner une autre forme pour maintenir peut-être la pression,
02:09:51 si jamais il n'y a pas de réponse avant déjà le Salon de l'Agriculture.
02:09:54 Ça, c'est important. Mais nous, ce qui nous a frappés en plateau,
02:09:57 c'est la manière dont cette journée de communication aussi s'est organisée.
02:10:00 Les annonces, la réaction, Emmanuel Macron qui se fait attendre.
02:10:04 Mais enfin, tout cela, on occupe quand même l'espace tout l'après-midi avec ces annonces.
02:10:08 Il y a bien évidemment une volonté de "saturer" l'espace médiatique.
02:10:12 Alors ça, c'est une stratégie politique qu'on connaît assez régulièrement.
02:10:15 Lorsqu'il y a une situation de crise, on montre qu'on est à la fois sur le terrain,
02:10:19 qu'on est à l'écoute, parfois en réunissant tel ou tel syndicat,
02:10:24 soit à l'hôtel de Matignon, soit dans tel ou tel ministère,
02:10:28 en fonction de la situation, bien évidemment.
02:10:30 Ça fait partie d'une stratégie politique, mais bon, l'ensemble des politiques connaissent cela
02:10:34 et font cela lorsqu'il y a une crise.
02:10:36 Après, ce qui est intéressant, c'est que...
02:10:38 À Matignon, est-ce qu'on est satisfait, en fait,
02:10:40 de la manière dont les choses sont en train de se débloquer, là ?
02:10:42 On verra. On est très prudent dans l'entourage du gouvernement.
02:10:45 On reste très prudent par rapport à ce qui va se passer ces prochaines heures.
02:10:48 On a très bien compris que ce midi, Gabriel Attal, il parlait au syndicat, très clairement.
02:10:55 C'est-à-dire que cette conférence de presse n'était pas une conférence de presse pour les journalistes.
02:10:58 Les journalistes qui étaient présents ont très bien compris qu'il n'y avait pas un discours politique
02:11:03 à chercher derrière cela, qu'il y avait un détail précis, très précis d'ailleurs,
02:11:09 de toutes les mesures décidées au niveau gouvernemental.
02:11:12 On a tout de même eu un ministre de l'Économie
02:11:15 qui est allé jusqu'à nous donner le numéro précisément sur la déclaration fiscale pour tel ou tel agriculteur.
02:11:24 C'était un peu trop technique pour nous.
02:11:25 Non, mais c'était très technique pour nous, mais pas pour les personnes qu'il souhaitait toucher.
02:11:30 Et c'est ça qui est important, qu'il voulait convaincre.
02:11:33 C'est-à-dire qu'effectivement, nous, nous n'avons pas tout compris.
02:11:36 Les Français qui devaient regarder n'ont très certainement pas dû tout comprendre.
02:11:39 Mais par contre, les agriculteurs qui sont inquiets sur telle ou telle mesure,
02:11:43 qui connaissent très bien telle ou telle situation,
02:11:45 qui sont très bien au courant qu'effectivement il y a telle importation de tel fruit, légumes ou viandes de tel pays
02:11:53 et qu'il y a telle difficulté parce que dans tel pays, on utilise tel pesticide ou autre,
02:11:58 ça, je peux vous dire qu'ils étaient très au courant et qu'effectivement,
02:12:01 là, quand on voit les premières images, même si tout le monde ne semble pas satisfait,
02:12:04 visiblement, ils ont quand même compris qu'il y avait certaines de leurs revendications
02:12:09 qui ont été entendues et auxquelles on a apporté des réponses.
02:12:11 Oui, en vrai, Bricousse, c'était important que tous les agriculteurs l'entendent,
02:12:13 mais il n'y avait peut-être pas besoin d'une conférence de presse pour l'annoncer aux syndicats eux-mêmes, en fait.
02:12:17 De toute façon, oui, tout à fait, tout à fait. Je rejoins exactement votre ressenti.
02:12:21 Et aujourd'hui, la disparité européenne est très, très importante.
02:12:26 Donc, en fin de compte, au niveau des lois, au niveau des pesticides, comme on dit,
02:12:30 mais j'arrêterai de dire pesticides parce que c'est plutôt médicaments pour soigner nos plantes.
02:12:35 Alors, les désherbages aussi.
02:12:37 C'est plus lourd à dire, oui.
02:12:38 C'est beaucoup plus lourd, tout à fait.
02:12:40 Mais il ne faut pas oublier, c'est que l'Union européenne, en fin de compte,
02:12:44 c'est une déstabilisatrice de marché. C'est l'Union européenne, pratiquement,
02:12:49 parce qu'aujourd'hui, il faut savoir que la déstabilisation, elle arrive avec, justement,
02:12:55 l'histoire de la guerre de l'Ukraine, en fin de compte, d'importations massives
02:12:59 du jour au lendemain, en déstabilisant le marché européen.
02:13:03 Et le marché français, en plus, chez nous.
02:13:06 Alors, donc, aujourd'hui, on est en guerre avec un système qui est l'État,
02:13:10 mais en fin de compte, il faudrait peut-être se retourner vers l'Europe, aujourd'hui.
02:13:13 Parce que l'Europe, elle est responsable de toutes nos pertes.
02:13:16 Parce que depuis 30 ans, plus de 30 ans que je suis exploitant agricole,
02:13:20 j'ai vécu toutes les promesses de l'Europe et toutes les promesses de tous les gouvernements.
02:13:25 Et c'est pour ça que le président de la FNSEA disait, les 15 derniers jours,
02:13:29 ce qui s'est joué, c'est l'histoire de nos 20 dernières années.
02:13:31 Je dirais même plus. Je dirais même beaucoup plus.
02:13:33 Il a voulu donner une date un peu symbolique.
02:13:35 Mais ce qui est intéressant, c'est qu'on dit depuis plusieurs jours
02:13:38 que le problème, il est externe. C'est-à-dire que c'est l'Union européenne face au monde.
02:13:42 Mais le problème, il est peut-être interne.
02:13:45 Puisque quels sont vos principaux concurrents ?
02:13:47 Nos concurrents, en fin de compte, c'est...
02:13:50 Je veux dire, ça va être intéressant. C'est la Belgique, c'est...
02:13:53 C'est l'Union européenne même.
02:13:54 Nos voisins.
02:13:55 Je dis interne, c'est interne à l'Europe.
02:13:56 Interne à l'Europe.
02:13:57 Non mais nos principaux rivaux, lorsque l'on dit qu'on importe 70% des fruits et des légumes,
02:14:03 mais c'est pas à l'extérieur de l'Union européenne.
02:14:05 Il y en a.
02:14:06 Il suffit d'aller sur le marché. Non mais il suffit.
02:14:08 Et là, je vous rejoins sur le manque d'homogénéité entre les différents acteurs.
02:14:12 Ça, c'est la concurrence directe du ZEL administratif et écologique français.
02:14:18 On s'est toujours vanté, on a revendiqué de faire encore mieux que les directives européennes.
02:14:26 Je crois que même ça, Gabriel Atal l'a reconnu.
02:14:29 Il le concède en tout cas.
02:14:31 Il n'est pas le premier. Les surtranspositions...
02:14:33 Et après, j'en ai ça.
02:14:34 Ça fait 15 ans que j'en entends parler, à peu près.
02:14:37 Vous n'avez pas été convaincu, par exemple, sur les surtranspositions.
02:14:40 C'était un peu la grande affaire de ces derniers jours.
02:14:43 Il a dit "on va tout arrêter, on va tout suspendre".
02:14:46 On suspend.
02:14:47 Pour vous, c'est le maître de la suspension.
02:14:49 Il n'y a pas de promesse en gagne en dernière.
02:14:52 Oui, c'est ça le problème.
02:14:53 C'est qu'on est sur des habitudes qui durent depuis des années.
02:14:55 On n'a pas de garantie que ça ne va pas reprendre après.
02:14:57 Nous avons malheureusement cette habitude de surtransposition.
02:15:01 Et ce qui montre d'ailleurs que j'entends bien les difficultés qui sont liées à l'Europe.
02:15:05 On en parlait tout à l'heure notamment aussi sur le "farm to fork".
02:15:08 Il ne faut pas oublier aussi les problèmes nationaux que nous avons.
02:15:11 Nous avons un coût de production qui est extrêmement élevé.
02:15:14 Parce qu'en termes de salaire, en termes de bureaucratie, ce n'est pas l'Europe.
02:15:17 C'est notre modèle social que nous n'arrivons pas à réformer
02:15:21 tant que nous ne nous attaquons pas à ces difficultés-là.
02:15:24 Ça, ça se passe à notre porte. On a la main dessus.
02:15:25 On a la main dessus.
02:15:26 Et c'est là où les annonces de Gabriel Attal ne sont pas complètes.
02:15:29 C'est que là, c'est conjoncturel.
02:15:30 C'est pour répondre à une crise immédiate.
02:15:31 Il parle de l'allègement des charges.
02:15:33 Oui, sur des sommes qui sont immédiates.
02:15:36 Mais le fond du modèle social qui est à réformer
02:15:39 pour être plus efficace et permettre plus de liberté,
02:15:42 ce sont des réformes qui auraient dû avoir lieu depuis 6 ans.
02:15:44 Elles n'ont toujours pas lieu.
02:15:45 Karim Zaribi.
02:15:46 Moi, je pense qu'on a un double problème.
02:15:49 D'abord, on a une crise du modèle agricole européen.
02:15:52 Contrairement à ce qu'on prétend, on n'a pas de modèle agricole européen.
02:15:55 Puisque nos agriculteurs européens ne sont pas soumis aux mêmes normes sociales et environnementales.
02:15:59 Donc, ce qui est imposé aux Français n'est pas imposé aux Espagnols ou aux Polonais.
02:16:02 Déjà, il faut régler ça.
02:16:04 Ensuite, c'est bien d'être solidaires avec l'Ukraine.
02:16:07 Mais si c'est au détriment de la survie de nos agriculteurs, il faut raison garder.
02:16:11 On a compris qu'on en revient un petit peu sur les volailles et sur les soleils.
02:16:13 On va baisser quand même.
02:16:15 Il faut que nous soyons au bord de la rupture pour décider de mettre en place des quotas avec l'Ukraine.
02:16:23 On peut être solidaires sans se tirer une balle pour tuer nos agriculteurs.
02:16:26 Troisième et dernier point.
02:16:28 Derrière la crise du modèle européen, il y a quand même une surenchère française.
02:16:33 Je disais tout à l'heure qu'on était plus royaliste que les directives européennes.
02:16:37 C'est que quand même, à un moment donné, on a voulu porter un modèle qui, quelque part, mettait à mal la vie de nos agriculteurs.
02:16:47 Il y a tous les deux jours, il y a un agriculteur qui se suicide.
02:16:50 Il ose qu'il soit dans la rue pour se rendre compte que cette profession est au bord de la rupture.
02:16:56 Il faut préciser que la déconnexion des politiques est énorme.
02:16:59 Ce n'est pas juste par vertu. C'est pour draguer le vote écolo.
02:17:02 Ce n'est pas par vertu.
02:17:05 C'est une vision à l'électoralisme, sans doute, éclantéliste.
02:17:08 Alice Cordier, on vous présente, qui nous a rejoints, qui préside le collectif Nemesis.
02:17:12 C'est la première fois qu'on vous entend sur les annonces de Gabriel Attal.
02:17:16 Est-ce que ça vous a convaincu ?
02:17:18 Ou faites-vous partie des sceptiques qui disent qu'on est encore en train de vendre du rêve, avec rien de très concret ?
02:17:27 Il ne faut pas être trop optimiste sur la suite.
02:17:29 Je suis assez sceptique parce qu'en effet, il a attendu la dernière minute pour vraiment prendre au sérieux la cause agricole
02:17:35 et le fait qu'il y avait déjà une pauvreté et des discriminations.
02:17:39 Pour moi, si c'est de la discrimination, on est arrivé à ce niveau-là.
02:17:42 En plus, je suis assez sceptique parce que le pouvoir d'achat, lui, n'augmente pas.
02:17:46 On est toujours avec des difficultés financières à aller faire nos courses.
02:17:50 De nous-mêmes, on a aussi créé cette situation.
02:17:53 Le consommateur s'est mis à acheter aussi du poulet venant du Brésil, des tomates venant d'Espagne,
02:17:59 parce que c'est moins cher, factuellement.
02:18:01 C'est aussi le cas et on a envie de diversifier notre alimentation.
02:18:03 Par nécessité, oui et non.
02:18:05 C'est d'ailleurs assez intéressant et je n'avais pas ces chiffres.
02:18:08 Après, je ne veux pas non plus rapporter la parole du gouvernement, mais c'est quand même intéressant.
02:18:13 Ils ne sont pas précautionneux dans leur choix de consommation ?
02:18:16 Non, mais par exemple, la part consacrée à l'alimentaire, c'était 15 % il y a une dizaine d'années
02:18:22 et on m'a donné le chiffre, c'est 7 % aujourd'hui.
02:18:24 Et le logement a augmenté ?
02:18:26 Non, mais c'est aussi intéressant de voir que par rapport globalement à cette crise du pouvoir d'achat,
02:18:36 il y a un secteur où les Français ne sont plus prêts, mais on peut le comprendre,
02:18:40 par rapport à tout ce qui a augmenté, les dépenses contraintes.
02:18:44 Ça revient à dire que c'est quand même par nécessité, que ce soit dans les supermarchés ?
02:18:47 Par nécessité, oui et non.
02:18:49 Ils ont choisi des pôles budgétaires.
02:18:51 Il y a par exemple les chips, la consommation de chips en France a augmenté de 40 %.
02:18:55 Est-ce que c'est par nécessité ?
02:18:56 Bien sûr.
02:18:58 Non, mais il y a aussi des questions.
02:19:00 C'est pour cela que je rejoins Carême Zahébi.
02:19:05 C'est un problème de modèle.
02:19:07 C'est un problème au niveau français, c'est un problème au niveau européen,
02:19:11 et c'est aussi un problème dans nos habitudes de vie.
02:19:14 L'alimentaire a baissé mécaniquement parce que tout ce qui concerne l'énergie, le logement,
02:19:18 ce sont ce qu'on appelle dans le budget d'un ménage, des postes fixes, budgétaires.
02:19:23 Je suis totalement d'accord.
02:19:26 C'est quand même intéressant à noter.
02:19:29 Après, Florian Tardif mettait l'accent sur quelque chose d'intéressant, sur le plan politique.
02:19:33 Il y a une mise en scène.
02:19:34 Moi, je ne suis pas convaincu que cette mise en scène soit suffisante.
02:19:37 Je vous le dis.
02:19:38 Non, parce qu'il y a le salon de l'agriculture qui va arriver.
02:19:40 Il y a une impatience qui est toujours là du côté des agriculteurs.
02:19:43 On a beau faire des annonces, on a beau même l'écrire,
02:19:46 je veux dire, quand on dit l'écrire noir sur blanc, c'est les faits qui vont compter.
02:19:51 Dans la vie quotidienne, est-ce que les choses vont changer ?
02:19:53 Et quand on entendait Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, qui nous expliquait
02:19:56 il y a quelques jours que le quoi qu'il en coûte était terminé,
02:19:59 là, en pleine crise agricole, on voit bien que quoi qu'il en coûte, il va être poursuivi par obligation.
02:20:05 Regardez, regardez juste cette image.
02:20:07 Là, on était à Dourdan, on y était il y a un instant avec un de nos reporters.
02:20:11 Il nous disait qu'effectivement, ses représentants de la coordination rurale
02:20:15 étaient en train de quitter, ou allaient quitter les lieux.
02:20:18 Et c'est exactement ce qui est en train de se passer.
02:20:19 Vous voyez les tracteurs qui sont en train, d'une certaine manière,
02:20:22 de lever le camp et de reprendre la route.
02:20:24 Quelques heures, à peine après...
02:20:26 Il y a eu une usure au Ténéli.
02:20:27 Il faut comprendre les agriculteurs.
02:20:28 Ils préfèrent qu'ils font leur exploitation.
02:20:30 Je veux dire, c'est déjà qu'ils gagnent quasiment pas leur vie.
02:20:33 Donc, quand ils sont sur les points de blocage, ils la gagnent encore moins.
02:20:37 Et ils peuvent plus ou moins partir.
02:20:40 Les éleveurs sont évidemment moins libres de rester longtemps loin de leurs exploitations
02:20:45 que les céréaliers.
02:20:46 Et puis, ça ne veut pas dire qu'ils renoncent, puisqu'ils nous ont dit...
02:20:48 Exactement.
02:20:49 Attention, c'est vrai.
02:20:50 On sera là au Salon de l'Agriculture pour continuer à peser.
02:20:52 C'est pas un renoncement.
02:20:53 Et en juin, une sorte de clause de revoyure.
02:20:55 Maxime Legay, on est sur place à Dourdan avec vous.
02:20:58 Ils sont exactement en train de mettre en place ce qu'ils annonçaient tout à l'heure,
02:21:03 ces agriculteurs.
02:21:04 C'est-à-dire qu'ils rentrent chez eux.
02:21:07 Il leur a fallu une heure ou deux pour rassembler leurs affaires, leurs matériels.
02:21:10 Ils sont en train de rentrer.
02:21:11 Oui, tout à fait, Nelly.
02:21:15 Je suis dans le tracteur de Christian.
02:21:17 Christian qui est en train de conduire.
02:21:19 Alors, il va falloir être prudent.
02:21:21 Christian, racontez-nous.
02:21:22 Vous prenez la route avec combien de tracteurs ?
02:21:26 Je ne sais pas combien de tracteurs.
02:21:28 Je pense qu'il y a entre 70 et 70.
02:21:30 Ce groupe-là doit être 70 tracteurs.
02:21:32 Et où est-ce que vous allez alors ?
02:21:34 Ça va au point que je suis...
02:21:35 Je vais vous dire que je suis sorti de Marégeuse.
02:21:38 C'est la région où on a dormi la deuxième nuit.
02:21:40 C'est à...
02:21:41 Voilà, à Angrous.
02:21:42 On fera arriver là-bas.
02:21:44 Je ne me rappelle pas l'adresse.
02:21:45 Je ne peux pas vous le dire.
02:21:46 Un départ, donc, puisqu'on le disait, vous étiez ici depuis quelques jours.
02:21:49 Vous avez été manifestement déçu une nouvelle fois par les annonces du Premier ministre.
02:21:53 Et donc, vous avez décidé de lever le camp et de rentrer.
02:21:56 Non. Alors, on n'a pas décidé de lever le camp.
02:21:59 C'est que nous, amis dehors, aujourd'hui, je pense qu'on véhicule les dollars dans l'emboliment.
02:22:04 Les gars de notre prison, on les manipule mieux que nous.
02:22:07 Et on a la démonstration.
02:22:09 On a fait une manifestation dans la rue il y a deux ou trois jours.
02:22:12 Il y a des dollars qui sont passés devant nous.
02:22:14 Il n'y avait pas un escorte devant.
02:22:15 Nous, on est l'escorte.
02:22:16 Comment ça ? Il y a des voyous.
02:22:17 Et c'est grave.
02:22:18 Ça va nous marquer.
02:22:19 Je pense que ça va nous rater de plus en plus d'agressifs parce que ce n'est pas normal.
02:22:23 On va trouver d'autres solutions.
02:22:24 Je ne sais pas lesquelles.
02:22:25 Pour le moment, on ne baisse pas les bras.
02:22:27 On ne s'appelle pas la Fédération.
02:22:28 C'est les géants qui ont baissé les bras.
02:22:29 Aujourd'hui, on n'est pas manipulés par le gouvernement.
02:22:32 Nous sommes des gens respectables.
02:22:34 On n'a pas fait de casse.
02:22:36 Mais on va arriver à, de notre moyen, de se faire respecter.
02:22:38 Alors, aujourd'hui, on voit bien qu'il y a un problème à la Fédération, à la CD,
02:22:43 et plus déjà des agriculteurs.
02:22:45 Aujourd'hui, il y a beaucoup de gens qui nous appellent pour prendre des cartes de coordination
02:22:48 dans tous les départements.
02:22:50 Ce que vous me disiez, c'est que les événements qui se sont produits garderont une marque.
02:22:54 Le lien de confiance s'est brisé.
02:22:56 Ah oui, le lien de confiance s'est brisé.
02:22:58 On est des personnes remarquables.
02:23:00 On n'a pas besoin de se faire escorter comme on le fait.
02:23:03 On est considérément comme des taulards.
02:23:05 Et ça, on n'attendra jamais.
02:23:07 Voilà, vous l'aurez compris, ici, les agriculteurs qui sont donc sur la route, sur ces tracteurs.
02:23:12 La direction vers Agen, on ne sait pas exactement encore, c'est ce que nous disait Christian,
02:23:16 mais on prend cette direction.
02:23:19 Et on restera sur CNews, en direct, on suit le convoi.
02:23:24 Merci beaucoup, Maxime.
02:23:26 On a bien compris, donc, voilà, ils donnaient une sorte d'ouverture et de, comment dire,
02:23:32 de carte de confiance au gouvernement, mais ils reviendront si jamais leurs réponses ne sont pas satisfaites.
02:23:41 Ce qu'il faut qu'on comprenne, quand même, moi j'ai été syndicaliste dans une autre vie,
02:23:44 on ne fait pas grève pour le plaisir.
02:23:46 On ne manifeste pas pour le plaisir.
02:23:48 Faire une grève ou porter un mouvement de ce type, c'est perdre du pouvoir d'achat, plus que l'on en a déjà.
02:23:53 Et comme il n'est déjà pas énorme, là, encore une fois, c'est peau de chagrin pour les agriculteurs.
02:23:57 Donc, ils trouvent une issue pour sortir du mouvement, ça ne veut pas dire qu'ils vont abandonner que de manifester dans quelques jours.
02:24:03 Je vous propose de repartir à Bruxelles, parce que vous avez vu ces images tout à l'heure,
02:24:06 assez impressionnantes, aux abords du Parlement européen, où des agriculteurs sont venus en nombre pour manifester.
02:24:13 On a vu des feux de fortune, ça s'a chauffé un petit peu d'ailleurs avec les forces de l'ordre.
02:24:17 Célia Barotte, il semble que des Black Blocs étaient à craindre et tentaient d'infiltrer aussi le mouvement aujourd'hui.
02:24:24 Oui, la situation a complètement changé par rapport à ce matin,
02:24:32 puisque désormais, nous devons faire face devant le Parlement européen à des Black Blocs,
02:24:37 des individus vêtus tout de noir.
02:24:40 Ils sont en train d'attaquer le Parlement européen à coups de projectiles.
02:24:45 On voit qu'il y a de la provocation avec les forces de l'ordre.
02:24:48 Et donc, pour éviter d'être assimilés à ces Black Blocs,
02:24:51 les agriculteurs ont décidé de quitter les abords du Parlement européen.
02:24:56 Ils sont en train de rallumer les moteurs, de reprendre la route.
02:24:59 Alors, si pour l'instant, aucune précision sur leur destination finale n'a été donnée,
02:25:04 selon certains agriculteurs, ils vont prendre possession du ring,
02:25:08 c'est-à-dire du périphérique de Bruxelles, pour essayer de bloquer,
02:25:13 de continuer ce mouvement qui à l'origine était un blocage de la circulation.
02:25:16 Les agriculteurs ne souhaitent pas être assimilés à ces casseurs, à ces Black Blocs.
02:25:21 Pour eux, ils me disent, les fermiers, ce n'est pas ça, les fermiers, c'est une manifestation bon enfant.
02:25:26 Comme cela s'est déroulé ce matin, pour une bonne partie,
02:25:29 parce que même si entre les agriculteurs et les forces de l'ordre, il y a eu des échauffourés,
02:25:33 là, on assiste à une toute autre tournure de la situation,
02:25:37 des individus qui provoquent et insultent les forces de l'ordre,
02:25:40 et qui sont là juste pour casser, comme on a pu le voir dans d'autres manifestations.
02:25:44 C'était à craindre, et désormais, le Parlement européen est entre les mains des casseurs,
02:25:48 comme on peut le voir actuellement.
02:25:51 Merci Célia pour ces images. Alice Cordier, c'est toujours l'opportunisme permanent pour les Black Blocs.
02:25:57 Ils se greffent à peu près tous les mouvements, sans croire une seule seconde,
02:26:02 ou sans être associés une seule seconde à ce que réclament les agriculteurs.
02:26:06 Ce qui est sûr, c'est qu'eux ne sont pas agriculteurs, parce que les agriculteurs ont de bonnes raisons d'être là,
02:26:10 et de se montrer à visage découvert, et de montrer en effet leur souffrance.
02:26:15 Souffrance, c'est-à-dire qu'ils ont mis du temps à être entendus,
02:26:18 puisque, vous l'avez rappelé Karim, deux suicides par jour, malgré ça on ne les entend pas,
02:26:23 il faut qu'on en soit bloqués les périphs pour qu'on commence à les entendre.
02:26:27 Et maintenant on arrive dans la troisième phase, qui arrive dans presque toutes les manifestations.
02:26:32 C'est souvent l'extrême-gauche, après je ne sais pas qui c'est,
02:26:35 mais c'est souvent quand même des sortes de militants d'extrême-gauche extrêmement violents,
02:26:39 qui viennent infiltrer les manifestations.
02:26:42 Souvent les causes sont bonnes, mais malheureusement ces manifestations sont totalement dévoyées,
02:26:46 avec ces groupuscules qu'on a du mal à identifier, qui sont parfois pas français,
02:26:50 qui viennent aussi d'autres pays européens, qui sont très coordonnés.
02:26:53 - D'autant plus qu'il y a des agriculteurs un peu partout aussi.
02:26:55 - Exactement, ils sont très coordonnés, ils savent comment éviter la police,
02:26:59 et là encore ça va peut-être, j'espère pas, décrédibiliser un mouvement qui était sain,
02:27:03 et qui mérite en tout cas d'être entendu.
02:27:06 - Visiblement quand même Karim, ils ont eu la bonne réaction.
02:27:08 - Ils sont partis en fait.
02:27:10 - Ils sont exactement ce qu'il faut pour éviter de...
02:27:13 - Ils l'ont depuis le début, la bonne réaction.
02:27:16 - Ils leur donnaient un petit peu de crédit aussi.
02:27:17 - Les agriculteurs depuis le début ils sont exemplaires, on peut dire ce qu'on veut,
02:27:20 ils sont sur un mouvement social, ils sont sur un mouvement pour défendre leur profession.
02:27:25 C'est un mouvement pour survivre, même pas pour vivre, ils survivent aujourd'hui.
02:27:30 Et là on a des black blocs qui eux sont des anarchistes,
02:27:33 sont des gens qui viennent combattre, j'avais de dire, un modèle de société,
02:27:37 au-delà de ce que vivaient les agriculteurs.
02:27:39 Les agriculteurs ils veulent mieux vivre, et ils sont pas anti-démocratie,
02:27:43 anti-république pour ceux qui sont français,
02:27:46 on a bien vu qu'avec les forces de l'ordre il n'y avait pas d'affrontement.
02:27:48 Personne n'avait envie, ni les forces de l'ordre d'ailleurs.
02:27:51 Les forces de l'ordre, je suis convaincu qu'ils avaient de la sympathie pour ce mouvement des agriculteurs.
02:27:55 - Il leur dit ?
02:27:56 - Oui, on a vu des images parfois, où ils se tapaient sur l'épaule,
02:28:01 ils avaient plutôt des gestes chaleureux.
02:28:04 Et on n'a pas vu d'affrontement.
02:28:06 Et c'est vrai que c'est plus simple de bloquer une artère d'autoroute
02:28:10 pour pas être pollué par les black blocs,
02:28:12 plutôt que de mener une manifestation en plein centre-ville,
02:28:14 où là c'est le terrain de jeu des black blocs,
02:28:16 ils s'infiltrent, ils arrivent à jouer au chat, la souris avec les forces de l'ordre,
02:28:20 sur une artère d'autoroute ils ne peuvent pas le faire.
02:28:23 - Raphaël Amselin, encore une réaction peut-être sur ces images qu'on aperçoit,
02:28:26 qui sont toujours une mauvaise illustration, c'est tout ce qu'il ne faut pas faire d'ailleurs.
02:28:30 - Oui bien sûr, et puis de toute façon on est habitué au sévice des black blocs,
02:28:34 ça a été rappelé à l'instant dans un ensemble de manifestations.
02:28:37 Ce qui est intéressant en revanche, et on l'a noté tout à l'heure je pense,
02:28:40 lorsqu'il y a eu la conférence de presse des représentants des jeunes agriculteurs et de la FNSEA,
02:28:45 ça a été ce distinguo qu'ils ont fait, alors qu'il semblait un peu surjoué sur le moment,
02:28:49 mais qui en réalité est assez symbolique,
02:28:51 entre l'écoute du gouvernement et puis l'Union Européenne,
02:28:55 qui serait la surdité de l'Union Européenne,
02:28:57 et qui pour le coup est assez vraie.
02:28:59 C'est-à-dire que, je reviens encore une fois à ça,
02:29:02 il y a eu le "farm to fork", la journaliste Emmanuelle Ducrot l'a extrêmement bien documenté,
02:29:06 il y a eu des alertes qui ont été données par des parlementaires,
02:29:09 par des représentants d'intérêt auprès de la commission, de ses représentants,
02:29:12 pour dire "vous allez assassiner des filières entières",
02:29:16 et il n'y a pas eu de réponse de la part des représentants européens.
02:29:19 Donc il y a un problème institutionnel plus global, qui d'ailleurs...
02:29:22 - Non, il y a un problème idéologique.
02:29:24 - Idéologique mais aussi institutionnel, c'est-à-dire que les institutions européennes
02:29:26 ne sont pas à la même d'être le porte-voix de ce qui s'exprime au sein de la société civile.
02:29:30 - Et la grande question qui se pose maintenant, qu'on attend,
02:29:33 l'intervention d'Emmanuel Macron, c'est "est-ce qu'il va parler de ce sujet-là ?"
02:29:38 qui ne figure pas parmi les sujets mis sur la table par Gabriel Attal.
02:29:42 - Il va bien se regarder.
02:29:44 - C'est un sujet sur lequel j'aime bien qu'on mette les poignées sur les libéraux de société.
02:29:47 J'ai été parlementaire européen.
02:29:49 Je pense qu'il faut arrêter de se cacher derrière les commissaires.
02:29:51 Les commissaires ont un pouvoir d'initiative.
02:29:54 Mais c'est à la table des États-nations que les décisions se prennent.
02:29:57 Donc il faut qu'on arrête de se dérober derrière les commissaires.
02:30:00 Les commissaires proposent, et ensuite on a les États, le Conseil des États, qui doit statuer.
02:30:06 C'est pour ça que je disais tout à l'heure que pour revenir sur une politique agricole européenne,
02:30:10 il faut une majorité qualifiée. C'est quoi une majorité qualifiée ?
02:30:13 Il faut que 15 États sur 27, représentant 65% de la population européenne,
02:30:17 puissent se statuer pour changer les règles.
02:30:19 Et ça, ce n'est pas les commissaires. Je suis désolé de vous le dire.
02:30:22 C'est les politiques qui sont allées dans les États-nations.
02:30:24 Il y a une délégation qui fait que les États ne sont pas au jour le jour décisionnaires.
02:30:30 La décision d'une délégation, c'est l'État qui la prend.
02:30:33 Florian Tardif, ceci dit, effectivement, Emmanuel Macron se targue de pouvoir taper du poing sur la table,
02:30:40 d'être ferme avec ses homologues. Néanmoins, il n'est pas seul à décider.
02:30:44 Tout ça aussi, ça revient faire de la com' en France.
02:30:47 Quand il dit "vous allez voir ce que vous allez voir sur le Mercosur, sur les Jachères,
02:30:50 on va être ferme", ce sera clair et net et précis.
02:30:53 On parle beaucoup depuis plusieurs mois maintenant sur différents sujets.
02:30:56 On a évoqué cela lors de la crise au Proche-Orient, de l'influence de la France.
02:30:59 On va pouvoir savoir justement si la France a encore de l'influence en Europe.
02:31:03 À 27 ?
02:31:04 Oui, mais ça va être assez intéressant, puisque effectivement, comme vient de le rappeler Karim,
02:31:09 en cas de règle concernant la majorité qualifiée, la France n'est qu'un pays parmi tant d'autres.
02:31:16 Est-ce qu'on est capable d'emmener qu'un pays avec une autre ?
02:31:18 Voilà, c'est exactement cela.
02:31:21 C'est-à-dire que la France qui dit aujourd'hui "nous souhaitons bloquer les négociations sur le Mercosur",
02:31:28 est-ce que c'est suivi des faits ?
02:31:31 Est-ce que c'est suffisant pour rallier ?
02:31:33 Elle a déjà des alliés, mais est-ce que c'est suffisant pour bloquer l'ensemble des négociations ?
02:31:38 Est-ce que ça représente les 15% de la population européenne avec 15 pays sur 27 ?
02:31:41 Autre son de cloche sur le terrain à nouveau.
02:31:43 Je vous propose d'aller rejoindre Guillaume Joux, qui est secrétaire général des Jeunes Agriculteurs de Lens.
02:31:49 Bonjour. Vous faites partie de la FNSE, en tout cas vous y êtes associée.
02:31:56 Ça veut dire que vous allez suivre les directives de votre président, qu'on a entendu tout à l'heure,
02:32:01 qui dit "bon ben voilà, on n'a pas à trouver toutes les réponses encore, mais c'est un premier pas.
02:32:05 On verra si le gouvernement est digne de confiance et dans quelques mois on sera là".
02:32:10 Vous allez partir aussi, vous allez rentrer chez vous ?
02:32:12 Je ne sais pas si vous étiez mobilisé, a priori, oui quand même.
02:32:17 Oui, oui, tout à fait. Bonjour à tous, merci de nous laisser la parole.
02:32:20 Donc oui, oui, on a été mobilisé fortement depuis plus de dix jours.
02:32:24 Donc voilà, la semaine dernière à l'entrée de Lyon sur la 42, aujourd'hui au PH de Villefranche depuis lundi après-midi.
02:32:33 L'avantage, on a une force de réseau, donc FNSE à GIA, qui nous permet de pouvoir rallier beaucoup d'adhérents,
02:32:43 d'agriculteurs et d'agricultrices sur notre réseau et d'avoir une force de frappe qui est assez importante.
02:32:49 L'avantage, aujourd'hui, on ne lève pas le barrage, on suspend le barrage,
02:32:53 ce qui veut dire qu'aujourd'hui on a eu un beau discours du Premier ministre et des autres ministres qui l'accompagnaient.
02:33:00 Donc voilà, maintenant on a un beau discours, il nous faut des actes et c'est ce qu'on attendra.
02:33:04 Et si on suspend aujourd'hui et si on n'a pas réponse à ces attentes, on reviendra dans les semaines à venir.
02:33:10 Rentrons un petit peu dans la matière de ce qui vous concerne, puisque vous représentez de jeunes agriculteurs.
02:33:15 Il y aura un allègement de charges à votre intention, justement, un accompagnement dans les installations.
02:33:21 Je crois que l'enveloppe va passer de 13 à 20 millions.
02:33:23 Dit comme ça, ça ne paraît pas énorme, mais est-ce que ça peut réellement faire la différence ?
02:33:29 Bien sûr, aujourd'hui les aides à l'installation aident les jeunes agriculteurs, mais ce n'est pas tout.
02:33:37 Il faut les accompagner sur tous les plans, que ce soit sur le plan financier, sur le plan moral,
02:33:41 parce qu'aujourd'hui investir dans une installation, quand on sort de l'école à 20 ou 22 ans ou 25 ans,
02:33:46 c'est des montants financiers énormes.
02:33:50 Donc au bout d'un moment, on n'investit pas pour deux jours, on investit pour 5, 10, 20 ans, 30 ans.
02:33:56 On investit pour toute une carrière.
02:33:57 Donc aujourd'hui, on ne peut pas envoyer des jeunes au casse-pipe dans un métier qui ne gagne pas sa vie.
02:34:02 Mettez-vous à la place d'un jeune qui ne gagne pas sa vie et qui travaille tous les jours,
02:34:07 tous les jours et entre 10h et 12h par jour, et qui ne gagne pas sa vie.
02:34:12 Au bout d'un moment, on ne peut pas y aller.
02:34:14 Donc bien sûr, il faut aider les jeunes à s'installer.
02:34:16 Si demain, on veut encore une agriculture française, il faut investir dans les jeunes.
02:34:21 Là, par exemple, dans l'un, la filière principale, c'est quoi ?
02:34:25 Quels sont les secteurs d'activité les plus actifs ?
02:34:27 Vous êtes plutôt sur de l'élevage, sur du maraîcher ?
02:34:32 Alors, on a l'avantage d'avoir sur le département de là un peu toutes les productions,
02:34:37 un peu beaucoup de polyculture élevage,
02:34:39 c'est-à-dire de l'élevage avec des céréales pour autant de consommation.
02:34:42 On a un petit peu de maraîchage, on a beaucoup de vignes.
02:34:46 Voilà, on est très diversifié, ce qui nous permet d'avoir dans notre réseau,
02:34:51 d'avoir tous les secteurs et de pouvoir essayer de travailler sur toutes les problématiques,
02:34:56 sur toutes les filières, ce qui est très important.
02:34:58 On n'est pas branché que sur une filière, on a beaucoup aussi d'élevage laitier et bovin à l'étang.
02:35:05 Merci beaucoup, Guillaume Joux, d'avoir répondu à quelques-unes de nos questions cet après-midi.
02:35:09 Et bien sûr, on verra ce que ça donne.
02:35:11 Déjà, le premier baromètre, ce sera le 24 février, on le rappelle, le Salon de l'agriculture.
02:35:16 On va voir si ces belles promesses sont suivies d'effet.
02:35:20 Pour l'instant, quand même, Florian Tardif, si on remet ça sur un plan un peu de l'analyse politique,
02:35:25 c'est quand même une belle carte jouée par Gabriel Attal.
02:35:27 Là, il a coché quelques cases.
02:35:30 En tout cas, ça tranche avec la première image un peu désastreuse qu'il a donné le premier vendredi.
02:35:34 Peut-être péniblement, oui, puisqu'il a fallu qu'il s'en prenne à trois reprises
02:35:38 pour pouvoir tenter de contenir justement ce mouvement qui était en train, jour après jour, de s'étendre.
02:35:45 On imagine mal comment il a réussi la première fois.
02:35:47 Il ne pouvait pas avoir toutes les réponses le premier soir non plus.
02:35:49 Oui, après, pour l'heure, et pour être tout à fait précis, cette crise a été quand même prévisible.
02:35:55 Alors, bien évidemment, c'est toujours plus simple.
02:35:57 Et je le dis honnêtement, c'est toujours plus simple de refaire le match quand la partie a été en partie engagée.
02:36:04 Mais cette crise, et ça, pour le coup, je rejoins un certain nombre de personnes qui sont autour de cette table,
02:36:09 elle était prévisible lorsque l'on voit que ces normes environnementales s'imposent d'année en année
02:36:14 et sont de plus en plus complexes, que lorsque l'on nous explique,
02:36:18 et d'ailleurs, moi-même, je n'étais pas convaincu et je me mettais, je tentais modestement,
02:36:21 de me mettre à la place des agriculteurs à qui l'on disait,
02:36:23 "Vous inquiétez pas, alors, vous avez peur, là, pour les règles de 4% de demande de jachères,
02:36:30 donc 4% de l'exploitation qui n'est pas exploitable en l'état, on a obtenu une dérogation,
02:36:36 alors ce ne sera pas 4%, mais ce sera 7% exploitable en fonction des fruits et légumes
02:36:42 que vous allez mettre dans votre exploitation, à condition que ça puisse contenir de l'azote."
02:36:49 Alors, ok, très bien, les agriculteurs savent très bien de quoi on parle,
02:36:54 ça peut nous paraître un petit peu flou, mais je peux vous dire qu'eux, ils ne voient qu'une chose,
02:36:58 c'est que, ok, on vous a entendu sur ça, mais on vous met un petit peu moins de normes,
02:37:03 on vous met une dérogation, mais en même temps, on vous demande quand même de faire des efforts, etc.
02:37:07 Donc, effectivement, je vous rejoins sur l'empilement de normes, de demandes administratives, etc.
02:37:12 Sur la jachère, c'est vrai que c'est un peu de la poudre aux yeux, d'une certaine manière ?
02:37:16 Oui, franchement, c'est parler de quelque chose qui n'a pas lieu d'être, déjà, d'une part.
02:37:21 Parce qu'on produit sur la totalité, qu'est-ce que ça changerait ?
02:37:25 Ça changerait quelque chose, c'est que notre pays aurait plus d'exportation.
02:37:29 Si on crée de l'exportation, on crée de la richesse.
02:37:33 Et aujourd'hui, ne pas créer de richesse avec un produit, c'est comme, je vais dire,
02:37:38 empêcher tout citoyen d'exploiter au maximum.
02:37:41 Oui, on vous limite trop dans votre capacité.
02:37:43 On nous limite, et nous limiter, ce n'est pas vraiment la solution.
02:37:45 Voilà, vous êtes du coup pour les traités de libre-échange ?
02:37:48 Tout à fait.
02:37:49 Ah d'accord.
02:37:50 Non, mais, je veux dire, le libre-échange...
02:37:52 Il y a à en prendre et à en laisser.
02:37:54 Il y a du moins du moins pour les traités.
02:37:56 C'est ce qu'on a appris incidemment, en matière de libre-échange.
02:37:59 Tous les traités ne sont pas...
02:38:02 Bien sûr, et la France a été assez ferme sur les questions de réciprocité en termes de normes.
02:38:07 Je disais, j'étais pour le libre-échange entre nos pays européens,
02:38:11 mais je veux aussi garantir la sécurité, que les prix et les quantités correspondent.
02:38:18 Parce qu'aujourd'hui, il y a un vieil adage qui dit toujours,
02:38:21 quand on a de la salade dans son jardin, on ne va pas en acheter ailleurs.
02:38:24 Voilà.
02:38:25 Judith, 23 mois.
02:38:27 On peut un peu résumer toute la séquence en disant qu'il y a deux types de mesures
02:38:32 qui ont été prises aujourd'hui en attendant d'éventuelles annonces sur l'Europe par Emmanuel Macron.
02:38:38 Des mesures financières, il y en a à peu près pour 400 millions.
02:38:41 Ça a été chiffré à 100 millions la semaine dernière, les annonces de Gabriel Attal.
02:38:45 300 millions pour les annonces d'aujourd'hui.
02:38:48 Et puis, des pauses, des suspensions, des moratoires, des mesures d'attente.
02:38:54 Sans qu'on sache si ça sera pérenne.
02:38:56 Et ça, c'est extrêmement inquiétant.
02:38:58 Je pense par exemple au plan éco-phyto.
02:39:01 Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a annoncé qu'il le mettait en pause.
02:39:05 Il n'a pas précisé, en fait.
02:39:08 C'est l'an 2030 ?
02:39:09 Non, c'est beaucoup moins précis que ça.
02:39:12 L'histoire de ne pas atterdir un produit, un pesticide, tant qu'un substitut plus vertueux n'existe pas.
02:39:23 On ne sait pas combien de temps ça va durer.
02:39:25 Donc, beaucoup de trucs en suspension, alors que l'enveloppe globale, qui est ce fameux pacte vert,
02:39:31 n'est pas du tout discutée et n'est pas mise sur la table.
02:39:34 Alice Cordier, pour un petit mot, et puis on va retourner du côté de l'Assemblée nationale avec Thomas.
02:39:37 Il y a beaucoup de flots.
02:39:39 Et en même temps, quand il s'agit d'appliquer les normes, on est très rapides sur ça.
02:39:42 Je me souviens quand même de ces témoignages d'agriculteurs qui disaient
02:39:45 "En fait, les normes, elles changent tout le temps, du coup on ne sait jamais si on est dans les normes."
02:39:49 On ne sait jamais.
02:39:50 On ne sait jamais.
02:39:51 On ne sait jamais.
02:39:52 On ne sait jamais.
02:39:53 On a toujours cet épidémic de la mortesse.
02:39:54 C'est ça qui est quand même hallucinant.
02:39:55 On est très rapides sur certaines choses et très lents sur d'autres, voire même dans le flou.
02:39:57 Comme si on pouvait se le permettre alors qu'il y a quand même une urgence qui l'attend depuis longtemps.
02:40:00 On se souvient quand même d'un François Hollande qui, à l'époque, même si ça n'avait pas à voir spécialement avec l'agriculture,
02:40:05 avait évoqué un choc de simplification.
02:40:07 10 ans, 12 ans plus tard...
02:40:09 On nous le reçoit en général tous les 4-5 ans.
02:40:11 On nous l'a sorti la semaine dernière d'ailleurs.
02:40:13 On verra.
02:40:14 Alors là, c'est quand même un vrai beau galop d'essais.
02:40:17 Karim Zahraif, dernier.
02:40:18 Il y a une question qu'on aborde rarement, mais les agriculteurs le disent souvent.
02:40:21 Les agriculteurs n'ont pas envie de vivre de subventions.
02:40:24 Non.
02:40:25 Ils veulent vivre de leur travail.
02:40:26 C'est ça, absolument.
02:40:27 Quand même, l'objectif qu'on doit vivre...
02:40:29 Mais au bon prix.
02:40:30 Évidemment, l'élu de son travail, il faut vivre au juste prix.
02:40:33 Mais la réalité, c'est qu'on ne parvient pas.
02:40:35 Quand je parlais de crise de modèle tout à l'heure, on ne parvient pas à se faire ce modèle à l'échelle de l'Union Européenne.
02:40:39 Pourquoi ?
02:40:40 Parce qu'on a créé une compétition déloyale entre pays de l'Union Européenne.
02:40:45 Pourquoi nous avons fait ce continent ?
02:40:47 Pourquoi nous nous sommes associés tous les uns les autres ?
02:40:50 Pour être plus forts.
02:40:51 Si ça n'était pas pour être plus forts, mais plus forts pour nos activités, pour nos professions,
02:40:55 pour nos PME, pour nos agriculteurs.
02:40:57 Or, là, on voit bien qu'on a créé une grande zone de libre-échange au sein de l'Union Européenne
02:41:01 avec une compétition qui n'est pas loyale entre pays de l'Union Européenne.
02:41:04 Donc, on tire vers le bas.
02:41:05 Alors qu'on pourrait concilier à la fois manger sain et produire de manière qualitative,
02:41:13 mais à condition que tous les agriculteurs de l'Union Européenne soient mis à la même enseigne
02:41:18 et à condition que dans les traités de libre-échange, non pas les stopper,
02:41:22 mais avoir une politique de quota qui permette effectivement de vivre dignement dans notre travail.
02:41:26 Et encore une fois, l'Ukraine, je reprends cet exemple, parce que vous êtes sérieux alliés, vous êtes bien placés.
02:41:31 C'est-à-dire, n'ayant pas mis de quota pour aider l'Ukraine, on vous a tués.
02:41:35 C'est une facilité.
02:41:36 Disons les choses clairement.
02:41:37 Exactement, tout à fait.
02:41:38 Parce que l'Union Européenne, en fin de compte, la déstabilisation de marché, elle est responsable de ça.
02:41:43 Et ça, on devrait l'attaquer.
02:41:45 Mais qu'est-ce qu'on veut attaquer ? L'Union Européenne.
02:41:47 On ne peut pas les attaquer au tribunal.
02:41:49 C'est impossible.
02:41:50 Donc forcément, quand on donne du pouvoir, je veux dire, de cette façon-là,
02:41:54 à un moment donné, on ne peut plus se retourner vers personne.
02:41:57 Il faut juste que ce soit plus équitable et qu'on revoie un peu tous les accords entre nous.
02:42:00 Non, mais je veux dire, l'importation du sucre, quand je parle du sucre,
02:42:03 je veux dire, le sucre, l'année prochaine, ça va être un carnage sur le marché européen.
02:42:07 Un carnage.
02:42:08 De toute façon, on crée un carnage avec rien.
02:42:11 Là, aujourd'hui, là, c'est...
02:42:13 À cause des néonicotinides ?
02:42:14 Non, non, pas du tout.
02:42:15 C'est que, en fin de compte, là, c'est...
02:42:18 Les importations ukrainiennes ?
02:42:20 Là, vous parlez toujours des importations.
02:42:22 Il y a trois problèmes avec les Ukrainiens, grosso modo.
02:42:24 C'est la volaille, les oeufs et le sucre.
02:42:26 Le lait, le sucre et les céréales.
02:42:27 Et aujourd'hui, il faut savoir, c'est que le marché français, le marché européen sur le blé,
02:42:33 en fin de compte, il est très facile à déstabiliser.
02:42:37 Parce qu'aujourd'hui, ce qu'on ne parle plus, c'est de Poutine et la Russie.
02:42:41 Parce que la Russie, elle a monté des stocks monstrueux.
02:42:44 Et demain, de toute façon, le marché du blé, il risque de se casser les fures.
02:42:47 Il va se casser la figure parce que Poutine, il a la force de venir sur le marché européen
02:42:52 en disant "moi, je vais à 120 euros".
02:42:54 Et si, qu'est-ce qu'on aura ?
02:42:55 La Union européenne, qu'est-ce qu'elle va faire pour nous ?
02:42:57 Pour nous, les agriculteurs, elle fera rien.
02:42:59 Comme d'habitude, Madame Van der Leyen, c'est le néant total.
02:43:03 Ça, c'est la loi du marché.
02:43:04 Le néant total.
02:43:05 Alors, une illustration sur le terrain.
02:43:07 On a quitté Thomas Bonnet tout à l'heure avec des députés et des agriculteurs
02:43:12 qui refusaient de quitter les abords de l'Assemblée nationale.
02:43:15 Visiblement, les forces de l'ordre ont réussi à se faire entendre.
02:43:18 Oui, les agriculteurs ont quitté les lieux et les forces de l'ordre aussi, en grande partie.
02:43:26 En tout cas, le dispositif de sécurité a été levé ici aux abords de l'Assemblée nationale.
02:43:32 Dispositif de sécurité particulièrement impressionnant depuis ce matin.
02:43:36 J'ai rencontré des agriculteurs qui sont arrivés ce matin.
02:43:39 Ils arrivaient du Cantal et ils étaient stupéfaits quand ils voyaient le nombre de CRS
02:43:43 qui les attendaient ici aux abords de l'Assemblée nationale.
02:43:46 Il faut dire qu'il y avait eu des appels à manifester qui avaient circulé,
02:43:49 notamment sur les réseaux sociaux.
02:43:51 Les autorités ont pris les choses très au sérieux
02:43:53 et ont déployé un grand nombre d'effectifs de police
02:43:56 pour éviter tout attroupement, toute dégradation à proximité du Palais Bourbon.
02:44:01 D'ailleurs, certains représentants syndicaux des agriculteurs
02:44:04 ont même été empêchés d'accéder à l'Assemblée nationale.
02:44:06 Et c'est pour cette raison que ce sont des députés qui sont allés à leur rencontre.
02:44:10 Au cours de la journée, on a vu des délégations de députés du Rassemblement national,
02:44:14 de la France Insoumise ou encore Nicolas Dupont-Aignan un peu plus tard dans l'après-midi
02:44:18 aller directement à la rencontre des agriculteurs
02:44:21 et plus précisément des représentants syndicaux des agriculteurs.
02:44:25 En premier lieu desquels, il y avait Véronique Lefloque,
02:44:27 la présidente nationale de la coordination rurale,
02:44:30 qui était entourée, et c'est intéressant à noter,
02:44:33 d'un côté de Nicolas Dupont-Aignan, de l'autre d'Éric Coquerel.
02:44:36 Et c'est à ce moment-là qu'elle a annoncé qu'il y avait une suspension temporaire du mouvement.
02:44:41 Tout à l'heure, Florian Amplato disait que Gabriel Attal ce midi parlait au syndicat
02:44:45 et visiblement il a été entendu parce que ce que nous disait Véronique Lefloque
02:44:49 c'est qu'ils ne pourront pas obtenir d'avantages.
02:44:51 Alors certes, ils attendent maintenant des annonces complémentaires au niveau européen.
02:44:55 Ils auront donc les yeux rivés vers Bruxelles,
02:44:58 où Emmanuel Macron s'entretient notamment avec Ursula von der Leyen aujourd'hui.
02:45:02 Mais dans l'État, ils ne pourront pas aller plus loin.
02:45:05 Il y a aussi une grande fatigue dans les rangs des agriculteurs.
02:45:08 Ils vont donc lever le camp petit à petit.
02:45:10 On pourrait encore avoir quelques actions au niveau local durant le week-end.
02:45:14 Mais pour la mobilisation d'ampleur, on semble être sur la fin.
02:45:18 Et ils donnent rendez-vous désormais au Salon de l'Agriculture
02:45:21 pour une clause de revoyure, en quelque sorte, pour faire le point
02:45:24 sur l'évolution des différentes annonces qui ont été présentées par le gouvernement.
02:45:28 Merci beaucoup Thomas Bonnet, en direct de l'Assemblée nationale.
02:45:31 Florian Tardif, on va vous montrer l'image de ce pupitre au Conseil européen
02:45:34 où on attend Emmanuel Macron d'un instant à l'autre.
02:45:36 Ça fait une heure et demie d'ailleurs qu'on attend qu'il parle.
02:45:39 C'est toujours complexe au Conseil européen.
02:45:41 Je peux vous dire qu'on en passe du temps à attendre des réunions ou des conférences de presse.
02:45:45 Pour une fois, peut-être que ça ne dépend pas que de lui, parce qu'il est très entouré.
02:45:48 Mais bon, il nous a quand même habitués à être chroniquement en retard,
02:45:51 même quand il avait le choix d'être à l'heure.
02:45:52 Surtout au Conseil.
02:45:53 Ce n'est pas grave.
02:45:54 Qu'est-ce qu'il peut dire, qu'est-ce qu'il peut faire
02:45:57 pour convaincre du changement de...
02:46:04 pas de cap, mais la manière dont la France aborde cette nouvelle séquence européenne
02:46:08 et dont la France entend protéger ses agriculteurs ?
02:46:11 Je vais peut-être vous décevoir, mais pas grand-chose.
02:46:13 Pourquoi ? Parce que ce Conseil européen est un Conseil européen extraordinaire sur l'Ukraine.
02:46:20 C'est-à-dire que l'objet principal des échanges entre les uns et les autres
02:46:25 n'était pas la crise agricole, c'était l'Ukraine.
02:46:27 Donc ils ont avancé sur ce dossier-là.
02:46:29 Par contre, bien évidemment, vous imaginez que compte tenu de ce qui se passe,
02:46:33 ce sujet a néanmoins été au cœur de certains échanges.
02:46:38 Emmanuel Macron a par exemple pu rencontrer la présidente de la Commission européenne,
02:46:42 Ursula von der Leyen, pour lui faire part de différentes revendications.
02:46:46 On a évoqué le Mercosur, la simplification administrative de telle ou telle norme.
02:46:52 Qu'est-ce qu'il va annoncer tout à l'heure ? Pas grand-chose.
02:46:56 Le fait est que le gouvernement, certes, a entendu certaines revendications et a répondu.
02:47:03 Donc ça, c'est le temps court.
02:47:05 Par contre, sur le temps long, et c'était d'ailleurs l'objet de la discussion tout à l'heure
02:47:09 avec la présidente de la Commission européenne, c'était de proposer un nouveau modèle agricole.
02:47:15 Et là, je rejoins ce qui a été dit tout à l'heure par Karim Zeribi,
02:47:18 c'est-à-dire que charge maintenant à Emmanuel Macron, d'ici le Salon de l'agriculture,
02:47:22 et peut-être jusqu'au Salon de l'agriculture, d'expliquer aux agriculteurs que c'est bon,
02:47:26 ils ont été entendus et que maintenant on va penser, repenser notre modèle agricole
02:47:30 au niveau national et au niveau européen.
02:47:32 Merci à tous d'avoir participé à ce débat.
02:47:34 On relâchera quelques minutes, justement, le temps de retrouver Laurence Ferrari et ses invités.
02:47:39 Et vous pourrez suivre dans Punchline le début de la conférence de presse d'Emmanuel Macron
02:47:43 au Conseil européen. À tout à l'heure.
02:47:46 ...

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