SMART BOURSE - S&P500 : objectifs 5000 points, et ensuite ?

  • il y a 8 mois
Jeudi 8 février 2024, SMART BOURSE reçoit Paul Jackson (Responsable mondial de la recherche en allocation d'actifs, Invesco) , Samy Chaar (Chef économiste, Lombard Odier) et Vincent Juvyns (Stratégiste, JP Morgan Asset Management)

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Transcription
00:00 [Générique]
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Paul Jackson est avec nous, le responsable mondial de la recherche en allocation d'actifs chez Invesco.
00:18 Bonsoir Paul.
00:19 Bonsoir.
00:19 Merci d'être là. Merci à Samy Shah d'être à nos côtés également ce soir en plateau.
00:23 Bonsoir Samy.
00:24 Bonsoir Grégoire.
00:24 Vous êtes chef économiste de Lombard-Rodier et à vos côtés Vincent Juvins que nous retrouvons également.
00:28 Bonsoir Vincent.
00:29 Bonsoir Grégoire.
00:30 Ravis de vous retrouver. Effectivement vous êtes stratégiste chez JP Morgan Asset Management.
00:34 Au moment où on se parle, nous tournons cette émission peu après 17h en ce jeudi 8 février.
00:40 Je date un peu les choses puisque le S&P 500 n'a pas encore touché l'objectif des 5000 points.
00:47 Ça n'enlève rien à la question Vincent.
00:49 C'est-à-dire que l'idée des 5000 points pour le S&P 500 et peut-être de niveau record également
00:55 pour d'autres grands indices actions pour les marchés développés.
00:59 C'est l'idée que les objectifs qu'on pouvait avoir pour fin 2024 sont déjà atteints
01:04 après à peine un mois de bourse au démarrage de cette année.
01:09 Qu'est-ce qui explique cette situation et qu'est-ce que ça implique pour les stratégistes désormais ?
01:16 Est-ce qu'il faut réviser le niveau des espérances qu'on peut avoir sur les grands indices boursiers
01:23 ou est-ce qu'il convient peut-être de temporiser un peu désormais ?
01:27 Je confirme, on n'est pas le 31 décembre.
01:32 Déjà en décembre, on se disait que c'est allé un peu vite.
01:35 Les objectifs 2024 étaient déjà quand même bien réalisés.
01:38 Soyons réalistes, sur le mois de janvier, il est certain que ça va fort.
01:42 Ça va fort dans la même thématique.
01:44 Quelque part, c'est quand même un petit peu plus sain en ce début d'année.
01:47 Fin décembre, les marchés étaient driveés par l'espoir qu'on allait avoir 200 points basse de baisse au niveau de la fête.
01:52 Les marchés s'attendent quand même à des baisses de taux au niveau des réserves fédérales,
01:56 mais enfin un peu moins et un peu moins vite.
01:58 Et ça ne les empêche pas de continuer.
02:00 Donc ça, je dirais que c'est déjà finalement une configuration de marché qui est quand même un petit peu plus favorable.
02:04 L'an passé, on s'inquiétait du fait de voir une telle concentration de performances au sein du S&P 500
02:10 avec ses fameux 7 magnifiques ou plus que 6 ou peu importe.
02:13 On se demandait est-ce qu'ils vont réellement délivrer en termes de résultats pour justifier ces performances.
02:18 Début d'année, on voit finalement que dans les faits, on délivre.
02:22 Ça reste pas bon marché, mais c'est pricé pour la perfection et la perfection, on l'a quelque part.
02:27 C'est ce qui continue à porter ce S&P 500 toujours de sommet en sommet.
02:32 On voit que le segment croissant, c'est vraiment la force vive au sein de cet indicateur.
02:37 Quelque part en Europe, on a un peu des mêmes développements, même si la typologie de valeur est évidemment différente.
02:42 Donc quelque part, on a des marchés qui montent plus sur des faux espoirs de baisse de taux importante
02:49 et qui baissent quand même sur une partie du marché qui délivre de bons résultats.
02:53 Il n'empêche qu'on est quand même dans des performances qui sont quand même élevées.
02:58 On a un indice qui dans l'ensemble a des valorisations qui sont vraiment un peu tirées.
03:02 Il y a quand même un point de marché, aujourd'hui on peut se dire, on est au 31 décembre.
03:05 C'est la Chine qui fête le nouvel an ce week-end et on en reparlera un peu plus tard dans cette émission.
03:11 L'année du dragon de bois.
03:13 Voilà. Alors le lapin, ça n'a pas été l'année du ruban, mais on verra pour le dragon.
03:17 En tout cas, cette semaine, on le laisse supposer en tous les cas.
03:21 Et là, je pense qu'il y a peut-être en tout cas, à l'heure où les investisseurs cherchent peut-être des relais de performance pour les prochains mois,
03:27 et en tout cas, on a eu beaucoup de questionnements. Est-ce que ce serait les small cap ? Est-ce que ce serait l'Europe ? Est-ce que ce serait la Chine ?
03:32 Il y a peut-être aujourd'hui quelque chose, un contexte favorable qui est en train de se dessiner autour de la Chine.
03:38 Je pense qu'il y a un case à avoir, surtout si les autorités commencent réellement à multiplier les actions pour essayer de restaurer la confiance.
03:45 Et là, on a quand même vu un petit peu d'activité à Pékin cette semaine. On verra si ça suffira, mais il y a quelque chose qui me semble amorcer.
03:52 Je veux bien qu'on y revienne un peu plus tard et j'aimerais bien effectivement entendre le développement de vos arguments sur le cas chinois.
03:59 Est-ce que c'est un bon trait de value aujourd'hui ou est-ce que c'est encore un piège value pour les investisseurs ?
04:05 Mais je reviens à mon S&P 5000, Paul. Comment on explique effectivement cette performance ? Et comme le soulevait Vincent,
04:14 autant le rallye action en fin d'année dernière s'est fait sur l'anticipation de nombreuses baisses de taux avec un fort rallye obligataire.
04:21 Depuis au moins quelques jours ou une paire de semaines, ce n'est plus tout à fait le même schéma qu'on observe sur les marchés.
04:29 Les marchés obligataires restent très volatiles et corrigent un peu dans l'idée d'un higher for longer,
04:36 quand les marchés actions et même les marchés d'actifs risqués en général, ça englobe aussi le crédit, restent portés par un momentum très fort, semble-t-il.
04:45 Oui, et je suppose que c'est dû au fait que les statistiques économiques aux US ont été mieux que prévues.
04:54 Et ça, c'est good news ? Is good news pour les détenteurs d'actifs risqués aujourd'hui ?
04:58 Oui, pour l'instant, mais je crois que ça explique la divergence entre les obligations, la dette souverain et les actions, par exemple.
05:06 Plus que les chiffres économiques sont étonnants dans le sens positif, plus que ça doit supporter l'idée d'une relance des bénéfices.
05:20 Donc forcément, c'est quelque chose de bien pour les actions, pour le high yield aussi, mais ça ne peut pas aller trop loin,
05:29 parce que si ça va trop loin et l'économie vraiment se relance, il y aura encore plus de questions autour de la politique de la Fed.
05:38 Et puis, on va repartir encore une fois avec les taux longs qui approchent 5 %.
05:45 Donc je crois qu'il y a des limites quelque part, mais en tout cas, le S&P 500, à mon avis, c'est tellement cher.
05:54 Donc si on achète le marché américain avec les pendurations par capitalisation boursière, on est obligé d'acheter quelque chose qui est cher.
06:06 Qu'est-ce qui est cher ? Les Magnificent Seven sont chers aujourd'hui. Elles ont toutes publié.
06:10 On a le résultat des autres grandes techs américaines. Elles sont chères aujourd'hui, Paul ?
06:19 Je ne regarde pas les derniers résultats. Moi, j'ai raison sur les valorisations, comme le Cyclically Adjusted PE.
06:36 C'est ajusté du cycle. Et normalement, et franchement, on n'arrive pas à ces valorisations très souvent,
06:46 mais il y a une corrélation négative entre ces valorisations et les retours sur investissement sur le moyen et long terme.
06:55 Donc je crois qu'en achetant aujourd'hui avec une penduration par capitalisation boursière, on est probablement en train de rassurer une performance très faible dans l'avenir.
07:11 On voit d'ailleurs sur un an l'écart entre la performance du S&P 500 et du S&P 500 Equal Weighted.
07:18 C'est 15-16 points d'écart de performance sur un an. Vous dites que l'élastique est quand même très tendu de ce point de vue-là aujourd'hui ?
07:26 Oui, exactement.
07:28 Samy, sur ces considérations, vos commentaires peut-être sur la situation des marchés, mais comme l'indiquait Paul,
07:34 ça amène à quand même soulever la question de où en est l'économie américaine aujourd'hui. Est-ce qu'elle est en train de réaccélérer, Samy ?
07:42 Oui, Paul et Vincent ont mis en avant le fait que les conditions étaient un peu plus saines qu'à la fin de l'année dernière où c'était vraiment tiré par le côté baisse de taux.
07:50 Il y a des petites histoires qui sont en train d'émerger quand même au niveau économique. On a bien sûr la robustesse de l'économie américaine.
07:56 On a la Chine qui est en train de relancer d'une manière qui est très positive pour les marchés occidentaux.
08:03 C'est-à-dire qu'elle ne peut plus faire du secteur de la propriété, elle se refuse de soutenir ses ménages.
08:09 Donc elle relance l'industrie, la capacité de produire des biens, peut-être de faire un peu de dumping de biens.
08:13 Et donc évidemment pour la désinflation internationale, ça veut dire qu'on peut avoir de la croissance finalement qui ne sera pas forcément inflationniste.
08:20 Et puis il y a une deuxième histoire qui a émergé un petit peu à la fin de l'année dernière, ou en tout cas les investisseurs ont commencé à regarder ça de près,
08:26 c'est quand même le rebond de la productivité. Donc là encore, on peut avoir une croissance économique avec finalement un contexte d'inflation qui reste contenu.
08:35 Alors on ne va pas dire qu'on est dans un boom de productivité, c'est trop tôt pour le dire et on ne sait pas.
08:40 Mais par contre, la productivité partait de très bas, elle se normalise et donc ça, ça veut dire qu'on peut avoir une croissance économique
08:46 qui n'entraîne pas forcément l'inflation qui voudrait dire hausse de taux, etc.
08:50 Et puis on a des risques de récession qui ont plutôt diminué, qui sont aujourd'hui moins importants que les risques de réaccélération,
08:57 même en Europe avec des revenus réels qui commencent à monter.
09:00 Donc si on a des banques centrales en mesure de baisser un peu les taux, pas de récession, une expansion économique non inflationniste,
09:06 potentiellement, on a quand même un terrain pour soutenir les niveaux de valorisation avec une profitabilité qui reste là.
09:13 Donc il y a ces petites histoires qui émergent, qui permettent quelque part d'étendre ce cycle de manière un peu plus saine que ce qu'on voyait à la fin de l'année dernière.
09:23 Sur cette question de la productivité, alors ce boom, ou cet embrayant boom de productivité, on l'observe aujourd'hui uniquement sur l'économie américaine.
09:32 Vous n'avez pas peur d'y avoir. Après tout ce qu'on a vu se développer dans l'économie américaine s'est transporté en Europe avec quelques mois et trimestres de décalage.
09:42 Donc on pourrait imaginer que petit à petit, en Europe aussi, on ait cette petite normalisation de la productivité, qu'on ne fasse pas un boom de productivité.
09:50 Mais une normalisation veut dire que même si on a des salaires qui se tiennent un peu, on a des coûts unitaires du travail qui restent très bas.
09:57 Et donc on est dans une croissance non inflationniste.
09:59 Qu'est-ce que ça implique pour les politiques monétaires à ce stade, au regard des éléments qu'on vient de décrire ?
10:06 Powell nous dit que le calendrier qu'on projetait en décembre à travers le dotplot sera a priori le même que celui qu'on projettera à l'occasion du prochain meeting 19 et 20 mars.
10:17 Pourquoi pas ? On a quelques baisses de taux. On se doute bien que de toute façon on ne va pas être dans un cycle extrêmement puissant de baisses de taux.
10:24 Mais on ne va pas rester à ces niveaux-là cette année. Donc il y aura des baisses de taux.
10:27 On peut beaucoup se comparer finalement aux années 90 où on avait eu ces baisses de taux au début et puis ils étaient maintenus à un certain niveau.
10:33 Il y avait de la croissance économique non inflationniste.
10:35 Puis finalement ça a porté, ça a étendu ce cycle jusqu'à la fin des années 90 pour très mal finir.
10:40 Bien sûr, très mal finir quand on a accumulé les excès.
10:43 Est-ce qu'aujourd'hui on accumule les excès avec un multiple à 20 ?
10:47 On peut se dire que l'environnement économique que je décris, pourquoi pas payer 25 ?
10:51 Évidemment qu'on ne va pas payer 30 ou 35.
10:53 Mais disons que je me bouscule dans cette idée que le marché américain est très cher dans le contexte où on a ces petites histoires qui émergent
11:01 et qui peuvent quand même soutenir, prolonger le cycle, soutenir les valorisations dans un contexte où il y a de la profitabilité.
11:07 Paul, dans quelle mesure on est rassuré, au moins pour encore un temps, sur le cycle économique américain
11:14 et la capacité de l'économie américaine à prolonger ce cycle de reprise et d'expansion post-covid ?
11:22 Encore une fois, je le rappelle une fois, mais début de l'année dernière, il y a un an, c'était la récession inévitable, incontournable
11:29 et toute l'histoire de 2023 a été une histoire de schéma de récession prise à défaut au fur et à mesure.
11:38 C'est vraiment l'histoire d'une croissance qui a été supérieure aux attentes avec, en plus, serait sur le gâteau, la désinflation en parallèle.
11:46 Ce schéma-là, maintenant que tout le monde l'a bien intégré, est-ce que ce n'est pas le moment de se reposer des questions ?
11:52 Oui, mais en fait, j'ai décrit une situation où il y a des surprises positives sur l'économie.
11:58 Mais je reste assez méfiant autour de la croissance américaine.
12:07 D'abord, dans la deuxième partie de l'année, surtout dans le troisième trimestre, si on regarde les chiffres publiés sur le PIB,
12:14 il y avait un certain nombre de facteurs spécifiques, mais surtout la consommation, qui était un des facteurs les plus importants.
12:25 Ce n'était pas parce qu'il y avait une croissance énorme des revenus, c'était parce qu'il y avait une baisse de l'épargne.
12:33 Et ça, ce n'est pas quelque chose qu'on peut faire tous les jours.
12:37 Donc, forcément, il y aura une normalisation.
12:40 On a vu hier, avec la publication de l'endettement des consommateurs, qu'il y avait une baisse.
12:47 La tendance est toujours, à mon avis, à la baisse si on regarde une tendance sur 12 mois.
12:53 Donc, ça veut dire pour moi qu'il y a un risque que les consommateurs, dans la première partie de cette année,
13:00 seront décevants par rapport à ce qu'on a vu dans la deuxième partie de l'année dernière.
13:06 Il y avait les chiffres sur le marché d'emploi la semaine prochaine, qui étaient - je dirais - les headlines étaient mieux que prévus.
13:15 Mais d'abord, il y avait des problèmes de manque de réponses au sondage.
13:25 Donc, dans les deux dernières mois, il y a eu une taux de réponse qui est...
13:30 Qui a baissé encore plus significativement ?
13:32 Qui est faible.
13:33 On m'a dit que les taux de réponse aux enquêtes nationales emploi américaines étaient 20 points en dessous de ce qu'on observait, par exemple, pré-Covid.
13:42 Exactement. Mais... Donc, ça peut aller dans les deux sens. Peut-être il peut y avoir un BIA qui a fait descendre les chiffres.
13:54 Mais je soupçonne qu'il y a un BIA qui a fait pousser les chiffres d'emploi.
14:01 Pourquoi est-ce que je dis ça ? Parce qu'ailleurs, je ne vois pas dans les sondages industriels... Je ne vois pas une augmentation de confiance ou une augmentation des composants sur l'emploi.
14:17 Si on regarde le sondage fait sur les ménages, pas le sondage fait sur les boîtes...
14:25 C'est une histoire un peu différente.
14:27 On observe des baisses d'emploi dans les deux derniers mois.
14:31 Donc, je crois qu'il y a toujours des doutes, mais on ne peut pas nier le fait que les chiffres, vous voyez, ils ont été bien.
14:42 Si on regarde les chiffres, si on regarde les headlines, donc les gros chiffres, ils ont été bien. Mais je me méfie quand même.
14:49 Bon. Sur l'atterrissage sans fin de l'économie américaine, Vincent, est-ce qu'il faut garder en tête quand même qu'un risque d'accident ou d'atterrissage un peu plus dur reste possible ?
15:03 Visiblement, cette probabilité, comme le disait Samy, du point de vue du marché, en tout cas dans la logique de marché, cette probabilité a été complètement effacée aujourd'hui.
15:10 Oui. Je pense que, remarquablement rappelé, tant que le consommateur va, tout va. Et pourquoi est-ce que ça irait mal pour lui au l'heure actuelle ?
15:19 Alors certes, il a dépensé une partie de son stock d'épargne. Mais enfin, il en a encore selon les mesures.
15:24 Bon, il a même le taux d'épargne, il a même augmenté légèrement en fin d'année. Alors c'est tantôt négatif ou tantôt positif.
15:29 Mais enfin, il en a encore sous le coup. Le taux d'emploi reste parfait. Les salaires baissent. Mais enfin, ils progressent plus vite que l'inflation.
15:36 Et aujourd'hui, de son point de vue, peu de raison de s'inquiéter. Et pour ceux qui ont plus d'épargne sur le côté, on voit qu'il y a un releveraging qui se perd.
15:44 Limité jusqu'ici. Bon, quelque part, un peu de casse s'y est là sur les cartes de crédit. Mais on était habitués à le voir.
15:50 Donc il a encore une capacité de se releverger. C'est vrai qu'à un horizon fin 2024, c'est difficile de voir un gros problème sur la consommation aux États-Unis pour l'instant.
16:00 Le contexte international ne les touche même pas vraiment. En Europe, on est en effet plus tributaires de ce qui peut se passer en Chine ou pas.
16:06 L'industrie allemande en paie les conséquences aujourd'hui. Aux États-Unis, finalement, c'est quand même un peu une économie autocentrée.
16:13 Donc aujourd'hui, c'est vrai que c'est difficile de voir le signe noir, en tout cas sur le point de vue de la consommation aux États-Unis, même sur le CAPEX,
16:21 où on pouvait penser que les entreprises seraient aussi plus à la peine avec cet environnement de taux d'intérêt.
16:27 On en parlait en haut, et on en parlera tout à l'heure sur ce plateau. L'engouement des investisseurs pour le crédit fait qu'on a cette amélioration des conditions financières
16:36 pour les entreprises américaines qui fait qu'aujourd'hui, se financer, c'est aisé. Donc le mur de la dette qui nous inquiétait est encore quelque part.
16:42 Alors, à un coût différent quand même. On se finance, on se refinance, pas au même coût qu'il y a une paire d'années maintenant.
16:48 Certes, mais enfin, tout ça, c'est très graduel.
16:50 Mais ça reste acceptable et ça donne de la marge de manœuvre financière aux corporates aujourd'hui.
16:55 Le CAPEX, évidemment, baisse relativement peu compte tenu de la situation actuelle.
16:59 Les anticipations de CAPEX berfont de sondage, mais le CAPEX en tant que tel reste pour différentes raisons.
17:05 Réindustrialisation, relocalisation de tout parti des supply chains, et ainsi de suite.
17:11 Donc c'est vrai que consommation, CAPEX, on verra ce que fera l'État fédéral.
17:15 Il émet relativement bien de la dette pour financer le déficit à l'heure actuelle.
17:19 Est-ce qu'on gardera tel niveau de déficit ?
17:21 C'est peut-être au niveau du déficit qu'il y a peut-être le plus de déconvenus à attendre.
17:25 Si c'est une loi RIA, c'est peut-être un État américain, un État fédéral, qui serait un petit peu moins dispendieux qu'il ne l'a été.
17:31 Ça pourrait d'année en année donner un coup de frein à la croissance.
17:34 De ce point de vue-là, ils se sont quand même achetés de la croissance à coup de déficit. On en connaît d'autres.
17:39 Et ils en ont. Non, mais l'avantage, c'est qu'ils ont de la croissance.
17:42 Nous, on a cherché à acheter de la croissance à coup de déficit. La croissance, pour l'instant, on ne la voit pas.
17:48 En effet. Donc voilà, c'est vrai que nous, on a systématiquement upgradé nos perspectives de croissance économique pour les États-Unis cette année.
17:54 On était parti de 1 il y a quelques mois.
17:56 Il sera à 2 ? 2,5 ?
17:57 Il sera à 2 pour l'instant, en termes de perspectives.
17:59 Le quatrième trimestre a été très fort. C'est vrai. Driver parfois par du restockage, par des stocks et des éléments plus volatiles.
18:05 Néanmoins, ça nous a tous agréablement surpris.
18:08 Et on voit dans les PMI publiées encore cette semaine qu'il y a plutôt une réaccélération qui est à l'œuvre, plutôt qu'une stabilisation ou un ralentissement.
18:16 Est-ce que c'est un problème pour la BCE, Samy, d'avoir une économie américaine, finalement, qui serait encore toujours un peu plus forte que prévue,
18:23 qui ne créerait pas de sentiment d'urgence du côté de la Réserve fédérale américaine, évidemment, pour baisser ses taux ?
18:31 On se disait qu'on aura sans doute un mouvement un peu synchrone.
18:35 Et la Fed a toujours l'habitude d'être leader dans ces grands réajustements de réglage de politique monétaire.
18:41 Si ça doit venir toujours un peu plus tard, est-ce que c'est un problème pour la zone euro et pour la BCE ?
18:47 Non, pas encore. Mon sentiment sur le message des banques centrales est très clair.
18:52 Davantage de la même chose veut dire qu'ils vont baisser quelques fois les taux de manière synchronisée.
18:57 Est-ce que ce sera 3, 4, 5 ? On peut en discuter.
19:00 Mais ils ont monté les taux pour se battre contre une inflation à 10% plus. L'inflation est entre 2-3%.
19:06 Il n'y a pas de raison de garder les mêmes taux. Il n'y a pas de raison peut-être de les mettre à zéro.
19:09 Mais enfin, il n'y a pas de raison de garder les mêmes taux qui ont été ceux qu'on a mis en place pour se battre contre une inflation qui était 3 ou 4 fois plus élevée.
19:16 Donc il faut davantage de la même chose. Et c'est là, est-ce qu'on aura un changement de régime ?
19:20 Il faut cette croissance qui se tient, un marché de l'emploi qui, encore une fois, ne se détériore pas trop,
19:25 une croissance salariale qui revient, si la productivité peut aider, tant mieux.
19:29 Et surtout une inflation qui continue de converger vers le taux ci.
19:31 Tout ça, on semble l'avoir.
19:34 En gros, la seule chose que les banques centrales ont besoin, c'est 2 mois de données supplémentaires.
19:40 C'est ça le "greater confidence" comme nous dit Jérôme Poel.
19:44 C'est 2 mois de données supplémentaires allant dans le même sens que les données passées.
19:48 Et là, on atteint un niveau de confiance suffisant.
19:51 Si la moyenne annualisée du comportement de l'inflation des 3, 6 ou 9 derniers mois se maintient, voire continue de s'améliorer,
19:58 il n'y aura pas besoin d'aller à 12 mois, en quelque sorte.
20:01 Ils ont juste besoin de quelques mois de plus pour se dire "on a atteint la plus grande confiance,
20:07 et maintenant on peut commencer à baisser les taux".
20:09 Encore une fois, dans cette baisse de taux, on peut en discuter.
20:12 Mais s'il n'y a pas de récession, et s'il y a quelques baisses de taux,
20:15 ce sont quand même des facteurs de soutien qui ne sont pas négligeables pour les actifs.
20:20 Sur la partie "supply", émission de dette américaine,
20:24 on est en plein dans les "jumbo" émissions du Trésor américain.
20:27 Hier, c'était une émission historique pour le 10 ans, avec 42 milliards placés.
20:31 Je crois que ça s'est plutôt bien passé.
20:33 On a du 30 ans ce soir, je crois encore, à hauteur de 25 milliards à absorber.
20:38 Qu'est-ce qu'on peut dire de cet effet "supply", l'offre massive d'émissions aux Etats-Unis, mais aussi en Europe ?
20:44 Est-ce qu'elle joue sur le prix des obligations, à long terme notamment ?
20:49 Est-ce que c'est un effet mineur au final, aujourd'hui, Samy ?
20:53 Je peux vous dire comment je le vois, et je suis ravi d'avoir l'avis de mes compagnons ici.
20:58 La première chose que j'ai envie de dire, c'est que ce refinancement a été très bien géré par les ménages,
21:03 qui ont refinancé leur hypothèque à 30 ans, donc pas très très sensibles.
21:07 Ils ne peuvent pas acheter un nouveau bien, mais ils ne sont pas très sensibles à ce qui se passe au niveau des taux.
21:10 Les entreprises ont quand même fait la même chose.
21:12 Elles ont allongé la courbe, elles ont refinancé à très long terme.
21:15 Finalement, pour la nouvelle dette, c'est un peu embêtant,
21:17 mais enfin, pour leur profil de dette, c'est assez sécurisé.
21:20 Le prix américain, c'est quand même quelque chose qui continue de m'interpeller.
21:24 Bon, Vincent l'a dit, au niveau du budget, peut-être qu'on aura des mauvaises surprises un jour,
21:28 mais je ne pense pas qu'en année électorale, c'est l'année où on aura des mauvaises surprises.
21:31 Par contre, ce qui est super étonnant dans ce qu'a fait le gouvernement américain,
21:34 c'est de se refinancer court.
21:36 Donc, ils ont mis pas mal de T-bills, et c'est très étonnant, maintenant c'est trop tard,
21:39 mais enfin, c'est très étonnant de voir qu'en 2020-2021,
21:42 ils n'ont pas fait comme l'Australie et mettent des taux à 100 ans ou 50 ans.
21:46 Ils sont restés sur du T-bills, et c'est vrai que, je ne sais pas,
21:49 est-ce que c'est pour mettre de la liquidité dans le marché,
21:51 mais on sent qu'il y a eu un comportement différent du gouvernement américain
21:54 par rapport aux privés américains, et j'espère qu'ils ne s'en mordront pas les doigts.
21:59 Est-ce qu'ils se sont dit qu'il y avait plus d'appétit pour des papiers courts
22:02 que pour des papiers américains longs ou très longs, aujourd'hui ?
22:06 Les interrogations structurelles sont là, quand même.
22:09 Très certainement, c'est une façon de donner de la liquidité,
22:12 du rendement aux uns et aux autres, sans trop de risque.
22:14 Donc peut-être que cette demande serait satisfaite pour sûr.
22:19 Mais d'un point de vue stratégique pour eux, pour l'État américain,
22:23 je trouve que c'est une opportunité ratée.
22:24 Une petite clé de lecture que nous apportait ce matin dans le Financial Times
22:28 un de vos confrères, le CIO d'Amundi, après une tournée en Asie
22:34 où il a discuté avec des grands investisseurs japonais et coréens,
22:37 notamment, il dit "J'ai vu chez ces investisseurs un appétit beaucoup moindre
22:41 pour réinvestir les tombées de Treasuries dans les obligations d'État américaines.
22:46 Ces grands investisseurs-là, aujourd'hui, préfèrent désormais
22:51 réinvestir dans des obligations de grandes entreprises américaines,
22:56 je dis Apple ou n'importe quoi, ou Microsoft ou autres,
22:59 plutôt que dans les obligations d'État".
23:02 L'actif sans risque pour eux n'est plus automatiquement un actif souverain.
23:07 Paul, sur ces considérations de démission obligataire ?
23:11 Mais je crois que ça fait un certain temps, depuis quelques années,
23:16 que ça a été le fait que certaines boîtes,
23:21 il y avait moins de risque en investissant dans les obligations de ces sociétés
23:28 que d'investir dans la dette des États.
23:31 Je ne parle pas simplement des US,
23:34 je crois que ça a été un phénomène global,
23:37 donc je ne suis pas forcément étonné par ça,
23:41 malgré le fait qu'aux US, les spreads sur la dette corporelle,
23:46 je dirais, ils sont serrés, ce n'est pas hyper généreux.
23:51 Je crois que la situation est mieux en Europe.
23:54 Mais je suis tout à fait d'accord,
23:57 je crois que l'État américain a raté une occasion
24:01 de prolonger la maturité moyenne.
24:05 Je crois qu'aujourd'hui, c'est toujours aux alentours de 5 ans,
24:09 la maturité moyenne.
24:12 Donc eux, ils ont un mur, le Trésor américain,
24:15 alors que les entreprises ont reporté le fameux mur de la dette,
24:18 on me dit 2026 maintenant,
24:20 l'État américain, lui, je ne dis pas qu'il a raccourci son mur de la dette,
24:24 mais en tout cas, le mur n'a pas changé pour l'État américain.
24:27 Et avec un taux d'endettement gros,
24:31 qui est aux alentours de 125 points du PIB,
24:37 c'est clair que les investisseurs, en regardant,
24:42 ils doivent poser les questions,
24:44 ce n'est pas simplement les US,
24:46 il y a pas mal de gouvernements,
24:48 mais on doit poser la question,
24:50 quelle est le prime de risque qu'on doit apporter,
24:54 ce qu'on doit imposer sur les gouvernements.
24:57 Le gouvernement américain a un avantage,
25:01 et ça c'est le dollar,
25:03 qui est le devise mondiale,
25:07 donc ça leur permet de gérer,
25:11 je ne peux pas le dire, mais...
25:14 - De faire ce qu'ils veulent !
25:17 Ils ont le dollar, ils ont les porte-avions,
25:19 oui, ça c'est l'histoire de la dominance américaine, on va dire.
25:23 - Ils ont plus de liberté que pas mal de gouvernements.
25:27 - Ils ont plus de liberté qu'une listreuse, par exemple,
25:30 on se souvient encore de l'épisode octobre 2022,
25:33 crise des LDI, généré par un mini-budget
25:36 qui était une décision politique
25:39 de la première ministre britannique de l'époque.
25:42 Ça c'est quelque chose qu'on peut imaginer à un moment,
25:45 alors avec peut-être un nouveau personnel politique aussi,
25:48 dans quelques mois aux États-Unis ?
25:50 - Oui, mais il y a toujours des limites.
25:53 Donc forcément, ils ne peuvent pas pousser ces choses trop loin.
25:58 - Mais leur limite est un peu différente des nôtres.
26:01 - Oui, c'est plus généreux que pour les autres.
26:05 - Ça crée quand même une vulnérabilité, ou pas,
26:07 cette situation d'endettement, de déficit,
26:09 d'émission massive aux États-Unis,
26:11 dans le cas, encore une fois,
26:13 d'un changement de personnel politique
26:15 à l'horizon de l'automne, Samy ?
26:17 - Alors, vous l'avez dit, Grégoire,
26:19 c'est un facteur à prendre en compte,
26:21 c'est qu'ils ont quand même de la croissance.
26:23 Donc on a le CBO qui a revu un petit peu
26:25 ses projections sur la dette hier ou avant-hier,
26:27 et ça montre quand même une dette qui baisse.
26:29 Donc ils sont en bonne position.
26:31 Je trouve que la comparaison au gouvernement
26:33 britannique et à Distroff est intéressante quand même,
26:35 parce qu'effectivement, à partir du moment...
26:37 Le marché achète quelque part, ce que fait le gouvernement américain,
26:39 notamment le gouvernement Biden,
26:41 c'est-à-dire qu'on dépense parce qu'on fait des plans
26:43 d'investissement de long terme, etc., le marché achète.
26:45 Si l'administration Trump revient et qu'elle dit
26:47 "On baisse les impôts sur ceux qui n'en ont pas besoin",
26:49 non, c'est possible qu'il y ait une forme de test.
26:51 Mais quand même, ce qui sauve beaucoup de choses,
26:53 il ne faut pas oublier la dette, c'est nominal.
26:55 Ils ont de la croissance nominale,
26:57 ils ont pas mal de croissance nominale,
26:59 et donc l'endettement au pourcentage du PIB baisse.
27:01 Donc mon sentiment, c'est qu'avant que ça génère
27:03 une inquiétude, un problème et la nécessité
27:05 d'une grande prime de risque,
27:07 on n'y est pas.
27:09 - Venons-en à la Chine,
27:11 ou revenons à la Chine avec vous,
27:13 Vincent, pour voir ce que ça donne.
27:15 - Oui, on est en Chine avec vous, Vincent.
27:17 Effectivement, on a un rebond,
27:19 en tout cas sur quelques indices chinois,
27:21 des indices plutôt domestiques,
27:23 d'ailleurs c'est ça qui ont le plus rebondi
27:25 depuis le début de la semaine,
27:27 après une séance noire en début de semaine
27:29 qui avait plutôt l'odeur d'une capitulation
27:31 des investisseurs, notamment sur des small et mid-cap chinoises.
27:33 Vous dites là, c'est un trade value
27:35 décoté,
27:37 qui peut avoir de l'intérêt
27:39 pour des investisseurs
27:41 au cours des prochaines semaines.
27:43 - Oui,
27:45 alors ça a déjà pitié en ce temps de semaine
27:47 et même pitié en ce temps de mois.
27:49 - Et vous confirmez ?
27:51 - C'est -60% depuis le top,
27:53 - C'est zéro depuis 1992 !
27:55 - C'est un ratio
27:57 cours bénéfice pour les Messie à Echianna
27:59 qui est à 9, je crois,
28:01 enfin bon voilà, moitié du S&P,
28:03 encore moins que l'Europe,
28:05 donc là, c'est la vraie value.
28:07 On est au plus bas depuis 10 ans,
28:09 depuis 20 ans, depuis 30 ans,
28:11 c'est pas mal d'indices,
28:13 et en tout cas, moi,
28:15 alors à la fois c'est bon marché, et puis on peut se dire,
28:17 tiens, est-ce que la Chine,
28:19 elle est en beaucoup plus mauvaise portue
28:21 aujourd'hui qu'elle était il y a 10 ans,
28:23 ou 20 ans. Il y a 20 ans, c'était l'usine du monde,
28:25 aujourd'hui c'est devenu un leader
28:27 technologique dans plein de domaines.
28:29 Alors, je ne vais pas parler de politique ou de régulation actuelle
28:31 qui en effet est problématique pour pas mal d'investisseurs,
28:33 mais malgré tout ça,
28:35 la Chine c'est la 5G, c'est le leader
28:37 incontesté de la climattech, c'est le premier
28:39 exportateur automobile mondial,
28:41 c'est 1,4 milliards de marché
28:43 domestique avec encore 300 millions de Chinois
28:45 qui vont partir de la classe moyenne,
28:47 enfin voilà, tout ça, même si c'est mal géré,
28:49 c'est quand même,
28:51 on a plutôt une réalité qui s'est
28:53 améliorée par rapport à 10 ou 20 ans.
28:55 Donc je ne dis pas qu'il y a un catalyste
28:57 actuellement qui est particulièrement convaincant,
28:59 il y a des tentatives, depuis l'été
29:01 passé, à nouveau cette semaine, on ne peut plus
29:03 faire de short-selling, on vire
29:05 le responsable du régulateur, et tout ça,
29:07 bon, c'est un peu à tâton,
29:09 à force d'aller à tâton,
29:11 on ne va bien quand même finalement pas y arriver,
29:13 un peu de capitalisation au début de cette
29:15 semaine, en tout cas, je trouve
29:17 que si on a des indices qui sont plus bas de 10,
29:19 20, 30 ans, mais qu'on a une réalité économique
29:21 qui est quand même bien meilleure qu'à 10, 20, 30 ans,
29:23 je trouve quand même qu'il y a pour moi
29:25 quand même quelque chose qui...
29:27 - Vous dites que la dimension économique pèse
29:29 encore quand même quand on analyse le cas d'investissement
29:31 chinois. - Je pense sincèrement,
29:33 aujourd'hui il faut se poser deux questions, est-ce qu'on
29:35 pense que la Chine dans 10 ans ça aura explosé,
29:37 ou la Chine dans 10 ans aura résolu
29:39 grosso modo pas mal de ses problèmes
29:41 comme ils l'ont fait ces 10, 20, 30 dernières
29:43 années ? Je pense qu'aujourd'hui,
29:45 à ce niveau de valorisation, il est dangereux
29:47 sans doute d'être sous-pondéré en Chine.
29:49 Je ne vais pas vous dire que c'est maintenant de sortir toute voile
29:51 dehors sur la Chine, et peut-être d'ailleurs qu'il faudra le faire,
29:53 on verra dans quelques semaines, on jugera sur pièce, mais
29:55 à minima quand même revenir vers
29:57 neutre à ce niveau-là,
29:59 c'est une façon de se reconstituer une exposition
30:01 à relativement bon compte,
30:03 et je pense qu'il y a quand même pas mal de thématiques,
30:05 nous disent nos gérants sur le terrain, qui en tout cas
30:07 valent la peine. Et ce n'est pas toujours des trucs très
30:09 sensationnels, mais
30:11 une classe moyenne qui se développe, c'est incontestable,
30:13 elle a des besoins
30:15 en termes d'assurance, les grands groupes français
30:17 sont présents en matière, elle a besoin de services
30:19 bancaires, les banques privées, les banques
30:21 sont présentes, c'est un gros marché,
30:23 sur la conso ça continue, sur le
30:25 tourisme, sur toutes ces matières,
30:27 l'histoire elle est quand même toujours là, et on l'achète
30:29 à moins de 10 fois les bénéfices attendus.
30:31 - Est-ce qu'on n'a pas envie de le jouer avec des boîtes
30:33 occidentales, européennes,
30:35 qui sont exposées, je ne sais pas,
30:37 au thème de la consommation, au thème du
30:39 tourisme en Chine, etc.
30:41 C'est ça le sujet,
30:43 plutôt que directement avec des véhicules chinois.
30:45 - Oui et non, on voit,
30:47 vraiment j'atteins mon seuil de
30:49 compétence dans la matière, mais
30:51 le cas en tout cas de l'industrie automobile allemande,
30:53 aujourd'hui qui a toutes les peintres du monde,
30:55 a gardé ses parts
30:57 de marché, il y a aujourd'hui une industrie
30:59 locale qui développe, avec
31:01 un protectionnisme et autres,
31:03 on va le voir de plus en plus,
31:05 en réponse d'ailleurs à ce que nous déployons
31:07 chez nous aussi. Donc je pense que
31:09 là où il y a sans doute le plus à capter,
31:11 c'est cette exposition locale aux boîtes locales,
31:13 les entreprises chinoises, pour les entreprises
31:15 chinoises, et il y a
31:17 objectivement des bons noms.
31:19 Donc je pense que c'est le moment quand même de se revenir
31:21 graduellement, mais vers une position plus neutre
31:23 sur la Chine. - Si je ne dis pas de bêtises, Paul,
31:25 la dernière fois qu'on s'est vu, on avait parlé de la Chine
31:27 et vous étiez déjà un des
31:29 rares à l'époque à dire
31:31 "Tiens, ça m'intéresse".
31:33 Je dis une bêtise ou pas, Paul ? - Non, non.
31:35 - Non, non, parce que je ne me souviens plus
31:37 toujours des positions des uns des autres.
31:39 - Et ça m'intéresse encore plus. - Et ça vous intéresse
31:41 encore plus. - Aujourd'hui,
31:43 le début de cette semaine,
31:45 ça m'a rappelé quelque part de la situation
31:47 mondiale et américaine
31:49 dans le premier trimestre
31:51 de 2009. - Ouais.
31:53 - Où les marchés
31:55 étaient à la baisse, il y avait
31:57 des problèmes
31:59 sur l'immobilier,
32:01 les maisons,
32:03 problèmes bancaires,
32:07 et on ne savait pas où ça allait
32:09 terminer.
32:11 En fait, dans la réalité, l'économie
32:13 américaine a déjà
32:15 commencé à rebondir
32:17 en janvier 2009,
32:19 mais on ne le savait pas.
32:21 - Le point bas est en mars 2009,
32:23 66 points sur les sept milliards. - Oui, exactement.
32:25 Mais les marchés, ils étaient
32:27 à la baisse, à la baisse. La Fed,
32:29 le gouvernement américain,
32:31 la BCE, la Banque d'Angleterre,
32:33 ils faisaient tous des mesures,
32:35 c'était mesure après
32:37 mesure, mais les marchés n'étaient pas
32:39 rassurés jusqu'au jour
32:41 où ils étaient rassurés.
32:43 Et il y avait un jour que la Fed
32:45 a annoncé un
32:47 programme de rachat
32:49 qui était beaucoup plus...
32:51 - Massif que d'habitude.
32:53 - C'était...
32:55 C'était plus que
32:57 un... un... un mille milliards,
32:59 je ne sais pas. - Un trillion, oui, un trillion.
33:01 - C'était plus qu'un trillion de dollars,
33:03 et je pense
33:05 qu'à ce moment-là, les marchés avaient l'impression...
33:07 - Et là, on y est, c'est...
33:09 - La Fed va continuer à venir,
33:11 et donc les marchés, ils avaient rebondi,
33:13 et j'ai l'impression que... - On a vu ce moment-là
33:15 en Chine, là, vous dites ?
33:17 - Je ne sais pas si on a vu ce moment,
33:19 mais je crois qu'on est en train de vivre
33:21 le...
33:23 les moments précédents, où il y avait
33:25 la panique, les marchés,
33:27 ils sont rassurés, oh non, ils ne sont pas...
33:29 et il y a les relances,
33:31 les petits relances, et ça rebaisse.
33:33 Mais je crois
33:35 que le gouvernement
33:37 chinois arrivera
33:39 un de ces jours à mettre en place
33:41 quelque chose qui va
33:43 faire plaisir aux marchés,
33:45 et à ce moment-là,
33:47 avec les valorisations,
33:49 et...
33:51 c'est probablement juste
33:53 une coïncidence, mais quand je regarde
33:55 mes façons de valoriser
33:57 les marchés, le marché chinois
33:59 aujourd'hui
34:01 est au même niveau que le
34:03 S&P 500 en mars...
34:05 - C'est vrai ?
34:07 L'histoire rime
34:09 parfois, elle ne se répète pas toujours, mais elle peut
34:11 rimer. - Et à mon avis, l'économie
34:13 chinoise, je crois qu'il y a beaucoup de commentaires
34:15 négatifs sur les chiffres
34:17 économiques chinois, mais ils ne sont pas mauvais.
34:19 Croissance entre 4 et 5% ?
34:21 - Bah, pfff...
34:23 - Ce n'est pas aussi mal que ça ? - Oui.
34:25 - Et les PMI,
34:27 cette semaine,
34:29 il y avait une amélioration aussi...
34:31 Donc, je crois qu'il y a
34:33 un pessimisme, quelque part,
34:35 parce que le marché est à la baisse.
34:37 Et c'est incroyable,
34:39 le momentum, ça pousse
34:41 soit le pessimisme...
34:43 - Oui, je comprends, ça s'auto-entretient.
34:45 Vous dites que le jour où le momentum se renverse,
34:47 le sentiment changera
34:49 automatiquement derrière.
34:51 - Mais il faudrait que l'impulsion vienne vraisemblablement de Chine.
34:53 Je pense qu'on peut tous en témoigner, les investisseurs
34:55 occidentaux sont quand même échaudés par rapport à la Chine.
34:57 Je pense que, avant de revoir
34:59 des flux importants revenir sur la Chine,
35:01 je pense que les investisseurs
35:03 sont prêts à rater, en tout cas, le début du rallye
35:05 et revenir quand ils sont sûrs. Par contre,
35:07 en Chine, on a un taux d'épargne à 40%,
35:09 on a des gens qui, aujourd'hui, ne vont plus investir en immobilier.
35:11 Si on parvient un peu à stimuler,
35:13 à restimuler cet appétit pour le risque,
35:15 en Chine elle-même, on a...
35:17 ça peut vite repartir. - Mais ça, c'est un point important aussi.
35:19 Les Chinois, ils n'ont pas besoin
35:21 des autres pour financer leur économie.
35:23 Donc, ils n'ont pas besoin
35:25 de faire des importations
35:27 des capitaux. Les Américains,
35:29 ils en ont vraiment besoin.
35:31 Mais les Chinois, ils s'auto-financent.
35:33 - Il faut qu'on dise un mot
35:35 de l'immobilier commercial. Alors, on parlait
35:37 de l'immobilier en Chine. Là, pour le coup,
35:39 c'est bien identifié par tout le monde.
35:41 Il y a la situation aux Etats-Unis,
35:43 en Europe, avec, effectivement,
35:45 le retour de quelques
35:47 banques locales, Community Bank,
35:49 qui se retrouvent
35:51 un peu en trouble depuis
35:53 quelques jours maintenant. New York Community Bank
35:55 qui avait sauvé Signature, on s'en souvient
35:57 au moment de SVB, donc qui a une digestion
35:59 un peu compliquée du bilan
36:01 de Signature.
36:03 Il y a eu un établissement japonais.
36:05 Tout le monde regarde à nouveau le secteur bancaire
36:07 allemand et son exposition
36:09 à l'immobilier commercial, que ce soit américain
36:11 ou allemand ou européen.
36:13 Est-ce qu'on a là le retour
36:15 d'un risque qu'il faut prendre au sérieux, Samy ?
36:17 - Oui, la situation
36:19 n'est pas terrible dans l'immobilier commercial.
36:21 Maintenant,
36:23 on est dans un processus bientôt
36:25 de baisse de taux. Donc, ça va peut-être
36:27 ramener un petit peu d'oxygène.
36:29 Et on va dire, en espérant que les effets
36:31 de lag
36:33 ne jouent pas trop. Mais enfin,
36:35 on s'en est sortis à peu près
36:37 en 2023. A priori,
36:39 en 2024, dans un contexte où on baisse
36:41 un peu les taux, on devrait être capable
36:43 quand même d'éviter un accident
36:45 majeur. Donc, il y a beaucoup de choses
36:47 à faire dans
36:49 l'immobilier commercial. Il y a beaucoup de restructurations.
36:51 Il y a des changements de tendance absolument
36:53 massifs. Mais c'est vrai qu'on a quand même l'impression
36:55 d'avoir passé un petit peu
36:57 le plus difficile. Les baisses
36:59 de taux vont aider un peu. C'est quand même complètement
37:01 différent d'être dans un environnement où on va pouvoir baisser
37:03 les taux, que d'être dans un environnement
37:05 où on est en train de démonter.
37:07 Et je dirais que je ne suis
37:09 pas convaincu que la Fed va devoir revenir
37:11 sur sa volonté
37:13 d'enlever le BTFP,
37:15 toutes ces mesures d'urgence.
37:17 C'était le programme d'urgence pour SVB
37:19 et les autres. Voilà. Exactement. Et ce programme
37:21 va être retiré, logiquement,
37:23 puisqu'il ne servait plus
37:25 à aider les banques en difficulté.
37:27 Il servait à aider les banques
37:29 à gagner plus d'argent parce que c'était un cari
37:31 facile. Donc finalement,
37:33 on est quand même en train
37:35 de voir la poussière un peu retomber
37:37 et d'aplanir un peu cette situation, même si
37:39 c'est vrai que structurellement sur l'immobilier
37:41 commercial, les tendances
37:43 structurelles ne sont pas fantastiques.
37:45 Bon, gardez la parole. Petit tour
37:47 de table sur comment
37:49 vous recommandez à vos clients d'être
37:51 positionnés aujourd'hui dans l'univers
37:53 large des marchés, Samy ?
37:55 Qu'est-ce qui vous paraît pertinent aujourd'hui ?
37:57 Ce qui est quand même très notable,
37:59 c'est que malgré tout, on a retrouvé
38:01 la capacité de construire des portefeuilles assez
38:03 équilibrés. On va dire 50/50, les 60/40.
38:05 Vous savez, en 2023, il y avait beaucoup
38:07 de discussions sur le fait que le 60/40 était peut-être
38:09 mort. Et c'est vrai qu'aujourd'hui,
38:11 il y a quand même le sentiment qu'on peut atteindre le
38:13 même niveau de rendement, excusez-moi,
38:15 avec un peu moins de risque.
38:17 Si on réfléchit à l'époque
38:19 des taux négatifs,
38:21 combien est-ce qu'on avait d'obligataires à l'époque dans des
38:23 comptes balancés ? Pas beaucoup. Et donc,
38:25 ne serait-ce que parce qu'on est sorti de ces taux négatifs
38:27 et qu'on a du rendement, il faut de facto avoir
38:29 quand même plus d'obligataires. On a à peu près
38:31 la même pondération d'actions que
38:33 ce qu'on avait par le passé. Donc, on a des portefeuilles
38:35 quand même beaucoup plus équilibrées.
38:37 Et je trouve que ça, c'est un facteur intéressant.
38:39 Il faut... Voilà,
38:41 la courbe des... La frontière efficiente
38:43 est un peu plus plate.
38:45 On a des opportunités un peu sur tout le spectre.
38:47 C'est vrai que le crédit reste quand même très intéressant,
38:49 notamment le haut du crédit à haut rendement,
38:51 qui donne des rendements quasi similaires
38:53 au rendement qu'on peut avoir sur
38:55 les actions. C'est un contexte
38:57 assez intéressant pour investir. Parce qu'encore une fois,
38:59 on n'est plus obligé d'avoir les portefeuilles
39:01 complètement biaisés en termes de risques. Il y a plusieurs
39:03 classes d'actifs et plusieurs segments de marché avec
39:05 lesquels on peut être confortable encore aujourd'hui. Exactement.
39:07 Paul, sur
39:09 l'allocation du moment, là, qui vous paraît
39:11 être la plus convenable, la plus
39:13 intéressante ? Depuis fin
39:15 octobre, donc j'ai...
39:17 L'équilité, je l'ai ramenée à zéro.
39:19 J'ai rajouté
39:21 du risque
39:23 côté crédit,
39:25 investment grade, high yield,
39:27 mais aussi
39:29 bank loans.
39:31 J'ai rajouté
39:33 quelque chose dans le côté
39:35 immobilier. Oui, il y a des problèmes,
39:37 mais il y a un prix pour tout. Bien sûr.
39:39 Donc, j'ai rajouté
39:41 de ce côté-là. Je reste
39:43 sous-penduré en
39:45 action à cause de la valorisation
39:47 aux US,
39:49 et légèrement sous-penduré
39:51 d'être souverain.
39:53 Mais la question que je me pose
39:55 aujourd'hui, est-ce que je dois
39:57 rester à liquidité zéro ?
39:59 Et je crois que ça, c'est la question la plus importante,
40:01 la plus fâchante
40:03 aujourd'hui, après le mouvement de démarche.
40:05 Oui, je comprends. Entre-temps. S'il y a d'autres
40:07 opportunités devant nous, ce
40:09 serait intéressant de refaire un peu de liquidité, peut-être
40:11 à un certain stade. Oui.
40:13 Vincent, les réflexions, là, qui guident
40:15 la stratégie d'investissement
40:17 à ce jour ? Je vais être plus en ligne avec celle évoquée par
40:19 vous. Stratégie relativement offensive,
40:21 avec plutôt court cache,
40:23 plutôt long action. Alors, on a une stratégie
40:25 qui fonctionne assez bien depuis le début
40:27 de l'année, long US, long Japon. On n'a pas
40:29 parlé de Japon. Oui, c'est vrai.
40:31 Le Japon continue à faire d'excellentes
40:33 performances depuis le début de l'année,
40:35 avec un biais assumé. Et US,
40:37 c'est afficher une conviction
40:39 dans la poursuite, en tout cas, du mouvement
40:41 sur la tech.
40:43 Avec une position neutre sur la Chine,
40:45 on l'a pu l'évoquer. Je pense que c'est le moment, en tout cas,
40:47 pour que les gens soient moins négatifs.
40:49 Offensive sur l'obligataire. Je l'avais annoncé
40:51 au mois de décembre. On était revenus assez opportunément
40:53 sur le haut rendement, à faveur de ce pivot
40:55 de la fête, non plus qu'en termes de communication.
40:57 Je note que ça continue à vraiment bien fonctionner.
40:59 On a eu un mois difficile. Le mois de janvier,
41:01 on a eu un marché obligataire, le high yield
41:03 européen et américain. Ce sont les deux
41:05 seuls pans du marché obligataire qui
41:07 affichent des performances positives. Qui ont tenu, oui.
41:09 Et les sprites sont bas.
41:11 Mais il y a un réel engouement pour ça.
41:13 Et c'est peut-être pas tellement parce qu'on s'inquiète
41:15 sur l'habilité du gouvernement américain.
41:17 Mais enfin, 300-400 BP en plus de ce qu'on a déjà
41:19 sur les monts du Trésor, c'est toujours bon à prendre.
41:21 S'il n'y a pas de récession derrière, si on a des baisses
41:23 de taux dans la foulée, c'est un peu
41:25 une relativement belle histoire.
41:27 Voilà. On garde la duration parce
41:29 qu'en effet, il n'y a rien à faire.
41:31 Il y aura bien un moment où ça ne va pas...
41:33 On tient la position, quoi. Ça ne va pas de rester compte
41:35 de fait à Vita Materna. Et ce qui est plutôt bien,
41:37 c'est que ça nous aidera à ce moment-là. Ce qui n'a pas
41:39 été le cas les prochaines années. Donc, on prend des risques
41:41 avec relativement de confiance
41:43 parce qu'on sait qu'on a la duration pour nous aider
41:45 si ça se passe mal.
41:47 Merci beaucoup, messieurs. Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
41:49 Vincent Juvin, JP Morgan,
41:51 Asset Management, Paul Jackson, Invesco
41:53 et Samy Char, l'Ombarodier,
41:55 étaient nos trois invités en plateau.

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