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00:00 6h39, les matins de France Culture, Guillaume Erner.
00:06 Voilà Marguerite Caton, vous connaissez un connom d'Athènes, et bien voilà, c'est
00:10 aujourd'hui sa fête.
00:11 Vous allez parler d'autre chose, vous allez parler d'une mode éthique et écologique,
00:17 vous y croyez ?
00:18 Est-ce que j'y crois ? Disons que j'aimerais y croire.
00:20 Que mes vêtements pèsent un peu moins lourd sur mes étagères et ma conscience, mon invité,
00:24 la députée Anne Céci-Violand, est convaincue que c'est possible.
00:27 Bonjour Madame.
00:28 Bonjour.
00:29 Vous êtes élu de Haute-Savoie, vous siégez à l'Assemblée sous les couleurs du parti
00:31 Horizon, le parti d'Edouard Philippe, et vous êtes la rapporteure d'une proposition
00:35 de loi visant à réduire l'impact environnemental de l'industrie textile.
00:39 Jeudi, cette proposition sera examinée en commission du développement durable.
00:43 Le 14 mars, elle sera discutée dans l'hémicycle.
00:46 En attendant, j'aimerais que vous nous racontiez ce qui vous a incité à vous saisir de ce
00:50 sujet.
00:51 Quel est votre constat de départ, Anne Céci-Violand ?
00:53 Le constat de départ, c'est déjà une production de vêtements qui se déploie
00:59 de manière assez excessive et tout simplement une consommation, ça se traduit par une consommation
01:05 de 3,3 milliards de vêtements cette année.
01:10 Et évidemment, consécutif à cela, un impact sur l'environnement et notamment 10% des
01:17 gaz à effet de serre, c'est-à-dire plus que tout le trafic aérien réuni, uniquement
01:21 lié au commerce du vêtement.
01:22 Il y a aussi des enjeux sociaux, au sens où ces vêtements sont généralement fabriqués
01:27 avec des conditions de travail évidemment moins protectrices que les nôtres.
01:31 Des enjeux sociaux sur le sol français aussi avec des destructions d'emplois importantes.
01:36 Vous avez parlé d'écologie, j'ajoute les questions sociales et peut-être aussi
01:40 des questions commerciales, parce qu'en fait on ne fait pas face à cette concurrence.
01:43 Non, c'est impossible.
01:44 En fait, on a aujourd'hui justement une invasion totale de notre marché par ces grandes
01:50 enseignes qui font qu'effectivement on a des anciennes françaises qui ferment, on
01:54 le voit tous les jours, qui ferment les unes après les autres avec des moyens qui ne sont
01:58 pas du tout mesurés par rapport à ceux qui utilisent ces enseignes.
02:01 Vous parlez des conséquences sociales, évidemment il y a tout d'abord une réalité pour les
02:06 pays producteurs où les droits des travailleurs ne sont pas respectés, où ils sont exposés
02:11 à des produits toxiques, à différents polluants et évidemment des conséquences économiques
02:15 très très claires sur notre territoire français et européen.
02:17 Vous avez conscience que vous vous attaquez à une offre qui répond à véritable désir
02:23 de la part des consommateurs, celui de s'acheter pour quelques euros un t-shirt un peu saillant,
02:28 des baskets à la mode, cela ne vous fait pas douter, Anne, c'est si violent ?
02:31 Cela ne me fait pas douter du tout.
02:33 En revanche, ce que j'entends c'est qu'il va falloir absolument accompagner un changement
02:36 des comportements.
02:37 Et c'est pour ça que cette loi se décline en trois parties.
02:40 Trois parties très concrètes, très simples.
02:43 La première, c'est informer.
02:45 C'est informer le consommateur.
02:46 Aujourd'hui, l'idée c'est qu'on accompagne un acte éclairé et responsable d'achat.
02:52 C'est-à-dire qu'on ne peut plus dire, on ne pourra plus dire si on a acheté sur ses
02:55 anciennes comptes, ce qu'il y a derrière, notamment en termes de coûts écologiques
02:59 pour notre planète.
03:00 Vous l'avez dit, votre proposition de loi comprend trois articles qui sont destinés,
03:04 si elle est votée, à modifier le code de l'environnement.
03:06 Le premier vise l'information du consommateur mais il permet aussi de définir la fast fashion,
03:13 à tracer la limite entre la mode disons acceptable et celle qu'il faut réguler, voire bannir.
03:18 Comment définissez-vous cette frontière ? Peut-elle départager l'entreprise chinoise
03:22 Chine, des Européens H&M, Zara, du français Etam ?
03:26 Alors il faut dire qu'effectivement la définition est assez compliquée.
03:30 Il y a des travaux là actuellement, au niveau notamment du gouvernement et du commissariat
03:35 général du développement durable et de l'ADEME.
03:39 En fait, il y a trois critères majeurs, on va dire.
03:43 Une production excessive de vêtements, sans commune mesure avec ce qui se fait sur notre
03:46 industrie française.
03:47 Ensuite, c'est des produits à bas coût, justement, qui sont liés au volume.
03:50 Et une publicité en marketing extrêmement intrusive et agressif.
03:57 Donc la définition, effectivement, l'idée qui revient souvent, c'est un seuil de renouvellement
04:02 de références par jour.
04:04 Oui, ici je crois que c'est 7000 références nouvelles quotidiennes.
04:07 C'est-à-dire 900 fois plus qu'une enseigne française.
04:10 Et donc vous proposez de définir ensuite par décret un nombre de collections par jour,
04:16 de nouvelles pièces.
04:17 Et ça permettrait de distinguer la mode durable, la fast fashion et l'ultra fast fashion.
04:23 Oui, en fait on distingue l'ultra fast fashion parce qu'encore une fois on est dans des proportions
04:27 qui n'ont rien à voir même avec une fast fashion qui est aussi à combattre et à accompagner
04:33 bien sûr.
04:34 Mais c'est sans commune mesure.
04:35 Donc ces seuils seront faits par décret parce qu'on veut garder une réactivité, une agilité
04:41 face justement à ces enseignes qui elles, déploient des trésors de créativité pour
04:45 pouvoir contourner les règles.
04:46 Une fois la définition posée, quelle est l'étape suivante ?
04:48 Taxer un bonus/malus écologique ?
04:51 Oui, la loi le permet déjà aujourd'hui.
04:53 L'idée là c'est de taper plus fort.
04:55 C'est-à-dire qu'on demande à ce qu'on puisse aller, c'est dans le cadre de la loi
04:58 AGEC, la loi anti-gaspillage.
05:00 Et donc dans le cadre de la responsabilité élargie des producteurs, pollueurs, payeurs,
05:05 c'est-à-dire qu'on voudrait pouvoir augmenter la pénalité de 50% du prix d'achat et de
05:11 suivre une trajectoire qui se concrétise vraiment par 10 euros en 2030.
05:16 C'est-à-dire qu'on puisse le voir très concrètement pour les entreprises.
05:20 Un point important de votre second article, c'est l'obligation pour les différentes
05:24 plateformes de ventes en ligne d'avoir un mandataire, un représentant légal en France
05:28 qui pourra assumer cette responsabilité élargie du producteur telle que la prévoit la loi.
05:32 Pourquoi en avez-vous besoin dans votre entreprise de régulation de ce mandataire ?
05:36 Alors ce qu'il faut savoir c'est qu'aujourd'hui les entreprises ont la possibilité de nommer
05:40 un mandataire.
05:41 Nous on crainte et on exige qu'il y ait un mandataire.
05:44 Mais évidemment c'est parce que ces enseignes-là, encore une fois, échappent à toute forme
05:48 de réglementation.
05:49 Et donc l'idée d'avoir un mandataire en France, c'est qu'il serait responsable
05:54 de l'exécution et du respect de ses obligations réglementaires.
05:57 Hier, le ministre de la Transition écologique, Christophe Beschu, a déclaré que le gouvernement
06:02 allait soutenir votre proposition de loi.
06:04 Les Républicains sont aussi sensibles à la thématique.
06:07 Le député Vermorel a une proposition alternative.
06:09 Ils annoncent cependant déjà un point d'achoppement.
06:12 Votre article 3, réguler la publicité en faveur de la fast-fashion.
06:16 Et là, ça devient clivant.
06:18 Pourtant c'est au cœur du modèle, Anne-Cécile Violland.
06:20 C'est au cœur du modèle parce que, comme je vous le disais tout à l'heure, le troisième
06:23 critère de définition c'est justement cette publicité extrêmement agressive.
06:28 Et puis je pense plus particulièrement aux jeunes, notamment sur les réseaux, qui sont
06:31 sans cesse sollicités.
06:32 En fait, cette publicité, elle vient tout simplement inciter à une surconsommation,
06:38 à une période où justement peut-être il faut qu'on engage davantage de sobriété.
06:41 Donc je crois qu'on ne peut pas se permettre de lésiner.
06:44 Il faut absolument faire tomber les masques sur ces industries et donc véritablement
06:48 interdire toute forme de publicité.
06:50 Et pourquoi, à votre avis, les Républicains ne vous suivraient pas sur cette interdiction ?
06:54 Au-delà de la question politique et des Républicains, pourquoi cette question d'interdiction
06:59 de la publicité est si problématique ?
07:01 A priori, ils craignent des enjeux par rapport à la liberté d'entreprendre et aux risques
07:10 concurrentiels.
07:11 Mais je crois que ces enjeux-là, on les a maîtrisés, on les a étudiés.
07:15 Évidemment que c'est une mesure extrêmement ambitieuse, mais tout cela se fera, évidemment,
07:19 on n'en a pas parlé, mais dans le cadre de l'Europe.
07:23 Merci Anne-Cécile Violland, députée à Horizon 2 Haute-Savoie.
07:26 Merci beaucoup.