• il y a 8 mois
Emmanuel Constant, vice-président de Seine-Saint-Denis en charge des collèges

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00:00 - Emmanuel Constant, bonjour. - Bonjour. - Vous êtes vice-président du département de Seine-Saint-Denis,
00:05 en charge des collèges et chez vous, c'est un énorme ras-le-bol.
00:09 Ça fait dix jours que les profs de Seine-Saint-Denis sont en grève.
00:12 Il va y avoir une manif devant le ministère de l'Éducation ce midi.
00:16 Il y a plusieurs motifs de revendication, mais globalement, vous demandez, vous et les profs,
00:23 un plan d'urgence pour la Seine-Saint-Denis. Il y a urgence, pourquoi ?
00:28 - Oui, il y a urgence, et dès qu'une voix s'ajoute à celle que l'on a pu porter avec le président Stéphane Troussel,
00:35 en direction des différents ministres de l'Éducation qui se sont succédés ces derniers mois,
00:39 nous, on est plutôt satisfaits, parce que la situation de l'éducation en Seine-Saint-Denis n'est pas satisfaisante,
00:46 qu'il s'agisse de questions relatives à la mixité sociale, qu'il s'agisse de non-remplacement de profs, de professeurs,
00:54 qu'il s'agisse de proportions de professeurs n'ayant pas le concours, ce qu'on appelle les fameux professeurs contractuels,
01:00 la situation n'est pas satisfaisante. Les moyens consacrés à l'éducation en Seine-Saint-Denis sont notoirement inférieurs
01:06 à ceux que l'on peut observer dans des académies ou des départements plus proches.
01:10 - Pourquoi, à votre avis ? - Alors, pourquoi ? Il y a sans doute beaucoup de raisons.
01:14 Je ne sais pas si on a forcément beaucoup de temps ce matin, mais nous, on a des solutions à proposer sur ces questions-là.
01:21 C'était notamment le rattachement du département de la Seine-Saint-Denis à l'Académie de Paris.
01:25 Vous savez que nous, on a de plus en plus de collégiens dans nos établissements, et l'Académie de Paris en a de moins en moins.
01:33 Partageons les moyens, faisons en sorte d'organiser une forme de perméabilité entre ces deux territoires pour rééquilibrer les moyens
01:41 et faire en sorte que, encore une fois, en Seine-Saint-Denis, on ait autant de moyens que d'autres.
01:46 On ne demande pas l'exception, on ne demande l'égalité républicaine.
01:49 - Il n'y a pas d'égalité républicaine aujourd'hui ?
01:52 - Ah, je le crois ! Sur l'éducation, en termes d'éducation, il n'y a pas d'égalité républicaine.
01:58 Moi, si j'en juge par le nombre d'heures non remplacées en Seine-Saint-Denis par rapport à ce qui se passe ailleurs,
02:03 par la proportion de professeurs qui ne sont pas lauréats du concours par rapport à ce qu'il y a à l'extérieur,
02:08 oui, je le dis, et on est plusieurs à le dire, et s'il y a davantage de professeurs qui se mobilisent pour le dire, j'en suis très heureux.
02:15 - C'est un mépris ? C'est quoi ? C'est un oubli ?
02:18 - Non, je ne veux pas porter de jugement, je ne sais pas s'il s'agit de mépris, je pense que ce n'est pas intentionnel,
02:25 on n'a pas vocation à... Je ne crois pas qu'il y ait une idée générale qui nous amène à flécher la Seine-Saint-Denis
02:34 comme étant un territoire méprisé, je ne le crois pas, en tout cas, ce n'est pas volontaire.
02:39 Mais le fait est que quand vous avez 70% des collégiens qui relèvent du réseau d'éducation prioritaire,
02:45 on attend qu'il y ait des moyens à la mesure de ces difficultés.
02:50 - Combien ? Vous avez un chiffre, vous avez une estimation ?
02:53 - Je vous dis, quand vous vous retrouvez dans une situation où, parfois dans des salles de classe ou dans des salles de professeurs,
03:02 un tiers des effectifs des enseignants changent chaque année, comment voulez-vous organiser une forme de stabilité pédagogique dans une équipe ?
03:10 Quand vous avez parfois des professeurs qui ne sont pas remplacés pendant des semaines sur des disciplines qui sont absolument principales,
03:19 comment voulez-vous organiser et tenir la promesse républicaine de l'école ?
03:23 On le fait et on travaille très bien avec les autorités locales de l'éducation nationale, l'inspection académique, le rectorat,
03:30 mais ces autorités-là font avec les moyens que l'État leur donne.
03:33 - Selon la FCPE, un enfant de Seine-Saint-Denis perd en moyenne un an de cours sur toute sa scolarité.
03:40 Dans le département, on fait réagir aussi les auditeurs ce matin au 01.42.30.10.10 et c'est un parent qui nous appelle.
03:47 - Effectivement, il n'y a pas que la Seine-Saint-Denis puisqu'on a quelqu'un de l'Académie de Paris et quelqu'un qui est en Seine-et-Marne également.
03:53 On va prendre Yul Riche d'abord, dans le 15e arrondissement de Paris. Bonjour !
03:56 - Oui, bonjour Romain.
03:58 - Vous vous en avez ras-le-bol des fermetures de classes, vous avez même écrit à l'inspection de l'Académie.
04:02 - Oui, exactement. Quand vous me posez la question, effectivement, est-ce que mes enfants étudient dans de bonnes conditions,
04:09 clairement non. En fait, depuis que mon enfant est rentré au CP cette année, je m'intéresse un peu à la vie scolaire de son établissement.
04:16 Du coup, je suis rentré en tant que membre de l'association des parents d'élèves.
04:20 Et quand on regarde un peu, quand on met son nez dedans, on voit qu'il y a beaucoup de choses qui ne vont pas.
04:26 Par exemple, pour refaire des toilettes, il faut passer par un budget participatif.
04:31 Le budget participatif, c'est très bien, mais il faut monter un dossier, il faut faire des votes. Compliqué.
04:38 - Mais quand vous dites budget participatif, c'est-à-dire que ça relève de la mairie du 15e ?
04:42 - Exactement, oui, tout à fait, pour pouvoir refaire des toilettes.
04:46 Alors, effectivement, concernant les fermetures de classes, j'affiche mon soutien total aux enseignants et aux directrices.
04:54 Ils resteront nos piliers.
04:57 C'est trop facile de critiquer quand on voit le peu de moyens qu'on leur donne,
05:01 avec des suppressions de postes dans tous les sens et des refontes de cartes scolaires à tout va.
05:07 Actuellement, l'Académie de Paris a décidé ce lundi de fermer 109 classes sur Paris.
05:15 Il y en a 8 dans le 15e, d'accord.
05:18 Et du coup, cette année encore une nouvelle fois, sur l'école, l'établissement où on est, il y a une deuxième fermeture de classes.
05:25 Donc ce qui est proposé.
05:27 La Dacienne s'était engagée à ne fermer les classes qu'une année sur deux et non pas deux années consécutives.
05:34 Donc du coup, ce qu'on demande aujourd'hui, c'est à l'Académie de Paris de respecter ses engagements.
05:41 - Et de ne pas fermer ses classes à la rentrée prochaine.
05:44 - Deux années consécutives, c'est non.
05:46 Les budgétaires de l'Académie ne doivent pas nuire au bon apprentissage de nos enfants.
05:51 - Merci Ulrich pour votre témoignage.
05:53 Les fermetures de classes à Paris, parce que c'est vrai que les familles désertent aussi la capitale,
05:58 mais en Seine-Saint-Denis, le problème c'est que les classes débordent.
06:01 - Le témoignage de cet auditeur a été providentiel pour l'idée qu'on défend.
06:08 C'est-à-dire qu'à quelques centaines de mètres de Paris, vous avez effectivement des classes qui parfois débordent,
06:17 soit en école élémentaire, soit en collège, alors que de l'autre côté du périphérique,
06:22 vous avez des établissements qui parfois ferment complètement, parfois des établissements complets.
06:28 Donc ça renforce la proposition qu'on a pu faire déjà il y a plusieurs mois
06:34 sur le rattachement du département de la Seine-Saint-Denis à l'Académie de Paris,
06:38 de façon, encore une fois, à organiser la perméabilité, la mutualisation des moyens,
06:43 le mélange des élèves et le maintien des postes des enseignants.
06:47 Parce qu'une fois que votre poste est supprimé sur l'Académie de Paris, où allez-vous ?
06:50 - Et ça on a bien entendu cette demande prioritaire que vous faites de rattacher les deux académies.
06:56 On continue de vous faire réagir ce matin.
06:58 - Oui, parce que vous êtes très nombreux à réagir.
07:00 - 014236, on va vraiment prendre un maximum d'appels pour être au plus près de votre quotidien.
07:05 Voici le Châtel, on est là en Seine-et-Marne. Bonjour Yolande.
07:08 - Bonjour Romain, bonjour tout le monde.
07:10 - Vous êtes représentante, vous, de parents d'élèves au lycée Campus de Coulomiers.
07:13 - Oui, je suis. Tout à fait. Je suis représentante FCPE des parents d'élèves.
07:17 Je suis élue au lycée de Coulomiers depuis plusieurs années.
07:20 Le lycée avait fait la une d'un reportage sur "Zone interdite" un dimanche soir concernant la vétusteté.
07:25 Ce que je voudrais dénoncer dans votre émission, c'est le cadre de vie qu'on impose à nos élèves et à nos enseignants.
07:30 A savoir que quand un lycée est vétuste, il est quand même plus agréable pour la communauté éducative
07:35 de se rendre sur un lieu de travail agréable.
07:37 Nous on a les murs qui se décrépitent, on a les plafonds qui ne tiennent pas la route.
07:41 On est dans un état d'élabrement, on a une partie générale technologique.
07:45 Donc celle-là, il y a des salles de classe qui vont bien, qui vont encore un peu assez bien, on va dire.
07:49 Et on a une partie qui est tout ce qui est bac pro, bac professionnel, carrosserie, voiture, métier lié à l'automobile.
07:55 Donc là c'est vétuste et ça fait plus de 7 ans qu'on nous a promis que le lycée allait être rasé pour être reconstruit.
08:01 Madame Pécresse est venue un samedi matin en 4h30, on n'était pas informés, nous les usagers.
08:06 Elle est repartie. On y a cru pendant longtemps, on s'est dit les travaux vont commencer.
08:11 Et à chaque fois les proviseurs, les pauvres, quand ils ont les informations au compte-gouttes,
08:15 nous disent à la rentrée prochaine les travaux commencent, à la rentrée prochaine.
08:18 Ça fait plus de 8 ans.
08:19 Mais sauf que c'est l'arlesienne.
08:20 Yolande, qu'on comprenne bien, c'est-à-dire que ce reportage de zone interdite,
08:23 malgré le fait qu'on ait mis un coup de projecteur sur ce lycée et cette vétusté, rien n'a bougé ?
08:27 Rien n'a bougé aujourd'hui, non.
08:28 On a fait venir un cabinet d'études d'ingénieurs et d'architectes pour le projet.
08:33 J'imagine que ça a coûté une fortune à la région.
08:36 Rien n'avance à la date d'aujourd'hui.
08:38 Donc là on nous promet que ça va venir, ça va venir.
08:40 Pour la rentrée prochaine peut-être, septembre cette fois-ci encore ?
08:43 Oui, j'espère, avant j'espère.
08:45 On nous promet, on nous promet, mais l'usager finit par ne plus y croire.
08:49 Alors que c'est dommage, parce qu'un lycée ne se limite pas qu'à un bâti.
08:52 Le bâti appartenant à la région, c'est une chose.
08:54 L'enseignement, qui est dit, appartenant à l'éducation nationale.
08:57 Sauf qu'il n'y a pas que le bâti, certes on va vous dire,
09:00 il n'y a pas que le bâti qui compte pour une réussite scolaire.
09:02 Si, en partie le bâti.
09:04 Quand vous vous rendez sur votre lieu de travail,
09:06 j'imagine que vous vous rendez à France Bleue tous les matins pour aller bosser,
09:08 puis vous travaillez dans un bungalow où il n'y a pas de robinet d'eau froide pour laver les mains.
09:13 Et puis vous travaillez dans des conditions qui sont pitoyables.
09:15 Oui, c'est sûr que personne n'accepterait des conditions pareilles.
09:18 Merci Yolande pour votre appel, et on l'a bien entendu ce matin.
09:21 Donc c'est la situation au lycée Campus de Coulomiers.
09:25 Il y a Sergine qu'on va prendre dans un instant dans le 13e arrondissement de Paris.
09:28 Mais j'aimerais vous faire réagir, Emmanuel Constant,
09:30 sur cette problématique de la vétusté de nos établissements.
09:34 Le bâti, c'est aussi ce que pointent du doigt les professeurs de Seine-Saint-Denis qui sont en grève.
09:40 Comment on en est arrivé là ?
09:42 Est-ce qu'il y a un état d'élabrement manifeste et urgent ?
09:47 Sans doute.
09:49 Ça va dépendre des communes et des types d'établissements.
09:55 Les lycées, vous le savez, dépendent de la région.
09:57 Les collèges dépendent du département.
09:59 Les écoles maternelles et élémentaires dépendent des communes.
10:01 Donc vous pouvez avoir des situations très disparates.
10:03 Je ne peux vous parler que de la responsabilité départementale qui est celle des 130 collèges.
10:07 Est-ce que vous avez laissé aller ?
10:09 Quand on parle de moisissures, de classes à 8 degrés, de fenêtres cassées,
10:13 d'infiltrations dans les toits qui s'effondrent...
10:15 Je ne sais pas si on parle de moisissures, d'infiltrations et de fenêtres cassées dans les collèges de Seine-Saint-Denis.
10:19 Ce dont je peux témoigner, c'est qu'en l'occurrence,
10:23 nous avons voté un troisième plan d'investissement à l'octobre 2020
10:27 qui est un plan d'un milliard d'euros sur 10 ans.
10:29 Et ce plan succède à deux autres plans de 650 ou 750 millions d'euros.
10:37 Le rapport de la Cour des comptes témoigne du fait que nous sommes le cinquième département
10:43 à consacrer en investissement le plus d'argent pour les collégiens.
10:47 Alors évidemment, quand vous avez 130 collèges dans un département,
10:51 vous avez forcément à un moment ou à un autre une difficulté, un problème.
10:55 Mais de ce point de vue, le département a fait ce qu'il avait à faire.
11:01 Je le crois, même si rien n'est parfait évidemment.
11:03 Attendez, laissez l'école. 0142318, Sergine, elle a son avis sur la question.
11:07 Oui, c'est le cas. Bonjour Sergine.
11:10 Bonjour.
11:11 Vous avez une petite fille qui est scolarisée avec des soucis de santé.
11:14 Dans son école, il n'y a pas d'infirmière.
11:16 Il n'y a pas d'infirmière. Il n'y a jamais eu d'infirmière.
11:19 Je peux vous dire que ma fille, ça fait 4 ans qu'elle est dans cette école-là, sur Paris.
11:23 À chaque instant qu'elle a eu des soucis, excusez-moi, je sais que c'est d'ordre privé pour moi,
11:28 mais au moins je vais quand même le dire, elle a insuffisance rénale et insuffisance cardiaque.
11:32 Elle a une PII, elle a tout en protocole.
11:34 Mais dès que ma fille a un malaise, a un souci, on m'appelle.
11:37 Soit je la retrouve dans le bureau de la gardienne, soit je la retrouve dans le bureau du directeur.
11:41 Donc, il n'y a pas de médecin. Il n'y a même pas une seule infirmière.
11:46 On me dit que l'infirmière, ou bien je ne sais pas si c'est le médecin,
11:49 il n'est pas juste dans cette école.
11:52 Elle est en quelle classe, Sergine, qu'on comprenne bien ? Elle est à quel niveau, votre fille ?
11:56 Elle est dans une école primaire.
11:58 C'est pour vous dire que tous ces problèmes-là, elle est au SEM 2, ma fille, cette année-ci.
12:02 Elle est en classe de SEM 2.
12:03 C'est simplement pour vous faire comprendre que tous ces problèmes, il n'y a pas qu'au collège, il n'y a pas qu'au lycée.
12:08 Mais vraiment, c'est triste quand on voit que ce gouvernement, m'excusez,
12:11 investit autant d'argent pour autre chose et délaisse l'éducation.
12:16 Aujourd'hui, ça leur fait plaisir.
12:18 C'est très contentant. Quand je vois des enfants se retrouver dans la télé-réalité,
12:23 on les entend s'exprimer, il n'y a rien du tout.
12:25 Pourquoi l'école, ça ne va plus ?
12:28 – Merci, merci Sergine.
12:30 – Pourquoi l'école, ça ne va plus, dit Sergine ?
12:32 On le voit bien, ça craque de partout.
12:33 Elle nous dit bien, ça touche les écoles, les collèges, les lycées, les profs, les infirmières,
12:39 l'état du bâti, ça craque de partout, Emmanuel Constant.
12:44 – Et vous opinez, après le témoignage de Sergine, vous voulez répondre à quoi ?
12:49 – Oui, j'opine parce que le témoignage de Sergine, il est juste et il est surtout terrible.
12:57 Parce que, comment, lorsqu'on envoie son enfant à l'école,
13:01 comment douter et comment ne plus faire confiance à l'école ?
13:06 Comment se dire, je ne sais pas dans quelles conditions mon enfant sera accueilli,
13:10 surtout qu'on a affaire là à une petite fille qui est malade.
13:14 Et le drame, c'est ça, c'est cette perte de confiance vis-à-vis de l'école,
13:19 qui est l'institution sans doute la plus importante de la République,
13:23 et notamment pour les familles des catégories populaires.
13:26 Cette perte de confiance, elle est absolument terrible.
13:29 Sans doute faut-il des moyens financiers, faut-il des moyens matériels,
13:33 mais ce sentiment-là de ne plus avoir confiance vis-à-vis de l'école,
13:39 il est absolument dévastateur.
13:41 Et c'est d'autant plus embêtant, si vous voulez,
13:43 que sur la question des postes infirmiers ou des postes de médecins,
13:47 les postes d'infirmiers ou les postes de médecins existent,
13:49 mais le recrutement ne se fait pas,
13:51 parce que les conditions de rémunération sont tellement basses
13:55 que ce que dit Sergine au sujet de sa fille,
13:59 on peut le retrouver sur l'ensemble des écoles du territoire de la République.

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