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Audrey Pulvar, adjointe à la Maire de Paris en charge de l'alimentation durable, de l'agriculture et des circuits courts

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00:00 - Audrey Pulvar qui est avec nous ce matin, bonjour ! - Bonjour, bonjour à tous !
00:03 - L'agriculture, le circuit court pour Paris, c'est vous !
00:07 C'est vous qui êtes en charge adjointe à la mairie de Paris.
00:09 Déjà, est-ce que vous mangez, vous, bio, local, du rap ?
00:12 - Oui ! - Vous faites vos courses ?
00:13 - Oui, oui, absolument.
00:14 Ça dépend.
00:15 Sur des plateformes comme...
00:18 Est-ce qu'on peut dire des noms ?
00:19 Des plateformes comme "Quel Bon Goût" à l'ancienne, ou sur les marchés,
00:24 ou auprès de magasins bio.
00:27 Vous savez, on en a 380 dans Paris, des magasins d'alimentation durable.
00:31 Et donc, il y a le choix.
00:33 - Est-ce qu'on est en mesure de nourrir tous les Parisiens de cette façon ?
00:35 - Oui !
00:36 Alors, pas seulement avec ces 380 magasins-là, mais c'est pas seulement moi qui le dis,
00:42 c'est l'ONU et beaucoup de scientifiques, beaucoup d'études qui démontrent qu'on
00:46 peut nourrir l'ensemble de la population mondiale, dès aujourd'hui, avec une agriculture
00:51 bio, à condition de revoir les équilibres internationaux, à condition aussi de revoir
00:56 nos régimes alimentaires, manger un petit peu moins de protéines animales, plus de
00:59 légumineuses, organiser différemment l'utilisation de la surface agricole à l'échelle mondiale.
01:06 Vous savez, aujourd'hui, on a un milliard d'êtres humains qui ne mangent pas à leur
01:10 faim, alors que chaque année, on produit dans le monde 50% de denrées alimentaires
01:15 de trop, par rapport à ce qu'il faudrait pour nourrir chaque être humain.
01:19 Donc, en fait, on a les moyens de nourrir chaque être humain sur Terre, et on se paie
01:24 le luxe, où on a le cynisme de laisser un milliard d'êtres humains ne pas manger à
01:29 leur faim.
01:30 À l'échelle française, on peut nourrir l'ensemble de la population en bio, à condition
01:35 évidemment de transformer profondément le système agricole.
01:38 Et à l'échelle parisienne, vous avez un projet ambitieux, on va en parler, vous allez
01:42 lancer la scène nourricière.
01:43 On va en parler, mais on va juste faire réagir nos auditeurs qui nous appellent ce matin
01:46 au 01 42 30 10 10, parce qu'on leur a posé la question, est-ce qu'eux aussi, ils mangent
01:51 bio, local, en circuit court ?
01:53 Oui, parce que pour le coup, parfois on a des sujets clivants, mais là, ce sont vos
01:56 bonnes adresses que nous voulons entendre ce matin, tous ces bons produits que vous
01:59 consommez en Ile-de-France.
02:00 Emily, bonjour !
02:01 Oui, bonjour Romain, bonjour Élodie.
02:02 Vous êtes de Lévis-Saint-Nom, on dit ça, on dit comme ça, votre commune dans les
02:08 Yvelines ?
02:09 Oui, tout à fait Lévis-Saint-Nom.
02:10 Voilà, une petite commune qui est au sud de Maurepas, on est là, pas très loin du
02:14 parc de La Haute, de Vallée de Chevreuse, avec vous.
02:16 Vous, vous êtes vigilante à ce que vous achetez, à ce que vous mettez dans l'assiette ?
02:19 Oui, j'essaye avec mes deux enfants d'acheter effectivement les circuits les plus courts,
02:25 même local.
02:26 On a la chance dans notre village d'avoir une école d'agriculture, d'agricole.
02:31 Ils ont réimplanté les vaches dans notre village, donc ils font de la production de
02:35 lait et ils essayent de vendre régulièrement des yaourts et du fromage directement aux
02:40 Alisdans.
02:41 Donc des produits laitiers que vous allez directement chercher à l'école, pas très
02:44 loin ?
02:45 Exactement, dans le village, à la ferme.
02:47 C'est quand même génial.
02:50 Donc tout ça, vous l'avez gommé de votre caddie de course au passage à la caisse ?
02:55 Non, vous allez directement au sein de l'école ?
02:58 Je vais directement à la petite boutique de l'école acheter mon fromage et mes yaourts.
03:04 Avec un goût totalement différent, on est d'accord ?
03:06 Oui, totalement différent.
03:08 Merci Émilie pour votre témoignage.
03:12 Le circuit court justement, on en parle avec vous, Audrey Pulvar, avec ce grand projet
03:16 ambitieux que vous voulez lancer, ça s'appelle la Seine nourricière.
03:21 Expliquez-nous, c'est quoi ce projet ?
03:22 Alors en fait, il y a deux projets qui s'articulent.
03:25 D'abord, il y a Agri Paris Seine qui est une association territoriale, de coopération
03:30 territoriale que nous avons lancée avec plusieurs collectivités le long du bassin de la Seine.
03:35 Donc on parle de Lyon, du département de Lyon, la ville de Paris, Haute-Paris, la Seine-Saint-Denis,
03:40 la métropole du Grand Paris, la métropole Rouen-Normandie, la communauté Le Havre-Seine.
03:46 Donc tout au long du bassin de la Seine jusqu'à son embouchure, ces collectivités et un organisme
03:52 public qui se mettent ensemble pour mettre en commun leurs talents, leurs ressources
03:58 et cartographier les besoins du bassin de la Seine en alimentation durable, en organisation,
04:06 structuration des filières de circuit court et de proximité.
04:09 Et à côté de ça, effectivement, nous Paris et lauréat d'un appel à manifestation
04:14 à l'intérêt de la Banque des Territoires qui va nous aider à financer un certain nombre
04:18 d'études auxquelles participent d'ailleurs les membres fondateurs d'Agri Paris Seine
04:23 pour ce projet Seine-Nourricière qui est dans un premier temps étudier la faisabilité
04:27 d'une logistique décarbonée par le fleuve, c'est-à-dire utiliser le fleuve pour acheminer
04:32 les denrées.
04:33 Ici pour une ville comme Paris et singulièrement le mine de Rungis, 95% de l'approvisionnement
04:40 se fait en camions et 98% des camions sont des camions diesel.
04:44 Donc comment utiliser une logistique qui soit moins émettrice de gaz à effet de serre,
04:53 qui génère moins d'encombrements, d'embouteillages, d'accidentologies, ça peut être par les
04:59 canaux de la Seine.
05:00 Donc acheminer toute cette production agricole du bassin de la Seine par la Seine, en quoi
05:05 ça va révolutionner notre façon de nous nourrir en Ile-de-France ?
05:10 Déjà ça va réduire le volume d'émissions de gaz à effet de serre de notre secteur
05:15 agriculture-alimentation parce qu'il y a aussi cet enjeu-là dans la transition écologique
05:19 de l'agriculture et de notre alimentation.
05:21 Il y a évidemment l'accessibilité de toutes et tous à une alimentation durable, ce à
05:26 quoi nous nous attachons à Paris avec notre restauration collective et avec un certain
05:30 nombre de lieux d'alimentation durable, je les évoquais tout à l'heure, et des lieux
05:35 d'alimentation durable abordables parce qu'il s'agit de faire en sorte que toutes les Parisiennes
05:40 et les Parisiens, quels que soient leurs moyens, aient accès à cette alimentation.
05:44 Et puis il y a un autre aspect dans toute cette politique, c'est la réduction de la
05:49 part de l'agriculture et de l'alimentation dans les émissions de gaz à effet de serre.
05:52 Pour une ville comme Paris, c'est le deuxième poste d'émission de gaz à effet de serre
05:56 après le transport aérien.
05:58 Vous parliez de l'accès à cette alimentation locale, durable, bio.
06:03 Comment on fait quand on est défavorisé, quand on n'a pas les moyens ? Comment est-ce
06:08 que vous prévoyez des aides ?
06:09 Pour moi, c'est une question d'engagement et de politique publique.
06:13 Vous savez, le secteur conventionnel agrochimique, le secteur de l'agriculture tel qu'on le
06:17 connaît, il est ultra soutenu, il est ultra subventionné.
06:20 Je ne remets pas cela en cause, mais il est ultra subventionné, notamment par la politique
06:26 agricole commune.
06:27 Et le secteur de l'alimentation durable, de l'agriculture bio et durable, lui, il est
06:32 beaucoup, beaucoup, beaucoup moins.
06:34 Or, ça peut être un choix des collectivités, un choix de l'État de soutenir le développement
06:41 de ce secteur.
06:42 Alors nous, on le fait à Paris, encore une fois, avec notre restauration collective.
06:45 Combien de pourcentage de bio locale durable dans la restauration collective à Paris ?
06:49 De 100% de bio et durable dans la restauration collective aujourd'hui à Paris.
06:53 On a élaboré un plan alimentation durable qui porte l'ambition à 100% d'ici 2027.
06:58 Et d'ailleurs, AgriParisSaine, dont je parlais tout à l'heure, qui est censé structurer
07:02 les filières de la durabilité, va nous aider à aller jusqu'au bout de ce plan.
07:07 Juste sur l'accès, vous me disiez comment on fait quand on est un ménage modeste.
07:11 Quand on est un ménage modeste, à Paris en tout cas, on a accès à un certain nombre
07:15 d'épiceries sociales et solidaires, de halls alimentaires, de cuisines partagées, de cuisines
07:19 participatives, qui sont cofinancées par la ville, qui sont essentiellement déployées
07:23 dans les quartiers politiques de la ville, où on peut avoir accès à cette alimentation
07:28 durable à bas coût.
07:29 On a aussi, ça fait partie de mes missions, une aide alimentaire.
07:34 Un chèque alimentaire ?
07:35 Non, chèque alimentaire non, mais l'aide alimentaire distribuée par la ville de Paris,
07:39 les repas distribués tous les jours.
07:41 Nous essayons d'améliorer de jour en jour leur durabilité.
07:45 Aujourd'hui, nous nous engageons, nous finançons l'achat par l'armée du salut et par la Croix-Rouge
07:52 de denrées durables et miots qui sont redistribuées à plusieurs milliers de ménages toutes les
07:58 semaines.
07:59 On continue d'en parler, on continue de réagir aussi avec nos auditeurs qui nous appellent
08:02 au 01 42 30 10 10.
08:04 On a une pensée aussi pour les diététiciennes et les cantines qui rivalisent d'imagination
08:08 pour faire manger de tout aux enfants parce que c'est toute la question, manger du bon,
08:12 du local, mais aussi une diversité des aliments.
08:15 Bonjour Pierrette.
08:16 Oui, bonjour à tous.
08:17 Pierrette Tavincen, alors vous vous attachez vraiment à une attention toute particulière
08:24 au bon parce que depuis toute petite, déjà mamie au sein de l'exploitation, elle vous
08:29 faisait manger des produits locaux.
08:30 Oui, je suis née dans une ferme, un cinéma, mais c'est vrai que oui, oui.
08:36 Donc ça, c'est vraiment dès le plus jeune âge et c'est vrai que c'est fait notamment
08:40 à travers l'école.
08:41 Et alors vous, vos beaux produits, vos bonnes adresses, Pierrette, par exemple dans le secteur
08:43 de Vincennes ou plus loin, qu'est ce que vous achetez?
08:45 Alors oui, les bonbons, vous voyez déjà la douceur, les coquelicots de Nemours qui
08:51 étaient en vente justement à Vincennes.
08:54 Bien sûr, le miel du gatinelle, les sucres d'orge et on continue dans la douceur à
09:00 Moré, le brumeau, vous en avez parlé tout à l'heure.
09:03 Bien sûr, les fruits qui sont vendus ici à Vincennes aussi dans une petite boutique
09:10 qui vienne tout droit aussi de là-bas.
09:12 La farine, la production à Châteaulendon, au Cinéma, mais j'en oublie, il y en a plein,
09:18 plein, plein.
09:19 Mais ça veut dire quoi, ça veut dire, Pierrette, lorsque vous faites vos courses, vous faites
09:21 attention justement à l'étiquetage, à la provenance.
09:24 Vraiment, c'est un choix de votre part.
09:27 Oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui, absolument.
09:30 Je regarde l'adresse sur chaque produit que je prends.
09:35 Oui, oui, oui.
09:36 Et vous êtes retraité.
09:37 Au niveau budget, c'est plus cher que les autres produits que vous pourriez trouver
09:40 au centre commercial ? Oui, c'est sûr.
09:44 Mais bon, étant seul, il faut se gâter à la retraite.
09:48 J'estime qu'on a travaillé toute notre vie, on peut se gâter en nourriture.
09:51 Donc, vous rognez sur d'autres budgets, mais sur la nourriture, c'est vraiment la nourriture
09:56 locale.
09:57 Merci en tout cas, Pierrette, pour votre appel depuis Vincennes et vraiment, vous avez fait
10:01 saliver là avec tous ces bons produits locaux.
10:03 Et justement, Pierrette, nous parler de l'étiquetage, c'est quelque chose d'important.
10:07 Est-ce qu'un travail va être fait sur l'étiquetage de ces produits du bassin de la Seine, de
10:12 cette Seine nourricière ? Est-ce que vous pensez à une appellation d'origine ?
10:15 Alors, une appellation d'origine, non pas forcément, mais on est en train de réfléchir
10:20 et on n'en est pas encore là, effectivement, à une identification de ces produits.
10:24 Dans un premier temps, ils vont être essentiellement destinés à la restauration collective, à
10:29 améliorer la restauration collective parisienne et dionysienne, mais pas seulement.
10:33 Le principe d'agri-parisienne, c'est vraiment dans la réciprocité.
10:35 Dans agri-parisienne, vous avez des territoires qui sont plus producteurs, comme la Normandie,
10:40 le Havre-Seine ou Lyon, et des territoires qui sont plus consommateurs, comme la Seine-Saint-Denis
10:44 et Paris.
10:45 Et l'idée, c'est que...
10:46 C'est quand même limitant, la restauration collective, de limiter ça justement juste
10:50 à la restauration collective.
10:51 Il faut bien que...
10:52 La restauration collective dépend de la ville de Paris.
10:54 La restauration commerciale, un peu moins.
10:55 Donc, avant d'aller en parler avec la restauration commerciale, faisons déjà la démonstration
11:01 qu'on est capable de le faire pour la restauration collective qui dépend de la ville de Paris.
11:04 Paris-Seine-Saint-Denis, c'est quand même 35 millions d'euros par an, dans les crèches,
11:09 dans les écoles, dans les EHPAD, dans nos restaurants administratifs, dans des restaurants
11:12 solidaires.
11:13 Et justement, avec ce levier de la commande publique, on agit pour accompagner la transition
11:18 écologique de l'agriculture qui nous nourrit et pour, dans le cadre de cette association,
11:23 aussi structurer les filières pour que des territoires comme le Havre, comme la Normandie,
11:28 etc. redeviennent nourriciers pour leur propre population.
11:30 Juste un mot sur le pouvoir d'achat.
11:32 C'est quand même très important de redire qu'en fait, manger bio ou durable, ça ne
11:37 coûte pas si cher qu'on l'imagine.
11:39 Ça coûte parfois, d'ailleurs, moins cher.
11:42 Je prends souvent cet exemple, acheter deux carottes dans un magasin bio, les laver et
11:50 les peler, ça coûte moins cher que d'acheter une barquette de carottes déjà découpées
11:56 dans une grande surface qui parfois viennent du bout du monde.
12:00 On fait deux fois le tour de la Terre avant d'arriver dans votre assiette.
12:03 C'est-à-dire que le bio que vous achetez pour la restauration collective, vous coûte
12:06 moins cher ?
12:07 Le bio que nous achetons pour la restauration collective, il a un coût plus élevé que
12:11 si on passait par du conventionnel agrochimique, mais on se rattrape sur la lutte contre le
12:15 gaspillage alimentaire.
12:17 On se rattrape avec plus de repas végétariens, ce qui nous permet de dégager des marges
12:21 de manœuvre pour avoir des produits, protéines animales de meilleure qualité.
12:26 Et je crois vraiment qu'on peut, de la même façon que l'agriculture conventionnelle
12:32 est soutenue par les pouvoirs publics et soutenue par chaque Française et Française qui payent
12:37 à travers ses impôts pour la politique agricole commune, nous pouvons, c'est un choix politique,
12:43 soutenir une agriculture qui rend service à la nature, qui apporte une meilleure rémunération
12:48 aux paysannes et aux paysans, qui préserve les écosystèmes et qui préserve la santé
12:53 humaine.
12:54 - On voudra rebooster l'agriculture bio parce qu'on a vu il y a pas mal de découvertes.
12:58 - Elle est en difficulté.
12:59 - Ce sera un autre débat.
13:00 Merci beaucoup, Audrey Pieds-Levar d'être venue nous voir.
13:03 On vous retrouve au stand Hall 4, le stand de Paris.
13:05 - Absolument, on est sur le Hall 4, tout à côté du salon.
13:07 - Voilà, où on pourra parler de la scène nourricière aujourd'hui et déguster notamment
13:09 des produits bio de la scène.
13:12 - Avec plein d'animations qui sont organisées sur le stand de la mairie de Paris.
13:16 C'est vrai que vous avez rivalisé d'imagination.
13:18 En termes d'animation, il se passe toujours quelque chose.
13:21 - Absolument, venez, venez, Hall 4.
13:22 Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin sur France Bleu Paris.

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