Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00:00Dix-neuf heures, c'est l'heure, ravi de vous retrouver ce soir, Simon Kiel, il me fait trop rire, il est en pleine forme, il sourit tout le temps, mais pourquoi vous avez toujours cette joie de vivre ?
00:00:11C'est trop mignon.
00:00:12Je ne vais pas le cacher.
00:00:13C'est génial.
00:00:14Je ne vais pas le cacher.
00:00:15Je ne vais pas le cacher.
00:00:16Marc Menon, lui, il a toujours quelque chose à dire.
00:00:18Ça va, mon gars ?
00:00:19Oui, merci.
00:00:20Votre voiture est en forme, elle va bien ?
00:00:21Oui, oui.
00:00:22Bien, donc tout va bien.
00:00:24Allez, l'info du soir.
00:00:25Bonjour à tous, chers téléspectateurs.
00:00:27Le procureur de la République de Mont-de-Marsan s'est exprimé cet après-midi trois jours après la blessure par balle au thorax de Kenji Girac.
00:00:33Le chanteur dit avoir voulu simuler un suicide après une dispute avec sa compagne.
00:00:37Des analyses ont permis de confirmer que Kenji Girac était fortement alcoolisé et qu'il avait consommé de la cocaïne.
00:00:43Un couvre-feu imposé pour les mineurs de moins de 13 ans à Peine-Mirabeau, près de Marseille.
00:00:48La mesure sera effective dès ce soir et jusqu'au 31 août.
00:00:52Des couvre-feux ont également été instaurés à Nice, à Béziers ou encore à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe.
00:00:57Et puis, des primes seront accordées aux conducteurs de métro et de RER pour les Jeux Olympiques de Paris.
00:01:02La direction de la RATP propose 1 600 euros pour ceux qui travailleront du 22 juillet au 8 septembre prochain.
00:01:08Des primes qui pourront aller jusqu'à 2 500 euros pour certains salariés, chère Christiane.
00:01:13Merci beaucoup, Simon Guélin.
00:01:16Et au sommaire ce soir, quelle est la place de la nation dans la vision du monde d'Emmanuel Macron ?
00:01:23Sept ans après le discours de la Sorbonne, le président de la République s'est de nouveau exprimé à l'université aujourd'hui.
00:01:29Il est parti d'une Europe transformée par le Brexit, le Covid, la guerre avec la Russie,
00:01:34pour proposer une Europe unie, efficace, qui renforce sa souveraineté.
00:01:38Oui, mais la France dans tout cela. L'édito de Mathieu Bocoté.
00:01:43Souveraineté européenne, défense européenne, maîtrise européenne de ses frontières,
00:01:48il faut un sursaut de l'Europe si elle ne veut pas mourir.
00:01:51Face à une Europe qui change, Emmanuel Macron déclare qu'il va falloir assumer des changements de paradigme.
00:01:57Et il répond par la puissance, la prospérité et l'humanisme.
00:02:00Quel changement de paradigme précisément ? L'analyse de Guillaume Bigot.
00:02:06Hier était la journée de commémoration annuelle du génocide arménien par les Turcs.
00:02:11Le 24 avril 1915, 600 notables Arméniens sont assassinés à Constantinople sur ordre du gouvernement.
00:02:19Ce génocide coûtera la vie à environ 1,2 million de personnes,
00:02:24c'est-à-dire les deux tiers des Arméniens de l'Empire Ottoman, Marc Menon raconte.
00:02:31Quelques phrases d'Omar Sy dans L'Obs ont choqué.
00:02:35Le comédien déclare, je cite,
00:02:37« Ceux qui nous empêchent d'avancer sont ceux qui veulent conserver leur monde dépassé.
00:02:42Ils sont en train de vieillir, ils sont à l'agonie.
00:02:45La haine qu'on entend, ce sont les derniers râles de ceux qui appartiennent à une autre époque.
00:02:51Alors, je dis que c'est un mauvais moment à passer, je suis optimiste. »
00:02:55Pourquoi ces propos choquent-ils le décryptage de Charlotte Dornel ?
00:03:00Et puis, si les questions bioéthiques redevenaient des questions politiques,
00:03:04la polémique autour des propos de Marion Maréchal sur la GPA
00:03:08ramène les questions bioéthiques au cœur du débat public.
00:03:11Est-il permis sur ces questions de ne pas embrasser le point de vue progressiste
00:03:15ou même de confesser quelques réserves ?
00:03:18Devant ce qu'on nous présente comme des évolutions fondamentalement positives,
00:03:22les questions et les réponses avec Mathieu Beaucoup.
00:03:26Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité avec nos mousquetaires du soir.
00:03:31On commence, c'est parti !
00:03:46Bonsoir à tous.
00:03:47Une question piège ce soir pour commencer.
00:03:49Et je sais que vous allez me faire la tête,
00:03:51mais avez-vous envie de parler de Kenji Girard ce soir ?
00:03:54Oui ou non ? Et si oui, pourquoi ? Sinon, pourquoi ?
00:03:57Moi, je suis les conseils du gouvernement qui nous invite
00:03:59à ne pas surexploiter médiatiquement les faits divers,
00:04:01donc je laisse ça à d'autres channels qui sont spécialisés là-dedans.
00:04:03A chacun son travail.
00:04:05Bonne réponse.
00:04:06Il m'a piqué ma répartition.
00:04:08Non, non, non, vous devez répondre.
00:04:09Ah, donc je dois trouver autre chose.
00:04:11Alors, trouvons autre chose.
00:04:13C'est quand même curieux parce que c'est vraiment pas, pour le coup, un fait de société.
00:04:18C'est un fait divers, voilà, de quelqu'un qui probablement est très déprimé
00:04:23s'il a tenté de porter atteinte à ces jours,
00:04:25mais c'est un phénomène absolument privé,
00:04:28et c'est simplement son statut de vedette,
00:04:30mais à mon avis, il n'y a pas de phénomène de société derrière.
00:04:33Eh bien, s'il y a un phénomène de société,
00:04:36c'est-à-dire que vous avez un personnage qui ne part de rien
00:04:40et qui soudain est propulsé à la une,
00:04:43qui devient une star, qui devient l'effigie,
00:04:46le point de repère pour des jeunes.
00:04:48Il incarne la joie, c'est la chanson,
00:04:50c'est le moment où on enflamme les cœurs,
00:04:53et ce personnage tombe dans la dépression,
00:04:56en oublie même le sens de la paternité
00:04:59et fait mine de tenter de mettre fin à ses jours devant son petit enfant.
00:05:05Eh bien, ça, ça pose beaucoup de questions sur notre société,
00:05:09sur une forme de matérialisme
00:05:11où l'homme n'existe plus dans sa splendeur,
00:05:14avec un côté âme qui ferait plaisir à notre Charlotte.
00:05:18Non, mais les phénomènes de société, potentiellement...
00:05:22Le premier, c'est quand même l'intérêt
00:05:24qui est porté de manière naturelle au fait divers qui naît,
00:05:27en l'occurrence, qu'un fait divers.
00:05:29Ça a toujours passionné tout le monde,
00:05:31surtout quand c'est une star,
00:05:33et surtout quand c'est Kenji Jira,
00:05:35qui est une star extrêmement appréciée.
00:05:37Et la deuxième chose qui pourrait se dessiner,
00:05:39notamment, on l'a vu dans les propos et les détails,
00:05:41on va dire, de cette affaire,
00:05:43de la consommation de cocaïne qui,
00:05:45là, en l'occurrence, se fait par une star.
00:05:48Et on parle souvent du trafic de cocaïne
00:05:50et de ses conséquences.
00:05:52Et on a essayé de, comment dire,
00:05:54de parler de la consommation de ces drogues-là.
00:05:57Évidemment, il y a des raisons
00:06:00qui sont probablement spirituelles,
00:06:02au sens profond du terme,
00:06:04c'est-à-dire de dépression, en l'occurrence.
00:06:06Mais la consommation, tout court,
00:06:08est un phénomène de société indiscutablement.
00:06:10Des mélanges, alcool, drogue,
00:06:13ça nous pose beaucoup de questions.
00:06:15– Ne soyez pas trop durs avec lui, Emmanuel Macron.
00:06:17– Ah, je ne suis pas dur ? Non, non, ce n'est pas lui.
00:06:19C'est ce qu'il représente sur les interrogations
00:06:21que nous devrions avoir par rapport à notre quotidien,
00:06:23comment enchanter notre existence.
00:06:25– Emmanuel Macron prononçait, aujourd'hui,
00:06:30à la Sorbonne, son grand discours sur l'Europe.
00:06:33Mathieu Bocoté, il était attendu.
00:06:35Il a permis au Président de la République
00:06:37de préciser où on ait rendu sa réflexion européenne.
00:06:41Alors, première question, posons-nous la question,
00:06:43où on est rendu l'européisme d'Emmanuel Macron ?
00:06:47– Alors, vous avez raison de dire
00:06:49que c'est un discours qui était attendu.
00:06:51C'est l'avantage d'avoir, quelques fois,
00:06:52des médias qui nous sont favorables.
00:06:54On nous présentait ça comme le discours
00:06:56qui permettait l'entrée en campagne
00:06:58du Président de la République,
00:07:00le discours qui pouvait tout changer,
00:07:02le discours qui nous permettrait de nous émerveiller
00:07:05devant sa puissance oratoire,
00:07:07la grandeur de l'ampleur de sa vision historique,
00:07:09sa maîtrise technique des dossiers.
00:07:11Les commentateurs étaient là, généralement,
00:07:13pour nous inviter à l'admiration de ce discours
00:07:16qui se voulait historiquement historique.
00:07:18Bon, alors, ça, c'était la mise en scène.
00:07:21Certains ont été satisfaits, d'autres déçus.
00:07:23Je ne tranche pas.
00:07:24Mais cherchons à voir ce que nous a dit
00:07:26le Président de la République,
00:07:27qui a joué un double rôle.
00:07:28J'insiste.
00:07:29D'un côté, il s'est voulu le visionnaire de l'Europe
00:07:31telle qu'elle se projettera dans le prochain siècle.
00:07:33Et de l'autre côté, il n'a pas résisté
00:07:35à la tentation du conseiller technique
00:07:37qui montre qu'il maîtrise chaque dossier technique
00:07:40mieux que ses conseillers ne pourraient les maîtriser.
00:07:43Un discours un peu long, aussi, je me permets de le dire.
00:07:46Vous savez, les discours fleuvent.
00:07:48Quelquefois, ça peut en porter ou en dormir,
00:07:51selon la préférence des uns ou des autres.
00:07:53Ensuite, sur le fond des choses,
00:07:55qu'est-ce que c'était ce discours bilan, d'abord?
00:07:57Emmanuel Macron nous dit,
00:07:59« Je suis là depuis sept ans
00:08:01et nous avons transformé fondamentalement l'Europe.
00:08:04C'est un succès. Nous avons réussi.
00:08:07Il y a une Europe qui était inimaginable, il y a sept ans,
00:08:10qui est aujourd'hui non seulement imaginée, imaginable,
00:08:13mais concrète.
00:08:14Il nous parle d'une Europe de la défense en partie,
00:08:16mais nous aussi d'une Europe de la santé,
00:08:18d'une Europe de tous les domaines, en fait.
00:08:20Ce qui est fascinant, c'est que tout doit se conjuguer,
00:08:22tout doit s'écrire à l'encre européiste.
00:08:24Tout doit se conjuguer dans le langage européen.
00:08:28Quelle que soit la question, je dirais de manière imagée,
00:08:31du camping à l'arme nucléaire,
00:08:33en dernière instance, l'Europe a quelque chose à dire
00:08:36sur les enjeux de société.
00:08:38Mais ce qui est assez intéressant là-dedans,
00:08:40c'est qu'il nous dit, « Regardez, j'ai réussi.
00:08:42Qui aurait pu imaginer... »
00:08:43C'est ce qu'on se disait hier, en soi-disant passant,
00:08:45que de son point de vue, c'est une réussite.
00:08:47De son point de vue, les Français, les Européens,
00:08:49sont plus européistes que jamais.
00:08:51La France est plus accrochée que jamais
00:08:53au destin de l'Europe.
00:08:55Donc, il dit, nous avons réussi à fédéraliser.
00:08:57Ce ne sont pas ses mots, mais c'est quand même la réalité.
00:08:59Nous avons réussi à accélérer la marche
00:09:01du fédéralisme européen.
00:09:03L'Europe va toujours plus loin.
00:09:05Il dit même, avec bonheur, les souverainistes ont perdu.
00:09:08Pourquoi ont-ils perdu?
00:09:10Parce que qui propose aujourd'hui d'en finir avec l'euro?
00:09:12Qui propose d'en finir avec l'Europe?
00:09:14Une forme de Brexit ou de Frexit?
00:09:16Personne. Donc, on a gagné.
00:09:18Même nos adversaires jouent sur notre terrain désormais.
00:09:21Ça, c'est important de le dire.
00:09:23Ensuite, évidemment, c'est un homme qui pointe une direction,
00:09:25mais il dit, on n'a pas été assez loin.
00:09:27Et le tout début de son discours,
00:09:29c'est une reprise de ce qu'on a appelé hier
00:09:31le rapport Verhofstadt, c'est-à-dire cette idée
00:09:33d'une Europe qui... quelle serait la prochaine étape?
00:09:35Ils nous ont dit, on n'a pas été capables
00:09:37de démocratiser l'Europe. Mais il faut toujours avoir
00:09:39un petit lexique pour savoir ce qu'on entend par là.
00:09:41Démocratiser l'Europe, pour Emmanuel Macron,
00:09:43c'est avoir une Europe qui soit plus fédérale,
00:09:45avec un pouvoir politique plus fort au niveau européen,
00:09:48avec une capacité de décision européenne
00:09:50plus forte encore qu'aujourd'hui.
00:09:52Donc, globalement, c'est l'idée d'avoir
00:09:54un président européen, d'un exécutif européen,
00:09:56d'une défense européenne,
00:09:58d'une politique étrangère européenne,
00:10:00donc d'un État européen.
00:10:02Et Emmanuel Macron... alors, j'insiste pour dire
00:10:04qu'il ne le dit pas toujours avec ces mots,
00:10:06il ne veut pas provoquer. Mais il nous dit
00:10:08dans les prochaines années,
00:10:10le projet européen devra se diriger
00:10:12dans cette direction.
00:10:14Pour les prochaines années, il va nous falloir
00:10:16toujours plus d'Europe politique.
00:10:18Donc ça, c'est assez important.
00:10:20Et d'ailleurs, il le dit, c'est...
00:10:22Il parle de l'autre, les circonstances,
00:10:24parce que l'Europe s'est construite,
00:10:26il parle de la Covid, il parle ensuite de l'Ukraine.
00:10:28L'Europe se construit à coup de crise.
00:10:30Donc il y a presque une théorie de l'action politique
00:10:32qui vient avec ça. Quelle que soit la crise
00:10:34que vous avez devant vous, l'Europe sera la réponse.
00:10:36Vous avez une invasion centrale ? Europe.
00:10:38Vous avez une guerre ? Europe.
00:10:40Vous avez de la pluie ? Europe. Vous manquez de pluie ? Europe.
00:10:42Donc l'Europe est la réponse.
00:10:44C'est la matrice dans laquelle on doit
00:10:46intégrer tous les problèmes politiques
00:10:48et quelle que soit la réponse,
00:10:50c'est le transfert de responsabilité
00:10:52vers Bruxelles. Il nous le dit assez clairement.
00:10:54Donc l'Europe se démocratise
00:10:56en se dénationalisant.
00:10:58Faut comprendre le raisonnement. On est dans une logique
00:11:00souvent ici, sur le mode patriote
00:11:02à l'ancienne. Démocratie et nation vont ensemble.
00:11:04Et Emmanuel Macron, lui, dit aussi
00:11:06les deux termes. Plus on veut démocratiser,
00:11:08plus on doit européaniser,
00:11:10plus on doit dénationaliser.
00:11:12Je pense que c'est assez important.
00:11:14D'ailleurs, il nous parle aussi de l'Europe
00:11:16et de ses frontières. Et là, c'est intéressant,
00:11:18il nous dit que l'Europe peut mourir.
00:11:20C'est un constat partagé par plusieurs.
00:11:22On pourrait dire que l'Europe peut mourir. Normalement, on assimile ça
00:11:24à la submersion migratoire. C'est-à-dire que
00:11:26les peuples européens deviendraient minoritaires chez eux.
00:11:28Ce n'est pas l'enjeu d'Emmanuel Macron.
00:11:30Lui dit l'Europe pour mourir comment ?
00:11:32L'enjeu principal, c'est la Russie.
00:11:34Il y a aussi l'émergence des États
00:11:36civilisationnels. Et nous,
00:11:38pauvres petites nations européennes,
00:11:40nous sommes trop divisées pour affronter le monde
00:11:42qui vient. Donc comment pouvons-nous mourir
00:11:44si nous ne nous fédéralisons pas ?
00:11:46On revient avec ce raisonnement.
00:11:48Donc l'Europe mourra si elle ne se fédéralise pas.
00:11:50Il dit l'Europe a des frontières.
00:11:52Elle a des frontières. C'est intéressant,
00:11:54mais il n'est pas capable de dire exactement
00:11:56quelles sont ses frontières. Ça, c'est plus amusant.
00:11:58Parce qu'il dit qu'il y a l'Union européenne, mais il y a aussi
00:12:00des États qui ne sont pas dans l'Europe, mais qui ont
00:12:02vocation à rejoindre l'Europe. L'Ukraine,
00:12:04la Moldavie. OK ?
00:12:06Mais est-ce que les frontières de l'Europe, en ce moment,
00:12:08sont des frontières projetées ?
00:12:10Parce qu'ils seront des nôtres demain, on fait comme s'ils sont
00:12:12des nôtres déjà aujourd'hui.
00:12:14C'est ce qu'on pourrait appeler une logique d'annexion.
00:12:16C'est-à-dire qu'on annexe juridiquement et symboliquement
00:12:18et idéologiquement des pays qui ne sont pas
00:12:20déjà de l'Union européenne.
00:12:22C'est la nouvelle frontière.
00:12:24Il dit que c'est la communauté politique européenne
00:12:26qui se construit.
00:12:28La conception des frontières est approximative.
00:12:30Je note qu'il est beaucoup moins sévère
00:12:32quand il est temps de parler de la défense
00:12:34des frontières par rapport au sud
00:12:36qui remonte vers le nord.
00:12:38Ce n'est pas son sujet.
00:12:40Il ajoute, et ça c'est intéressant,
00:12:42qu'il faut un imaginaire européen.
00:12:44Effectivement, ça pourrait être un vrai sujet.
00:12:46Il dit que les Européens ne doivent plus rêver
00:12:48comme des Américains ou comme des Asiatiques.
00:12:50Mais la question qui se pose,
00:12:52c'est quel est le rêve européen dont il nous parle ?
00:12:54Est-ce que le rêve européen,
00:12:56les vieilles légendes européennes,
00:12:58on pourrait dire l'imaginaire de Tolkien,
00:13:00est-ce qu'il nous parle de ça ? J'en doute.
00:13:02J'ai plutôt l'impression que le rêve dont il nous parle,
00:13:04c'est un rêve où l'Europe est le lieu de projection
00:13:06d'une Europe qui devient mondialiste.
00:13:08C'est presque une forme de fantasme transhumaniste.
00:13:10Vers la fin du discours,
00:13:12il y avait des éléments qui tournaient autour
00:13:14de cette espèce de maîtrise de l'homme,
00:13:16une espèce de côté démiurgique.
00:13:18Donc, quel est le rêve européen dont il nous parle ?
00:13:20C'est intéressant de le savoir.
00:13:22Et comment va se faire l'Europe ?
00:13:24Je termine cette première partie ici.
00:13:26Là, c'est l'inversion du rapport au militaire.
00:13:28Guillaume va y revenir.
00:13:30Le militaire va permettre de faire l'Europe.
00:13:32Donc, il faut créer une souveraineté militaire européenne.
00:13:34Comment ça se fait ? La France le dit clairement.
00:13:36L'instrument de défense premier de la France,
00:13:38qui est l'arme nucléaire,
00:13:40doit être offerte en partage à l'Europe
00:13:42pour permettre sa fédéralisation,
00:13:44pour permettre la création d'une souveraineté européenne.
00:13:46Donc, il nous dit que la souveraineté européenne,
00:13:48on n'y croyait pas. Maintenant, on y croit.
00:13:50Et la France va être capable de porter cet idéal,
00:13:52porter ce rêve,
00:13:54et l'instrumentalisation de la question militaire
00:13:56pour créer un pouvoir politique européen,
00:13:58tel est l'horizon des prochaines années.
00:14:00Donc, c'est l'instrumentalisation du militaire
00:14:02en fonction d'objectifs politiques.
00:14:04Je pense avoir ici résumé ce qu'on pourrait appeler
00:14:06sa vision, infiniment plus complexe,
00:14:08j'en conviens, mais je pense que c'est la trame de fond.
00:14:10Quelle est la place de la nation
00:14:12dans la vision du monde
00:14:14d'Emmanuel Macron ?
00:14:16C'est ce que je me suis demandé pendant tout le long du discours.
00:14:18Parce qu'Emmanuel Macron, j'en ne doute pas,
00:14:20aime la France, comme Victor Orban
00:14:22aime la Hongrie, comme Madame Thatcher
00:14:24aimait la Grande-Bretagne.
00:14:26Je ne doute pas qu'il aime son pays au sens premier.
00:14:28Mais la nation, ce n'est pas simplement
00:14:30aimer un terroir. Ce n'est pas simplement
00:14:32aimer quelque chose comme des traditions,
00:14:34une forme de coutume qu'on peut apprécier.
00:14:36Il va falloir prendre au sérieux Emmanuel Macron,
00:14:38je crois. Certains ne le font pas.
00:14:40En 2017, lorsqu'il dit
00:14:42« il n'y a pas de culture française »,
00:14:44on en a beaucoup parlé, on est revenu sur ça,
00:14:46on sait ce qu'il voulait dire vraiment. Et aujourd'hui,
00:14:48qu'est-ce qu'il nous dit ? Il nous dit finalement
00:14:50la France comme nation n'est pas un cadre
00:14:52adéquat ou pertinent
00:14:54pour les temps présents. Mais pas seulement la France,
00:14:56l'Italie non plus, la Roumanie non plus.
00:14:58Faites la liste de tous les pays européens.
00:15:00La nation est un cadre périmé.
00:15:02La nation est une structure désuète.
00:15:04La nation est une structure paralysante.
00:15:06La nation nous enferme dans le monde d'hier
00:15:08et nous empêche d'accéder à la puissance
00:15:10du monde de demain. Donc là, on est dans
00:15:12une forme d'inversion du raisonnement.
00:15:14Il nous dit un changement d'époque. Je pense
00:15:16qu'il a dit au moins deux ou trois milliards de fois
00:15:18qu'il y avait un changement de paradigme. Donc, il dit
00:15:20qu'on doit redéfinir les fondements de notre action politique.
00:15:22Il faut prendre ça au sérieux.
00:15:24La nation, la nation française,
00:15:26appartient au monde d'hier, pour lui.
00:15:28La nation française, c'est une étape
00:15:30dans la construction de la conscience européenne.
00:15:32La nation française, c'est un moment
00:15:34qui a compté dans l'histoire, mais
00:15:36ce n'est plus le moment qui est le nôtre
00:15:38aujourd'hui. Dès lors, il faut se
00:15:40projeter vers autre chose. Comme je dis,
00:15:42je ne doute pas qu'il aime la littérature française,
00:15:44la philosophie française, la gastronomie française,
00:15:46mais c'est ce qu'on appelle le traitement
00:15:48de la patrie sur le mode mélancolique.
00:15:50C'est le traitement folklorique,
00:15:52c'est-à-dire j'aime bien les souvenirs de ma grand-mère,
00:15:54j'aime bien les souvenirs,
00:15:56j'aime bien les goûts de mon enfance,
00:15:58j'aime bien tout ça. Mais la nation n'est plus
00:16:00le cadre pertinent pour Emmanuel Macron.
00:16:02Je pense qu'il l'a dit assez souvent,
00:16:04on doit finir par le croire. Et dans cette logique,
00:16:06ce qui est intéressant, c'est que plusieurs,
00:16:08par exemple Michel Onfray, lui reprochent
00:16:10souvent en disant « Vous voulez déconstruire la France,
00:16:12détruire la France », dit-il même.
00:16:14Mais dans la perspective d'Emmanuel Macron, c'est autre chose.
00:16:16Il faut libérer les Français
00:16:18de cette structure désuète
00:16:20qu'est l'État-nation indépendant
00:16:22pour permettre aux Français de se
00:16:24projeter pleinement dans l'Europe
00:16:26avant l'Europe à venir et d'être, je pense que c'est
00:16:28sa logique, le noyau fondateur
00:16:30du peuple européen à venir.
00:16:32Parce qu'on se dit « Il n'y a pas de peuple européen au singulier,
00:16:34il y en a plusieurs, mais un jour, il faudrait
00:16:36qu'il y ait un peuple européen. » Mais qui en sera le noyau?
00:16:38On comprend que dans son esprit, la vocation
00:16:40quasi messianique du peuple français,
00:16:42c'est d'être le noyau du peuple européen à venir
00:16:44sur lequel il pourrait avoir un référendum.
00:16:46Imaginez l'État-nation transposée au niveau européen.
00:16:48Je crois que c'est son rêve à lui.
00:16:50C'est son rêve européen. Je ne sais pas si d'autres rêvent
00:16:52de ça avec lui, mais c'est ce que je comprends
00:16:54de la trame de fond de son propos.
00:16:56Dernier mot, qui fait obstacle à cette vision
00:16:58d'Emmanuel Macron dans l'Europe?
00:17:00Toujours les mêmes. Toujours les mêmes, c'est l'Europe de l'Est.
00:17:02Alors, qu'est-ce qui se passe en Europe de l'Est
00:17:04qui ne se passe pas en Europe de l'Ouest?
00:17:06Prenez des peuples qu'on a tendance à regarder
00:17:08de haut. Les Tchèques, les Slovaques,
00:17:10les Slovènes, les Roumains, les Polonais,
00:17:12tout ça. Qu'ont ces peuples en commun?
00:17:14Ils ont en commun l'expérience
00:17:16de la domination subie.
00:17:18Ils ont l'expérience de la perte de l'indépendance
00:17:20un jour. Ces peuples
00:17:22savent ce que ça veut dire de ne pas être indépendant.
00:17:24Ces peuples ont su dans l'histoire,
00:17:26on leur a dit très souvent,
00:17:28sacrifiez votre indépendance. Ça ne vaut plus la peine.
00:17:30La nation n'est plus le cadre nécessaire.
00:17:32Embrassez l'empire austro-hongrois.
00:17:34Embrassez l'Union soviétique.
00:17:36Embrassez un destin nouveau
00:17:38ou impérial, en fait. On a toujours
00:17:40expliqué à ces nations, les petites nations d'Europe de l'Est,
00:17:42donc les Hongrois, les Slovènes,
00:17:44prenez tous ces peuples, on leur dit,
00:17:46votre cadre n'est plus pertinent. Votre différence
00:17:48identitaire est folklorique. On vous comprend
00:17:50d'aimer les souvenirs de vos ancêtres,
00:17:52mais votre État, nation, n'est plus de ce monde.
00:17:54Et quand ils ont voulu
00:17:56regagner leur indépendance, il ne faut pas l'oublier,
00:17:58par exemple, quand la Tchécoslovaquie s'est décomposée,
00:18:00quand la Yougoslavie s'est décomposée,
00:18:02quand l'Empire soviétique s'est décomposé,
00:18:04on leur disait, vous êtes tellement dans le tribalisme
00:18:06ethnique, vous êtes tellement réactionnaire
00:18:08à vouloir ainsi restaurer une indépendance
00:18:10perdue qui appartient au siècle d'hier.
00:18:12Ces petites nations d'Europe de l'Est,
00:18:14qu'on trouve toujours un peu folkloriques,
00:18:16elles ont dit, non, non, non, l'indépendance,
00:18:18c'est plus important que tout, l'indépendance, c'est plus important
00:18:20que tout le reste, et c'est à partir de cette indépendance
00:18:22qu'on pourra parler d'égal à égal, mais nous n'acceptons
00:18:24pas de la sacrifier, et plus encore,
00:18:26nous savons le lien intime et indépassable
00:18:28entre souveraineté et identité.
00:18:30Alors, les petites nations d'Europe de l'Est
00:18:32ont résisté au début du XXe siècle
00:18:34à la logique impériale, l'Empire austro-hongrois,
00:18:36elles ont tout fait pour s'en dégager,
00:18:38elles ont résisté à l'Empire communiste, à l'Empire soviétique,
00:18:40aujourd'hui, elles résistent à l'Empire
00:18:42européiste, peut-être, peut-être,
00:18:44que les Hongrois, les Slovènes, les Polonais,
00:18:46les Lettons, les Lituaniens,
00:18:48les Estoniens ont quelque chose à apprendre
00:18:50aux nations sûres d'elles-mêmes d'Europe de l'Ouest.
00:18:54Deux réactions,
00:18:56celle de Manon Ombry,
00:18:58qui dit, puissance,
00:19:00prospérité, humanisme, son bilan,
00:19:02c'est plutôt arrogance, inégalité,
00:19:04hypocrisie, c'est temps à détruire nos industries
00:19:06et services publics,
00:19:08et organiser l'impuissance, deux heures pour
00:19:10s'en plaindre des effets.
00:19:12Le 9 juin, c'est au peuple de retrouver sa puissance,
00:19:14et puis une réaction de Mario Maréchal,
00:19:16Emmanuel Macron veut avancer vers un État fédéral
00:19:18européen, avec des impôts, des taxes,
00:19:20un endettement européen,
00:19:22un élargissement sans fin, la fin du droit
00:19:24de veto de la France, une armée
00:19:26européenne, Mario Maréchal,
00:19:28dont vous avez parlé dans la deuxième partie
00:19:30de cette émission, en posant
00:19:32une question, parce qu'on a abordé la GPA hier
00:19:34avec Charlotte Dornelas,
00:19:36est-ce que les questions bioéthiques
00:19:38redevenaient, et si les questions bioéthiques
00:19:40redevenaient politiques,
00:19:42et on se posait les vraies questions.
00:19:44On poursuit, mon cher
00:19:46Guillaume, avec vous, alors moi il y a quelque chose
00:19:48qui m'a par exemple marqué,
00:19:50c'est le fait qu'ils mettent dans le mot crise,
00:19:52je ne sais pas ce que vous en pensez aussi Mathieu, pardon,
00:19:54le fait qu'ils mettent dans le mot crise
00:19:56Brexit, c'est intéressant
00:19:58quand même, parce qu'il y a le Covid, je comprends,
00:20:00mais le Brexit, c'est une crise.
00:20:02Deux temps là-dessus, c'est-à-dire
00:20:04d'abord on a dit, si les Britanniques quittent, c'est une
00:20:06catastrophe, une fois qu'ils ont quitté, on n'a pas pu faire autrement,
00:20:08on a dit c'est formidable, ils ont quitté,
00:20:10ils nous retardaient, ils nous empêchaient
00:20:12de nous fédéraliser assez rapidement,
00:20:14au final on finit toujours par dire que la mauvaise nouvelle
00:20:16est une bonne nouvelle, c'est une manière de se consoler.
00:20:18Ce qui est étrange, c'est le conformisme
00:20:20absolu, parce qu'en réalité quand on regarde la Grande-Bretagne,
00:20:22sa croissance est supérieure
00:20:24à celle de la zone euro, son
00:20:26taux de chômage est inférieur à celui de la zone euro,
00:20:28il n'y a pas de sauterelles, la tamise
00:20:30ne s'est pas changée en 100, et toutes
00:20:32les mauvaises choses qui sont arrivées en
00:20:34Grande-Bretagne depuis le Brexit, c'est parce que
00:20:36la Grande-Bretagne, librement j'insiste, a voulu
00:20:38copier parfois ce que faisait l'Union Européenne,
00:20:40donc ça ne lui a pas toujours été très favorable évidemment.
00:20:42Oui voilà, et puis il a bien cassé
00:20:44le Royaume-Uni sur la décision dont on a parlé
00:20:46d'envoyer les immigrés
00:20:48au Rwanda. Alors
00:20:50Guillaume Bigot, en matière de défense et
00:20:52de stratégie, le Président a évoqué
00:20:54un nouveau paradigme européen
00:20:56de défense, qu'en pensez-vous ?
00:20:58Un nouveau paradigme, déjà
00:21:00il faut un peu traduire l'Emmanuel Macron
00:21:02en français, ce qui n'est pas très facile
00:21:04parce que nouveau paradigme
00:21:06c'est un terme extrêmement
00:21:08abstrait. Pour comprendre
00:21:10ce nouveau paradigme, il y a
00:21:12deux points, on va partir à mon avis
00:21:14de la phrase clé, c'est-à-dire
00:21:16notre Europe peut mourir.
00:21:18Et en fait on se rend compte qu'Emmanuel Macron
00:21:20après avoir reproché à tous les populistes
00:21:22et nationalistes de la Terre de jouer
00:21:24sur les peurs, en fait ce qu'il fait pour vendre son
00:21:26Europe, c'est jouer sur les peurs. Il ne fait que ça.
00:21:28Peur
00:21:30du déclassement par rapport
00:21:32aux Etats-Unis à la Chine, peur
00:21:34de l'Iran, peur évidemment de la
00:21:36Russie et de la guerre, et peur
00:21:38que les Etats-Unis nous laissent tomber.
00:21:40Finalement c'est ça son grand truc.
00:21:42Et c'est parce qu'il y aurait cette peur dans son raisonnement
00:21:44que les Européens qui ont toujours refusé
00:21:46de faire ce que la France
00:21:48proposait, c'est-à-dire de mutualiser
00:21:50la défense, de faire une Europe vraiment
00:21:52indépendante, de faire une Europe vraiment européenne
00:21:54je rappelle que ça a démarré très tôt cette histoire
00:21:56ça n'a rien de nouveau,
00:21:58la CED,
00:22:00l'Europe de la défense, ça date de 1954
00:22:02et le général
00:22:04de Gaulle a aussi proposé finalement
00:22:06à l'Allemagne en 1963 avec le traité de l'Elysée
00:22:08de faire une Europe de la défense.
00:22:10Et là c'était toujours non. Le calcul
00:22:12d'Emmanuel Macron c'est que la peur
00:22:14va permettre aux Européens
00:22:16de vouloir l'Europe que la France propose.
00:22:18C'est le premier point. Deuxième point pour
00:22:20comprendre ce nouveau paradigme, c'est
00:22:22on pourrait traduire ça par une sorte de grand bond en avant.
00:22:24C'est le grand bond en avant européiste
00:22:26d'Emmanuel Macron. Grand bond en avant
00:22:28de l'Europe vers le militaire, vers le diplomatique.
00:22:30Et là ça arrange
00:22:32considérablement les affaires de la France en général
00:22:34et d'Emmanuel Macron en particulier. Pourquoi ?
00:22:36Parce que ce grand bond en avant, il impose
00:22:38d'abord un grand emprunt.
00:22:40Un grand emprunt c'est bien puisque demain
00:22:42il y aura les agences de notation Fitch
00:22:44et Moody's qui vont sans doute dégrader
00:22:46la note de la France. On ne sait pas si on va pouvoir
00:22:48emprunter de croix bouclées nos fins de mois.
00:22:50Si on fait un grand emprunt comme au moment du Covid,
00:22:52cette fuite en avant financière et monétaire,
00:22:54ça va nous arranger. Deuxièmement,
00:22:56cette Europe
00:22:58de la défense, ce grand bond
00:23:00en avant stratégique,
00:23:02ça va mettre de facto,
00:23:04dit-il, la France au cœur de la construction européenne.
00:23:06Parce que si il est question de défense,
00:23:08on a une industrie de défense. Si il est question
00:23:10de défense, on a une armée
00:23:12qui est la plus puissante et on a l'arme nucléaire
00:23:14en effet qu'il veut mutualiser.
00:23:16Et troisième point, ce grand bond
00:23:18en avant vers le militaire
00:23:20et le stratégique, il implique
00:23:22le grand bond en avant fédéraliste qu'il veut réaliser
00:23:24et dont on a abondamment parlé hier
00:23:26et dont il ne faut pas se lasser de dire
00:23:28et de répéter que l'État européen
00:23:30et la disparition du droit de veto,
00:23:32le tout imposé sans référendum,
00:23:34c'est ni plus ni moins que décapiter
00:23:36le peuple français. C'est décapiter
00:23:38la République. C'est décapiter la démocratie
00:23:40directe. C'est clair et net.
00:23:42Et donc, il justifie quand même
00:23:44ça en disant, écoutez, ça va être fantastique parce que
00:23:46à l'arrivée, on va avoir non seulement une Europe indépendante,
00:23:48une Europe qui se défend toute seule
00:23:50et on va avoir une Europe puissance
00:23:52avec des ambitions mondiales, l'Europe va pouvoir
00:23:54se projeter, etc. Bon, c'est typiquement
00:23:56européiste, c'est-à-dire qu'il entretient l'illusion
00:23:58qu'en voulant des outils, c'est pas
00:24:00la folie de l'européisme, mais là, on a
00:24:02des outils et les outils vont sécréter le besoin
00:24:04leur utilisation, voilà.
00:24:06Je ne sais pas ce que je vais faire à manger, mais si j'ai une fourchette,
00:24:08je sais ce que je vais manger. C'est très bizarre.
00:24:10Et il se pose, effectivement, c'est un programme
00:24:12de futur président de l'Europe en disant
00:24:14l'Europe puissance, c'est moi.
00:24:16On en parle dans un instant. On va marquer
00:24:18une pause pour continuer à bien décrypter
00:24:20avec votre regard européiste,
00:24:22mon cher Guillaume,
00:24:24le discours du président de la République
00:24:26et puis avec Charlotte Dornelas,
00:24:28on s'arrêtera sur cette phrase,
00:24:30la haine qu'on entend, ce sont
00:24:32les derniers râles de ceux qui appartiennent
00:24:34à une autre époque. Qui dit ça ?
00:24:36On en parle dans un instant.
00:24:40On parlera d'Omar Sy
00:24:42dans un instant et de son
00:24:44entretien avec Lobs, on parlera
00:24:46de ce génocide en
00:24:48Arménie commémoré
00:24:50tristement hier.
00:24:52Marc Menand nous en parlera. Et puis,
00:24:54si les questions bioéthiques redevenaient politiques,
00:24:56on en parlera avec
00:24:58Mathieu Bocoté. D'abord, revenons sur
00:25:00le discours d'Emmanuel Macron.
00:25:02Vous nous expliquez cette histoire
00:25:04de paradigme. Alors, je comprends mieux l'intérêt de la France
00:25:06selon le président à lancer
00:25:08ce nouveau paradigme stratégique,
00:25:10mais je ne saisis toujours pas concrètement
00:25:12en quoi consiste ce nouveau paradigme
00:25:14stratégique d'Emmanuel Macron.
00:25:16On en revient à ça. C'est vrai que
00:25:18de dire qu'un paradigme découle d'un concept
00:25:20et il parle de
00:25:22palimpseste, etc.
00:25:24Je l'ai pris, je l'ai regardé,
00:25:26je l'ai imprimé.
00:25:28Mais en fait, c'est une technique.
00:25:30C'est la technique d'Emmanuel Macron.
00:25:32Je vais être très clair.
00:25:34Non, je vous interromps.
00:25:36Je vais jouer ça à l'envers. Je venge mes camarades.
00:25:38Non, pardon, pardon.
00:25:40Mille pardons.
00:25:42Je vous laisse.
00:25:44Il va poser
00:25:46les questions.
00:25:48Je rigole.
00:25:50Alors, ressaisissons-nous.
00:25:52En fait,
00:25:54le paradigme stratégique.
00:25:56Oui, c'est quand même curieux de dire
00:25:58je veux faire court et de faire
00:26:0080 pages. Je veux faire
00:26:02clair et concret
00:26:04et je parle de paradigme, de concept,
00:26:06de palimpseste, etc.
00:26:08C'est très bizarre. D'abord, pour
00:26:10comprendre, si on essaye de faire
00:26:12simple, il n'y a pas grand-chose de nouveau par
00:26:14rapport à son discours de 2017,
00:26:16notamment sur le stratégique. Déjà, il disait, je l'ai repris,
00:26:18l'Europe doit se doter
00:26:20d'une force commune d'intervention,
00:26:22d'un budget de défense commun, etc.
00:26:24Alors, il veut simplement aller plus loin.
00:26:26Et le problème, c'est qu'il n'y a rien de concret,
00:26:28c'est qu'il n'y a rien de décidé et tout est
00:26:30hypothétique. Par exemple, il parle de
00:26:32on va faire plus d'intimité stratégique entre
00:26:34les armées. Ça veut dire quoi ?
00:26:36Non, non, Marc, faut pas.
00:26:38Ça veut dire que les généraux vont se faire des câlins
00:26:40entre eux parce qu'on comprend pas bien. Il veut faire une académie
00:26:42militaire. L'académie militaire,
00:26:44on n'a pas d'armée, on n'a pas de doctrine
00:26:46en commun, il y aura une académie militaire.
00:26:48Il y a un projet de cybersécurité.
00:26:50Pourquoi pas ? C'est pas une mauvaise idée, mais quel
00:26:52projet ? On sait pas du tout.
00:26:54La dissuasion partagée, dont parlait Mathieu tout à l'heure.
00:26:56C'est une éventualité à ce stade.
00:26:58C'est quelque chose qu'il a mis sur la table.
00:27:00Le bouclier antimissile.
00:27:02Un projet de bouclier antimissile. C'est pareil.
00:27:04Il le dit lui-même, c'est même pas sûr.
00:27:06Acheter et produire en européen, ce qui est peut-être
00:27:08le plus substantiel et la véritable révolution
00:27:10serait là, mais ce n'est
00:27:12qu'une intention à ce stade. Et donc, on arrive
00:27:14à une situation typique avec Emmanuel Macron.
00:27:16C'est-à-dire qu'il prend ce qu'il dit pour des réalités
00:27:18ou pour des décisions. C'est-à-dire ce côté
00:27:20performatif du verbe. Je dis
00:27:22donc ça devient. Ben non, en fait.
00:27:24Ben non, parce que, M. Macron, vous n'avez pas le pouvoir de faire ça.
00:27:26Vous n'êtes pas président de l'Europe. Vous n'êtes pas l'Europe
00:27:28à vous tout seul. Vous êtes le président de la République française
00:27:30et vous n'avez donc pas le pouvoir de faire
00:27:32advenir un achat européen, des
00:27:34productions d'armements, etc. Donc, si on
00:27:36quitte un instant le principe de plaisir pour
00:27:38arriver dans le principe de réalité, il faut
00:27:40l'unanimité des États, encore. Il faut la
00:27:42Commission européenne qui rentre dans la boucle. Il faut
00:27:44par exemple le Parlement européen
00:27:46qui se prononcera alors même que le parti
00:27:48d'Emmanuel Macron risque d'être minoritaire.
00:27:50C'est irréaliste pour une autre raison.
00:27:52C'est que cette idée que
00:27:54l'Europe va s'emparer du stratégique
00:27:56et du militaire, c'est oublier que le terrain
00:27:58est déjà occupé, si je puis dire. Il y a déjà
00:28:00une puissance impériale qui est là depuis 1945.
00:28:02C'est pas les États-Unis d'Amérique.
00:28:0480% des achats d'armements opérés par
00:28:06les États européens sont
00:28:08des achats aux industries américaines.
00:28:1050% du matériel militaire
00:28:12stationné sur le vieux continent est
00:28:14made in USA. Toute la chaîne de commandement
00:28:16de l'OTAN, il parle du pilier européen de l'OTAN, mais
00:28:18c'est quand même l'OTAN. La chaîne de commandement remonte
00:28:20directement à la Maison Blanche. Il parle de
00:28:22faire du cyber
00:28:24européen, alors même que par ailleurs
00:28:26il a bien expliqué que sur le numérique,
00:28:28on ne touchait plus une cacahuète. C'était
00:28:30complètement américanisé. Très bien,
00:28:32les standards. Il dit on va faire des standards européens
00:28:34en matière d'armement, de munitions. Mais pardon,
00:28:36mais ça existe déjà, ça fait les standards OTAN.
00:28:38En fait, c'est les calibres OTAN.
00:28:40Le bouclier antimissile, c'est encore un très bon
00:28:42exemple, le bouclier antimissile. Parce que figurez-vous
00:28:44M. le Président que ça existe déjà. C'est juste
00:28:46un projet américain qui inclut l'Allemagne
00:28:48et qui exclut la France. Donc peut-être que vous pouvez
00:28:50demander, lever la main, de savoir si vous avez l'autorisation
00:28:52d'y rentrer. Et il nous explique que oui,
00:28:54il faut avoir peur parce que peut-être M. Trump
00:28:56va arriver aux affaires. Bon, moi,
00:28:58il ne faut pas s'aventurer. Parce que d'abord,
00:29:00il n'est pas encore élu, M. Trump. Et si d'aventure,
00:29:02il était élu, moi, il me semble,
00:29:04pour avoir lu Trump dans le texte,
00:29:06qui va probablement dire aux Européens
00:29:08je vais partir. Comme ça, vous allez mettre la
00:29:10main au porte-monnaie et payer votre propre
00:29:12défense. Ce qu'il veut faire. Ça m'étonnerait
00:29:14qu'il parte. Ce serait, à mon avis, pas du tout dans l'intérêt
00:29:16stratégique des États-Unis. Et si il aventure,
00:29:18hélas, trois fois hélas, la Russie
00:29:20venait à s'emparer de l'Ukraine et faire tomber l'Ukraine,
00:29:22on pourrait être très surpris d'apprendre, probablement
00:29:24un matin, que la Pologne, en Européen,
00:29:26se partagerait sans doute ce qui reste de l'Ukraine
00:29:28en Européen avec la Russie.
00:29:30Et en Européen, demain matin, je mets mon billet
00:29:32aussi que si la Russie gagne, l'Allemagne
00:29:34va racheter assez rapidement du gaz à la Russie.
00:29:36Mais enfin, bon, peut-être qu'on va trop loin.
00:29:38Donc, vous voyez, tout ça, vraiment, ça manque
00:29:40complètement de substance.
00:29:42Alors, vous dites qu'il n'est pas réaliste au sujet
00:29:44de la puissance européenne.
00:29:46Et pourtant, au début de son discours, Emmanuel Macron
00:29:48adressait un diagnostic assez
00:29:50sévère sur le sujet.
00:29:52C'est très juste. C'est vrai qu'il y a quelque chose
00:29:54d'assez étrange. C'était souligné, d'ailleurs, par
00:29:56Manon Aubry. Elle a complètement raison.
00:29:58Je pense que
00:30:00Emmanuel Macron se montre extrêmement critique,
00:30:02en fait, à l'égard de la construction européenne.
00:30:04Et donc, assez lucide.
00:30:06Il est presque souverainiste.
00:30:08En économie, il dit, par exemple, l'Europe,
00:30:10elle réglemente trop,
00:30:12elle n'investit pas assez et elle est trop
00:30:14ouverte au plan du libre-échange.
00:30:16Qu'il dit de vous. Oui, mais c'est à cause de qui ?
00:30:18Précisément, à cause de l'Europe. Donc, l'Europe,
00:30:20effectivement, elle est trop naïve, M. le Président.
00:30:22Vous avez complètement raison. Le plan de relance,
00:30:24en plus, il joue petit bras. 750
00:30:26milliards sur la table, alors que
00:30:28il y a beaucoup moins d'Américains qu'il y a d'Européens.
00:30:30Les Américains, ils ont mis 1900
00:30:32milliards sur la table. Oui, la BCE,
00:30:34elle ne sert qu'à lutter contre l'inflation, à maintenir
00:30:36des rentes et pas du tout investir. Tout ça, on est
00:30:38complètement d'accord, mais la faute à qui ?
00:30:40Et là où c'est vraiment complètement contradictoire,
00:30:42cette histoire, c'est qu'il dit, finalement,
00:30:44l'Europe ne marche pas.
00:30:46Et donc, puisque l'Europe ne marche pas,
00:30:48il faut plus d'Europe. Alors, excusez-moi,
00:30:50mais ça ressemble vraiment à la définition de la folie par
00:30:52Einstein. La folie, dit Einstein, c'est de
00:30:54vouloir toujours plus de la même chose et d'en
00:30:56attendre autre chose. On ne comprend vraiment
00:30:58pas. Et donc,
00:31:00si on suit son raisonnement, on est trop européens.
00:31:02Et moi, je pense que c'est non
00:31:04seulement l'indépendance de l'Europe
00:31:06qui a été abîmée par la construction
00:31:08européenne elle-même, paradoxalement, mais
00:31:10en particulier pour la France.
00:31:12Qui a abîmé notre souveraineté énergétique
00:31:14nucléaire, sinon les projets de l'Europe ?
00:31:16Qui a abîmé notre souveraineté française
00:31:18agricole, sinon l'Europe ? Qui a abîmé
00:31:20notre souveraineté sanitaire, sinon l'Europe ?
00:31:22Et là, la réponse qu'il a, qu'est-ce que c'est ?
00:31:24C'est typiquement celle d'un technocrate
00:31:26français qui rêve de transposer
00:31:28la puissance américaine en disant
00:31:30« Pourquoi on n'a pas une DARPA européenne ?
00:31:32Pourquoi on n'a pas le commandement asiatique, le commandement
00:31:34africain, comme l'armée américaine ?
00:31:36Qui a vu le département américain
00:31:38de la Défense financer nos startups ? » Mais
00:31:40attendez, M. Macron, les États-Unis, on vous explique,
00:31:42ce n'est pas un continent, d'accord ? C'est une nation,
00:31:44c'est une démocratie, c'est un peuple,
00:31:46c'est un gouvernement. C'est peut-être pour ça que ça marche
00:31:48les États-Unis, donc ce n'est pas en disant ça que
00:31:50ça va fonctionner. Et alors, quant à ce discours
00:31:52historique qui va rester en histoire, je ne sais
00:31:54pas s'il y aura des historiens demain,
00:31:56à ce rythme, non, parce que les
00:31:58piex ont été très structurants, je cite,
00:32:00les piex ont été très structurants, les piex
00:32:02et les projets d'intelligence environnementale,
00:32:04il faut les resynchroniser.
00:32:06Autre phrase historique qui mérite de rester pour des
00:32:08siècles et des siècles, il faut créer une Europe
00:32:10de la libre circulation des électrons décarbonés.
00:32:12D'accord ?
00:32:14Donc tout ça est absolument surréaliste
00:32:16et en fait, le grand
00:32:18bond en avant du président Macron européen,
00:32:20ça fait penser à cette blague qui circulait
00:32:22au sujet des Maoïstes dans les années 70,
00:32:24il disait le président Mao est au bord du gouffre,
00:32:26le président Mao est au pied du mur
00:32:28et le président Mao s'apprête à faire
00:32:30le grand bond en avant. Voilà.
00:32:32C'est ce que nous propose Emmanuel Macron,
00:32:34se débarrasser de la démocratie, de la République, de la France
00:32:36pour faire quelque chose qui est à mon avis
00:32:38complètement vaseux.
00:32:40Qui veut réagir ?
00:32:42Charlotte, peut-être ?
00:32:44Non, non, j'ai écouté attentivement
00:32:46mes camarades.
00:32:48J'ai trouvé ça trop long, moi.
00:32:50Oui, oui. Beaucoup trop long.
00:32:52Non, mais c'est terrible, parce que
00:32:54quand on se sent la fibre
00:32:56culturelle, c'est important quand même
00:32:58que l'on aime la langue,
00:33:00que l'on voit comment il sabre
00:33:02la langue. De temps en temps, il fait le
00:33:04finot en n'utilisant pas l'abcès.
00:33:06Comme si, c'est pour dire, voyez,
00:33:08je possède quand même une culture
00:33:10que n'ont pas les autres. Ça sert strictement
00:33:12à rien d'utiliser ça.
00:33:14C'est consternant, et puis ça fait peur
00:33:16parce que ne plus se sentir
00:33:18français, c'est quand même ce qu'il
00:33:20nous donne comme image.
00:33:22C'est ce que disait Mathieu.
00:33:24Ça fait penser à cette formule d'un journaliste,
00:33:26je crois que c'était Claude Imbert, qui disait, quand j'entends le mot Europe,
00:33:28je sors mon oreiller.
00:33:30Il rebondit toujours.
00:33:32Il est très très fort.
00:33:34En tout cas, je retiens où est la France
00:33:36dans tout ça.
00:33:38Alors, on va partir avec vous,
00:33:40marmenant dans la journée d'hier,
00:33:42qui se poursuit aujourd'hui, puisque
00:33:44depuis hier, ce sont les
00:33:46commémorations du génocide arménien.
00:33:48Hier, le 24 avril 2015,
00:33:50je le disais en titre,
00:33:52600 notables arméniens sont
00:33:54assassinés à Constantinople,
00:33:56sur ordre du gouvernement.
00:33:58Un génocide qui coûtera la vie à 1,2 million
00:34:00de personnes, c'est-à-dire
00:34:02les deux tiers des Arméniens
00:34:04et les deux tiers des Olympiens ottomans.
00:34:06109 ans plus tard.
00:34:08Oui.
00:34:10Toute la chronique de Matthieu
00:34:12nous a rappelé
00:34:14ce qu'était
00:34:16l'identité culturelle.
00:34:18Comment un peuple
00:34:20se sent porté par une âme,
00:34:22par un désir de vivre
00:34:24en ayant une sorte de transcendance,
00:34:26quelle qu'elle soit.
00:34:28Comme Israël, comme l'Ukraine, par exemple.
00:34:30Je voulais le dire déjà quand vous parliez tout à l'heure.
00:34:32J'utilisais à la fin de la chronique
00:34:34l'expression la domination subie.
00:34:36Il faut avoir la domination subie.
00:34:38C'est ce que l'on a demandé
00:34:40à ce peuple arménien
00:34:42pendant des siècles,
00:34:44des siècles et des siècles.
00:34:46Ce peuple qui était en étau,
00:34:48il y avait la Russie, il y avait l'Asie,
00:34:50il y avait toutes les puissances
00:34:52autour de lui
00:34:54et pour autant,
00:34:56les uns et les autres
00:34:58arrivaient à se maintenir.
00:35:00Dans le catholicisme, dans la chrétienté,
00:35:02ils avaient une différence.
00:35:04Dès 374,
00:35:06ils se mettent en rupture
00:35:08avec l'Église romaine.
00:35:10Ils ont leur patriarche.
00:35:12C'est dire
00:35:14cette identité
00:35:16qu'ont les Arméniens,
00:35:18ce désir
00:35:20de se sentir dans un souffle commun
00:35:22et ça, c'est magique en soi.
00:35:24Alors,
00:35:26le drame de 1915,
00:35:28quand je dis le drame,
00:35:30l'épouvante,
00:35:32le cataclysme de l'horreur,
00:35:34il commence bien avant.
00:35:36Il y a ces frontières
00:35:38parfois fluctuantes qui sont liées
00:35:40à ces guerres qui se livrent
00:35:42autour d'eux, dont ils sont
00:35:44les principales victimes.
00:35:46Bon, disons tout de suite,
00:35:48au début du XIXe siècle,
00:35:50avec la Russie qui conquiert le Caucase.
00:35:52Alors,
00:35:54il y a dans cette conquête
00:35:56de l'Arménie, l'Arménie
00:35:58de l'Asie qui se retrouve
00:36:00sous le joug
00:36:02des Russes. Et pour
00:36:04l'Arménie qui se trouve au contraire
00:36:06en Turquie, il y a une sorte
00:36:08d'espoir. Pourquoi ?
00:36:10Parce que les Russes disent
00:36:12nous sommes les protecteurs de tous les chrétiens.
00:36:14Et là, ceux
00:36:16qui sont en Turquie, qui subissent
00:36:18le joug des Ottomans
00:36:20se disent peut-être que l'on va
00:36:22pouvoir réunir
00:36:24notre peuple
00:36:26et nous retrouver avec une nation,
00:36:28M. Macron. Avec le
00:36:30plaisir, le désir de vivre
00:36:32ensemble, de ne plus être
00:36:34dédimis. C'est quoi l'édimis ?
00:36:36Eh bien, ce sont ceux
00:36:38à qui théoriquement l'islam
00:36:40accorde le droit
00:36:42d'existence, de liberté,
00:36:44mais en étant quand même en dessous
00:36:46du musulman. Donc, c'est
00:36:48celui qui subit.
00:36:50Voilà ce qui se passe dans
00:36:52ces années-là. On n'a pas le temps
00:36:54de tout détailler. C'est d'une
00:36:56richesse invraisemblable
00:36:58ce parcours des combattants
00:37:00arméniens. On peut dire combattants
00:37:02parce que constamment, il y a
00:37:04comme ça des escarmouches. Ils se
00:37:06dressent contre le pouvoir
00:37:08et ils sentent quand ils voient
00:37:10l'amenuisement de la
00:37:12force ottomane. Cette force
00:37:14ottomane qui a été jusqu'à nous menacer
00:37:16en Europe, qui a gagné tout
00:37:18le bassin méditerranéen
00:37:20et qui est obligé d'entrer
00:37:22dans la conciliation.
00:37:24Là, il crée
00:37:26deux parties révolutionnaires.
00:37:28On pourrait dire, de façon
00:37:30métaphorique, allons camarades,
00:37:32nous allons enfin pouvoir
00:37:34y parvenir. Dressons-nous
00:37:36contre l'autorité qui
00:37:38nous domine. L'autorité, c'est le
00:37:40sultan. Il s'appelle
00:37:42Abdoulhamid II.
00:37:44Et Abdoulhamid II,
00:37:46il a une férule très
00:37:48vive vis-à-vis de ce
00:37:50peuple. Il sent bien qu'il lui faut
00:37:52lâcher un peu
00:37:54de l'étau. Et il va y avoir
00:37:56des massacres consécutifs
00:37:58parce que quand il voit
00:38:00qu'il est obligé de céder,
00:38:02de temps en temps, il fait
00:38:04intervenir d'autres peuples
00:38:06qui, comme les
00:38:08Kurdes, se servent
00:38:10de la situation pour essayer
00:38:12de gagner quelques influences
00:38:14sur les terres qui appartiennent
00:38:16aux Arméniens.
00:38:18Et en 1876,
00:38:20il y a déjà
00:38:22donc une première révolte. En
00:38:241890, il y a
00:38:26un mouvement qui conduit
00:38:28à un premier
00:38:30génocide, si je puis dire.
00:38:32Il y en aura un deuxième
00:38:34en 1908
00:38:36avec
00:38:38les jeunes Turcs. Les jeunes Turcs
00:38:40font tomber le sultan. Quel
00:38:42espoir ! Ils se sont associés à cela
00:38:44parce qu'ils leur ont dit
00:38:46vous ne serez plus les dominés.
00:38:48Vous aurez votre autonomie. Alors
00:38:50forcément, ils se sont engagés dans
00:38:52le combat. À côté de ces jeunes
00:38:54Turcs, il y aura une contre-révolution
00:38:56et ils la payent d'un génocide
00:38:58de 30 000 hommes. Et puis,
00:39:00il y a la guerre de 1914.
00:39:02Le sultan a regagné sa place.
00:39:04Les jeunes Turcs sont là aussi.
00:39:06Et dans cette histoire,
00:39:08ils se retrouvent prisonniers.
00:39:10D'un côté, il y a les Arméniens
00:39:12qui sont face
00:39:14aux Ottomans.
00:39:16Et puis, les Arméniens qui sont
00:39:18face aux Russes. Tout ça, ça s'oppose.
00:39:20Et en 1915,
00:39:22les décisions sont prises.
00:39:24Ceux qui sont dans l'armée
00:39:26ottomane, eh bien, il faut les éliminer.
00:39:28Alors,
00:39:30on tire d'abord sur ces pauvres
00:39:32soldats qui faisaient
00:39:34peut-être à contre-coeur le
00:39:36métier qu'on leur demandait. Et puis,
00:39:38il y a ce que vous avez dit. À Constantinople,
00:39:40les intellectuels,
00:39:42les notables
00:39:44qui sont éliminés.
00:39:46Tous les hommes de plus de 18 ans
00:39:48passent à trépas. Femmes,
00:39:50vieillards, enfants, on les emporte.
00:39:52Dans les sinistres, c'est déjà
00:39:54l'esquisse de ce que se
00:39:56manifestera en 1940.
00:39:58Dans les wagons à bestiaux,
00:40:00destination le désert
00:40:02de Syrie.
00:40:04Et là-bas, ce qui les attend,
00:40:06c'est la famine.
00:40:08C'est comment mourir à petit
00:40:10feu quand on n'est pas
00:40:12exécuté. Il y aura
00:40:141 200 000
00:40:16victimes. Voilà
00:40:18la sinistre
00:40:20destinée de ce peuple
00:40:22arménien qui, de temps en temps,
00:40:24a eu quelques compassions
00:40:26qui ont été manifestées
00:40:28par les autorités
00:40:30occidentales, mais les traités
00:40:32à la fin se faisaient toujours
00:40:34à leurs dépens. Et aujourd'hui,
00:40:36ils rêvent encore,
00:40:38attisent l'espoir pour combien de temps ?
00:40:40– Merci beaucoup
00:40:42Marc Benham pour cette plongée
00:40:44dans l'histoire qui retentit
00:40:46dans le présent. Pensez à tous
00:40:48ces Arméniens.
00:40:50Charlotte Dornelas, une autre
00:40:52page de l'actualité.
00:40:54Omar Sy accorde une interview, grande interview
00:40:56à l'Aube. C'est une phrase
00:40:58assez inculée sur les réseaux sociaux dans laquelle
00:41:00il parle de la situation en France comme d'un
00:41:02mauvais moment à passer.
00:41:04Est-ce encore une prise de parole
00:41:06très politique de l'acteur ?
00:41:08– Alors, en fait, il y a plusieurs
00:41:10acteurs, on va dire, dans cette sortie
00:41:12d'Omar Sy. Il accorde une interview
00:41:14en effet à l'Aube parce qu'il y a une journaliste
00:41:16de l'Aube qui a fait un livre d'entretien
00:41:18qui est un peu autobiographique avec
00:41:20Omar Sy, donc vous avez les bonnes feuilles également
00:41:22dans l'Aube. Et cette phrase n'est pas issue
00:41:24de l'interview, mais du livre
00:41:26d'Omar Sy et elle a été sortie
00:41:28par certains sur les réseaux sociaux
00:41:30en précisant, voilà ça vient de l'Aube
00:41:32par certains journalistes, c'est des
00:41:34comptes officiels, comme étant
00:41:36un résumé finalement de l'interview.
00:41:38Et quand on lit l'intégralité du dossier,
00:41:40quand je dis qu'il y a plusieurs acteurs, il y a un
00:41:42l'interview, ce que dit Omar Sy, il y a les
00:41:44bonnes feuilles du livre, je n'ai pas lu le livre en entier
00:41:46mais j'ai lu les bonnes feuilles. Il y a déjà
00:41:48deux tons assez différents entre les deux
00:41:50et il y a la prise de partie
00:41:52on va dire, de l'Aube lui-même
00:41:54dans la manière dont il présente cette interview
00:41:56dans l'édito qu'il accompagne
00:41:58et vous allez voir, il y a beaucoup
00:42:00de contradictions chez tous les acteurs
00:42:02en présence dans cette affaire.
00:42:04Alors dans l'interview
00:42:06à proprement parler, l'acteur prend
00:42:08une distance totale par rapport aux
00:42:10questions politiques. Il s'échappe à chaque fois
00:42:12qu'on lui pose cette question en expliquant
00:42:14qu'il ne veut pas aller sur ce terrain-là
00:42:16qu'il ne veut pas faire de politique
00:42:18il dénie vouloir participer au débat politique
00:42:20alors il refuse
00:42:22même de préciser son
00:42:24inquiétude par exemple à la montée de l'extrême droite
00:42:26c'est une question qui revient souvent parce qu'il
00:42:28s'attarde dessus dans son
00:42:30livre et il répond tout simplement
00:42:32il dit la seule chose que je peux vous dire c'est que mon optimisme
00:42:34est mis à rude épreuve en ce qui concerne
00:42:36la France. C'est évidemment une manière de répondre
00:42:38mais sans y répondre, sans s'engager complètement
00:42:40et dans le livre en revanche
00:42:42il le fait complètement, on le comprend dans les bonnes feuilles
00:42:44et on le comprend dans l'insistance surtout de Lopes
00:42:46à essayer de lui faire ressortir
00:42:48ce qu'ils ont lu dans le livre.
00:42:50Il dit qu'il se borne
00:42:52à réagir quand quelque chose le touche
00:42:54et qu'il a des sentiments sur ce qui
00:42:56arrive, c'est comme ça qu'il a parlé de George Floyd
00:42:58puis de Nahel, c'est les deux exemples
00:43:00qu'il prend lui-même pour lui dire
00:43:02qu'évidemment réagir à cela
00:43:04il dit d'ailleurs, certains me reprochent aussi ce que je ne
00:43:06dis pas mais je
00:43:08n'y prête pas attention
00:43:10c'est moins qu'un reproche, on peut constater
00:43:12que ne réagir qu'au moment de la mort de Nahel
00:43:14étant donné le nombre de jeunes qui meurent
00:43:16aujourd'hui en France dans différentes raisons
00:43:18c'est prendre parti politiquement
00:43:20pas de manière partisane mais
00:43:22politiquement c'est indiscutable. Alors la
00:43:24phrase qui a circulé, vous le disiez
00:43:26entièrement, elle dit
00:43:28quand je pense à la France, je me dis que c'est un mauvais moment à passer
00:43:30ceux qui nous empêchent d'avancer sont
00:43:32ceux qui veulent conserver leur monde dépassé
00:43:34ils sont en train de vieillir, ils sont à l'agonie
00:43:36la haine qu'on entend ce sont les derniers
00:43:38râles de ceux qui appartiennent à une autre époque
00:43:40alors je dis que c'est un mauvais moment à passer
00:43:42je suis un optimiste. Alors ça
00:43:44si ce n'est pas une phrase extrêmement politique
00:43:46sur la situation en France, je ne sais pas ce que c'est
00:43:48et en l'occurrence
00:43:50Omar Sy parle également dans cette
00:43:52interview comme dans les Bonnes Feuilles
00:43:54il parle, un, il prône un monde
00:43:56ouvert, l'Obs le
00:43:58décrit comme un citoyen du monde
00:44:00il est lui français, il a grandi à Trappes
00:44:02et il dit lui-même
00:44:04que ses enfants sont américains
00:44:06il ne l'imaginait pas initialement
00:44:08et ses parents en l'occurrence
00:44:10sont sénégalais. Mais je note qu'au
00:44:12moment d'inscrire ses enfants dans une autre filiation
00:44:14historique et culturelle, il choisit
00:44:16les Etats-Unis, personne n'est reparti au Sénégal
00:44:18donc l'Obs nous le présente aussi
00:44:20comme très fier de ses origines
00:44:22sans qu'elle ne tienne place dans le discours
00:44:24d'Omar Sy lui-même, puisque
00:44:26la seule origine qu'il détaille
00:44:28dans cette interview
00:44:30c'est l'histoire de sa famille
00:44:32il nous explique que son père, qui est arrivé
00:44:34en France, était initialement
00:44:36marié à une femme, qui n'a pas pu avoir d'enfant
00:44:38donc il a pris une deuxième femme sous son toit
00:44:40donc son père, en l'occurrence, était
00:44:42polygame. Il rapporte
00:44:44et l'Obs ne réagit pas
00:44:46et simplement dit qu'il se confie sur sa
00:44:48famille, il n'y a aucune réaction là-dessus
00:44:50et il parle ensuite de son enfant, sa trappe, qui était
00:44:52heureuse et tout le monde
00:44:54est venu, il raconte, sa tante
00:44:56je ne veux pas me tromper dans la famille mais
00:44:58sont venus en France pour
00:45:00tenter leur chance
00:45:02et quand on lui demande, pour aller sur
00:45:04le terrain des origines, quand on lui demande
00:45:06ce que ses parents lui ont transmis, il répond
00:45:08au vrai les guillemets, du comté de mon père
00:45:10le respect du clan, c'est-à-dire de ceux
00:45:12qui nous précèdent, ce C.U.X
00:45:14et pour ma mère, le respect de l'enfant intérieur
00:45:16que chacun garde au fond de soi
00:45:18très bien, bon là c'est évidemment, sur ce terrain-là, la réponse
00:45:20par rapport au père qui m'intéresse
00:45:22parce que c'est probablement la réponse
00:45:24sans le mot clan
00:45:26qui est assez marqué, que ferait
00:45:28beaucoup de Français accusés de haine
00:45:30quand il s'agit du rapport à leur
00:45:32pays, c'est-à-dire garder une place
00:45:34au présent à ceux qui nous précèdent
00:45:36précisément dans la manière
00:45:38de vivre et donc de transmettre cette filiation
00:45:40culturelle et
00:45:42en l'occurrence, on les accuse de haine. Quand on parle
00:45:44de fierté des origines, je note que
00:45:46revendiquer d'être fier d'être français
00:45:48d'être heureux et d'être fier de
00:45:50porter cette histoire-là, c'est déjà
00:45:52borderline dans le discours public
00:45:54donc là il y a une injustice
00:45:56on va dire dans le mode de traitement
00:45:58et par ailleurs que certains enfants d'immigrés
00:46:00et c'est quelque chose dont on parle souvent
00:46:02veuillent préserver leurs origines
00:46:04même les revendiquer
00:46:06c'est naturel, c'est-à-dire que
00:46:08c'est même impossible de faire autrement, ces origines
00:46:10existent, c'est évidemment
00:46:12l'histoire de leurs parents, de leurs grands-parents
00:46:14de leurs arrière-grands-parents qui les ont précédés
00:46:16pour eux-mêmes, simplement pour qu'il y ait
00:46:18quelque chose de commun, pour que nous
00:46:20puissions vivre ensemble, il faut qu'il y ait
00:46:22un modèle qui prédomine
00:46:24dans le collectif, pas de manière individuelle
00:46:26mais dans le collectif qu'on se retrouve
00:46:28ensemble sur quelque chose de commun
00:46:30il est assez naturel
00:46:32qu'en France, ce soient les origines
00:46:34françaises, sur le terrain
00:46:36culturel, qui
00:46:38s'offrent par ailleurs
00:46:40à tous, ce qui n'est pas le cas partout dans le monde
00:46:42puisque la proposition qui est faite
00:46:44et qui est vilipendée, c'est d'agréger
00:46:46des personnes précisément à cette
00:46:48culture et à cette histoire-là, c'est pas le cas
00:46:50partout dans le monde, il y a des pays où vous pouvez vous pointer
00:46:52personne ne va vous agréger à rien
00:46:54je referme la parenthèse
00:46:56et par ailleurs, on en revient toujours au même
00:46:58si des personnes viennent tenter leur chance en France
00:47:00puisque c'est comme ça que c'est présenté
00:47:02dans cette famille-là, c'est donc bien que
00:47:04la France initialement est vue comme une chance
00:47:06si on vient tenter sa chance
00:47:08c'est précisément que la France est une chance
00:47:10et alors par quel miracle
00:47:12en arrivant en France, immédiatement
00:47:14cette chance est oubliée
00:47:16et même inversée
00:47:18et ça n'est pas la seule contradiction qu'on voit
00:47:20dans les propos de l'acteur et dans la manière surtout
00:47:22dont cette interview et ce livre
00:47:24sont présentés
00:47:26Qu'est-ce qui a retenu votre attention
00:47:28dans ces échanges, en particulier ?
00:47:30D'abord, je vous le disais, le refus de considérer
00:47:32comme politique un propos qui l'est
00:47:34politique au sens très large, c'est tout ce qui
00:47:36concerne en effet la vie de la cité
00:47:38les organisations, les débats
00:47:40les débats sont politiques et il dit
00:47:42alors il donne un exemple très parlant
00:47:44il explique que quand il tournait une série sur la place Vendôme
00:47:46Eric Dupond-Moretti est descendu
00:47:48lui serrer la main, il a dit je ne suis pas un morceau de viande
00:47:50moi je ne veux pas aller à l'Elysée
00:47:52parce que ça ce serait politique
00:47:54alors que donner mon avis sur certains sujets ça ne l'est pas
00:47:56non, aller à l'Elysée
00:47:58d'abord ce n'est pas nécessairement politique
00:48:00peut-être moins que certaines prises de parole
00:48:02mais simplement là en l'occurrence
00:48:04il n'est pas associé avec telle ou telle politique, c'est en l'occurrence
00:48:06partisan, moins que politique
00:48:08là il y a une confusion, s'engager dans le débat politique
00:48:10mais par ailleurs ce n'est pas insultant, ce n'est même pas un reproche
00:48:12de ma part, c'est simplement que son propos
00:48:14quand il donne son avis
00:48:16sur l'état des lieux politiques
00:48:18sur les débats qui sont en cours en France
00:48:20il participe du débat politique
00:48:22ensuite il y a trois déclarations
00:48:24voire même une quatrième mais un peu à part
00:48:26qui ont retenu mon attention
00:48:28un, il évoque
00:48:30je ne sais plus si c'est dans le livre
00:48:32ou dans l'interview mais peu importe
00:48:34le vol perpétré par des jeunes sur le tournage
00:48:36de Lupin, vous savez il avait tourné cette série là
00:48:38et il s'était fait braquer pendant le tournage
00:48:40dans une banlieue
00:48:42et il répond, il écrit dans son livre
00:48:44je ne comprends pas ces petits, ça me dépasse
00:48:46et il réagit à ça dans l'interview
00:48:48il dit j'ai plus de 40 balais, la banlieue
00:48:50que j'ai connue même si elle reste ma base n'existe
00:48:52plus et les codes qui étaient les miens
00:48:54ne sont plus les mêmes, il répond
00:48:56à ça quand on lui parle de jeunes
00:48:58qui ont braqué un tournage
00:49:00il ne parle pas de jeunes qui ont fait quelque chose de positif
00:49:02en l'occurrence, donc il est en train de dire lui-même
00:49:04ce qu'il finit sa réponse en disant
00:49:06pour comprendre la banlieue aujourd'hui il faut aller parler aux gamins de 15 ans
00:49:08pas à moi, ce qui est
00:49:10compréhensible en l'occurrence mais il constate
00:49:12lui-même en racontant une enfance heureuse
00:49:14à Trappes que la banlieue a changé
00:49:16à partir de l'exemple
00:49:18d'un vol et d'un braquage sur un tournage
00:49:20donc si
00:49:22il faut aller parler aux gamins de 15 ans
00:49:24pour comprendre la banlieue, c'est à dire comprendre ce qu'elle est
00:49:26devenue en l'occurrence à partir d'un exemple
00:49:28négatif, peut-être est-il
00:49:30accessible d'essayer d'aller parler
00:49:32aux gens qui s'inquiètent précisément
00:49:34de ce qu'est devenue la banlieue depuis qu'Omar Sy était
00:49:36un gamin, or ces gens-là
00:49:38aussi sont accusés de haine par le simple fait
00:49:40de poser la question de ce que sont devenus
00:49:42une partie de ces banlieues
00:49:44ce qu'il constate lui-même
00:49:46donc là encore une fois, on voit une certaine
00:49:48contradiction, ensuite il y a la question du rapport
00:49:50à la couleur de peau, il se décrit
00:49:52à la fois quand il se décrit, dit j'ai grandi à Trappes
00:49:54de père sénégalais, je suis noir et musulman
00:49:56il regrette aussi qu'on le ramène à ça
00:49:58dans son livre, c'est une partie importante
00:50:00tout en déclarant aussi dans l'interview
00:50:02c'est un fait, le fait que je sois noir
00:50:04c'est un fait, j'en fais une force, il parle notamment
00:50:06dans le rapport au cinéma
00:50:08quand on lui parle de son faible, je cite le mot
00:50:10de Lopes pour Christiane Taubira
00:50:12il répond, j'aime son verbe
00:50:14son bagage intellectuel, son parcours
00:50:16de femme et de femmes noires
00:50:18mais là en l'occurrence
00:50:20c'est lui qui précise que c'est
00:50:22son parcours de femmes noires, j'imagine
00:50:24qu'il y a d'autres femmes noires qui ont d'autres
00:50:26parcours aussi brillants mais sur d'autres
00:50:28terrains politiques qui ne provoqueraient
00:50:30pas la même admiration
00:50:32donc qu'est-ce qui exactement chez Christiane Taubira
00:50:34attire son attention, j'aurais aimé
00:50:36poursuivre la question
00:50:38quand on parle du débat sur Ayana Kamoura
00:50:40qu'il y a eu en France ces derniers jours
00:50:42il regrette qu'on en soit encore
00:50:44à un débat pareil en France
00:50:46là encore une fois il ne veut pas aller sur le terrain, il ne veut pas
00:50:48rentrer dans le fond du sujet, mais il dit
00:50:50c'est incroyable qu'on en soit encore à un débat pareil
00:50:52alors qu'elle a un talent indiscutable que je salue
00:50:54mais donc il n'y a aucune place
00:50:56laissée au fait qu'il y ait un débat
00:50:58possible sur ce qu'elle
00:51:00incarne culturellement puisque en l'occurrence
00:51:02ce débat là existait
00:51:04la troisième chose, il assimile
00:51:06certains de ses désaccords politiques
00:51:08à de la haine puisqu'il s'inquiète notamment
00:51:10de la montée de l'extrême droite, Éric Zemmour prend une grande place
00:51:12dans son livre
00:51:14et il a une réponse étonnante
00:51:16quand il évoque Intoussable, on lui parle du succès
00:51:18du film, je note qu'au moment
00:51:20d'Intoussable, Omar Sy, le film
00:51:22est propulsé au box-office comme jamais
00:51:24Omar Sy devient à ce moment là
00:51:26personnalité préférée des français
00:51:28en tout cas parmi les personnalités préférées des français
00:51:30ce qui est toujours le cas et à l'époque
00:51:32il n'a pas de prise de position comme
00:51:34ceux dont on vient de parler et il n'y a aucun
00:51:36débat sur Omar Sy, il est juste
00:51:38plébiscité comme acteur
00:51:40là encore une fois je referme la parenthèse et il dit
00:51:42à propos de ça, ce film est
00:51:44atemporel mais il se date aussi
00:51:46par rapport à la liberté qu'on avait, qu'on a moins
00:51:48je vois tout ce qu'on a perdu en 10 ans
00:51:50la légèreté de ce film, on ne la retrouverait
00:51:52pas si facilement, je me demande pourquoi
00:51:54on ne ferait plus les mêmes vannes aujourd'hui
00:51:56il y a hélas beaucoup plus de verrous
00:51:58ou de censeurs, je note
00:52:00à ce propos que souvent la censure
00:52:02est légitimée, l'appel à la censure
00:52:04est légitimé parce que
00:52:06au préalable on a accusé les gens que l'on veut
00:52:08censurer de haine et non pas
00:52:10de désaccord, donc là encore une fois j'y vois
00:52:12une contradiction en tout cas par rapport
00:52:14à la manière dont des opposants
00:52:16politiques, qui sont le plus grand droit d'être en désaccord
00:52:18absolu avec certaines personnes
00:52:20sont présentés simplement comme
00:52:22les garants de la haine qui sont à l'agonie
00:52:24qui appartiennent à une autre époque
00:52:26etc. Et alors il y a une phrase
00:52:28qui m'a franchement étonnée par rapport
00:52:30à tout ce que je viens de dire, c'est qu'il raconte
00:52:32que quand il était petit il imitait son père, on lui parle
00:52:34de son rapport à Dieu, il disait je faisais la prière parce que
00:52:36je faisais comme mon père, je réparais
00:52:38ma moto ou mon
00:52:40scooter parce que je faisais comme mon père
00:52:42et il dit l'adolescence a mis un coup d'arrêt à ça
00:52:44il a eu une adolescence un peu tumultueuse apparemment
00:52:46et il dit c'est la phase où j'étais un peu con
00:52:48un peu vénère, aucune autorité
00:52:50ne pouvait s'imposer, tout le monde
00:52:52était raciste, même le Coran
00:52:54donc il est en train de nous expliquer que c'est
00:52:56une époque où ça n'allait pas
00:52:58en gros, où pendant son adolescence il faisait des bêtises
00:53:00et l'excuse qu'il avait trouvée
00:53:02au fait de ne pas s'en sortir, ce qui
00:53:04lui a passé par la suite, c'est que
00:53:06l'excuse qu'il avait trouvée, elle était extérieure à lui
00:53:08c'est que tout le monde était raciste, donc plus aucune autorité
00:53:10ne pouvait s'exercer sur lui. Or c'est
00:53:12un débat, là pour le coup on aimerait l'entendre
00:53:14qu'est-ce qui a changé ?
00:53:16A quel moment s'est-il dit finalement tout le monde n'est pas raciste ?
00:53:18A quel moment a-t-il pu avoir un succès
00:53:20dans un monde où précisément il imaginait
00:53:22qu'il n'avait aucune place
00:53:24parce que tout le monde était raciste ? Et le passage
00:53:26de l'un à l'autre, là encore une fois j'aurais aimé poursuivre
00:53:28la question parce que je pense que là
00:53:30il a un discours qui pourrait intéresser
00:53:32beaucoup de jeunes qui sont restés au stade
00:53:34où il était au moment de son adolescence
00:53:36mais par ailleurs en expliquant
00:53:38certaines autres choses dans son rapport précisément
00:53:40au pays, à la critique
00:53:42et à la question identitaire
00:53:44du pays, on a l'impression
00:53:46que là encore une fois c'est extrêmement
00:53:48contradictoire. Vous évoquiez
00:53:50tout à l'heure le journal
00:53:52également et vous voyez dans le traitement
00:53:54du sujet des contradictions.
00:53:56Dernière question. Oui et en réalité
00:53:58un engagement politique là
00:54:00est militant, bien plus prononcé
00:54:02dans l'apport de l'Obs
00:54:04que dans l'interview d'Omarsy elle-même.
00:54:06Ça c'est sûr et on a une phrase
00:54:08qui dit celui qui fait la couverture de notre magazine
00:54:10cette semaine, c'est dans l'édito
00:54:12est d'ailleurs la cible régulière des réactionnaires
00:54:14agacés du succès
00:54:16de cette star œcuménique
00:54:18qui ne cache rien de ses convictions progressistes
00:54:20et antiracistes. Donc déjà il est présenté
00:54:22comme fuyant la question politique
00:54:24mais par ailleurs il a des convictions progressistes
00:54:26et antiracistes, c'est son droit le plus strict. Mais quand
00:54:28on a des convictions, on accepte dans un état démocratique
00:54:30qu'il y ait des convictions qui s'opposent
00:54:32aux nôtres et qui génèrent donc
00:54:34un débat. Donc soit il y a un engagement, soit il n'y en a pas
00:54:36mais il va falloir choisir. Et par ailleurs
00:54:38il est la cible parce que les gens
00:54:40réactionnaires en l'occurrence seraient agacés du succès
00:54:42de la star. Ça n'a jamais été un débat.
00:54:44Et ensuite il y a
00:54:46un truc magnifique. Il dit en
00:54:4810 secondes
00:54:50s'il exprime pleinement la fierté de ses origines
00:54:52c'est pour mieux contester dans le même temps toute assignation
00:54:54identitaire, bien loin des presseurs
00:54:56de haine obsédées par les questions identitaires.
00:54:58Plus loin, même texte. Les immigrés comme leurs
00:55:00descendants, qu'ils soient français ou étrangers
00:55:02ne sont pas un groupe à part. Et enfin
00:55:04il conclut, il nous faut reconnaître l'apport nécessaire
00:55:06de l'immigration. Alors moi il faudrait
00:55:08savoir en fait, soit les immigrés
00:55:10qu'ils soient français ou étrangers ne sont pas un groupe
00:55:12à part, soit ils sont un groupe à part et en l'occurrence
00:55:14pour s'en féliciter, mais c'est une essentialisation
00:55:16aussi. Mais là encore il faut choisir.
00:55:18Soit on a des individus dont certains
00:55:20s'assimilent, certains reculent, certains
00:55:22s'en vont, certains ont des convictions, d'autres en ont d'autres.
00:55:24Soit l'immigration est un bloc et
00:55:26donc on peut discuter de ce bloc. C'est en l'occurrence
00:55:28ce qu'ils font, tout en prétendant faire le contraire.
00:55:30En tout cas derrière toutes ces
00:55:32contradictions, on a envie d'en savoir plus.
00:55:34Invitez-le au JDD.
00:55:36J'aimerais beaucoup.
00:55:38Non, non, on est
00:55:40en famille, j'ai peur de tout le monde.
00:55:42Mais vous au JDD. C'est ce que je veux dire, en lisant l'interview
00:55:44ça m'a vraiment donné envie de poursuivre la
00:55:46discussion en tout cas. Le message est lancé
00:55:48pour Omar Sy, pour en savoir un peu plus.
00:55:50Demandez-moi en savoir plus.
00:55:52Dernière question Mathieu Bocoté.
00:55:54La polémique qui a traversé la journée
00:55:56d'hier qui se poursuit encore aujourd'hui avec Marion
00:55:58Maréchal, la JPA ramène les questions bioéthiques
00:56:00au coeur du débat public.
00:56:02Est-il possible, est-il
00:56:04permis que ces questions
00:56:06de ne pas embrasser
00:56:08le point de vue progressiste,
00:56:10même de confesser quelques petites réserves
00:56:12devant ce qu'on nous présente comme des évolutions
00:56:14fondamentalement positives, est-ce que c'est permis
00:56:16d'en parler et d'en parler
00:56:18politiquement ?
00:56:20La réponse est très simple, c'est non.
00:56:22C'est-à-dire que c'est une séquence
00:56:24fascinante. Je redonne les événements
00:56:26très rapidement. Marion Maréchal
00:56:28dit « Où est la maman ? »
00:56:30C'est une question qui est factuellement
00:56:32pas sans intérêt dans un pays où la
00:56:34JPA est condamnée. Théoriquement, ça peut être
00:56:36une question légitime. Immédiatement,
00:56:38qu'est-ce qu'on voit ? Le discours
00:56:40médiatique obligatoire s'enclenche.
00:56:42La machine est lancée, on voit très
00:56:44rapidement ce qu'il faut dire dans l'espace public
00:56:46pour être coopté cette journée-là, pour faire
00:56:48partie du troupeau des lyncheurs,
00:56:50pour soit aussi avoir le privilège
00:56:52de lancer sa pierre sur Marion Maréchal
00:56:54et ainsi être humaniste. Parce que
00:56:56quand on participe à une lapidation
00:56:58médiatique du réactionnaire, on est un humaniste.
00:57:00Premier état. Deuxièmement,
00:57:02le discours obligatoire est là.
00:57:04Pourquoi est-il obligatoire ? Parce qu'on
00:57:06nous explique que toute remise en question
00:57:08de ces évolutions dites sociétales,
00:57:10c'est un propos haineux. Pourquoi c'est un propos
00:57:12haineux ? Parce qu'apparemment, si vous questionnez
00:57:14par exemple la JPA, c'est une attaque
00:57:16directe contre l'identité des personnes
00:57:18qui ont fait recours
00:57:20à la JPA. Donc vous êtes haineux.
00:57:22Si vous êtes haineux, il ne faut pas
00:57:24écouter votre parole. Il faut au mieux
00:57:26l'interdire.
00:57:28Au mieux, on devrait la stigmatiser
00:57:30et peut-être, pourquoi pas, l'interdire
00:57:32tout simplement. On nous répète sans cesse
00:57:34que la haine n'est pas une opinion légitime.
00:57:36Très bien. Mais le réel ressurgit
00:57:38de temps en temps. Le réel, qu'est-ce que c'est ?
00:57:40C'est cette carcasse anatomique, bizarre,
00:57:42biologique, ancienne, un corps féminin
00:57:44dont on a
00:57:46un peu besoin, tant que l'utérus artificiel
00:57:48n'est pas là, pour fabriquer
00:57:50un bébé. Je ne sais pas comment le dire.
00:57:52Comment mentionner le réel ?
00:57:54C'est la suprême audace, c'est la suprême outrance,
00:57:56c'est le vrai blasphème. Comment mentionner
00:57:58ce qu'on n'a pas le droit de mentionner ?
00:58:00Il faut frapper. Et même, on a vu
00:58:02la porte-parole du gouvernement, Mme Thévenot,
00:58:04être complètement désarçonnée.
00:58:06Moi, c'est une séquence qui est assez gênante pour elle.
00:58:08C'est une femme intelligente, pourtant. D'un côté,
00:58:10elle dit que c'est la honte, c'est la haine,
00:58:12et au même moment, elle se dit favorable aux lois
00:58:14que vient de soutenir la dite
00:58:16Marion Maréchal. Donc, qu'est-ce qu'on a derrière ça ?
00:58:18C'est tout simplement, est-ce qu'il est encore possible
00:58:20de faire des débats politiques sur les questions bioéthiques ?
00:58:22Qu'est-ce que ça veut dire ?
00:58:24Derrière les débats bioéthiques, il y a des conceptions
00:58:26de l'être humain, il y a des anthropologies,
00:58:28des différentes manières de penser l'être humain.
00:58:30Est-ce que l'être humain est un individu,
00:58:32on pourrait dire, désaffilié,
00:58:34qui cherche à s'autoproduire, à s'autocréer ?
00:58:36Est-ce que c'est un être qui s'inscrit dans une filiation
00:58:38familiale ou politique ou culturelle,
00:58:40et ainsi de suite ?
00:58:42Ces conceptions de l'être humain sont vraiment contradictoires.
00:58:44À l'échelle de l'histoire, ce qui se passe aujourd'hui, c'est très neuf.
00:58:46Personne n'a pensé à ça dans l'histoire humaine,
00:58:48cette espèce de renversement, d'abolition
00:58:50de la filiation.
00:58:52Donc là, on pourrait avoir au moins un débat.
00:58:54Mais, comme dans tout moment révolutionnaire,
00:58:56on abolit le débat et on cherche à condamner,
00:58:58à traiter comme le bois mort de l'humanité,
00:59:00comme les vieux débris de l'humanité
00:59:02ceux qui ne pensent pas selon la nouvelle révélation,
00:59:04selon la nouvelle orthodoxie.
00:59:06On les condamne à la mort sociale ou à tout le moins,
00:59:08on fait tout pour ça.
00:59:10Ces questions touchent souvent les enfants
00:59:12ou qu'est-ce que cela dit de l'évolution de nos sociétés ?
00:59:14Vous avez raison.
00:59:16On peut penser, par exemple,
00:59:18que les toutes personnes adultes sont capables d'aimer les enfants,
00:59:20personne n'en doute un instant.
00:59:22Ce n'est pas la question ici.
00:59:24Ce dont on parle, c'est par exemple le sacrifice
00:59:26de la figure du père et de la mère dans la culture,
00:59:28remplacé depuis 10-15 ans déjà par parent 1, parent 2.
00:59:30On a désymbolisé ça.
00:59:32L'effet pour les enfants,
00:59:34est-ce qu'on s'est demandé ce que ça voulait dire pour des enfants
00:59:36cette espèce de sacrifice des fonctions paternelles et maternelles
00:59:38classiques, anthropologiques, traditionnelles ?
00:59:40On ne se l'est pas demandé.
00:59:42On a inversé le rapport au monde,
00:59:44on a inversé le rapport au monde du père.
00:59:46Et déplaçons-nous sur un autre registre.
00:59:48Quand on parle aujourd'hui de tous les débats sur l'identité de genre,
00:59:50la destruction programmée de l'identité sexuelle des jeunes générations,
00:59:52qu'est-ce qu'on voit derrière ça ?
00:59:54On traite la jeune génération sur le mode des enfants cobayes.
00:59:56Ce sont les cobayes,
00:59:58c'est la nouvelle figure de l'homme nouveau.
01:00:00Je terminerai avec une phrase qui synthétise tout ça.
01:00:02Vous savez, en Allemagne de l'Est,
01:00:04il y avait quelque chose d'intéressant.
01:00:06On disait qu'il faut maximiser les libertés de mœurs,
01:00:08parce que ça permet à l'homme de s'investir pleinement là-dedans
01:00:10et ça le détourne des libertés politiques,
01:00:12des questions politiques.
01:00:14J'ai l'impression qu'aujourd'hui,
01:00:16la maximisation de l'innovation sociétale
01:00:18est une manière aussi,
01:00:20donc les êtres humains se jettent là-dedans avec passion,
01:00:22ça devient la seule question légitime
01:00:24et ça les détourne des vrais débats politiques.
01:00:26Merci Mathieu.
01:00:28Merci à tous.
01:00:30Chacun son avis à l'intérieur de la loi.
01:00:32Allez, l'heure des pro 2, tout de suite.